Tirant (typographie)

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Variantes du tirant.

Le tirant est un signe en arc, ressemblant à la brève, utilisé en grec ancien, dans l’écriture du yupik de l’Alaska central, dans différentes notations phonétiques, et en notation Z. Il peut être utilisé comme signe de ponctuation avec chasse ou comme signe diacritique sans chasse, renversé ou non, suscrit ou souscrit, et entre deux ou trois lettres. Il est parfois aussi appelé double brève, dos-d’âne, énotikon grec ou trait d’union papyrologique.

Grec ancien[modifier | modifier le code]

Le trait d’union papyrologique ou l’énotikon est retrouvé dans certains textes en grec ancien, avant que l’espace n’ait été inventée pour séparer les mots[1]. L’énotikon était utilisé pour joindre les mots (comme le trait d'union), en opposition à l’hypodiastole qui séparait les mots[2],[3].

L’énotikon était aussi utilisé dans les notations musicales en grec ancien, comme une liaison de prolongation entre deux notes. Si une syllabe était avec trois notes, le signe énotikon était utilisé avec un double point et un disème (tiret suscrit)[3].

Grec dialectal[modifier | modifier le code]

La ligature tirant souscrit est utilisé dans la notation du grec pontique[4].

Yupik de l’Alaska central[modifier | modifier le code]

Dans l’orthographe pratique du yupik d’Alaska central, le tirant est utilisé dans les digrammes ‹ u͡g, u͡r › et le trigramme ‹ u͡rr ›[5].

Alphabet phonétique international[modifier | modifier le code]

L’Alphabet phonétique international utilise deux types de tirant : la ligature tirant (API #433), souscrite ou suscrite ; et le tirant souscrit (API #509) entre deux symboles.

Ligature tirant[modifier | modifier le code]

La ligature tirant représente, en API, les consonnes articulation double, affriquées, et parfois celles prénasalisées. Elle est le plus souvent suscrite et renversée, mais peut être souscrite s’il y a plus de place sous les symboles qu’elle modifie.

Le codage informatique de la ligature tirant est : U+0361 (diacritique double brève renversée) et U+035C (diacritique double brève souscrite). Ceux-ci intercalent entre les deux lettres qu’elles couvrent, par exemple : m͜b (U+006D U+035C U+0062)

Tirant souscrit[modifier | modifier le code]

Le tirant souscrit est utilisé pour représenter le lien (absence de pause) en API, comme la liaison ou d’autres types de sandhi.

En informatique, le caractère utilisé est U+203F (tirant souscrit), avec chasse, à ne pas confondre avec le signe diacritique U+035C (diacritique double brève souscrite), sans chasse[6].

Alphabet phonétique ouralique[modifier | modifier le code]

L’alphabet phonétique ouralique utilise plusieurs formes du tirant[7] :

  • la tripe brève renversée ou triple brève souscrite, pour indiquer une triphtongue ;
  • la double brève renversée, pour indiquer une diphtongue ;
  • la double brève renversée souscrite, pour indiquer la limite de syllabe entre deux voyelles.

Notation Z[modifier | modifier le code]

Le tirant en chef est utilisé en notation Z pour représenter la concaténation de séquence, par exemple : «s⁀t» représente la concaténation des séquences s et t ; et «⁀/q» représente la concaténation distribué de la séquence de séquence q[8].

Romanisation ALA-LC[modifier | modifier le code]

La ligature tirant suscrit (ou double brève inversés) est utilisée dans plusieurs romanisations ALA-LC de langues utilisant l’écriture cyrillique. Par exemple, ‹ i͡a › représente ‹ я ›. Pour certaines langues, la ligature tirant peut aussi être surmontée d’un point suscrit, par exemple :

  • ‹ t͡͏̇s › représente ‹ ҵ › utilisé dans l’alphabet abkhaze[9].

Pour des raisons de compatibilité avec certains codages (par exemple MARC-8 utilisant des caractères ANSEL), Unicode possède aussi des demi-signes combinants permettant d’imiter la ligature tirant suscrit : U+FE20 et U+FE21 ; chacun venant après la lettre qu’il recouvre, par exemple : t︠s︡ (U+0074 U+FE20 U+073 U+FE21). Dans ces codages, le demi-signe combinant se place avant la lettre qu’il recouvre. Dans Unicode, le demi-signe combinant se place après cette lettre[10].

Représentations informatiques[modifier | modifier le code]

Codage Unicode[modifier | modifier le code]

nom caractères code HTML Unicode exemple
diacritique sans chasse
double brève  ͝  ͝ U+035D o͝o
double brève renversée,
ligature tirant suscrit
 ͡  ͡ U+0361 /k͡p/
double brève souscrite,
énotikon,
ligature tirant souscrit
 ͜  ͜ U+035C /k͜p/
signe de ponctuation avec chasse
tirant souscrit,
enotikon
 ‿  ‿ U+203F /vuz‿ave/
tirant en chef  ⁀  ⁀ U+2040 s⁀t
dos-d’âne souscrit  ⁔  U+2054 o⁔o
kayah li cwi  ꤮  U+A92E ní꤮
demi-signe diacritique
moitité gauche de ligature  ︠   ︠  U+FE20 t︠s
moitité droite de ligature  ︡   ︡  U+FE21 ts︡

La triple brève inversée souscrite n'a pas encore été encodée en Unicode mais peut être reproduite en utilisant des demi-signes combinatoires.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Greek /h/, Nick Nicholas.
  2. (en) Punctuation, by Nick Nicholas.
  3. a et b Ancient Greek music, Martin Litchfield West, 1994, p. 267.
  4. Papadopoulos 1955 ; Makhairidou 2022, p. 8
  5. Miyaoka 2012.
  6. (en) SC2/WG2 N2594 - Proposal to encode combining double breve below
  7. (en) Proposal to encode additional characters for the Uralic Phonetic Alphabet, Klaas Ruppel, Tero Aalto, Michael Everson, 2009-01-27.
  8. (en) The Z Notation: a reference manual, J. M. Spivey.
  9. (en) « Non-Slavic Languages (in Cyrillic script) », ALA-LC Romanization Tables, 1997.
  10. (en) « Combining Marks », section 7.9, Unicode 6.0, 2011

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Lorna Priest Evans, Proposal to Change Script and Script_Extensions propoerties for U+A92E (no L2/13-137), (lire en ligne)* [Makhairidou 2022] (el) Αναστασία Μαχαιρίδου, Εκμάθηση Ποντιακής Διαλέκτου,‎ (lire en ligne)
  • (en) Osahito Miyaoka, A grammar of Central Alaskan Yupik (CAY), De Gruyter Mouton, (ISBN 978-3-11-027857-6, DOI 10.1515/9783110278576)
  • [Papadopoulos 1955] (el) Άνθιμος Παπαδόπουλος, Ἱστορικὴ γραμματικὴ τῆς ποντικῆς διαλέκτου, Αθήνα, Επιτροπή Ποντιακών Μελετών,‎