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Gouvernement Pierre Tirard (2)

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Gouvernement Pierre Tirard (2)

Troisième République

Description de l'image defaut.svg.
Président de la République Sadi Carnot
Président du Conseil Pierre Tirard
Formation
Fin
Durée 1 an et 19 jours
Composition initiale
Coalition Union des gauches - Gauche radicale - Extrême gauche (sans opposition)
Parti politique GR, ANR, ULR
Représentation
IVe législature
350  /  584
Ve législature
345  /  576

Le deuxième gouvernement Pierre Tirard a été le gouvernement de la France du au .

Tirard obtient le soutien des radicaux pour lutter contre le boulangisme. Il constitue un cabinet prestigieux où siègent quatre anciens présidents du Conseil.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le cabinet Floquet a été formé en Modèle:-date pour mettre aux pouvoirs les radicaux et combattre le boulangisme. Cependant, celui-ci continue de gagner certaines élections partielles et le 27 janvier, après une intense campagne, Georges Boulanger parvient à gagner au premier tour la partielle de Paris, bastion radical.

Le gouvernement est fortement ébranlé mais parvint à voter la loi rétablissant le scrutin uninominal pour l'élection des députés à la mi-février. Le 14 février, le débat sur la révision débute. Gaston de Douville-Maillefeu dépose une motion d'ajournement indéfini qui passe par 307 contre 218. Floquet, stupéfait, se démet. Ce vote est une coalition de la droite et des opportunistes, rejoint par plusieurs boulangistes (13 pour la motion et 4 contre)[1].

Le jour-même, le président charge Jules Méline de former un gouvernement, mais ce dernier décline et recommande Floquet. Carnot joue alors un rôle de médiateur décisif dans la formation du gouvernement. Le , des rumeurs courent que Charles de Freycinet forme un nouveau gouvernement mais celui-ci complique les négociations en souhaitant un gouvernement opportuniste. À partir du , Carnot tente une combinaison Tirard-Méline, mais les journaux se déchirent entre un gouvernement Tirard-Méline, un gouvernement de Freycinet ou un nouveau gouvernement Floquet. Le , le président appelle Léopold Faye, ministre de l'Instruction publique du gouvernement Tirard, à constituer un cabinet. Cependant, un gouvernement de Freycinet se confirme de plus en plus. Le , Sadi Carnot propose à Pierre Tirard la présidence du Conseil des ministres. Le , le second gouvernement Tirard est officialisé avec une concentration dominée par les opportunistes[2].

L'homme fort du gouvernement est Ernest Constans, qui revient à l'Intérieur dans l'objectif direct de mettre fin au boulangisme. Bien que méprisé par Carnot et malaimé par Tirard, il est très intelligent et sans scrupule, qui sait parler et plaire, mais a déjà une réputation avérée de corrompu. Les radicaux sont réduits dans le gouvernement et l'extrême-gauche n'a qu'un seul poste, Yves Guyot aux Travaux publics. De plus, le gouvernement semble à sa formation faible, notamment avec le discours d'investiture de Tirard qui est lu d'une faible voix et sans fond. Pourtant, le même jour, Constans envoit une circulaire aux préfets leur interdisant de recevoir les ouvriers socialistes le lendemain et de les renvoyer à donner des pétitions. Le 4 mars, Rouvier oblige les banques à faciliter la liquidation du Comptoir d'escompte. L'apparente faiblesse du gouvernement s'efface de plus en plus[3].

Composition[modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Président du Conseil des ministres Pierre Tirard Union des gauches
(Union républicaine)

Ministres nommés le 23 février 1889[4][modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre du Commerce et de l'Industrie Pierre Tirard Union des gauches
(Union républicaine)
  Ministre des Affaires étrangères Eugène Spuller Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de la Justice et des Cultes François Thévenet Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de l’Intérieur Ernest Constans Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre des Finances Maurice Rouvier Union des gauches
(Union républicaine)
  Ministre de la Guerre Charles de Freycinet[5] Gauche républicaine
  Ministre de la Marine et des Colonies Benjamin Jaurès Gauche républicaine
  Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts Armand Fallières Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre des Travaux publics Yves Guyot Extrême gauche puis
Gauche radicale
  Ministre de l'Agriculture Léopold Faye Union des gauches
(Union démocratique)

Remaniement du 14 mars 1889[modifier | modifier le code]

  • Mort de Benjamin Jaurès, ministre de la Marine et des Colonies, le 13 mars. Charles de Freycinet devient ministre de la Marine et des Colonies par intérim.
  • Le ministère des Colonies est passé sous le ministère du Commerce et de l'Industrie (qui est aussi détenue par la présidence du Conseil). Pierre Tirard est, président du Conseil, ministre du commerce, de l'industrie et des colonies.
Fonction Image Nom Parti politique
  Sous-secrétaire d'État du Commerce, de l'Industrie et des Colonies (spécialement chargé de l'administration des colonies) Eugène Étienne Union des gauches
(Union démocratique)

Remaniement du 19 mars 1889[6][modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre de la Marine Jules François Émile Krantz Indépendant

Remaniement du 10 novembre 1889[7][modifier | modifier le code]

  • Cessation des fonctions de Jules François Émile Krantz, ministre de la Marine. Après un désaccord sur les délimitations des attributions des autorités civiles et militaires au Tonkin[8].
Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre de la Marine Édouard Barbey Gauche républicaine

Remaniement du 1er mars 1890[modifier | modifier le code]

  • Cessation des fonctions de Ernest Constans, ministre de l'Intérieur. Dissension sur le choix de la première présidence de la Cour de cassation, Jules-Claude Barbier prenant sa retraite, avec le président du Conseil entre Charles Mazeau et le président de chambre la Cour de cassation Monsieur Bédarrides. Le Conseil était pour Mazeau mais Constans refusa cette nomination[9].

Remaniement du 2 mars 1890[modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre de l’Intérieur Léon Bourgeois Gauche radicale

Politique menée[modifier | modifier le code]

Ce ministère est constitué en pleine crise boulangiste.

Il annonça sa volonté «d'assurer le maintien de l'ordre légal et le respect dû à la République». Huit jours après son entrée en fonction, il faisait dissoudre la Ligue des patriotes. Les membres du Comité étaient poursuivis pour délit de société secrète. Il défère au Sénat, constitué en Haute Cour de justice, pour crime d'attentat à la sûreté de l'État, le général et ses amis : le , ils seront condamnés par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il fit voter la loi du qui interdit les candidatures multiples: parade directe aux intentions plébiscitaires des boulangistes. Les deux tours des législatives, qui se déroulent les et , marquent le crépuscule du boulangisme.

Fin du gouvernement et passation des pouvoirs[modifier | modifier le code]

Dès la démission d'Ernest Constans, le gouvernement fut ébranlé. En effet, celui-ci était apprécié par l'aile gauche de l'Union des gauche et était l'une des principales raisons du soutien des radicaux[9]. La nomination rapide de Léon Bourgeois, inscrit à la Gauche radicale, permit de contenter ces derniers. Le lendemain, Ferdinand-Camille Dreyfus demanda à mettre à l'ordre du jour une interpellation pour expliquer le départ de Constans et la politique du Conseil. Il s'agit alors de facto d'une motion de défiance. Elle est repoussée de 306 voix contre 204. Un ordre du jour explicitant la confiance de le gouvernement est voté à 257 contre 195, un grand nombre de républicains s'étant abstenu, la droite ayant voté contre (environ 182 voix) ainsi que 13 républicains[10].

Le , Pierre Tirard présenta la démission du Gouvernement au président de la République, Sadi Carnot, après avoir été mis en minorité par le Sénat sur un problème de politique douanière.

Le , le président charge Charles de Freycinet à la composition d'un nouveau ministère.

Le , le quatrième gouvernement de Charles de Freycinet voit le jour.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Origine populisme, p. 564-566.
  2. Origine populisme, p. 560-564.
  3. Origine populisme, p. 569-572.
  4. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  5. Membre du gouvernement précédent ayant conservé son poste
  6. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  7. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  8. « Journal des débats politiques et littéraires », sur Gallica, (consulté le )
  9. a et b « Journal des débats politiques et littéraires », sur Gallica, (consulté le )
  10. « Journal des débats politiques et littéraires », sur Gallica, (consulté le )
  • Bertrand Joly, Aux origines du populisme : histoire du boulangisme, Paris, CNRS Éditions, (ISBN 978-2-271-13972-6).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]