Giovanni Spadolini

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Giovanni Spadolini
Illustration.
Portrait de Giovanni Spadolini.
Fonctions
Sénateur à vie italien

(3 ans, 3 mois et 2 jours)
Législature Xe, XIe et XIIe
Groupe politique Républicain (jusqu'en 1994)
Mixte (1994)
Président du Sénat de la République

(6 ans, 9 mois et 12 jours)
Législature Xe et XIe
Prédécesseur Giovanni Malagodi
Successeur Carlo Scognamiglio
Président de la République italienne
(intérim)

(1 mois)
Président du Conseil Giulio Andreotti
Prédécesseur Francesco Cossiga
Successeur Oscar Luigi Scalfaro
Ministre de la Défense

(3 ans, 8 mois et 13 jours)
Président du Conseil Bettino Craxi
Gouvernement Craxi I et II
Prédécesseur Lelio Lagorio
Successeur Remo Gaspari
Président du Conseil des ministres italien

(1 an, 5 mois et 3 jours)
Président Sandro Pertini
Gouvernement Spadolini I et II
Législature VIIIe
Coalition DC-PSI-PSDI-PRI-PLI
Prédécesseur Arnaldo Forlani
Successeur Amintore Fanfani
Ministre de l'Instruction publique

(4 mois et 15 jours)
Président du Conseil Giulio Andreotti
Gouvernement Andreotti V
Prédécesseur Mario Pedini
Successeur Salvatore Valitutti
Ministre pour les Biens culturels et environnementaux

(1 an, 1 mois et 29 jours)
Président du Conseil Aldo Moro
Gouvernement Moro IV
Prédécesseur Poste créé
Successeur Mario Pedini
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Florence (Italie)
Date de décès (à 69 ans)
Lieu de décès Rome (Italie)
Nature du décès Cancer de l'estomac
Nationalité italienne
Parti politique Parti républicain italien
Profession Historien
Journaliste

Giovanni Spadolini
Présidents de la République italienne
Présidents du Sénat italien
Présidents du Conseil des ministres italiens

Giovanni Spadolini, né le à Florence et mort le à Rome, est un homme d'État italien, figure du Parti républicain italien (PRI).

Ancien directeur du Corriere della Sera, il commence sa carrière politique en 1972 après avoir été élu sénateur. Deux ans plus tard, il est nommé ministre pour les Biens culturels, fonction nouvellement instituée, puis est brièvement ministre de l'Instruction publique en 1979. Cette même année, il est désigné secrétaire du PRI.

En 1981, à la suite d'une importante crise politique, le président Sandro Pertini le nomme président du Conseil des ministres. Il prend la tête d'une coalition de cinq partis dominés par la Démocratie chrétienne (DC), devenant le premier chef du gouvernement laïc depuis 1946.

Contraint de se démettre un peu plus d'un an plus tard, il se voit confier le portefeuille de la Défense en 1983, puis est élu président du Sénat de la République en 1987. Nommé sénateur à vie par Francesco Cossiga en 1991, il devient président de la République par intérim après la démission de ce dernier en 1992. Deux ans plus tard, il perd la présidence de la chambre haute et meurt peu après.

Biographie

Universitaire et journaliste

Licencié en droit, il est le premier enseignant se voyant confier la direction d'une chair d'histoire contemporaine à l'université de Florence. Parallèlement à cette activité universitaire, Giovanni Spadolini écrit de nombreux essais portant sur l'histoire contemporaine de l'Italie, ses sujets de prédilection étant l'étude des mouvements catholiques, des radicaux et des républicains entre le XIXe et le XXe siècles.

Il commence à travailler, en 1947, avec Il Messaggero, à Rome, puis rejoint trois ans plus tard Il Borghese, hebdomadaire milanais de centre droit. Par la suite, il est recruté par la revue Il Mondo, de tendance sociale-libérale, après quoi il rentre, en 1953, au Corriere della Sera.

Après seulement deux ans, le , il est nommé directeur de il Resto del Carlino, le journal de Bologne, alors qu'il n'est âgé que de 29 ans. Il occupe cette fonction treize ans, période relativement longue dans la profession, devenant directeur du Corriere della Sera le . Il est cependant licencié en .

Dans le même temps, il poursuit une carrière académique : en , il devient le directeur de la revue culturelle Nuovo Antologia, puis vingt ans plus tard, est désigné président de la prestigieuse université Bocconi, située à Milan. Il détient ces deux responsabilités jusqu'à son décès, en .

Le passage à la vie politique

Après avoir soutenu le Parti radical (PR) créé en 1955 par le journaliste libéral de gauche Mario Pannunzio, il se rapproche, à la fin des années 1950, du Parti républicain italien (PRI), sans toutefois y adhérer.

Alors qu'il est licencié, le journaliste Indro Montanelli suggère à Ugo La Malfa, secrétaire du PRI qui lui avait proposé une circonscription sénatoriale sûre pour les élections générales de , le nom de Spadolini comme candidat.

Ce dernier accepte la proposition et postule dans la 15e circonscription de Lombardie, « Milan-I ». Il remporte 7 231 voix de préférence et se trouve élu au Sénat de la République[1]. Le 7 juillet, il prend la présidence de la commission de l'Instruction publique.

Les premiers postes ministériels

Le , Aldo Moro forme son quatrième gouvernement, réunissant uniquement la Démocratie chrétienne (DC) et les républicains.

Il est nommé ministre sans portefeuille pour les Biens culturels et l'Environnement. Son poste est transformé, le 14 décembre suivant, en ministère pour les Biens culturels et l'Environnement, de plein exercice. Exerçant des responsabilités jusqu'ici partagées entre le ministère de l'Intérieur et le ministère de l'Instruction publique, il est le premier ministre chargé de la politique culturelle depuis 1944. Il quitte ses responsabilités ministérielles à la démission du gouvernement le .

Réélu au Sénat au cours des élections générales anticipées du , il retrouve, le 27 juillet suivant, la présidence de la commission de l'Instruction publique. Environ sept mois plus tard, le , il est élu président du groupe républicain, formé la veille.

Lorsque Giulio Andreotti forme, le , son cinquième cabinet, avec la DC, le Parti social-démocrate italien (PSDI) et le PRI, Spadolini devient ministre de l'Instruction publique. C'est alors la première fois qu'un républicain, et seulement la deuxième pour un non démocrate-chrétien, occupe cette fonction. Ce gouvernement remet sa démission onze jours plus tard, ayant échoué à obtenir l'investiture du Parlement. Des élections générales anticipées sont convoquées le 3 juin suivant, lors desquelles il se voit réélu à la chambre haute.

Désigné président du groupe sénatorial républicain le 11 août suivant, il est élu secrétaire du parti au mois de septembre suivant, en remplacement d'Oddo Biasini, et renonce, le 23 octobre, à présider les sénateurs du PRI.

Président du Conseil des ministres

À la suite du scandale de la loge P2, le président du Conseil démocrate chrétien Arnaldo Forlani se démet le . Il est invité par le chef de l'État à constituer un nouvel exécutif mais abandonne le .

Le , le président de la République Sandro Pertini confie un mandat exploratoire à Giovanni Spadolini. Âgé de 55 ans, le secrétaire du PRI est le troisième « laïc » à tenter de mettre en place un cabinet après Ugo La Malfa puis Bettino Craxi en .

À la différence de ces deux derniers, Spadolini remplit sa mission avec succès. Le , il est assermenté président du Conseil au palais du Quirinal avec son premier gouvernement. Soutenu par l'alliance dite du « Pentapartito », qui réunit la Démocratie chrétienne, le Parti socialiste italien (PSI), le Parti socialiste démocrate italien (PSDI), le PRI et le Parti libéral italien (PLI), il est à la fois le premier chef de l'exécutif de la République à ne pas être issu de la DC et le premier républicain à diriger le gouvernement depuis la création de l'État italien.

Contraint de remettre sa démission le , après le rejet de son projet de budget au Parlement, il est reconduit par le président Pertini et nomme, le 23 août, son second gouvernement, rigoureusement identique au précédent. Toutefois, il doit abandonner ses fonctions dès le 13 novembre, du fait d'un désaccord entre le ministre démocrate-chrétien du Trésor, Beniamino Andreatta, et le ministre socialiste des Finances, Rino Formica.

Ministre de la Défense

Son successeur, Amintore Fanfani, ayant subi le retrait du PSI de l'alliance au pouvoir, le chef de l'État dissout les chambres et organise des élections générales anticipées le 26 juin 1983. Grâce à ce qui sera surnommé « l'effet Spadolini », le PRI remporte 5,1 % des voix à la Chambre des députés, son meilleur score depuis 1900, et 4,7 % au Sénat de la République, son record absolu. Lui-même recueille 13 405 votes préférentiels dans la 15e circonscription de Lombardie[2].

Pertini choisit de nommer président du Conseil le socialiste Bettino Craxi, qui reforme le « Pentapartito » et nomme, le 4 août suivant, Spadolini comme ministre de la Défense dans son premier gouvernement, presque trente ans jour pour jour après que Randolfo Pacciardi, dernier républicain à avoir occupé ce poste, l'a quitté. À ce poste, il gère avec Craxi et Andreotti, ministre des Affaires étrangères, la crise de Sigonella, après laquelle il ne cache pas ses divergences avec le président du Conseil.

Quand ce dernier doit former son second gouvernement le , après avoir perdu un vote de confiance, Spadolini est reconduit dans ses fonctions au ministère de la Défense. Toutefois, une opposition entre la DC et le PSI amène la chute du gouvernement le . Un gouvernement transitoire, dirigé par Fanfani, ramène le pays aux urnes.

Président du Sénat et sénateur à vie

Réélu pour un cinquième mandat en Lombardie aux élections générales du 14 juin 1987 avec 7 745 suffrages personnels[3], il est élu, le 2 juillet suivant, président du Sénat de la République par 246 voix sur 318, étant le premier républicain à occuper ce poste. En septembre suivant, il renonce aux fonctions de secrétaire du PRI. Le , le président Francesco Cossiga lui confie un « mandat exploratoire » après la chute du gouvernement de Ciriaco De Mita, mais il échoue et rend le mandat au chef de l'État.

Il renonce à son mandat électoral le , afin de pouvoir être nommé, le lendemain, sénateur à vie pour ses mérites dans les domaines scientifique, littéraire et social. Après les élections générales des 5 et 6 avril 1992, il se présente à sa succession à la présidence de la chambre haute. Alors qu'il est devancé, aux deux premiers tours, par le démocrate-chrétien Giorgio De Giuseppe, qui ne parvient pas à se faire élire, il est reconduit lors du troisième tour. Profitant du retrait de son adversaire, Spadolini l'emporte par 188 voix sur 321.

Le 28 avril suivant, conformément à la Constitution, il prend les fonctions de président de la République par intérim, du fait de la démission de Cossiga. Il exerce les fonctions présidentielles pendant un mois, jusqu'à l'élection d'Oscar Luigi Scalfaro. Lors du scrutin présidentiel, il reçoit des voix à chacun des seize tours de scrutin, oscillant entre 3 et 35 suffrages en sa faveur en fonction du tour de vote.

De nouveau candidat pour la présidence du Sénat à la suite des élections générales anticipées des 27 et 28 mars 1994, il échoue de quelques voix aux deux premiers tours. Lors du troisième vote, il remporte 159 voix, soit l'exact score de son adversaire, Carlo Scognamiglio, du nouveau parti Forza Italia. Un quatrième tour de scrutin, organisé le 16 avril, donne 162 voix à Scognamiglio, contre 161 à Spadolini.

À peine quatre mois plus tard, le , il meurt d'un cancer de l'estomac. Il est inhumé au cimetière des Portes Saintes, à Florence.

L'après-Spadolini

Homme doué d'une culture immense et d'une extrême courtoisie, parfaitement francophone, Giovanni Spadolini était unanimement respecté, en Italie comme à l'étranger, même s'il n'a jamais réalisé son rêve de devenir président de la République. Il a légué son immense bibliothèque à un institut de culture qui porte son nom. Il est l'auteur de 30 livres et de centaines d'articles pour des revues d'histoire et de sciences politiques.

Références

  1. (it) Ministère de l'Intérieur, « Senato 07/05/1972 », sur elezionistorico.interno.gov.it (consulté le ).
  2. (it) Ministère de l'Intérieur, « Senato 26/06/1983 », sur elezionistorico.interno.gov.it (consulté le ).
  3. (it) Ministère de l'Intérieur, « Senato 14/06/1987 », sur elezionistorico.interno.gov.it (consulté le ).

Annexes

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Articles connexes

Liens externes