Georges-Antoine Rochegrosse
Georges-Antoine Rochegrosse, Autoportrait (1908), publié dans Le Chevalier aux fleurs d'Octave Charpentier.
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Décès |
(à 78 ans)
Algérie |
Nom de naissance |
Antoine Georges Marie Rochegrosse
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Théodore de Banville (beau-père)
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Distinctions |
Georges-Antoine Rochegrosse, né à Versailles le et mort en Algérie en 1938 est un peintre, décorateur, illustrateur et graveur français.
Sommaire
Biographie[modifier | modifier le code]
Georges-Antoine Rochegrosse naît d'Élise Marie Bourotte (1828-1904) et de Jules Jean Baptiste Rochegrosse qui meurt en 1874. En 1875, sa mère se remarie avec le poète Théodore de Banville dont Georges-Antoine devient le fils adoptif. Il fréquente les artistes et les hommes de lettres que son beau-père reçoit chez lui : Paul Verlaine, Mallarmé, Arthur Rimbaud, Victor Hugo et Gustave Flaubert.
Il débute sa formation de peintre auprès d'Alfred Dehodencq, puis entre en 1871 à l'Académie Julian à Paris dans les ateliers de Jules Joseph Lefebvre et Gustave Boulanger, et termine ses études à l'École des beaux-arts de Paris. Il concourt par deux fois sans succès pour le prix de Rome en 1880 et 1881, et débute au Salon de 1882 où il est médaillé. L'année suivante, il obtient une bourse pour effectuer un voyage d'études qui lui permet de parcourir toute l'Europe.
Au début de sa carrière, il pratique la peinture d'histoire[1] et s'essaye au symbolisme[2]. Puis il se tourne vers l'orientalisme en découvrant l'Algérie en 1894, où il fait connaissance de Marie Leblon, qu'il épouse en 1896. Elle est l'amour de sa vie, sa femme, sa muse, et son modèle. Il vit et travaille dans la maison de la Cité Chaptal à Paris, qui hébergera plus tard le théâtre du Grand-Guignol[3].
Rochegrosse est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1892.
Il s'établit définitivement avec son épouse à El Biar, dans la banlieue d'Alger, en 1900. Il fait chaque été le voyage à Paris où il est membre du jury du Salon des artistes français. Le couple demeure au début dans la villa des Oliviers[4], puis s'installe dans un petit pavillon. Le couple fait construire une villa baptisé Djenan Meryem. Ils passent l'hiver en Algérie et l'été à Paris. Ils font construire une autre demeure à Sidi-Ferruch le long de la plage. En 1910, Rochegrosse fait réaliser un atelier, Dar es Saouar, où il reçoit ses élèves. La même année, il est promu officier de la Légion d'honneur. À partir d'octobre 1910, il parraine l'artiste Jeanne Granès, qui ouvre une école d'art à Alger : il se charge de l'atelier de peinture.
En 1905, il est professeur à l'Académie Druet, fondée à Paris en 1904 par le peintre Antoine Druet (1857-1921).
Admiré par ses contemporains comme Théodore de Banville[5] ou Conan Doyle, il est un membre influent de la Société des peintres orientalistes français. Rochegrosse expose non seulement à Paris mais aussi au Salon des artistes algériens et préside le jury de l'Union artistique de l'Afrique du Nord dès 1925, ainsi que le Syndicat professionnel des artistes algériens[6].
Après la Première Guerre mondiale et la mort de son épouse, en 1920, des suites d'une maladie contractée à l'hôpital d'Alger où elle est infirmière, sa peinture prend un tour plus pessimiste se teintant de religiosité. Il puise de plus en plus son inspiration dans le jardin de sa villa algérienne. Il en représente maintes fois les allées et la végétation luxuriante. Il finit par épouser sa gouvernante Antoinette Arnau, revient à Alger en 1937 et meurt l'année suivante. Son corps est transféré et inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse, à deux pas de la tombe de Théodore de Banville.
Collections publiques[modifier | modifier le code]


- En France
- Musée des beaux-arts de Dijon, Dijon :
- La Course au bonheur, esquisse
- La pyramide humaine, v. 1896, huile sur toile, 85.5 x 69 cm
- Musée de Sens : Vitellius traîné dans les rues de Rome par la populace (1882), huile sur toile
- Musée des beaux-arts, Rouen : Andromaque (1883), huile sur toile
- Palais des beaux-arts, Lille : La folie de Nabuchodonosor (1883), huile sur toile
- École nationale supérieure des beaux-arts, Paris : Mascarade descendant les Champs-Élysées (1884), huile sur toile
- Musée de Grenoble : La Curée (vers 1884), huile sur toile
- Château Borély, Marseille : Vase de la Guerre (vers 1892-1893), porcelaine
- Musée d'Orsay, Paris : Le Chevalier aux fleurs (1894), sous-titré Le Prédestiné, revêtu de la symbolique Armure d'Argent, va vers l'Idée, insoucieux des Appels de la Vie, huile sur toile
- Musée de Vendôme : Les Maîtres chanteurs, scène de quintette (1896), huile sur toile
- Bibliothèque de la Sorbonne, Paris : Le Chant des muses éveille l'âme humaine (1898), fresque de l'escalier
- Musée de Picardie, Amiens : L'Assassinat de l'empereur Geta (1899), huile sur toile
- Mobilier national, Paris : La France en Afrique (1899), tapisserie de haute-lisse
- Mausolée du village de Bourgogne : ensemble dans le style byzantin pour la chapelle Faynot dans la Marne (1900-1914), mosaïques et vitraux
- Musée des beaux-arts, Nîmes : Les Héros de Marathon, l'attaque (1911), huile sur toile
- Musée des beaux-arts, Nantes : La Mort de la Pourpre (1914), huile sur toile
- Musée des beaux-arts, Reims : Le Martyre d'une cathédrale (1915), huile sur toile
- Musée Alexandre-Dumas, Villers-Cotterêts : Du sang, des larmes... (1920), huile sur toile
- Musée Anne-de-Beaujeu, Moulins : Autoportrait (vers 1885-1886), huile sur toile ; Salammbô (1886), huile sur toile ; L'Appel (1923), huile sur toile ; Le bal des ardents (1889), huile sur toile[7]. Le musée possède de nombreuses toiles, aquarelles et illustrations. Il a organisé une importante rétrospective sur le peintre en 2013-2014.
- En Algérie
- Alger, église Sainte-Marcienne, transformée en mosquée El-Wartilani, boulevard de Télemly : La Parole d'Amour
- Alger, église Saint-Anne de La Redoute, presbytère, (église détruite après l'indépendance) : Le Repentir
- Alger, musée national des beaux-arts : La Course au Bonheur ou Angoisse humaine (1896, toile non localisée)[8]
- Alger, opéra : La Joie Rouge (1906), huile sur toile, dimensions : 9 mètres sur 11 mètres (médaille d'honneur au Salon de Paris), orna le foyer de l'Opéra d'Alger jusqu'en 1933-1935, dates de la rénovation à la suite d'un incendie du bâtiment. La toile fut retrouvée roulée en 1942, le tout en très mauvais état et quelques fragments dont la partie centrale furent exposés dans le nouvel hôtel de ville d'Alger. Elle s'y trouvait encore en 1964.
- El Biar, église Notre-Dame du Mont-Carmel : L'essai d'interprétation picturale de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach (détruit lors de la transformation de l'église en bibliothèque en 1962)
- El-Biar, mairie : fresque allégorique de la salle du Conseil municipal ou salle des mariages. Le peintre s'est représenté peignant à son chevalet avec dans son dos une silhouette féminine[9].
- Aux États-Unis
- La Mort de Babylone, L'Incendie de Persépolis, Salomé dansant devant Hérode, œuvres non localisées[réf. nécessaire]
Affiches[modifier | modifier le code]
- 1891 : Lohengrin, opéra de Richard Wagner[10]
- 1891 : Tannhaüser, opéra de Richard Wagner
- 1892 : Samson et Dalila, opéra de Camille Saint-Saens, créé à Monte-Carlo puis à l'Opéra de Paris
- 1893 : Le Vaisseau fantôme, opéra de Richard Wagner
- 1900 : Louise, roman musical de Gustave Charpentier, créé à l'Opéra-comique, reproduite dans la revue Les Maîtres de l'affiche (1895-1900)
- 1901 : 4e exposition internationale Salon de l'automobile, du cycle et des sports, par l'Automobile-Club de France, Paris Grand-Palais du 10 au 25 décembre
- 1904 : Le Jongleur de Notre-Dame, miracle lyrique de Maurice Léna, musique de Jules Massenet, créé à Monte-Carlo puis à Paris à l'Opéra-comique
- 1910 : Don Quichotte, comédie héroïque d'Henri Cain, musique de Jules Massenet, créé à Monte-Carlo puis à Paris à la Gaité-Lyrique
- 1911 : Exposition internationale Rome, par Chemins de Fer Paris-Lyon-Méditerranée, de mars à novembre
- 1912 : Roma, opéra tragique d'Henri Cain, musique de Jules Massenet, créé à l'Opéra de Paris
- 1913 : Pénélope, poème lyrique de Réné Fauchois, musique de Gabriel Fauré, créé à Monte-Carlo puis à Paris au théâtre des Champs-Élysées
- 1919 : Gismonda, drame lyrique d'après Victorien Sardou, musique de Henry Février, créé à l'Opéra-comique de Paris le 15 octobre
- 1921 : Antar, conte héroïque de Chékri Ganem, musique de Gabriel Dupont, créé à l'Opéra de Paris
Illustrations[modifier | modifier le code]
- Théodore de Banville, nombreux frontispices dès 1881
- Armand Silvestre, Le Péché d'Eve, 1882
- Victor Hugo, Han d'Islande, 1885
- Victor Hugo, L'Homme qui rit, 1886
- Eschyle, L'Orestie, 1889
- Jean Richepin, Les Débuts de César Borgia, 1890
- Gustave Flaubert, Hérodias, 1892
- Théophile Gautier, La Chaîne d'or, 1896
- Gustave Flaubert, Salammbô, 1900
- Maurice Sand, L'Augusta, 1900
- Jérôme Doucet, Trois légendes d'or, d'argent et de cuivre, 1901
- Camille Mauclair, Le Poison des pierreries, 1903
- Théodore de Banville, Les Princesses, 1904
- Pierre Louÿs, Ariane ou le chemin de la paix éternelle, 1904
- Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Akëdysseril, 1906
- Gustave Flaubert, La Tentation de Saint-Antoine, 1907
- Elim Demidoff, Les Égarements, 1909
- Anatole France, Thaïs, 1909
- Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1910
- Pétrone, Le Satyricon, 1910
- José-Maria de Heredia, Les Trophées, 1914
- Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (nouvelle version), 1917
- Théophile Gautier, Le Roman de la momie, 1920
- Maurice Maindron, Saint-Cendre, 1924
- Anatole France, Le Puits de Sainte-Claire, 1925
- Edgar Allan Poe, Le Scarabée d'or, 1926
- Homère, L'Odyssée, 1931
Salon des artistes français[modifier | modifier le code]
- 1882 : Vitellius traîné dans les rues de Rome par la populace, 3e médaille
- 1883 : Andromaque, prix du Salon et 2e médaille
- 1894 : Le Chevalier aux fleurs
- 1898 : Le Chant des muses éveille l'âme humaine (décoration pour la bibliothèque de la Sorbonne)
- 1906 : La Joie Rouge, médaille d'honneur
- 1908 : Le Miroir et Courtisanes
- 1914 : La Mort de la Pourpre et Ulysse et les Sirènes
- 1920 : Du sang, des larmes…
- 1928 : En présence de Dieu
- 1935 : Djenan-Meryem, le coin des chrysanthèmes
Expositions[modifier | modifier le code]
- Exposition universelle de Paris de 1889, médaille de bronze ;
- Exposition universelle de 1900, panneau central de la salle des fêtes, médaille d'or ;
- Du 29 juin 2013 au 5 janvier 2014, « Georges-Antoine Rochegrosse. Les fastes de la décadence », Moulins, musée Anne-de-Beaujeu.
Élèves[modifier | modifier le code]
La liste suivante est tirée de l'Index des peintres orientalistes[réf. insuffisante], sauf mention :
- Roméo Charles Aglietti (1878-1956)
- Le prince d'Annam
- Maurice Bouviolle (1893-1971), à Alger
- Augustin Ferrando (1880-1957), à l'Académie Druet
- Roger Charles Halbique (1900-1977), à Alger
- Vincent Lorant-Heilbronn (1874-1912)[11]
- Fred Money (1882-1956), dit Frédéric, pseudonyme de François Raoul Billon
- Paul Nicolaï (1876-1952), peintre, professeur à l'école des beaux-arts d'Alger
- José Ortéga (1877-1955), en 1899 au beaux-arts d'Alger
- Alexandre Rigotard (1871-1944)
- Marcel Rousseau-Virlogeux (né en 1884)
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Andromaque, (1883), musée des beaux-arts de Rouen, La folie de Nabuchodonosor, (1883), Palais des beaux-arts de Lille.
- Le Chevalier aux fleurs, (1894), Paris, musée d'Orsay. Sous-titré Le Prédestiné, revêtu de la symbolique Armure d'Argent, va vers l'Idée, insoucieux des Appels de la Vie. Cette toile est inspirée du mythe de Perceval qui, ayant abandonné sa mère pour devenir chevalier, atteint la lumière en s'initiant au mystère du Graal.
- Devenu aujourd'hui l'International Visual Theatre
- Actuelle résidence des ambassadeurs de France en Algérie.
- Il dédie à son beau-fils un poème de son recueil Les exilés.
- Marion-Vidal Bué, op.cit.
- Le tableau, présenté au Salon de 1889, a été préempté par le musée Anne-de-Beaujeu lors de la vente Artcurial du 14 novembre 2017. « Deux nouvelles œuvres de Rochegrosse et de Manet au musée Anne-de-Beaujeu », Vu du Bourbonnais, 2 mars 2018.
- Reproduction dans : Le Guide d'Alger et sa région, par Antoine Chollier, éd. Arthaud, 1929, p. 57.
- Le professeur Goinard, affirme qu'elle y était encore en 1994, l'ancien maire d'Alger Jacques Chevallier en aurait obtenu la sauvegarde des autorités à l'indépendance (Marion Vidal-Bué, dans L'Algérianiste, juin 2009, no 126).
- gallica.bnf.fr
- Paul Charbon, L'Aventure des frères Pathé, l'Harmattan, 2013, p. 67, 304 p., et Bulletin technique de la Suisse romande, p. 45.
Annexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Laurent Houssais, Georges-Antoine Rochegrosse, les fastes de la décadence, éditions Mare et Martin, 2013. [Catalogue de l'exposition organisée à Moulins, au musée Anne-de-Beaujeu, du 29 juin 2013 au 5 janvier 2014].
- Marion Vidal-Bué, « Georges-Antoine Rochegrosse, un maître à Alger (1859-1938) », in L'Algérianiste, no 126, juin 2009, p. 86 à 93.
- Céline Doutriaux, Georges Rochegrosse (1859-1938) ou la violence exacerbée : un exemple de peinture historico-sadique fin de siècle, Villeneuve-d'Ascq : dactylogramme, 2002, maîtrise en histoire de l'art, université de Lille 3, D 2002 154.
- Collectif, « Souvenirs de 1916-1920, le peintre Georges Rochegrosse et Marie Rochegrosse, un citoyen illustre d'El-Biar », in Les Echos d'El-Biar, no 15, octobre 1994.
- Anonyme, Marie Rochegrosse , par un groupe d'amis, 1922.
- Dictionnaire Bénézit
Article connexe[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
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- Portrait de Sarah Bernhardt, sur le site Gilded Serpent
- L'Odyssée d'Homère, traduction de Leconte de Lisle, illustré par Rochegrosse, chez Ferroud, Paris, 1931 : sur le site hio : Homère Iliade Odyssée
- Peintre français du XIXe siècle
- Peintre français du XXe siècle
- Peintre orientaliste français
- Peintre fresquiste français du XIXe siècle
- Peintre fresquiste français du XXe siècle
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