Augusta Viromanduorum

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Augusta Viromanduorum
Image illustrative de l’article Augusta Viromanduorum
Carte de Peutinger où figure Augusta Viromanduorum
Localisation
Pays Drapeau de l'Empire romain Empire romain
Province romaine Haut-Empire : Gaule belgique
Bas-Empire : Belgique seconde
Région Hauts-de-France
Département Aisne
Commune Saint-Quentin
Type Chef-lieu de Civitas
Coordonnées 49° 50′ 55″ nord, 3° 17′ 11″ est
Superficie 60 ha
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Augusta Viromanduorum
Augusta Viromanduorum
Histoire
Époque Antiquité (Empire romain)

Augusta Viromanduorum est le nom latin d'une ancienne cité gallo-romaine, à l'origine de l'actuelle ville de Saint-Quentin (département de l'Aisne, région Hauts-de-France). Au IVe siècle, le site d'Augusta Viromanduorum aurait été délaissé au profit de Vermand dont les vestiges sont classés au titre des monuments historiques sur la liste de 1840[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine et fonction de la cité[modifier | modifier le code]

Augusta Viromanduorum a été fondée par le pouvoir romain, vers le début de l'ère chrétienne, pour remplacer l'oppidum de Vermand comme chef-lieu de la cité des Viromandui (peuple celte belge qui occupait le Vermandois).

Cette fonction est attestée par trois sources :

  • Au IIe siècle, le géographe Ptolémée (Géographie, II, 9) indique : οἱ Οὐερομάνδυες, ὧν πόλις Αὐγούστα Οὐερομανδύων[2] : « les Viromandui, dont la ville (sous-entendu "principale", c'est-à-dire la capitale ou chef-lieu) est Augusta Viromanduorum ».
  • Au milieu du IIIe siècle, deux inscriptions trouvées à Rome, sont dédiées par des prétoriens.
    • La première[3] porte : ex provincia Belgica [cives] Aug(usta) Veromand(uorum)[4] (les textes entre crochets correspondent à des manques et ceux entre parenthèses à des abréviations : ils sont restitués).
    • La seconde[5], datée de 246, est plus complète : civ(es) ex prov(incia) Belgica Aug(usta) Viromandu/oru(m)[6].

Elle reçut le nom d'Augusta Viromanduorum, l'Augusta des Viromandui, en l'honneur de l'empereur Auguste. Le site correspond à un gué qui franchissait la Somme. Plusieurs routes principales s'y croisaient, venant de Reims, Soissons, Amiens et Cambrai.

Des vestiges archéologiques lacunaires[modifier | modifier le code]

Un trésor monétaire de 7 000 deniers et quelques aureus a été retrouvé en 1882. Les fouilles archéologiques effectuées dans les années 1980 ont montré que l'occupation humaine dura globalement du Ier au IIIe siècle. Deux mosaïques superposées ont été retrouvées à l'emplacement du théâtre et une autre rue de l'abbaye d'Isle[7].

Les découvertes et fouilles archéologiques sont encore trop peu nombreuses pour bien connaître cette agglomération antique. Il apparaît toutefois qu'elle n'occupait qu'une surface de 40 à 60 ha, qui la place parmi les villes moyennes de la Gaule.

Augusta Viromanduorum au Bas-Empire[modifier | modifier le code]

Le statut de la cité dans l'Antiquité tardive est incertain. En effet, le nom de l'agglomération (voisine de 11 km) de Vermand, qui paraît bien provenir de Veromandis, est à l'origine d'un débat sur une éventuelle perte du rang de chef-lieu au Bas-Empire.

L'archéologie, dans l'état actuel des connaissances, fait pencher la balance en faveur de ce transfert, car la ville d'Augusta Viromanduorum semble comme désertée au IVe siècle. Au contraire, les vestiges de cette période sont abondants à Vermand, site bien connu dans la littérature archéologique pour ses nécropoles romaines tardives (800 tombes fouillées aux XIXe et XXe siècles). Camille Jullian, dans son Histoire de la Gaule, avait tranché en faveur du transfert, mais cette question reste discutée.

C'est à Augusta Viromanduorum que fut martyrisé Quentin sur ordre du préfet Rictiovarus sous le règne de Dioclétien au début du IVe siècle. La ville prit par la suite le nom de Saint-Quentin.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA00115969, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. (grc) Géographie de Ptolémée, II, 9, 11, p. 107
  3. CIL VI, 32550 = 2822
  4. Publication: CIL VI, 02822 (p 870, 3320, 3339) = CIL 06, 03902 = CIL 06, 03903 = CIL 06, 32550a-b = AE 1894, 00018 Lieu: Roma Diis(!) [San]ctis Patrie[nsi]bus / I(ovi) [O(ptimo)] M(aximo) et Invict[o e]t Apollini Mercurio Dianae He[rc]uli Marti // ex provincia Belgica [cives] Aug(usta) Veromand(uorum) / Iul(ius) Iustus mil(es) coh(ortis) I praet(oriae) P[iae Vindic]is Gordianae / |(centuria) Val[entis] et // Firmius Mater[nianus mil(es) coh(ortis)] X pr[aet(oriae)] / Piae Vindic[is Gordianae 3]DA[
  5. CIL VI, 32551 = 2821 = H. Dessau, Inscriptiones latinae selectae, Berlin : Weidmann, 3 t. en 5 vol., 1892-1916, no 2096)
  6. Publication: CIL VI, 02821 (p 870, 3320, 3339, 3834) = CIL 06, 32551 = D 02096 Lieu: Roma I(ovi) O(ptimo) M(aximo) et Marti et Nemesi et Soli et Victoriae et omnibus / diis(!) Patriensibus civ(es) ex prov(incia) Belgica Aug(usta) Viromandu/oru(m) milites Iul(ius) Iustus coh(ortis) I praet(oriae) |(centuria) Albani et / Firm(us) Maternianus coh(ortis) X praet(oriae) Philippianarum / |(centuria) Artemonis v(otum) s(olverunt) l(ibentes) m(erito) // Ded(icata) IIII Kal(endas) Iul(ias) / Pr(a)esente et / Albino [co(n)s(ulibus)]
  7. Collart, Jean Luc, « Le déplacement du chef lieu des Viromandui au Bas-Empire, de Saint-Quentin à Vermand », Revue archéologique de Picardie, Persée, vol. 3, no 1,‎ , p. 245–258 (DOI 10.3406/pica.1984.1446, lire en ligne, consulté le ).

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Luc Collart, « Le déplacement du chef-lieu des Viromandui au Bas-Empire, de Saint-Quentin à Vermand », Revue Archéologique de Picardie, 3/4-1984, p. 245-250, consultable sur Persée.
  • Jean-Luc Collart, « Saint-Quentin », dans Blaise Pichon, Carte archéologique de la Gaule – l’Aisne – 02, Paris, 2002, p. 378-404.
  • Jean-Luc Collart, avec la coll. de Michèle Gaillard, « Vermand, Saint-Quentin et Noyon : le chef-lieu d’une cité à l’épreuve de la christianisation », dans Alain Ferdière dir., Actes du colloque « Capitales éphémères. Des capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive » Tours 6-, Tours, 2004, p. 83-102 (Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France ; 25).
  • Jean-Luc Collart, « Au Bas-Empire, la capitale des Viromandui se trouvait-elle à Saint-Quentin ou à Vermand ? », dans Roger Hanoune dir. « Les villes romaines du Nord de la Gaule. Vingt ans de recherches nouvelles ». Actes du XXVe colloque international de HALMA-IPEL UMR CNRS 8164, Villeneuve-d’Ascq, 2007, p. 349-393 (Revue du Nord. Hors série. Collection Art et Archéologie ; 10).
  • Jean-Luc Collart, « Recherches archéologiques récentes à Saint-Quentin et Vermand : leur apport à la question de la localisation du chef-lieu des Viromandui dans l’Antiquité », Mémoires de la fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome LII, 2007, p. 9-39.

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]