3e division SS Totenkopf

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3e division SS « Totenkopf »
Appellations allemandes successives :
SS-Division « Totenkopf »
SS-Panzergrenadier-Division « Totenkopf »
3. SS-Panzer-Division « Totenkopf »
Image illustrative de l’article 3e division SS Totenkopf
Emblème de la division.

Création 1934
Dissolution Mai 1945
Pays Allemagne
Branche Waffen-SS
Ancienne dénomination SS-Totenkopf-Division
SS-Panzergrenadier DivisionTotenkopf
Guerres Seconde Guerre mondiale
Batailles Bataille de France
Siège de Léningrad
Poche de Demiansk
Koursk
Commandant Theodor Eicke
Matthias Kleinheisterkamp
Georg Keppler
Hermann Priess
Heinz Lammerding
Max Simon
Hellmuth Becker

La 3e division SS « Totenkopf » ou la division « Totenkopf », Totenkopf signifiant « tête de mort » (appellations allemandes successives : la SS-Division Totenkopf, puis la SS-Panzergrenadier-Division „Totenkopf“ et enfin la 3. SS-Panzer-Division „Totenkopf“), est l'une des 38 divisions de la Waffen-SS durant la Seconde Guerre mondiale.

La présence dans les effectifs de cette division de gardes des camps de concentration et d'extermination nazis en a fait l'une des unités de la Waffen-SS qui s'est distinguée le plus par son fanatisme et sa brutalité ; elle a de ce fait commis de nombreux crimes de guerre.

Historique[modifier | modifier le code]

La division Totenkopf avait pour origine les unités de garde des camps de concentration, les SS-Totenkopfverbände (« unités SS à tête de mort »). Celles-ci étaient dirigées par Theodor Eicke à partir du , lors de sa nomination comme inspecteur des camps de concentration.

Ces unités étaient organisées en régiments basés dans différents camps :

Theodor Eicke, le chef historique de la division Totenkopf. Il meurt à son commandement, lors d'une reconnaissance aérienne en Ukraine.

C'est sous le commandement d'Eicke que débute la transformation des SS-TV (il ne faut pas confondre les SS-VT pour SS-Verfügungstruppe, destinés dès l'origine à faire des Waffen-SS, avec les SS-TV pour SS-Totenkopfverbände, initialement uniquement destinés à la garde des camps de concentration) en vue d'en faire des unités aptes à combattre sur le front. Dès sa prise de fonction, Eicke mobilise tous ses contacts au sein de la SS pour assurer un bon équipement à sa division, notamment en armes antichars, pour la motoriser et la doter d'un groupe de reconnaissance[1].

À partir de ce moment, Eicke entame une nouvelle carrière et n'a plus de responsabilités dans l'organisation des camps de concentration. L'homme change de fonction, mais ses convictions restent les mêmes. Anti-catholique convaincu, il arrive, en 1940, à « convaincre »[pas clair] une compagnie entière de sa division de renoncer à la religion chrétienne, en le faisant acter par un tribunal administratif[2]. Tout au long de sa période de commandement, il veille scrupuleusement au respect des drastiques critères de recrutement de la Waffen-SS, n'hésitant pas à renvoyer des candidats pourtant acceptés mais qu'il juge personnellement non conformes aux normes physiques, raciales ou morales de la SS[3] et rechigne à voir ses officiers quitter la division Totenkopf pour renforcer d'autres unités[4].

Rejoignant la « Leibstandarte SS Adolf Hitler » (« régiment SS de garde d'Adolf Hitler ») et la SS-Verfügunsgstruppe (littéralement « troupe SS à disposition »), les unités Totenkopf constituent l'un des trois piliers de la future Waffen-SS.

Après la réorganisation de la dénomination et de la numérotation des divisions SS en 1943, elle reçoit la dénomination officielle de 3. SS-Panzer-Division „Totenkopf“, aux côtés, entre autres, de la 1re division SS « Leibstandarte SS Adolf Hitler » et de la 2e division SS « Das Reich », issue de la SS-Verfügungstruppe.

Le , Adolf Hitler autorise le regroupement des régiments « Totenkopf » pour former une division Waffen-SS. Cette division est intégrée à la 2e armée pendant les opérations de la campagne de France en mai 1940.

Comme en Pologne, pendant la campagne de France, Eicke et sa division se distinguent par leur brutalité sans bornes et leurs crimes de guerre.

Pour le déclenchement de l'invasion de l'Union soviétique, Eicke insiste pour que sa division soit dotée de camions militaires conçus pour le transport de troupes à la place des divers véhicules qu'elle a reçus ; « Abstraction faite que nous avons l'air de romanichels et qu'une telle apparence ne sied pas à la SS, on ne peut conduire aucune guerre à l'Est avec ce genre de véhicules »[5]. Son insistance lui permet d'obtenir gain de cause.

En , en Finlande, deux régiments de la division[6] s'enfuient devant une contre-offensive des troupes de l'Armée Rouge, s'attirant de sévères jugements d'officiers de la Wehrmacht[7].

Sous le commandement de Theodor Eicke, abattu lors d'une reconnaissance aérienne, puis de ses successeurs, la division Totenkopf continue à faire preuve d'un fanatisme inégalé et de férocité lors de l'avancée en 1941, de l'offensive de l'été 1942, de la conquête de Kharkov[8], de la bataille de la poche de Demiansk, et lors de la défense de Varsovie puis de Budapest début 1945. Elle fait preuve de remarquables aptitudes au combat défensif contre l'Armée rouge[9].

Désignations successives[modifier | modifier le code]

  • SS-Totenkopf-Division (à partir du ) comprenant :
    • SS-Totenkopf-Infanterie-Regiment 1
    • SS-Totenkopf-Infanterie-Regiment 2
    • SS-Totenkopf-Infanterie-Regiment 3
    • SS-Totenkopf-Artillerie-Regiment
      • schwere SS-Totenkopf-Artillerie-Abteilung (à partir de l'hiver 1939/40)
      • SS-Totenkopf-Aufklärungs-Abteilung
      • SS-Totenkopf-Panzerabwehr-Abteilung
      • SS-Totenkopf-Pionier-Bataillon
      • SS-Totenkopf-Nachrichten-Abteilung
  • SS-Panzergrenadier-Division « Totenkopf » (à partir du ) comprenant :
    • SS-Panzergrenadier-Regiment 1 « Totenkopf »
    • SS-Panzergrenadier-Regiment 3 « Totenkopf »
    • Panzer-Regiment 3
      • SS-Totenkopf-Sturmgeschütz-Abteilung
      • SS-Totenkopf-Aufklärungs-Abteilung
      • SS-Totenkopf-Kradschützen-Bataillon
      • SS-Totenkopf-Panzerjäger-Abteilung
      • SS-Totenkopf-Pionier-Bataillon
      • SS-Totenkopf-Flak-Abteilung
      • SS-Totenkopf-Nachrichten-Abteilung
  • 3. SS-Panzer-Division Totenkopf (à partir du ) comprenant :
    • SS Panzer-Regiment 3 « Totenkopf »
    • SS Panzer-Grenadier-Regiment 5 « Thule »
    • SS Panzer-Grenadier-Regiment 6 « Theodor Eicke »
    • SS Panzer-Artillerie-Regiment 3
      • SS Flak-Artillerie-Abteilung 3
      • SS Sturmgeschütz-Abteilung 3
      • SS Panzer-Aufklärungs-Abteilung 3
      • SS Panzerjäger-Abteilung 3
      • SS Panzer-Pionier-Bataillon 3
      • SS Panzer-Nachrichten-Abteilung 3
      • SS Versorgungs-Einheiten 3

Liste des commandants successifs[modifier | modifier le code]

Début Fin Grade Nom
Obergruppenführer Theodor Eicke
Obergruppenführer Matthias Kleinheisterkamp
Obergruppenführer Georg Keppler
Obergruppenführer Theodor Eicke
Obergruppenführer Hermann Priess
Standartenführer Heinz Lammerding
Gruppenführer Max Simon
Obergruppenführer Hermann Priess
Brigadeführer Hellmuth Becker

Théâtres d’opérations[modifier | modifier le code]

Soldats de la division « Totenkopf » dans un village balte ().

Parcours en France[modifier | modifier le code]

La 3e division SS « Totenkopf » est engagée dans l'invasion de la France en tant que division de réserve du groupe d'armées A, sous le commandement du général Gerd von Rundstedt qui avait comme objectif la percée dans les Ardennes.

Son point de rassemblement était Korbach, situé près de Cassel.

Crimes de guerre[modifier | modifier le code]

  • Lors de la campagne de Pologne, trois régiments des unités Totenkopf Oberbayern, Brandenburg et Thüringen à Buchenwald, chargés d'actions de pacification et de nettoyage à l'arrière du front, assassinent les membres de l’intelligentsia polonaise et les Juifs, s'attirant de vives critiques du général de la Wehrmacht Johannes Blaskowitz : « Les sentiments de la troupe envers la SS et la police oscillent entre la répulsion et la haine. Tous les soldats sont pris de dégoût et de répugnance devant les crimes commis en Pologne »[11].
  • , le 3e régiment d'infanterie de la Totenkopf, sous les ordres du Stubaf Lammerding et de l'Ostuf Lotz, fusille six personnes civiles à Mercatel, exécute 5 hommes et incendie 24 fermes à Simencourt, exécute quatre civils (dont une femme handicapée de 78 ans dans son lit) et incendie plusieurs maisons et fermes à Hermaville[12].
  • Au cours de la journée du , le 2e régiment d'infanterie de la Totenkopf, sous les ordres du Stubaf Bellwildt et du Gruf Eicke, tue trente personnes à Berles-Monchel et près de trente autres à Aubigny-en-Artois puis 64 personnes sont exécutées par le 1er régiment d'infanterie de la Totenkopf[13].
    Ces actions de sauvagerie sont commises par le 2e régiment en raison de la résistance acharnée des chars britanniques et français devant Warlus et Simencourt le .
  • 24 et , le 3e régiment d'infanterie et le 3e compagnie du bataillon de pionniers de la Totenkopf, sous le commandement du Stubaf Bestmann et de l'Ostuf Siegfried Müller massacrent 48 personnes à Beuvry. En outre, plusieurs centaines de civils sont utilisés comme boucliers humains pour faire avancer les canons du 2e régiment d'artillerie SS sous le commandement du Stubaf Hermann Priess[14].
  • , 10 civils sont fusillés à Hinges, par le 3e régiment d'infanterie et la 3e compagnie du bataillon de pionniers de la Totenkopf sous le commandement de l'Ostuf Max Seela, en représailles de l'exécution d'un soldat SS par un soldat français.
  • On peut aussi rajouter le massacre avéré de plus de 250 civils dans le nord de la France entre le 19 et le , et une étude a montré que le nombre des assassinats de prisonniers et de civils suivait la courbe des pertes de la division[15].
  • Massacre du Paradis, à Lestrem près de Béthune, le , durant lequel, la Totenkopf assassine une centaine de prisonniers britanniques en France, sous les ordres du lieutenant Fritz Knöchlein, condamné à mort et exécuté pour crimes de guerre après la fin du conflit[16].
  • Sur le front de l'Est, elle est coupable de l'assassinat de prisonniers et de civils en Union soviétique, de la destruction et du pillage de nombreux villages russes[8].

Personnalités ayant servi au sein de la division[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « SS-Division Totenkopf » (voir la liste des auteurs).
  1. Leleu 2007, p. 322.
  2. Leleu 2007, p. 212.
  3. Leleu 2007, p. 223.
  4. Leleu 2007, p. 284.
  5. Leleu 2007, p. 380.
  6. Il s'agit de la Thule SS-Infanterie-Régiment 9 et de ??? a chercher
  7. Knopp 2006, p. 292.
  8. a et b Sydnor 1975, p. 75.
  9. Sydnor 1975, p. 65.
  10. a et b Scheck 2007, p. 56-57 pense également que ces chars ne sont pas forcément ceux de la « Totenkopf », mais peuvent être les chars régimentaires de la « Großdeutschland », ou encore ceux de la 10e Panzerdivision, envoyés en renfort du fait de la résistance inattendue des Français ; voir aussi Scheck 2007, p. 245-246.
  11. Knopp 2006, p. 282.
  12. La France occupée de Bruno Kartheuser, page 17
  13. Jean-Luc Leleu, La division SS-Totenkopf face à la population civile du Nord de la France en mai 1940, Revue du Nord, no 342, 2001/4.
  14. Récit des atrocités des S.S. Nazis de 1940 à Beuvry.
  15. 39/45 Magazine n°177, mars 2001, pages 2 à 16
  16. Knopp 2006, p. 286.
  17. Sydnor 1975, p. 61.
  18. « Hommage : Il y a 80 ans, 48 tirailleurs sénégalais étaient exécutés par les allemands à Chasselay, dans le Rhône », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
  19. Viviane Forson, « Chasselay questionne à la fois le racisme, le nazisme et la colonisation », sur Le Point, (consulté le )
  20. « Horst Tappert alias Derrick aurait été soldat SS », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  21. « L'acteur de "Derrick" a servi dans la Waffen-SS », sur bfmtv.com, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, .
  • Didier Laugier, « La SS-Division "Totenkopf" à Luchno », in Ligne de Front, n°53, éditions Caraktère, janvier/
  • Boris Laurent, « Totenkopf », in Axe & Alliés n°6,
  • Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS. Soldats politiques en guerre, Paris, éditions Perrin, , 1237 p. (ISBN 978-2-262-02488-8).
  • Raffael Scheck (trad. de l'anglais par Éric Thiébaud), Une saison noire : les massacres de tirailleurs sénégalais, mai-juin 1940, Paris, Tallandier, , 287 p. (ISBN 978-2-84734-376-2).
  • Charles W. Sydnor, « La division SS Totenkopf », Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Paris, PUF, no 98,‎ .
  • Charles Trang, Totenkopf, HEIMDAL (ISBN 978-2-84048-235-2)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]