Siège d'Alésia

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Siège d'Alésia
Description de cette image, également commentée ci-après
Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César (tableau de Lionel Royer, 1899)
Informations générales
Date 52 av. J.-C.
Lieu Alésia
Issue Victoire romaine
Belligérants
Coalition gauloise Rome
Commandants
Vercingétorix
Commios
Vercassivellaunos
Eporédorix
Viridomaros
Jules César
Forces en présence
80 000 guerriers
8 000 cavaliers (armée de secours)
240 000 hommes (armée de secours)
10 à 12 légions
(soit 72 000 fantassins)
+ la cavalerie romaine/germaine
(environ 10 000)
Pertes
150 000 morts ?
50 000 déportés, ainsi que la population civile
entre 8 000 et 13 000 morts ?

Guerre des Gaules

Batailles

Coordonnées 47° 32′ 14″ nord, 4° 30′ 01″ est

Le siège d'Alésia a suivi une bataille décisive au cours de la guerre des Gaules qui opposa l'armée romaine de Jules César à la coalition gauloise menée par l'Arverne Vercingétorix en 52 av. J.-C.

Alésia est un oppidum gaulois (voir site archéologique d'Alésia) dont le nom Alesia représente une variante du mot gaulois alisia (basé sur un radical ales- / alis-) et qui signifie peut-être « rocher, roche », de même racine indo-européenne que le mot falaise issu du germanique[1],[2], mais d'autres étymologies (voir Alise-Sainte-Reine) sont possibles. Il était habité par un peuple gaulois, les Mandubiens. L'identification de la forme gauloise du nom avec la forme latine Alesia s'explique par la tendance observée en gaulois qui veut que le /e/ se ferme en /i/ dans certains contextes, notamment après /l,w/ (cf. *swesor > *swisor > suior- « sœur » ou le peuple gaulois des Lexoviens appelés également Lixoviens) et inversement, l'ouverture du /i/ final en /e/, observée très tôt dans les préfixes ari-> are- ou uxi- > uxe-[3]. Le grammairien Consentius atteste que les Gaulois prononçaient e et i de façon analogue[4]. La grande majorité de la communauté scientifique de nos jours estime que le site d'Alésia, source de polémiques récurrentes, se trouve sur le territoire de la commune d'Alise-Sainte-Reine, en Côte-d'Or (voir historiographie du débat sur la localisation d'Alésia).

Localisation

Selon le consensus scientifique et à la suite des fouilles engagées à l'initiative de Napoléon III, c’est à Alise-Sainte-Reine (en Côte-d'Or) qu'est situé le site d'Alésia. Toutefois, cette localisation d'Alésia en Bourgogne est restée contestée, en raison des divergences réelles ou alléguées entre le site d'Alise-Sainte-Reine et les informations données par plusieurs textes anciens, en premier lieu le récit de César, mais aussi un passage de Plutarque et un autre plus tardif de Dion Cassius qui situent clairement Alésia chez les Séquanes, peuple gaulois habitant à l'est de la Saône, (actuelle Franche-Comté).

Un débat ancien

Statue monumentale de Vercingétorix par Aimé Millet, près d'Alise-Sainte-Reine.

Les controverses sur la localisation d'Alésia sont apparues au XIXe siècle, époque qui vit les progrès de l'archéologie scientifique, mais aussi de son instrumentalisation. Deux thèses s'affrontent : celle mise en avant par de nombreux historiens et Napoléon III reposant sur les fouilles entreprises en 1861 après la découverte d'un important dépôt d'armes de l'âge du bronze, aux environs d'Alise, qui tentent de contredire celle du latiniste Jules Quicherat, selon laquelle le site ne peut être que quelque part en Franche-Comté, car Jules César, après avoir rejoint Titus Labienus, s'est retrouvé encerclé d'ennemis sauf à l'est où il est allé refaire son armée chez ses alliés, les Lingons. Vercingétorix, arrivé trop tard pour lui fermer le passage de la Saône, l'a combattu chez les Séquanes de Franche-Comté, où il se retire sur un site fortifié, que Jules Quicherat se déclare cependant incapable de localiser précisément[5].

Par la suite, de nombreuses raisons expliquent la persistance et la durée du débat : le patriotisme local et la volonté de rattacher sa région à un épisode majeur de l'Histoire, des raisons politiques dont l'opposition au pouvoir central, le nom de Napoléon III restant attaché aux fouilles d'Alise-Sainte-Reine, la difficulté méthodologique qu'il y a à concilier la lecture d'une source écrite (principalement César) qui peut être partielle et subjective, avec des vestiges archéologiques qui doivent être révélés et interprétés. Si plusieurs centaines de sites ont été proposés comme emplacement d'Alésia, au cours du dernier quart du XXe siècle la querelle a principalement porté, au niveau universitaire, scientifique et médiatique, sur deux sites : le site d'Alise-Sainte-Reine en Côte-d'Or et de Chaux-des-Crotenay/Syam dans le Jura, la localisation à Alise étant la localisation la plus largement acceptée[Note 1].

Depuis le début des années 2000, un consensus clair et solide s'est formé en faveur d'Alise dans la communauté des archéologues et historiens, et plus aucune publication scientifique ne mentionne un autre site qu'Alise depuis les fouilles qui y ont été menées dans les années 1990[Note 2],[Note 3],[Note 4],[Note 5]. La publication en 2006 par une équipe internationale de chercheurs et d'archéologues d'un corpus des fortifications militaires romaines en Gaule et en Germanie[6] a consacré l'abandon de toute hypothèse alternative à Alise et de tout doute quant à la localisation de la bataille et la datation des trouvailles d'Alise. Celles-ci prennent désormais place dans une typologie de mieux en mieux connue des travaux de l'armée romaine.

Il n'en reste pas moins que localement, et en dehors des cadres académiques et scientifiques, un certain nombre d'autres sites (outre Chaux/Syam) sont proposés par des particuliers : Salins-les-Bains dans le Jura, Alaise-Eternoz, Bart et Pont-de-Roide-Vermondans, dans le Doubs, Izernore dans l'Ain et Guillon dans l'Yonne. Aucun toutefois ne peut justifier de publications scientifiques et reconnues tant au niveau historique qu'archéologique, ni ne peut avancer un ensemble de découvertes archéologiques aussi pertinentes que celles d'Alise. La persistance d'un tel débat si loin de l'état actuel des publications et connaissances scientifiques peut surprendre, et justifie le constat de Michel Reddé : « À Alésia l'archéologie rencontre l'imaginaire[7] ».

Alise-Sainte-Reine

Site archéologique d'Alésia près d'Alise-Sainte-Reine.

La localisation d'Alésia à Alise-Sainte-Reine s'appuie sur la convergence d'un certain nombre d'indices.

Une identification ancienne

Hormis les historiens antiques Dion Cassius et Plutarque, qui situent Alésia chez les Séquanes(Jura)[8],[9], la localisation à Alise Sainte Reine est une des plus anciennes qui ait été proposée. Vers 840/870, le moine Héric, chroniqueur au monastère de Saint-Germain d'Auxerre, témoigne d'un rapprochement entre Alésia et Alise-Sainte-Reine[10]. L'idée fut diffusée par les moines bénédictins de Flavigny-sur-Ozerain.

Linguistique

Cette proposition repose sur une intuition qui s'appuie sur une analogie de termes entre Alise et Alesia, renforcée par la découverte d'une stèle d'époque gallo-romaine portant l'inscription « ALISIIA » : les linguistes ont démontré depuis que l'évolution phonétique de Alisiia vers Alise était régulière. C'est davantage le passage de l'Alésia de César à l'Alisiia gallo-romaine qui pose question, surtout sur une période aussi courte[11]. Pour expliquer la coexistence, à l'époque antique, d'une graphie Alisiia pour les indigènes et Alesia, pour les auteurs romains et grecs, C. Grapin considère que l'une était une graphie populaire locale tandis que l'autre était une latinisation propre aux lettrés[12].

Épigraphie

La découverte d'une stèle d'époque gallo-romaine portant l'inscription « ALISIIA »[13] a aussi été retenue comme argument par les partisans du site. La stèle étant abîmée juste avant le premier A et l'espace précédant l'inscription étant plus large que dans le reste de la présentation générale de la stèle, on pourrait penser qu'une lettre aurait pu précéder le A. Mais d'une part, cette variation d'espacement n'est pas inhabituelle en épigraphie latine et d'autre part la découverte après 1970 de tessères (jetons de plomb) d'époque romaine a confirmé que le nom de la ville commençait, à cette époque, par ALI.

La découverte de deux balles de fronde dont les inscriptions sont attribuées au légat de César, Titus Labienus, a été soulignée[14].

D'après Philippe Barral, « deux balles de fronde en plomb découvertes en prospection par Roger Collot sur le camp C portent l'estampille T.LABI, que l'on ne peut que rapprocher du nom d'un des légats de César, Titus Labienus »[15].

Et d'après Michel Reddé, le camp C appartient, « sans contestation possible », à Labienus : la découverte de deux balles de fronde en plomb marquées TLAB « assure de façon absolue son identification[16] ».

Au Musée de l'Archéologie Nationale sis à Saint-Germain-en-Laye [17], onze balles en plomb sont exposées dans la salle Alésia, mais aucune ne comporte de poinçon ou de marque latine qui puisse être identifiée comme celles faisant référence en la matière[18].

Archéologie

Les fouilles faites durant le règne de Napoléon III, à partir de 1861 à Alise-Sainte-Reine, ont dégagé un vaste ensemble de fortifications (fossés, palissades) autour de l'oppidum gaulois et un important matériel dont la datation n'a pas toujours été bien reconnue, l'état des recherches dans les années 1860 amalgamant des époques différentes.

La conduite de fouilles restreintes et le réexamen des fouilles du XIXe siècle par Joël Le Gall[19] ont entraîné dès la fin des années 1960 la conviction de la majorité des historiens. Ainsi André Chastagnol disait en 1969 : « L'identification ne saurait plus désormais être remise en question »[20].

La querelle ne s'éteignant pas, de nouvelles fouilles ont été effectuées dans les années 1990 par une équipe franco-allemande dirigée par M. Reddé et publiées récemment. Ces fouilles, menées de 1991 à 1997 avec le concours du professeur Siegmar Von Schnurbein, ont confirmé les trouvailles et la topographie dégagées sous le Second Empire. Elles ont par ailleurs mis au jour du matériel bien daté par typologie, à la fois de l'époque gauloise (la Tène finale) et de l'époque romaine (fin de la République). Les partisans de la localisation à Alise ont souligné ces découvertes et argué de leur prise en compte par la plus grande partie de la communauté scientifique internationale.

Philologie

Outre César lui-même, qui indique que le combat de cavalerie à la veille du siège d'Alesia était situé chez les Séquanes, c'est-à-dire en Franche-Comté, (B.G, VII, 66,2.), deux autres auteurs antiques situent également ce combat en Séquanie, Dion Cassius et Plutarque: Dion Cassius écrit : « Il fut arrêté dans le pays des Séquanes. » [21]. Plutarque écrit : « Il franchit le territoire des Lingons, pour atteindre celui des Séquanes. C'est là que les ennemis tombent sur lui et l'encerclent avec de nombreux milliers d'hommes. » [22]. On considère en général que le passage du texte de Dion Cassius situant Alésia chez les Séquanes n'est pas suffisant pour s'opposer à l'hypothèse d'Alise : le récit de Dion est vu comme une notation rapide faite par un auteur grec très postérieur aux événements. Dion Cassius n'était pas forcément capable, au début du IIIe siècle, de situer à nouveau précisément l'oppidum des Mandubiens, on considère donc souvent que, comme Plutarque, il a « mal compris ou déformé le texte de César lorsqu'il l'a transposé en grec »[23], ce qu'il est possible de voir comme des confusions ou des erreurs [24],[25]. Des philologues toutefois, certains[26] s'appuyant sur une étude de G. Zecchini[27], critiquée depuis[28],[29], considèrent que le récit de Dion donne accès à une autre source que César et présenterait une information digne de crédibilité[30],[31]. Un débat similaire existe à propos de Plutarque[32],[33],[34]. Les adversaires d'Alise ont beau jeu de souligner que si des témoignages d'historiens antiques, ayant eu accès à des sources aujourd'hui disparues, peuvent être mis en doute, il peut sembler hardi d'accorder du crédit à celui du Moine Héric D'Auxerre, écrivant neuf siècles après les faits.

La découverte archéologique d'importants ateliers pratiquant la métallurgie du bronze, et notamment la fabrication d'harnachement en bronze argenté à Alise, semblent confirmer le témoignage de Pline l'Ancien sur Alésia[35], [36] ,[37]. Les fouilles archéologiques ont aussi révélé l'importance des sanctuaires de l'oppidum d'Alise, dès l'époque gauloise, ainsi que leur rayonnement, le site d'Alise convient donc bien au témoignage de Diodore de Sicile sur l'importance religieuse d'Alésia[38].

Numismatique

Le corpus de monnaies trouvées lors des fouilles du XIXe siècle et depuis, en particulier lors des fouilles des années 1990, constitue un argument de poids pour le site d'Alise. Si les trouvailles numismatiques du XIXe siècle furent critiquées par les adversaires d'Alise, qui y dénoncèrent même des falsifications, elles plaident aujourd'hui pour l'authenticité du site :

  • d'une part, la répartition des monnaies romaines, ce que l'on appelle le facies numismatique du corpus, correspond à ce que l'on connaît maintenant des frappes républicaines, mais que l'on ignorait à l'époque de leur trouvaille : il est difficile de plaider le faux. Cependant, contrairement aux fouilles franco-allemandes, l'absence d'impériales dans les découvertes du XIXe siècle pose question pour M. Reddé : « On doit s’étonner que la collection du MAN ne contienne pas d’impériales, et on peut se demander si elle n’a pas fait l’objet d’un tri a posteriori »[39].
  • d'autre part, la même observation peut être faite pour le groupe des monnaies gauloises, dont la grande diversité de provenance, si elle ne reflète pas toute la diversité de composition de l'armée coalisée gauloise[40], reste un cas rare de trésor monétaire gaulois d'origine aussi diverse. Les ensembles de monnaies gauloises trouvés au XIXe siècle présentent une composition très proche des trouvailles des fouilles récentes : cette diversité n'est donc pas le résultat d'une imposture attribuable aux fouilleurs du Second-Empire. Les progrès récents de la numismatique celtique, à la suite des travaux de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, n'ont par ailleurs apporté aucune contradiction aux trouvailles faites à Alise, mais au contraire ont appuyé l'identification.

Les monnaies au nom de Vercingétorix n'ont été retrouvées, en dehors du territoire Arverne, qu'à Alise-Sainte-Reine. Dans ce dernier cas les monnaies de Vercingétorix présentent une composition métallique particulière (orichalque) qui pourrait être expliquée par les besoins du siège, même si les conditions exactes de réalisations de cet alliage restent encore hypothétiques : « La question de la fabrication de ces monnaies reste encore quelque peu en suspens, bien que la refonte de fibules nous paraisse, dans l'état actuel des connaissances, une hypothèse envisageable » selon Sylvia Nieto[41].

Armes

Les fouilles ont dégagé des umbo de boucliers germaniques très rares en Gaule[42], leur présence aussi loin du sillon rhénan ne peut s'expliquer que par la présence de mercenaires germains, comme ceux qui servaient dans l'armée de César[43].

Une grande quantité d'armes romaines ou gauloises ont également été découvertes, particulièrement lors des premières fouilles.

Ostéologie

L'analyse ostéologique de 10.66 kg de restes osseux et dentaires de chevaux retrouvés sur le lieu de la bataille a montré la coexistence de plusieurs espèces de chevaux correspondant aux chevaux trouvés à cette époque en Italie, en Gaule et en Germanie. Les restes de chevaux témoigneraient donc de la présence de cavalerie romaine, gauloise et germanique à Alise au milieu du Ier siècle avant notre ère.

Cette présence simultanée des armées romaines, germaines et gauloises peut s'expliquer principalement par le siège d'Alésia[44] aucun autre combat entre les trois armées n'ayant pour cette époque laissé de témoignage historique, à moins qu'il ne s'agisse d'un enfouissement cultuel[45] postérieur à la bataille, ce qui permettrait d'expliquer la présence dans un seul fossé, et sur 300 mètres de long, d'os de chevaux et de sangliers, d'armes cassées, de diverses pièces romaines et gauloises et d'un vase de l'époque de Néron.

Le caractère probant de ces exhumations reste contesté par les tenants de la localisation jurassienne[46], même s'ils datent bien le matériel découvert de l'époque gallo-romaine, et ils émettent des doutes sur l'authenticité de certaines pièces.

Le déclassement comme site archéologique d'intérêt national d'Alise en 1998 fut parfois interprété par les tenants de l'hypothèse jurassienne comme un désaveu officiel du site. Au contraire, les autorités ministérielles l'expliquèrent à l'époque par la décentralisation et la fin des grandes campagnes de fouilles menées durant les années précédentes : la région Bourgogne pouvait alors diriger l'aménagement du site sans en référer à Paris.

Chaux-des-Crotenay/Syam

À partir du début des années 1960, le site de Chaux-des-Crotenay/Syam a été le principal concurrent d'Alise soutenu par des chercheurs [47], essentiellement l'archéologue André Berthier associé à l'abbé André Wartelle[48].

En se fondant principalement sur le texte de Jules César dans la Guerre des Gaules, André Berthier dresse un portrait-robot du site d'Alésia[49] . Selon ce portrait, il paraissait nécessaire de trouver un nouveau site permettant d'y inclure les descriptions faites par César, car la coordination avec le portrait-robot mettrait en évidence qu'Alise-Sainte-Reine n'y correspond pas sur de nombreux points essentiels : topologie du site, dimensions, cohérence avec l'itinéraire de César, etc. Ainsi, André Berthier retient 40 exigences pour le site d’Alésia à partir de César et des auteurs latins : 18 composantes géographiques, 14 composantes tactiques, 8 composantes stratégiques.

Après comparaison avec de nombreux autres sites pouvant être candidats sur un vaste quadrilatère s'étendant au Nord, de Montbard à Montbéliard et au Sud, de Vienne à Chambéry, André Berthier retient le site de Chaux-des-Crotenay/Syam dans le Jura. Le passage de Dion Cassius situant Alésia chez les Séquanes prend alors selon lui tout son sens et renforce cette hypothèse, fondée à l'origine sur le portrait-robot.

Des recherches archéologiques préliminaires permirent notamment, selon Berthier et ses partisans, d'y identifier un système complet de fortifications correspondant à la description de César et notamment des lilia, du mobilier contemporain de la bataille, ainsi que les vestiges du mur d'enceinte d'une ville importante au sommet de l'oppidum. Les découvertes n'ont cependant pas fait l'objet de publications scientifiques. Selon les partisans de cette localisation, des fouilles approfondies et de plus grande importance devront être autorisées et effectuées pour vérifier cette localisation d'Alésia.

En 1996, les trente-et-un sondages préventifs effectués par l'AFAN (devenu Inrap depuis) dans la zone du Pont de la Chaux se sont révélés négatifs. Cependant, l'emplacement des sondages en question a été déterminé par un projet d'aménagement à l'origine de l'opération d'archéologie préventive et non par une recherche programmée.

L'hypothèse de Berthier a d'ardents défenseurs. Elle a trouvé en l'académicien Max Gallo[50] ou Danielle Porte, maître de conférences de latin à la Sorbonne, un soutien dans la communauté universitaire, même si elle n'est guère prise en compte par la majorité des scientifiques, tant en France qu'à l'étranger[51]. Des associations se sont constituées pour défendre cette hypothèse et encourager plus largement la recherche archéologique vers Chaux-des-Crotenay[52]. Le cinéaste Jean-Pierre Picot qui a accompagné André Berthier dans ses recherches pendant vingt ans a créé un site internet pour défendre cette hypothèse[53]. Fin 2008, le journaliste et historien Franck Ferrand a pris parti pour cette hypothèse en appelant de ses vœux que « des fouilles ambitieuses et méthodiques soient, le plus tôt possible, ouvertes à Syam et à Chaux-des-Crotenay ! »[54], l'hypothèse a été présentée aussi favorablement par un reportage télévisé de la chaîne Canal+ diffusé en décembre 2008[55]. En réaction, le 19 décembre 2008, le muséoparc d'Alésia (Alise-sainte-Reine) a publié un communiqué cosigné par douze scientifiques dénonçant le reportage comme relevant de la « désinformation »[56]. Selon un article du journal Le Point du 19 février 2009, Christine Albanel, ministre de la Culture, aurait annoncé qu'il y aurait des fouilles à Chaux-des-Crotenay[57]. Cette information a toutefois été démentie par le ministère de la Culture dans un communiqué précisant que « rien ne permet d'étayer la thèse selon laquelle Alise-Sainte-Reine, en Bourgogne, ne serait pas le lieu de la bataille d'Alésia »[58].

En 2012, l'architecte François Chambon, spécialiste en sciences militaires, a procédé à des relevés aériens du site situé entre les deux rivières, La Saine et La Lemme, à l'aide de rayons lasers (Lidar) installés à bord d'un avion. Ses relevés révèleraient des discontinuités linéaires et des éléments ponctuels imposants situés tous les 24 mètres environ[59].

Plusieurs réfutations de l'hypothèse Chaux-des-Crotenay/Syam ont été publiées par des archéologues et historiens tenants de la thèse localisant Alésia à Alise-Sainte-Reine [60],[61]. Ainsi Michel Reddé, ancien vice président du Conseil national de la recherche archéologique (C.N.R.A.) et Directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (E.P.H.E.) insiste sur le caractère abstrait de la méthode du « portrait-robot », et sur son caractère arbitraire[62], forcé[63] et erroné[64] du portrait tracé par Berthier et Wartelle. Les critiques de l'hypothèse insistent aussi sur l'absence de découverte archéologique probante (matériel daté par stratigraphie et typologie) et sur le caractère exceptionnel qu'occuperait ce site dans la typologie des oppida celtiques de la fin de l'époque de la Tène (surface, organisation). Selon le bilan archéologique de Marie-Pierre Rothé, ancienne élève de Michel Reddé, la présence de murs en pierres sèches à l'ouest de Chaux-des-Crotenay est « mal interprétée »[65] selon son opinion, mais sans citer ses sources et sans donner sa propre interprétation. Ces murs, de caractère cyclopéen, sont décrits, avec photos à l'appui, dans le livre "Alesia" [66] de Berthier et Wartelle, page 173, comme étant des restes des fortifications de l'oppidum et comme des monuments à hémicycle, mais c'est selon Rothé « sans preuve » que Berthier et Wartelle interprètent des structures de pierres sèches comme un ensemble cultuel gaulois[65]. Toujours selon Marie-Pierre Rothé, à Syam, à la Grange d'Aufferin, « il n'y a aucune preuve de camp romain »[67]. Elle rappelle que de nombreuses communes sont étudiées par elle et elle affirme que l'hypothèse d'un camp romain aux lieux-dits « Les Étangs » et « Sur la Grange fontaine » a été contredite et invalidée dans les travaux archéologiques de l'étudiant Christian Meloche dans sa thèse de fin d'étude[68], et que ce même chercheur a démontré, par des comparaisons avec d'autres bâtiments médiévaux que, en bordure de la Combe de Crans, ce que Berthier lisait comme « un fanum commémoratif de la bataille » pouvait être en fait « une construction médiévale »[69].

Le déroulement du siège

Prélude au siège : la bataille

César avait envoyé son lieutenant Labienus combattre et soumettre les Parisii, pendant qu'il attaquait lui-même les Arvernes à Gergovie : « Labienus, laissant à Agédincum, pour garder les bagages, les troupes de renfort qu'il venait de recevoir d'Italie, part vers Lutèce avec quatre légions »[70]. Après son échec au siège de Gergovie, fin avril 52 av. J.-C. César remonte au nord avec ses six légions et, à proximité de Sens, rejoint les quatre légions de son lieutenant Labienus à qui il a demandé de revenir de Lutèce : « Il craignait fort pour Labienus, qui était séparé de lui, et pour les légions qu'il avait détachées sous ses ordres »[71]. Devant faire face à la révolte de tous les peuples gaulois, à l'exception de trois, les Lingons, les Rémois, et les Trévires, César décide de regrouper son armée. Il regroupe son armée et les quatre légions de Labienus à Sens Agedincum, où se trouvent deux légions de réserve venues d'Italie, et ainsi avec ses douze légions réunies, il s'éloigne de la capitale des Sénons en révolte, et se replie vers Langres, capitale des Lingons, ses alliés. Il stationne sur le territoire des Lingons, peuple resté fidèle à Rome. Installé à Langres pendant l'été de 52 av. J.-C. il fait venir une cavalerie de mercenaires germains propre à garantir une retraite plus sûre vers la Province romaine.

Plusieurs facteurs contribuent à le décider à un repli. D'une part, il y a la révolte généralisée des peuples gaulois, les menaces d'attaques par les Eduens et les Arvernes sur la Province romaine peuplée d'Allobroges, et sur les secteurs de la province Narbonnaise en Aquitaine, d'autre part, il y a des problèmes de famille et de politique à Rome : la mort de sa fille Julie, épouse de Pompée, l'alliance nouvelle de Pompée avec ses ennemis, une opposition à sa politique de conquête prenant de plus en plus d'importance, la menace d'une remise en cause de son proconsulat. Tous ces facteurs l'obligent à envisager un repli de son armée vers la Province romaine et l'Italie.

Voyant les légions romaines battre en retraite, Vercingétorix abandonne sa stratégie de terre brûlée et décide d'anéantir l'armée de César avant qu'elle n'ait pu rejoindre la province. Dion Cassius, dans le livre quarantième de l’Histoire Romaine, démontre que Vercingétorix adopta la tactique d'une attaque surprise pour détruire l'armée romaine en route vers les Allobroges : « Avant cet événement, Vercingétorix, à qui César ne paraissait plus redoutable à cause de ses revers, se mit en campagne contre les Allobroges. Il surprit dans le pays des Séquanais le général romain qui allait leur porter du secours, et l'enveloppa ; mais il ne lui fit aucun mal : bien au contraire, il força les Romains à déployer toute leur bravoure, en les faisant douter de leur salut et reçut un échec par l'aveugle confiance que le nombre de ses soldats lui avait inspirée. Les Germains, qui combattaient avec eux, contribuèrent aussi à sa défaite : dans l'impétuosité de l'attaque, leur audace était soutenue par leurs vastes corps, et ils rompirent les rangs de l'ennemi qui les cernait. Ce succès imprévu ne ralentit point l'ardeur de César : il contraignit les barbares fugitifs à se renfermer dans Alésia, qu'il assiégea. »[72]

L'attaque surprise de la cavalerie gauloise est mise en échec par les cavaliers germains et Vercingétorix décide de se replier dans l’oppidum d'Alésia avec son armée. L'armée gauloise est composée lors du siège, d’après César, de 80 000 hommes[73] auxquels il faut ajouter de nombreux cavaliers[74] renvoyés par Vercingétorix au début du siège[75]. On ne peut toutefois pas vérifier ces chiffres[76]. Munis d'un mois de ravitaillement ces soldats s'ajoutent dans l'oppidum à la population locale des Mandubiens. Ils y attendent l'armée gauloise de secours, qui doit venir prendre l’armée romaine à revers. César et ses dix à douze légions[77], soit seulement 40 à 72 000 hommes, décident de mettre le siège autour de l'oppidum d'Alésia, qui contrôle la route vers la Province.

Les travaux de siège

Archéodrome de Beaune, reconstitution du siège d'Alésia avec en avant-plan les stimuli, puis les lilia et les cippi.
Une proposition de restitution des fortifications de César lors du siège d'Alésia.

César décrit Alésia comme un oppidum établi sur une hauteur entre deux cours d'eau [78]. Étant en infériorité numérique, César doit renoncer à un assaut. Il met alors en œuvre le génie romain pour les travaux de siège, afin d'affamer les Gaulois et de réduire la ville à la reddition. Ces travaux sont longuement décrits dans le récit du siège livré par César[79]. Les fouilles menées sur le terrain à Alise-Sainte-Reine ont cependant montré une réalité parfois différente de la description de César. L'interprétation de ces divergences entre le terrain et le texte est un des enjeux de la querelle sur la localisation de la bataille. Pour Michel Reddé, « il n'est donc pas question de nier l'écart entre les données de terrain et la description césarienne, qui témoigne sans doute autant de la culture littéraire que de la science militaire du proconsul, mais il serait tout aussi excessif de s'y attarder plus longtemps »[80]. Pour isoler l'oppidum gaulois et se protéger d'une attaque extérieure, César établit une double ligne de fortification. On appelle contrevallation la ligne intérieure tournée en direction de l'oppidum et circonvallation la ligne extérieure destinée à protéger les troupes romaines d'une attaque extérieure venant secourir l'oppidum.

Autour de la ville, une ligne de travaux défensifs de dix milles[78] (14,7 km ou 16,3 km [81])[82],[83], la contrevallation, est édifiée pour empêcher les sorties des assiégés. Dans les parties planes de la ligne de défense, le système de fortification est constitué d'un fossé de 4,50 m de largeur et de même profondeur qui se remplit d'eau dans l'heure suivant son terrassement, du fait de la nature semi marécageuse du site (vallum), dont la terre sert à construire un remblai (agger) de 3,50 m de haut, surmonté d'une palissade avec pieux (pluteus). Ce système était ponctué de tours distantes de 80 pieds[84](tous les 24 mètres. Les traces de tours retrouvées lors des fouilles présentent un espacement qui peut fortement varier[85],[86]). En avant du fossé[87],[88] sont enterrés des petits pieux équipés de pointes de fer (stimuli). En avant des stimuli sont disposés sur huit rangs et en quinconce, des trous coniques de 90 cm de profondeur au fond desquels ont été calés des pieux acérés dissimulés par des broussailles : ce sont les lilia, dénommés ainsi en raison de leur ressemblance avec la fleur de lys. Ensuite vient un second fossé de 4,50 m de profondeur et autant de largeur, suivi d'un autre fossé de 1,50 m de profondeur et 6 m de largeur, comblé de troncs dont les branches ont été taillées de manière à former des pointes acérées (cippi). Vingt-trois fortins (castella) renforcent cette ligne de défense. Une reconstitution de cette fortification était visible à l'Archéodrome de Beaune et sur le site du muséoparc qui ouvrira en 2012 au pied de l'oppidum d'Alésia.

« César fit creuser le premier fossé de 20 pieds de large[89] du côté de l'oppidum pour enfermer les Gaulois et pour mettre à l'abri les terrassiers qui réalisèrent la suite des travaux. Toutes les autres fortifications seront comprises dans un intervalle de quatre cents pieds : il fit creuser deux fossés de 15 pieds et de profondeur égale : il fit remplir le fossé intérieur qui se trouvait dans les parties basses de la plaine d'eau qu'il dériva d'une rivière. Derrière ces fossés, il fit construire un parapet[84]. »

Les mêmes travaux sont effectués pour une deuxième ligne de défense longue de quatorze milles[90] (environ 21 km)[91], la circonvallation, tournée vers l'extérieur et destinée à protéger les assaillants d'une éventuelle armée de secours.

Lors de l'établissement de ces lignes de défense, les Romains ont tiré parti du relief du site d'Alésia, et ont su aussi s'assurer un ravitaillement en eau continu et satisfaisant[92]. Le dispositif constaté archéologiquement tient compte du terrain et adopte une grande variété de solutions[93]. Les travaux d'investissements constatés correspondent à la concentration militaire disponible pour César, environ 40000 hommes pour une quarantaine de kilomètres de fossés et de remparts[94].

Arrivant à court de vivres, les assiégés doivent faire sortir les femmes, les enfants et les vieillards. César refusant de les nourrir ou de les laisser passer, ils mourront de faim entre les deux camps.

L'armée de secours arrive devant Alésia peut-être fin septembre. Elle est commandée conjointement par Commios, le roi des Atrébates, Vercassivellaunos, le cousin de Vercingétorix, et les Éduens Viridomar et Éporédorix. Elle est forte, selon César, « d'environ 240 000 »[95]fantassins et de 8 000 cavaliers. La concentration d’hommes réunis dans cet affrontement décisif est extraordinaire : environ 400 000 combattants sont en présence, auxquels s’ajoutent la masse des civils emmenés avec les armées, les serviteurs et esclaves de l’armée romaine. Les troupes gauloises se postent sur une colline à mille pas des fortifications. Dès le lendemain de leur arrivée, ils font sortir leur cavalerie composée de 8.000 cavaliers et en couvrent la plaine de trois mille pas de longueur : omnen eam planitiem complent.[96].

L'infanterie romaine a pris position sur les lignes de contrevallation et circonvallation. César ordonne à sa cavalerie d'engager le combat contre la cavalerie gauloise renforcée par des archers et de l'infanterie légère. Les combats durent de la mi-journée jusqu'à la tombée de la nuit.

« Du sommet des hauteurs où les camps étaient placés, la vue plongeait sur la plaine, et tous les soldats, le regard attaché sur les combattants, attendaient l'issue de la lutte… Comme l'action se déroulait sous les yeux de tous, il n'était pas possible qu'un exploit ou une lâcheté restassent ignorés »[97] La cavalerie germaine finit par mettre les cavaliers gaulois en fuite et massacre les archers. La cavalerie romaine finit de poursuivre les fuyards jusqu'à leur camp.

Le jour suivant, les Gaulois de l'armée de secours fabriquent passerelles, échelles et harpons puis, au milieu de la nuit lancent l'assaut. Ils se servent de flèches et pierres pour bousculer les défenseurs romains. Ceux-ci avec des frondes, des casse-têtes, des épieux repoussent les attaquants. L’obscurité entraîne des pertes lourdes des deux côtés. L’artillerie lance une grêle de projectiles. Les Romains renforcent systématiquement les points faibles à l'aide de troupes empruntées aux fortins situés en arrière. Les pièges ralentissent l'avancée des Gaulois au pied des palissades et, n'ayant pu percer nulle part, ils finissent par se replier au petit matin craignant d'être pris sur leur flanc droit si l'infanterie romaine du camp supérieur tentait une sortie. Vercingétorix, bien qu'alerté dès les premiers combats par les clameurs, perd trop de temps à manœuvrer ses engins d'assaut et à combler les premiers fossés. Il apprend la retraite des siens avant même d'arriver aux retranchements et regagne la ville.

Les fouilles archéologiques d'Alise, et notamment les fouilles franco-allemandes des années 1990, ont permis de mieux comprendre les conditions de la bataille et les travaux de fortifications romains. Ces derniers doivent être replacés dans le cadre de la poliorcétique, science du siège militaire développée dans le monde grec à l'époque hellénistique : au regard de ce contexte historique, les fortifications d'Alésia ne présentent pas un dispositif exceptionnel[Note 6].

La bataille décisive et la reddition

Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César (tableau de Lionel Royer, 1899)

À la suite de ces deux échecs, une troupe d'élite de 60 000 hommes est constituée et mise sous le commandement de Vercassivellaunos, un cousin de Vercingétorix. Après une longue marche de nuit et une matinée de repos, Vercassivellaunos attaque le camp supérieur[98] depuis la montagne nord. Cette attaque est parfois datée du 26 septembre 52 av. J.-C. car il s'agissait d'une nuit de pleine lune[99],[100], ce qui pourrait expliquer que César ait pu lancer sa cavalerie après la bataille à la poursuite de l'armée en fuite[101] dans la nuit[102]. Toutefois aucune certitude n'est possible et Camille Jullian faisait déjà observer que l'on pouvait aussi penser à la pleine lune du 27 août 52. En même temps, la cavalerie gauloise s’approche des fortifications de la plaine et le reste des troupes se déploie en avant du camp gaulois. Vercingétorix sort de la ville avec tout son matériel d'assaut.

Les Romains attaqués de toute part commencent à céder, d'autant que les Gaulois réussissent à combler les obstacles. César envoie Labienus en renfort pour le camp supérieur. Les assiégés, désespérant de venir à bout des fortifications de la plaine, tentent l’escalade des abrupts ; ils y portent toutes les machines qu’ils avaient préparées. Ils chassent les défenseurs des tours sous une grêle de traits, comblent les fossés, réussissent à faire une brèche dans la palissade et le parapet.

César envoie d’abord des renforts puis il amène lui-même des troupes fraîches. Ayant refoulé l’ennemi, il rejoint Labiénus avec quatre cohortes et une partie de la cavalerie tandis que l’autre partie de cette dernière contourne les retranchements extérieurs et attaque l’ennemi à revers. Voyant la cavalerie derrière eux et de nouvelles cohortes approchant, les Gaulois prennent la fuite. Les cavaliers romains leur coupent la retraite et les massacrent. Vercassivellaunos est capturé. Voyant ce désastre, Vercingétorix ordonne le repli de ses troupes. Au signal de la retraite, les troupes de secours quittent leur camp et s’enfuient. Les fuyards sont en partie rattrapés par la cavalerie romaine ; beaucoup sont pris ou massacrés ; les autres, ayant réussi à s’échapper, se dispersent dans leurs cités. Cette grande bataille a mis face à face d'un côté les 60 000 hommes de Vercassivellaunos et de l'autre les deux légions de Réginus et Rébilus, les six cohortes de Labiénus, plus les trente-neuf qu'il a tirées des postes voisins. Aux soldats amenés par Labiénus, il faut ajouter les escadrons et les cohortes amenés par César. Soit, en tout, au moins six légions. Ce combat a donc rassemblé environ 120 000 soldats. Pour se faire une idée de la superficie requise, on peut comparer avec la bataille d'Austerlitz qui a vu s'affronter les 73 100 soldats de Napoléon Ier et les 85 700 hommes de la coalition austro-russe, sur un terrain de 8 km sur 12.

Le lendemain, Vercingétorix décide de se rendre[102]. Après la reddition des Gaulois, la plupart des guerriers gaulois – sauf les Eduens et les Arvernes – sont réduits en esclavage et distribués aux légionnaires, « à raison d'un par tête » (César, B.G., VII, 89).

Informations complémentaires

La guerre des Gaules n’est pas celle de tous les Gaulois. Les divers peuples gaulois sont très inégalement impliqués dans le conflit et certains se montrent indéfectiblement liés à Rome, comme les Rèmes. Le conflit recoupe en fait aussi des divisions propres aux sociétés gauloises. Selon Serge Lewuillon la classe dirigeante gauloise, de grands propriétaires terriens, se serait divisée en deux parties opposées, d'une part une « ancienne aristocratie » et d'autre part une « aristocratie sénatoriale » plus réceptive aux modèles politiques méditerranéens. On a pu aussi penser que commerçants et artisans, qui s’enrichissent de plus en plus au contact de Rome, se montraient plus favorables à César[103]. Ces interprétations ne font pas toutefois l'unanimité, et si Serge Lewuillon a privilégié une description des sociétés gauloises pendant la guerre en termes de division sociologique, on a pu aussi décrire leurs divisions en suivant des modèles ethnologiques et voir en elles un exemple de société segmentaire[104].

L’ensemble du mobilier archéologique découvert sur le site d'Alise-Sainte-Reine lors des fouilles de Napoléon III est déposé au musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. La présentation des collections provenant de ce site est l’une des toutes premières à avoir été mises en œuvre à Saint-Germain : ainsi, dès l’origine des collections, la « salle Alésia » a constitué, à proprement parler, le cœur du musée.

MuséoParc Alésia

« Centre d’interprétation des assiégeants » du MuséoParc d'Alésia.

À Alise-Sainte-Reine, sur le site du siège, le MuséoParc d'Alésia, un équipement culturel d'envergure européenne est construit[105]. L'opération d'aménagement, d'un budget de 25 millions d'euros[106], est pilotée par le conseil général de la Côte-d'Or en partenariat avec le ministère de la Culture, le ministère de l'Écologie et du Développement durable, ainsi que de nombreux acteurs publics et privés. Il est géré par une société d'économie mixte la SEM Alésia, avec un contrat décennal.

Notes et références

Notes

  1. Michael Dietler, « A Tale of Three Sites : The Monumentalization of Celtic Oppida and the Politics of Collective Memory and Identity », World Archaeology, 30,1, 1998, p. 72-89 : « Although this identification with Alise continues to incite occasional challenges (e.g. Berthier and Wartelle, 1990 ; Potier, 1973), it has been largely accepted by the scholarly community and the public since the late nineteenth century » (p. 74).
  2. M. Feugère dans son compte-rendu de M. Reddé (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, 2 vol., Paris, 2001 (Journal of Roman Archaeology, 2004, 17, pp. 631-637.) considère que l'ouvrage permet de dépasser des connaissances « encombrées par une querelle stérile sur la localisation du site. »
  3. Paul Bidwell dans son compte-rendu de M. Reddé (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, 2 vol., Paris, 2001 (Britannia, 2005, 36, pp. 503-504) fait observer ceci : « There has for long seemed to have been a problem in matching Caesar topographical description with the landscape of Alesia […] Reddé's careful comparison of the description with the landscape shows that there are no real contradiction. »
  4. R. Brulet dans son compte-rendu de M. Reddé (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, 2 vol., Paris, 2001 (Latomus, 2004, 63, 268-269) parle de « référence de base » et observe que « Napoléon III avait fait les efforts adéquats pour identifier le site de la bataille. »
  5. O. Buchsenschutz dans son compte-rendu de M. Reddé (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, 2 vol., Paris, 2001 (Revue archéologique, 2003, 1, pp. 185-188.) indique que les fouilles ont permis de « clore enfin presque deux siècles de vaines discussions sur la localisation », il ajoute que « le témoignage de l'archéologie rejoint celui de la tradition orale pour identifier Alise-Sainte-Reine à l'Alésia de César » et que « la seule présence de monnaies obsidionales imitées du statère de Vercingétorix, et celles des peuples impliqués dans le conflit de cette même année avec César, confirment de quel siège il s'agit, si c'était encore nécessaire. »
  6. "Tout le dispositif césarien, si souvent célébré comme la marque d'un génie militaire exceptionnel n'est en réalité que le fruit d'une pratique pluriséculaire perfectionnée peu à peu, et fréquemment mise en œuvre non seulement chez les Grecs et les Latins, mais aussi chez les "Barbares" hellénisés" M. Reddé, Le siège d'Alésia : récit littéraire et réalité du terrain dans M. Reddé et S. von Schnurbein dir., Alésia I, Paris, 2001, p. 493.

Références

  1. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions Errance 2003, p. 38-39.
  2. La chute du [p] indo-européen initial est caractéristique des langues celtiques : latin pater / vieil irlandais athir, gaulois *ater, atrebo / germanique commun *faðēr).
  3. Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, 2003, p. 41. Avec l'exemple d'Alésia.
  4. Pierre-Marie Duval, La Gaule jusqu'au milieu du Ve siècle, Paris, 1971, p. 774.
  5. L'Alesia de César rendue à la Franche-Comté, fiche de lecture de Gustave Servois, Bibliothèque de l'École des chartes, 1857 [1]
  6. L'Architecture de la Gaule romaine : Les fortifications militaires, DAF 100, Paris, 2006.
  7. Michel Reddé, Alésia - L'archéologie face à l'imaginaire, Errance - Hauts lieux de l'Histoire, Paris, 2003.
  8. Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 39-40 : « Avant cet événement, Vercingétorix, à qui César ne paraissait plus redoutable à cause de ses revers, se mit en campagne contre les Allobroges. Il surprit dans le pays des Séquanais le général romain qui allait leur porter du secours, et l’enveloppa… » (trad. Gros 1855).
  9. Plutarque, Vie des hommes illustres, Caïus Julius César, III, 572 : «  César fut donc obligé de décamper de chez eux, et de traverser le pays des Lingons, pour entrer dans celui des Séquanais, amis des Romains, et plus voisins de l’Italie que le reste de la Gaule. Là, pressé par les ennemis, enveloppé par une armée innombrable, il pousse en avant avec tant de vigueur, qu’après un combat long et sanglant, il a partout l’avantage, et met en fuite les Barbares. » (trad. Alexis Pierron, 1853)
  10. J. Le Gall, E. de Saint-Denis, R. Weil, J. Marilier, Alésia, Textes littéraires antiques et textes médiévaux, Paris, 1980, pp. 139-141.
  11. Danielle Porte, L'imposture Alésia, Éditions Carnot, 2004, p. 68.
  12. Archéologia hors-série n° 14, pages 38 à 45.
  13. Image
  14. Fiche des balles de fronde sur la base artefact.
  15. Article de Philippe Barral dans Historia, « La nouvelle bataille d'Alesia », mars 1999, no 627, p. 58.
  16. M.Reddé et von Schnurbein, Rapport de fouilles, Paris, 2001, p. 118.
  17. Musées de Saint Germain.com
  18. Théodor Bergk, Inschriften römischer Schleudergeschosse nebst einem vorwort über moderne fälschungen, Leipzig, 1876.
  19. J. Le Gall, Alésia, Archéologie et histoire, Fayard, Paris, 1963.
  20. A. Chastagnol, compte-rendu de J. Le Gall, op. cit., 1963 dans Annales, 1969, 24, 2, pp. 441-443. [1]
  21. Dion Cassius, Commentaires I, 40, p. 39.
  22. Plutarque, Vie des hommes illustres Cés., 26.
  23. André Chastagnol dans J. Le Gall, La Bataille d'Alésia, Paris, 2000, p. 2.
  24. J. Le Gall, La Bataille d'Alésia, Paris, 2000, p. 18-19.
  25. René Martin estime au contraire que le passage du texte se trouve explicitement confirmé par Dion dans son Histoire romaine, 40, 39, 1. « Vercingétorix intercepta César alors qu'il se trouvait chez les Séquanes et l'encercla. » René Martin, « Alésia et la ruse de Carcopino » dans Fabrice Galtier et Yves Perrin dir., Ars pictoris, ars scriptoris, Peinture, littérature, histoire. Mélanges offerts à Jean-Michel Croisille, Clermont-Ferrand, 2008, p. 300.
  26. Pour J.Y. Guillaumin, Dion Cassius est catégorique, la localisation de l'embuscade est bien chez les Séquanes. En effet, Guillaumin considère que Dion utilise une autre source que César et qu'il faut revoir entièrement les jugements péjoratifs à son encontre. Il affirme aussi que certains jugements sur sa crédibilité n'étaient pas étayés et que la critique n'a jamais hésité à admettre des renseignements que seul Dion a donnés. J.Y. Guillaumin, « Alésia et les textes antiques » dans A. Berthier et A. Wartelle, Alesia, Nouvelles Éditions latines, 1990, p. 58-60. Voir aussi J.-Y. Guillaumin, « Dissimulation et aveu chez César autour du combat de cavalerie préliminaire du siège d’Alésia (Bellum Gallicum VII, 66, 2.) », Cahier des études anciennes, XLVI, 2009, p. 55-69. Lire en ligne
  27. G. Zecchini, Cassio Dione e la guerra gallica di Cesare, Milan, 1978.
  28. Les hypothèses de G. Zecchini - Dion dépendrait du récit de la guerre des Gaules par Aelius Tubero - ont cependant été généralement rejetées comme trop incertaines, fragiles ou erronées. B. Manuwald, dans Gnomon, 53-2, 1981, p. 120-125.
  29. Voir aussi C.B.R. Pelling, dans The Classical Review, 32-2, 1982, p. 146-148.
  30. P.M.Martin estime par ailleurs que « Malgré tout le mal qu'il a été de bon ton, pendant longtemps, de dire de lui, et en dépit de son bavardage rhétorique, il est précieux. » « Son témoignage tout tardif qu'il soit doit être pris en compte ». D'autre part, d'après Martin, le témoignage des auteurs grecs serait moins dépendant de la source césarienne. P. M. Martin, Vercingétorix, le politique, le stratège, Paris, Perrin, 2000, p. 12-13.
  31. Ch. Goudineau doute même que Dion Cassius ait lu César, il estime qu'il a forcément suivi une source anti-césarienne offrant un point de vue différent. Et Ch. Goudineau atteste même de la crédibilité de Dion en affirmant à propos des reproches de César à Vercingétorix : « Dion n'a sûrement pas inventé ces reproches ». Ch. Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Actes Sud/Errance, 2001, p. 297-303.
  32. J.Y. Guillaumin souligne le sérieux de la documentation réunie par Plutarque, ses sources qu'il estime nombreuses, et l'importance de son témoignage pour les historiens. J.Y. Guillaumin, dans A. Berthier et A.Wartelle, op. cit., p. 55-56;
  33. P.M. Martin estime par ailleurs que Plutarque utilise au moins une autre source que César, une biographie écrite par C. Oppius. P. M. Martin, op. cit., p. 12.
  34. Sur Plutarque, Ch. Goudineau écrit qu'il ne doute pas qu'il « ait accompli un travail scrupuleux de documentation » et note qu’en dehors de César, d’autres auteurs ont été consultés, « il mentionne notamment Tanusius Geminus ». Ch. Goudineau, op. cit.,p.  281-290.
  35. Site du Muséoparc d'Alise.
  36. Michel Mangin et Philippe Fluzin, « L'organisation de la production métallurgique dans une ville gallo-romaine : le travail du fer à Alésia », Revue archéologique de l’Est, 55, 2006, pp. 129-150. lire en ligne
  37. Germaine Depierre, Antoine Mamie, Romuald Pinguet et Arnaud Coutelas, « Alésia : un nouvel atelier de bronzier dans le quartier des Champs de l’Église », Revue archéologique de l’Est, 55, 2006, pp. 151-172. lire en ligne
  38. [PDF]La présentation des sanctuaires sur le site du Muséoparc
  39. Michel Reddé, Introduction à l’étude du matériel, in Michel Reddé et Siegmar von Schnurbein (dir.) et coll., Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, Paris, 2001, 2, 1-9, p. 7.
  40. Ce n'est pas l'opinion de M. Reddé qui estime, d'une part, que les monnaies présentes à Alise proviennent des pillages effectués sur le trajet de César avant Alésia, et d'autre part, d'espèces de proximité (monnaies lingonnes, séquanes, éduennes) : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, vol. 1, Paris, 2001. p. 9.
  41. selon Sylvia Nieto « Monnaies arvernes (Vercingétorix, Cas) en orichalque », Revue numismatique, 6, 160, 2004, p. 5-25, p. 20. [1]
  42. T. Bochnak, « L'umbo à pointe centrale d'Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or) dans son contexte d'Europe centrale et septentrionale (The spiked shield boss from Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or) in its central and northern european context) », Antiquités nationales, 38, 2006-2007, p. 67-76.
  43. Site du Muséoparc d'Alésia.
  44. [PDF]Bilan sur les restes de chevaux par le site du Muséoparc
  45. Jean-Louis Brunaux, Les Religions gauloises, Errance, 1996.
  46. Notamment Danielle Porte.
  47. Voir le site présentant les fouilles d'André Berthier et le site de Syam : http://alesia-retrouvee.fr
  48. André Wartelle, « L'Alésia de César rendue au Jura français », Le Jura français, 151, 1976, pp. 1-6.
  49. Alésia, André Berthier, Nouvelles Éditions Latines, 1 rue Palatine 75006 PARIS, p. 138.
  50. Le Journal du dimanche, 8 janvier 2012.
  51. Michel Reddé, « La querelle d'Alésia, hier et aujourd'hui » dans M. Reddé et S. von Schnurbein (dir), Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources, Institut historique allemand, 2008.
  52. L'association A.L.E.S.I.A. s'est ainsi transformée en association Archéojurasites (Le Progrès, )
  53. [1]
  54. Chapitre « Alésia identifiée » dans Franck Ferrand, L'Histoire interdite, Tallandier, 2008, p. 15-57.
  55. Émission diffusée le 12 décembre 2008 à 22 h 25 [1][2]
  56. « Alésia, quand investigation rime avec désinformation… » cosignataires : A. Daubigney (professeur, pré et protohistoire, université de Franche-Comté) ; Jean-Paul Demoule (professeur d'archéologie, université de Paris-1, ancien président de l'INRAP) ; A. Deyber (docteur en archéologie) ; F. Eschbach (archéologue, Archeodunum (Suisse)) ; R. Goguey (pilote archéologue, chercheur associé au CNRS, UMR 5594) ; C. Goudineau (professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités nationales) ; C. Grapin (conservateur en chef du patrimoine chargé du musée Alésia) ; V. Guichard (directeur général du Centre archéologique européen de Bibracte) ; J.-P. Jacob (président de l'INRAP) ; G. Kaenel, (directeur du musée cantonal d'archéologie et d'histoire de Lausanne, président du conseil scientifique de Bibracte) ; M. Poux (professeur d'archéologie, université Lumière, Lyon-2) ; M. Reddé, (directeur d'études à l'École pratique des hautes études) [PDF] lire en ligne
  57. « La nouvelle bataille d'Alésia », Le Point, 19 février 2009 [1]
  58. Communiqué du 27 février 2009 [1]
  59. Reportage diffusé par France 2, le 15 mars 2012.
  60. Gilbert-Charles Picard, « Alésia ou comment résoudre un problème qui n'existe pas », Actes du 109e congrès national des sociétés savantes, Dijon, t. I : la Bourgogne : Études archéologiques, CTHS, Paris, 1984, pp. 273-276.
  61. R. Adam, « À propos d'une nouvelle Alésia comtoise », RAE, 1984, pp. 261-275.
  62. Michel Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 116 : « le dessin que livre André Wartelle à l'appui de cette démonstration est tellement fait sur mesure pour démontrer l'identité du site de Syam avec le "portrait-robot", que je ne puis résister au plaisir de proposer quelques solutions alternatives, parfaitement compatibles avec le texte césarien. »
  63. Michel Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 115 en particulier sur les termes latins décrivant la géographie physique du site.
  64. Michel Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 115 : « La circonférence d'Alésia n'est, à aucun moment, précisée dans le texte latin. César indique en revanche la longueur de la ligne d'investissement […] Prétendre confondre l'un et l'autre constitue ici une véritable supercherie intellectuelle. »
  65. a et b Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 286.
  66. Alesia par André Berthier et André Wartelle, Nouvelles Éditions Latines, 1 rue Palatine, 75006 PARIS, 1990, p. 169.
  67. Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 683.
  68. Voir encore Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 335 sur la confusion faite par André Berthier entre la céramique campanienne et la céramique commune lisse noire.
  69. Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 334.
  70. B.G. Livre VII, Chap 57, traduction L.-A. Constans.
  71. B.G. Livre VII, Chap 56, traduction L-A Constans.
  72. Dion Cassius, Histoire Romaine Livre quarantième, Chap. 39.
  73. B.G., VII, 71 et 77 indiquent 80 000 sous le commandement de Vercingétorix. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 148.
  74. B.G., VII, 64 indique que Vercingétorix concentre 15 000 cavaliers peu avant le siège.
  75. B.G., VII, 71.
  76. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 148.
  77. Les estimations varient selon les spécialistes qui évaluent différemment le nombre de pertes romaines dans chaque légion : M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 32. L'effectif de chaque légion n'est pas connu : en 54-53 deux légions de César totalisent moins de 7000 hommes (B.G., V, 49) M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 27.
  78. a et b [s:La Guerre des Gaules - 7 La Guerre des Gaules, livre VII, 69]
  79. [s:La_Guerre_des_Gaules/Livre_VII#72 La Guerre des Gaules, livre VII, 72-74]
  80. M. Reddé dans M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, vol. 1, Paris, 2001.p. 506.
  81. 10 000 pas suivant les manuscrits de la classe b, 11 000 pas suivant ceux de la classe a.
  82. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 118
  83. L'archéologue Jacky Bénard a proposé un calcul des longueurs des lignes d'investissement retrouvées autour d'Alise. La longueur mesurée pour la contrevallation s'établirait à environ 12 km : J. Bénard, « Dossier Alésia au Mont Auxois » dans Revue historique des Armées,167, 1987, p. 37.
  84. a et b [s:La Guerre des Gaules - 7 La Guerre des Gaules, livre 7, 72]
  85. Sur la contrevallation de la plaine des Laumes plus de dix tours ont été reconnues. L'intervalle entre chaque tour est variable et va de 12,50 m. à 17,00 m. : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, vol. 1, Paris, 2001, p. 345.
  86. Des traces de tours ont été reconnues sur tous les secteurs, quelques exemples : Au pied du Réa sur la circonvallation, l'intervalle est de 20 à 22m. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 176. Dans la plaine de Grésigny, sur la contrevallation, les tours sont espacées d'une quinzaine de mètres : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, op. cit., p. 417. Au sud-est du camp C, sur la circonvallation, les tours sont distantes de 60 mètres : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, op. cit., p. 200. Sur le camp B, les distances entre tours s'établissent à 6 mètres : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, op. cit., p. 240.
  87. La zone en avant de la contrevallation de la plaine des Laumes est tenue comme particulièrement représentative pour une confrontation avec la description de César, à différents endroits il est d'ailleurs signalé la présence de lilia (p. 327), de stimuli (p. 332), voire de cippi (p. 333), même si, concernant cette dernière observation, « cela doit être fait avec toute la prudence requise ». Toutefois, et conformément à la description césarienne, S. von Schnurbein s'attendait à trouver à cet endroit les divers pièges dans l'ordre cité par César, et notamment les cippi, « pourtant dans aucun des chantiers de fouilles correspondants, il n'a été fait la moindre découverte de ce type. ». Il souligne malgré tout que divers aléas n'ont pas permis d'optimiser la recherche et qu'il faudra procéder à de nouvelles vérifications, « car la question reste en suspens » S. von Schnurbein, La contrevallation, dans M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, op. cit., p.  311-349.
  88. De manière plus générale, et sur l'ensemble du dispositif, pour S. von Schnurbein « le fait que la position respective des trois séries d'obstacles -cippi, lilia, stimuli- n'apparaisse à aucun endroit dans l'ordre que décrit César ne devrait pas non plus soulever trop de difficultés », et il explique que si l'un des pièges « correspond très précisément à la description césarienne, les deux autres n'en sont pas si éloignés qu'on ne puisse relier la réalité du terrain au texte littéraire ». S. von Schnurbein, Les fossés et les pièges, dans M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, op. cit., p.  546.
  89. Cet important fossé de 6 mètres de largeur dont le tracé avait été identifié au XIXe siècle n'a pas été reconnu de manière formelle lors des dernières fouilles. L'unique sondage effectué à cette occasion au lieu-dit « sur les fins » a mis au jour un fossé d'une largueur de 3,1 mètres : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, vol. 1, Paris, 2001. p. 388-390.
  90. [s:La Guerre des Gaules - 7 La Guerre des Gaules, livre VII, 74]
  91. L'archéologue Jacky Bénard a proposé un calcul des longueurs des lignes d'investissement retrouvées autour d'Alise ; la longueur mesurée pour la circonvallation s'établirait à environ 16 km : J. Benard, « Dossier Alésia au Mont Auxois » dans Revue historique des Armées,167, 1987, p. 37.
  92. J. Vidal et C. Petit, « L’eau sur le site d’Alésia : la contrainte hydrogéologique lors du siège de 52 av. J.-C. », Revue archéologique de l'Est, 59-1, 2010, Lire en ligne
  93. M. Reddé, Alésia, L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 185.
  94. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 204.
  95. Bellum Gallicum, VII, LXXVI : Coactis equitum milibus VIII et peditum circiter CCXL. Le chapitre précédent détaille les divers contingents demandés à chacune des cités gauloises.
  96. B.G., Livre VII, 79.
  97. B.G, LVII, 80.
  98. Ce camp supérieur n'a pas été formellement reconnu à Alise. Au XIXe siècle on a cru le découvrir sous le Réa, il a alors été matérialisé sous le nom de camp D. Mais le tracé de ce camp a été invalidé par les fouilles des années 1990 : S. von Schnurbein, camps et castella, dans M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, vol. 1, Paris, 2001, p. 507 et les fouilles n'ont pas pu reconnaître le tracé du camp : « Il est bien clair que nous ne connaissons qu'une très petite partie des campements césariens »(ibid., p. 509). Dans la zone fouillée sous le Réa qui est resté en partie inexploré, tant au XIXe siècle, du fait de nombreux vignobles, que dans les années 1990, car l'accès n'a pas été toujours possible à des propriétés privées, les fouilles récentes ont relevé : « Deux anomalies repérées en coupe » qui « constituent des vestiges potentiels de fossés césariens, impossible à replacer dans le dispositif napoléonien. » Par contre, parmi les indices relevés en fouilles anciennes « …de nombreuses coupes de fossés levées au siècle dernier présentent une coupe dissymétrique caractéristique, qui nous conduit à penser que des ressauts naturels affectant les marnes du Lias ont été pris à tort comme des vestiges de travaux césariens. Au total, le dossier ne se trouve guère éclairci. » M. Joly, Ph. Barral, La plaine de Grésigny et le mont Réa, dans : M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii, op. cit., p. 470. M. Reddé considère que la présence de troupes ne fait pas de doute même si elle reste mal comprise, selon lui « différents indices laissent supposer l'existence d'au moins un camp, sur un faux plat sensible, au-dessus du « camp D » », il s'agit notamment d'une structure retrouvée au XIXe siècle et pouvant correspondre à une porte de camp avec clavicula dans une zone où du matériel militaire a été retrouvé en prospection (Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 162), toujours selon M. Reddé « Il y a du matériel archéologique et des vestiges sur tout le Réa » mais « le déficit de nos connaissances est réel » (ibid., p. 203).
  99. Yann Le Bohec, Alésia 52 avant J.C., éditions Tallandier, 2012.
  100. Jérôme Carcopino, Jules César, 1968.
  101. B.G. Livre VII, Ch. 88.
  102. a et b Jean-Louis Brunaux, Alésia : Le tombeau de l'indépendance gauloise (27 septembre 52 av. J.-C.), Gallimard, , 384 p. (ISBN 207012357X)
  103. Voir par exemple J. France, « Forêts et Peuples « forestiers » de Gaule Belgique d’après le Bellum Gallicum de César. Contribution à l’étude des divisions de la Gaule », Revue archéologique de Picardie, 1-2, 1985, p. 14 lire en ligne
  104. S. Verger, « Société, politique et religion en Gaule avant la Conquête. Éléments pour une étude anthropologique », Pallas, 80, 2009, p. 61-84.
  105. Avancement des travaux sur le site Alésia.com
  106. Côte-d'Or magazine, n°119, mars 2012. Ce chiffre ne semble prendre en compte que le Centre d'Interprétation, le budget total approximatif, selon le journal Le Bien public serait de 52 millions d'euros.

Annexes

Sources

Bibliographie

Ouvrages historiques

  • J.-B. Colbert de Beaulieu, « Épilogue numismatique de la question d'Alésia », Mélanges d'archéologie et d'histoire offerts à André Piganiol, Paris, 1966, p. 321-342 et « Les Monnaies de bronze de Vercingétorix : faits et critique », Cahiers numismatiques, 1967, no 13-déc., p. 356-372.
  • Collectif, Vercingétorix et Alésia, catalogue de l'exposition des Antiquités nationales, Paris, 1994
  • Collectif, Alésia vu du ciel - Photographies de René Goguey, SEM Alésia, Alise-Sainte-Reine, 2008
  • R. Goguey, « Alésia : les travaux de César sur la montagne de Bussy d'après les dernières révélations de la photographie aérienne  », CRAI, 1991, 135, p. 43-51 Lire en ligne sur Persée
  • C. Goudineau, César et la Gaule, Errance, Paris, 1990 et Points-Seuil, Paris, 2000
    Synthèse sur la Guerre des Gaules.
  • C. Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Actes Sud/Errance, Paris, 2001.
  • V. Kruta, articles Alésia et Alise-Sainte-Reine in V. Kruta, Les Celtes, Histoire et dictionnaire, Bouquins, Paris, 2000, p. 400-401.
  • Yann Le Bohec, Alésia. 52 avant J.C., Tallandier, 2012
  • J. Le Gall, Les Fouilles d'Alise-Sainte-Reine 1861-1865, Institut de France, Paris, 1989
    Les fouilles du Second-Empire.
  • Joël Le Gall, Alésia, Archéologie et Histoire, coll. Résurrection du Passé, Paris, Fayard, 1976, 223 p.
  • S. Lewuillon, Vercingétorix ou le mirage d'Alésia, Paris, Complexe, 1999
    Mise en perspective et analyse sociale, anthropologique et politique de la guerre des Gaules.
  • P. M. Martin, Vercingétorix : le politique, le stratège. Paris, Perrin, 2000.
  • Jean-Pierre Picot, Alésia retrouvée (film), 1989; Le procès des Dieux, film 1995; Alésia le procès, film 1999; La dernière bataille d'Alésia, film, 2008
    Défense du site jurassien.
  • D. Porte, Alésia, Citadelle jurassienne, Yens-sur-Morge, Cabédita, 2000,
  • D. Porte, L’Imposture Alésia, Carnot, 2004,
  • D. Porte, L’Imposture Alésia 2 : l’Imaginaire de l’archéologie, impr. B.o.D., Paris, 2010,
  • D. Porte, Vercingétorix. Celui qui fit trembler César, Ellipses, 2013
  • René Potier, Le Génie militaire de Vercingétorix ou le mythe Alise-Alésia, éd. Volcans, Clermont-Fd, 1973 (épuisé) disponible sous forme de CD au format PDF (compte rendu par Duncan Fishwick, The American Historical Review, vol. 79, 4, p. 1160, oct. 1974).
  • Jules Quicherat, L'Alésia de César rendue à la Franche-Comté, 1857
    La thèse jurassienne au XIXe siècle.
  • M. Reddé (dir.) et alii, , Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, 2 vol., Paris, 2001 [1]
    Publication scientifique des fouilles d'Alise.
  • M. Reddé, Alésia - L'archéologie face à l'imaginaire, Errance - Hauts lieux de l'Histoire, Paris, 2003
    Discussion de la localisation, présentation des fouilles d'Alise.
  • M. Reddé et S. von Schnurbein dir., Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources, Institut historique allemand, 2008.
  • J. Vidal et C. Petit, « L’eau sur le site d’Alésia : la contrainte hydrogéologique lors du siège de 52 av. J.-C. », Revue archéologique de l'Est, 59-1, 2010, p. 241-263 Lire en ligne.
  • Jean-Louis Voisin, article « Alésia », dans J. Tulard éd., Dictionnaire du Second Empire, Paris, 1995, p. 24-27.
  • Jean-Louis Voisin, Alésia - Un village, une bataille, un site, Éditions de Bourgogne, 2012.
  • M. Provost et alii, La Côte-d'Or. Carte archéologique de la Gaule 21/1 d'Agencourt à Alise-Sainte-Reine, Paris, 2009, p. 349-539.
  • Jacques Berger, Alésia-Chaux des Crotenay. Pourquoi ?, A.L.E.S.I.A,
  • A. Berthier, Alesia,
  • A. Brenet, Les Escargots de la Muluccha, Institut Vitruve,
Considère la face cachée et les enjeux contemporains qui seraient liés à l'hypothèse d'Alésia la jurassienne.
  • J.-L. Brunaux, Alésia. 27 septembre 52 av. J.-C., Gallimard,
  • Sous la direction de Danielle Porte, collectif, « Alésia, la supercherie dévoilée », édition Pygmalion, 2014. (ISBN 9782756414508). Cet ouvrage appuie la localisation à Chaux-des-Crotenay.

Œuvres de fictions concernant ou évoquant la bataille

  • René Goscinny et Albert Uderzo, Le Bouclier arverne, Paris, 1968 (bande dessinée, l'album contient une allusion à la querelle sur la localisation).
  • Simon Rocca, Jean-Yves Mitton, Vae Victis, tome 15 : Ambre à Alésia : « Cursum perficio », Éditions Soleil, 2006 (Bande dessinée).
  • Yann Krékilien, La Louve et le sanglier (Les chemins d'Alésia), Éditions du Rocher, 1985 (ISBN 2-7242-2941-X) (roman historique situant la bataille sur le site de Chaux-des-Crotenay)
  • Paul René Machin, Le Dernier Été d'Alésia, éditions ERTI
  • Paul René Machin, À la recherche d’Alésia : suivons César, éditeur Mae Erti, 1997

Articles connexes

Liens externes

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