Cinéma algérien
C'est au cœur de la « guerre de libération » que le cinéma algérien a fait ses débuts. Malgré de faibles échos dans les programmations occidentales, il recèle des œuvres de qualité : le film de Mohammed Lakhdar-Hamina, Chronique des années de braise (Palme d'or 1975 au festival de Cannes), celui de Mohamed Zinet, Alger insolite (Tahyia ya Didou), Omar Gatlato de Merzak Allouache. Le septième art algérien s'est développé avec les festivals et les autres activités culturelles. L'Algérie, dans les années soixante, a également participé à des coproductions de grande valeur : La Bataille d'Alger (1966), L'Étranger (1967), Z (1969), Remparts d'argile (1970). L'Algérie, malgré son jeune âge, est le seul pays arabe et africain à avoir reçu une Palme d'or au festival de Cannes[1] et l'un des trois pays africains à avoir gagné l'oscar du meilleur film étranger, avec l'Afrique du Sud et la Côte d'Ivoire. La qualité du film algérien est souvent mise en exergue par les nominations aux oscars et autres prix internationaux[2].
Cinéma colonial en Algérie
L'arrivée du cinéma en Algérie s'est faite sous la domination française. Le cinéma était principalement utilisé à des fins de propagande auprès de la population algérienne. Le cinéma colonial servait à justifier les politiques établies, et à gagner la sympathie des Algériens. Le colonisateur empêchait le développement de l'industrie algérienne au profit de la production française et faisait obstacle à l'édification d'une industrie nationale de production de films. Bien qu'une quinzaine de films fussent tournées par année, il n'y avait aucune industrie sur place et toute la postproduction était faite en France.
Ces films dressaient généralement un portrait caricatural des Algériens et des Arabes. Les personnages arabes étaient sans profondeur, interchangeables et intemporels, et toujours joués par des acteurs français. Le film Le Désir (1928) d'Albert Durec, qui aborde le sujet de la polygamie, est un exemple de l'approche superficielle du cinéma colonial. Les décors sont tout aussi caricaturaux : palmiers, chameaux, femmes lascives…
Naissance du cinéma algérien
- 1957
Dans la Wilaya I Zone V : quatre ou cinq combattants de l'A.L.N. ayant appris quelques rudiments du métier, se constituent en équipe de tournage cinématographique.
Cette équipe réalise pour la télévision quatre émissions dont l'audience internationale s'élargira par le relais des télévisions des pays socialistes. L'une de ces émissions présente « la cellule cinématographique de l'A.L.N », les autres documents concernent le rôle des infirmières de l'A.L.N., une attaque des moudjahidine (maquisards) contre les mines de l'Ouenza, symbole de la colonisation.
- 1960-1961
Le cinéma algérien s'organise par la constitution d'un comité de cinéma (lié au GPRA) puis par la création d'un Service du cinéma du G.P.R.A., enfin par la mise sur pied d'un Service du cinéma de l'A.L.N. Les négatifs des films tournés dans les maquis, sont mis en sécurité en Yougoslavie pays solidaire de la cause de l'indépendance algérienne.
Ainsi se créent les premières archives du Cinéma Algérien.
Les premières réalisations
- 1956-1957
- Les Réfugiés, court métrage 16 mm réalisé par Cécile Decugis (tourné en Tunisie). Sa participation au Réseau Jeanson valut à la réalisatrice deux années de détention dans les prison françaises.
- 1957
- Courts métrages tournés par les élèves de l'École de formation du cinéma.
- L'École de Formation de Cinéma
- Les Infirmières de l'A.L.N.
- L'Attaque des mines de l'Ouenza
- 1957-1958
- L'Algérie en flammes, court métrage 16 mm couleurs réalisé par René Vautier, produit par René Vautier et la D.E.F.A. (R.D.A.).
- 1958
- Sakiet Sidi Youssef, court métrage réalisé par Pierre Clément.
- Les Réfugiés, court métrage produit et réalisé par Pierre Clément.
- 1960-1961
- Djazairouna, long métrage basé sur des images de Une nation, l'Algérie réalisé par René Vautier en 1955 et des images de Djamel Chanderli prises au maquis. Réalisation: Docteur Chaulet, Djamel Chanderli, Mohammed Lakhdar-Hamina. Producteur: Service Cinéma G.P.R.A.
- 1961
- J'ai huit ans, court métrage réalisé par Yann et Olga Le Masson et René Vautier. La préparation du film fut assurée par Jacques Charby et Frantz Fanon. Producteur: Comité Maurice Audin.
- Yasmina, court métrage réalisé par Djamel Chanderli et Mohammed Lakhdar-Hamina. Producteur: Service Cinéma G.P.R.A.
- La Voix du peuple, réalisé par: Mohammed Lakhdar-Hamina. Djamel Chanderli. Producteur: Service Cinéma G.P.R.A.
- Les Fusils de la liberté, réalisé par: Djamel Chanderli et Mohammed Lakhdar-Hamina. sur un scénario de Serge Michel. Producteur: Service cinéma G.P.R.A.
- 1960-1961
- Cinq hommes et un peuple, réalisation: René Vautier.
Structures du cinéma algérien depuis l'indépendance
- 1962
Création de C.A.S.B.A.H.-Films. Société privée de production et de distribution cinématographiques. Constitution d'un centre audiovisuel sous l'impulsion du Ministère de la Jeunesse et des Sports.
- 1963
Création du « Centre de Diffusion Populaire » (C.D.P). Décret N.°63-15, du 9 juillet 1963. Création de « L'Office des Actualités Algérien » (O.A.A). Décret N.°63-15, du 9 janvier 1963.
- 1964
Création du « Centre National du Cinéma Algérien » (C.N.C). Décret N.°64-164, du 8 juin 1964. (modifié et complété par Décret N.°64-261, du 31 août 1964).
Nationalisation de l'exploitation cinématographique
Décret N.°64-241, du 19 août 1964. Création de « L'Institut National du Cinéma » (I.N.C.), place sous l'autorité du C.N.C Création de la « Cinémathèque Nationale Algérienne ». Décret N.°64-164, du 8 juin 1964.
- 1967
Dissolution du C.N.C. et de l'I.N.C. Ordonnance N.°67-49, du 17 mars 1967. Création du « Centre Algérien du Cinéma » (C.A.C) Ordonnance N.°67-50, du 17 mars 1967 (réorganisé par ordonnance N.°68-611, du 15 novembre 1968).
Création de l'O.N.C.I.C
L'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographiques, O.N.C.I.C, est créé en 1967.
Réglementation de l'art et de l'industrie cinématographique Ordonnance N.°67-52, du 17 mars 1967, modifiée et complétée par ordonnance N.°68-612, du 15 novembre 1968, modifiée par ordonnance N.° 69-34, du 22 mai 1969 (monopole de l'importation et de la distribution confiés exclusivement à l'O.N.C.I.C.). Arrêté du 15 mai 1970 fixant la date d'entrée en vigueur (1er juin 1970) du monopole attribué à l'O.N.C.I.C. dans le domaine de la coproduction.
- 1968
Création de "Centre de Diffusion Cinématographique" (C.D.C) Décret N.° 68-623, du 15 novembre 1968 (modifié par décret N.°69-95, du 8 juillet 1969.
- 1974
Intégration de l'O.A.A à l'O.N.C.I.C. Ordonnance N.°74-47, du 31-1-1974 L'O.N.C.I.C. est chargé de la production de la Presse Filmée.
Restructuration du secteur audiovisuel.
Historique
Une équipe de cinéastes quasi amateurs, vu la précarité de leur formation, produit pour la télévision de 1957 quatre émissions. L'une a pour sujet des infirmières, l'autre capture des images de maquisards en pleine attaque du fief de la colonisation, Ouenza.
Le cinéma s'organise alors selon une structure plus cohérente, par les constitutions successives d'un comité de cinéma et de Services du cinéma. Afin d'être protégés, les négatifs des prises dans les maquis sont expatriés en Yougoslavie, solidaire de la cause algérienne.
En conclusion, un climat d'insécurité plane sur la création des premières archives du cinéma algérien.
Filmographie générale
- 1965 : L'Aube des damnés (Faj al mu'adhdhabin), documentaire d'Ahmed Rachedi
- 1965 : Une si jeune paix (Al-Salam Al-Walid), documentaire de Jacques Charby
- 1965 : La nuit a peur du soleil (Al laylou yakhaf ash-sham), de Mustapha Badie, doc. en coproduction avec la RTA et le CNC
- 1966 : Le Vent des Aurès (Rih al Awras), de Mohammed Lakhdar-Hamina
- 1968 : Hassan Terro, de Mohamed Lakhdar Hamina (90 minutes)[3].
- 1969 : La Voie (Al-Tariq), de Mohammed Slim Riad
- 1970 : L'Opium et le Bâton (Al afyun wal-'asa), d'Ahmed Rachedi, d'après Mouloud Mammeri
- 1970 : L'Histoire de Houria (50 min.), de Khaled Maachi
- 1970 : Vas-et-viens (90 min.) d'Ahmed Lallem
- 1971 : Gorine de Mohamed Ifticène, produit par la RTA
- 1971 : Alger insolite (Tahia ya Didou !) de Mohamed Zinet (76 minutes)[3]
- 1972 : Le Charbonnier (Al fahham), de Mohamed Bouamari
- 1972 : Noua, d'Abdelaziz Tolbi
- 1972 : Auprès du peuplier (Min qurb al-saf-saf), de Moussa Haddad
- 1973 : Sueur noire (Al-araq al-aswad), de Sid Ali Mazif
- 1973 : Patrouille à l'est d'Amar Laskri
- 1973 : Les Bonnes Familles de Djaffar Damardji
- 1973 : Les Vacances de l'inspecteur Tahar (Utlat al-muffatich Tahar), de Moussa Haddad
- 1974 : Zone interdite (Al-faiza), d'Ahmed Lallem
- 1974 : L'Héritage (Al irth) de Mohamed Bouamari
- 1974 : Le Doigt dans l'engrenage d'Ahmed Rachedi
- 1974 : Les Pêcheurs (Echekba) de Ghaouti Bendeddouche
- 1975 : Les Nomades de Sid Ali Mazif
- 1975 : Chronique des années de braise (Waqai sinin al jamr) de Mohammed Lakhdar-Hamina - Palme d'or au Festival de Cannes
- 1976 : Omar Gatlato de Merzak Allouache
- 1976 : Les Déracinés, de Lamine Merbah
- 1977 : La Nouba des femmes du Mont Chenoua d'Assia Djebar
- 1977 : Barrières (Al-Hajiz), d'Ahmed Lallem .
- 1978 : Leïla et les autres de Sid Ali Mazif
- 1979 : Ali au pays des mirages (Ali fi bilad al sarab) d'Ahmed Rachedi
- 1979 : Premier Pas, de Mohamed Bouamari
- 1979 : Nahla (en) de Farouk Beloufa
- 1980 : Jalti de Mohamed Ifticène, produit par la RTA
- 1982 : La Zerda et les Chants de l’oubli d'Assia Djebar
- 1982 : Vent de sable (Riah al raml, de Mohammed Lakhdar-Hamina
- 1982 : L'Homme qui regardait les fenêtres (Al radjoul oun na fitta) de Merzak Allouache
- 1982 : Une femme pour mon fils (Zawja li lbny) d'Ali Ghalem
- 1982 : L'Empire des rêves (Mamlakat al-ahlaam) de Jean-Pierre Lledo
- 1982 : Le Refus (Al-rafdt), de Mohamed Bouamari
- 1983 : Histoire d'une rencontre (Hikâyat Liqa), de Brahim Tsaki
- 1983 : Chant d'automne (Ughniyat al-Kharif), de Mohammed Meziane Yala
- 1986 : Cri de pierre (Coûrakh al-hajar) d'Abderrahmane Bouguermouh
- 1986 : La Dernière image (Al-sour al-akhira), de Mohammed Lakhdar-Hamina
- 1987 : Houria de Sid Ali Mazif
- 1988 : La Citadelle, de Mohammed Chouikh
- 1989 : La Rose des sables (Louss, wardat al-rimal), de Rachid Benhadj
- 1990 : Les Enfants des néons, de Brahim Tsaki
- 1991 : Automne… Octobre à Alger (Refsou), de Malik Lakhdar-Hamina
- 1991 : Ombres blanches, de Saïd Ould-Khelifa
- 1993 : Touchia, de Rachid Benhadj
- 1993 : Le Démon au féminin, de Hafsa Zinaï-Koudil
- 1993 : L'Honneur de la tribu (Charaf al qabilu), de Mahmoud Zemmouri, d'après Rachid Mimouni
- 1993 : Youcef ou la légende du septième dormant, de Mohammed Chouikh
- 1994 : Carnaval fi Dachra, de Mohamed Oukassi, produit par Entreprise nationale de télévision algérienne
- 1996 : La Colline oubliée d'Abderrahmane Bouguermouh d'après le roman de Mouloud Mammeri
- 1996 : La Moitié du ciel d'Allah (documentaire), de Djamila Sahraoui
- 1997 : L'Arbre du désert, de Mohammed Chouikh
- 1998 : Décibled (doc.), de Malek Bensmaïl
- 1998 : Algérie la vie quand même (doc.) de Djamila Sahraoui
- 1999 : Boudiaf, un espoir assassiné (doc.) de Malek Bensmaïl
- 2002 : Rachida de Yamina Bachir-Chouikh
- 2003 : La Voisine de Ghaouti Bendeddouche
- 2004 : Aliénations (documentaire) de Malek Bensmaïl
- 2004 : Al Manara de Belkacem Hadjaj
- 2004 : Les Suspects de Kamal Dehane
- 2005 : Douar de femmes de Mohammed Chouikh
- 2005 : Le Grand Jeu (doc.) de Malek Bensmaïl
- 2006 : Barakat ! de Djamila Sahraoui
- 2007 : En hammam de rêve de Mohamed Chichi
- 2007 : Mascarades de Lyes Salem
- 2007 : Ayrouwen de Brahim Tsaki
- 2007 : Arezki l'indigène, de Djamel Bendeddouche (90 minutes)[3]
- 2010 : Le Dernier safar de Djamel Azizi (80 minutes)[3]
- 2010 : La Place de Dahmane Ouzid (119 minutes)[3]
- 2012 : Zabana! de Said Ould Khelifa (104 minutes)
- 2013 : Yema de Djamila Sahraoui (91 minutes)
Filmographie des coproductions
- 1966 : La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo, italo-algérien (121 minutes, 157 minutes version doublée française)
- 1967 : L'Étranger (Lo straniero) de Luchino Visconti, italo-franco-algérien
- 1969 : Z de Costa-Gavras, franco-algérien
- 1970 : Remparts d'argile de Jean-Louis Bertuccelli, franco-algérien
- 1983 : Les Folles Années du twist de Merzak Allouache, franco-algérien
- 1990 : Le Cri des hommes d'Okacha Touita
- 1994 : Bab El-Oued City de Merzak Allouache, franco-germano-suisse (91 minutes)[3]
- 1998 : Fleur de Lotus de Amar Laskri et Trân Dac, algéro-vietnamien
- 2005 : Bab el web', de Merzak Allouache
- 2006 : Rome plutôt que vous (Roma wa la n'touma, de Tariq Teguia, franco-algérien (111 minutes)[3]
- 2007 : Morituri d'Okacha Touita
- 2007 : Délice Paloma de Nadir Moknèche
- 2009 : Harragas de Merzak Allouache, franco-algérien (103 minutes)[3]
- 2010 : La Chine est encore loin de Malek Bensmaïl, franco-algérien (120 minutes)
Principales récompenses
- Prix du Jeune Cinéma à Moscou en 1965.
- Lion d'or à la Mostra de Venise 1966, ce qui provoqua la colère de la délégation française[réf. nécessaire]. - Primé à Cannes et nommé aux Oscars.
- Prix spécial du jury à Cannes en 1969 - Oscar du meilleur film étranger à Hollywood en 1970.
- Prix Jean-Vigo en 1971
- Palme d'Or au Festival de Cannes en 1975.
- Prix de la première Œuvre au festival de Cannes. - Prix du meilleur scénario. - Grand prix de l'Union des écrivains soviétiques. - Gazelle d'Or à Tanger (Maroc) en 1968.
- Tanit d'argent au Festival de Carthage en 1972. - Prix de la Critique Internationale du 7e art à Ouagadougou en 1973. - Sélection au prix Georges Sadoul en 1973. - Prix de l'Office Catholique International de Berlin en 1974.
- Médaille d'Argent à Moscou en 1977. - Sélection à Cannes en 1977. - Prix à Karlovyvary en 1978.
- Les Aventures d'un héros
- Tanit d'Or eu Festival de Carthage en 1978.
- Les Enfants du vent
- Prix de la fiction au 7e Festival du Court Métrage et du Documentaire à Lille (France) décembre 1979. - Prix de Critique. Venise 1981. - Sélection par le Festival Panafricain du cinéma à Ouagadougou 1979.
- Moissons d'acier
- Épée d'Or Grand Prix du Festival de Damas 1983. - Prix du Syndicat de l'Union des Artistes. Festival de Damas. - Sélection au Festival International de Moscou 1983.
- Aliénations
- Grand Prix de la Biennale des cinémas arabes, 2004. - Grand Prix des Bibliothèques, Festival du cinéma du réel 2004. - Magnolia Award, Festival international de Shanghaï.
- La Chine est encore loin
- Grand Prix du festival de Munich 2009. - Prix du jury, Festival des 3 Continents, Nantes 2008.
- La Place
- Prix de la meilleure musique de film au festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (France), 2011. - Prix du système des Nations Unies au festival du cinéma de Ouaga Dougou [réf. souhaitée] (Burkina Faso), 2011. - Double prix de la meilleure interprétation féminine et celle masculine au festival du cinéma arabe d'Oran (Algérie), 2011. - Mention spéciale du jury au festival du cinéma de Tétouan (Maroc), 2011.
Notes et références
- « palme d'or »
- « Oscar du meilleur film en langue étrangère »
- Programme des rencontres cinématographiques du Maghreb des films, novembre 2010.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Films algériens sur l'Internet Movie Database
- Le site www.lakhdar-hamina.com
- - Algérie vidéo et film
Listes et catégories
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