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Utilisateur:Oie blanche/Brouillon

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Palais des comtes du Maine
Image illustrative de l’article Oie blanche/Brouillon
Le palais, et au fond la cathédrale du Mans.
Nom local Hôtel de ville du Mans
Période ou style Médiéval, néo-classique
Type Palais
Début construction Xe siècle
Fin construction XXe siècle
Propriétaire initial Comtes du Maine
Destination initiale Habitation
Propriétaire actuel Ville du Mans
Destination actuelle Hôtel de ville
Protection Logo monument historique Classé MH (1862, 1889, 1930)
Coordonnées 48° 00′ 27″ nord, 0° 11′ 51″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Ancienne province Maine
Région Pays de la Loire
Département Sarthe
Commune Le Mans
Géolocalisation sur la carte : Le Mans
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Palais des comtes du Maine
Géolocalisation sur la carte : Sarthe
(Voir situation sur carte : Sarthe)
Palais des comtes du Maine
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Palais des comtes du Maine
Site web https://www.sarthetourisme.com/patrimoine-culturel/palais-des-comtes-du-maine-hotel-de-ville/

Le palais des comtes du Maine encore nommé palais royal Plantagenêt est situé au Mans, chef-lieu du département français de la Sarthe, au cœur de la Cité Plantagenêt. Ancienne résidence des comtes du Maine et de rois Plantagenêts, le palais a progressivement été affecté à la mairie du Mans à partir de la Renaissance. Depuis la Révolution, la totalité de l'édifice sert d'hôtel de ville.

Peut-être situé à l'emplacement de l'ancien forum romain, à cheval sur l'enceinte romaine, le palais est fondé par les comtes du Maine au XIe siècle, puis il est occupé par la dynastie Plantagenêt, qui possède non seulement le Maine, mais également l'Anjou et hérite de la couronne d'Angleterre. Les Plantagenêts, et notamment Henri II d'Angleterre, font du palais l'une de leurs résidences principales. L'édifice comprend alors des appartements princiers, une grande salle d'apparat et une chapelle palatine, constituée par la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, dont les origines remontent au IXe siècle.

Après que le Maine est rattaché au domaine royal par Philippe Auguste, le palais est délaissé, même si les comtes apanagistes des maisons d'Anjou-Sicile et Valois-Anjou effectuent quelques transformations pour moderniser l'ensemble. L'état du palais se dégrade dès le XVe siècle et des éléments disparaissent peu à peu. La grande salle et le logis restent cependant utilisés plusieurs siècles durant par le présidial du Mans et d'autres institutions provinciales, tandis que la municipalité est également installée au palais par François Ier. Le palais est finalement reconstruit au XVIIIe siècle et perd l'essentiel de son caractère médiéval, la grande salle faisant ainsi place à un édifice administratif classique. En revanche, la collégiale survit à la Révolution malgré sa désafection, et reste intacte jusqu'au début du XIXe siècle, lorsqu'elle est partiellement détruite et lourdement transformée pour servir d'école.

Le palais, devenu hôtel de ville, reste un monument emblématique du Mans, remis en valeur à la fin du XXe siècle par la création de jardins, par le dégagement de certains éléments médiévaux dans la structure du XVIIIe siècle, et grâce à l'installation d'expositions temporaires dans le hall de la mairie et la chapelle basse de Saint-Pierre-la-Cour. Si l'ensemble présente du côté du Vieux-Mans le visage sobre et régulier des façades du XVIIIe siècle, du côté du centre-ville moderne, la collégiale, la tour du Gros-Pilier et la tour de Bretagne sont des témoins importants de la résidence comtale et royale du Moyen Âge.

Le palais des comtes du Maine se situe en bordure de la Cité Plantagenêt, nom contemporain du Vieux-Mans, quartier qui occupe la pointe d'un éperon rocheux situé au confluent de la Sarthe et du ruisseau d'Isaac[A 1], petit affluent qui coulait en contrebas du palais, mais qui a progressivement disparu au gré fil des comblements, qui se sont échelonnés de l'Antiquité à l'ère contemporaine[2]. Au niveau du musée Jean-Claude-Boulard - Carré Plantagenêt, à proximité du palais, le remblai a une épaisseur de 11 m, preuve que la vallée de l'Isaac a été en grande partie gommée et qu'elle formait à l'origine un flanc vigoureux de ce côté de la Cité[A 2].

Le palais est au milieu du front sud-est de la Cité, construit à cheval sur l'ancienne enceinte romaine, réemployée au Moyen Âge. Du côté de la Cité, le palais offre sa partie la plus récente, avec les façades du XVIIIe siècle de l'hôtel de ville, qui donnent sur la place Saint-Pierre, l'une des principales places de la vieille-ville. Cette place est également la plus ancienne, et son histoire est intimement liée au palais et à sa collégiale Saint-Pierre-la-Cour. Formant autrefois une place d'armes au pied du palais, elle était fermée par deux portes, du côté du Hallai et des escaliers[A 3]. L'extrémité nord du palais donne aussi sur la place du Hallai, plus petite et plus récente, qui communique par la rue de la Comédie avec le centre-ville moderne en contrebas. Les escaliers des Ponts-Neufs, qui démarrent entre l'hôtel de ville et la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, permettent aussi de descendre vers les quartiers bas. Du côté du centre-ville, apparu à partir du XVIIe siècle lorsque la population commençait à être à l'étroit sur l'éperon, le palais offre l'essentiel de ses éléments médiévaux. Plus ou moins caché par des constructions diverses, dont une salle de théâtre construite en 1776[3], le palais a été intégralement dégagé de ce côté au fil du XXe siècle, lors des travaux de mise en valeur du Vieux-Mans et de modernisation du centre-ville, notamment lors de l'aménagement dans les années 1970 et 1980 de l'axe Jacobins–Palais des Congrès[4]. Lors ce ces travaux, l'ancienne rue des Filles-Dieu a notamment laissé place à l'avenue élargie de Rostov-sur-le-Don qui longe l'ancien palais, tandis que les jardins Pierre-de-Ronsard et Jacques-Pelletier ont été aménagés de part et d'autre de l'escalier, achevant de mettre en valeur le site. Depuis 2009, le Carré Plantagenêt, musée d'histoire et d'archéologie de la ville, se situe de l'autre côté de l'avenue, à l'emplacement de l'ancien couvent des Filles-Dieu et de l'imprimerie Monnoyer[5].

Origines du palais sous les comtes héréditaires

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Le Mans accueille des visiteurs de rang royal dès le haut Moyen Âge. Sa situation stratégique à proximité de la Bretagne ennemie, mais aussi la richesse de sa région, déjà connue pour la qualité de ses élevages, font qu'elle reste pendant une bonne partie du Moyen Âge un lieu de séjour royal assez important[A 1]. Ainsi, la ville reçoit Louis le Pieux à Noël en 832, et son fils Charles le Chauve y séjourne à plusieurs reprises. Le duché du Maine, vaste circonscription militaire s'étendant sur le comté du même nom ainsi que sur une partie de l'Ouest de la France, est d'ailleurs confié aux fils des souverains à l'époque carolingienne. Le comté du Maine reste à l'époque une juridiction administrative dont les comtes ne sont que des fonctionnaires amovibles, mais à l'aube du Xe siècle, la couronne devient héréditaire. Pour autant, les dynasties mancelles ne parviennent jamais à asseoir totalement leur pouvoir, devant d'abord lutter jusque dans leur capitale contre le pouvoir très fort des évêques du Mans, qui appartiennent à la maison de Bellême, puis contre les comtes d'Anjou et les ducs de Normandie, qui convoitent le Maine et en font un terrain d'affrontement presque continu[A 4].

La collégiale Saint-Pierre-la-Cour est le premier élément attesté du complexe palatial. Peut-être déjà présente en tant que simple chapelle au Haut Moyen Âge, elle accueille au IXe siècle les reliques de Sainte Scholastique, sainte patronne du Mans. Conservées depuis le tournant du VIIIe siècle dans un monastère hors de la ville, ces reliques de la sœur de Saint Benoît sont déménagées à cause des invasions vikings, et garantissent tout au long de la période médiévale un prestige certain à la chapelle, et une affluence de pèlerins[6]. La chapelle est dotée d'un chapitre de chanoines par le comte Hugues Ier et celui-ci la considère comme son église personnelle autour de 970[A 5]. Cela montre que les comtes réussissent à s'affirmer dans la ville, et qu'ils séjournent régulièrement intra muros dès cette époque au moins[A 1]. Élie Ier fait reconstruire la collégiale en 1093[A 5].

Le palais proprement dit est attesté sous la dynastie des Hugonides, deuxième lignée héréditaire sur le trône du Maine après les Rorgonides. Une grande salle ou aula est mentionnée dans un acte de 1090-1096[A 6]. La tradition attribue sans preuve la construction de cette première salle à Élie Ier[A 1]. La demeure est édifiée contre la muraille romaine, mais aussi sur les restes d'un édifice romain plus ancien : des vestiges d'un édifice public du Ier siècle ou IIe siècle sont toujours visibles sous le hall de l'hôtel de ville[A 7]. Cet édifice n'a pas pu être identifié, peut-être qu'il s'agit du forum gallo-romain, ou bien, comme le suggère la légende de Saint Julien, du palais du gouverneur. En effet, le secteur serait l'endroit où le Saint, premier évêque et évangélisateur du Maine, serait apparu au gouverneur de la cité[6]. Si les restes correspondent effectivement à un ancien bâtiment officiel, il y aurait eu une pérennité du lieu de pouvoir civil entre l'Antiquité et le Moyen Âge, tout comme à Angers[A 8].

Âge d'or sous les Plantagenêts

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Gravure représentant le sceau du roi.
Henri II d'Angleterre, né au Mans, et premier roi de la dynastie Plantagenêt.

Guillaume le Conquérant parvient à envahir une bonne partie du Maine au XIe siècle, et il fait construire un château du Mans sur le front nord de la cité fortifiée. Le Maine échoit finalement aux Angevins, qui récupèrent définitivement le comté en 1110 lors du mariage d'Erembourg, héritière des comtes du Maine, avec Foulques V d'Anjou. Ce mariage est célébré dans la grande salle du palais[A 6]. Leur fils, Geoffroy V d'Anjou, adopte le surnom de « Plantagenêt », et son mariage avec Mathilde l'Emperesse, aussi célébré au Mans, lui permet de devenir duc de Normandie. Leur fils, Henri devient par la suite le premier roi d'Angleterre de la dynastie Plantagenêt[A 4]. La famille affectionne particulièrement la ville du Mans : Geoffroy y établit sa cour et se fait inhumer dans la cathédrale, tandis que son fils Henri y naît et y séjourne régulièrement. C'est d'ailleurs au Mans que Philippe Auguste assiège le roi en 1189 et le contraint à la fuite. Le roi de France récupère finalement les possessions françaises des Plantagenêts en 1204, et le Maine entre dans le domaine royal. L'usufruit du comté et de la ville du Mans est néanmoins laissé à la reine Bérangère, veuve de Richard Cœur de Lion, qui réside au Mans de 1210 à sa mort en 1230[A 1].

L'état du palais au XIe siècle est très mal connu, mais il devait déjà présenter un faste et un confort certains pour que les Plantagenêts y résident si souvent[A 9]. Le logis comtal ne devait alors comprendre qu'une chambre, située en appentis contre le pignon nord de la grande salle[A 10]. Il se développe néanmoins à partir de la fin du XIIe siècle avec la construction d'une tour carrée à étages, dans laquelle sont aménagées des chambres de parement et de retrait, et le palais adopte ainsi un plan qui évoluera peu au fil du Moyen Âge[A 11]. La grande salle est probablement reconstruite au début du XIIe siècle, comme le prouve la ressemblance entre ses vestiges et les bas-côtés de la cathédrale du Mans, réalisés en 1126[A 6]. Côté ville, cette grande salle ouvre sur des jardins bordés de dépendances, ainsi que sur une cour fermée au sud par la collégiale qui fait office de chapelle palatine[A 12]. Les Plantagenêts, et notamment Henri II d'Angleterre, effectuent plusieurs améliorations et agrandissements, tant sur le palais que sur d'autres monuments de la ville. Henri II fait ainsi reconstruire la collégiale en 1175[A 11], et bâtir une autre construction du même type, la Maison-Dieu de Coëffort, à la périphérie de la cité[A 9]. Loin de tourner le dos à l'extérieur, le complexe palatial est très tôt ouvert sur la cité, avec la présence de foires sur la cour Saint-Pierre attestées dès Geoffroy Plantagenêt, à la Pentecôte et la Saint-Jean, dont l'organisation est partagée entre le comte et les chanoines de la collégiale. Dès avant le XIIe siècle, une rampe qui longe l'extérieur de la muraille est édifiée près du chevet de la collégiale pour fournir un accès depuis la ville basse[A 5].

Sous les comtes apanagistes

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Portrait de profil du duc.
Louis II d'Anjou, roi de Naples, comte apanagiste du Maine.

Après la mort de Bérengère, le Maine est donné en apanage avec l'Anjou à Charles Ier, fils cadet de Louis VIII et il passe ensuite à sa descendance[A 5]. Charles et ses successeurs séjournent plutôt à Angers, faisant du palais du Mans une résidence secondaire, réduite la plupart du temps à un simple rôle de cité administrative abritant les services judiciaires et civils du comté du Maine[A 1]. Charles II fait cependant ajouter un nouveau chœur à la collégiale en 1267. Inspiré par la Sainte-Chapelle élevée par Saint Louis quelques décennies plus tôt, ce chœur comprend deux niveaux[6], avec une chapelle en sous-sol, Notre-Dame-sous-Terre[A 5]. La grande salle sert de lieu de repos au connétable Bertrand du Guesclin et à ses troupes au retour de la bataille de Pontvallain en 1370[A 13]. Les soldats font de nombreux dégâts qui sont réparés après leur départ[A 14].

Finalement, au XIVe siècle, le Mans devient la résidence favorite des comtes apanagistes de la maison de Valois, qui font construire un second château en dehors de la ville, au Gué de Maulny. Situé aux portes de la forêt, sur les bords de l'Huisne, il est apprécié par Charles de Valois et par son fils, le roi Philippe VI, qui y fonde une chapelle royale. Le Gué de Maulny est néanmoins dévasté par les Anglais, et Louis II d'Anjou autorise les chapelains à construire une nouvelle chapelle près du palais, à l'emplacement de la place du Hallai, en 1357. Le palais comtal se trouve ainsi revalorisé, et Louis II lance aussi de nombreux travaux dans le palais : la toiture de la grande salle est refaite tandis qu'à l'intérieur il fait aménager un nouvel auditoire pour améliorer le confort de ses magistrats. Il fait également remettre au goût du jour les appartements privés, et ajouter de luxueuses galeries de promenade autour de la grande salle. Ces galeries sont remplacées ensuite en partie par deux salles, la salle de Bretagne et la salle aux Singes, dont la fonction exacte n'est pas connue[A 14]. Le palais accueille probablement le roi Charles VI en 1392, lors de son voyage dans le Maine au cours duquel il a sa première crise de folie. Le Mans est à nouveau aux mains des Anglais de 1425 à 1448, et il faut attendre 1471 pour qu'un comte apanagiste, Charles IV du Maine, fasse une visite dans la ville. Son successeur, Charles V, meurt sans descendance dix ans plus tard, et le Maine retourne à la Couronne[A 1].

Centre administratif à l'époque moderne

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Le déclin du palais est incontestable au XVe siècle, alors qu'il perd tout caractère princier. Les appartements privés des comtes sont occupés par le présidial (tribunal royal) et l'élection du Mans (circonscription fiscale), tandis que les éléments de plaisance comme les salles de Bretagne et des Singes, qui ne datent pourtant que du siècle précédent, sont déjà en mauvais état. François Ier offre d'ailleurs en 1529 l'emplacement de la salle de Bretagne à la municipalité du Mans pour qu'elle y construise son hôtel de ville, augurant ainsi de l'affectation future du palais tout entier[A 13].

Jusqu'à cette date, la municipalité s'était contentée de lieux provisoires ou peu adaptés à travers la ville. Bien qu'une éphémère commune du Mans avait vu le jour sous l'occupation de Guillaume le Conquérant au IXe siècle, une véritable assemblée municipale ne s'était réellement établie qu'à partir de 1314[A 15]. En 1471, Charles IV du Maine avait donné à la municipalité la porte Ferrée ou de la Cigogne, au bout de la Grand-rue, rendue inutile par la construction d'une nouvelle enceinte du côté de Saint-Benoît[A 16]. Le lieu était étroit, et Louis XI avait autorisé les échevins à posséder un véritable hôtel de ville en 1482[A 17]. Ils avaient demandé à son successeur, Charles VIII, de pouvoir édifier leur hôtel de ville sur des emplacements aux abords du palais comtal, siège de l'administration féodale et judiciaire, mais les demandes n'aboutirent pas avant le règne de François Ier[A 18].

Les échevins sont définitivement propriétaires de l'ancienne salle de Bretagne et de son emplacement en 1530. La salle est en trop mauvais état pour être utilisée en tant que telle, et les Guerres de religion retardent tout projet de construction d'un hôtel de ville[A 19]. Les réunions du conseil se font donc dans différents lieux, parfois au domicile d'échevins, ou bien dans le palais, dans les salles du présidial ou de l'élection. Les grandes assemblées générales se tiennent plutôt dans la grande salle du palais, ou bien à l'évêché[A 20]. En 1611, cependant, alors que le présidial effectue des travaux dans le palais, la municipalité a l'occasion de se faire construire une « chambre de ville » au sein du complexe[A 21]. Celle-ci est élevée à l'étage, dans une construction ajoutée contre le mur sud de la grande salle, à l'angle de la tour du Gros-Pilier[A 22]. L'ancienne salle de Bretagne, devenue inutile, est vendue à Jean Hallai, un cierger qui la fait raser pour ouvrir une voie en 1613[A 13]. Lorsque le jeune Louis XIII visite le Mans en 1614 avec sa mère Marie de Médicis, il ne loge pas au palais comtal mais au palais épiscopal (détruit à la fin du XVIIIe siècle) et la reine-mère loge à l'hôtel de Tessé[7].

La « chambre de ville » est décorée à la fin du XVIIe siècle des armoiries des échevins, et une antichambre vient la compléter[A 23]. À cette époque, la grande salle fait office de salle des pas-perdus pour les diverses juridictions que se partagent le palais, ainsi que de salle pour les assemblées générales, tandis que le présidial et l'élection se réservent les anciens appartements princiers dans l'aile nord (le rez-de-chaussée pour l'élection et la chambre criminelle, l'étage pour la salle d'audience du présidial et la chambre du Parquet des Gens du Roi). Un escalier, édifié contre le mur sud de la grande salle, à la jonction des anciens appartements, permet de faire communiquer les différents éléments. Une très petite chapelle se situe sur son deuxième palier. À l'arrière, à l'emplacement de la place du Hallai se trouvent les prisons civiles et criminelles[A 24]. Les divers appentis, sans intérêt architectural, qui s'appuient contre le mur sud de la grande salle, et où se trouve la « chambre de ville », abritent également les chambres de la Prévôté, du greffe de la présentation et du grenier à sel[A 25].

Incendie puis reconstruction au XVIIIe siècle

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Au XVIIIe siècle, divers dommages précipitent la reconstruction de l'hôtel de ville en lieu et place des éléments médiévaux, et donnent à l'ensemble son aspect définitif. Le au soir, un incendie éclate dans la prison, et s'étend rapidement aux salles du présidial qui se trouvent à côté. Si certains meubles et archives, y compris des archives municipales, peuvent être sauvés, en revanche les minutes du présidial, l'état civil de certaines paroisses et et les papiers du greffe partent en fumée ou sont perdus dans la précipitation de l'évacuation[A 26]. L'incendie continue jusqu'à deux heures du matin, et parvient à être cantonné au présidial, épargnant notamment la grande salle et la municipalité. Entre temps, les reliques de Sainte Scholastique, patronne du Mans, sont sorties en procession de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, les habitants prient au pied du palais[A 27]. En 1738, une tempête détruit la baie sud de la grande salle, et celle-ci devient presque inutilisable, les autorités répugnant à engager les fonds nécessaires à sa réfection. Alors que sa destruction est demandée par les fermiers du domaine, l'intendant de la généralité de Tours dont fait partie le Maine décide finalement en 1754 de faire restaurer l'ensemble du palais, les travaux devant être financés par les différentes juridictions qui s'y trouvent[A 28]. Néanmoins, la charpente de la grande salle, devenue vétuste et souffrant du manque d'entretien, s'effondre dès le début du chantier de restauration en 1757. Il n'est plus possible de la restaurer faute de fonds et d'expertise, et deux ans plus tard, la salle est détruite pour faire place à un nouveau palais au plan en « L »[A 13].

La municipalité entre dans les nouveaux locaux en 1764, et l'ensemble est inauguré en 1768, alors que le présidial et les autres juridictions ont également pris place dans le nouveau palais[A 29]. Celui-ci s'articule autour d'une cour, qui reprend approximativement les contours de l'ancienne grande salle, l'accès se faisant au même endroit, par la place Saint-Pierre. Les rez-de-chaussée à arcades accueillent des promenoirs desservant les différentes parties, l'extrémité de l'aile en retour renferme une chapelle. Le premier étage de l'aile principale est réservé à la municipalité, qui y possède deux grandes salles, l'étage supérieur est affecté à deux institutions récentes, l'école de dessin fondée en 1759, et la société d'agriculture datant de 1761. Le premier étage de l'aile en retour est attribué au présidial, et son deuxième étage est partagé entre le greffe du présidial, le greffe criminel et l'état-civil[A 30]. L'escalier principal est reconstruit au même emplacement, et il permet toujours de rejoindre les parties non reconstruites : les anciens appartements princiers accueillent toujours l'élection, la chambre criminelle et la salle d'audience du présidial, tandis que les appentis derrière l'ancienne grande salle sont occupés par les officiers du grenier à sel et les Eaux-et-Forêts[A 31]. Peu après la reconstruction du palais, la rue de la Comédie est percée au nord à travers la muraille, en 1775-1776, afin de créer un nouvel accès plus carrossable au Vieux-Mans[A 32]. Un théâtre, la Comédie, est construit au pied du palais[3].

De la négligence à la préservation

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Pendant la Révolution, le présidial et l'élection du Mans, juridictions d'Ancien régime, sont supprimés, et la nouvelle administration judiciaire est transférée dans l'ancien couvent de la Visitation. La municipalité récupère ainsi la totalité du palais[6]. La collégiale Saint-Pierre-la-Cour, qui était restée église particulière du présidial et de l'hôtel de ville, est désaffectée en 1790[A 33]. Le mobilier et les reliques de Sainte Scholastique sont perdus et la paroisse liée à la collégiale est rattachée à celle de la cathédrale[8]. La collégiale sert d'arsenal au cours de la Révolution, puis elle est lourdement transformée pour devenir une école. Jusqu'alors le seul élément du palais médiéval encore préservé dans sa totalité, elle est en grande partie amputée de sa nef et de son clocher en 1812 lors de travaux d'agrandissement de la place Saint-Pierre, et l'intérieur est complètement réaménagé avec la création d'un étage. L'édifice accueille en premier lieu l'école mutuelle communale, puis une école de jeunes filles, une école professionnelle et une école de musique[9]. Seule la chapelle basse est préservée. Elle accueille quelques cours de l'école professionnelle[10], avant d'être occupée par un musée archéologique de 1903 à 1939[11].

À la fin du XIXe siècle, alors que le Vieux-Mans est devenu le quartier le plus pauvre et le plus insalubre de la ville, l'hôtel de ville est jugé indigne et sans caractère, et des projets voient le jour pour le détruire et le remplacer par un édifice plus approprié. Néanmoins, aucun de ces projets n'est concrétisé, et l'intérêt historique du lieu est peu à peu redécouvert. L'édifice fait l'objet d'une première monographie dans la revue de la Société historique et archéologique du Maine en 1898[A 34]. En 1929, le maire Arsène Le Feuvre fait détruire plusieurs maisons qui étaient bâties contre la tour du Gros-Pilier. La tour, qui avait été complètement remblayée à l'intérieur, est peu à peu dégagée. L'architecte Julien Polti la fait classer l'année suivante, sous le titre de « donjon de l'ancien château des comtes du Maine ». En 1945, la protection est étendue au « reste des tours et courtines de l'ancien château situés entre la place du château et la rue Robert-Triger », permettant ainsi de couvrir l'essentiel des éléments antérieurs au XVIIIe siècle[12].

Dans la seconde moitié du XXe siècle, le Vieux-Mans est peu à peu préservé et mis en valeur. La collégiale est restaurée en 1977, et devient un lieu d'exposition en 1980[11]. Dans les années 1980, la création d'une nouvelle liaison entre la place de l'Éperon et la place des Jacobins remplace l'étroite rue des Filles-Dieu par l'avenue de Rostov-sur-le-Don. Les immeubles qui enserraient jusqu'alors la collégiale et l'arrière de l'hôtel de ville sont détruits, tout comme la salle des concerts qui se trouvait au bas de la rue de la Comédie, permettant de dégager les vestiges du palais comtal et d'aménager des jardins à leur pied[A 35]. Ainsi, le jardin Pierre-de-Ronsard est aménagé entre la collégiale et les Ponts-Neufs, tandis que le jardin Jacques-Lepelletier est installé au pied de la mairie. L'hôtel de ville fait l'objet d'une restauration d'ampleur en 2002[A 36], et son hall d'exposition est rénové à nouveau en 2019, à cette occasion un sol vitré est posé au-dessus des vestiges romains pour les mettre en valeur[13].

Architecture

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Dispositions générales

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Le palais médiéval, qui subsiste à l'état de vestiges, présentait une articulation très classique entre aula (grande salle de réception), camera (chambre privative seigneuriale) et capella (chapelle palatine). Dans l'espace Plantagenêt plusieurs exemples se rapprochent du palais manceau : à Angers, Geoffroy Martel fait édifier au XIe siècle dans l'enceinte du château un palais à la surface réduite, comprenant une grande salle et une chapelle dédiée à Sainte Geneviève, tandis qu'Henri II d'Angleterre fait construire en 1154 un palais à Chinon, au fort Saint-Georges, qui comprend trois ailes disposées en F, l'appartement du souverain se trouvant au centre, à la jonction entre la chapelle Saint-Georges et la grande salle, une disposition qui rappelle celle du palais de Westminster, bâti à la fin du XIe siècle. Si le palais du Mans a essentiellement une fonction résidentielle, il possède néanmoins un caractère militaire certain, grâce à la présence de l'enceinte romaine sur lequel il s'appuie. Dans l'espace Plantagenêt, d'autres résidences comme le premier palais de Poitiers, le château construit au XIIe siècle dans l'amphithéâtre de Périgueux et l'ancien palais de l'Ombrière à Bordeaux, ont été édifiées sur des murs romains offrant à la fois une assise commode et une dimension symbolique de pouvoir[A 37]. Au Mans, la situation du palais est analogue à celle de la cathédrale, autre lieu de pouvoir au Moyen Âge. Elle-aussi bâtie contre la muraille, elle s'est, comme le palais, progressivement agrandie en dehors[14]. Les dispositions du palais médiéval sont assez bien connues grâce aux nombreux devis réalisés dans les années 1750, avant que l'on décide de le reconstruire presque entièrement[A 9].

Éléments médiévaux

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Grande salle

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La Grande salle, construite au XIIe siècle, est une halle à trois nefs séparés par des piliers en bois, surmontée d'un comble en bâtière. Détruite au XVIIIe siècle, elle se devine encore à travers des vestiges conséquents : son mur gouttereau oriental, son pignon nord et la partie orientale du pignon sud sont conservés sur presque la totalité de leur élévation. Ils sont réalisés en petit appareil cubique de calcaire et de grès roussard provenant de la muraille romaine. Chaque pignon était éclairé d'une fenêtre, celle du pignon nord qui subsiste mais qui a été murée, est l'une des plus grandes du monde civil roman, avec 5,5 m de haut pour 2,28 m de large. Une porte se trouvait sous la fenêtre du pignon sud. Large d'environ trois mètres, elle devait se rapprocher par ses dispositions des portes de la Maison-Dieu de Coëffort et celle de Vivoin. Munie d'un arc à ressauts surmonté d'un rouleau d'archivolte, elle devait être protégée par un auvent ou « balet », qui formait une petite galerie couverte le long du pignon. L'entrée principale se faisait néanmoins par le mur ouest, selon un devis de 1752[A 13]. Dévolue à l'origine aux réceptions et aux grands événements de la vie du palais, la salle ne garde ensuite qu'une fonction judiciaire lorsque le palais n'est plus habité par les comtes. Ainsi en 1369, elle est aménagée en auditoire pour les assises du Maine[A 38].

La salle était dépourvue de cheminée, le chauffage étant probablement assuré par des braseros[A 39]. Cinq fenêtres éclairaient à l'origine chaque bas-côté, mais elles ont été peu à peu occultées par des constructions adventices. Des travaux de surélévation, probablement menés au XVe siècle, ont vraisemblablement entraîné une modification du nombre de piliers puisqu'au XVIIIe siècle, les trois nefs étaient délimitées par deux rangées de cinq piliers, soit le même nombre que de fenêtres (il devait à l'origine y avoir un nombre pair de piliers, mais les fenêtres étant désormais obstruées, les piliers n'avaient plus besoin d'être disposés en fonction d'elles). La hauteur totale sous la couverture d'ardoises atteignait 23 m au XVIIIe siècle[A 13].

La Grande salle du palais du Mans s'inscrit dans une tradition anglo-normande de salles de plain-pied sous charpente, dont témoignent encore la grande salle du château de Winchester en Angleterre, qui date du XIIIe siècle, et la salle de l'Échiquier du château de Caen en Normandie, élevée au XIe siècle. Alors que la salle de Caen ne présente qu'une nef simple, celle du Mans en a trois, disposition courante dans l'aire angevine, visible notamment dans la Maison-Dieu de Coëffort et à l'hôpital Saint-Jean à Angers, et qui se rapproche des nefs doubles du domaine capétien (château de Blois, palais de la Cité). Parmi les autres grandes salles palatines du domaine Plantagenêt en France, la salle du Mans était particulièrement large (23 m contre par exemple 11 m pour celle de Caen), mais aussi plutôt courte, avec 31 m de longueur, contre 40 m pour Angers. Néanmoins, avec ses 711 m2, c'était la deuxième salle la plus vaste, dépassée seulement par la salle du palais des comtes de Poitiers (799 m2)[A 37].

Logis comtal

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Le logis est d'abord limité à une chambre unique, située dans un appentis contre le pignon de la grande salle. Elle a disparu, mais la rive de la toiture est toujours lisible sur la façade du logis comtal ajouté en complément vers 1180. Ce nouveau logis, qui subsiste encore dans ses élévations externes, consiste en une tour à deux niveaux située au nord-ouest de la grande salle, en avant de la muraille romaine. Son plan présente un décalage par rapport à l'alignement du reste du palais, car il s'appuierait sur les vestiges d'une construction antérieure[A 10]. Il forme un rectangle de 15 m sur 9, et il est situé contre la paroi externe de la muraille romaine. À cause du dénivelé, il présente un seul étage du côté de la Cité Plantagenêt, mais deux étages du côté extérieur[A 1].

Le logis suivait initialement un schéma courant, avec une salle seigneuriale à l'étage et une pièce de service au rez-de-chaussée. Il est ensuite amélioré pour gagner en confort et en intimité : l'étage est redivisé en deux pièces au début du XIIIe siècle, pour former une chambre de parement et une chambre de retrait, puis il est complété par la tour de la Roche qui est construite en prolongement et offre une pièce supplémentaire à chacun de ses deux niveaux, accueillant à l'étage une nouvelle chambre de retrait. Au XIVe siècle, avec le développement de la fonction administrative du palais, le logis est progressivement laissé aux magistrats : les commissaires des francs-fiefs occupent alors l'ancienne chambre de retrait, tandis que le rez-de-chaussée est donné aux chanoines du Gué de Maulny[A 11]. À l'époque moderne, le logis est dévolu à l'élection et au présidial, ce dernier se réservant l'étage noble. Après la reconstruction de l'hôtel de ville au XVIIIe siècle, l'ensemble est fortement remanié. Après la Révolution française, l'étage de l'édifice, qui conserve un certain prestige, accueille la salle des mariages[A 31]. L'emplacement de l'ancienne chambre de parement est désormais occupé par le bureau du maire[15].

La chambre de parement à l'étage était accessible par un escalier droit accolé au pignon de la grande salle, mais aussi probablement directement depuis la grande salle. Malgré le dérasement des maçonneries et la reconstruction du XVIIIe siècle, cette chambre présente encore des restes de décor de faux appareil à joints noirs sur fond rouge. L'emplacement de la cheminée est inconnu. Cette chambre comtale était éclairée par une baie géminée à coussiège, toujours visible extérieurement depuis la place du Hallai, et qui donnait à l'origine sur une cour, la cour Saint-Julien. Le chapiteau de la colonne séparant les deux fenêtres rappelle celui visible sur une autre baie géminée à la Maison-Dieu de Coëffort, construite en 1080-1082 par Henri II d'Angleterre. À la droite de la baie de chambre, une porte dont l'arc est toujours présent ouvrait sur une coursière qui permettait la défense de la poterne en contrebas. Plus à droite sur la façade, une fenêtre à meneaux a été percée ultérieurement, probablement au XVIe siècle lorsque la chambre a été cloisonnée[A 40].

Le niveau inférieur du logis a été affecté aux chapelains et aux clercs du Gué de Maulny après la destruction du château royal qui s'y trouvait au XIVe siècle. Des travaux de réfection sont menés en 1370. La courtine est reconstruite, entraînent la suppression de la coursière[A 38]. Les ouvertures du côté de la place du Hallai sont probablement bouchées après la construction de la prison au XVe siècle, qui s'étend peu à peu au pied du logis[A 12].

Tour de la Roche

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La tour de la Roche est ajoutée au plus tôt dans le deuxième quart du XIIIe siècle à l'extérieur de la muraille, en continuité du logis et en retour d'équerre de la grande salle. Elle est bâtie en grès, pierre absente des chantiers manceaux avant cette époque. Elle prend la forme d'une aile carrée, entourée de neuf puissants contreforts, comprenant deux étages sur cave. Seuls trois contreforts sont parvenus entiers. Le toit en bâtière devait renfermer une salle haute sous charpente, comme en témoignent les trous de clous de lambris qui y sont visibles. Il s'agissait très probablement d'une salle de retrait, accessible directement depuis la chambre de parement. Le rez-de-chaussée devait être dévolu à l'administration. Des travaux menés en 1368 ont fait communiquer cette tour avec les jardins. La façade sud-est présente encore la base de deux fenêtres médiévales, tandis que les vestiges d'une baie en arc brisé, peut-être géminée, sont visibles sur la façade nord-est[A 38]. Cette baie a pu être obstruée au cours de la Guerre de Cent Ans, lorsque la tour est devenue un élément défensif. Les contreforts d'angle supportaient des hourds disparus depuis[A 9]. Tout comme le reste des anciens appartements princiers, la tour est affectée à l'époque moderne à diverses administrations provinciales, et elle accueille au XVIIIe siècle le Parquet des Gens du Roi à l'étage et la salle du conseil de l'élection au rez-de-chaussée[A 24]. Elle est désormais occupée par des bureaux de la mairie[15].

Tour du Gros-Pilier

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Le Gros-Pilier est un bastion rectangulaire fortifié, typique de la fin du Moyen Âge, situé à l'extérieur de la muraille romaine. Il a été construit pour défendre une ancienne poterne aménagée au XIVe siècle. Les deux angles extérieurs sont munis de puissants contreforts obliques[A 9]. Sa construction peut être estimée autour de 1380 grâce aux rares éléments de décor qui subsistent (piedroits à moulures de la porte donnant dans la grande salle, cheminée et embrasures de fenêtres de la salle basse). Un petit oratoire voûté d'ogives se trouve entre deux contreforts au sud, la clé de voûte porte les armes du Maine. La tour, à fonction défensive, n'était accessible que depuis la grande salle[A 39]. Entièrement remblayée, inutilisable au XVIIIe siècle, elle a été vidée de son remblai en 1929. Depuis sa restauration, elle accueille une salle d'archives dans son niveau bas, et une salle de réunion à l'étage[15]. Cette salle devait être couverte de voûtes en pierre soutenues par des piliers[A 39].

Collégiale Saint-Pierre-la-Cour

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La collégiale, située à l'écart des autres vestiges et fondée avant le palais proprement dit, occupe une place à part au sein du complexe. Dès le Moyen Âge, elle est séparée de la résidence par une cour qui devient la place Saint-Pierre, et par diverses constructions privées, notamment des habitations, qui colonisent peu à peu les pourtours de la place, mais aussi des construction à usage commercial ou utilitaire (étals aux poissonniers au XIIIe siècle, boucherie aux XIVe siècle et XVe siècle...)[A 12]. L'édifice encore visible, qui correspond peu ou prou à l'ancien chœur, forme un grand rectangle saillant, positionné devant la muraille. Ce chœur contenait à l'origine deux nefs superposées, la nef supérieure correspondant au chœur de la collégiale proprement dite, et la nef inférieure étant une chapelle basse sur le modèle de la Sainte-Chapelle. L'étage a été transformé en école puis en bureaux municipaux au XIXe siècle, et seule la chapelle basse subsiste[A 9]. Cette chapelle, également dénommée Notre-Dame-sous-Terre, permet de compenser l'écart de niveau entre d'un côté la place Saint-Pierre intra-muros, et de l'autre la ville basse. Elle est divisée en trois double travées dont les voûtes d'ogive reposent sur deux colonnes. Un escalier, désormais muré, permettait de relier les deux niveaux. Remplaçant un premier oratoire dédié à Saint Pierre, la chapelle est construite par Élie Ier du Maine au tournant du XIe siècle puis Guillaume le Conquérant a autorisé les chanoines à s'étendre hors des remparts et à démolir une tour de la muraille romaine qui se trouvait là[A 41]. Endommagée par l'incendie du Mans en 1134, la collégiale est restaurée par Henri II d'Angleterre en 1175[A 5]. Le chœur a été ajouté en 1267. La nef, presque entièrement détruite après la Révolution, occupait une bonne part de la place Saint-Pierre, et remontait essentiellement au XIe siècle pour les parties basses, et au XIIe siècle pour les parties restaurées par Henri II. Il ne reste plus que deux travées fortement remaniées de cette nef de style roman, qui se terminait par une haute tour du même style, rasée en 1812[A 42],[A 43].

Chapelle particulière des comtes, la collégiale a pu être richement dotée, notamment sous les Plantagenêts, et elle renfermait la bannière comtale ainsi que les reliques de la Sainte patronne du Mans, Sainte Scholastique[A 44]. Sous l'Ancien régime, la collégiale était entourée, tout comme la cathédrale Saint-Julien, d'un quartier canonial qui s'étendait sur la place Saint-Pierre et la rue Saint-Flaceau où subsistent d'ailleurs plusieurs hôtels particuliers[A 45]. La collégiale dans son état du XVIIIe siècle est bien connue grâce à une description détaillée datant de 1741. À cette époque, le portail, remodelé à l'époque moderne, formait un portique à quatre colonnes aux ordres superposés. La tour romane, qui contenait quatre cloches, était couronnée par un pavillon à deux épis, le faîte décoré de lambrequins en plomb représentant les armes du chapitre (d'azur à deux clés d'argent, surmontées d'une fleur de lys). La nef romane, qui mesurait 26 m sur 7, était éclairée par quatre baies cintrées au sud, et deux seulement au nord, les deux autres étant obstruées par la psallette. La nef était couverte de lambris. L'orgue se trouvait au dessus de l'entrée, et les côtés étaient munis de deux autels, l'un pour la paroisse, dédié à Saint Pierre à droite, l'autre sans affectation à gauche[A 46]. Au fond, la grille fermant le chœur était encadrée par l'autel de Sainte Scholastique à droite, et par un autre autel dédié à Saint Pierre à gauche[A 47]. Le chœur, de près de 22 m sur 11,5, était orné de stalles du XVIe siècle, de boiseries et de tapisseries, et il était éclairé par trois grandes baies à roses gothiques de chaque côté. Derrière l'autel en marbre noir, les reliques conservées dans une chasse étaient disposées dans une niche du chevet plat, reconstruit au 1682[A 48]. Il ne reste plus rien du mobilier, à l'exception d'une statue en terre cuite de Scholastique conservée à l'abbaye de Solesmes et un lutrin du XVIIIe siècle portant les armes du chapitre, transféré à la cathédrale.

Poternes et autres accès

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À l'origine, le palais s'appuie contre une portion relativement préservée de la muraille romaine, qui comporte encore des tours et forme un obstacle évident entre la ville intra-muros et l'extérieur. Jusqu'au XIVe siècle, l'accès de l'extérieur jusqu'au palais se fait par la rue Héraud, appelée plus tard rue des Filles-Dieu, qui longe le palais par le bas, et monte ensuite derrière la collégiale pour aboutir à la porte Saint-Martin, une ouverture antique située dans un angle rentrant de la muraille. Cette porte est consolidée au XIIIe siècle en étant subdivisée en deux berceaux en arc brisé, avant d'être supplantée par la rampe des Ponts-Neufs. Avant la construction de cette rampe, il existe cependant une autre rampe, attestée avant le XIIe siècle, construite contre la muraille, plus près de la collégiale, et qui est défendue par une tour circulaire qui subsiste en partie. Cette première rampe est détruite lors de la construction du chœur de la collégiale, mais elle se lit encore dans l'élévation de la muraille. Les Ponts-Neufs sont construits pendant la seconde moitié du XIVe siècle pour fournir un accès plus aisé à la ville basse, qui se développe peu à peu. Ils consistent d'abord en une passerelle en bois soutenue par cinq piles maçonnées, menant à un pont-levis, avant d'être entièrement maçonnés[A 5].

Éléments totalement disparus

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Les salles de Bretagne et des Singes, construites en appentis au XIVe siècle contre le mur nord de la grande salle, étaient des espaces d'agrément, typiques du goût de l'époque pour multiplier les salles. La salle aux Singes a pu être une ménagerie, celles-ci étant à la mode auprès de la Cour angevine, ou bien plus probablement une pièce décorée de peintures de singes, tandis que la salle de Bretagne tient son nom de Marie de Bretagne, femme de Louis Ier d'Anjou[A 49]. Ces salles remplacent, au moins en partie, des galeries couvertes en bois et munies de 43 fenêtres dont 30 sont surmontées d'un arc. Ces galeries, construites aussi au XIVe siècle, semblaient richement ornées de peintures, et permettaient de rejoindre la grande salle mais aussi les appartements privés[A 14]. La présence d'appentis contre les pignons nord et sud est une caractéristique régionale marquante, visible en Anjou mais surtout dans le Maine, par exemple à la Perrière à Voivres-lès-le-Mans, au logis de Moullins à Saint-Rémy-du-Val ou à la Grande-Courbe de Brée. Ces ajouts à usage distributif ont servi également à la promenade, à la conversation, au jeu ou à la lecture à voix haute[A 39].

Des cuisines, des locaux domestiques et des annexes devaient compléter l'ensemble[A 50], qui comprenait aussi au XIVe siècle plusieurs cours (dont celle du fournil, à usage domestique, ainsi que cours nobles, celle d'entrée au nord-est, et la Cour-Saint-Père à l'opposé), un jardin[A 14], localisé devant la grande salle, du côté de la vieille-ville, ainsi qu'une prison[A 12]. Les prisons, construites à partir du XVe siècle pour seconder puis remplacer les geôles du château du Mans, s'étalent rapidement dans toute la cour Saint-Julien, qui s'étendait au nord des logis comtaux. Au fond de la cour, la chapelle du Gué-de-Maulny avait été construite en 1380 à l'emplacement d'un pressoir, en remplacement de la chapelle détruite du château du même nom. Elle est rasée en 1743[A 6].

Hôtel de ville moderne

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L'hôtel de ville du XVIIIe siècle, construit entre 1757 et 1764, forme un L tourné vers la place Saint-Pierre, et présente une façade classique de trois niveaux, surmontée d'un comble mansardé[A 51]. Les ouvertures du rez-de-chaussée sont des baies en plein-cintre. Un pavillon d'entrée néogothique, muni d'un corps principal d'une travée et d'une annexe d'une travée également, a été ajouté dans les années 1930 à l'extrémité de la façade principale[6]. La travée principale est ouvert par un porche en plein-cintre, par une croisée à l'étage, et une croisée dans une lucarne à gable au niveau du comble. Auparavant, cet emplacement était occupé par une bâtisse ancienne plus basse, occupée par une crémerie au début du XXe siècle[16]. Les deux ailes de l'hôtel de ville prennent appui sur les murs de l'ancienne grande salle. Au rez-de-chaussée, l'aile principale contient un hall, destiné aux expositions, tandis que l'aile en retour accueille la salle des mariages. Les étages sont divisés en bureaux[15]. Le mur sud de l'ancienne grande salle, au revers du hall, est couvert d'appentis divers, présents dès le XIVe siècle, et qui occultent ses baies[A 52],[A 5]. Visibles depuis l'avenue de Rostov-sur-le-Don, ils accueillent également des bureaux. En 1898, l'historien local Robert Triger jugeait l'hôtel de ville comme étant « tristement délabré et sans caractère architectural », indigne d'une grande ville comme Le Mans[A 34]. Tandis que le bureau du maire contemporain est installé à l'étage des anciens appartements princiers, à l'origine, il occupait le premier étage de l'aile principale, avec le secrétariat, tandis que le conseil municipal se réunissait à l'étage de l'aile en retour[A 30]. Il se réunit désormais en dehors de l'hôtel de ville, au forum des Quinconces sur la place des Jacobins[17].

Le palais dans la culture

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Bien qu'il ait occupé une place importante dans l'histoire du Mans et du Maine, le palais a été rarement représenté dans l'art. Les vues anciennes de la ville du Mans mettent davantage l'accent sur la cathédrale et les flèches des églises. Cependant, la toiture de la grande salle est visible au milieu d'une représentation de la ville sur un tableau anonyme de la fin du XVIIe siècle, conservé au musée de Tessé et intitulé Le miracle de Saint Julien. Ce tableau est d'ailleurs le seul témoignage artistique de l'apparence du palais avant sa reconstruction au XVIIIe siècle[A 53].

Références

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Sources bibliographiques

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  1. a b c d e f g et h Renoux, p. 53.
  2. Miot 2019, p. 39.
  3. Triger 1898, p. 168.
  4. a et b Gautier 2013, p. 223.
  5. a b c d e f g et h Gautier 2013, p. 225.
  6. a b c et d Gautier 2013, p. 226.
  7. Miot 2019, p. 43.
  8. Miot 2019, p. 41.
  9. a b c d e et f Renoux 1994, p. 54.
  10. a et b Gautier 2013, p. 230.
  11. a b et c Gautier 2013, p. 221.
  12. a b c et d Gautier 2013, p. 222.
  13. a b c d e et f Gautier 2013, p. 228.
  14. a b c et d Renoux 1994, p. 55.
  15. Triger 1898, p. 115.
  16. Triger 1898, p. 116.
  17. Triger 1898, p. 120.
  18. Triger 1898, p. 121.
  19. Triger 1898, p. 125.
  20. Triger 1898, p. 126.
  21. Triger 1898, p. 128.
  22. Triger 1898, p. 133.
  23. Triger 1898, p. 132.
  24. a et b Triger 1898, p. 133.
  25. Triger 1898, p. 138.
  26. Triger 1898, p. 140.
  27. Triger 1898, p. 141.
  28. Triger 1898, p. 143.
  29. Triger 1898, p. 144.
  30. a et b Triger 1898, p. 147.
  31. a et b Triger 1898, p. 148.
  32. Bernollin 2014, p. 138.
  33. Triger 1898, p. 171.
  34. a et b Triger 1898, p. 113.
  35. Bernollin 2014, p. 26.
  36. Gautier 2013, p. 219.
  37. a et b Gautier 2013, p. 238.
  38. a b et c Gautier 2013, p. 234.
  39. a b c et d Gautier 2013, p. 237.
  40. Gautier 2013, p. 233.
  41. Miot 2019, p. 54.
  42. Heurtebize 1897, p. 121.
  43. Menjot 1909, p. 10.
  44. Collectif 2001, p. 953.
  45. Miot 2019, p. 65.
  46. Heurtebize 1897, p. 318.
  47. Heurtebize 1897, p. 320.
  48. Heurtebize 1897, p. 321.
  49. Gautier 2013, p. 236.
  50. Miot 2019, p. 64.
  51. Collectif 2001, p. 965.
  52. Triger 1898, p. 132.
  53. Gautier 2013, p. 220.

Autres sources

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  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail et Google Maps
  2. Pierre Chevet et Élodie Cabot, Le Mans – Place des Jacobins, Archéologie de la France - Informations,
  3. a et b Anne-Marie Goulay, Le théâtre au Mans à la fin du XVIIIe siècle, Université du Maine, .
  4. Arnaud Gasnier, « Centralité urbaine et recomposition spatiale. L'exemple du Mans », Norois, no 151,‎ , p. 276.
  5. Emmanuel Guimard, « Le Carré Plantagenêt revient aux sources de l'histoire sarthoise », Les Echos,‎ .
  6. a b c d et e « Laissez-vous conter l'ensemble palatial et comtal », Le Mans ville d'art et d'histoire, (consulté le ).
  7. Paul Piolin, Histoire de l'église du Mans, vol. 6, Paris, H. Vrayet de Surcy, , p. 20.
  8. Thomas Cauvin, Géographie ancienne du diocèse du Mans, vol. 1, Paris, Derrache, , 735 p., p. 458.
  9. Léon Hublin, Le Mans pittoresque, itinéraire du promeneur à travers la vieille ville, Le Mans, Lebrault, , 129 p., p. 54.
  10. Léon Hublin, Le Mans pittoresque, itinéraire du promeneur à travers la vieille ville, Le Mans, Lebrault, , 129 p., p. 74.
  11. a et b Françoise Froger, « Dossier de presse de l'exposition Jean Boulard », (consulté le ).
  12. Dossier de protection du château des comtes du Maine, Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont.
  13. « Un nouvel espace d'accueil pour l'Hôtel de Ville du Mans », Blog du groupe majoritaire "Le Mans Évidemment, Socialiste, Écologiste et Progressiste" de la Ville du Mans, (consulté le ).
  14. « L'enceinte antique du Moyen Âge au XVIIIe siècle », dans Archéologia hors série n° 34 - L'enceinte romaine du Mans, Dijon, Faton, , 66 p..
  15. a b c et d Plan d'intervention, Hôtel de ville du Mans, 2019.
  16. Crémerie visible sur une carte postale du début du XXe siècle éditée par R. Barbier au Mans.
  17. « Le calendrier des conseils », Ville du Mans (consulté le ).

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Nicolas Gautier, « Le palais des comtes du Maine au Mans », dans Gwyn Meirion-Jones, La demeure seigneuriale dans l'espace Plantagenêt, Rennes, PUR Rennes, coll. « Art & Société », , 350 p. (ISBN 978-2-7535-2113-1)
  • Annie Renoux (dir.), « Le Mans (Sarthe) - Résidence des comtes du Maine », dans Palais médiévaux (France-Belgique) : 25 ans d'archéologie, Le Mans, Publications de l'Université du Maine, , 185 p. (ISBN 2-904037-19-5)
  • Collectif, Le patrimoine des communes de la Sarthe, vol. 1, Paris, Flohic, , 1668 p. (ISBN 978-2842341060)
  • Robert Triger, « L'hôtel de ville du Mans (1471-1898) », dans Revue historique et archéologique du Maine, vol. 43, Mamers, Fleury et Dangin, , 340 p.
  • Franck Miot, Le Mans : Histoire mosaïque, Le Mans, Éditions de la Reinette, , 191 p. (ISBN 978-2-38052-004-0)
  • Samuel Menjot d'Elbenne, Le palais des comtes du Maine et ses dépendances : à la fin du XVe siècle, Laval, A. Goupil, , 39 p.
  • Samuel Menjot d'Elbenne, Le chapitre royal de l'église collégiale de Saint-Pierre-la-Cour, Sainte-Chapelle du Mans, Le Mans, Société des archives historiques du Maine, , 577 p.
  • Vincent Bernollin et Hugo Meunier, La muraille du Mans dans son environnement. Étude diachronique,

rue Wilbur Wright (Sarthe), Allonnes, CAPRA, , 385 p.

  • Benjamin Heurtebize et Robert Triger, Sainte Scholastique, patronne du Mans : sa vie, son culte, son role dans l'histoire de la cité, Solesmes, Imprimerie Saint-Pierre, , 518 p.

Liens externes

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