Quartet du dialogue national

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Le quartet du dialogue national (en arabe: الرباعي الراعي للحوار الوطني, ar-rubāɛi ar-rāɛi lil-ḥiwār al-waṭanī) est l'association de quatre organisations ayant pour rôle d'organiser des négociations entre les partis politiques en Tunisie pour assurer la transition du régime de l'Assemblée nationale constituante de 2011 vers un régime démocratique permanent lors de l'assassinat de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013[1].

Le quartet est composé de l'Union générale tunisienne du travail, L'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, le Conseil de l'ordre des avocats de Tunisie et la Ligue tunisienne des droits de l'homme[1].

Le quartet obtient le prix Nobel de la paix en 2015 pour leur succès dans leur mission aboutissant à l'achèvement des élections présidentielles et législatives et la ratification de la nouvelle constitution tunisienne en 2014. Ce prix est le premier prix Nobel attribué à la Tunisie[1].

Création

En 2011, la Tunisie connait une révolution après laquelle la stabilité et la sécurité du pays sont considérablement compromises[2],[3]. Après la création de l'assemblée nationale constituante de 2011, la rédaction de la nouvelle constitution présente plusieurs difficultés et le délai d'une année prévu pour la ratification finale de la nouvelle constitution est largement dépassé[4]. Durant cette période, le gouvernement est est critiqué pour son laxisme envers les islamistes radicaux[4] ; s'ensuivent des attentats dont le plus médiatisé est l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 mars 2013[4],[5]. Les tensions s'accroissent en conséquence entre le gouvernement majoritairement islamiste et l'opposition tunisienne[6].

Après l'assassinat de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013, le Front populaire, dont Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi sont des leaders, organise avec les autres partis de l'opposition unifiés un front commun qui prend le nom de Front de sauvetage national. Ce front organise la manifestation du Bardo, demandant la démission du gouvernement et, pour certains, la dissolution de l'assemblée nationale constituante[4],[5],[6]. En outre, 42 députés de l'opposition se retirent de l'assemblée constituante[4]. Cela entraîne l'interruption des travaux de l'assemblée dès le 6 août 2013[4].

Vu la situation critique du pays, l'Union générale tunisienne du travail appelle à l'organisation d'un dialogue national de négociation entre les partis au pouvoir et l'opposition le 29 juillet 2013[4],[5]. Les partis acceptent de participer au dialogue national au mois de septembre 2013 vue l'aggravation de la situation[4],[5]. Le 17 septembre 2013, l'initiative est rendue publique et placée sous l'égide de l'UGTT et de trois autres organisation de la société civile : l'UTICA, le Conseil d'ordre des avocats de Tunisie et la Ligue tunisienne des droits de l'homme.

Action

Le 17 septembre 2013, le quartet rédige une ébauche de consensus entre les partis qui sera adoptée sur un compromis qui permet aux partis de pouvoir commencer la négociation[4]. Cette ébauche de feuille de route fut constituée de quatre points qui sont : la démission du gouvernement et son remplacement par un gouvernement de technocrates, le choix de dates fermes pour la fin des travaux de l'Assemblée nationale constituante et des élections présidentielles et législatives en Tunisie, la préservation de l'identité nationale dans la nouvelle constitution et la négociation des procédures nécessaires pour la transition finale et certaine d'un régime transitoire à un régime démocratique ainsi que les délais pour la création d'instances indépendantes[4].

Chaque parti politique doit accepter la feuille de route s'il veut participer aux sessions du dialogue national[4]. La feuille est signée par 21 partis politiques des deux bords : le dialogue national devient possible[4]. La première session du dialogue est organisée le 5 octobre 2013 à 15:30 au Palais des Congrès de Tunis[7]. Cette session connaît un lapsus de la part d'Abdessattar Ben Moussa, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme à l'époque qui prononcera, au lieu de Ḥīwar (dialogue) le mot Ḥīmar (âne)[8]. Ce lapsus provoque une crise de rire de la part des présents à cette session d'ouverture, y compris Rached Ghannouchi, le président du parti Ennahdha[8].

Par la suite, les sessions se déroulent sous l'égide du quartet d'une façon régulière, au sein du Ministère des Droits de l'homme et de la Justice transitoire[9].

Ces sessions aboutissent au choix de Mehdi Jomaa comme Premier ministre de Tunisie le 14 décembre 2013[10], à la démission du gouvernement Ali Larayedh le 9 janvier 2014[11], à la ratification de la nouvelle constitution le 24 janvier 2014[4] et à l'organisation des élections législatives et présidentielles en Tunisie en décembre 2014[12],[13].

Reconnaissance

Le 21 novembre 2014, Houcine Abassi, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail et l'initiateur du quartet du dialogue national tunisien, est élu parmi les 100 meilleurs penseurs globaux[14].

Le 9 octobre 2015, le quartet obtient le Prix Nobel de la paix de 2015[1].

Références

  1. a b c et d (en) Nobel Peace Prize 2015
  2. African Manager, « La solidité économique de la Tunisie affectée par l'instabilité politique et les problèmes de sécurité, selon Moody's », sur turess.com, (consulté le )
  3. African Manager, « Tunisie : Les forces de sécurité en état d'alerte maximale ! », sur turess.com, (consulté le )
  4. a b c d e f g h i j k l et m Yadh Ben Achour, « Tunisie : La force du droit ou la naissance d’une constitution en temps de révolution. », sur tunisiefocus.com, (consulté le )
  5. a b c et d « Assassinats politiques : La Tunisie revient de très loin », sur gnet.tn, (consulté le )
  6. a et b « Tunisie : retour sur 6 mois de troubles politiques, sociaux et religieux », sur lemonde.fr, (consulté le )
  7. (fr) Chennoufi, A. (2013). Tunisie, Politique : Dialogue national : TOP c'est parti avec 210 minutes de retard !, Tunivisions, 5 octobre 2013
  8. a et b (fr) Business News (2013). Le lapsus de Abdessatar Moussa (Vidéo). Business News, 5 octobre 2013
  9. (fr) Chennoufi, A. (2013). “Tunisie , Politique : Reprise du Dialogue National : Le Quartet se réuni avec les partis politiques dans le cadre du Processus électoral”. Tunivisions, 9 octobre 2014
  10. (fr) Ben Hamadi, M. (2013). Tunisie - Reprise du dialogue national: le plus dur reste à faire. Al Huffington Post, 23 décembre 2013
  11. (fr) Ben Hamadi, S. (2014). Tunisie: Ali Larayedh remet sa démission au Président de la République. Al Huffington Post, 9 janvier 2014
  12. (fr) Business News (2014). Tunisie – Dialogue national : Les élections législatives devanceront la présidentielle. Business News, 13 juin 2014
  13. (fr) « Tunisie : les législatives fixées au 26 octobre et la présidentielle au 23 novembre », Jeune Afrique, 25 juin 2014
  14. Najma Kousri Labidi, « Le Tunisien Houcine Abassi est nommé parmi les 100 "global thinkers" par le magazine Foreign Policy », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le )