Drill (musique)

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Drill
Origines stylistiques Midwest rap, hip-hop de Chicago, rap hardcore, gangsta rap, dub, trap, dirty south, footwork
Origines culturelles Début des années 2010 ; Chicago, États-Unis
Instruments typiques Séquenceur, boîte à rythmes, synthétiseur, clavier, percussions, instruments à cordes
Voir aussi Drill and bass

Sous-genres

UK drill

La drill (parfois appelée drill scene, drill-hop[1]) est un sous-genre musical du hip-hop lancé par les jeunes rappeurs et producteurs originaires des quartiers de South Side à Chicago[2].

Le genre est l'une des facettes contemporaines les plus importantes de la scène hip-hop de Chicago. La drill est caractérisée par un rythme irrégulier (obtenu avec un Roland TR-808, charlestonetc.).

Histoire[modifier | modifier le code]

À l'origine cette musique est popularisée localement à Chicago. Les rappeurs de drill attirent l'attention médiatique par leurs paroles violentes, et la scène est par la suite associée aux crimes perpétrés à Chicago. Le genre de Chicago a progressé dans le courant dominant américain à partir de 2012 à la suite du succès de rappeurs pionniers comme Chief Keef, Lil Reese, Lil Durk, Fredo Santana, G Herbo, Lil Bibby et King Louie[3],[4]. Par la suite, le genre connaît une nouvelle phase dans le rap mainstream depuis 2018 avec les rappeurs comme King Von, un renouvelé Lil Durk et Polo G[5],[6],[7],[8],[9],[10].

La drill s’exporte par la suite en Angleterre. Les rappeurs de Londres s’inspirent grandement de la scène de Chicago, avec certaines approches différentes, l’influence de la culture caribéenne. En effet, la Drill UK a plongé ses racines dans les scènes musicales jamaïcaine et de Trinidad, ainsi que dans les cultures de rue caribéennes de Londres. Une écriture adoptée au vocabulaire typique des quartiers londoniens, avec parfois des paroles extrêmement sombres. Depuis que la Drill UK a commencé à avoir de plus en plus de popularité, certains artistes comme Central Cee ont fait le choix de rendre le genre plus accessible en rappant sur plusieurs thèmes divers et variés très opposés aux paroles sombres de certains morceaux.

Le genre s’est directement exporté dans le monde entier. La drill devient très populaire en 2019 et 2020. En 2020, elle connait une ascension fulgurante entre autres grâce au défunt rappeur Pop Smoke qui a de plus en plus popularisé le genre musical avec des titres internationaux comme Dior ou encore Welcome to the party. En France, de nombreux artistes comme Freeze Corleone, Ziak ou le rappeur Gazo ont également permis à la UK drill de connaître un grand succès dans l’Hexagone, inspirant eux-mêmes d’autres artistes venant de toute l’Europe.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Les paroles de la drill se concentrent sur les difficultés de la vie quotidienne à Chicago. Lucy Stehlik, du Guardian, explique que « la drill nihiliste reflète la vie actuelle, là où ses équivalents du hip-hop ont échoué[11] ». Les paroles de la drill divergent fortement de celles des premiers rappeurs de Chicago, comme Common et Twista, qui s'inclinent plus vers le rap conscient[12] et le hip-hop contemporain populaire, qui au temps de la montée de la drill semblerait glorifier et célébrer un gain de richesse[13]. Les paroles de la drill reflètent typiquement la loi de la rue, et se concentrent sur des thèmes sombres, nihilistes, réalistes et violents. Hormis dans la scène britannique, les rappeurs drill font usuellement usage de l'Auto-Tune[14],[15]. Gucci Mane et Waka Flocka Flame, rappeurs originaires d'Atlanta, influencent significativement la scène drill[16]. Partageant quelques similitudes avec la musique trap, le rythme de la drill est plus rapide et s'accompagne d'un tempo oscillant à 140 BPM[17],[18].

Les « drillers » sont habituellement jeunes ; la plupart des musiciens de cette scène attirent l'attention tandis qu'ils sont encore adolescents[19]. L'un de ces musiciens, Chief Keef, n'avait que 16 ans lorsqu'il a signé un contrat de 6 millions de dollars avec Interscope[20] ; Lil Wayne, par exemple, signera un driller de 13 ans, Lil Mouse[21]. Des artistes féminines représentent également la scène à ses débuts[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Rob Markman et Mangum, Ade, « King L Reigns Over Chicago's Drill Scene With Drilluminati », sur MTV.com, (consulté le ).
  2. (en) « What Is Drill Music? » (consulté le ).
  3. (en) « Lil Bibby and G Herbo, strong and strong together », sur Chicago Tribune, (consulté le ).
  4. (en-US) M. T. Richards, « 5 Reasons Lil Bibby Will Rule 2014 », sur VIBE.com, (consulté le ).
  5. (en) « King Louie, Polo G, and Saba on What Makes Chicago Great », Rolling Stone, (consulté le ).
  6. (en) « 'We Never Imagined This': The Dizzying Ascent of Lil Durk », Rolling Stone, (consulté le ).
  7. (en) « King Von Was One of Rap's Most Promising Stars », Rolling Stone, (consulté le ).
  8. (en) « Polo G's Chicago Soul », Rolling Stone, (consulté le ).
  9. (en) « Calboy is Bringing Melody and Authenticity to Chicago's New Wave of Rap », sur Complex (consulté le ).
  10. (en-US) Andre Gee, « How Drill Music Took Over Chicago—and Was Almost Forced Out », sur Complex (consulté le ).
  11. (en) Lucy Stehlik, « Chief Keef takes Chicago's drill sound overground », sur The Guardian, (consulté le ).
  12. (en) Jim DeRogatis, « The battle for the soul of Chicago hip hop », sur wbez.org, WBEZ, (consulté le ).
  13. (en) Jon Caramanica, The New York Times, « Chicago Hip-Hop’s Raw Burst of Change », sur nytimes.com, (consulté le ).
  14. (en) David Drake, The Fader, « Katie Got Bandz, "Ridin Round and We Drillin" MP3 », sur thefader.com, (consulté le ).
  15. (en) Jordan Sargent, Pitchfork, « Lil Durk: Life Ain't No Joke », sur pitchfork.com, (consulté le ).
  16. (en) David Drake, Spin, « Chicago Rap Blazes Up From the Streets », sur m.spin.com, (consulté le ).
  17. (en) « What is Trap Music? Trap Music Explained », sur Run The Trap (consulté le ).
  18. (en) SherronShabazz, « Young Chop Says, I Don't Even Know What Drill Music Is », HiphopDX (consulté le ).
  19. (en) Jordan Sargent, « Drum Majors: Four Producers to Watch: Paris Beuller », The Fader, (consulté le ).
  20. (en) Rob Markman, « Chief Keef's Interscope Deal Revealed To Be Worth $6 Million », MTV.com, MTV, (consulté le ).
  21. (en) Sam Gould, The Independent, « Chief Keef, Chicago and violence in hip hop », sur blogs.independent.co.uk, (consulté le ).
  22. (en) Miles Raymer, Pitchfork, « Sasha Go Hard: Round 3: The Knockout », sur pitchfork.com, (consulté le ).

Article connexe[modifier | modifier le code]