Chaféisme

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Répartition des écoles juridiques dans l'islam contemporain. Madhab chaféite en bleu foncé.

Le chaféisme, parfois orthographié shafiisme ou chafiisme, est l'une des quatre écoles (madhhab) de jurisprudence (fiqh) de l'islam sunnite. Elle est fondée sur l'enseignement de l'imam Al-Chafii (767-820) et de ses disciples. Il est considéré comme un compromis entre les écoles hanafite et malikite.

En 2016, un concile, inauguré par le grand imam de l'Azhar, Ahmed al-Tayeb, rassemblant 200 personnalités sunnites du monde entier, s'est réuni dans le but de définir l’identité de ceux qui se font connaître comme « les gens du sunnisme » par opposition aux différents groupes considérés égarés. A l'issue de leurs travaux, les dignitaires sunnites ont convenu qu'au niveau du droit, les chaféites sont bien des gens du sunnisme [1],[2].

Ce madhhab est répandu au Yemen, en Corne de l'Afrique (Djibouti, Érythée, Éthiopie et Somalie), dans les régions du Kurdistan, en Égypte, en Asie du Sud-Est (en Indonésie, en Thaïlande, aux Philippines et c'est le madhhab d'État en Malaisie et au Brunei Darussalam[3]) dans la communauté javanaise du Surinam, Inde du sud et aux Comores.

Formation du madhhab

L'imam Al-Chafii combina en quelque sorte le fiqh du Hedjaz (madhhab maliki) avec celui d'Irak (madhhab hanafi) et créa ainsi son propre madhhab (école de pensée). Il rassembla les règles en dictant à ses élèves dans un livre nommé Al-Hujja (l'évidence). Cette rédaction se fit en Irak en 810 et certains de ses élèves apprirent son livre et le propagèrent, tels que l'imam Ahmad bin Hanbal et Abu Thawr.

Il se rendit ensuite en Égypte pour étudier sous l'imam Al-Layth ibn Sad, mais ce dernier décéda peu avant son arrivée ; il put néanmoins étudier son madhhab de par ses élèves qui y étaient toujours présents.

En Égypte il assimila donc le fiqh de l'imam al-Layth et fit rédiger son al-Madhhab al-Jadîd le nouveau madhhab, par opposition à al-Madhhab al-Qadîm qu'il avait en Irak) à ses étudiants dans un livre qu'il nomme Al-Umm. En effet ce voyage en Égypte le confronta à de différentes méthodes d'analyse de hadith et de raisonnements qui induisirent des changements nombreux de ses avis qu'il avait eu en Irak.

Sources et méthodologie

Les sources sont, par ordre d'importance :

  1. Le Coran : c'est la source première et l'imam Al-Chafii l'utilisa sans restriction.
  2. La Sounnah : Al-Chafii n'utilisait que les hadiths qui étaient scrupuleusement sahih (authentiques), et rejeta les conditions fixées par Abou Hanifa ou Mâlik en la matière. Al-Chafii est aussi reconnu pour sa contribution aux critiques de hadiths.
  3. Le consensus des compagnons (Ijma') : Al-Chafii le considérait comme la troisième source de loi islamique, pourtant il émit des doutes sur des cas rapportés de ijma' si bien qu'il ne l'acceptait que quand il était fermement établi.
  4. L'opinion individuelle d'un compagnon : si des sahabas diffèrent sur un point, on se réfère à l'opinion qui convient la plus aux sources premières, rejoignant ici Abou Hanifa.
  5. Le raisonnement par analogie (Qiyas) : considérée comme méthode valide dans la déduction de lois, il considérait néanmoins sa propre opinion inférieure aux preuves établies par l'opinion d'un compagnon.
  6. L'Istishab (recherche de connexion entre des situations) : Al-Chafii rejeta les principes d'istihsaan d'Abu Hanifa et d'istislâh de l'imam Mâlik considérés comme forme de bid'ah (innovation), puisque selon lui ces méthodes étaient fondées sur un raisonnement humain dans des domaines où des lois étaient établies des sources mentionnées plus haut. Cependant confronté à des problèmes similaires Al-Châfi'î dut recourir à un principe similaire à l'istihsân et à l'istislâh, qu'il nomma istis'hâb. Signifiant littéralement "rechercher un lien", il cherche à renvoyer un ensemble de circonstances postérieures à des circonstances antérieures. Ceci est fondé sur la supposition que des lois de fiqh appliquées en certaines conditions restent valides tant qu'il n'est pas établi clairement que ces conditions ont changé. Si par exemple quelqu'un est absent un si long moment qu'on pense qu'il est peut-être mort, alors par istishab toutes les lois seront appliquées comme s'il était certain qu'il est en vie.


Savants et juristes chaféites célèbres

Savants et juristes chaféites contemporains

Répartition géographique

Entre les deux « blocs » que représentent les Hanafites, présents en Asie mineure de la Turquie à l’Afghanistan et les Malikites, présents notamment en Afrique du Nord, l'islam chaféite est typique des régions frontalières (Égypte, frontières de l'Arabie Saoudite, Caucase) et des régions limitrophes de l'Islam (Afrique de l'est, océan Indien, Indonésie). C'est une tradition consensuelle et volontiers syncrétique, qui sépare rigoureusement politique et religion[4].

En France

L'islam chaféite est relativement minoritaire parmi les musulmans de France, mais est prépondérant dans le département de Mayotte et parmi la population issue de l'immigration comorienne[4].

Voir aussi

Bibliographie

  • Mohammad Aboû Zahra (trad. Michel Galloux), L'imam Ach-Châfî : sa vie et son époque, ses opinions et son fiqh, Al Qalam, , 472 p. (ISBN 978-2-909469-64-5)
  • M. Yahia, Shafi'i et les deux sources de la loi islamique, 2009, turnhout: Brepols Publishers, (ISBN 978-2-503-53181-6)
  • Al-Hadjj Nouredine Aïouaz traduction du Matn Al-ghayah wa t-Taqrib du chapitre de la purification à celui du pèlerinage.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Schisme en Islam : le Wahhabisme exclu du sunnisme », sur Metamag (consulté le )
  2. "Islamic conference in Chechnya: Why Sunnis are disassociating themselves from Salafists" Sep, 09 2016 | He stated: “Ahluls Sunna wal Jama’ah are the Ash’arites or Muturidis (adherents of Abu Mansur al-Maturidi's systematic theology which is also identical to Imam Abu Hasan al-Ash'ari’s school of logical thought). In matters of belief, they are followers of any of the four schools of thought (Hanafi, Shaf’ai, Maliki or Hanbali) and are also the followers of pure Sufism in doctrines, manners and [spiritual] purification.
  3. Cf Article 3.1 de la constitution "The religion of brunei darussalam shall be the Muslim Religion according to the Shafeite sect of that religion." http://www.worldstatesmen.org/Brunei1984.PDF
  4. a et b Yohann Deleu, « Mayotte, entre bouclier et porte d’entrée aux intégristes », sur Journal de Mayotte, .