Robert Mapplethorpe

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Robert Mapplethorpe
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Naissance
Décès
Sépulture
Saint John's Cemetery (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Nationalité
Activité
Formation
Représenté par
Xavier Hufkens (en), Gladstone Gallery (d), Skarstedt Gallery (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu de travail
Mécène
Influencé par
Cindy Sherman, Tom of Finland, Sam Wagstaff (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
A influencé
Fratrie
Edward Mapplethorpe (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
Site web

Robert Mapplethorpe, né le à Floral Park (État de New York) et mort le à Boston, est un photographe américain connu pour ses portraits en noir et blanc très stylisés, ses photos de fleurs et ses nus masculins.

Le caractère pornographique des œuvres du milieu de sa carrière a déclenché des polémiques sur le financement public de l'art aux États-Unis (culture wars).

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Mapplethorpe naît dans une famille catholique d'origine anglo-irlandaise. Il est le troisième de six enfants. Très jeune, il montre une grande dextérité et se plaît à réaliser de petits bijoux en perles pour sa mère. Il est également passionné de coloriage, comme l'écrit son amie Patti Smith dans Just Kids : « Le coloriage le passionnait : non pas l'acte de remplir l'espace, mais celui de choisir des couleurs que personne d’autre n'aurait retenues[1]. »

En 1963, Mapplethorpe entre à l'Institut Pratt du quartier de Brooklyn à New York, où il étudie le dessin, la peinture et la sculpture. Influencé par Joseph Cornell et Marcel Duchamp, c'est à cette époque qu'il commence à réaliser des travaux utilisant des techniques mixtes. Mapplethorpe réalise pendant cette période de nombreux collages utilisant des extraits de journaux et de magazines[2]. Au terme de ses études, il reçoit un baccalauréat en beaux-arts.

Débuts[modifier | modifier le code]

Renonçant à la voie que lui avait destinée son père — le dessin publicitaire —, il rompt de manière brutale avec sa famille. Il s'installe à New York et vit d'emplois peu stables, découvrant à la même époque le cannabisqu'il fumait très régulièrement, d'après Patti Smith[réf. nécessaire] — et le LSD.

Robert Mapplethorpe est bisexuel[3]et polyamoureux[4]. En 1967, il rencontre Patti Smith avec laquelle il entretiendra d'abord une relation intime, puis amicale jusqu'à sa mort[5]. Leur quelque trois ans de vie commune sont relatés par Patti Smith dans un de ses ouvrages[6]. D'après cette dernière, Mapplethorpe n'aurait pas été très intéressé par la photographie avant 1970. Malgré les difficultés financières du couple, il achetait régulièrement des magazines pour en découper les photos et réaliser des montages. Ainsi, ses thèmes de prédilection auraient changé à plusieurs reprises entre 1967 et 1970, passant de l'ésotérisme à la dévotion ou encore la magie (toujours selon Patti Smith). Vers la fin des années 1960, Mapplethorpe a plusieurs relations homosexuelles. En 1969, il s'installe avec Patti Smith à l'hôtel Chelsea et se met à fréquenter les clubs Max's Kansas City et le CBGB's.

Découverte de la photographie avec le Polaroid[modifier | modifier le code]

Polaroid 100 (1963–1966), précurseur du 360

Peu après son départ de l'hôtel Chelsea, un an après son arrivée, Mapplethorpe découvre la photographie en empruntant le Polaroid de son amie Sandy Daley, un Land 360. Son premier modèle est Patti Smith[7].

Malgré les difficultés financières que représente l'achat des pellicules pour le couple, Mapplethorpe réalise bientôt de nombreux clichés. Ces derniers sont exposés trois ans plus tard, en 1973, dans la Light Gallery (New York) pour la première exposition de Mapplethorpe, intitulée « Polaroid ». Grâce à son ami John McKendry (mari de Maxime de la Falaise), Mapplethorpe peut contempler la collection du Metropolitan Museum of Art, dont la plupart n'avait jamais été exposée au public - et en particulier une série de nus d'Alfred Stieglitz qui lui laissera un souvenir mémorable.

John McKendry achète également un nouveau Polaroid à Mapplethorpe et ce dernier parvient à ce que Polaroid Corporation lui attribue une bourse lui garantissant toutes les pellicules dont il aurait besoin.

Un Hasselblad[modifier | modifier le code]

Un Hasselblad 500C.

En 1975, Sam Wagstaff, son compagnon et mécène, lui offre un appareil photo Hasselblad moyen format et un studio sur Bond Street comprenant un laboratoire photo. Il commence à photographier ses amis et connaissances, qui comprennent des artistes (dont Patti Smith pour qui il réalise la pochette de son premier disque, Horses), des compositeurs, des stars de la pornographie, et des habitués de sex clubs underground. Il réalise également des projets plus commerciaux, notamment en prenant des portraits pour le magazine Interview[2].

Vers la fin des années 1970, Mapplethorpe montre un intérêt grandissant pour le documentaire concernant le milieu sado-masochiste new-yorkais. Il choque ses contemporains par ses clichés[8] qui propulsent du même coup sa carrière.

En 1977, il participe à Documenta 6 à Cassel en RFA. Il réalisera la pochette de l'album Marquee Moon du groupe de rock Television.

En 1978, la galerie de Robert Miller (en) devient son client exclusif[2].

En 1980, Mapplethorpe rencontre Lisa Lyon, la première femme championne de culturisme. Durant les années qui suivent, ils travaillent ensemble sur de nombreux portraits, un film et le livre Lady, Lisa Lyon. Dans les années 1980, ses photographies prennent un tour plus maniéré, recherchant la beauté abstraite. Il se concentre alors sur des nus statuaires tant féminins que masculins, des natures mortes florales[9],[10], des images de Lisa Lyon, une série remarquable pour Jean-Charles de Castelbajac et des portraits officiels.

En 1986, Mapplethorpe apprend qu'il est porteur du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Il multiplie alors ses efforts de création et cherche à développer son style. Il vise à lier tous les aspects de son art, les fleurs, les corps, la sexualité et les portraits. Il entreprend de numéroter les tirages qu'il choisit d'éditer. Une importante rétrospective lui est consacrée au Whitney Museum of American Art en 1988.

La même année, il fonde sa fondation, la Robert Mapplethorpe Fundation confiée à son avocat Michael Stout, pour la préservation de son patrimoine, pour démocratiser la photographie et pour soutenir financièrement les recherches concernant le sida et les infections liées au VIH.

Mapplethorpe décède en 1989, âgé de 42 ans.

Cultural Wars[modifier | modifier le code]

Peu après le décès de Mapplethorpe, des guerres culturelles (Cultural Wars) éclatent aux États-Unis sous la pression du sénateur Jesse Helms qui fait annuler l'exposition The Perfect Moment, consacrée au photographe, à la Corcoran Gallery of Art à Washington. Le directeur du Contemporary Arts Center de Cincinnati, Dennis Barrie, est également arrêté pour obscénité auquel le nom de Mapplethorpe sera souvent associé.

Barrie sera cependant acquitté et la valeur du travail de Mapplethorpe, compromise dans ces débats polémiques, finira par s'imposer[11].

Expositions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Patti Smith (trad. de l'anglais par Héloïse Esquier), Just Kids, Paris, Éditions Denoël, coll. « Folio », , 373 p. (ISBN 978-2-07-044626-1), « Les enfants du lundi », p. 29
  2. a b et c (en) « Biography », The Robert Mapplethorpe Fundation
  3. Éric Loret, « Mapplethorpe montré à cru », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Jack Fritscher, « ‘He was a sexual outlaw’: my love affair with Robert Mapplethorpe », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  5. Paola Genone, « Patti Smith raconte Robert Mapplethorpe », L'Express,‎ (lire en ligne)
  6. Patti Smith (trad. de l'anglais par Héloïse Ésquier), Just Kids, Paris, Éditions Delanoël, coll. « Folio », , 373 p. (ISBN 978-2-07-044626-1)
  7. Patti Smith (trad. de l'anglais par Héloïse Ésquier), Just Kids, Paris, Éditions Delanoël, coll. « Folio », , 373 p. (ISBN 978-2-07-044626-1), p. 215
  8. Michaël Lachance, « La beauté obscène (Robert Mapplethorpe) », sur transvirtuel.com
  9. artsy, Jared Quinton 16 mars 2016 : "At LACMA and the Getty, a major retrospective" avec photo Calla lily (Arum) 1988 [1]
  10. Goupil T., « Art & orchidées : Robert Mapplethorpe », L'Orchidophile, revue de la Fédération France orchidées, no 219,‎ , p. 293
  11. Britt Salvesen, « Première rétrospective au Canada, Focus : Perfection - Robert Mapplethorpe », Revue M du Musée des beaux-arts de Montréal,‎ , p. 12-17 (ISSN 1715-4820)
  12. Exposition au Grand Palais
  13. Page de l'exposition sur le site du Musée Rodin. Page consultée le 27 juin 2014.
  14. (en) Présentation de l'exposition Celebrating Silver sur le site officiel de la Hamiltons Gallery
  15. Apolline Coëffet, « Celebrating Silver » célèbre le procédé gélatino-argentique, in Fisheye, 7 février 2024

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patricia Morrisroe, Robert Mapplethorpe : A Biography, Papermac: London and New York (1995)
  • Arthur C. Danto, Playing with the Edge : the Photographic Achievement of Robert Mapplethorpe, University of California Press: London and Los Angeles (1996)
  • Gary Banham, Mapplethorpe, Duchamp and the Ends of Photography, Angelaki 7.1 (2002)
  • Patti Smith, Just Kids, Denoël, (2010)
  • Judith Benhamou-Huet, Mapplethorpe, vivant - Réponses à des questions, Les Presses du réel (2014)
  • Judith Benhamou-Huet, Dans la nuit noire et blanche de Robert Mapplethorpe, Grasset (2014)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]