La Pensée

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La Pensée  
Discipline Pluridisciplinaire
Langue Français
Directeur de publication Dominique Bari
Publication
Maison d’édition Fondation Gabriel-Péri (France)
Période de publication 1939 – aujourd'hui
Fréquence Bimestriel
Libre accès Sur Gallica (1939-2012)
Indexation
ISSN 0031-4773
Liens

La Pensée est une revue pluridisciplinaire, créée en 1939 par Paul Langevin et Georges Cogniot, ainsi que d'autres intellectuels communistes et « compagnons de route » du Parti communiste français. Longtemps sous-titrée Revue du rationalisme moderne, arts-sciences-philosophie, elle est actuellement éditée par la Fondation Gabriel-Péri.

De périodicité bimestrielle à l'origine, elle a adopté un rythme trimestriel.

Histoire de la revue[modifier | modifier le code]

Les origines : 1939[modifier | modifier le code]

Les fondateurs de la revue sont Paul Langevin et Georges Cogniot. Le nom de Paul Langevin, fondateur de la revue, d'abord seul, est associé à celui de Georges Cogniot depuis la fin des années 1950 dans le tandem de direction tutélaire qui veille encore[1] en page 2 de la couverture. Selon Georges Cogniot[2], le rôle de Paul Langevin, au poste de directeur, réside dans le parrainage prestigieux qu'il apporte. Son accord est obtenu par l'entremise de son gendre Jacques Solomon, physicien et communiste. Paul Langevin contribue aussi au premier numéro. Georges Cogniot évoque deux autres chevilles ouvrières : le secrétaire de la rédaction, le professeur André Parreaux[3] et le philosophe Georges Politzer. Selon Georges Cogniot c'est Georges Politzer qui trouve la "manchette" de la revue : revue du rationalisme moderne. Son but est "d'être une revue marxiste de grande diffusion pour intellectuels"[4].
Trois numéros volumineux (175 pages pour le no 1) paraissent entre juin et . Le titre est interdit de parution à cette date, comme l'ensemble des titres de la presse communiste. Les sujets abordés couvrent une large palette du champ intellectuel : les sciences (Paul Langevin, John Burdon Sanderson Haldane[n 1], Marcel Prenant, Jacques Solomon, Jacques Monod), la philosophie (Georges Politzer), l'histoire (Albert Soboul, Pierre Vilar), la musique (Charles Koechlin), sans oublier les articles plus politiques de Georges Cogniot lui-même (sur la politique scolaire de la Révolution française, sur Problèmes philosophiques de l'Histoire du Parti communiste de l'Union soviétique).

La Pensée libre : février 1941-février 1942[modifier | modifier le code]

Dans la prolongation de ces trois numéros, un triumvirat d'intellectuels communistes, appuyé sur la logistique clandestine du Parti communiste fait paraître (sous pseudonymes), en zone nord, La Pensée libre[5]. Ces trois hommes ont tous trois participé à la revue légale : Georges Politzer, Jacques Solomon, et Jacques Decour, cheville rédactionnelle du numéro de . D'autres rédacteurs les secondent, tels le philosophe Valentin Feldman, l'historien Charles Hainchelin ou encore l'écrivain René Blech.

La parution de deux numéros à un an d'intervalle s'arrête avec l'arrestation (puis l'exécution par les nazis) des trois principaux rédacteurs de cette revue clandestine[n 2]. Le numéro 1, publié en , peut être considéré[6] comme un des premiers organes édités dans l'esprit de la Résistance. Fort de 96 pages, tiré à plus de 1 600 exemplaires, c'est une véritable revue avec articles et rubriques. Le numéro 2 de , sorti difficilement[n 3] et à moindre tirage que le premier, comporte 160 pages. Il fait référence aux nombreuses exécutions de résistants communistes qui ont lieu à l'automne 1941, dont celle de Gabriel Péri. Les deux numéros démythifient les discours sur le national socialisme, pourfendent l'impérialisme allemand et le racisme et dénoncent la collaboration de certaines élites intellectuelles (des écrivains principalement) au service des Allemands.

Depuis 1945[modifier | modifier le code]

Les directeurs[modifier | modifier le code]

La parution de La Pensée reprend en 1944 à la Libération. Quatre personnes se sont succédé à la direction (Paul Langevin étant mort en 1946):

Les secrétaires de la rédaction[modifier | modifier le code]

Le Comité directeur[modifier | modifier le code]

Le Comité directeur en 1953[n 6] :

Le comité de parrainage[modifier | modifier le code]

Le Comité de parrainage consiste en cette même année 1953 en une liste de 50 noms, dont une majorité d'universitaires[n 7]. En 1967[8] il compte 27 membres, dont 25 le sont en 1953[n 8] :

Les collaborateurs effectifs[modifier | modifier le code]

  • Parmi les autres collaborateurs, au début des années 1960, le philosophe Louis Althusser intervient en plusieurs contributions[12].

La revue actuelle[modifier | modifier le code]

De 1976 (à partir du no 189) à 2014 (no 380), le directeur de La Pensée est Antoine Casanova. De 2014 à 2022, le directeur est Claude Gindin (changement dans l'ours du no 381/2015 puis dans celui du no 413/2023). Depuis 2020 Stéphane Bonnéry est également directeur (ours du no 404/2020). Son siège est à Paris dans le 19e arrondissement, avenue Mathurin-Moreau. La revue est publiée depuis quarante ans en partenariat avec des instituts de recherches proches du Parti communiste : Institut de recherches marxistes devenu Espaces Marx, puis Fondation Gabriel-Péri, avec le concours du Centre national du livre.

Collaborateurs de la revue[modifier | modifier le code]

Les collaborations sont nombreuses. Le comité de rédaction comprend 56 membres, la rédaction en compte 15 et les conseillers de la rédaction sont au nombre de 24. On peut noter entre autres la présence de Jean-Pierre Despin[13], professeur de lettres au lycée Jean-Baptiste-Say à Paris et auteur d'une dizaine d'ouvrages.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • David Caute, Le Communisme et les intellectuels français, 1914-1966, Paris, Gallimard, 1967.
  • Georges Cogniot, Parti pris, deux volumes (540 pages et 582 pages), parus aux éditions sociales en 1976 et 1978. De l'ordre du témoignage.
  • Pierre Daix, Les Lettres françaises, jalons pour l'histoire d'un journal 1941-1972, Tallandier, 252 pages, Paris, 2004. Plusieurs notations sur La Pensée libre, Georges Politzer et Jacques Decour.
  • Pierre Favre, Jacques Decour, l'oublié des Lettres françaises, 1910-1942, biographie, Farrago, Editions Léo Scheer, 380 pages, 2002.
  • Jacques Julliard, Michel Winock (direction), Dictionnaire des intellectuels français; les personnes les lieux, les moments, Paris, Seuil, 1996.
    • L'article sur La Pensée est rédigé par Frédérique Matonti.
  • Frédérique Matonti, Intellectuels communistes, Paris, La découverte, 2005. L'auteure note les différences entre les deux revues, La Nouvelle Critique et La Pensée.
  • Michel Politzer, Les trois morts de Georges Politzer, récit, Flammarion, 368 pages, Paris, 2013.
  • Annales de la société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, no 13/14, 2011-2012, éditions Aden, 358 pages : Jacques Decour, Georges Politzer, Jacques Solomon, La Pensée libre 1941-1942, réédition suivie de textes de Louis Aragon, Claude Morgan, Henri Lefebvre.
  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, Éditions de l'Atelier (le Maitron) : notices sur Jacques Decour, Georges Politzer, Jacques Solomon, Georges Cogniot, René Maublanc, Marcel Cornu, Antoine Casanova.
  • 80 ans, revue La Pensée no 399, Fondation Gabriel Péri, juillet-, 161 pages, [présentation en ligne].
  • Henri Wallon dans La Pensée, Textes choisis et présentés par Régis Ouvrier-Bonnaz, Jean-Yves Rochex et Stéphane Bonnéry, éditions Manifeste !, 2022, 236 pages, [présentation en ligne].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. John Burdon Sanderson Haldane (1892-1964) est un biologiste et marxiste britannique.
  2. Le philosophe Valentin Feldman et l'historien Charles Hainchelin participent également à ces deux numéros.
  3. Un numéro intermédiaire est stoppé à l'imprimerie clandestine en octobre 1941 par une perquisition de la Gestapo qui détruit le matériel d'impression faute de trouver les documents brûlés par les ouvriers imprimeurs.
  4. René Maublanc (1891-1960) est professeur de philosophie à Paris.
  5. Marcel Cornu (1909-2001) est agrégé de grammaire. Il participe en 1941-1942 à La Pensée libre.
  6. Chaque numéro reprend en deuxième de couverture la liste du Comité directeur et celle du Comité de patronage. Chaque nom est suivi de la situation de la personne. Mais ce sont des organes essentiellement à vocation honorifique, qui montrent l'influence du rationalisme marxiste, plus qu'un engagement militant. L'étude des collaborateurs effectifs de la revue présente un profil plus jeune, de moindre notoriété de ce fait. Le numéro pris ici en référence est celui de mai-juillet 1953.
  7. Ce comité de parrainage, si l'on met à part les décès, est sensiblement identique quinze ans plus tard.
  8. Seuls nouveaux membres, Maurice Boitel, avocat à la Cour d'appel de Paris, membre du comité de parrainage depuis 1956, et Georges Petit, professeur à la Sorbonne.
  9. Pierre Abraham est directeur de la revue littéraire mensuelle Europe.
  10. Louis Aragon est directeur de l'hebdomadaire Les Lettres françaises.
  11. Louis Barrabé est géologue.
  12. Pour Marcel Cachin, il n'est pas fait état de sa fonction de directeur de L'Humanité.
  13. André Cholley est géographe.
  14. Marcel Cohen est linguiste et livre régulièrement des articles à L'Humanité, au cours des années 1960.
  15. Pierre Cot, ancien ministre du Front populaire, est député apparenté au groupe communiste.
  16. Jean Dresch est géographe.
  17. Pierre George est géographe.
  18. Georges Lefebvre est historien.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Cf La Pensée, no 355, juillet-septembre 2008.
  2. Georges Cogniot, Parti pris, volume 1, pages 435-443, Pour la diffusion du marxisme-léninisme, "La Pensée".
  3. André Parreaux (1906-1979) sera le deuxième époux d'Hélène Solomon-Langevin en 1958, époque où il est toujours l'un des rédacteurs en chef de La Pensée. Il est aussi à cette période titulaire de la chaire de civilisation anglaise à la Sorbonne. J.-P. M., « Hélène Solomon née Langevin n'est plus », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  4. Ibid, Georges Cogniot.
  5. Pierre Favre, Jacques Decour, l'oublié des Lettres françaises, pages 187-207. Et le no 13/14 de Les Annales de la société Louis Aragon et Elsa Triolet, cités en bibliographie.
  6. Pierre Daix, cf bibliographie.
  7. Disparition d'Antoine Casanova, L'Humanité, 10 octobre 2017.
  8. a et b La Pensée, no 133, juin 1967.
  9. Cf sa biographie dans la page consacrée à son frère aîné Ernest Billiet, agent patronal et militant anticommuniste.
  10. Relevé des signatures d'articles et leur domaine des numéros de mai-juillet 1952 et mai-juillet 1953.
  11. Relevé des signatures des numéros parus durant l'année 1956.
  12. Notice: André Cornu, dans le Maitron.
  13. Livio Sichirollo, Schiavitù antica e moderna: problema, storia, istituzioni, 1979, p. 280.

Photographies[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]