Jean Pronteau

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Jean Pronteau
Illustration.
Fonctions
Député français

(13 ans et 29 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Charente
Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique COM
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance 14e arrondissement de Paris
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès 5e arrondissement de Paris
Parti politique PCF puis PS
Résidence Charente

Jean Pronteau, né le à Paris (14e arrondissement), et mort le (à 64 ans) à Paris (5e arrondissement), est un homme politique français.

Résistant, il est député communiste de la Charente de 1945 à 1958. Membre du comité central du Parti communiste français depuis 1950, il est éconduit de cette instance en 1961, en même temps que ses camarades Marcel Servin et Laurent Casanova (Affaire Servin-Casanova). Exclu de ce Parti en 1970, il rejoint le Parti socialiste, dont il est élu au Comité directeur en 1975. En il accède au secrétariat du Parti socialiste. Il meurt d'une crise cardiaque trois ans plus tard.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le milieu d'origine de Jean Pronteau est modeste[1]. Son père, fils d'un ouvrier agricole, gagne Paris très jeune et parvient à l'artisanat. Il est ensuite VRP. Sa mère effectue des petits travaux. Jean Pronteau est un pur produit de la méritocratie républicaine. Boursier, bachelier, il entre en classe littéraire supérieure au lycée Henri IV en . Engagé volontaire dans l'armée l'année suivante, il interrompt ses études qu'il ne reprend qu'en 1942 en passant des certificats d'une licence de philosophie.

La Résistance[modifier | modifier le code]

La vie universitaire, les diplômes, la carrière possible, Jean Pronteau laisse tout cela pour s'engager dans l'action résistante contre l'envahisseur allemand. Démobilisé alors qu'il était officier dans l'armée, il trouve tout d'abord contact avec le mouvement Combat. Puis il rejoint la résistance communiste, et devient un des dirigeants des Forces unies de la jeunesse patriotique. Avec le grade de colonel, sous le nom de Cévennes, il est un des acteurs de la Libération de Paris, sa ville. Nommé à l'Assemblée consultative, il est présenté comme candidat à la députation en , par le Parti communiste, auquel il a adhéré dans la clandestinité en 1943. « Parachuté » dans le département de la Charente, il obtient un siège de député qu'il conserve lors des scrutins suivants (, , [2]).

Communiste, puis dissident[modifier | modifier le code]

Son implantation politique en Charente est renforcée par un mandat local de conseiller municipal d'Angoulême. Parallèlement il entre au Comité central du PCF en 1950 et il participe à la mise en place d'un secteur « économie », auprès de la direction du PCF. En , il dirige la revue Économie & Politique. Sous-titrée « Revue marxiste d'économie », il présente ainsi le premier numéro[3] :

« La revue Économie et Politique est la première revue économique marxiste paraissant en France.
Il n'est pas besoin de démontrer le rôle déterminant des faits économiques dans toute la vie sociale. Une juste analyse de ces faits, la connaissance des lois auxquelles ils obéissent, sont indispensables pour mieux se reconnaître au milieu d'événements complexes et mouvants. (…) La méthode marxiste a fait ses preuves. Attaquée sans relâche depuis plus d'un siècle, elle s'est imposée. (…) Le régime capitaliste a mis à son service toute une pléiade d'économistes qui ont inventé, et inventent encore de multiples théories pour justifier et perpétuer le régime d'exploitation et de dégradation de l'homme qui sévit toujours. »

Non sans tangage (en le rédacteur en chef de la revue, l'historien et économiste Jean Baby démissionne de son poste, alors que les économistes communistes soutiennent la théorie d'une paupérisation absolue de la classe ouvrière[4], Jean Pronteau dirige cette revue jusqu'en [5]. À cette date Pronteau est entraîné dans la dernière grande éruption « stalinienne » du Parti communiste, où au terme d'un assemblage inquisitorial difficile à comprendre, plusieurs dirigeants sont « renvoyés à la base ». Avec Laurent Casanova, et Marcel Servin, tous deux membres de l'organisme suprême du Parti, le Bureau politique, sont débarqués du navire Maurice Kriegel-Valrimont, Jean-Pierre Vigier, Claudine Chomat, et… Jean Pronteau.

Pronteau reste pourtant communiste (comme ses coaccusés), ancré en Charente, où il est un des dirigeants départementaux du Parti… En 1970, signataire d'une pétition[6] mettant en cause la sincérité de la condamnation par le PCF de l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie, contestant par ailleurs la vocation du nouveau secrétaire général à diriger un parti forgé dans la Résistance, Jean Pronteau est exclu du Parti communiste.

L'intellectuel marxiste[modifier | modifier le code]

Après son retrait de la revue Économie et politique, Jean Pronteau réintègre l'Université. Il est assistant en sociologie à la Sorbonne, puis ingénieur urbaniste[7]. Avec Serge Jonas, il crée une maison d'édition spécialisée en sociologie critique, les Éditions Anthropos, et plusieurs revues, L'homme et la société, Autogestion, Espaces et Sociétés.

Dirigeant national du Parti socialiste[modifier | modifier le code]

Son intérêt pour la vie de la cité l'amène en 1973 à adhérer au Parti socialiste, où il se situe dans le courant « mitterrandien ». Il commence en 1975 sa seconde carrière politique. Délégué par la fédération socialiste de la Charente, il est élu au Comité directeur du PS. En , au Congrès de Nantes, il est réélu au comité directeur : il y est parmi les 125 membres (titulaires et suppléants) élus sur la « motion Mitterrand ».

En il est nommé membre du secrétariat national du Parti socialiste. Il le reste jusqu'à sa mort en .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le mot « modeste » est de la plume de Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, Paris, éditions Fayard, tome 4 (Biographies, chronologie, bibliographie), 1984, pages 460-462.
  2. En Charente, le , la liste communiste qu'il dirige arrive en tête du scrutin obtenant 36 517 suffrages soit 23,82 %. Il est le seul élu de sa liste.
    Le la liste communiste obtient 45 573 voix, soit 29,10 % des suffrages. Sa progression lui permet d'avoir deux élus (sur un total de quatre).
    Le , la liste communiste qu'il conduit obtient 50 545 voix, soit 33,68 %, mais elle n'obtient qu'un élu.
    Le , il est encore le seul élu de sa liste qui obtient 46 779 voix, soit 31,5 % des suffrages.
    Le , il est réélu, sa liste obtenant 47 583 voix (29,72 %) gagne un second élu.
    En 1958, candidat dans la circonscription d'Angoulême, il est battu dès le premier tour (avec 22,71 % des suffrages).
    En novembre 1962, malgré sa mise à l'écart des responsabilités politiques nationales, le Parti communiste charentais le maintient à la candidature à Angoulème ! Arrivé en tête de la gauche au premier tour (24,19 %), il est battu au second tour, très largement (36,56 % des suffrages). Les résultats électoraux sont issus de la notice biographique du Dictionnaires des parlementaires de la Quatrième République, et des numéros spéciaux des Cahiers du communisme : 1947 (rapport d'activité au XIe Congrès du Parti communiste français,), 1962 (La bataille des élections législatives de novembre 1962).
  3. Économie & Politique, revue mensuelle, no 1, avril 1954, page 3.
  4. Le numéro 26 d'août-septembre 1956 d'Économie et politique consacre un dossier à « la stagnation de l'économie française » alors que la France sortie de la période de la reconstruction est en plein « boom économique ».
  5. L'ours de présentation du numéro 82, mai 1961 mentionne le nom du nouveau directeur, le syndicaliste Henri Jourdain, sans même annoncer le limogeage du précédent. Henri Jourdain, dans un livre Comprendre pour accomplir (Éditions sociales, Paris, 1982), expose ses souvenirs à l'historien Claude Willard. À une question de ce dernier sur Jean Pronteau, Henri Jourdain, répond (page 110) comme au temps des procès stalinien : « Jeune intellectuel venu au PCF par la résistance, sans formation spéciale d'économiste. Un idéologue ayant l'ambition louable de jouer un rôle politique de premier plan. Je ne pense pas que le poste ingrat de responsable de la section économique lui convenait (…). » Certes le livre date de 1982 et Pronteau est au secrétariat national du Parti socialiste, mais son successeur, par ailleurs résistant, déporté à Mauthausen, syndicaliste de valeur, apparaît bien petit dans son couplet contre les intellectuels « idéologues ».
  6. Intitulée Déclaration du 5 janvier 1970, le texte et le nom des 213 premiers signataires sont publiés dans la revue oppositionnelle Unir-débat pour le socialisme, no 38, février 1970. Parmi eux, Pronteau côtoie nombre de communistes ou anciens communistes, célèbres ou inconnus. Au rang de la première catégorie, appartiennent : Maurice Agulhon, Jean-Jacques Becker, Jean Chaintron, Serge Depaquit, Maurice Gleize, Robert Brécy, Robert Mension, Claude Morgan, Madeleine Rebérioux, Philippe Robrieux, Evry Schatzman, René Thuillier, Charles Tillon, Jean-Pierre Vernant
  7. Cf. Philippe Robrieux, Histoire intérieur du PCF

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]