Jean Rouch

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Jean Rouch
Naissance
Paris (France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 86 ans)
Drapeau du Niger (Niger)
Profession Réalisateur

Jean Rouch est un réalisateur et un ethnologue français, né le à Paris et mort le au Niger. Il est particulièrement connu pour sa pratique du cinéma direct et pour ses films ethnographiques sur des peuples africains tels que les Dogons et leurs coutumes. Considéré comme le créateur de l'ethnofiction, un sous-genre de la docufiction, il est l'un des théoriciens et fondateurs de l'anthropologie visuelle.

Biographie

Jean Rouch est le fils de Jules Rouch, météorologue, explorateur et directeur du musée océanographique de Monaco. Compagnon de Jean-Baptiste Charcot, Jules Rouch a participé à l’une des expéditions polaires françaises en Antarctique, de 1908 à 1910. En débarquant du Pourquoi pas ? il rencontre Luce Gain, venue accueillir son frère Louis, spécialiste des manchots empereurs. Jules et Luce donnent naissance à Geneviève et à Jean Rouch.

Après une formation d’ingénieur à l'École nationale des Ponts et Chaussées[1], Jean se fait enrôler avec deux camarades de promotion, Jean Sauvy et Pierre Ponty, comme ingénieur des travaux publics en Afrique. Rouch est affecté au Niger où il construit des routes et des ponts. Après la mort d’ouvriers foudroyés sur un chantier, Rouch découvre les mystères de la religion et de la magie songhay. Il entre alors en ethnographie. Après avoir été expulsé de la colonie du Niger, il prépare à Dakar les campagnes militaires de libération, puis rejoint la 2e division blindée du Général Leclerc et entre avec les armées alliées dans Berlin en 1945.

De retour en France, il suit les cours d'ethnologie de Marcel Mauss et de Marcel Griaule, puis repart, en 1946, en Afrique avec Jean Sauvy et Pierre Ponty pour descendre en pirogue les 4 200 km du fleuve Niger, de sa source jusqu’à l’océan Atlantique. Après cet exploit, il effectue d’autres missions, tourne des films et soutient sa thèse avec son maître Marcel Griaule, lui-même pionnier du cinéma ethnographique. En 1953, chargé de recherches au CNRS, il crée avec Henri Langlois, Enrico Fulchignoni, Marcel Griaule, André Leroi-Gourhan et Claude Lévi-Strauss le Comité du film ethnographique, qui siège au Musée de l'Homme à Paris.

En 1979, il s'intéresse avec Jean-Michel Arnold, au festival L'homme regarde l'homme créé par Jacques Willemont en 1975 à Créteil, puis déplacé en 1978 à Beaubourg. Ils se l'approprient et le rebaptisent Cinéma du réel, qui existe toujours.

En 1978, les autorités de la jeune république du Mozambique demandent à des cinéastes connus, parmi lesquels Jean-Luc Godard et le brésilo-mozambicain Ruy Guerra, de concevoir une politique cinématographique et télévisuelle innovante. Jean Rouch propose pour sa part une approche fondée sur la formation de futurs cinéastes sur place. Jean Rouch et Jacques d'Arthuys, attaché culturel de l’ambassade de France, constituent alors un atelier de formation au cinéma documentaire sur pellicule en super 8, à la pédagogie simple, fondée sur la pratique : « on tourne le matin, on développe à midi, on monte l’après-midi et on projette le soir ». Après cette expérience seront créés en 1981 les Ateliers Varan à Paris (voir interview).

Au cours de sa longue carrière, Rouch, réputé pour son agilité intellectuelle et son don de la parole, enseigne inlassablement le cinéma en France, en Afrique, aux États-Unis et réalise près de cent vingt films. Il a suscité de multiples vocations de cinéastes à travers le monde. Il anime pendant des années le séminaire "Cinéma et Sciences Humaines" à la Cinémathèque Française en collaboration pédagogique avec l'Université de Paris X - Nanterre là où il crée le premier DEA en Études cinématographiques de France.

Influencé par Dziga Vertov et Robert Flaherty, Jean Rouch est l’un des pères fondateurs du cinéma direct. Il a été une source d’inspiration et une constante référence pour les réalisateurs de la Nouvelle Vague. Président de la Cinémathèque française pendant cinq ans (entre 1986 et 1991), il est en 1993 le lauréat du Prix international de la paix. Son œuvre, couronnée par de nombreuses récompenses prestigieuses, s’inscrit dans l’histoire universelle du cinéma.

Au cours d’une ultime mission au Niger sur la route de Tahoua, dans l’Est du pays, Jean Rouch a été victime d'un accident de voiture mortel survenu le 18 février 2004, à la tombée de la nuit, à 16 kilomètres de la ville de Birni N'Konni. Il désirait être incinéré, mais le Niger interdit les crémations. Il repose dans une tombe toute simple dans l'ancien cimetière chrétien de Niamey.

Filmographie

Principaux longs-métrages

Courts et moyens métrages

liste partielle

  • 1947 : Au Pays des mages noirs[2]
  • 1948 : Les Magiciens de Wanzerbe. Rites des magiciens Songhay au Niger.
  • 1949 : Circoncision. Rite de circoncision des enfants de Hombori, un village du Mali.
  • 1949 : Initiation à la danse des possédés. Une femme Songhai de l’archipel de Tillaberi est initiée. Prix du meilleur film non commercial au Festival du Film maudit à Biarritz, organisé par le ciné-club Objectif 49 (dont le Président est Jean Cocteau) et la Cinémathèque d'Henri Langlois.
  • 1952 : Bataille sur le grand fleuve[3]
  • 1954 : Les Maîtres Fous (36 min et d’autres versions). Grand Prix de la Biennale internationale du cinéma de Venise - Film Ethnographique, Mostra, 1957. Rituel d’un groupe d’Africains, une secte religieuse d’ouvriers d’Accra, au Ghana, qui sont possédés par l’esprit des Haukas, « Les Maîtres Fous », dans une mise en scène où ils jouent des personnages associés au pouvoir colonial.
  • 1962 : Abidjan, port de pêche (24 min). À Abidjan, pêcheurs et armateurs exposent leurs problèmes, difficultés et espoirs.
  • 1963 : Rose et Landry, coréalise avec Michel Brault - Prix San Giorgio de la Biennale internationale du Cinéma de Venise. Les relations entre les générations, amours et mariages, émancipation des femmes et exode vers l’Europe des élites africaines.
  • 1962 : Les Veuves de quinze ans (25 min - c.m pour la série Les adolescentes). Les yéyés françaises. Jean Rouch observe le comportement de deux adolescentes de la société yéyé parisienne, dont nous suivons les aventures. L’une est sérieuse, l’autre pas.
  • 1964 : La Gare du nord. Court-métrage de fiction en 4 plans dont deux plan-séquence, d’environ 16 min, faisant partie du film Paris vu par… : Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Jean Douchet, Éric Rohmer, Claude Chabrol et Jean-Luc Godard
  • 1987 : Brise-glace.

Films sur les rituels des Dogons au Mali (Cérémonies du Sigui)

coréalisation avec Germaine Dieterlen
  • 1967 : L'Enclume du Yougo (38 min). Début des fêtes du Sigui. Les hommes rasés et vêtus du costume rituel du Sigui entrent sur la place publique en dansant la danse du serpent. Ils honorent les terrasses des grands morts des 60 dernières années.
  • 1968 : Les Danseurs de Tyogou (27 min). Deuxième année du Sigui. Les hommes préparent les parures du Sigui avant de partir en procession vers les sites des anciens villages et revenir danser sur la place publique. Le lendemain la caverne des masques est préparée pour recevoir le grand masque à la fin des cérémonies.
  • 1969 : La Caverne de Bongo (40 min). Troisième année du Sigui. Les dignitaires achèvent leur retraite dans la caverne du Bongo. Autour du vieil Anaï qui voit son troisième Sigui (il a donc plus de 120 ans) les hommes se préparent avant d'aller faire le tour du champ de lignage et boire la bière communielle.
  • 1970 : Les Clameurs d'Amani (35 min). Quatrième année du Sigui. Interrogé par le chef de Bongo, le « renard pâle » donne la route du Sigui d'Amani. Précédé par les anciens, les hommes du Sigui commencent un itinéraire sinueux avant d'entrer sur la place rituelle.
  • 1974 : L'Auvent de la circoncision (18 min). Septième et dernière année des cérémonies soixantenaires du Sigui. Les trois dignitaires de Yamé sont partis à Songo visiter, dans les falaises, les auvents des cavernes dont les parois sont couvertes de peintures consacrées au Sigui.

Jean Rouch, écrivain, photographe et documentariste

écrivain
  • Bibliographie [1] (sur le site du comité du film ethnographique)
  • L’autre et le sacré: jeu sacré, jeu politique, L’Autre et le Sacré, textes recueillis par C.W. Thompson, Éditions L’Harmattan, Paris, 1995, p. 407-431
photographe :
documentariste :

Jean Rouch acteur

  • L'Œuf sans coquille, un film-opéra de Rina Sherman[4]
  • MM. les locataires, un film de Rina Sherman[5]

Sources et bibliographie

Sources

Bibliographie

  • Préface de Jean Rouch au livre de Georges Sadoul, Dziga Vertov, Champ libre, 1971
  • Préface de Jean Rouch au livre de Théodore Monod, Mémoires d'un naturaliste voyageur, Agep, 1992
  • Préface de Jean Rouch au livre de Marc Gouby, Moïse Fdida, Le tour des hommes intègres, Eden Productions, 2001
  • Collectif, Jean Rouch, un griot gaulois, Cinémaction, 1982
  • Collectif, Découvrir les films de Jean Rouch, Scope Eds, 2010
  • Jean-Paul Colleyn, Catherine de Clippel, Demain, le cinéma ethnographique ?, Cinémaction, 1992
  • Jean-Paul Colleyn, Jean Rouch, Cahiers du Cinéma, 2009
  • Jean Rouch, Nadine Wanono, Germaine Dieterlen, Ciné-rituel de femmes dogon, CNRS Editions, 1987
  • Jean Rouch, La religion et la magie Songhay, Université de Bruxelles, 1996
  • Jean Rouch, Les Songhay, L'Harmattan, 2005
  • Jean Rouch, Alors le Noir et le Blanc seront amis - Carnets de mission 1947-1951, Fayard, 2008
  • R. Predal, Jean Rouch ou le cinéma plaisir , Charles Corlet, 1996
  • Jean Sauvy, Jean Rouch tel que je l'ai connu, L'Harmattan, 2006
  • Maxime Scheinfeigel, Jean Rouch, Paris, CNRS Éditions, (ISBN 9782271077905, lire en ligne)
  • L'Autre et le sacré - Surréalisme, cinéma, ethnologie, textes recueillis par C.W. Thompson, Éditions L’Harmattan, Paris, 1995, p. 407-431

en anglais

Notes et références

Voir aussi

Article connexe

Liens externes