Français louisianais

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Français cadien
Pays États-Unis
Région Louisiane
Typologie SVO flexionnelle syllabique
Classification par famille
Codes de langue
IETF frc
ISO 639-3 frc
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Panneau bilingue franco-anglais à l'entrée de la Louisiane.

Le français cadien (terme dérivé du mot acadien par aphérèse et palatalisation) ou français cajun, parfois aussi appelé « français régional louisianais[1] » est l’une des deux variétés du français parlées essentiellement dans l’État de la Louisiane (États-Unis), particulièrement dans les paroisses du Sud appelées collectivement Acadiana. L’autre dialecte du français louisianais est le français créole, descendant du français populaire véhiculaire de l’époque coloniale (en) (comme le français antillais), qui était la langue maternelle des planteurs (en) et de La Nouvelle-Orléans mais qui ne se parle plus en dehors des limites de cette ville.

À côté du français cadien existe le créole louisianais, idiome de la communauté noire et restreint pour l’essentiel aux paroisses d'Orléans, de St-Bernard, de St-Tamany, de St-Charles, de St-Jean-Baptiste, de Jefferson, de Bâton-Rouge-Ouest, de Pointe-Coupée, d'Avoyelles, de Ste-Marie, d'Iberia, d'Assumption et de St-Landry. Le créole, à la suite de la fusion des communautés francophones, a exercé une certaine influence sur le français cadien.

On présume généralement que le français cadien dérive presque uniquement du français acadien tel qu’il était parlé dans la colonie française d’Acadie (située dans ce qui est maintenant les Provinces maritimes du Canada et le Maine américain).

Le français cadien diffère du français métropolitain par la prononciation, le vocabulaire et l’intonation (linguistique).

L'origine

Le français cadien trouve sa source dans plusieurs langues :

  • Le français parlé par les Acadiens exilés en Louisiane française pour fuir la tutelle des Anglais sur l'Acadie (appelé le Grand dérangement), langue proche du poitevin-saintongeais et des parlers de l'Ouest (angevin, mayennais, tourangeau)[2], dont l'influence se retrouve notamment dans la conjugaison de la première personne du singulier : J'avons, Je sommes, J'allons[3]. Il s'agit de la souche-mère de la langue cadienne.
  • Le français classique parlé par les colons qui ont émigré en Louisiane afin de s'enrichir dans les plantations, qui donne à la langue cadienne des tournures propres au français parlé au XVIIe ou au XVIIIe siècle. Cette influence du français classique se retrouve dans la forme progressive « J'après + Infinitif » comme dans J'après danser pour Je suis en train de danser. Au XVIIe siècle, dans les cours européennes, on aurait dit Je suis aprêt à danser.

Influences lexicales

  • De nombreuses tournures de phrases et du vocabulaire sont empruntés à d'autres langues européennes que le français comme l'anglais ou l'espagnol (la Louisiane fut un territoire espagnol de 1762 à 1803) comme dans : « Nous-autres parents aiment pas le gars que tu sors avec » (la forme générale de la phrase fait penser à la forme the boy you're going out with typiquement anglaise). L'influence de l'anglais des États-Unis est de plus en plus grande au XXe siècle avec l'américanisation de la Louisiane inhérente au boom des transports et à l'industrialisation. Au cours des années, les locuteurs du cadien ont souvent incorporé du vocabulaire anglais (comme truck à la place de camion) puisque ces inventions ont été présentées à la population cadienne à travers la langue anglaise.
  • Du lexique emprunté aux langues amérindiennes :
    • d'origine canadienne et partagé avec le québécois et l'acadien : babiche « lanière de cuir brut », pichou « lynx roux, Lynx rufus », ouaouaron « grenouille géante » ;
    • soit d'origine louisianaise : chaoui « raton laveur », sagamité « gruau de maïs », soco « raisin muscadine, Vitis rotundifolia ».

Aujourd'hui

Pourcentage de locuteurs des Français cadien et/ou standard dans les différentes paroisses louisianaises :
  • 20 à 30 %
  • 15 à 20 %
  • 10 à 15 %
  • 4 à 10 %
  • moins de 4 %
  • En 2007, la plupart des Cadiens d'ancienne génération sont bilingues, après avoir grandi avec le français à la maison et l'anglais pour les études. Les locuteurs du français cadien ont diminué considérablement. Toutefois, des efforts sont faits pour réintroduire la langue parmi les plus jeunes générations. Le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL) a été créé à la fin des années 1960, et continue à enseigner une version de français entre le dialecte ancien cadien et le français de France ou métropolitain. Aujourd'hui, les régions cadiennes de la Louisiane forment souvent des associations avec les Acadiens du Canada, qui envoient des professeurs de français pour réapprendre la langue dans les écoles. Toutefois, les Français et les Belges constituent une partie plus importante du contingent d'enseignants francophones, tandis que plusieurs pays africains et antillais sont également représentés.

    Il existe plusieurs français parlés en Louisiane et il ne faudrait pas réduire l'ensemble de la population francophone aux seuls Cadiens (créoles louisianais des descendants d'esclaves noirs, créoles haïtiens, les créoles guadeloupéens et martiniquais parlés par les immigrés noirs du XXe siècle, français classique des riches propriétaires terriens, français parlés par des tribus indiennes, telle que celle des Houmas, converties au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle) Il est à noter que le mot « créole » en Louisiane n'avait pas de désignation raciale originale mais qualifie par la bouche même des créoles actuels, des individus de diverses origines ethniques et dont les couleurs de peaux varient du blanc à l'ébène ; en effet, « créole » désigne celui qui est autochtone à la Louisiane, bien qu'effectivement le terme ait été placé en antagonisme avec le mot « cajun » au cours du XXe siècle.

    Globalement, le français cadien se fait de plus en plus rare, et déjà, le français du Mississippi à disparu depuis la fin des années 1970, ainsi que le français du Missouri.

    Expressions

    • Laissez les bons temps rouler.
    • Lâche pas la patate.

    Notes et références

    1. (en) Languages and Labels
    2. Surtout du poitevin-saintongeais : exemple les mots « nouzille » (=noisette), « nouger » ou « nougier » (=noyer)… qui sont poitevin, et saintongeais
    3. Autrefois, le même pronom était employé pour les premières personnes du singulier et du pluriel ; la confusion des pronoms sujets à la première personne du singulier et du pluriel était jadis une tendance générale dans le parler populaire français. Exemple : langue de Martine dans Les Femmes savantes ou chez Guy de Maupassant dans le langage des paysans normands.

    Annexes

    Wikipédia en français cadien dans l'Incubateur de Wikimedia.

    Articles connexes

    Liens externes