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Sabéisme

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Le sabéisme est un courant religieux judéo-chrétien mal connu, attesté de façon indirecte pour la première fois dans le Coran, où les sabéens (en arabe : صابئة) sont mentionnés à trois reprises, avec les deux autres « religions du Livre », dans des formules telles que « les Juifs, les sabéens, et les nazaréens ». On trouve le nom de sabéens aussi dans les hadîths, où l'on ne sait rien d'autre que leur adhésion à l'islam[1], alors que leur identité dans la littérature islamique plus tardive (Xe siècle) devient un sujet de discussion et de recherche.

Description

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Les sabéens semblent être un groupe religieux baptiste, monothéiste, antérieur à la conquête musulmane du Proche-Orient. Ils font l'objet de recherches récentes, en particulier pour éclairer les rapports entre l'islam et les sectes judéo-chrétiennes araméennes et syriaques au début de son existence, mais aussi pour éclaircir la naissance des mouvements inspirés par Jésus de Nazareth (les Nazôréens ou Nazaréens) et Jean le Baptiste.

Les sources arabes classiques comprennent le Kitab-al-Fihrist d'Ibn al-Nadim[2] (m. en 987), qui mentionne les Mogtasilah (Mughtasila ou « ceux qui se lavent (sous la forme d'ablutions) »), ce qui correspond au mot grec baptistai (baptistes)[3],[4], une « secte » de Sabéens, à Mésène dans le sud de la Mésopotamie qui indique que El-Hasaih (Elkasaï) était leur fondateur[5]. La grande majorité des universitaires conviennent que cette « secte » est probablement l'énigmatique Sobiai, située « chez les Parthes », à qui Elkasaï a prêché. Leur existence serait alors antérieure au IIe siècle. Les sabéens semblent avoir gravité autour des communautés elkasaïtes pro-juives, dont est issu le prophète elkasaïte Mani[5],[6]. Les informations rapportées par Ibn al-Nadim sont compatibles et confirment celles de la Vita Mani[4].

Comme de nombreux sabéens vivaient à Harran autour du Xe siècle, et que plusieurs auteurs en parlent, les orientalistes ont longtemps cru que leur description s'appliquait aux sabéens pré-islamiques mentionnés dans le Coran. Toutefois, beaucoup d'auteurs musulmans du milieu du VIIe siècle donnent d'autres descriptions des sabéens. Ils écrivent que les Sabéens vivaient autour de Sawad (près de Sana'a au Yémen), à Kutha en Irak (près de Babylone), dans la Characène, dans la ville de Mésène (proche de Ctésiphon) et à Mossoul. Ils « se lavaient avec de l'eau », avaient les « cheveux longs », et portaient des « blouses blanches ». Ils étaient monothéistes, avaient une littérature religieuse (le Zabur) et reconnaissaient les prophètes. Selon les auteurs musulmans, les sabéens suivaient « le quatrième livre » de la tradition abrahamique, « le Zabur », une version du livre des Psaumes (Bible). Ce que l'on sait des sabéens de cette époque provient essentiellement du livre L'Agriculture nabatéenne de Ibn Wahshiyah (IXe et Xe siècles) et de sa traduction par Moïse Maïmonide. Leur théologie ressemble à celle du judaïsme et du christianisme, et contrairement aux sabéens de Harran, ils n'étaient pas des mages. Cela conduit à distinguer les sabéens des « pseudo-sabéens de Harran ».

Les groupes sabéens ont aujourd'hui quasiment disparu. Un mouvement baptiste judéo-chrétien, implanté au Sud de l'Irak et en Iran, pourrait en être les derniers représentants. Il est désigné sous le nom de sabéen par la population locale, mais préfère se nommer mouvement mandéen ou « Nasaréen »[7],[8].

Étymologie

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Il y a eu beaucoup de spéculations sur les origines de l'endonyme religieux désignant cette pratique. Judah Segal (en) (1963)[9] a fait valoir que le terme Sābi'ūn dérive de la racine syriaque « s-b-' » (sba), se référant à la conversion par la submersion[10]. Cette étymologie est en général acceptée[11].

Une interprétation traditionnelle indique toutefois que cette racine renverrait à des prosélytes, des « judaïsants ». Selon ces érudits islamiques, le mot (Sabian) Sābi'ūna est dérivé du verbe saba’a, qui se réfère à l'action de quitter une religion et entrer dans une autre[12].

Confusion avec les habitants de Saba

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Le groupe religieux antique des Sabéens ne doit pas être confondu avec les habitants du royaume de Saba, et donc les Sabéens, habitants du Yémen et de l'Éthiopie. Le mot qui désigne l'habitant de Saba n'a pas de rapport étymologique, étant écrit avec la lettre arabe initiale Sin (س), alors que l'adepte de la « secte » s'écrit avec la lettre initiale Sad (ص).

Alors qu'il existait déjà une confusion entre les pseudo-sabéens de Harran et les Sabéens antiques, une faute de Marmaduke Pickthall (1875 – 1936) dans sa traduction du Coran en Anglais (The Meaning of the Glorious Koran (en)), semble avoir contribué à compliquer le problème. Celui-ci a confondu les mots anglais Sabaeans et Sabians. Le mot « Sabaeans » désigne les habitants de l'ancienne Saba et correspond au mot arabe qui commence par la lettre Sin. Les Sabéens dont parle le Coran s'écrivent avec la lettre initiale "Sad".

Au VIIe siècle, il semble qu'à Saba, seule la tribu Ansâr pratiquait le sabéisme coranique. En revanche, à la même époque ou juste après, les auteurs musulmans mentionnent l'existence de Sabéens autour de Sawad (près de Sana'a au Yémen) qui doivent correspondre aux Sabéens coraniques. Mais ils parlent aussi de Sabéens, dans ce qui correspond aujourd'hui à l'Irak, à Kutha (au sud de Ctésiphon et Séleucie), à Koufa (un peu plus au sud), dans la Characène, dans la ville de Mésène (ancienne Charax Spasinou sur le Chatt-el-Arab) et à Mossoul (actuel Kurdistan irakien), toutes villes d'Irak situées au bord du Tigre ou de l'Euphrate.

Dans les sources islamiques anciennes

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Le Coran cite brièvement les sabéens à trois reprises[13] et les hadîths fournissent de plus amples détails qui permettent de savoir qu'ils étaient aussi des « Gens du Livre ». Les sabéens existaient avant Mahomet et ceux d'Arabie se seraient placés sous la loi islamique vers 639 (sous le calife Omar), sept ans après la mort du prophète de l'islam. Il est donc logique que dans les hadîths, ils soient présentés comme convertis à l'islam[1], alors qu'ils ne le sont pas encore lorsque Mahomet s'exprime. La conversion de 639 ne peut concerner que les sabéens d'Arabie et de Nabathée[N 1].

Les Sabéens partageaient avec Mahomet, la pratique d'aller dans des grottes pour s'y recueillir, dans leur quête pour le Tawhid Hunafa', qu'ils appelaient « La ilaha ila Allah ». Selon la tradition, c'est dans une grotte que le prophète de l'islam a reçu sa révélation. Des sources contemporaines de Mahomet indiquent que lui et ses premiers disciples ont souvent été qualifiés de Sabéens[N 2],[N 3],[N 4],[N 5],[N 6]. Ils semblent souvent considérés comme ayant été Sabéens.

Selon les auteurs musulmans, les sabéens suivaient le quatrième livre de la tradition abrahamique, « le Zabur », qui d'après le Coran, a été donné au roi David, prophète de l'ancien Israël. Le Zabur est identifié par de nombreux érudits modernes comme une version du livre des Psaumes (Bible). Les Psaumes sont traditionnellement attribués au roi David (Xe siècle av. J.-C.). Les Manuscrits de la mer Morte montrent de nouveaux psaumes, rédigées plus tard, mais ce sont des apocryphes que les rabbins, et les chrétiens, n'évoquent jamais. Le mouvement « Yahad » qui tient une grande place dans une centaine de ces manuscrits retrouvés dans des grottes près de Qumrân et qui sont probablement les Esséniens, ou l'une des quatre tendances d'Esséniens, accordait lui aussi une grande importance aux psaumes attribués à David[14],[N 7].

« En arabe selon T. Fahd dans la notice « Sabi'a » de l'Encyclopédie de l'Islam, natsoraye/observants désigne l'une des deux branches de la secte musulmane des Sabi'un ou Sabéens, des baptistes apparentés aux Elkasaïtes au VIIe siècle et considérés dans le Coran comme faisant partie des Gens du livre/ahl al-kitab »[15].

Au VIIIe siècle

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Au VIIIe siècle, Abd al-Rahman Ibn Zayd (m. 798) écrit que les sābi'ūn « vivaient à proximité de Mossoul (Jazirat al-Mawsil) et croyaient en un Dieu unique. » Il a également fait remarquer que : «les sābi'ūn ne croient pas au prophète et messager Mahomet, mais que les polythéistes étaient connus pour dire du Prophète et de ses compagnons « ce sont des sabéens (Sabi) », ce qui montre qu'à leurs yeux, il n'y avait pas beaucoup de différence[N 8],[N 9]. À la même époque, Abû Hanîfa, le fondateur de l'école de jurisprudence hanafi (m. 767), parlant des sabéens de Koufa dit qu'ils « lisaient le Zabur et se situaient entre le judaïsme et le christianisme »[N 10]. La majorité des auteurs de cette époque utilisent la même formule pour les situer[N 11],[N 12],[N 13], toutefois, d'autres auteurs les situent entre le judaïsme et le magisme, mais sans que l'on puisse localiser les sabéens dont ils parlent[N 14],[N 15],[N 16], ou même savoir s'ils connaissent directement des Sabéens, ou s'ils sont seulement en train de discuter de jurisprudence à partir de leurs connaissances livresques.

Au IXe siècle

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Au IXe siècle, Ash-Shâfi'î essaye d'identifier leurs croyances, pour savoir si « la djizîa, l'impôt taxant les non-musulmans s'ils n'appartenaient pas aux « Gens du Livre », doit leur être appliquée ». Il cherche à savoir s'ils sont différents, ou non, des chrétiens sur des questions fondamentales. Dans un autre écrit, il indique : « Ils sont une sorte de chrétiens ».

La plupart de ce qui est connu au sujet des sabéens vient du livre « L'Agriculture nabatéenne » de Ibn Wahshiyah (IXe et Xe siècles) et de sa traduction par Moïse Maïmonide.

Au Xe siècle

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Les autres sources arabes classiques comprennent le Kitab-al-Fihrist d'Ibn al-Nadim (m. en 987), qui mentionne les Mogtasilah (Mughtasila « ceux qui se lavent » ou « ceux qui font des ablutions »[3],[4]), une « secte » de Sabéens dans le sud de la Mésopotamie qui raconte que El-Hasaih (Elkasaï) était leur fondateur[16]. La grande majorité des universitaires conviennent que cette « secte » est probablement l'énigmatique Sobiai, située « chez les Parthes », à qui Elkasaï a prêché. Dans le livre d'Ibn al-Nadim, qui est une véritable encyclopédie sur la culture islamique, on peut lire trois passages sur la communauté de baptistes (désignée par le mot arabe mughtasila) de Mésène[6]. Selon Daniel Chwolson (1856), ces Sabéens semblent avoir gravité autour de l'original pro-juif Hanputa (Elkasaïtes) d'Elkasaï à partir de laquelle le prophète elkasaïto-judaïque Mani fait sécession. Par conséquent, ils sont identifiés aux « Sampséens » pro-Torah, mais aussi avec moins de précision aux mandéens anti-Torah. Ils sont mentionnés par Khalil ibn Ahmad (m. en 786) comme croyant qu'ils « appartenaient » au prophète Noé[N 17].

Originaire de Kaskar en Mésène, l'évêque nestorien Théodore bar Konaï consacre une notice à « l'hérésie des Dosthéens qu'enseigna Ado mendiant », groupe baptiste encore dynamique à son époque. Il indique qu'en Mésopotamie, le mouvement de Ado est appelé Mandéens et Maskinéens[17]. Plus tard, au XIVe, L' historien arabe Ibn Khaldun écrivit dans al-Muqaddima (IV, VI) : "Jérusalem est la 'Mosquée éloignée'. À l'origine, au temps des Sabéens, le site était occupé par un temple de Vénus. Les Sabéens y faisaient une offrande d'huile, qu'ils répandaient sur le Rocher qui se trouve à l'intérieur. Plus tard, ce temple fut détruit… Les Sabéens qui ont bâti le temple de Venus étaient contemporains d'Abraham."

Sabéens, mughtasila et elkasaïtes

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Les indications d'Ibn al-Nadim permettent d'identifier assez clairement que le groupe de Sabéens dont il parle est celui que les hérésiologues chrétiens appellent les Elkasaïtes, du nom de son fondateur Elkasaï. Ce qui ressort aussi des textes manichéens. Selon Simon Claude Mimouni, les Elkasaïtes « correspondent aux mughtasila de la tradition islamique »[18].

Cette communauté de baptistes, habitant Mésène, semble bien être la même que celle à laquelle Elkasaï a prêché son « nouveau baptême de rémission des péchés » dès l'an 100 (la troisième année du règne de Trajan). Une communauté d'où sortira ensuite aussi le prophète Mani. Cela semble montrer que cette communauté de baptistes de Mésène (appelée à l'époque Charax Spasinou) existait depuis au moins la fin du Ier siècle.

Vers 100, Elkasaï (« force cachée ») a créé à Mésène un nouveau mouvement religieux, qui portait probablement le nom de Sampséen[19], à partir d'un groupe juif déjà existant, qui se caractérisait essentiellement par des pratiques baptistes, qui pourrait être celui des « osséens »[20] et aurait été « établi vers la fin du Ier siècle en Syrie sous domination parthe »[19]. Il est fort possible qu'Elkasaï, avant de fonder son propre groupe, ait été un judéo-chrétien ébionite[19], ou Nazôréen — ces deux appellations pouvant désigner le même groupe — mais se rattachant à la Syrie de l'Est[21], c'est-à-dire à l'Osroène et l'Adiabène, régions de langue araméenne situées à l'Est de l'Euphrate.

Origine des pseudo-Sabéens d'Harran

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Ernest Renan dans sa Vie de Jésus introduit l'hypothèse d'une influence éloignée de l'Inde. Des moines bouddhistes seraient parvenus jusqu'à Babylone et en Syrie. Boudasp (Bodhisattva), le fondateur du sabisme, serait réputé originaire de l'Inde.

Dans son Précis de la géographie universelle (Paris 1847), Malte-Brun précise que le sabéisme tient un rang plus élevé que le polythéisme et consiste dans l’adoration des corps célestes, du Soleil, de la Lune et des étoiles, soit séparément, soit tous ensemble. Et Malte Brun d'ajouter : « Ce système très ancien, répandu sur toute l’étendue du globe, même au Pérou, s’est mêlé avec toutes les autres religions ; mais il n’existe plus sans mélange que chez quelques tribus isolées. Son nom vient des Sabéens ou Sabiens, ancien peuple de l’Arabie. » Certains estiment que cette religion aurait fait des emprunts au platonisme qu'elle aurait transmis à l'Islam[22]. Sarakhsi écrivit un ouvrage sur eux[23].

Les Mandéens, Sabéens d’Iran et d’Irak

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La rivière du Jourdain où l'Evangile selon Jean et certains hadiths racontent que Jésus y rencontra Jean-Baptiste fils de Zacharie (Yahya ibn Zakariya)[24].

Les mandéens d'Irak sont désignés sous le nom de sabéens, Sabiens ou sabaya صابئة (« baptistes »), par la population environnante. Ce nom souligne l’importance prise dans cette « secte » par les rites du baptême. C’est aussi de cette troisième appellation que les auteurs musulmans se servent de préférence, alors que les membres de cette « secte » se désignent sous les noms de nasaréens ou mandéens et affirment qu'ils trouvent leur origine à Jérusalem, d'où leurs lointains ancêtres se seraient enfuis. Selon leurs traditions, leur communauté se serait formée autour de Jean Baptiste, qu'ils reconnaissent comme seul prophète et considèrent Jésus-Christ, puis Mahomet, comme des usurpateurs. Ils pourraient être issus du mouvement de Jean Baptiste et de ceux qui ne se sont pas ralliés à Jésus. Leur départ de Judée pourrait résulter de la destruction de Jérusalem par les Romains en 135, après la défaite de la Révolte de Bar Kokhba. Toutefois, si André Paul estime « qu'ils avaient des liens idéologiques avec les mouvements évoluant en marge du judaïsme de Palestine, en Transjordanie exactement »[25]. Cela ne « peut nous mener [que] jusqu'au IIe siècle chrétien, mais guère plus haut »[25]. Il estime donc « très improbable », la tradition mandéenne qui fait remonter leur existence à Jean le Baptiste (mort vers 35). Toutefois, nombre d'autres spécialistes ne sont pas aussi catégoriques.

Cette religion a pour obligation de vivre auprès des fleuves pour pouvoir baptiser les fidèles. Ce serait en partie à cause de cette particularité qu'elle est restée confidentielle, et qu'elle ne subsiste que dans quelques régions d'Iran et d'Irak.

La « secte » mandéenne a été révélée en 1652 par un missionnaire carme, qui décrivait ses membres sous le nom de «chrétiens de saint Jean»[26]. Ce terme est aussi utilisé préalablement dans un rapport daté de 1555 écrit par les moines portugais d'Ormuz. C'est une religion gnostique et baptiste. Le terme mandéen a un rapport avec la gnose (manda, en araméen). Les Mandéens sont nommés Mandaiuta en mandéen (un dialecte de l'araméen), et en arabe Mandā'iyya مندائية. D’après l’étymologie, les « mandéens » (mandaya) seraient les hommes de la connaissance (manda), mais ils se désignent eux-mêmes d’un autre nom, celui de « nasoraia » (« nasoréens »)[26]. D'après André Paul : « la secte gnostique des mandéens, dans ses Écritures rédigées dans un dialecte araméen oriental, se nommait indistinctement mandayya ou nasôrayya »[27].

Le Chatt-el-Arab où vivaient jusqu'en 2003, l'essentiel des Mandéens et où Elkasaï puis Mani ont fondé leur première communauté. Comme tous les cours d'eau qui servent à leurs rites baptismaux, les Mandéens l'appellent Jourdain.

André Paul et Simon Claude Mimouni estiment que les Mandéens sont membres du seul courant vraiment baptiste qui a persisté jusqu'à nos jours[8]. Tous deux mentionnent la possibilité que ce courant soit un héritier du mouvement Elkasaïte[28],[8].

Ils ne semblent donc pas issus des nazôréens qui ont reconnu Jésus comme Messie, mais justement de ceux qui ont refusé cette reconnaissance. Les spécialistes de l'analyse des premiers textes chrétiens (évangiles et Nouveau Testament) détectent d'ailleurs dans ces textes le fait que tous les partisans de Jean le Baptiste ne se sont pas ralliés à Jésus/Îsâ. François Blanchetière et André Paul font remarquer qu'Épiphane de Salamine parle de Nasaréens distincts des Nazôréens qui « existaient avant Jésus et n'ont pas (re)connu Jésus »[27]. Il est difficile de dire si la différence entre Nasôréens (nasôrayya) et le nom que nous connaissons depuis le grec nazoraios (Nazôréens) est significative.

Jusqu'au déclenchement de la guerre d'Irak (2003), l’immense majorité des Mandéens vivait en Iraq, particulièrement le long des cours inférieurs du Tigre et de l’Euphrate et près du Chatt-el-Arab, avec une minorité notable en Iran dans le Khouzistan. La plupart se sont depuis dispersés, en particulier en direction de l’Iran, mais aussi de la Syrie, de la Jordanie et de pays occidentaux. En 2007, il ne restait que 5 000 d'entre eux en Irak et ils sont menacés de disparition totale dans ce pays[29]. La plupart des 50 000 mandéens existant dans le monde sont extrêmement dispersés.

Notes et références

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  1. En 639, la Nabathée vient à peine d'être conquise. En 637 Abû Ubayda prend Baysan (ancienne Scythopolis), Tibériade et Fahil (ancienne Pella). L'empereur byzantin se replia à Antioche. Damas avait été conquise, après un long siège, en janvier ou septembre 635 (cf. Tabari, ibidem p. 124. Tabari hésite entre les deux dates, mais semble préférer la seconde). Ces conquêtes indiquent la situation vers 639. À cette date, cette conversion ne peut aucunement concerner les sabéens de l'espace Perse et du Nord de la Syrie.
  2. Rabiah Ibn Ubbad (who lived at the same time as Mohammed) wrote: "I saw the prophet when I was a pagan. He was saying to the people, ‘if you want to save yourselves, accept that there is no God but Allāh’ At this moment I noticed a man behind him saying ‘he is a sabi.’ When I asked somebody who he was he told me he was ‘Abu Lahab, his uncle."
  3. ‘Abd al-Rahman ‘ibn ‘Zayd (d.798 AD) wrote: "The polytheists used to say of the prophet and his companions ‘these are the Sabians’ comparing them to them, because the Sabians who live Jaziartal-Mawsil (today known as Iraq) would say ‘La ilaha ila Allah’."
  4. Both Ibn Jurayi (d. 767) and Ata Ibn Abi Rabah (d.732) wrote: "I saw the prophet when I was a pagan. He was saying to the people, ‘If you want to save yourselves, accept that there is no God but Allāh.’ At this moment I noticed a man behind him saying ‘He is a sabi.’ When I asked somebody who he was he told me he was ‘Abu Lahab, his uncle' Of the relationship between the Sabians who lived in Sawad (in Iraq) and Muhammad it is mentioned that the polytheists of Mecca were heard to say of Muhammad "he has become a Sabian."
  5. Ibn Jurayi (who lived in the 8th century) also wrote: The Sabians are in Sawad and are between the Magians, Christians, or Jews. He also wrote that the polytheists said of Mohammed: “He is a Sabian”.
  6. Abd al-Rahman Ibn Zayd (d798 AD) wrote: "The prophet and his companions are referred to as 'these are the Sabians' comparing Mohammed to the Sabians."
  7. Parmi les Manuscrits de la mer Morte, « on a retrouvé les restes de trente-sept rouleaux que l'on dit « de Psaumes ». Ils comprennent, parfois en nombre, des psaumes bibliques accompagnés de textes poétiques divers […] Il n'est pas certain que pour l'heure, à l'époque de Jésus disons, on fût en présence de psautiers dans le sens acquis du terme. » cf. André Paul, Qumrân et les Esséniens. L'éclatement d'un dogme, Paris, Cert, 2008, p. 44.
  8. Abd al-Rahman ‘ibn Zayd (d. 798 AD) wrote: "The Sābi'ūn say that their religion is a religion to itself and they live near Mosul (jazirat al-mawsil) and believe in only one God." He also wrote that they have: "… no cult though their main belief is “La ilaha il Allah”." He also remarked that: "the Sābi'ūn did not believe in the Prophet Mohammed (in the same way as his followers did), yet the polytheists were known to say of the Prophets and his companions “these are the Sabians” comparing them to them."
  9. Wahb Ibn Munabbih (d 728-732 AD), who was originally from Iran, wrote: "The Sabians believe 'La ilaha il Allāh' but they do not have canonical law."
  10. Abu Hanifah (d.767 AD) who is the founder of the Hanafite school of Islamic Law wrote: "The Sabians read Zaboor and are between Judaism and Christianity."
  11. ‘Awza’ (d.773 AD) a representative of the ancient Syrian school of religious studies wrote: "The Sabians are between Judaism and Christianity."
  12. Malik ‘ibn ‘Anas (d795) wrote: "The Sabians are between Judaism and Christianity…."
  13. Ahmad Ibn Hanbal (d. 855 AD) the Imam of Baghdad wrote: "The Sabians are a sect of Christianity or Judaism."
  14. ‘Ibn Abi Nujayh (d. 749) wrote: "The Sabians were between Judaism and Magianism."
  15. Suddi (d. 745) also wrote: "The Sabian religion is between Judaism and Magianism."
  16. Mujahid ‘ibn Jarir (d 722) wrote: "The Sabians have no distinctive religion but is somewhere between Judaism and Magianism."
  17. Khalil Ibn Ahmad (d. 786-787 AD), who was in Basra before his death, wrote: “The Sabians believe they belong to the prophet Noah, they read Zaboor (le Zabur), and their religion looks like Christianity.” He also states that "they worship the angels."

Références

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  1. a et b cf. Sahih Bukhari, Livre 7, Hadith 340, Livre 59, Hadith 628, livre 89, hadith 299, etc.
  2. « Le Kitab-al-Fihrist (le Catalogue des sciences, appelé aussi Fihrist al-'Ulum) d'Ibn al-Nadim, l'auteur arabe de la fin du Xe siècle, contient une notice hérésiologique sur le Manichéisme. Nous y apprenons des informations précieuses sur le milieu d'origine de Mani et de ses parents dans la ville de Mésène (proche de Ctésiphon). » Il y parle aussi des mughtasila. (cf. Simon Claude Mimouni, op. cit., p. 204.)
  3. a et b Voir G. Flügel, Mani, seine Lehre und seine Schriften, Leipzig, 1862, pp. 328, 340, 341.
  4. a b et c Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 204.
  5. a et b Daniel Chwolsohn, Die Sabier, 1856, I, 112; II, 543, cité par Salmon.
  6. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 205.
  7. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, pp. 228,229.
  8. a b et c André Paul, Les mouvements baptistes
  9. Judah Segal (en), The Sabian Mysteries. The planet cult of ancient Harran, Vanished Civilizations, ed. by E. Bacon, Londres, 1963
  10. The city of the Moon god: religious traditions of Harran p. 112 Tamara M. Green - 1992 « Segal was inclined to believe that the root of the word Sabian was Syriac. Rejecting the notion that it means baptizer… Even if the etymology proposed by Segal is correct, nevertheless the question of how Muhammad learned about these… »
  11. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, étymologie de Sabéen
  12. He is asking about the Sabians: who were they and what were their beliefs?, Islam Q&A, consulté le 23 avril 2006
  13. Coran, versets 2:62 ; 5:69 ; 22:17 qui mentionnent « les Juifs, les sabéens, et les chrétiens », cf. Bernard Lewis, op. cit.
  14. cf. André Paul, La Bible avant la Bible, Cerf, Paris, 2005, p. 121-126.
  15. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 240.
  16. Daniel Chwolson, Die Sabier, 1856, I, 112; II, 543, cited by Salmon.
  17. Christelle Jullien, Florence Jullien, Aux origines de l'Église de Perse: les Actes de Mār Māri, éd. Peeters, 2003, Louvain, p. 30.
  18. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 213.
  19. a b et c Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 212
  20. L'appellation de ce groupe varie selon les manuscrits et son identification est incertaine : certains y voient la survivance de communautés esséniennes après la restructuration pharisienne du judaïsme après la destruction du Temple de 70 ; cf. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, coll. « Présence du judaïsme », , 261 p. (ISBN 2-226-15441-8, BNF 39275838), p. 254
  21. Jean Danielou, L'Église des premiers temps: des origines à la fin du IIIe siècle, Ed. du Seuil, Paris, 1985, p. 68, extrait en ligne.
  22. Laboratoire d’Études sur les Monothéismes UMR 8584
  23. Les livres hermétiques
  24. "Yahya ben Zakariyya", Encyclopædia of Islam.
  25. a et b André Paul, Les mouvements baptistes, 2005, sur http://www.clio.fr
  26. a et b Encyclopædia Universalis, Article « Mandéisme ».
  27. a et b André Paul, Encyclopædia Universalis, Article « NAZARÉENS, religion »
  28. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, p. 228,229.
  29. "Save the Gnostics" par Nathaniel Deutsch, 6 octobre 2007, The New York Times.

Bibliographie

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  • Bock (baron de) Essai sur l’histoire du sabéisme, auquel on a joint un Catéchisme, qui contient les principaux dogmes de la religion des Druses, Metz, Lamort, Devilly & Belin, 1788
  • Sur les Sabéens du Coran : Welhausen, Reste arabischen Heidenthums. Berlin, 1897, p. 236 et suiv., 2e éd.
  • Sur les Pseudo-Sabéens de Harran : D. Chwolsohn, Die Ssabier und der Ssabismus, Saint-Pétersbourg, 1856, 2 vol. [1]
  • Dozy et de Gocje, "Mémoire… contenant de nouveaux documents pour l'étude de la religion des Harraniens" - (Actes du 6e Congrès international des orientalistes, 2e partie, section sémitique; Leyde, 1885).
  • Dussaud, Histoire et religion des Nosairis. Paris, 1900.
  • Tamara M. Green, The City of Moon God: Religious traditions of Harran. E. J. Brill, Leyde, 1992.
  • Guy MONNOT. "Abu Qurra et la pluralité des religions". Revue de l'Histoire des Religions, RHR 1/1991. Théodore Abu Qurrah (750-825) était un évêque melkite de Harran.. L'article de Guy Monnot contient une traduction des chapitres cités plus haut dans le texte de la notice.
  • Michel Tardieu, "Sâbiens coraniques et sâbiens de Harrân", Journal Asiatique, vol. 274, (1986) : 1-44.
  • Sarah Stroumsa, "Sabéens de Harran et Sabéens de Maïmonide" in: Maïmonide et les traditions scientifiques et philosophiques médiévales (arabe, hébreu, latin), Sous la direction de T. Lévy et R. Rashed, Peeters, Paris / Louvain (Coll. Ancient and Classical Sciences and Philosophy), 2002. Actes du Colloque Maïmonide, Paris, Institut du monde arabe, 1997.
  • Dominique Urvoy, "La tradition vivante de l'Antiquité dans la philosophie arabe", in: Hélène Guiraud, Musulmans et tradition classique: l'objet dans l'image ; historiographie, 2003, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, p. 89-96.
  • Claire Lefort, Les Sabéens-Mandéens : premiers baptistes, derniers gnostiques, Éditions du Cygne, Paris, 2017.

Articles connexes

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Liens externes

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  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généralisteVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Charles de Brosses, Du culte des Dieux Fétiches, ou Parallèle de l'ancienne Religion de l'Égypte avec la Religion actuelle de Nigritie, 1760 (Introduction, p. 5-17).