Richelieu dans les arts et la culture

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Le cardinal de Richelieu au siège de la Rochelle, par Henri-Paul Motte. Musée d'Orbigny Bernon, La Rochelle, 1881.

Le cardinal de Richelieu a été l'objet de très nombreuses représentations artistiques.

Arts plastiques[modifier | modifier le code]

Richelieu commande plusieurs portraits de sa personne au peintre Philippe de Champaigne, qui est son portraitiste attitré et seul peintre autorisé à le représenter en habit de cardinal. En tout, Champaigne réalise onze portraits de Richelieu.

Le Bernin, le plus célèbre sculpteur de l'époque, réalise un buste du cardinal aujourd'hui conservé au musée du Louvre, dans la galerie de sculpture italienne.

François Girardon réalise une statue du cardinal de Richelieu (1585-1642) qui se dresse dans la chapelle de la Sorbonne, sur son tombeau.

Abraham Dupré grave une médaille du cardinal.

Littérature[modifier | modifier le code]

Certains voient en lui l'un des plus importants ministres qui aient gouverné la France : ses visions politiques sont fécondes et sont mises à exécution avec une persévérance, une fermeté inébranlables. La tradition populaire — influencée par le portrait qu'en a tracé Alexandre Dumas — retient l'image d'un personnage froid et machiavélique, presque maléfique[1], qui mérite — au regard de l'histoire réelle — d'être sérieusement nuancé. On lui reproche de s'être montré implacable et d'avoir quelquefois exercé des vengeances personnelles sous le prétexte des intérêts de l'État. La couleur rouge de sa cape ou la couleur pourpre de sa soutane cardinalice s'accordent — disent ses adversaires — à son caractère sanguinaire. Comme en témoigne le vers par lequel se termine Marion de Lorme : « Regardez tous ! Voilà l’homme rouge qui passe ».

  • Corneille a des sentiments mitigés au sujet de Richelieu qui avait encouragé les critiques de l'époque au sujet de la « querelle du Cid », aussi compose-t-il ces vers à la mort du cardinal-ministre en 1643[2] :

Qu’on parle mal ou bien du fameux Cardinal

Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien ;

Il m’a trop fait de bien pour en dire du mal ;

Il m’a trop fait de mal pour en dire du bien.

Ci-gît un fameux Cardinal

Qui fit plus de mal que de bien ;

Le bien qu'il fit, il le fit mal ;

Le mal qu'il fit, il le fit bien.

  • La Fontaine, dans son Voyage dans le Limousin, écrira « Le cardinal de Richelieu… Cardinal qui tiendra plus de place dans l'Histoire que trente papes[4]. »
  • Voltaire, qui conteste la paternité de son Testament politique, l'admire mais lui reproche son trop grand pouvoir[5], comme Montesquieu dans ses Pensées[6].
  • Alexandre Dumas en fait un des personnages principaux des Trois mousquetaires : il le dépeint comme l'homme d'État par excellence, machiavélique et empli de sa mission gouvernementale, le qualifiant de « grand » cardinal par opposition au « petit » qui lui succède, Mazarin (D'Artagnan devient lieutenant des mousquetaires grâce à Richelieu). Alexandre Dumas en fait également le personnage principal d'un autre roman : Le Sphinx rouge ou Le comte de Moret.
  • Michel Zévaco, dans L'Héroïne, en fait la cible d'une vengeance féminine après l'assassinat de la mère de l'héroïne, Annaïs de Lespars. Richelieu est enterré dans la chapelle de la Sorbonne.
  • Alfred de Vigny, dans son Cinq-Mars paru en 1826, est l'un des premiers auteurs à poser « l'Homme rouge ». Le cardinal y est l'ennemi du jeune marquis d'Effiat, qui va tout tenter pour l'éliminer et affranchir l'infortuné Louis XIII de l'influence de son tout-puissant ministre. Richelieu est dépeint par Vigny comme un être omnipotent, quasi omniscient, machiavélique, égocentrique et valétudinaire.
  • Victor Hugo sera influencé par cette perception du cardinal-duc, dans sa pièce Marion de Lorme[7] : « Meure le Richelieu, qui déchire et qui flatte ! L’homme à la main sanglante, à la robe écarlate ! »[8].
  • Certains romantiques reprennent des pamphlets de l'époque du Cardinal pour en faire un débauché, un incestueux amant de ses nièces, un sceptique voire un incroyant[9].
  • Balzac y fait également référence à la fin de son roman Illusions perdues.
  • Robert Merle, dans les tomes 10 à 13 de Fortune de France, dépeint un personnage formidablement subtil et calculateur mais essentiellement obsédé par le service du roi ; l'auteur présente les manœuvres du cardinal comme toujours inspirées par le bien public.
  • Dans Le Rouge et le noir de Stendhal, le cardinal inspire Julien Sorel : « On avait déposé dans sa chambre un magnifique buste en marbre du cardinal Richelieu, qui malgré lui attirait ses regards. Ce buste avait l'air de le regarder d'une façon sévère, et comme lui reprochant le manque de cette audace qui doit être naturelle au caractère français. De ton temps, grand homme, aurais-je hésité ? ».
  • Le cardinal apparaît également dans le roman d'Umberto Eco, l'Ile du Jour d'Avant. La course à la suprématie maritime entre les puissances européennes de son temps donne l'occasion au cardinal, par l'intermédiaire de son collaborateur et futur successeur Mazarin, de confier une mission d'espionnage au héros de ce récit, Roberto de la Grive, à propos du « secret des longitudes ».
  • La série de romans de fantasy historique Les Lames du cardinal de Pierre Pével dépeint Richelieu comme un homme d'Etat froid et cynique, amateur de dragonnets plutôt que de chats.
  • Dans Les Simples de Yannick Grannec, le cardinal inspire le personnage fictif de l'évêque de Vence, Jean de Soline, notamment lors de la scène de pose pour le portrait triple de l'évêque, de ses ambitions à avoir du pouvoir, de sa relation avec sa maitresse et des chats.

Cinéma, télévision et théâtre[modifier | modifier le code]

Si Richelieu a connu de nombreuses incarnations au cinéma, à la télévision et au théâtre là encore, le personnage est le plus souvent, à quelques exceptions près, traité d'après l'œuvre originale d'Alexandre Dumas.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • 1839 : Virginie Déjazet dans la pièce de théâtre Les Premières Armes de Richelieu ;          
  • 1945 : Miguel Moya dans Los tres mosqueteros ;
  • 1951 : Pascal Mazzotti dans la pièce de théâtre Les Trois Mousquetaires ;
  • 1986 :Noel Ferrier dans Les Trois Mousquetaires ;
  • 1991 : Hervé Van Der Meulen dans la pièce de théâtre Les Trois Mousquetaires ;
  • 1999 :
    • Jean-Pierre Moulin dans la pièce de théâtre Les Trois Mousquetaires ;
    • Pierre Bianco dans la pièce de théâtre Les Trois Mousquetaires ;
  • 2002 : Michael Shallard dans L'Église et la Couronne, épisode radiophonique de la Série Doctor Who ;
  • 2005 :
    • Tchéky Karyo dans D'Artagnan et les Trois Mousquetaires ;
    • Niels Olsen dans Les Trois Mousquetaires ;
  • 2006 : Par des interprètes multiples dans le spectacle Mousquetaire de Richelieu au Grand Parc du Puy du Fou depuis 2006 ;
  • 2008 :
    • Paul Delize dans la pièce de théâtre La Jeunesse des trois mousquetaires ;
    • Fabien Cicoletta dans un ballet en deux actes ;
  • 2016 : Christophe Héraut dans la comédie musicale Les Trois Mousquetaires ;    
  • 2018 :
    • Bruno Argence dans la pièce de théâtre Les Trois Mousquetaires ;
    • Acteur non crédité dans Un âge de fer - La guerre de Trente Ans ;

Documentaires et reportages[modifier | modifier le code]

À la différence des œuvres de fiction, plusieurs documentaires ont su restituer les apparences de la réalité historique du cardinal de Richelieu.

  • Dans son émission, l'historien Alain Decaux relate l'action du cardinal dans l'Affaire des Possédées de Loudun. L'époque nommé Les Possédées de Loudun sur la deuxième chaîne de l'ORTF, le 4 juin 1973[10].
  • L'émission Secrets d'Histoire intitulée Le cardinal de Richelieu : le ciel peut attendre, réalisée par David Jankowski, lui est consacrée. Le documentaire s’intéresse en particulier à son héritage politique et culturel pour l’histoire de France, et reconstitue en images de synthèse le château qu'il fit construire dans la ville de Richelieu[11],[12].
  • L'émission La Guerre des trônes, la véritable histoire de l'Europe, présentée par Bruno Solo, aborde dans l'épisode Richelieu, un cardinal à abattre, la montée en pouvoir du Cardinal avec les tentatives de complot à son encontre dont notamment la journée des Dupes.
  • L'émission Visites privées, réalisée par Sébastien Devaud et présentée par Stéphane Bern avec la chroniqueuse Louisa Ould, s'intéresse à ses réalisations architecturales ainsi que sa fortune personnelle dans l'épisode Les trésors de l'Eglise : Le cardinal Richelieu, un personnage très atypique ! diffusé en 2016.
  • Les Grandes Batailles du passé, série télévisé historique de Henri de Turenne et Daniel Costelle, présente le rôle joué par le cardinal de Richelieu pendant le Siège de la Rochelle dans l'épisode Le siège de la Rochelle 1627, diffusé pour la première fois en 1977.
  • Toute l'Histoire, série de reportage historique réalisé par Gilbert Di Nino, dans l'épisode Louis XIII de 2011, montre le rôle politique du cardinal de Richelieu comme principal ministre du royaume de France.
  • L'Ombre d'un doute, magazine présenté par Franck Ferrand, dans l'épisode Les possédées de Loudun : une manipulation de Richelieu ? diffusé en 2012, parle du potentiel rôle qu'aurait eu le ministre de Louis XIII en 1632 dans l'Affaire des démons de Loudun, contre le prêtre catholique Urbain Grandier, de la ville de Loudun, en France.
  • Au cœur de l'histoire émission de radio sur l'Histoire, produite par Europe 1, dans l'épisode Le cardinal de Richelieu, dresse les dernières années au pouvoir du Cardinal, en compagnie de l'historien Michel Carmona.
  • La série documentaire britannique Ceux qui savaient trop, réalisée par Bruce Burgess, dans l'épisode 4 de 2015, considère les méthodes utilisées par le principal ministre du roi Louis XIII comme celles d'un fin stratège et un maître inégalé des jeux d'influence de son temps.
  • 2000 ans d’histoire émission radiophonique, dans l'épisode Le Cardinal de Richelieu (1585 1642), revient sur toute la vie intime et publique de celui que l'on considère comme l'un des fondateurs de l'État moderne en France.
  • La série documentaire fiction Un âge de fer - La guerre de Trente Ans, réalisée en 2018 par Philippe Bérenger et Henrike Sandner, plonge à travers trois décennies de lutte européenne et montre au fil des épisodes, entre autres, la politique de la France avec ses voisins sous la conduite du cardinal de Richelieu conseillé par le Père Joseph, de son vrai nom François Leclerc du Tremblay, surnommé l'Eminence grise.
  • L'émission Le vif de l'Histoire, présentée par Jean Lebrun en 2011, raconte dans l'épisode Richelieu bâtisseur, la manière dont il entreprit la construction du Palais Cardinal (actuel Palais-Royal), la rénovation de la Sorbonne et, dans son fief, aux confins de la Touraine, de l'Anjou et du Poitou, d'un vaste château ainsi qu’une ville nouvelle, Richelieu (Indre-et-Loire).

Numismatique et philatélie[modifier | modifier le code]

La médaille Richelieu[modifier | modifier le code]

En mémoire de celui qui avait tant fait pour l'établissement, l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne a créé la médaille Richelieu, une décoration décernée depuis 2010 à des personnalités « qui par leur position, leurs déclarations et/ou leurs actes, contribuent activement au respect et à la défense des valeurs de l'Université, tout en favorisant la diffusion d'un savoir universitaire d'excellence »[14].

Marine[modifier | modifier le code]

En 1935, la Marine nationale française construit le Richelieu, un cuirassé qu'elle baptise en l'honneur du cardinal pour le rôle fondateur de ce ministre dans la création d'une première puissance navale française au début du XVIIe siècle. Ce sera le premier cuirassé de la classe Richelieu à être lancé en 1939 et restera actif jusqu'à son désarmement en 1967 avant d'être démoli à La Spezia en 1968.

Rose[modifier | modifier le code]

Une rose gallique de couleur pourpre lui est dédiée en 1840 sous le nom de Cardinal de Richelieu.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ingrid Peter, « Vigny, Alfred Comte de: Cinq-Mars ou Une conjuration sous Louis XIII », dans Kindlers Literatur Lexikon (KLL), J.B. Metzler, (lire en ligne), p. 1–2
  2. « Louis Mayeul Chaudon to Voltaire [François Marie Arouet], Monday, 10 December 1764 [voltfrVF1120240a1c] », sur Electronic Enlightenment Scholarly Edition of Correspondence, (consulté le )
  3. Geneviève Michel, Paul Nougé, P.I.E.-Peter Lang S.A, coll. « Documents pour l'Histoire des Francophonies », (ISBN 978-3-0352-6070-0, lire en ligne)
  4. Claude Mignot, « Le regard de La Fontaine sur l’architecture et le paysage dans la Relation d'un voyage de Paris en Limousin », Le Fablier. Revue des Amis de Jean de La Fontaine, vol. 15, no 1,‎ , p. 31–36 (ISSN 0996-6560, DOI 10.3406/lefab.2004.1094, lire en ligne, consulté le )
  5. Adrián Ratto, « La polémica entre Voltaire y La Beaumelle: a propósito del Supplément au Siècle de Louis XIV », Ingenium. Revista Electrónica de Pensamiento Moderno y Metodología en Historia de la Ideas, vol. 10, no 0,‎ (ISSN 1989-3663, DOI 10.5209/rev_inge.2016.v10.54735, lire en ligne, consulté le )
  6. Céline Spector, Montesquieu, Michalon, (ISBN 978-2-84186-522-2, lire en ligne)
  7. Marc Arino, « Synthèse de la troisième partie », dans L’Apocalypse selon Michel Tremblay, Presses Universitaires de Bordeaux, (lire en ligne), p. 339–341
  8. Franck Laurent, « Index des œuvres de Victor Hugo », dans Victor Hugo : espace et politique (jusqu'à l'exil : 1823-1852), Presses universitaires de Rennes (lire en ligne), p. 281–282
  9. Fabien Granjon, « Les affres de l’engagement en ligne », dans Mobilisations numériques, Presses des Mines, (lire en ligne)
  10. I. N. A. madelen, « Les Possédées de Loudun », sur INA madelen (consulté le )
  11. Fabrice Bouthillon, « Le bollandisme ou le ciel peut attendre », Commentaire, vol. Numéro 125, no 1,‎ , p. 252–256 (ISSN 0180-8214, DOI 10.3917/comm.125.0252, lire en ligne, consulté le )
  12. Gilles Laporte, « Gaston Deschênes, Le mouvement patriote sur la Côte-du-Sud, La Pocatière, Société d’histoire de la Côte-du-Sud, 2015, Coll. « Les cahiers d’histoire », no. 27, 137 p. », Bulletin d'histoire politique, vol. 25, no 1,‎ , p. 191 (ISSN 1201-0421 et 1929-7653, DOI 10.7202/1037423ar, lire en ligne, consulté le )
  13. PUYO (Jean-Yves), « La Réforme du 8 janvier 1888 sur le mode de recrutement des cadres forestiers : l'épisode du ministère Viette. », Revue Forestière Française, no 2,‎ , p. 175 (ISSN 1951-6827 et 0035-2829, DOI 10.4267/2042/5608, lire en ligne, consulté le )
  14. Jean-Luc Desnier, « Rector orbis ou le cardinal de Richelieu sur une médaille de Jean Varin », Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, vol. 106, no 2,‎ , p. 683–697 (ISSN 1123-9891, DOI 10.3406/mefr.1994.4342, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hilliard T. Goldfarb (dir.), Richelieu : l'art et le pouvoir, Montréal / Cologne / Gand, Musée des beaux-arts / Wallraf-Richartz-Museum / Snoeck-Ducaju & Zoon, , 421 p. (ISBN 2-89192-992-6 et 90-5349-408-1)
    Catalogue de l'exposition présentée à Montréal, Musée des beaux-arts, -, Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, -.
  • Thomas Kirchner, « Richelieu et son usage programmatique de l'art : l'image du cardinal dans le décor de ses résidences », dans Jean-Claude Boyer, Barbara Gaehtgens et Bénédicte Gady (dir.), Richelieu, patron des arts, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, coll. « Passages » (no 17), , XIV-555 p. (ISBN 978-2-7351-1195-4, BNF 42071969), p. 251-272.
  • Roland Mousnier (dir.), Richelieu et la culture : actes du colloque international en Sorbonne (19-), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, , 229 p. (ISBN 2-222-03993-2).
  • Christophe Vital, La légende de Richelieu, Paris / La Roche-sur-Yon, Somogy Éditions d'art / Conseil général de la Vendée, , 343 p. (ISBN 978-2-7572-0195-4)
    Catalogue de l'exposition présentée à l'Historial de la Vendée en 2008.