Pilâtre-de-Rozier (dirigeable)
Pilâtre-de-Rozier | |
Constructeur | Astra |
---|---|
Équipage | 9 |
Premier vol | |
Date de retrait | Détruit le |
Dimensions | |
Volume | 13 950 m3 |
Masses et capacité d'emport | |
Fret | 1 300 kg de bombes |
Performances | |
Vitesse de croisière | 70 km/h |
Altitude de croisière | 3 500 m |
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Le Pilâtre-de-Rozier est un dirigeable militaire français, construit en 1915 et détruit accidentellement en 1917.
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Le Pilâtre-de-Rozier est construit par la Société Astra des constructions aéronautiques sous l'identifiant « Astra-Torres N° XV ». Il est ensuite nommé en l'honneur de Jean-François Pilâtre de Rozier (1754-1785).
Muni de deux nacelles et accusant un volume de 23 000 m3, il se révèle décevant car trop lourd. L'état-major le scinde en deux pour en faire un Alsace et un nouveau Pilâtre-de-Rozier, plus maniables.
Première Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Le dirigeable est mis en service en , il effectue son premier vol le [1].
Une longue campagne d'essais et d’aménagement est menée durant l'année 1916.
Le Pilâtre-de-Rozier est basé au terrain d'aviation d'Issy-les-Moulineaux, puis, lors de sa 12e ascension, il rejoint la place forte de Toul le [2].
Il effectue sa 14e ascension pour rejoindre le parc à dirigeable de la Louvroie à Épinal le [3].
Deux missions de bombardement nocturne
[modifier | modifier le code]Le Pilâtre-de-Rozier assure sa première mission de bombardement nocturne (15e ascension) dans la nuit du 27 au sur les usines Stumm-Halberg à Neunkirchen (Sarre)[4]. En 7 h 51 de croisière, il largue 18 obus de 200 mm.
Parti d'Épinal le , le dirigeable a pour objectif une deuxième opération de bombardement sur les industries de Neunkirchen. Dans la nuit, manifestement désemparé[5], il s'écrase en flamme sur la colline du Bœtzel (banc de la commune de Vœllerdingen - district de Basse-Alsace). Le stock de munitions explose à l'impact et déchiquette la quasi-totalité des aérostiers, avant de mettre le feu à la futaie.
Sur place le lendemain, le major Hans Fahrmbacher mentionne, dans son rapport, un simple accident d'aéronef.
Équipage
[modifier | modifier le code]L'équipage appartient à la 4e compagnie du 1er groupe d'aérostation. Abattu le à bord du Commandant-Coutelle, l'équipage sain et sauf est affecté au Pilâtre-de-Rozier.
- Louis Adolphe Prêcheur
Né à Saint-Mihiel le , il est le fils d'un officier du 54e régiment d'infanterie de ligne, Louis Edouard Prêcheur et d’Amandine Warocquier[6]. Élève de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1897 (promotion de Bourbaki), il est breveté pilote de dirigeable en 1913. Affecté au 1er groupe d'aérostation, le capitaine Prêcheur sert comme commandant de bord des dirigeables Étienne-Montgolfier, Commandant-Coutelle, puis Pilâtre-de-Rozier. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le pour avoir « commandé un dirigeable du 30 juillet 1914 au 14 janvier 1915 [et] dirigé les ascensions au-dessus de l'ennemi dans des conditions souvent périlleuses. »[7]. Il est cité à l'ordre de l'armée le pour avoir réalisé la mission de bombardement au-dessus de Neunkirchen[8] :
« Pour avoir commandé successivement et de la façon la plus distinguée plusieurs dirigeables, accomplissant de nombreuses missions de bombardements dans des conditions difficiles, et pour avoir réalisé les 27 et 28 décembre 1916 avec plein succès un bombardement d’usines de munitions à plus de cent kilomètres au-delà des lignes. »
« Mort pour la France » le [9].
Chevalier de la Légion d'honneur (arrêté du 13 juillet 1915[10])
Croix de guerre –, palme de bronze (une citation à l'ordre de l'armée)
- Pierre Eugène Jean Vandenbosch
Né à Lille le , il est le fils d'un industriel, Pierre Jean Polydore Vandenbosch et de Berthe Léonie Cormorant[11].
Élève-officier de réserve en 1911, il est versé dans l'aéronautique militaire en 1913.
Le lieutenant Vandenbosch remplace Henry de La Vaulx en qualité de pilote à bord du Pilâtre-de-Rozier.
Il commande en second.
« Mort pour la France » le [12].
Chevalier de la Légion d'honneur
Croix de guerre –, étoile de vermeil (une citation à l'ordre du corps d'armée)
- Albert Marie Auguste Quittet
Né à Mathay le , il est le fils d'Auguste Quittet et d'Anne Lenoir[13]. L'adjudant Quittet est mécanicien de bord. « Mort pour la France » le [14].
- Marcel Victor Luxeuil
Né à Paris (18e) le , il est le fils d'un mécanicien, Victor Émile Luxeuil et de Sophie Céline Brucy[15]. L'adjudant Luxeuil est mécanicien de bord. « Mort pour la France » le [16].
- Pierre Henri Léopold Guérin
Né à Paris (18e) le , il est le fils d'un loueur de voiture, Joseph Charles Guérin et de Blanche Camille[17]. Le sergent Guérin est mécanicien-pilote. Mort le [18]. Son corps est retrouvé dans la forêt, à l'écart des lieux de l'accident.
- Joseph Léon Berthé dit Dubuc
Né à Chevreuse le , il est le fils d'Eugène Marie Augustin Berthé et de Marie Eulalie Dubuc[19]. Le sergent Berthé dit Dubuc est pilote. « Mort pour la France » le [20].
- André Daniel Émile Arnaud
Né à Longvilliers le , il est le fils d'un directeur de tuilerie, Henri Samuel Arnaud et de Marie Jenny Berthoud[21]. Le sergent Arnaud est mécanicien et mitrailleur-observateur. Il est cité à l'ordre de l'armée le [22] :
« Embarqué depuis le début de la campagne, successivement à bord de plusieurs dirigeables a, au cours de nombreuses missions, fait preuve de sang froid [...], dans les circonstances les plus critiques. A contribué au succès de l'opération de bombardement exécuté sur des usines de munitions le 27/28 décembre 1916 à 100 km au-delà des lignes. »
« Mort pour la France » le [23]. Décoré de la Croix de Guerre (transcription sur le registre des décès 1918 du 15ème arrondissement de Paris, actes N° 111 et 112).
- Émile Pierre Robert
Né au Vésinet le , il est le fils d'un jardinier, Émile Anatole Robert et de Lucie Françoise Hédriat[24]. Le sergent Robert est mitrailleur-observateur[25]. « Mort pour la France » le [26].
- Henri Martin Leduc
Né à Concressault[27] le , il est le fils d'un journalier, Louis Charles Leduc et de Justine Girard[28]. Le caporal Leduc est cité à l'ordre de l'armée le [29] :
« Mitrailleur de plateforme supérieure de dirigeable. Fait preuve de sang froid, d’énergie et d'audace dans un poste particulièrement dangereux n'a craint au cours d'une ascension de quitter spontanément sa tourelle et de s'aventurer sur la surface convexe du ballon en marche pour en visiter l'état au cours de l'ascension du 27/28 décembre. Montre de belles qualités de sang froid sous une canonnade des plus vives a obtenu du chef de service Aéronautique du GQG une lettre de félicitations en date du 25 septembre 1916 pour dévouement dans l'exécution volontaire de travaux dangereux. »
Promu sergent le , il est « mort pour la France » le [30]. Son corps est retrouvé sur la rive gauche de l'Eichel, à plusieurs dizaines de mètres du lieu de l'accident.
Les neuf membres d'équipage du Pilâtre-de-Rozier sont inhumés au cimetière communal de Vœllerdingen le par l'aumônier militaire allemand Alfred Lauerhaas.
Les sept sous-officiers obtiennent, à titre posthume :
Médaille militaire (30 mai 1922)
Croix de guerre –, palme de bronze (une citation à l'ordre de l'armée)
Postérité
[modifier | modifier le code]Cette catastrophe met fin à l'utilisation à des fins offensives des dirigeables militaires français. Dès le mois de , les dirigeables restants sont versés à la Marine pour la lutte anti-sous-marine.
Le , un mémorial est inauguré par le Souvenir français sur les lieux de l'accident[31] honorant la mémoire des aéronautes.
Un circuit d'interprétation menant au mémorial est établi par l'office du tourisme de l'Alsace bossue[32].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Journal de marches et des opérations (JMO) du dirigeable Pilâtre-de-Rozier, cote SHD SHD 1 A 250/9, ministère français de la Défense.
- JMO du dirigeable Pilâtre-de-Rozier, cote SHD SHD 1 A 250/9, ministère français de la Défense.
- JMO du dirigeable Pilâtre-de-Rozier, cote SHD SHD 1 A 250/9, ministère français de la Défense.
- JMO du dirigeable Pilâtre-de-Rozier, cote SHD SHD 1 A 250/9, ministère français de la Défense.
- Témoignage de l'abbé Auguste Barthelmé, curé de Vœllerdingen en 1917.
- Acte de naissance no 39/1878 de la commune de Saint-Mihiel.
- « Tableau d'Honneur de l’aéronautique miliaire », L'Aérophile, no 15, , p. 183 (lire en ligne, consulté le ).
- « Louis Prêcheur ».
- « Louis Adolphe Prêcheur », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- « Louis Adolphe Prêcheur », base Léonore, ministère français de la Culture.
- Acte de naissance no 1555/1888 de la commune de Lille.
- « Pierre Eugène Jean Vandenbosch », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Registre matricule de Belfort no 501/1907.
- « Albert Marie Auguste Quittet », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Acte de naissance no 4132/1889 de la commune de Paris (18e arr.).
- « Marcel Victor Luxeuil », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Acte de naissance no 1213/1891 de la commune de Paris (18e arr.).
- « Henri Léopold Pierre Guérin », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Acte de naissance no 39/1886 de la commune de Chevreuse.
- « Joseph Léon Berthé dit Dubuc », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Acte de naissance no 3/1891 de la commune de Longvilliers.
- Registre matricule de Versailles no 4056/1911.
- « André Daniel Émile Arnaud », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Acte de naissance no 108/1893 de la commune du Vésinet.
- Registre matricule de Versailles no 965/1913.
- « Émile Pierre Robert », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- La plaque de la tombe collective de l'équipage à Vœllerdingen est erronée et mentionne la commune de Courceaux.
- Acte de naissance no 5/1893 de la commune de Concressault.
- Registre matricule de Cosne no 756/1913.
- « Henri Martin Leduc », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Colline du Bœtzel 48° 58′ 56″ N, 7° 08′ 28″ E.
- Circuit du Pilâtre-de-Rozier.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Louis Wilbert et René Ratineau, Il y a 75 ans : la fin tragique du dirigeable Pilâtre-de-Rozier à Vœllerdingen (Bas-Rhin), 24 février 1917, Saverne, Société d'Histoire et d'Archéologie de Saverne et Environs, coll. « Pays d'Alsace », , 40 p. (BNF 36209567).
- Jean-Louis Wilbert, « Il y a 100 ans, l'explosion du Pilâtre-de-Rozier », Dernières nouvelles d'Alsace, , p. 17 (ISSN 0150-391X, lire en ligne, consulté le ). .
- Jean-Louis Wilbert, « Retour sur le dernier vol du Pilâtre-de-Rozier », Dernières nouvelles d'Alsace, , p. 52 (ISSN 0150-391X).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Michel Caplet et Isabelle Van Der Wende, « Ballon Pilâtre-de-Rozier », sur Aérostèles : lieux de mémoire aéronautique, Pierre Pécastaingts, (consulté le ).
- « Monument commémoratif des aéronautes », base MémorialGenWeb, association des contributeurs et administrateurs de MémorialGenWeb.