Famille Feydeau

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Famille Feydeau
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Armes

Blasonnement D'azur au chevron d'or accompagné de trois coquilles du même
Branches Rochefort
La Roche
Le Noncelier
Gioux
Brou
Calende
Le Plessis-Saint-Antoine
Trancault
Vaugien
Eronville
Courcelle
Le Plessis-Nizon
Marville
Bois-le-Vicomte
Saint-Christophe
Clusors
Lépaud
La Pommeraye
Demou
Bellange
La Cour-en-Chapeau
Marcellange, etc.
Période XVe au XXIe siècle
Pays ou province d’origine Marche
Charges Garde des sceaux de France
Conseiller d'État
Intendant
Lieutenant général de police de Paris
Fermier général
Trésorier de l'Épargne
Membres de Cours souveraines
Fonctions militaires Général de Brigade
Colonel
Capitaine de frégate
Lieutenant-colonel & gouverneur de Saint-Vincent, etc.
Fonctions ecclésiastiques Evêque d'Amiens
Evêque de Digne
Prieur général des Carmes
Aumônier ordinaire du roi
Abbé de Bernay
Abbé d’Aubignac
Prieur de Gassicourt
Prieur de La Roë
Prieur de Locronan
Sous-prieur de Clear Creek
Prieure du Val-de-Gif
Abbesse de Willencourt
Récompenses militaires Ordre royal et militaire de Saint-Louis, Ordre national de la Légion d’honneur

La famille Feydeau est une famille française originaire de Felletin en l’ancienne province de la Marche connue pour s’être illustrée depuis la fin du XVe siècle dans la magistrature, l’administration et l’Église. On compte parmi ses membres : un garde des sceaux de France, plusieurs conseillers d’État, intendants, membres de Cours souveraines et autres officiers de justice et finances, mais aussi de nombreux ecclésiastiques et militaires. Elle s’est divisée en plusieurs branches, certaines restées marchoises, d’autres établies au fil des emplois et des mariages en Bourbonnais et Île-de-France, puis en Bretagne, Champagne et Lorraine, etc., qui s’illustrèrent à titres divers et accédèrent presque toutes à la noblesse aux XVIIe et XVIIIe siècles. De cette famille, seule subsiste la branche marchoise des Feydeau de Saint-Christophe, possessionnée à partir de 1729 à Saint-Christophe en Angoumois et anoblie (relief) en 1771[1],[2],[3].

À ce jour, il n’y a pas de lien généalogique connu (bien que probable) entre l’une ou l’autre de ses branches bourbonnaises et la famille des auteurs dramatiques Ernest et Georges Feydeau également originaire du Bourbonnais.

Par ailleurs, cette famille est distincte[1] des familles homonymes Feydeau de la province du Poitou, possessionnées à Romagne (La Millière) et Persac (La Mothe), Queaux (Ressonneau), Roumazières-Loubert (Peyras), etc., de noblesse médiévale et éteintes.

Origine[modifier | modifier le code]

Originaires de Felletin où ils sont cités dès 1423[4], les Feydel (langue d’oc), Feydelli (en latin) ou Feydeau (langue d’oïl) sont mentionnés au XVe siècle en tant qu’habitants et bourgeois de cette ville de l’ancien comté de la Marche[5],[6],[7].

À la fin du XVe siècle, les fils de Thomas Feydeau (né vers 1430, + après 1496), habitant de Felletin et premier degré fiable de la généalogie[8],[9],[10], réalisent une importante ascension sociale grâce à leurs études universitaires et au patronage du duc Pierre II de Bourbon, comte de la Marche. Ces frères sont à l’origine des principales branches de la famille Feydeau. Leurs emplois et services ont été récapitulés par le fils de l’un d’entre eux dans sa préface à la Repetitio in cap. Raynutius, de testamentis[11],[12], ouvrage de droit du jurisconsulte Guillaume Benoît (1455-1516), professeur à l’université de Cahors, publiée en 1523 :

Illustration moderne de la préface de la Repetitio, ouvrage du jurisconsulte Guillaume Benoît (1455-1516)
  • Guilielmum Feydeum […] in iam dicto parlamento […] consiliarium : Guillaume Feydeau (+ en 1520), clerc, licencié en droit civil et en droit canon, prieur de Gassicourt (bénéfice situé à Mantes-la-Jolie), avocat au parlement de Paris, l’un des trois assesseurs au procès en annulation du mariage de Louis XII avec Jeanne de France en 1498, conseiller-clerc au parlement de Rouen nouvellement créé (1499), puis au parlement de Paris en 1507.
  • Antonium Feydeum Borboniorum ducis medicum : Antoine Feydeau (+ en 1518), docteur en médecine, médecin de Pierre II de Bourbon qui fonda la branche bourbonnaise des Feydeau de Rochefort ;
  • Martialem Feydeum […] iuris licentiatum : Martial Feydeau, licencié ès lois, avocat au parlement de Paris, père de Claude Feydeau, également licencié ès lois et avocat au même parlement, auteur de la préface à la Repetitio de Guillaume Benoît.
  • Jacques Feydeau (père d’autre Jacobi Feydeau iurium auditoris auteur d’une pièce en vers insérée à la Repetitio de Guillaume Benoît à la suite de la préface de son cousin Claude Feydeau) qui demeura à Felletin et qui en fut vraisemblablement le consul mentionné en 1512 avec trois autres bourgeois de la ville[5]. Il est l’auteur des branches restées felletinoises des Feydeau de La Roche, du Noncelier et Gioux, ainsi que des branches parisiennes des Feydeau de Brou, Calende, Vaugien, Eronville, Marville, etc. ;
  • Michaëlem Feydeum […], iurius licentiatum, advocatum quondam in supremo Parisiensi […] parlamento […] nunc Marchiacensis provinciae praesidentem : Michel Feydeau, licencié ès lois, avocat au parlement de Paris, secrétaire de Pierre II de Bourbon qui l’envoya en 1502 en tant que juge ou président & lieutenant général en la sénéchaussée de la Basse Marche où il fonda à Bellac la branche des Feydeau de Saint-Christophe ;
  • Petrum […], illusque ducis […] thesaurarium : Pierre Feydeau (+ vers 1546), entra lui-aussi au service de Pierre II de Bourbon puis fut trésorier du Bourbonnais (1515) à Moulins. Il fut l’auteur des branches bourbonnaises puis lorraines des Feydeau de Clusors, Lépaud, La Pommeraye, Demou, Bellange, etc. ;

Ayant intégré l’administration de la principauté des ducs de Bourbon à la fin du XVe siècle, puis l’administration royale avec le rattachement du Bourbonnais à la couronne de France en 1531, les Feydeau se succédèrent sur plusieurs générations dans ces emplois et offices de justice et finances. Ils accédèrent ainsi à la noblesse (par charge, maintenue ou relief, suivant les branches) aux XVIIe et XVIIIe siècles, époque où il devint admis que cette manière de servir le roi et l’état conféré par l’exercice de ces fonctions publiques n’étaient pas incompatibles avec la noblesse. Les Feydeau étaient de noblesse de robe[13].

Branches principales[modifier | modifier le code]

Branche bourbonnaise des seigneurs de Rochefort (éteinte au XVIIe siècle)[modifier | modifier le code]

La branche bourbonnaise des Feydeau de Rochefort est une lignée d’officiers de judicature et de finance qui s’éteignit au XVIIe siècle.

Branche restée felletinoise des seigneurs de La Roche, du Noncelier, Gioux, etc. (éteinte)[modifier | modifier le code]

Cette branche est constituée de la descendance de Jacques Feydeau qui demeura à Felletin, ville d'origine de la famille. Elle s'y maintint en état de bourgeoisie tout en tenant fiefs autour de Felletin, donnant des consuls et officiers de judicature & de milice à cette ville. Cette branche s'y éteignit au XVIIIe siècle.

  • Fondateur : Jean Feydeau, l'un des fils de Jacques Feydeau (vraisemblablement consul de Felletin en 1512) ;
  • Personnalités : Françoise Feydeau (1669-1718), vénérable du diocèse de Limoges, fondatrice des Sœurs de l’Instruction chrétienne à Felletin (1693), en l’honneur de laquelle l’ancienne rue du Treix de Felletin fut baptisée du nom de Feydeau au XVIIIe siècle[22] ;
  • Demeures / Fiefs : logis de La Roche à Saint-Quentin-la-Chabanne et de Ronteix à Gioux, Le Noncelier à La Nouaille, fief de Gioux, etc.

Branches parisiennes de Brou, Calende, du Plessis, Bois-le-Vicomte, etc. (éteintes)[modifier | modifier le code]

Cette branche est constituée de la descendance de Jacques Feydeau qui quitta Felletin pour s'établir à Paris où elle effectua une importante ascension sociale en tenant des offices de finances, puis la ferme générale des aides & des gabelles et la trésorerie de l'Epargne au tout début du XVIIe siècle.

Rameaux de Brou, Calende, du Plessis, etc.[modifier | modifier le code]

Les Feydeau de Brou ont notamment formé une importante lignée d’intendants et de conseillers d’État. Ce rameau s'éteignit en 1943 à la mort de sa dernière représentante : la marquise de Saint-Paul.

Rameau de Bois-le-Vicomte (éteint au XVIIe siècle)[modifier | modifier le code]

Branches parisiennes de Marville, Vaugien, d’Eronville, du Plessis-Nizon, etc. (éteintes)[modifier | modifier le code]

Cette branche est constituée de la descendance de Jacques Feydeau qui quitta également Felletin pour s'établir à Paris et occuper différentes positions au sein du parlement de Paris

Rameau de Marville[modifier | modifier le code]

Cette branche s'éteignit en 1787 avec Claude-Henry Feydeau de Marville.

Rameaux de Vaugien, d’Eronville, du Plessis-Nizon, etc.[modifier | modifier le code]

De ce rameau sont issus les 2 chevaliers de Malte de la famille Feydeau. Les Feydeau de Vaugien ont notamment donné leur nom à la rue Feydeau à Paris au tout début du XVIIIe siècle en tant que co-seigneurs indivis du fief parisien de la Grange-Batelière au XVIIe siècle, sur le territoire duquel cette rue fut tracée.

Branche marchoise des Feydeau de Saint-Christophe (subsistante)[modifier | modifier le code]

Lignée bellachonne de juges, d’avocats et d’officiers de milice bourgeoise.

Branches bourbonnaises de Clusors, Chevray, Segange, etc. puis lorraine de Bellange (éteintes)[modifier | modifier le code]

Odonymie[modifier | modifier le code]

À Felletin, la famille Feydeau a donné son nom à une rue ainsi qu’à une voie de la ville dont elle est originaire et où elle est possessionnée depuis le XVe siècle.

À Paris, en tant qu'anciens (co)seigneurs indivis du fief parisien de la Grange-Batelière aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Feydeau de Vaugien ont donné leur nom à la rue Feydeau sur le territoire duquel cette rue a été tracée[32]. Un membre de cette même branche des Feydeau, seigneurs de Vaugien (Saint-Rémy-lès-Chevreuse) et de Courcelle (Gif-sur-Yvette), donna par ailleurs son nom à une rue de Gif-sur-Yvette : allée Louise "Élisabeth de Feydeau", prieure de l'abbaye royale Notre-Dame du Val-de-Gif au XVIIIe siècle.

À Nantes, Paul-Esprit Feydeau de Brou, intendant de Bretagne lors de l'incendie de Rennes de 1720 et la conspiration de Pontcallec, donna son nom au XVIIIe siècle à l'Île Feydeau. Son nom fut également donné à une rue de Rennes (depuis disparue pour agrandir la Place de l’Hôtel de Ville) ainsi qu’à une rue de Saint-Malo.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Gustave Chaix d'Est-Ange, tome 18 Fel-For, 1922, p. 121, (lire en ligne)
  2. a et b Étienne de Séréville et Fernand de Saint-Simon, Dictionnaire de la Noblesse Française, , p.433.
  3. a et b Henri Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, (lire en ligne), p.419.
  4. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 1903, p. 455 (présentation en ligne)
  5. a et b Les Charités de la ville de Felletin au XVe siècle ([PDF] présentation en ligne)
  6. Le Cartulaire de Bertaud de Ry, gentilhomme normand, capitaine de Felletin sous Charles VII, publié par le Bulletin philologique et historique jusqu'à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1915 (présentation en ligne)
  7. Les Feydeau ne pouvaient donc déjà être en état de noblesse à cette même époque, contrairement aux prétentions des branches parisiennes de cette famille (pourtant bénéficiaires d’anoblissements en bonne et due forme… mais nettement plus récents) et aux premiers degrés chevaleresques des généalogies produites dans le cadre des maintenues de noblesse obtenues à partir du XVIIe siècle, reprises à la lettre par le chartiste Pierre Flament qui n'avait manifestement pas connaissance des actes publics mentionnés dans Les Charités de la ville de Felletin au XVe siècle présentation en ligne)
  8. Sylvie Thomas, Les derniers maîtres des requêtes de l'Ancien Régime (1771-1789), (lire en ligne), p.165.
  9. Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais, 1913, page 276 ([1])
  10. a b et c Pierre Heumann, « Un traitant sons Louis XIII : Antoine Feydeau », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine,‎ (lire en ligne).
  11. ([2])
  12. Patrick Arabeyre, Les idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2003, [3] sur https://books.openedition.org/
  13. Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France, 1872
  14. a et b Ernest Wickersheimer, « Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen-Âge », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine,‎ (lire en ligne).
  15. Agostino Sottili, Lauree pavesi nella seconda metà del '400, 2008, page 77, Licentia et doctoratus in medicina domini magistri Antonii Feidelli diocesis Lemovicensis, oriundi ville Filitinii. [4]
  16. Antoine Feydeau est par ailleurs connu pour avoir marqué les livres de sa bibliothèque de la mention Anthonius Fedellus Illustrissime Anna de Francia Medicus, Symphorien Champier, Duellum epistolare Galliae et Italiae antiquitates complectens, 1519, [5]
  17. Pierre-Louis-Joseph Bétencourt, Noms féodaux ou noms de ceux qui ont tenu fiefs en France, 1867, page 153, [6]
  18. Henri-Jean Martin, Le Livre et l’historien, 1997, page 98, [7]
  19. Pierre Coupas, Le département de l’Allier, (lire en ligne), p.95.
  20. René Rapin, Mémoires du P. René Rapin de la Compagnie de Jésus sur l'église et la société, la cour, la ville et le jansénisme : 1644 - 1669, , 568 p. (lire en ligne), p. 112.
  21. « Mathieu Feydeau (1616-1694) - Auteur », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  22. Abbé Léobon Pataux, Felletin aux XVII et XVIII siècles, 1880
  23. Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la grande chancellerie de France, (lire en ligne), p.272.
  24. [8]
  25. René Aubert de Vertot, Histoire des Chevaliers Hospitaliers de S. Jean de Jerusalem, 1726, page 111, [9]
  26. Gazette de France, 1767
  27. Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la grande chancelerie de France, Pierre Le Petit, (lire en ligne).
  28. Dossier militaire
  29. Jean Feydeau (1698-1779), habitant de Bellac et premier (1729) seigneur de Saint-Christophe (Saint-Christophe (Charente)) de sa lignée, à la suite de l’imposition d’office de son père (capitaine de la milice bourgeoise de Bellac) aux ustensiles (impôt accessoire de la taille) à partir de 1708 (probablement à la suite des édits d’août 1705 et de 1706 qui révoquaient l’exemption d’ustensiles & franc-fief dont bénéficiaient les officiers de milice des petites villes) puis, consécutivement, à sa propre imposition au franc-fief et à la taille, obtint, par l’entremise des Feydeau de Brou et de Claude-Henry Feydeau de Marville ses lointains parents, des lettres patentes (copie aux AN O/1/176, no 155, fol. 427) données par Louis XV à Versailles en juin 1771 et enregistrées au Conseil supérieur de Clermont-Ferrand le , le relevant de cette dérogeance et entérinant comme noble sa filiation remontée sur 7 générations jusqu’à Michel Feydeau, fondateur de sa branche.
  30. Germain Demay, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault à la Bibliothèque nationale, page 144, [10]
  31. Olivier Mattéoni, Servir le prince : les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), 1997, [11]
  32. Bernard Quilliet, « Les Fiefs parisiens et leurs seigneurs laïcs au XVIIIe siècle », Histoire, économie & société, nos 1-4,‎ , p. 565-580 (lire en ligne).