Jacques Villon

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Jacques Villon
Les trois frères Duchamp (de gauche à droite) : Marcel Duchamp, Jacques Villon (Gaston Duchamp) et Raymond Duchamp-Villon.
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
PuteauxVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Période d'activité
Pseudonyme
Gaston DuchampVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Représenté par
Père
Justin-Isidore Duchamp (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Lucie Duchamp (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Distinctions
Archives conservées par

Jacques Villon, pseudonyme de Gaston Émile Duchamp, né le à Damville (Eure) et mort le à Puteaux (Hauts-de-Seine), est un peintre, dessinateur et graveur français.

Biographie

Jacques Villon.

Famille

Gaston Émile Duchamp est le deuxième fils d’Eugène et de Lucie Duchamp, une famille aisée au tempérament artistique. Quatre de leurs six enfants vont devenir des artistes accomplis. Alors que le garçon est encore jeune, son grand-père maternel, Émile Frédéric Nicolle, homme d’affaires arrivé et artiste, enseigne l’art à ses petits-enfants.

Le futur Jacques Villon est le frère aîné[2],[3] du sculpteur Raymond Duchamp-Villon (1876-1918), du peintre, sculpteur et auteur Marcel Duchamp (1887-1968) et de l'artiste-peintre Suzanne Duchamp (1889-1963).

Jeunesse

En 1894, Gaston Duchamp part s’installer avec son frère Raymond dans le quartier parisien de Montmartre et il fait son droit à l’université de Paris. Son père l'autorise à étudier l’art à condition de continuer à étudier le droit. Pour se distinguer de ses frères, Gaston Duchamp adopte le pseudonyme de Jacques Villon, en référence au poète du Moyen Âge.

L’essor de la communauté artistique de Montmartre où vit Jacques Villon achève de lui ôter tout intérêt pour la poursuite d’une carrière juridique et, pendant les dix années suivantes, il travaille dans les arts graphiques, fournissant des dessins et des illustrations aux journaux parisiens comme Le Courrier français, La Libre Parole illustrée, la Collection des cent, Cocorico, L'Assiette au beurre, Gil Blas – collaboration journalistique à laquelle il met fin en 1910, soit peu après le décès de Jules Roques, directeur du Courrier français[4] – ou dessinant des affiches en chromolithographiées — cette autre activité qu'il poursuit dans les années 1920 (L'Oréal, teinture inoffensive pour cheveux).

En 1903, il aide à organiser la section dessin du premier Salon d'automne à Paris. En 1904 et 1905, il étudie l’art à l’Académie Julian. Sa carrière de dessinateur de presse marquera les débuts de son jeune frère, Marcel, qui profitera de ses contacts dans le milieu des caricaturistes.

Très influencé par Edgar Degas et Toulouse-Lautrec à ses débuts[5], Villon participe plus tard aux mouvements fauviste et cubiste.

La gravure

Comedy of Society, color etching and aquatint (1903), Jacques Villon
Comédie de société (1903), eau-forte et aquatinte, Honolulu Museum of Art.

En 1906, Montmartre étant devenue une communauté très active, il déménage pour le quartier plus tranquille de Puteaux, où il consacre la majeure partie de son temps à travailler à la pointe sèche, la gravure en creux (intaglio), une technique qui crée des lignes foncées et veloutées qui ressortent en contraste avec la blancheur du papier.

Son isolement de la bourdonnante communauté artistique de Montmartre, ainsi que sa nature modeste, ont fait que sa production est restée obscure pendant un certain nombre d'années.

À partir de 1911, il organise chez lui, avec ses frères Raymond et Marcel, un groupe de discussion qui se rencontre régulièrement avec des artistes et des critiques comme Francis Picabia, Robert Delaunay, Fernand Léger, Albert Gleizes, Jean Metzinger, Roger de La Fresnaye et d’autres auxquels on donnera bientôt le nom de groupe de Puteaux[5]. Villon a joué un rôle majeur dans l’exposition du groupe sous le nom de Section d’or, ainsi dénommée d’après le nombre d'or des mathématiques classiques. Plus de 200 œuvres par 31 artistes figuraient à leur première exposition, à la galerie la Boétie à Paris en .

Le cubisme

En 1913, Villon crée ses chefs-d’œuvre cubistes, sept grandes pointes sèches où les formes se cassent en plans pyramidaux obscurcis. La même année, il expose au célèbre Armory Show de New York, qui contribue à introduire l'art moderne aux États-Unis. Ses œuvres connaissent une grande popularité et se vendent sans peine. Sa notoriété grandit tellement que dès les années 1930, il est mieux connu aux États-Unis qu’en Europe.

La galerie Louis Carré organise une exposition de son œuvre à Paris, en 1944 avec un catalogue préfacé par René-Jean, à la suite de quoi il reçoit des récompenses dans plusieurs expositions internationales. En 1950, il reçoit le prix Carnegie et, en 1954, il est nommé commandeur de la Légion d'honneur[6]. L'année suivante, il reçoit la commande des vitraux de la cathédrale à Metz, La France. En 1956, le grand prix de la Biennale de Venise lui est décerné à l’exposition[6].

Les plus grandes réalisations de Villon en gravure sont sa création d’une langue purement graphique pour le cubisme, une réalisation dont aucun autre graveur, y compris ses camarades inventeurs du cubisme, Picasso ou Braque, ne pourrait se vanter.

En 1967, son frère Marcel a contribué à monter à Rouen une exposition intitulée « Les Duchamp : Jacques Villon, Raymond Duchamp-Villon, Marcel Duchamp, Suzanne Duchamp ». Une partie de cette exposition familiale a ensuite été présentée au musée national d'Art moderne à Paris[6].

Les vitraux de la cathédrale de Metz[7]

Vue extérieure de la cathédrale Saint-Étienne de Metz.

En 1957, Jacques Villon réalise cinq baies vitrées pour la chapelle du Saint-Sacrement de la cathédrale Saint-Étienne de Metz[8],[9]. Dernière grande réalisation d'une carrière déjà bien remplie, cet artiste va étonner encore les amateurs d'art par la puissance colorée des verrières, ainsi que par le mouvement engendré par la mise en scène de multiples formes géométriques. C'est le thème de la Crucifixion dans le vitrail axial qui va révéler toute l'originalité du travail de Jacques Villon. Il s'est inspiré de l'évangile de saint Jean relatant l'événement de la lance portée par un soldat romain qui va percer le côté de Jésus d'où « il sortit aussitôt du sang et de l'eau » (Jn.19, 31-37). Avec cette lance, l'artiste va créer un axe déictique en réalisant une perspective qui traverse le Christ, mais également le spectateur lui-même. C'est un vecteur qui relie le point de vue au point de fuite[10].

De même, à la manière d'un Piero della Francesca pour ses fresques d'Arezzo, il va faire de la croix le symbole de tous les croisements. « Le présent et le passé, la séquence et le symbole, l'objet dans l'espace et la position du spectateur par rapport à cet objet[11]. »

Malgré leur indéniable qualité, les vitraux de Jacques Villon restent encore dans l'ombre de ceux réalisés par Marc Chagall dans la même cathédrale de Metz : certains touristes les attribuent parfois au grand maître d'origine russe[12].

Sépulture de la famille Duchamp au cimetière monumental de Rouen.

Expositions

Expositions personnelles

Expositions collectives

Réception critique

  • « Jacques Villon tisse l'espace avec un raffinement et une subtilité qui ont fait école. Son œuvre est d'une telle unité dans sa fraîcheur, sa pudeur et sa méditation, elle se confond si étroitement avec la vie de l'artiste que ses différentes périodes et manières sont toutes également appréciées des collectionneurs, et jusqu'à ses dessins humoristiques autour de 1900, qu'il plaçait au Rire, à L'Assiette au beurre ou au Gil Blas. » - Gérald Schurr[16]

Collections publiques

Drapeau de l'Australie Australie

Drapeau du Canada Canada

Drapeau du Danemark Danemark

États-Unis

France

Drapeau de l'Italie Italie

Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande

Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de l'Uruguay Uruguay

Notes et références

  1. « http://archivesetdocumentation.centrepompidou.fr/ead.html?id=FRM5050-X0031_0000102 »
  2. « Jacques Villon, l'aîné des Duchamp à la cathédrale de Metz », sur http://lenouveaucenacle.fr, .
  3. Espace Trévisse, « Jacques Villon, l'aîné des Duchamp », (consulté le ).
  4. Les Atamanes, Jacques Villon
  5. a et b François Lespinasse, La Normandie vue par les peintres, Edita S.A., 1988, pp. 102-103.
  6. a b c et d Paris-Art, Jacques Villon
  7. « Jacques Villon, peintre arpenteur du visible, ses vitraux à la cathédrale de Metz, conférence de Christian Schmitt, 9 octobre 2018, Université de Rouen-Normandie », sur http://espacetrevisse.com, .
  8. « Jacques Villon, l'artiste discret de la cathédrale de Metz », sur http://espacetrevisse.e-monsite.com, .
  9. « vidéo de présentation », sur https://www.youtube.com, .
  10. « La crucifixion selon Jacques Villon », sur Le Nouveau Cénacle (consulté le ).
  11. Rosalind Krauss, “La Matrice de LeWitt” dans Sol LeWitt, Metz, Centre Pompidou de Metz, , 59 p. (ISBN 978 2 359 83 0170).
  12. « Les vitraux de Jacques Villon dans la cathédrale Saint Etienne », sur http://metz.fr, .
  13. « Les expositions : Jacques Villon, 55 ans de dessin », Connaissance des arts, n°50, 15 avril 1956, p. 80.
  14. Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, pp.1303-1304.
  15. a et b Germain Viatte, Jacques Villon, France-Archives, 2013
  16. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, pp.943-944.
  17. Pierre-Yves Corbel, Jacques Villon, Centre national des arts plastiques

Annexes

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Bibliographie

Archives

Articles connexes

Liens externes