Hussein ben Ali (roi du Hedjaz)

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Hussein ben Ali
Hussein ben Ali, chérif de La Mecque.
Fonctions
Calife
-
Roi du Hedjaz
-
Chérif de La Mecque
-
Abd al-Ilah Pasha (en)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
ونعمVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
ottomane (-)
royaume du Hedjaz (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Famille
Père
Ali bin Mohammed bin Abdul Moin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Salah Bani-Shahar (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Enfants
Parentèle
Muhammad ibn Abd al-Mu'in (en) (grand-père)
Awn ar-Rafiq (en) (oncle paternel)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Maîtres
Al-Shanqaiti al-Tarkazi (d), Aḥmad Ibn-Zainī Ibn-Aḥmad DaḥlānVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Titre honorifique
L'honorable
Prononciation
Blason

Hussein ben Ali (ou el-Ḥuwsseyn ben °Aliy, الحسين ابن علي en arabe), né vers 1853[3] à Istanbul et mort le à Amman, est un chérif de La Mecque jusqu'en 1924, roi du Hedjaz de 1916 à 1924 et calife à partir de 1924[4].

C'est l'avant-dernier chérif de La Mecque provenant de la dynastie hachémite, qui contrôle les lieux saints à partir de Ja'far ibn Muhammad al-Hasani, au Xème siècle.

Biographie

Hussein naît en 1853 à Istanbul. Face au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il écrit aux autorités Jeunes-Turques pour les dissuader d'intervenir[5]. Après l'intervention ottomane dans la guerre et la lancée d'un djihad à l'égard de la Triple-Entente par les ottomans et leur cheikh-al islam, Hayri Bey, il refuse d'appeler au djihad ; alors que les ottomans le lui demandent à plusieurs reprises, conscients de son importance religieuse[6].

Djemal Pacha, conscient de la loyauté vacillante des tribus arabes, qui veulent mettre fin à la domination turque sur leur territoire, convoque Hussein ben Ali à Damas pour le faire arrêter, emprisonner et peut-être exécuter[5]. Il refuse de se rendre à Damas mais propose de rester en contact avec les ottomans et de discuter avec eux directement à La Mecque.

Pourtant, ces discussions ne durent pas très longtemps car Hussein ben Ali prend connaissance d'une série de lettres dévoilant un complot d'assassinat à son égard par les autorités ottomanes[7].

Hussein ben Ali (date inconnue).

Après ces révélations inquiétantes pour lui, il prend contact avec les pays occidentaux de la Triple Entente pour voir avec eux s'ils peuvent soutenir l'indépendance des arabes. Les occidentaux répondent par l'affirmative et lui promettent, à la fois au protocole de Damas et dans la correspondance Hussein-McMahon, de lui transmettre le contrôle de toutes les zones arabes prises jusqu'à Adana[8]. Les puissances occidentales le trahissent après la fin de la guerre, ne transmettant qu'une partie minime des possessions promises à ses descendants.

Djihad anti-ottoman

Durant la Première Guerre mondiale, il joue un rôle important en lançant la révolte arabe[9] depuis son palais de la Mecque, où il proclame le djihad contre les Ottomans. Armé d'un fusil, il déclare que le djihad est « entrepris contre la colonisation, l'oppression et l'esclavage » des turcs[10],[11].

Dans les raisons qu'il donne pour justifier le djihad, il déclare agir pour une série de raisons, allant des persécutions des arabes, à celles des déportations et exécutions ottomanes contre les arabes en passant par une condamnation du génocide arménien[12].

Grande Révolte arabe

Les soldats ottomans de La Mecque, réfugiés à la forteresse d'Ajyad sont rapidement encerclés au son des tambours de guerre et malgré une défense aidée d'artillerie, les arabes prennent la forteresse en moins de deux jours[11]. C'est le début de la révolte arabe.

Djemal Pacha, à la nouvelle de la révolte, fait arrêter les intellectuels arabes de Syrie et menace de les exécuter ; mais n'en fait rien après la réponse d'Hussein selon laquelle chaque arabe exécuté équivaudrait à dix officiers turcs[11],[13].

Allié aux Britanniques et aux Français, il cherche l'indépendance des zones arabes de l'Empire ottoman. Lors d'une conférence de dirigeants arabes à Damas en , il est reconnu comme le porte-parole de la nation arabe entière[14],[9] (à ce titre, il est fréquemment considéré comme le fondateur du panarabisme). Il proclame l'indépendance du Hedjaz en 1916.

Il est notamment connu pour s'être opposé au génocide arménien en ordonnant à ses troupes de lutter contre[15] : « Ce qui vous est demandé est de protéger tous ceux de la communauté arménienne qui peuvent séjourner ou vivre dans vos quartiers ou bien parmi vos tribus ».

C'est son fils, Fayçal, qui mène l'essentiel des combats devant aller jusqu'à la prise de Damas par les Arabes, popularisés en Occident grâce à l'histoire de Lawrence d'Arabie. Trahi par les puissances occidentales, il est aussi trahi par des divisions internes issues principalement des familles liées aux Saouds, alliés des Ottomans.

Califat

En 1924, au lendemain de l'abolition du califat, le roi Hussein est proclamé calife[9] et se retire de son poste de roi du Hedjaz pour le laisser à son fils, Ali ben Hussein. Dans un souci de légitimer sa proclamation et d'établir des bases juridiques pour son califat, il fait réunir un Concile Consultatif[16], composé de trente-et-un représentants du monde musulman, élus par les oulémas et les habitants du Haramayn. Ce Concile se réunit douze fois, avant d'être ajourné sine die face à l'avancée des troupes saoudiennes[16].

Il est renversé par Abdelaziz Al Saoud, dit ibn Séoud[17] peu après.

Fin de vie

Hussein est forcé à la fuite après les attaques saoudiennes sur Taëf puis les lieux saints ; il se réfugie à Chypre, à Nicosie, où il vit jusque dans les années 1930, après quoi il rentre au Moyen-Orient et meurt en 1931 auprès de son fils, le roi Abdallah Ier de Jordanie[18]. Il est enterré dans la madrasa al-Arghuniyya, sur l'esplanade des mosquées (al-Ḥaram aš-Šarīf)[19].

La mosquée la plus importante d'Aqaba porte son nom[20].

Descendance

Il a pour fils et filles :

Décorations

Notes et références

  1. (en) « Husayn ibn 'Ali | king of Hejaz », Encyclopedia Britannica,‎ 12-14-1998 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Encyclopædia Universalis, « HUSAYN IBN 'ALI », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  3. 1953 est l'année de naissance retenue en majorité par les notices d'autorité, mais certaines sources indiquent d'autres années de naissance, notamment 1954[1], 1955 ou 1956[2].
  4. Clifford Edmund Bosworth, The new Islamic dynasties : a chronological and genealogical manual, Edinburgh University Press, (ISBN 0-7486-0684-X, 978-0-7486-0684-9 et 978-0-7486-2137-8, OCLC 35692500, lire en ligne)
  5. a et b Mitayakuna Stianto, « PENGARUH PENYULUHAN TENTANG BKB (BINA KELUARGA BALITA) TERHADAP PENGETAHUAN DAN KEAKTIFAN IBU DALAM KEGIATAN BKB », Jurnal Kebidanan Malahayati, vol. 7, no 3,‎ , p. 562–567 (ISSN 2579-762X et 2476-8944, DOI 10.33024/jkm.v7i3.4471, lire en ligne, consulté le )
  6. Joep Lameer et J. J. Witkam, History of the Arabic written tradition. Volume 1, (ISBN 978-90-04-32626-2 et 90-04-32626-X, OCLC 958141263, lire en ligne)
  7. Ali A. Allawi, Faisal I of Iraq, (ISBN 978-0-300-19936-9, 0-300-19936-8 et 1-306-40766-4, OCLC 869923728, lire en ligne)
  8. A. Henry McMahon, McMahon–Hussein Correspondence (July 14, 1915 – March 10, 1916) (lire en ligne)
  9. a b et c Joshua Teitelbaum, « Sharif Husayn ibn Ali and the Hashemite Vision of the Post-Ottoman Order: From Chieftaincy to Suzerainty », Middle Eastern Studies, vol. 34, no 1,‎ , p. 103–122 (ISSN 0026-3206, lire en ligne, consulté le )
  10. Michael Provence, The great Syrian revolt and the rise of Arab nationalism, University of Texas Press, (ISBN 978-0-292-79710-9 et 0-292-79710-9, OCLC 320324665, lire en ligne)
  11. a b et c David Murphy, The Arab Revolt 1916-18 : Lawrence sets Arabia ablaze, Osprey, (ISBN 978-1-84603-339-1 et 1-84603-339-X, OCLC 212855786, lire en ligne)
  12. (arb) Hussein ben Ali, Correspondance entre le chérif Hussein et les Ottomans / كليب سعود الفواز، المراسلات المتبادلة بين الشريف حسين والعثمانيين، ص, Al Fawaz, Document historique,‎ , p. 161-159 :

    « - L'Assemblée ottomane usurpe l'autorité du sultan ottoman et son droit de choisir des candidats aux postes importants de l'État, tels que le poste de grand vizir et de cheikh al-Islam.

    - Ils manipulent les fonds publics et nous accablent de prêts.

    - Ils ont plongé l'Empire ottoman dans de vaines guerres européennes, dont il est sorti perdant, et ils ont utilisé ces guerres comme un moyen d'épuiser la richesse de la nation comme ils ont épuisé la richesse de l'État, puis ils ont utilisé ces guerres comme prétexte pour harceler tous ceux qui s'opposent à leur opinion dans leur politique et leur administration.

    - Ils attisent la haine en adoptant une politique de turquisation des peuples de l'Empire ottoman et en créant un gouffre abyssal entre les Arabes et les Ottomans mais aussi entre les Arméniens et les Ottomans.

    - Ils tuent les Arméniens, hommes, femmes et enfants, ce qui est contraire aux règles de la loi islamique et contredit les enseignements du prophète Mahomet de ne pas tuer de femmes, d'enfants et d'hommes non combattants pendant les batailles.

    - Ils persécutent les Arabes et tentent de tuer la langue arabe dans tous les États arabes en abolissant son utilisation dans les écoles, les bureaux et les tribunaux, la tentative de tuer la langue arabe est l'un des plus grands maux qu'ils ont commis contre l'État et les Arabes, ce que je considère comme un meurtre de l'Islam lui-même et du Coran révélé en arabe.

    - Le sanctuaire de la Mecque et le sanctuaire civil du Hijaz ne sont pas épargnés par leur mal, car ils les exposent à la peur, à la faim et à la ruine.

    - Ils ont saisi l'occasion de déclarer la loi martiale et ont procédé à la pendaison et à l'exécution d'intellectuels et militaires arabes. Ils ont pendu 21 hommes en un jour, le but de ce grand nombre de meurtres est de semer la peur dans le cœur des Arabes pour qu'ils n'exigent pas la préservation de la langue arabe ou des droits politiques des Arabes.

    - Ils confisquent les biens et l'argent d'un grand nombre de familles arabes dont les membres sont en colère contre l'Empire Ottoman pour des raisons politiques et les expulsent de leurs maisons avec femmes et enfants vers l'Anatolie sans parrain légal, les soumettant à la perdition de la famine, du froid et de la chaleur, le but de toute cette persécution hideuse est que quiconque survivra de la perdition de ces femmes et enfants sera comme les servantes et les esclaves des Turcs en Anatolie. »

  13. Ian Rutledge, Enemy on the Euphrates : the British occupation of Iraq and the Great Arab Revolt, 1914-1921, (ISBN 978-0-86356-762-9 et 0-86356-762-2, OCLC 872707444, lire en ligne)
  14. Xavier Baron : Les Palestiniens, Genèse d'une nation. p. 18.
  15. (en) Nour Samaha, « How Arabs reached out to Armenians amid 1915 massacre », sur aljazeera.com (consulté le ).
  16. a et b Martin Kramer, Islam assembled the advent of the Muslim Congresses, Columbia University Press, (ISBN 1-59740-468-3 et 978-1-59740-468-6, OCLC 1113069713, lire en ligne)
  17. « Hussein et la famille Hachémite - Les clés du Moyen-Orient », sur www.lesclesdumoyenorient.com (consulté le ).
  18. (en) « Hussein ibn Ali | Sharif, Biography, History, & Facts | Britannica », sur www.britannica.com (consulté le )
  19. Martin Strohmeier, « The exile of Husayn b. Ali, ex-sharif of Mecca and ex-king of the Hijaz, in Cyprus (1925–1930) », Middle Eastern Studies, vol. 55, no 5,‎ , p. 733–755 (ISSN 0026-3206, DOI 10.1080/00263206.2019.1596895, lire en ligne, consulté le )
  20. « La Mosquée de Al Hussein Bin Ali », sur aqaba.jo (consulté le )

Liens externes