École biblique et archéologique française de Jérusalem
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EBAF |
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Olivier Poquillon (depuis ) |
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L’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF) est un établissement français d’enseignement supérieur et de recherche spécialisé dans l’archéologie et l’exégèse biblique. Elle a été fondée en 1890 par l’ordre dominicain près de la vieille ville de Jérusalem (aujourd'hui en Israël, mais à l'est de la ligne verte de 1949).
Localisation et description
[modifier | modifier le code]L'EBAF se trouve au nord de la vieille ville de Jérusalem, du côté de la porte de Damas[1], à l'intérieur du couvent dominicain Saint-Étienne, situé route de Naplouse[2], n° 83-85.
Le domaine conventuel comporte des espaces de jardins et cinq bâtiments[3] :
- la basilique Saint-Étienne : elle remplace une chapelle du Ve siècle, qui a été construite par l'impératrice Eudoxie (vers 400-vers 460), épouse de Théodose II (empereur d'Orient de 408 à 450), et qui a reçu en 439 les reliques du protomartyr Étienne (liturgie de Jérusalem, saint Étienne), principal lieu de culte de ce saint à Jérusalem à l’époque byzantine ;
- un deuxième bâtiment, d'époque ottomane, qui abrite le laboratoire et le musée archéologique ;
- le couvent, qui abrite aussi la bibliothèque, la cartothèque et la photothèque ;
- l'école (salles de conférence, classes, logements des étudiants et des chercheurs) ;
- le cinquième bâtiment, ancienne porterie-conciergerie du couvent, héberge aujourd'hui des sœurs de la congrégation de la Miséricorde affectées au couvent Saint-Étienne.
La bibliothèque contient 250 000 volumes et la photothèque 35 000 photographies anciennes de sites de la région, parfois sur plaques de verre[1].
De mars 1949 (fin de première guerre israélo-arabe) à juin 1967 (guerre des Six Jours), ce domaine se trouvait à Jérusalem-Est, alors sous occupation jordanienne, alors que Jérusalem-Ouest avait été conquise[4] par l'armée israélienne.
Histoire
[modifier | modifier le code]Vue d'ensemble
[modifier | modifier le code]L’École biblique est fondée en 1890 sous le nom d’École pratique d’études bibliques par Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), membre de l’ordre dominicain ou ordre des Prêcheurs.
Elle reçoit son nom actuel en 1920, à la suite de sa reconnaissance comme école archéologique française par l’Académie des inscriptions et belles-lettres[1].
En 1931, le Père Lagrange, âgé de 76 ans, doit reprendre la direction de l'école alors en pleine crise.
En janvier 2020, Emmanuel Macron est le premier président de la République française en exercice à visiter l'école ; il promet une aide financière pour son fonctionnement. En effet, 10 % du budget de l'Ebaf est versé par le ministère français des Affaires étrangères, le reste étant récolté auprès de mécènes ou encore grâce aux bourses d'études des doctorants[1].
Relations avec le Saint-Siège
[modifier | modifier le code]L'école et son fondateur ont longtemps été suspects aux yeux du Saint-Siège, alors que l'Église catholique devait faire face à la crise moderniste, le père Lagrange (avec d'autres chercheurs contribuant au renouveau des études bibliques) étant suspecté de modernisme[5].
Marie-Joseph Lagrange accepte, des décennies durant, de ne pas publier ses travaux et ceux de son équipe[réf. nécessaire]. L'école dut aussi être fermée un moment.[Quand ?]
L'opposition de l'époque entre les dominicains et les jésuites se traduit par la création de l'Institut biblique pontifical créé à Rome par le pape et confié aux jésuites en 1909, dans le but de concurrencer l'école de Jérusalem[6].
Les rapports se sont ensuite apaisés, notamment depuis l'encyclique Divino afflante Spiritu de 1943.
Études
[modifier | modifier le code]Disciplines étudiées
[modifier | modifier le code]Depuis sa création, l’École biblique a mené, de front et de manière complémentaire, des recherches archéologiques en Palestine (Palestine ottomane (1890-1922) ; Palestine mandataire (1922-1948) ; depuis 1948 : Israël et territoires palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza) et dans les pays voisins, et l’exégèse des textes bibliques.
Elle s’est distinguée dans les disciplines de l’épigraphie, de la linguistique sémitique, de l’assyriologie, de l’égyptologie, en archéologie et en histoire du Proche Orient ancien.
Étude du site de Qumrân
[modifier | modifier le code]À la suite de la découverte des premiers manuscrits de la mer Morte (1947), le Père Roland de Vaux est désigné par le département des Antiquités jordaniennes pour fouiller le site de Qumrân de 1951 à 1956.
Une équipe de biblistes de Jérusalem a beaucoup collaboré à l'exégèse et à la traduction des textes esséniens[7],[1].
Organisation des études
[modifier | modifier le code]Elle accueille pour une ou plusieurs années une trentaine d'étudiants doctorants en résidence[1]. Elle est liée par des conventions avec plusieurs universités étrangères et collabore à Jérusalem avec le Studium Biblicum Franciscanum et l'Université hébraïque.
Elle est habilitée à conférer le diplôme canonique (doctorat) en Écriture sainte.
Publications
[modifier | modifier le code]Elle publie la Revue biblique, ainsi que des travaux spécialisés dans ses domaines d'excellence et des ouvrages adressés à un public plus large.
La Bible de Jérusalem (1956)
[modifier | modifier le code]Elle est à l'origine d'une traduction française de la Bible, la Bible de Jérusalem publiée pour la première fois en 1956, puis en 1973 et en 1998), qui allie qualité littéraire des traductions et rigueur critique[1].
La Bible en ses traditions
[modifier | modifier le code]Aujourd'hui, l'École biblique travaille sur un nouveau programme de recherche nommé La Bible en ses traditions (Bible in its Traditions) qui propose, à partir d'une interface en ligne présentée sous forme de rouleau, de pouvoir naviguer à travers les traductions traditionnelles des diverses versions de la Bible (hébraïque, grecque, latine, etc.)[8],[9]. La Bible en ses Traditions permettra d'explorer l'influence du texte dans la culture au fil des siècles (histoire, arts, etc.)[10],[11],[1].
Le Dictionnaire Jésus (2021)
[modifier | modifier le code]L'École a publié en 2021 un Dictionnaire Jésus de 1274 pages, résultat d'un travail collectif faisant la synthèse des travaux de dizaines de chercheurs d'âges, de disciplines, de nationalités et de confessions différentes, sous la direction du frère Renaud Silly (d) o.p.[pas clair]
Cet ouvrage apporte un regard renouvelé sur Jésus, en le restituant sur sa terre d'origine et au milieu de son peuple, montrant que tout en Jésus est juif, au sens que ce mot pouvait avoir vers 30 apr. J.-C.). Il accorde une large place à la personne du Christ[pas clair], à son enseignement et aux rites qui se réclament de lui[12].
Personnalités
[modifier | modifier le code]Membres illustres
[modifier | modifier le code]Parmi ses membres les plus illustres, outre le père Lagrange, on peut citer :
- Marie-Émile Boismard o.p., Roland de Vaux o.p., Raymond-Jacques Tournay o.p., Louis-Hugues Vincent o.p., Pierre Benoit o.p., Justin Taylor s.m., Étienne Nodet o.p., Émile Puech ou Jean-Baptiste Humbert o.p.
Directeurs
[modifier | modifier le code]- 1890-1923 : Marie-Joseph Lagrange
- ...
- 1931-1935 : Marie-Joseph Lagrange (mort en 1938)
- ...
- 1945-1964 : Roland de Vaux
- 1964-1972 : Pierre Benoit
- 1972-1981 : Raymond-Jacques Tournay
- 1982-1984 : François Refoulé
- 1984-1990 : Jean-Luc Vesco
- 1990-1996 : Marcel Sigrist
- 1996-1999 : Claude Geffré
- 1999-2008 : Jean-Michel Poffet (d)
- 2008-2015 : Hervé Ponsot (d)
- 2015-2023 : Jean-Jacques Pérennès (d)[13],[14]
- depuis 2023 : Olivier Poquillon[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Guyonne de Montjou, « Jérusalem, les explorateurs de la Bible », Le Figaro Magazine, , p. 62-67 (lire en ligne).
- Page anglaise Nablus Road, en hébreu Derekh Chekhem (Chekhem, traditionnellement transcrit Sichem = Naplouse).
- « Les bâtiments », sur le site de l'école biblique.
- Selon le plan de partage de la Palestine adopté par l'ONU le 29 novembre 1947, Jérusalem et alentours devaient constituer une zone internationale, entre l'État juif (créé le 14 mai 1948 sous le nom d'Israël) et l'État arabe (non créé).
- Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange, éd. Cerf, 2004, p. 204-205 extraits en ligne.
- Bernard Montagnes, « Les séquelles de la crise moderniste. L'École biblique au lendemain de la Grande Guerre », Revue thomiste, XCVIIIe année, Tome XC, no 2, p. 245-270, 1990.
- Roland de Vaux, O. P., L'archéologie et les manuscrits de la mer Morte. Persée (portail).
- « Accueil - Bible In Its Traditions », sur Bible In Its Traditions (consulté le ).
- Samuel Pruvot, École biblique de Jérusalem, les explorateurs de la Bible, Famille Chrétienne no 2245 du 23 au 29 janvier 2021, p. 14-19
- « Chrétiens du Levant : une exégèse 2.0 », Le Figaro, 17 octobre 2017.
- « Père Olivier-Thomas Venard : « La Bible est moins un livre qu'une bibliothèque » », Le Figaro, 23 octobre 2016.
- École Biblique de Jérusalem, Dictionnaire Jésus, Paris, Laffont,
- Direction – Jean Jacques Pérennès, op.
- « Le P. Jean-Jacques Pérennès serait nommé directeur de l’École biblique de Jérusalem », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
- Marguerite de Lasa, « Le frère Olivier Poquillon nommé directeur de l’École biblique de Jérusalem », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Ouvrages sur l'École biblique
[modifier | modifier le code]- Collectif, Mémorial Lagrange : Cinquantenaire de l'école biblique et archéologique française de Jérusalem, 15 novembre 1890 - 15 novembre 1940, Paris, J. Gabalda, (ASIN B00B1EP0D6) (Notice BNF33477882)
- Jean-Luc Vesco (dir.), L'Ancien Testament : Cent ans d’exégèse à l’École biblique, Peeters, , 220 p. (ISBN 978-2850210464)
- Jérôme Murphy-O'Connor (dir.), Le Nouveau Testament Cent ans d'exégèse à l’École biblique, II, Paris, J. Gabalda, 1990 (Notice BNF35288931)
Publications de l'École
[modifier | modifier le code]- Collectif, La Bible de Jérusalem : La Sainte Bible (traduite en français sous la direction de l'École biblique de Jérusalem), Paris, Éditions du Cerf, (ISBN 978-2204014915)
- Jérôme Murphy-O'Connor, Le Nouveau Testament. Cent ans d'exégèse à l'École biblique, Paris, J. Gabalda, 1990.
- Ecole Biblique de Jerusalem, La Bible de Jérusalem, Paris, Presses Pocket, , 2144 p., Poche (ISBN 978-2266130691)
- Frère Renaud Silly, Dictionnaire Jésus, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », , 1312 p., École biblique de Jérusalem (ISBN 978-2221221525)
Publications de documents des fonds de l'École
[modifier | modifier le code]- (fr)(en) Ecole Biblique de Jerusalem, Catalogue de l'École Biblique et Archéologique Française de Jerusalem / Catalogue of the French Biblical and Archaeological School of Jerusalem, Brill Academic Pub, , CD-Rom (ISBN 978-9004148482)
- Elias Sanbar, Jérusalem et la Palestine Photographies de l’École biblique de Jérusalem, Paris, Hazan, coll. « Photographie », , 200 p. (ISBN 978-2754106153)
- (fr)(en)(ar) Ecole Biblique de Jerusalem, The Empire and the Kingdom : Jordan as seen by the École biblique et archéologique française de Jérusalem (1893-1935), Amman, Centre culturel français, (ASIN B00PE7IZTW) (Notice BNF471966744)
Articles disponibles en ligne
[modifier | modifier le code]- Laurent Zecchini, « A Jérusalem, dans les pas des Pères archéologues », sur Le Monde, (consulté le )
- Michel De Jaeghere, « Père Olivier-Thomas Venard : « La Bible est moins un livre qu'une bibliothèque, recueil de mille ans d'écriture » », sur Le Figaro, (consulté le )
- Michel De Jaeghere et Isabelle Schmitz, « Jésus-Christ, cet inconnu: peut-on réconcilier la foi, l’histoire et la raison ? », sur Le Figaro, (consulté le )
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Revue biblique
- Institut dominicain d'études orientales
- Centre de recherche français à Jérusalem
- Basilique Saint-Étienne de Jérusalem
- Bibliothèques d'Orient
Liens externes
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- (mul) Site officiel
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- « À Jérusalem, Emmanuel Macron visite et encourage l’École biblique et archéologique », Anne-Bénédicte Hoffner, journal La Croix (01/2020)
- Dies Academicus 2023-2024, École biblique et archéologique française de Jérusalem