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« Guillaume III d'Orange-Nassau » : différence entre les versions

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|portrait = King William III of England, (1650-1702).jpg
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|dynastie = [[Maison d'Orange-Nassau]]
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|nom naissance = Willem Hendrik van Oranje
|nom naissance = Willem Hendrik van Oranje
|naissance = {{Date|4|novembre|1650}}<br/><small>[[Passage au calendrier grégorien|N.S.]] :{{Date|14|mars|1702}}</small><ref name=OSNS>À l'époque de Guillaume, deux calendriers étaient en usage en Europe : le [[calendrier julien]] en Grande-Bretagne et dans certains pays d'Europe du Nord et de l'Est et le [[calendrier grégorien]] partout ailleurs y compris dans les Pays-Bas natals de Guillaume. Au moment de la naissance de Guillaume, les dates grégoriennes étaient de dix jours en avance sur les dates juliennes. Ainsi Guillaume est né le 14 novembre 1650 dans le calendrier grégorien mais le 4 novembre dans le julien. Au moment de la mort de Guillaume, les dates grégoriennes étaient de onze jours en avance. Il mourut le 8 mars 1702 dans le calendrier julien en vigueur dans le Royaume-Uni mais le 19 mars 1702 dans le calendrier grégorien. Sauf mention contraire, les dates de cet article suivent le calendrier julien.</ref>
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'''Guillaume III''' ({{lang-nl|Willem III}} ; 4 novembre 1650 - 8 mars 1702)<ref name=OSNS/> fut prince d'Orange de la [[Maison d'Orange-Nassau]] dés sa naissance. À partir de 1672, il gouverna en tant que [[stathouder]] '''Guillaume III d'Orange''' ({{lang-nl|Willem III van Oranje}}) de [[Hollande]], [[Zélande]], [[Utrecht]], [[Gueldre]], et [[Overijssel]] appartenant aux [[Provinces-Unies]]. En 1689, il devint [[Liste des monarques d'Angleterre|monarque d'Angleterre]] et d'[[Roi d'Irlande|Irlande]] sous le nom de '''Guillaume III d'Angleterre''' et en tant que [[Liste des rois d'Écosse|roi d'Écosse]], il gouverna sous le nom de '''Guillaume II'''<ref>{{cite web|url=http://www.parliament.uk/actofunion/01_03_revolution.html|title=Act of Union 1707, the Revolution in Scotland|publisher=UK Parliament|accessdate=8 aout 2008| archiveurl = http://web.archive.org/web/20080615023245/http://www.parliament.uk/actofunion/01_03_revolution.html| archivedate = 15 juin 2008}}</ref>. Dans ce qui fut appelé la "[[Glorieuse Révolution]] en 1688, il renversa le monarque [[Jacques II d'Angleterre]] et obtint les couronnes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Dans les [[îles Britanniques]], Guillaume III gouverna conjointement avec son épouse, [[Marie II d'Angleterre]] jusqu'à sa mort le 28 décembre 1694.
'''Guillaume III, prince d'Orange''' (né le {{Date|14|novembre|1650}} et mort le {{Date|8|mars|1702}}), aussi connu comme le roi '''Guillaume III d'Angleterre''', '''Guillaume II d'Écosse et d'Irlande''', est célèbre pour avoir mené à bien l'invasion de [[1688]] (la [[Glorieuse Révolution]]) de l'Angleterre, à la tête d'une armée composée essentiellement de troupes néerlandaises, de mercenaires allemands et d'environ 3000 huguenots français.


En tant que [[protestantisme|protestant]], Guillaume participa à plusieurs guerres contre le puissant roi catholique de France, [[Louis XIV de France|Louis XIV]] au sein de plusieurs coalitions. De nombreux protestants le saluèrent comme le champion de leur foi. En grande partie du fait de cette réputation, Guillaume fut capable de s'emparer des couronnes britanniques alors que de nombreuses personnes s'inquiétaient d'un retour au catholicisme sous Jacques II. La victoire de Guillaume III sur Jacques II lors de la [[bataille de la Boyne]] en 1690 est aujourd'hui commémoré par l'[[Ordre d'Orange (1795)|Ordre d'Orange]] en [[Irlande du Nord]] et dans certaines régions d'Écosse. Son règne marqua la transition du pouvoir personnel des [[Maison Stuart|Stuart]] vers le pouvoir soumis au contrôle du parlement de la [[Maison de Hanovre]].
S'appuyant sur des ingénieurs, des financiers et des artistes comme l'écrivain [[Daniel Defoe]], Guillaume III a instauré en Angleterre de profondes réformes, avec la liberté de la presse, la séparation de l'Église et de l'État, la création d'une banque centrale, l'aménagement du réseau fluvial et un système de financement permettant d'investir dans la Royal Navy, qui connaît alors la plus forte expansion de son histoire. En 1715, les exportations anglaises représentent plus de 200 millions de livres tournois, contre seulement 50 millions pour la France<ref>François Crouzet (2008) ''La guerre économique franco-anglaise au {{s|XVIII|e}}''</ref>.


== Biographie ==
== Jeunesse ==
[[File:Willem II prince of Orange and Maria Stuart.jpg|thumb|left|alt=Portrait de Marie, princesse royale dans une robe jaune et de William II dans un costume noir|upright|Les parents de Guillaume, [[Guillaume II d'Orange-Nassau]] et [[Marie Henriette Stuart]]]]
=== Jeunesse ===
Fils de [[Guillaume II d'Orange-Nassau]] et de Marie Henriette Stuart, William est né à [[La Haye]] ([[Pays-Bas]]), huit jours après le décès de son père des suites de la [[variole]]. Il est né [[prince d'Orange]]. Sa mère, Marie Henriette Stuart est la fille aînée de [[Charles Ier d'Angleterre|Charles I{{er}} d'Angleterre]].


=== Guerre de Hollande ===
=== Naissance et famille ===
Guillaume-Henri d'Orange est né à [[La Haye]] dans les [[Provinces-Unies]] le 4 novembre 1650<ref>Claydon, 9</ref>. Il était le seul enfant du [[stathouder]] [[Guillaume II d'Orange-Nassau|Guillaume II, prince d'Orange]] et de [[Marie Henriette Stuart|princesse royale Marie]]. Marie était la fille ainée du roi [[Charles Ier d'Angleterre|Charles {{Ier}} d'Angleterre]] et la sœur de [[Charles II d'Angleterre|Charles II]] et de [[Jacques II d'Angleterre|Jacques II]].
Le {{date|28|juin|1672}}, il est nommé au poste de [[stathouder]] des [[Pays-Bas]] et capitaine général des forces s'opposant à l'invasion par la [[France]] dans le cadre de la [[Guerre de Hollande]] et de la [[Troisième Guerre anglo-néerlandaise]]. À la tête de la coalition dirigée par les Provinces-Unies, Guillaume accourt de Hollande aux premiers bruits du siège de Saint-Omer. Ses troupes rencontrent l'armée française dirigée par [[Philippe de France (1640-1701)|Philippe d'Orléans]] (le frère de Louis XIV) près de Cassel, à [[Noordpeene]]. L'armée néerlandaise est défaite le dimanche {{date|11|avril|1677}} au cours de la [[bataille de la Peene]]. Saint-Omer tombe quelques jours plus tard. Il réussit à obtenir la paix en [[1678]] avec les traités de [[Nimègue]]. Il s'efforce de susciter une alliance anti-française, la [[ligue d'Augsbourg]]. L'événement le plus important pour parvenir à ce résultat a lieu l'année précédente.


Huit jours avant la naissance de Guillaume, son père mourut de la [[variole]] ; ainsi Guillaume devint [[Principauté d'Orange|prince d'Orange]] dés le jour de sa naissance<ref>Claydon, 14</ref>. Immédiatement, un conflit commença entre la [[Marie Henriette Stuart|princesse royale]] et la mère de Guillaume II, [[Amélie de Solms-Braunfels]], sur le nom à donner à l'enfant. Marie voulait le nommer Charles d'après son frère mais sa grand-mère préférait Guillaume ou ''Willem'' pour améliorer ses chances de devenir stathouder<ref>Troost, 26; van der Zee, 6-7</ref>. Guillaume II avait nommé son épouse comme tuteur de son fils dans son testament ; cependant le document n'était pas signé au moment de la mort de Guillaume II et était donc invalide<ref>Troost, 26</ref>. Le 13 aout 1651, le ''Hoge Raad'' (Conseil Supreme) établit que le tutorat serait partagé entre sa mère, sa grand-mère paternelle et [[Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg|Frédéric-Guillaume {{Ier}}]], l'[[Liste des souverains de Brandebourg|électeur de Brandebourg]] dont l'épouse [[Louise-Henriette d'Orange|Louise-Henriette]] était la sœur ainée de son père<ref>Troost, 26-27. Le prince prussien fut choisi car il pouvait servir d'arbitre neutre dans les discussions entre les deux femmes mais aussi car en tant qu'héritier possible il était intéressé par la protection de la fortune de la famille Orange, ce qu'Amélie avait peur que Marie ne la dilapide.</ref>.
Après la fin du [[Commonwealth de l'Angleterre|Commonwealth d'Angleterre]] (puritain) et la restauration, [[Charles II d'Angleterre|Charles II]] arrange le mariage de [[Marie II d'Angleterre|Marie]], la fille de son frère cadet le [[Jacques II d'Angleterre|duc d'York]] à son cousin Guillaume d'Orange en [[1677]]. Quand Charles II décède sans enfant légitime, la couronne passe au duc, désormais [[Jacques II d'Angleterre|Jacques II]]. Il est notoire que Jacques et sa femme, la princesse italienne [[Marie-Béatrice de Modène]] sont catholiques. L'anti-papisme est à son maximum, et les membres des religions dissidentes (les diverses églises protestantes y compris les [[presbytérien]]s), les indépendants (de nos jours [[baptiste]]s, et les [[Société religieuse des Amis (quakers)|quakers]]), sont parmi ceux qui se rebellent contre une conversion éventuelle au [[catholicisme]]. Cependant Jacques II est toléré en raison du [[protestantisme]] de son héritière Marie et de son époux.


=== Coup d'État en douceur ===
=== Enfance et éducation ===
La mère de Guillaume ne montra que peu d'intérêt personnel pour son fils ; elle fut parfois absente durant des années et elle se tenait toujours de manière délibérée en dehors de la société hollandaise<ref>Van der Kiste, 5-6; Troost, 27</ref>. L'éducation de Guillaume fut principalement réalisée par plusieurs gouvernantes hollandaises dont certaines étaient de descendance anglaise comme Walburg Howard. À partir d'avril 1656, le prince reçut un enseignement journalier dans la [[Églises réformées|religion réformée]] avec le prêtre [[Calvinisme|calviniste]] Cornelius Trigland, un partisan du théologien [[Gisbertus Voetius]]<ref>Troost, 34-37</ref>. L'éducation idéale pour Guillaume fut décrite dans ''Discours sur la nourriture de S. H. Monseigneur le Prince d'Orange'', un court traité écrit par l'un des tuteurs de Guillaume, [[Constantin Huygens]]<ref>Troost, 27. L'auteur aurait également pu être Johan van den Kerckhoven. ''Ibid.''</ref>. Dans ces leçons, le prince apprit qu'il était [[Prédestination|prédestiné]] à devenir un instrument de la [[Providence (religion)|divine providence]] devant remplir la destinée historique de la [[Maison d'Orange-Nassau]]<ref>Troost, 36-37</ref>.
La crise survient quand la reine [[Marie de Modène]] met au monde un fils viable [[Jacques François Stuart]], ce qui repousse ainsi Marie dans la ligne de succession, et risque d'installer une dynastie catholique en Angleterre. Une conspiration puissante de notables, les [[sept immortels]], invite Guillaume et Marie à déposer Jacques. Le [[parlement]] commence à prendre des mesures pour lever une force militaire. La [[guerre de la ligue d'Augsbourg|guerre]] éclate entre la [[ligue d'Augsbourg]] et la France, et pour s'adjoindre l'Angleterre, le couple débarque à [[Brixham]] dans le [[Comté de Devon|Devon]] le 5 novembre [[1688]], et réussit à capturer [[Jacques II d'Angleterre|Jacques II]] dans le [[Kent (Angleterre)|Kent]]. Cette invasion néerlandaise, bien dissimulée comme telle par le patriotisme de l'historiographie anglaise, est nommée ''la [[Glorieuse Révolution]]''. Jacques II, son épouse et leur fils se réfugient en France : en effet, [[Louis XIV]], allié des [[Stuart]], est aussi le cousin germain du roi déchu.


[[File:Jan davids de heem-fleurs avec portrait guillaume III d'Orange.jpg|thumb|right|Le jeune prince représenté dans une couronne florale accompagnée de symboles de la [[Maison d'Orange-Nassau]], peinture de [[Jan Davidsz de Heem]].]]
=== Règne conjoint ===
À partir du début de l'année 1659, Guillaume passa sept années à l'[[université de Leyde]] où il reçut une éducation formelle sous la direction du professeur d'éthique Hendrik Bornius<ref>Troost, 37-40</ref>. Tout en résidant à la ''Prinsenhof'' de [[Delft]], Guillaume avait une petite escorte personnelle dont [[Hans Willem Bentinck (1er comte de Portland)|Hans Willem Bentinck]] faisait partie et un nouveau gouverneur Frederick Nassau de Zuylestein, le fils illégitime du stathouder [[Frédéric-Henri d'Orange-Nassau]]. Il apprit le français avec [[Samuel Chappuzeau]] (qui fut démissionné par la grand-mère de Guillaume après la mort de sa mère)<ref>Meinel</ref>.
[[Image:Queen Mary II.jpg|left|thumb|Marie II, reine du Royaume-Uni, fille aînée du roi Jacques II et épouse de Guillaume III]]
L'intention du Parlement est de donner le trône à Marie, mais celle-ci décline l'offre. Elle est non seulement inquiète à l'idée de gouverner seule, mais Guillaume est inquiet de son statut.


Le [[grand-pensionnaire]] [[Johan de Witt]] et son oncle [[Cornelis de Graeff]] poussèrent les [[États de Hollande et de Frise-Occidentale|États de Hollande]] à prendre en charge l'éducation de Guillaume. Cela était destiné à s'assurer qu'il devait acquérir les aptitudes pour servir dans le futur dans une fonction gouvernementale encore à déterminer ; les États agirent le 25 septembre 1660<ref name=troost43>Troost, 43</ref>. Cette première implication des autorités ne dura pas longtemps. Le 23 décembre 1660, alors que Guillaume était âgé de dix ans, sa mère mourut de la [[variole]] au [[palais de Whitehall]] à Londres alors qu'elle rendait visite à son frère, le [[Charles II d'Angleterre|roi Charles II]]<ref name=troost43/>. Dans son testament, Marie demanda à Charles de veiller aux intérêts de Guillaume et Charles demanda aux États de Hollande de mettre un terme à leurs interférences<ref>Troost, 43-44</ref>. Pour apaiser Charles, ils acceptèrent le 30 septembre 1661<ref>Troost, 44</ref>. En 1661, Zuylenstein commença à travailler pour Charles. Il poussa Guillaume à écrire des lettres à Charles pour lui demander de l'aider à devenir stathouder<ref name=troost49>Troost, 49</ref>. Après la mort de son père, l'éducation et le tutorat de Guillaume commencèrent à devenir un point de tension entre les partisans de sa dynastie, les [[Orangisme (Provinces-Unies)|orangistes]] et les partisans de Pays-Bas plus républicains<ref>Van der Kiste, 12-17</ref>.
Le 13 février [[1689]], leur co-règne est rendu officiel. Guillaume devient Guillaume III d'Angleterre et Marie, [[Marie II d'Angleterre]].


Les autorités hollandaises firent de leur mieux pour ignorer ces intrigues mais lors de la [[Deuxième Guerre anglo-néerlandaise]], l'une des conditions de paix de Charles était l'amélioration de la position de son neveu<ref name=troost49/>. En représailles en 1666, lorsque William avait seize ans, les États de Hollande firent officiellement de lui un pupille du gouvernement<ref name=troost49/>. Tous les partisans pro-anglais, dont Zuylenstein, furent éloignés de la compagnie de Guillaume<ref name=troost49/>. Guillaume pria De Witt d'autoriser Zuylenstein à rester mais il refusa<ref name=vdk14>Van der Kiste, 14-15</ref>. De Witt, le politicien le plus influent des Provinces-Unies, se chargea de l'éducation de Guillaume ; il lui enseigna la politique et les affaires nationales et jouait régulièrement à la courte-paume (sorte de tennis) avec lui<ref name=vdk14/>.
En échange, la [[déclaration des droits d'Angleterre|déclaration des droits]] est adoptée (puis, après la mort de Marie et du seul enfant survivant d'Anne, l'[[Acte d'établissement]] de [[1701]] qui exclue les [[Catholicisme|catholiques]] de la succession au trône). L'effet de ces deux mesures est de rendre au Parlement le pouvoir suprême en Angleterre (et peu après dans le Royaume-Uni), et de faire du protestantisme un facteur plus important que le lien du sang pour la transmission du trône. Guillaume et Marie sont couronnés le {{Date|11|avril|1689}}.


== Premières fonctions ==
En pratique, lors de la première partie de leur règne, Marie agit comme une administratrice et Guillaume comme commandant d’opérations. Leurs trois enfants, nés dans les premières années de leur union, avant leur accession au trône, sont tous morts à la naissance. Pendant leur règne et celui d'[[Anne Ire de Grande-Bretagne|Anne]], la présence de Jacques II et de son fils sur le continent jette des doutes et unit les dissidents.
[[Image:Grand Pensionary Johan de Witt.jpg|thumb|left|upright|alt=Portait d'un homme habillé tout en noir et regardant vers la gauche.|[[Johan de Witt]] qui supervisa l'éducation de Guillaume en 1666.]]
[[Image:Gaspar Fagel.jpg|left|thumb|alt=Portrait d'un homme potelé se trouvant derrière un bureau.|upright|[[Gaspar Fagel]] remplaça De Witt en tant que grand-pensionnaire et était plus favorable aux intérêts de Guillaume.]]


=== Exclusion du poste de stathouder ===
Jacques II tente d'exploiter ce mécontentement, comme le feront ses descendants, son fils [[Jacques François Stuart]], ultérieurement connu comme ''le vieux prétendant'', et son petit-fils, Charles Édouard Stuart, comme ''le jeune prétendant'' ou « [[Bonnie Prince Charlie]] ».
À la mort du père de Guillaume, les provinces avaient suspendues le titre de stathouder. Le [[Traité de Westminster (1654)|traité de Westminster]] de 1654 qui mettait un terme à la [[Première Guerre anglo-néerlandaise]], possédait une annexe secrète attachée aux demandes d'[[Oliver Cromwell]] : l'acte de séclusion qui interdisait à la province de Hollande de nommer un membre de la Maison d'Orange au titre de stathouder<ref>Troost, 29-30</ref>. Après la [[Restauration anglaise]], l'acte de séclusion, qui n'était pas resté un secret très longtemps fut déclaré nul car le [[Commonwealth d'Angleterre]] (avec qui le traité avait été conclu) n'existait plus<ref name=troost41>Troost, 41</ref>. En 1660, Marie et Amélie essaya de convaincre les différentes provinces des États de nommer Guillaume en tant que futur stathouder mais ils refusèrent<ref name=troost41/>.


En 1667, comme Guillaume approchait l'age de 18 ans, le parti orangiste tenta à nouveau de l'amener au pouvoir en lui sécurisant les titres de stathouder et de capitaine-général. Pour éviter la restauration de l'influence de la Maison d'Orange, De Witt autorisa le pensionnaire de [[Haarlem]], [[Gaspar Fagel]], à pousser les États de Hollande à délivrer l'édit perpétuel de 1667<ref name=troost52>Troost, 52-53</ref>. Cet édit déclarait que le capitaine-général ou l'amiral-général des Pays-Bas ne pouvait pas devenir stathouder de n'importe quelle province<ref name=troost52/>. Malgré cela, les partisans de Guillaume cherchèrent des moyens d'augmenter son prestige, et le 19 septembre 1688, les États de Zélande le reçurent en tant que ''Premier Noble''<ref name=vdk16>Van der Kiste, 16-17</ref>. Pour recevoir ce titre, Guillaume tenta d'échapper à l'attention de ses tuteurs en se rendant secrètement à [[Middelbourg]]<ref name=vdk16/>. Un mois plus tard, Amélie autorisa Guillaume à gérer son propre foyer et à déclarer sa propre majorité<ref>Troost, 57</ref>.
En [[1690]], Guillaume commande à la [[bataille de la Boyne]] qui fait cesser la rébellion irlandaise de Jacques II, et le maintient hors des Îles britanniques.


La province de Hollande, le centre de l'anti-orangisme, abolit la fonction de stathouder et quatre autres provinces firent de même en mars 1670, établissant ainsi la période de la soi-disant "Harmonie<ref name=troost52/>". De Witt demanda un serment pour chaque [[Régent (Provinces-Unies)|régent]] (membre du conseil de ville) pour faire respecter l'édit ; tous sauf un acceptèrent<ref name=troost52/>. Guillaume vit cela comme une défaite mais en réalité, l'arrangement était un compromis : De Witt aurait préféré ignorer complètement le prince mais à présent son ascension finale dans les fonctions de commandement de l'armée suprême était implicite<ref>Troost, 53-54</ref>. De Witt reconnut ensuite que Guillaume serait admis en tant que membre du ''Raad van State'' (conseil d'état) puis à l'[[États généraux du royaume des Pays-Bas|organe]] gérant le budget de la défense<ref name=troost59>Troost, 59</ref>. Guillaume entra au conseil le 31 mai 1670 avec tous ses pouvoirs de vote malgré les tentatives de De Witt pour limiter son role à celui de conseiller<ref>Troost, 60</ref>.
Dans le même temps le roi Guillaume continue sa lutte contre les ambitions françaises en Flandre, devenant le plus grand ennemi de [[Louis XIV]].


=== Conflit avec les républicains ===
Guillaume a plusieurs [[favori]]s, notamment un bailli de Rotterdam : bailiff Van Zuylen van Nijveld. Il attribue des titres de noblesse anglaise à deux de ces amis qui le servent loyalement comme courtiers : [[Hans Willem Bentinck (1er comte de Portland)|Hans Willem Bentinck]], qui devient comte de Portland, et [[Arnold Joost van Keppel]], [[comte d'Albemarle]]. Dans le cas de sa relation avec Keppel, au moins, l'homosexualité semble établie.
En novembre 1670, Guillaume obtint la permission de se rendre en Angleterre pour presser Charles de payer au moins une partie des {{unité|2797859|[[Florin néerlandais|guilden]]}} des dettes de la Maison Stuart envers la Maison d'Orange<ref name=troost62>Troost, 62-64</ref>. Charles ne pouvait pas payer mais Guillaume accepta de réduire la somme à {{unité|1800000|guilden}}<ref name=troost62/>. Charles découvrit que son neveu était un [[Calvinisme|calviniste]] convaincu et un Hollandais patriote et il reconsidéra son idée de lui montrer le [[Traité de Douvres|traité secret de Douvres]] avec la France, visant à détruire la République hollandaise et l'installation de Guillaume comme "souverain" d'un état croupion néerlandais<ref name=troost62/>. En plus des divergences politiques, Guillaume s'inquiétait du mode de vie de Jacques II qui buvait, pariait et cavalait avec ses maitresses<ref>Van der Kiste, 18-20</ref>.


L'année suivante, la sécurité de la République se détériora rapidement car une attaque anglo-française semblait imminente<ref>Troost, 64</ref>. Face à cette menace, les États de [[Gueldre (province)|Gueldre]] voulaient que Guillaume soit nommé capitaine-général de l'armée hollandaise aussi rapidement que possible malgré sa jeunesse et son inexpérience<ref>Troost, 65</ref>. Le 15 décembre 1671, cette politique fut officiellement adoptée par les États d'[[Utrecht (province)|Utrecht]]<ref>Troost, 66</ref>. Le 19 janvier 1672, les États de [[Hollande]] firent une contre-proposition : nommer Guillaume pour une seule campagne<ref name=troost67>Troost, 67</ref>. Le prince refusa et le 25 février, un compromis fut obtenu : une nomination par les [[États généraux du royaume des Pays-Bas]] pour un été, suivi par une nomination permanente lors de son {{22e}} anniversaire<ref name=troost67/>. Dans le même temps, Guillaume écrivit une lettre secrète à Charles en janvier 1672 pour demander à son oncle d'exploiter la situation en faisant pression sur les États-Généraux pour qu'il soit nommé au poste de stathouder<ref name=troost65>Troost, 65-66</ref>. En retour, Guillaume allierait la République avec l'Angleterre et servirait les intérêts de Charles avec "l'honneur et la loyauté dû à cet état<ref name=troost65/>". Charles ne répondit pas à la proposition et poursuivit ses plans de guerre avec son allié français.
=== Paix de Ryswick ===
[[Marie II d'Angleterre|Marie]] meurt de la [[variole]] en [[1694]]. Guillaume poursuit son règne. En [[1697]], il obtient la fin de la guerre dans des conditions favorables avec la [[paix de Ryswick]]. Utilisant sans scrupule les ressources britanniques pour favoriser son pays natal, il devient progressivement impopulaire.


== Stathouder ==
=== Mort et succession ===
=== Rampjaar : 1672 ===
En [[1702]] il meurt des suites d'une chute de cheval.
Pour les Provinces-Unies, 1672 se révéla calamiteuse et fut appelée l'"[[Rampjaar|année de tous les désastres]]" (''hollandais'' : Rampjaar) du fait de la [[Guerre de Hollande]] et de la [[Troisième Guerre anglo-néerlandaise]] ; Les Pays-Bas furent envahis par la France de [[Louis XIV de France|Louis XIV]], l'Angleterre, [[Münster]] et [[Cologne]]. Bien que la flotte anglo-française ait été battue lors de la [[Bataille de Solebay]], les troupes françaises entrèrent en juin dans les provinces de Gueldre et d'Utrecht. Guillaume se retira avec les restes de son armée le 14 juin en Hollande où les États avaient ordonné la destruction des écluses pour inonder le pays le 8 juin<ref>Troost, 74</ref>. Louis XIV, considérant que la guerre était terminée, commença à négocier pour obtenir le plus d'argent possible de la part des Hollandais<ref name=troost78>Troost, 78-83</ref>. La présence d'une large armée française au cœur de la République entraina une panique générale et le peuple se tourna contre De Witt et ses alliés<ref name=troost78/>.


Le 4 juillet, les États de Hollande nommèrent Guillaume au poste de stahouder et il prêta serment cinq jours plus tard<ref name=troost76>Troost, 76</ref>. Le lendemain, un envoyé spécial de Charles, [[Henry Bennet|Lord Arlington]], rencontra Guillaume à [[Nieuwerbrug]]. Il offrit à Guillaume le titre de prince de Hollande en échange de sa capitulation alors qu'un stathouder n'était qu'un simple fonctionnaire<ref name=troost80>Troost, 80-81</ref>. Lorsque Guillaume refusa, Arlington menaça Guillaume de la fin de l'existence de la République<ref name=troost80/>. Guillaume fit sa célèbre réponse : "Il n'y a qu'un seul moyen d'éviter cela : mourir en la défendant jusqu'au dernier fossé". Le 7 juillet, les inondations furent terminées et l'avance de l'armée française fut bloquée. Le 16 juillet, la Zélande offrit le poste de stahouder à Guillaume<ref name=troost76/>.
Suivant les lois adoptées lors de son règne, les trônes du [[Royaume-Uni]] sont transmis à la sœur de Marie, [[Anne de Grande-Bretagne|Anne]]. Son testament stipule que le stathoudérat des provinces de Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre et Overyssel doit passer à [[Jean Guillaume Friso d'Orange]]. Cependant, les régents n'y obéiront pas et il faudra attendre la fin des années 1740 avant qu'un nouveau stathouder soit nommé par les [[États de Hollande]] et [[États de Zélande|Zélande]]. Les relations si proches entre les deux pays prennent de la distance.


Johan de Witt fut incapable d'assumer son rôle de [[grand-pensionnaire]] après avoir été blessé lors d'une tentative d'assassinat le 21 juin<ref>Troost, 75</ref>. Le 15 aout, Guillaume publia une lettre de Charles dans laquelle le roi anglais avançait que la principale raison de la guerre était l'agressivité de la faction de De Witt<ref name=troost85>Troost, 85-86</ref>. Le peuple étant maintenant hostile à De Witt, ce dernier et son frère [[Cornelis de Witt|Cornelis]] furent assassinés par une [[Schutterij|milice citoyenne]] à La Haye le 20 aout<ref name=troost85/>. Après cela, Guillaume remplaça de nombreux régents hollandais par ses partisans<ref>Troost, 89-90</ref>.
=== Bilan du règne ===


Bien que la complicité de Guillaume dans le lynchage n'ait jamais été prouvée, il entrava les tentatives de poursuites des chefs de la conspiration et il en récompensa certains avec de l'argent comme Hendrik Verhoeff ou avec des postes élevés comme Johan van Banchem et [[Johan Kievit]]<ref>{{cite book|Rowen, H.H.}} (1986) ''John de Witt: Statesman of the "true Freedom"'', Cambridge University Press, ISBN 0-521-52708-2, p. 222; {{cite book|Nijhoff, D.C.}} (1893) ''Staatkundige Geschiedenis van Nederland. Tweede Deel'', pp. 92-93, and fn.4 p. 92; Robert Fruin, "De schuld van Willem III en zijn vrienden aan den moord der gebroeders de Witt", in ''De Gids'' (1867), pp. 201-218 [http://www.dbnl.org/tekst/_gid001186601_01/_gid001186701_01_0008.htm]</ref>. Cela endommagea sa réputation de la même manière que ses actions ultérieures à [[Massacre de Glencoe|Glencoe]].
L'alliance créée a comme conséquences de restreindre les ambitions de la France, alors que celle-ci est en position d'imposer sa volonté à une grande partie de l'Europe.


Guillaume III continua de combattre les Français et les Anglais en s'alliant à l'Espagne et au [[Brandebourg]]. En novembre 1672, il emmena son armée à [[Maastricht]] pour menacer les lignes de ravitaillement françaises<ref>Troost, 122</ref>. En 1673, la situation s'améliora. Bien que Louis XIV ait capturé Maastricht et que les tentatives de Guillaume pour prendre [[Charleroi]] ait échoué, l'amiral [[Michiel de Ruyter]] battit la flotte anglo-française à trois reprises ; cela força le retrait de l'Angleterre lors du [[Traité de Westminster (1674)|traité de Westminster]] et après 1673, les Français se retirèrent progressivement des territoires hollandais (à l'exception de Maastricht) tout en progressant ailleurs<ref>Troost, 128-129</ref>.
Une autre conséquence, d'ordre juridique et religieux, est que l'opposition entre les communautés demeure toujours très vive, notamment dans la partie nord de l'[[Irlande (île)|Irlande]].


Fagel proposa de traiter les provinces libérées d'Utrecht, de Gueldre et d'[[Overijssel]] comme des territoires conquis ([[Pays de la Généralité]]), en punition de leur reddition rapide face à l'ennemi<ref name=troost106>Troost, 106-110</ref>. Guillaume refusa mais il obtint un mandat spécial de la part des États-Généraux pour nommer tous les nouveaux délégués dans les États de ces provinces<ref name=troost106/>. Les partisans de Guillaume au sénat d'Utrecht le nommèrent stathouder héréditaire le 26 avril 1674<ref>Troost, 109</ref>. Les États de Gueldre lui offrirent les titres de duc de Gueldre et de comte de [[Zutphen]]<ref name=troost109>Troost, 109-112</ref>. Les réactions négatives à cette décision de Zélande et de la ville d'Amsterdam, où la bourse s'effondra, poussèrent finalement Guillaume à refuser ces honneurs ; il fut nommé stathouder de Gueldre et d'Overijssel à la place<ref name=troost109/>.
Guillaume III d'Angleterre est issue de la lignée d'Orange-Nassau (seconde branche) qui a pour ascendants la lignée de Nassau-Dillenbourg. Cette seconde branche est issue de la première branche de la [[Maison de Nassau]]. La lignée d'Orange-Nassau appartint à la tige Ottonienne qui donna des stathouders, des rois aux [[Pays-Bas]].


=== Mariage avec Marie Stuart ===
Cette lignée d'Orange-Nassau s'éteignit avec Guillaume III d'Angleterre ([[1702]]).
[[Image:Queen Mary II.jpg|thumb|alt=Portrait d'une femme avec les cheveux bruns et une robe bleue et grise|Guillaume épousa sa cousine germaine, la future [[Marie II d'Angleterre|reine Marie II]] en 1677.]]
Durant la guerre avec la France, Guillaume tenta d'améliorer sa position en épousant [[Marie II d'Angleterre|Marie Stuart]], sa cousine germaine et la fille de [[Jacques II d'Angleterre|Jacques, duc d'York]] de onze années sa cadette. Bien qu'il ait anticipé la résistance des marchands d'Amsterdam concernant un rapprochement avec les Stuart car ils n'appréciaient pas sa mère (une autre Marie Stuart), Guillaume pensait qu'épouser Marie permettrait d'accroitre ses chances d'accession aux royaumes de Charles et éloignerait le monarque anglais de ses politiques pro-françaises<ref>Van der Kiste, 38-39</ref>. Jacques n'était pas prêt à consentir au mariage mais Charles II fit pression sur son frère<ref>Van der Kiste, 42-43</ref>. Charles II tenta d'utiliser comme un avantage la possibilité d'un mariage dans les négociations relatives à la guerre mais Guillaume insista pour que les deux questions soient résolues séparément<ref>Van der Kiste, 44-46</ref>. Charles II céda et l'évêque Henry Compton maria le couple le 4 novembre 1677<ref>Van der Kiste, 47</ref>. Marie tomba rapidement enceinte après le mariage mais elle fit une [[fausse couche]]. Après une autre maladie en 1678, elle ne fut plus jamais enceinte<ref>Chapman, 86-93</ref>.


Tout au long du mariage, Guillaume ne reconnut qu'une seule maitresse, Élisabeth Villiers, en contraste avec les nombreuses maitresses que son oncle avait publiquement<ref>Van der Zee, 202-206</ref>.
== Armoiries ==
{{Article détaillé|Armorial britannique}}


=== Paix avec la France et intrigues avec l'Angleterre ===
<gallery>
[[Image:William III of England.jpg|thumb|left|alt=Portrait d'un homme en armure regardant vers la droite|upright|Portrait de Guillaume agé de 27 ans par [[Peter Lely]].]]
En 1678, Louis XIV cherchait à faire la paix avec les Provinces-Unies<ref>Troost, 141-145</ref>. Malgré cela les tensions restaient, Guillaume était très suspicieux vis-à-vis de Louis et il pensait que le roi de France désirait devenir le monarque universel de l'Europe ; Louis décrivit Guillaume comme "mon ennemi mortel" et le voyait comme un exécrable belliciste. Les petites annexions françaises en Allemagne (la politique de [[Chambres de réunion|Réunions]]) et la révocation de l'[[édit de Nantes]] en 1685 causèrent un afflux massif de réfugiés [[huguenot]]s dans la République<ref>Troost, 153-156</ref>. Cela poussa Guillaume III à rejoindre diverses coalitions dirigées contre la France comme la [[Ligue d'Augsbourg]] en 1688<ref>Troost, 156-163</ref>.


Après son mariage en novembre 1677, Guillaume devint un candidat potentiel pour le trône d'Angleterre si son beau-père (et oncle) Jacques était exclu de la succession du fait de son catholicisme. Durant la crise de l{{'}}''[[Exclusion Bill]]'' en 1680, Charles II invita Guillaume à venir en Angleterre pour renforcer la position du roi contre les ''exclusionnistes'' avant de retirer son invitation<ref>Troost, 150-151</ref>. Néanmoins, Guillaume fit secrètement pression sur les États-Généraux pour qu'ils envoient une lettre à Charles le suppliant d'empêcher un catholique de lui succéder, sans nommer explicitement Jacques<ref name=troost152>Troost, 152-153</ref>. Après avoir reçut des réactions indignées de la part de Jacques et Charles, Guillaume nia tout implication<ref name=troost152/>.
Fichier:Blason Nassau-Orange (Cadets).svg|<center> Armoiries de Guillaume III comme prince d'Orange.</center>


En 1685, lorsque Jacques II monta sur le trône d'Angleterre, Guillaume tenta une approche conciliatrice tout en essayant de ne pas offenser les protestants anglais<ref name=troost173>Troost, 173-175</ref>. Guillaume, toujours en quête de moyens de diminuer la puissance de la France, espéra que Jacques rejoindrait la Ligue d'Augsbourg mais en 1687, il devint clair que Jacques n'entrerait pas dans l'alliance anti-française<ref name=troost173/>. Les relations entre les deux hommes s'envenimèrent par la suite<ref>Troost, 180-183</ref>. En novembre, l'épouse de Jacques, [[Marie de Modène]], annonça qu'elle était enceinte<ref>Troost, 189</ref>. Le même mois, pour obtenir le soutien des protestants anglais, Guillaume écrivit une [[Lettre ouverte (texte)|lettre ouverte]] au peuple anglais dans laquelle il désapprouvait les politiques religieuses de Jacques. De nombreux politiciens anglais le considéraient comme un ami, maintenaient des contacts secrets avec lui et commencèrent à négocier une invasion de l'Angleterre<ref>Troost, 186</ref>.
Fichier:Royal Arms of England (1689-1694).svg|<center> Armoiries de Guillaume III durant le règne conjoint avec Marie II.</center>
{{-}}


== Glorieuse Révolution ==
Fichier:Royal Arms of England (1694-1702).svg|<center> Armoiries de Guillaume III après le décès de Marie II.</center>
[[File:William III Landing at Brixham, Torbay, 5 November 1688.jpg|thumb|right|''Guillaume III débarquant à [[Brixham]]'', peinture de [[Jan Wyck]] vers 1688.]]
{{Article principal|Glorieuse Révolution}}
=== Invasion de l'Angleterre ===
Guillaume était initialement opposé à l'invasion mais la plupart des historiens sont d'accord pour dire qu'il commença à assembler une force expéditionnaire en avril 1688 car il devenait de plus en plus clair que la France resterait occupée par ses campagnes en Allemagne et en Italie et ne pourrait donc pas attaquer lorsque les troupes de Guillaume seraient en Angleterre<ref>e.g. Troost, 190</ref><ref>{{cite web|author=Claydon, Tony|date=septembre 2004; rev. mai 2008|url=http://www.oxforddnb.com/view/article/29450|title=William III and II (1650-1702)|work=Oxford Dictionary of National Biography|publisher=Oxford University Press|accessdate=8 aout 2008}} (inscription nécessaire)</ref>. Croyant que les Anglais accepteraient mal un envahisseur étranger, il envoya une lettre au contre-amiral [[Arthur Herbert (1er comte de Torrington)|Arthur Herbert]] dans laquelle il demandait que les protestants les plus influents d'Angleterre l'invitent d'abord à attaquer<ref name=troost191>Troost, 191</ref>. En juin, l'épouse de Jacques, [[Marie de Modène]], accoucha d'un fils ([[Jacques François Stuart]]) qui évinçait l'épouse de Guillaume de la première place dans l'ordre de succession<ref>Troost, 191; van der Kiste, 91-92</ref>. La colère publique fut également accrue à cause du procès de sept évêques qui s'étaient publiquement opposés aux politiques religieuses de Jacques et avaient rédigés des pétitions pour qu'il les réforme<ref>Van der Kiste, 91</ref>.


Le 30 juin 1688, le jour de l'acquittement des évêques, un groupe de personnalités politiques appelé par la suite les "sept immortels" envoya une [[Invitation à Guillaume|invitation formelle]] à Guillaume<ref name=troost191/>. Les intentions de Guillaume sur l'invasion furent rendues publiques en septembre 1688<ref>Troost, 193-196</ref>. Avec une armée hollandaise, Guillaume débarqua à [[Brixham]] dans le sud-ouest de l'Angleterre le 5 novembre 1688<ref>Troost, 200-203; van der Kiste, 102-103</ref>. Il proclama à son arrivée qu'il maintiendrait les libertés de l'Angleterre et de la religion protestante. Guillaume avait débarqué avec environ {{formatnum:11000}} fantassins et {{formatnum:4000}} cavaliers<ref>Van der Kiste, 105</ref>. Le soutien pour Jacques disparut immédiatement après l'arrivée de Guillaume ; les officiers protestants de l'armée anglaise désertèrent (dont [[John Churchill (1er duc de Marlborough)|John Churchill]], l'officier le plus expérimenté de Jacques) et de nombreux nobles de tout le pays déclarèrent leur soutien à l'envahisseur<ref name=troost204>Troost, 204-205</ref>.
</gallery>

Jacques tenta initialement de résister à Guillaume mais ses efforts furent inutiles<ref name=troost204/>. Il envoya des émissaires pour négocier avec Guillaume mais il tenta secrètement de fuir le 11 décembre<ref name=troost205>Troost, 205-207</ref>. Un groupe de pêcheurs l'arrêta et il fut ramené à Londres<ref name=troost205/>. Guillaume autorisa Jacques à quitter le pays car il ne voulait pas en faire un [[martyr]] de la cause catholique<ref>Baxter, 242-246; Miller, 208</ref>.

=== Accession au trone ===
[[Image:William III Silver Coin.jpg|thumb|left|alt=Pièce d'argent montrant Guillaume III et ses armoiries.|Pièce d'argent de Guillaume III datant de 1695. L'inscription latine sur l'avers ''GVLIELMVS III DEI GRA[TIA]'' et sur le revers ''MAG[NAE] BR[ITANNIAE], FRA[NCIAE], ET HIB[ERNIAE] REX 1695'' signifie : "Guillaume III, par la grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, 1695". L'avers montre les armoiries, dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du haut, de l'Angleterre, de l'Écosse, de la France et de l'Irlande entourant les armoiries personnelles de la [[Maison d'Orange-Nassau]].]]

Guillaume convoqua un parlement de convention en Angleterre qui se rassembla le 22 janvier 1689<ref name=legit>{{cite web |url=http://jacobite.ca/essays/ruvigny.htm |title=Legitimism in England |accessdate=10 novembre 2009}}</ref><ref name=davies614>Davies, 614-615</ref>. Guillaume sentait que sa position était précaire ; bien que sa femme se trouva élevée dans l'ordre de succession au trône, il souhaitait régner en tant que roi de son plein droit et non en tant que simple [[roi consort]]<ref name=troost207>Troost, 207-210</ref>. Le seul précédent d'une monarchie conjointe en Angleterre remontait au {{XVIe}} siècle quand la reine [[Marie Ire d'Angleterre|Marie {{Ire}}]] épousa le prince espagnol [[Philippe II d'Espagne|Philippe]]<ref>Davies, 469; Israel, 136</ref>. Philippe ne resta roi que durant la vie de son épouse et des restrictions étaient placées sur son pouvoir. D'un autre coté, Guillaume souhaitait rester roi même après la mort de sa femme<ref>Van der Kiste, 107-108</ref>. La majorité des [[Parti Tory|tories]] à la [[Chambre des Lords]] proposa d'acclamer Marie en tant que monarque unique mais elle refusa par loyauté à son mari<ref>Troost, 209</ref>.

La Chambre des Communes avec une majorité [[Parti whig (Royaume-Uni)|whig]] avait rapidement décidé que le trône était vacant et qu'il était plus sûr que le souverain soit protestant. Les tories de la Chambre des Lords n'étaient pas d'accord mais après que Guillaume ait refusé d'être un [[régence|régent]] ou de ne régner que jusqu'à la mort de son épouse, il y eut des négociations entre les deux Chambres et les Lords reconnurent à une courte majorité que le trône était vacant. Le parlement vota la [[Déclaration des droits]] le 13 février 1689 dans laquelle il jugeait que Jacques, en ayant tenté de fuir, avait abdiqué et avait donc laissé son trône vacant<ref>Troost, 210-212</ref>. La Couronne ne fut pas transférée au fils ainé de Jacques, Jacques François Stuart (qui aurait été l'héritier apparent en des circonstances normales), mais à Guillaume et Marie en tant que co-monarques<ref name=troost207/>. Elle l'était, cependant, à condition que "l'exercice plein et entier de la puissance royale soit exercé par le prince d'Orange aux nom des dit prince et princesse pendant leur vie commune<ref name=troost207/>".

Guillaume et Marie furent [[couronnement du monarque britannique|couronnés]] ensembles le 11 avril 1689 par l'[[évêque de Londres]], Henry Compton<ref name=troost219>Troost, 219-220</ref>. Habituellement, le couronnement est réalisé par l'[[archevêque de Cantorbéry]] mais le détenteur du titre [[William Sancroft]] refusa de reconnaitre le renversement de Jacques<ref name=troost219/>.

Guillaume convoqua également un rassemblement du [[parlement d'Écosse]] qui se réunit le 14 mars 1689 et envoya une lettre de conciliation tandis que Jacques envoya des ordres hautains et sans compromis, ce qui poussa une majorité à se prononcer en faveur de Guillaume. Le 11 avril, le jour du couronnement anglais, la convention déclara finalement que Jacques n'était plus roi d'Écosse<ref>Troost, 266-268</ref>. Guillaume et Marie reçurent la couronne d'Écosse qu'ils acceptèrent le 11 mai<ref>Davies, 614-615. Guillaume prit le nom de "Guillaume II d'Écosse" car il n'y avait eut qu'un seul autre roi écossais nommé [[Guillaume Ier d'Écosse|Guillaume {{Ier}}]].</ref>.

=== Retour au calme ===
[[Image:070522 ukbris qsqs.jpg|thumb|alt=Statue équestre|Statue idéalisée de Guillaume III réalisée par John Michael Rysbrack se trouvant dans le Queen Square de [[Bristol (Angleterre)|Bristol]] depuis 1736.]]
Guillaume III d'Angleterre encouragea le passage de l'acte de tolérance de 1689 qui garantissait la liberté religieuse de certains "non-conformistes" (individus refusant certaines décisions de l'église d'Angleterre) protestants<ref name=davies614/>. Cela ne permit cependant pas d'étendre la tolérance aussi loin que Guillaume l'aurait souhaité car les libertés religieuses des catholiques, des [[Antitrinitarisme|anti-trinitariens]] et de certains protestants restaient encore limitées<ref name=troost219/>. En décembre 1689, l'un des plus importants documents constitutionnels de l'histoire anglaise, la [[Déclaration des droits|Bill of Rights]] fut votée par le parlement<ref name=vdk114>Van der Kiste, 114-115</ref>. Cette loi qui reconfirmait certaines clauses de l'ancienne déclaration des droits, établissait des restrictions sur les [[Prérogative royale|prérogatives royales]]. Elle empêchait, entre autres, le roi de suspendre des lois votées par le parlement, de lever des taxes ou une armée en temps de paix sans l'accord du parlement, d'enfreindre le droit de pétition, de nier le droit de porter des armes aux sujets protestants, d'interférer dans les élections législatives, de punir les membres des deux Chambres du Parlement pour ce qui est dit pendant les débats, d'offrir des acquittements excessifs ou d'infliger des châtiments cruels et inhabituels<ref name=davies614/>. Guillaume était opposé à de telles contraintes mais il choisit ne pas entrer en conflit avec le parlement et il accepta de respecter la loi<ref>Troost, 212-214</ref>.

La déclaration des lois régla la question de la succession à la Couronne. Après la mort de l'un des deux co-monarques, l'autre continuerait à régner. La suivante dans l'ordre de succession devenait la sœur de Marie II, la [[Anne de Grande-Bretagne|princesse Anne]], et ses descendants<ref name=vdk114/>. Néanmoins, tous les enfants que Guillaume pourrait avoir d'un mariage à venir seraient intégrés à l'ordre de succession. Les catholiques, de même que ceux qui épousaient des catholiques, étaient exclus<ref name=vdk114/>.

== Règne avec Marie II ==
=== Révoltes jacobites ===
Bien qu'une grande partie de la Grande-Bretagne ait reconnue Guillaume et Marie comme ses co-monarques, une importante minorité refusait d'accepter la validité de leur accession au trône, avançant que le [[droit divin]] des rois descendait directement de Dieu et n'était pas délégué par le parlement. Au cours des 57 années qui suivirent, les [[jacobitisme|jacobites]] firent pression pour restaurer Jacques et ses héritiers<ref>{{cite web |url=http://jacobite.ca/ |title=The Jacobite Heritage |accessdate=9 novembre 2009}}</ref>. Les non-jureurs en Angleterre et en Écosse dont plus de 400 ecclésiastiques et plusieurs évêques de l'[[église d'Angleterre]] et de l'[[église épiscopale écossaise]] de même que de nombreux laïcs refusèrent de prêter le serment d'allégeance à Guillaume<ref name=Nonjurors>{{cite web |url=http://jacobite.ca/essays/nonjurors.htm |title=Nonjurors |accessdate=9 novembre 2009}}</ref>.

[[Image:Jan van Huchtenburg - De slag aan de Boyne.jpg|thumb|left|200px|alt=Peinture d'une scène de bataille.|La ''[[bataille de la Boyne]] entre Jacques II et Guillaume III, 12 juillet 1690'', peinture de Jan van Huchtenburg.]]
L'Irlande était contrôlée par des catholiques loyaux à Jacques et des jacobites franco-irlandais arrivés de France avec les forces françaises en mars 1689 pour participer à la [[Rébellion jacobite|guerre en Irlande]] et assiéger la ville de [[Derry]]<ref>{{cite web |url=http://www.libraryireland.com/JoyceHistory/Derry.php |title=The Siege of Derry (1688-1689) |accessdate=10 novembre 2009}}</ref>. Guillaume envoya sa flotte de guerre pour débloquer la ville en juillet et son armée débarqua en aout. Ces troupes ne parvinrent pas à prendre l'avantage et Guillaume intervint personnellement pour commander son armée et remporter la victoire lors de la [[bataille de la Boyne]] le {{1er}} juillet 1690<ref>Du fait des changements dans le [[calendrier grégorien]], la victoire de Guillaume est commémorée chaque 12 juillet par les protestants d'Écosse et d'Irlande du Nord. - cf. Troost, 278-280</ref> ; Jacques s'enfuit en France après la défaite<ref>{{cite web |url=http://www.libraryireland.com/JoyceHistory/Boyne.php |title=The Battle of the Boyne (1689-1690) |accessdate=10 novembre 2009}}</ref>.

Au retour de Guillaume en Angleterre, son ami proche le général hollandais [[Godert de Ginkell]], qui avait accompagné Guillaume en Irlande et avait commandé un corps de cavalerie lors de la bataille de la Boyne fut nommé commandant en chef des forces de Guillaume en Irlande. Au printemps 1691, il reçut le contrôle de l'ensemble des troupes sur place et après plusieurs batailles, il captura [[Galway]] et [[Limerick (Irlande)|Limerick]]. Après des négociations difficiles, les dernières troupes jacobites capitulèrent le 3 octobre 1691 lors du [[traité de Limerick]]. Cela mit fin à la pacification de l'Irlande par Guillaume et pour ses services, le général hollandais reçut les félicitations formelles de la Chambre des Communes et le titre de comte d'[[Athlone]] par le roi.

Une série de soulèvements jacobites eut également lieu en Écosse où le [[John Graham (1er vicomte de Dundee)|vicomte de Dundee]] leva des forces et remporta la [[bataille de Killiecrankie]] le 27 juillet 1689 mais il mourut au combat un mois après lors de la [[bataille de Dunkeld]]<ref>Troost, 270-273</ref>. Guillaume offrit l'amnistie aux [[clan écossais|clans écossais]] qui s'étaient soulevés s'ils proclamaient leur allégeance avant une date donnée mais son gouvernement en Écosse punit les retardataires lors du [[massacre de Glencoe]] en 1692 ; cet événement devint tristement célèbre dans la propagande jacobite car Guillaume avait signé les ordres<ref name=troost274>Troost, 274-275</ref><ref name=beebunion>{{cite web |url=http://www.bbc.co.uk/history/scottishhistory/union/features_union_restoration2.shtml |title=BBC - History - Scottish History - Restoration and Revolution (II) |work=The Making of the Union |accessdate=9 novembre 2009}}</ref>. Se rendant à la colère publique, Guillaume démissionna les responsables du massacre même s'ils restaient en sa faveur ; dans les mots de l'historien [[John Emerich Edward Dalberg-Acton|John Dalberg-Acton]], "un devint colonel, un autre un chevalier, un troisième un [[pairie d'Angleterre|pair]] et un quatrième un [[John Dalrymple (1er comte de Stair)|comte]]<ref name=troost274/>".

La réputation de Guillaume en Écosse fut encore plus endommagée lorsqu'il refusa le soutien anglais dans le [[projet Darién]], une tentative de créer une colonie qui tourna à la catastrophe<ref name=beebjac>{{cite web |url=http://www.bbc.co.uk/history/british/civil_war_revolution/scotland_jacobites_01.shtml |title=BBC - History - British History in depth: The Jacobite Cause |accessdate=9 novembre 2009}}</ref>.

=== Parlement et factions ===
[[Image:William&MaryEngraving1703.jpg|thumb|alt=Gravure représentant un roi, une reine, un trône et des armoiries.|right|150px|Gravure de Guillaume III et de Marie II.]]
Bien que les [[Parti whig (Royaume-Uni)|whigs]] ait été les principaux soutiens de Guillaume, il privilégia au départ une politique d'équilibre entre les whigs et les tories<ref>Troost, 220-223</ref>. Le [[George Savile (1er marquis d'Halifax)|marquis d'Halifax]], un homme connu pour sa capacité à définir une voie politique modérée, gagna la confiance de Guillaume au début de son règne<ref>Troost, 221</ref>. La majorité whig du parlement qui espérait dominer le gouvernement fut déçue par ces décisions<ref>Van der Zee, 296-297</ref>. Cette approche équilibrée de la gouvernance ne dura pas au delà des années 1690 car les factions belligérantes rendaient impossible la poursuite par le gouvernement d'une politique efficace et Guillaume demanda de nouvelles élections au début de l'année<ref>Troost, 222; van der Zee, 301-302</ref>.

Après les élections de 1690, Guillaume commença à favoriser les tories menés par les Lords [[Thomas Osborne (1er duc de Leeds)|Danby]] et [[Daniel Finch|Nottingham]]<ref>Troost, 223-227</ref>. Les tories étaient en faveur de préserver les prérogatives royales mais Guillaume rencontra une opposition parlementaire lorsqu'il demanda au parlement de financer sa guerre prolongée contre la France<ref>Troost, 226</ref>. En conséquence, Guillaume commença à préférer la faction whig appelée Junto<ref>Troost, 228-232</ref>. Le gouvernement whig fut responsable de la création de la [[banque d'Angleterre]]. La décision de Guillaume d'accorder une [[charte royale]] à la banque en 1694, une institution privée appartenant à des banquiers, est son héritage économique le plus significatif<ref>Claydon, 129-131</ref>. Elle posa les fondations de la domination anglaise sur le commerce global du {{XVIIIe}} siècle en remplacement des [[Provinces-Unies]] et de la [[banque d'Amsterdam]].

Guillaume dissout le parlement en 1695 et le nouveau parlement qui se réunit cette année était contrôlé par les whigs. Il y eut également une forte hausse du soutien à Guillaume à la suite de la révélation d'un complot jacobite pour l'assassinat en 1696<ref>Van der Zee, 402-403</ref>. Le parlement vota une ''[[bill d'attainder]]'' (condamnation sans procès) contre le chef de la conspiration, John Fenwick, qui fut décapité en 1697<ref>Van der Zee, 414</ref>.

=== Guerre en Europe ===
Guillaume s'absenta du royaume pour de longues périodes durant sa guerre contre la France ; il quittait l'Angleterre au printemps pour rentrer à l'automne<ref>Troost, 239-241; van der Zee, 368-369</ref>. L'Angleterre rejoignit la [[Ligue d'Augsbourg]]<ref>Troost, 241-246</ref>. Pendant que Guillaume combattait à l'étranger, son épouse, Marie II gouvernait le royaume en suivant ses conseils. Chaque fois qu'il rentrait en Angleterre, Marie abandonnait son pouvoir sans réserve, un arrangement qui continua jusqu'à la fin de sa vie<ref>Van der Kiste, 150-158</ref>.

Après la victoire de la flotte anglo-néerlandaise sur la flotte française à la [[bataille de la Hougue]] en 1692, la Ligue d'Augsbourg contrôla les mers durant une courte période et l'Irlande fut pacifiée par le [[traité de Limerick]]<ref>Troost, 281-283</ref>. Dans le même temps, la Ligue perdit du terrain en Europe car Guillaume perdit [[Namur]] dans les [[Pays-Bas espagnols]] en 1692 et fut battu à la [[bataille de Neerwinden (1693)|bataille de Neerwinden]] en 1693<ref>Troost, 244-246</ref>.

== Dernières années ==
Marie II mourut de la variole en 1694 laissant Guillaume III gouverner seul<ref>Van der Kiste, 179-180</ref>. Il fut dévasté par son décès<ref>Van der Kiste, 180-184</ref>. Malgré sa conversion à l'[[anglicanisme]], la popularité de Guillaume diminua fortement lors de son règne en solitaire<ref>Van der Kiste, 186-192; Troost, 226-237</ref>.

=== Rumeurs d'homosexualité ===
Durant les années 1690, les rumeurs sur une possible homosexualité de Guillaume grandirent et menèrent à la publication de nombreux pamphlets satiriques de la part de ses opposants jacobites<ref>Culture and Society In Britain, J. Black (ed.), Manchester, 1997. p97</ref>. Il eut en effet des assistants masculins proches dont deux courtisans hollandais auxquels il donna des titres anglais : [[Hans Willem Bentinck (1er comte de Portland)|Hans Willem Bentinck]] devint comte de Portland et [[Arnold Joost van Keppel]] fut nommé [[comte d'Albemarle]]. Ces relations avec des amis masculins et son apparent manque de maitresses amenèrent les ennemis de Guillaume à suggérer qu'il préférait les relations homosexuelles. Cependant, les biographes modernes de Guillaume débattent encore de la véracité de ces rumeurs et beaucoup avancent qu'elles ne sont que des produits de l'imagination de ses adversaires<ref>Van der Kiste, 204-205; Baxter, 352; James Falkner, ‘Keppel, Arnold Joost van, first earl of Albemarle (1669/70-1718)’, ''Oxford Dictionary of National Biography'', Oxford University Press, 2004.</ref>, d'autres pensent néanmoins qu'il y a un fond de vérité<ref>Troost, 25-26; Van der Zee, 421-423</ref>.

La proximité de Bentinck avec Guillaume attisa les jalousies dans la cour royale mais la plupart des historiens modernes doutent qu'il y ait eut un élément homosexuel dans leurs relations<ref>Van der Kiste, 205</ref>. Le jeune protégé de Guillaume, Keppel, excita les suspicions et les commérages car il était 20 ans plus jeune que Guillaume, remarquablement beau et avait été élevé au titre de comte avec une certaine aisance<ref>Van der Kiste, 201</ref>. Portland écrivit à Guillaume en 1697 que la "la bienveillance dont votre Majesté a pour un jeune homme et la manière dont vous semblez d'autoriser ses libertés ... poussent le monde à dire des choses que j'ai honte d'entendre<ref name=vdk202>Van der Kiste, 202-203</ref>". Il ajouta que cela "ternissait une réputation qui n'avait auparavant jamais été sujette à de telles accusations". Guillaume rejeta cependant laconiquement de telles suggestions en déclarant, "il me semble très extraordinaire qu'il soit impossible d'avoir de l'estime et de la considération pour un jeune homme sans que cela soit criminel<ref name=vdk202/>".

=== Relations avec la France ===
[[Image:Lord Justices of England.jpg|thumb|Gravure de 1695 représentant les Lord Justices qui administraient le royaume quand Guillaume étaient en campagne. La reine Marie II occupait cette fonction avant sa mort en 1694.]]
En 1696, le territoire hollandais de [[Drenthe]] fit de Guillaume son stathouder. La même année, les jacobites complotèrent pour assassiner Guillaume III et ramener Jacques sur le trône d'Angleterre mais ils échouèrent. D'après les termes du [[traité de Ryswick]] (20 septembre 1697) qui mettait fin à la [[Guerre de la Ligue d'Augsbourg]], Louis XIV reconnaissait Guillaume III comme le souverain légitime d'Angleterre et ne fournit plus aucun soutien à Jacques II<ref>Troost, 251</ref>. Privé du soutien de la dynastie française après 1697, les jacobites ne furent plus une menace lors du règne de Guillaume.

La fin du {{XVIIe}} siècle vit la succession au trône d'Espagne devenir la question dominante dans les affaires européennes. L'Espagne possédait, en plus de la péninsule ibérique, de vastes territoires en Italie, dans les [[Pays-Bas (région historique)|Pays-Bas]] et dans le [[Nouveau Monde]]. Le roi [[Charles II d'Espagne]] était stérile et ne pouvait donc pas avoir d'héritiers ; parmi ses parents les plus proches étaient Louis XIV de France et l'empereur [[Léopold Ier du Saint-Empire|Léopold {{Ier}} du Saint-Empire]]. Guillaume chercha à éviter que la couronne d'Espagne ne passe entre les mains de l'un de ces souverains car cela déséquilibrerait les rapports de forces en Europe. Guillaume et Louis XIV s'accordèrent sur le premier traité de partage qui définissait le partage de l'Empire espagnol : le duc [[Joseph-Ferdinand de Bavière]] obtiendrait l'Espagne tandis que la France et le Saint-Empire se partageraient les territoires restants<ref>Troost, 253-255</ref>. Charles II accepta la nomination de Joseph-Ferdinand comme son héritier et la guerre semblait s'éloigner<ref>Troost, 255</ref>.

[[Image:Louis XIV of France.jpg|thumb|alt=Portrait d'un homme debout portant manteau d'hermine décoré de fleurs de lys.|left|[[Louis XIV de France]] était le grand adversaire de Guillaume III. Une paix boiteuse signée en 1697 fut rapidement brisée.]]
Cependant la mort de Joseph-Ferdinand des suites de la variole entraina un retour du problème. En 1700, les deux souverains acceptèrent le traité de Londres selon lequel les territoires italiens seraient transmis à un fils du roi de France et les autres le seraient à un fils de l'empereur du Saint-Empire<ref name=troost256>Troost, 256-257</ref>. Cet accord irrita les Espagnols qui souhaitaient éviter la désintégration de leur empire et l'empereur du Saint-Empire pour qui les territoires italiens étaient plus intéressants que les autres<ref name=troost256/>. Cependant la mort de Charles II en 1700 rebattit completement les cartes car il céda par testament tous les territoires espagnols à [[Philippe V d'Espagne|Philippe]], un petit-fils de Louis XIV<ref name=troost258>Troost, 258-260</ref>. Les Français en profitèrent pour ignorer le traité de Londres et revendiquer le trône d'Espagne<ref name=troost258/>. De plus, Louis XIV s'aliéna Guillaume III en reconnaissant [[Jacques François Stuart]], le fils de l'ancien roi Jacques II mort en 1701, comme roi d'Angleterre<ref>Troost, 260</ref>. Le nouveau conflit qui fut appelé la [[Guerre de Succession d'Espagne]] continua jusqu'en 1713.

=== Succession anglaise ===
La succession d'Espagne n'était pas la seule question qui préoccupait Guillaume. Son mariage avec Marie II n'avait apporté aucun enfant et il semblait peu probable qu'il se remarie. La sœur de Marie, la [[Anne de Grande-Bretagne|princesse Anne]], avait eut de nombreux enfants mais tous étaient morts durant leur enfance. La mort du [[Guillaume de Danemark|prince Guillaume, duc de Gloucester]] en 1700 laissa la princesse Anne comme le seul individu restant dans l'ordre de succession établi par la déclaration des droits de 1689<ref>Troost, 234</ref>. Comme l'extinction complète de la ligne de succession aurait encouragé le retour de la lignée de Jacques II, le parlement vota l'[[acte d'établissement]] de 1701 dans lequel il spécifiait que la Couronne hériterait à un parent éloigné, [[Sophie de Hanovre]], et à ses héritiers protestants si la princesse Anne mourait sans descendance et si Guillaume III n'avait pas d'héritiers<ref name=troost235>Troost, 235</ref>. De nombreux catholiques qui étaient des plus proches parents d'Anne furent exclus de la succession. L'acte s'appliqua en Angleterre et en Irlande mais pas en Écosse dont le parlement n'avait pas été consulté avant le choix de Sophie<ref name=troost235/>.

== Mort ==
En 1702, Guillaume mourut d'une [[pneumonie]], une complication liées à une clavicule cassée à la suite d'une chute de cheval<ref>Van der Kiste, 251-254</ref>. Comme son cheval avait trébuché sur une [[taupe|taupinière]], de nombreux jacobites célébrèrent le "petit gentleman dans sa veste de velours noir<ref>Van der Kiste, 255</ref>". Des années plus tard, [[Winston Churchill]], dans son ouvrage ''A History of the English-Speaking Peoples'' l'écrivit plus poétiquement lorsqu'il dit que la chute "ouvrit la porte à une troupe d'ennemis invisibles<ref>Churchill, 30-31</ref>". Guillaume fut inhumé dans l'[[abbaye de Westminster]] aux cotés de son épouse<ref>{{cite web|url=http://www.westminster-abbey.org/history-research/monuments-gravestones/royalty/12322|archiveurl=http://web.archive.org/web/20080106223703/http://www.westminster-abbey.org/history-research/monuments-gravestones/royalty/12322|archivedate=6 janvier 2008|title=William III|publisher=Site officiel de l'abbaye de Westminster|accessdate=8 aout 2008}}</ref>. Sa belle-sœur Anne devint reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.

La mort de Guillaume mit un terme à la [[Maison d'Orange-Nassau|Maison d'Orange]] hollandaise dont les membres avaient été stathouder de Hollande et de la majorité des autres provinces des Provinces-Unies depuis l'époque de [[Guillaume Ier d'Orange-Nassau|Guillaume le Taciturne]] (Guillaume {{Ier}}). Les cinq provinces dans lesquelles Guillaume III fut stathouder (Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre et Overijssel) suspendirent toutes le poste de stathouder après sa mort. Ainsi, il fut le dernier descendant [[Patrilinéarité|patrilinéaire]] de Guillaume {{Ier}} à être nommé stathouder de la majorité des provinces. Dans le testament de Guillaume III, [[Jean Guillaume Friso d'Orange]] hérita de la principauté d'Orange et de divers seigneuries des Pays-Bas<ref>Israel, 959-960</ref>. Il était un parent patrilinéaire des princes d'Orange de même qu'un descendant de Guillaume le Taciturne à travers une lignée féminine. Cependant, le roi [[Frédéric Ier de Prusse|Frédéric {{Ier}} de Prusse]] réclama également la principauté pour son fils [[Primogéniture|ainé]] car le stathouder [[Frédéric-Henri d'Orange-Nassau]] avait été son grand-père maternel et Guillaume III était son cousin germain<ref>Israel, 962, 968</ref>. Selon les termes du [[Traités d'Utrecht (1713)|traité d'Utrecht]] de 1713, [[Frédéric-Guillaume Ier de Prusse|Frédéric-Guillaume {{Ier}} de Prusse]] cédait la principauté d'Orange au roi de France, Louis XIV mais il conservait le titre dans son nom complet. Le fils de Friso, [[Guillaume IV d'Orange-Nassau|Guillaume IV]] partagea le titre de "prince d'Orange", qui avait accumulé un grand prestige dans les Pays-Bas et dans tout le monde protestant, avec Frédéric-Guillaume d'après le traité de partition de 1732<ref>Israel, 991-992</ref><ref>{{cite web|url=http://www.heraldica.org/topics/royalty/berlin1732.htm|title=Texte du traité de partition|language=French|publisher=Heraldica|accessdate=8 aout 2008}}</ref>.

== Héritage ==
[[File:Belfastbanner.jpg|left|thumb|200px|Une bannière moderne de l'Ordre d'Orange.]]
La principale réussite de Guillaume fut de contenir la France lorsqu'elle était en position d'imposer sa volonté à la plus grande partie de l'Europe. Durant sa vie, il s'opposa à [[Louis XIV de France]] et cet effort continua après sa mort durant la [[Guerre de Succession d'Espagne]]. Une autre conséquence importante de son règne fut de mettre un terme au conflit larvé entre la Couronne et le parlement qui existait depuis l'accession au pouvoir du premier monarque de la [[Maison Stuart]], [[Jacques Ier d'Angleterre|Jacques {{Ier}}]] en 1603. La lutte sur la répartition des pouvoirs avait entrainé une [[Première Révolution anglaise|guerre civile]] durant les années 1640 et la [[Glorieuse Révolution]] de 1688<ref name=claydon3>Claydon, 3-4</ref>. Sous le règne de Guillaume, le conflit fut résolu en faveur du parlement par la [[Déclaration des droits]] (''Bill of Rights'') en 1689, le ''Triennal Act'' (qui limitait le mandat du parlement à trois ans) en 1694 et l'[[acte d'établissement]] de 1701<ref name=claydon3/>.

Guillaume délivra une charte royale pour le [[College of William and Mary]] (dans l'actuelle ville de [[Williamsburg (Virginie)|Williamsburg]] en [[Virginie]]) en 1693<ref>{{cite web |url=http://www.wm.edu/vitalfacts/seventeenth.php |title=Historical Chronology, 1618-1699|accessdate=30 juillet 2008 |publisher=College of William and Mary |archiveurl = http://web.archive.org/web/20080715225541/http://www.wm.edu/vitalfacts/seventeenth.php |archivedate = 15 juillet 2008}}</ref>. [[Nassau (Bahamas)|Nassau]], la capitale des Bahamas est appelée d'après Fort Nassau qui fut renommé en son honneur en 1695<ref>{{cite book |title=Islanders in the Stream: A History of the Bahamian People |last=Craton |first=Michael |coauthors=Saunders-Smith, Gail |year=1992 |publisher=University of Georgia Press |isbn=0820321222 |page=101 }}</ref>. De même, le [[Comté de Nassau (New York)|comté de Nassau]] à [[Long Island]] est également nommé d'après Guillaume d'Orange<ref name=nassaucounty>{{cite web |url=http://www.nassaucountyny.gov/website/EN/facts_stats_maps/history_of_NC.html |title=History of Nassau County |accessdate=30 juillet 2008 |publisher=Nassau County website}}</ref>. Long Island elle-même était appelée Nassau au moment de la colonisation hollandaise<ref name=nassaucounty/>.

L'[[Ordre d'Orange (1795)|Ordre d'Orange]] moderne est nommé d'après Guillaume III et célèbre chaque année sa victoire de la bataille de la Boyne le 12 juillet. La ville de New York fut brièvement renommée New Orange en 1673 après la reprise de la ville par les Hollandais. Son nom fut donné au [[Fort Amsterdam|fort]] et au centre administratif de la ville en deux occasions séparées reflétant son appartenance : Fort Willem Hendricks en 1673 puis Fort William en 1691 lorsque les Anglais chassèrent les colons qui s'étaient emparés de la ville et du fort<ref>[http://books.google.com/books?vid=OCLC03046437&id=Jvy84lE_tHoC&dq=%22Willem+Hendrick%22 "The Dutch Under English Rule"] ''The History of North America'' by Guy Carleton Lee Francis and Francis Newton Thorpe. Published 1904 by G. Barrie & Sons, p. 167</ref>.

== Titres et armoiries ==
*'''4 novembre 1650 - 9 juillet 1672''': ''Son Altesse''<ref>Troost, 5</ref> le prince d'Orange et comte de Nassau<ref>{{cite web |url= http://books.google.nl/books?id=Sf1TImE7aN0C&pg=PP14&dq=%2B%22William+III%22+%2B%22Count+of+Nassau%22+%2B%22Prince+of+Orange%22&hl=nl&ei=sdBfTo2iJI2l-gaEyLTkAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CCsQ6AEwAA#v=onepage&q=%20%22William%20III%22%20%20%22Count%20of%20Nassau%22%20%20%22Prince%20of%20Orange%22&f=false |title= The life of William III. Late King of England, and Prince of Orange |author= S.and F.Sprint |date = 1703 |publisher= Google eBoek (scanned version) |page= 28 |accessdate={{1er}} septembre 2011}}</ref>
*'''9 juillet - 16 juillet 1672''': ''Son Altesse'' le prince d'Orange, stathouder de Hollande
*'''16 juillet 1672 - 26 avril 1674''': ''Son Altesse'' le prince d'Orange, stathouder de Hollande et de Zélande
*'''26 avril 1674 - 8 mars 1702''': ''Son Altesse'' le prince d'Orange, stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gueldre et d'Overijssel
*'''13 février 1689 - 8 mars 1702''': ''[[Sa Majesté]]'' le roi

En 1674, Guillaume reçut le titre complet de "Willem III, [[droit divin|par la Grâce de Dieu]] [[Principauté d'Orange|prince d'Orange]], [[Duché de Nassau|comte de Nassau]] etc., [[stathouder]] de [[Comté de Hollande|Hollande]], de [[Comté de Zélande|Zélande]], d'[[Utrecht]] etc., capitaine-général et amiral-général des Provinces-Unies<ref>Troost, 77</ref>". Après son accession au trône en Grande-Bretagne en 1689, Guillaume et Marie utilisèrent les titres de "[[Liste des monarques d'Angleterre|roi et reine d'Angleterre]], d'[[Liste des rois d'Écosse|Écosse]], de France et d'[[Royaume d'Irlande|Irlande]], défenseurs de la foi, etc.<ref>{{cite book|title=The Guinness Book of Answers|publisher=Guinness Publishing|location=London|year=1991|page=709|isbn=0-85112-957-9}}</ref>". Les revendications sur le trône de France n'étaient que symboliques et avaient été invoquées par tous les rois d'Angleterre depuis [[Édouard III d'Angleterre|Édouard III]], peu importe la quantité de territoires français contrôlés.

Les armoiries utilisées par le roi et la reine étaient : Écartelé, 1 et 4, trois [[fleur de lys|fleurs de lys]] or sur fond [[Azur (héraldique)|azur]] (qui est France) et trois lions en [[Pal (héraldique)|pal]] or ([[Armoiries de l'Angleterre|qui est Angleterre]]), au 2, d'or, au lion de [[gueule]]s, au double [[Liste_de_pièces_héraldiques#Orle|trescheur]] fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est [[Armoiries de l'Écosse|Écosse]]), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est [[Armoiries de l'Irlande|Irlande]]) ; sur le tout d'azur semé de billettes d'or, un lion du second brochant, armé et lampassé de gueules (qui est [[Maison de Nassau|Nassau]])<ref>{{cite book|last=Maclagan|first=Michael |coauthors=Louda, Jiří|title=Line of Succession: Heraldry of the Royal Families of Europe|year=1999|publisher=Little, Brown & Co|location=London|isbn=0-85605-469-1|pages=29-30}}</ref>. Sur ses dernières armoiries, Guillaume utilisait la devise ''[[Armoiries des Pays-Bas|Je Maintiendrai]]'' représentant la [[Maison d'Orange-Nassau]].

<center><gallery>
File:Blason Nassau-Orange (Cadets).svg|Armoiries de Guillaume III en tant que [[Principauté d'Orange|prince d'Orange]]<ref>{{cite book |title=Armorial general|first=Johannes Baptist|last =Rietstap|publisher=Genealogical Publishing Co.|year=2003|volume= vol.2|page=297|isbn=0806348119}}</ref>
File:Coat of Arms of England (1689-1694).svg|Armoiries du roi Guillaume III et de la reine Marie II en tant que co-monarques
File:Coat of Arms of Scotland (1689-1694).svg|Armoiries du roi Guillaume III et de la reine Marie II d'Écosse
File:Coat of Arms of England (1694-1702).svg|Armoiries du roi Guillaume III d'Angleterre
File:Coat of Arms of Scotland (1694-1702).svg|Armoiries du roi Guillaume II d'Écosse
</gallery></center>

== Ascendance ==
{{boîte déroulante/début|titre=Ascendance de Guillaume III d'Angleterre}}
<center>
{{Ancêtres-compact5
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|1= 1. '''Guillaume III d'Angleterre'''
|2= 2. [[Guillaume II d'Orange-Nassau]]
|3= 3. [[Marie Henriette Stuart|Princesse Marie Henriette]]
|4= 4. [[Frédéric-Henri d'Orange-Nassau]]
|5= 5. [[Amélie de Solms-Braunfels]]
|6= 6. [[Charles Ier d'Angleterre|Charles {{Ier}} d'Angleterre]]
|7= 7. [[Henriette de France (1609-1669)|Henriette de France]]
|8= 8. [[Guillaume Ier d'Orange-Nassau|Guillaume {{Ier}} d'Orange-Nassau]]
|9= 9. [[Louise de Coligny]]
|10= 10. [[Jean Albert Ier de Solms-Braunfels|Jean Albert {{Ier}} de Solms-Braunfels]]
|11= 11. [[Agnès de Sayn-Wittgenstein]]
|12= 12. [[Jacques Ier d'Angleterre|Jacques {{Ier}} d'Angleterre]]
|13= 13. [[Anne de Danemark]]
|14= 14. [[Henri IV de France]]
|15= 15. [[Marie de Médicis]]
|16= 16. [[Guillaume de Nassau-Dillenbourg]]
|17= 17. [[Juliana von Stolberg]]
|18= 18. [[Gaspard II de Coligny]]
|19= 19. [[Charlotte de Laval]]
|20= 20. [[Konrad de Solms-Braunfels]]
|21= 21. [[Élisabeth de Nassau-Dillenburg]]
|22= 22. [[Ludwig I de Sayn-Wittgenstein]]
|23= 23. [[Élisabeth de Solms-Laubach]]
|24= 24. [[Henry Stuart (Lord Darnley)]]
|25= 25. [[Marie Ire d'Écosse|Marie {{Ire}} d'Écosse]]
|26= 26. [[Frédéric II de Danemark]]
|27= 27. [[Sophie de Mecklembourg-Güstrow]]
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}}
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{{boîte déroulante/fin}}

== Dans la culture populaire ==
Guillaume III a été joué à l'écran par :
* [[Bernard Lee]] dans le film ''[[The Black Tulip (film, 1937)|The Black Tulip]]'' de 1937 basé sur la nouvelle d'[[Alexandre Dumas, père]]
* [[Henry Daniell]] dans le film ''[[Captain Kidd (film, 1945)|Captain Kidd]]'' de 1945
* [[Olaf Hytten]] dans le film ''[[À l'abordage]]'' de 1952
* [[Alan Rowe]] dans la série de la [[BBC]], ''[[The First Churchills]]'' de 1969
* [[Laurence Olivier]] dans la série télévisée de [[NBC]], ''Peter the Great'' de 1986
* [[Thom Hoffman]] dans le film ''[[Orlando (film)|Orlando]]'' de 1992 basé sur la nouvelle de [[Virginia Woolf]]
* [[Corin Redgrave]] dans la film ''England, My England'' de 1995 sur l'histoire du compositeur [[Henry Purcell]]
* [[Jochum ten Haaf]] dans la série de la BBC, ''[[Charles II: The Power & the Passion]]'' de 2003
* [[Bernard Hill]] dans le film [[The League of Gentlemen's Apocalypse]] de 2003
* [[Russell Pate]] dans le film de la BBC, ''King Billy Above All''
Il apparait également dans la trilogie littéraire ''[[The Baroque Cycle]]'' de [[Neal Stephenson]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{références|colonnes=3}}
{{Références}}

== Annexes ==

=== Articles connexes ===
{{Traduction/Référence|en|William III of England}}
* [[Histoire de l'Angleterre]]

* [[Histoire des Provinces-Unies]]
== Bibliographie ==
* [[Johan de Witt]]
{{Autres projets|Commons=Category:William III of England}}
* Baxter, Stephen B., ''William III and the Defense of European Liberty, 1650-1702'' (1966)
* Chapman, Hester W., ''Mary II: Queen of England'' (1953)
* [[Winston Churchill|Churchill, Winston]]. ''A History of the English-Speaking Peoples: Age of Revolution''. Weidenfeld & Nicolson, (2002). ISBN 0-304-36393-6
* Claydon, Tony, ''William III: Profiles in Power'' (2002) ISBN 0-582-40523-8
* [[Norman Davies|Davies, Norman]], ''The Isles: A History'' (1999) ISBN 0-19-513442-7
* [[Jonathan Israel|Israel, Jonathan I.]], ''The Dutch Republic: Its Rise, Greatness, and Fall, 1477-1806'' (1995) ISBN 0-19-820734-4
* Meinel, Friedrich, ''Samuel Chappuzeau 1625-1701''. Dissertation, [[Université de Leipzig]], (1908)
* Mijers, Esther and Onnekink, David, eds., [http://www.ashgate.com/default.aspx?page=637&calcTitle=1&title_id=7361&edition_id=7922 Redefining William III. The Impact of the King-Stadholder in International Context] (Ashgate, 2007)
* Miller, John, ''James II: A Study in Kingship'' (1991) ISBN 0-413-65290-4
* Robb, Nesca, ''William of Orange'' (1962)
* Troost, Wout, ''William III, The Stadholder-king: A Political Biography'' (2005) (translation by J.C. Grayson) ISBN 0-7546-5071-5
* [[John Van der Kiste|Van der Kiste, John]], ''William and Mary'' (2003) ISBN 0-7509-3048-9
* Van der Zee, Henri and Barbara, ''William and Mary'' (1973) ISBN 0-394-48092-9
* Waller, Maureen, ''Sovereign Ladies: Sex, Sacrifice, and Power. The Six Reigning Queens of England.'' St. Martin's Press, New York (2006) ISBN 0-312-33801-5


=== Sources ===
* ''La guerre économique franco-anglaise au XVIII{{e}} siècle'', de [[François Crouzet]].
* ''Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XV{{e}}-XVIII{{e}} siècle, de Fernand Braudel.


=== Voir aussi ===
{{Monarque des Pays-Bas}}
{{Monarque des Pays-Bas}}
{{Monarques anglais/britanniques}}
{{Monarques anglais/britanniques}}
{{Monarques écossais}}
{{Monarques écossais}}
{{Portail|Pays-Bas|Angleterre|Ecosse|Histoire|XVIIe siècle|Monarchie}}
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{{DEFAULTSORT:Guillaume 03}}
{{DEFAULTSORT:Guillaume 03}}
[[Catégorie:Naissance en 1650]]
[[Catégorie:Naissance en 1650]]
[[Catégorie:Naissance à La Haye]]
[[Catégorie:Décès en 1702]]
[[Catégorie:Décès en 1702]]
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[[Catégorie:Maison d'Orange-Nassau|Guillaume 1650]]
[[Catégorie:Monarque d'Angleterre]]
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[[Catégorie:Monarque d'Écosse]]
[[Catégorie:Maison de Nassau|Orange-Nassau,Guillaume 03 de]]
[[Catégorie:Maison d'Orange-Nassau|Guillaume 1650]]
[[Catégorie:Naissance à La Haye]]
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[[Catégorie:Siècle d'or néerlandais]]
[[Catégorie:Enterré à l'abbaye de Westminster]]


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Version du 27 janvier 2012 à 22:12

Guillaume III
Titre
Roi d'Angleterre et d'Irlande
Avec Marie II (1689-1694)
Couronnement
Prédécesseur Jacques II
Successeur Anne
Roi d'Écosse
Avec Marie II (1689-1694)
Prédécesseur Jacques VII
Successeur Anne
Prince d'Orange
Prédécesseur Guillaume II
Successeur Jean Guillaume Friso
Stathouder de Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre, et Overijssel
Prédécesseur Guillaume II
Successeur Vacant
Biographie
Dynastie Maison d'Orange-Nassau
Lieu de naissance Binnenhof, La Haye (Provinces-Unies)
Lieu de décès Palais de Kensington, Londres (Angleterre)
Père Guillaume II d'Orange-Nassau
Mère Princesse Marie Henriette
Conjoint Marie II d'Angleterre
Héritier Marie II d'Angleterre (1689-1694)
Anne Stuart (1694-1702)

Signature de Guillaume III

[[Fichier:| 110px|Guillaume III d'Orange-Nassau]]
Monarques de Grande-Bretagne

Guillaume III (néerlandais : Willem III ; 4 novembre 1650 - 8 mars 1702)[1] fut prince d'Orange de la Maison d'Orange-Nassau dés sa naissance. À partir de 1672, il gouverna en tant que stathouder Guillaume III d'Orange (néerlandais : Willem III van Oranje) de Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre, et Overijssel appartenant aux Provinces-Unies. En 1689, il devint monarque d'Angleterre et d'Irlande sous le nom de Guillaume III d'Angleterre et en tant que roi d'Écosse, il gouverna sous le nom de Guillaume II[2]. Dans ce qui fut appelé la "Glorieuse Révolution en 1688, il renversa le monarque Jacques II d'Angleterre et obtint les couronnes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Dans les îles Britanniques, Guillaume III gouverna conjointement avec son épouse, Marie II d'Angleterre jusqu'à sa mort le 28 décembre 1694.

En tant que protestant, Guillaume participa à plusieurs guerres contre le puissant roi catholique de France, Louis XIV au sein de plusieurs coalitions. De nombreux protestants le saluèrent comme le champion de leur foi. En grande partie du fait de cette réputation, Guillaume fut capable de s'emparer des couronnes britanniques alors que de nombreuses personnes s'inquiétaient d'un retour au catholicisme sous Jacques II. La victoire de Guillaume III sur Jacques II lors de la bataille de la Boyne en 1690 est aujourd'hui commémoré par l'Ordre d'Orange en Irlande du Nord et dans certaines régions d'Écosse. Son règne marqua la transition du pouvoir personnel des Stuart vers le pouvoir soumis au contrôle du parlement de la Maison de Hanovre.

Jeunesse

Portrait de Marie, princesse royale dans une robe jaune et de William II dans un costume noir
Les parents de Guillaume, Guillaume II d'Orange-Nassau et Marie Henriette Stuart

Naissance et famille

Guillaume-Henri d'Orange est né à La Haye dans les Provinces-Unies le 4 novembre 1650[3]. Il était le seul enfant du stathouder Guillaume II, prince d'Orange et de princesse royale Marie. Marie était la fille ainée du roi Charles Ier d'Angleterre et la sœur de Charles II et de Jacques II.

Huit jours avant la naissance de Guillaume, son père mourut de la variole ; ainsi Guillaume devint prince d'Orange dés le jour de sa naissance[4]. Immédiatement, un conflit commença entre la princesse royale et la mère de Guillaume II, Amélie de Solms-Braunfels, sur le nom à donner à l'enfant. Marie voulait le nommer Charles d'après son frère mais sa grand-mère préférait Guillaume ou Willem pour améliorer ses chances de devenir stathouder[5]. Guillaume II avait nommé son épouse comme tuteur de son fils dans son testament ; cependant le document n'était pas signé au moment de la mort de Guillaume II et était donc invalide[6]. Le 13 aout 1651, le Hoge Raad (Conseil Supreme) établit que le tutorat serait partagé entre sa mère, sa grand-mère paternelle et Frédéric-Guillaume Ier, l'électeur de Brandebourg dont l'épouse Louise-Henriette était la sœur ainée de son père[7].

Enfance et éducation

La mère de Guillaume ne montra que peu d'intérêt personnel pour son fils ; elle fut parfois absente durant des années et elle se tenait toujours de manière délibérée en dehors de la société hollandaise[8]. L'éducation de Guillaume fut principalement réalisée par plusieurs gouvernantes hollandaises dont certaines étaient de descendance anglaise comme Walburg Howard. À partir d'avril 1656, le prince reçut un enseignement journalier dans la religion réformée avec le prêtre calviniste Cornelius Trigland, un partisan du théologien Gisbertus Voetius[9]. L'éducation idéale pour Guillaume fut décrite dans Discours sur la nourriture de S. H. Monseigneur le Prince d'Orange, un court traité écrit par l'un des tuteurs de Guillaume, Constantin Huygens[10]. Dans ces leçons, le prince apprit qu'il était prédestiné à devenir un instrument de la divine providence devant remplir la destinée historique de la Maison d'Orange-Nassau[11].

Le jeune prince représenté dans une couronne florale accompagnée de symboles de la Maison d'Orange-Nassau, peinture de Jan Davidsz de Heem.

À partir du début de l'année 1659, Guillaume passa sept années à l'université de Leyde où il reçut une éducation formelle sous la direction du professeur d'éthique Hendrik Bornius[12]. Tout en résidant à la Prinsenhof de Delft, Guillaume avait une petite escorte personnelle dont Hans Willem Bentinck faisait partie et un nouveau gouverneur Frederick Nassau de Zuylestein, le fils illégitime du stathouder Frédéric-Henri d'Orange-Nassau. Il apprit le français avec Samuel Chappuzeau (qui fut démissionné par la grand-mère de Guillaume après la mort de sa mère)[13].

Le grand-pensionnaire Johan de Witt et son oncle Cornelis de Graeff poussèrent les États de Hollande à prendre en charge l'éducation de Guillaume. Cela était destiné à s'assurer qu'il devait acquérir les aptitudes pour servir dans le futur dans une fonction gouvernementale encore à déterminer ; les États agirent le 25 septembre 1660[14]. Cette première implication des autorités ne dura pas longtemps. Le 23 décembre 1660, alors que Guillaume était âgé de dix ans, sa mère mourut de la variole au palais de Whitehall à Londres alors qu'elle rendait visite à son frère, le roi Charles II[14]. Dans son testament, Marie demanda à Charles de veiller aux intérêts de Guillaume et Charles demanda aux États de Hollande de mettre un terme à leurs interférences[15]. Pour apaiser Charles, ils acceptèrent le 30 septembre 1661[16]. En 1661, Zuylenstein commença à travailler pour Charles. Il poussa Guillaume à écrire des lettres à Charles pour lui demander de l'aider à devenir stathouder[17]. Après la mort de son père, l'éducation et le tutorat de Guillaume commencèrent à devenir un point de tension entre les partisans de sa dynastie, les orangistes et les partisans de Pays-Bas plus républicains[18].

Les autorités hollandaises firent de leur mieux pour ignorer ces intrigues mais lors de la Deuxième Guerre anglo-néerlandaise, l'une des conditions de paix de Charles était l'amélioration de la position de son neveu[17]. En représailles en 1666, lorsque William avait seize ans, les États de Hollande firent officiellement de lui un pupille du gouvernement[17]. Tous les partisans pro-anglais, dont Zuylenstein, furent éloignés de la compagnie de Guillaume[17]. Guillaume pria De Witt d'autoriser Zuylenstein à rester mais il refusa[19]. De Witt, le politicien le plus influent des Provinces-Unies, se chargea de l'éducation de Guillaume ; il lui enseigna la politique et les affaires nationales et jouait régulièrement à la courte-paume (sorte de tennis) avec lui[19].

Premières fonctions

Portait d'un homme habillé tout en noir et regardant vers la gauche.
Johan de Witt qui supervisa l'éducation de Guillaume en 1666.
Portrait d'un homme potelé se trouvant derrière un bureau.
Gaspar Fagel remplaça De Witt en tant que grand-pensionnaire et était plus favorable aux intérêts de Guillaume.

Exclusion du poste de stathouder

À la mort du père de Guillaume, les provinces avaient suspendues le titre de stathouder. Le traité de Westminster de 1654 qui mettait un terme à la Première Guerre anglo-néerlandaise, possédait une annexe secrète attachée aux demandes d'Oliver Cromwell : l'acte de séclusion qui interdisait à la province de Hollande de nommer un membre de la Maison d'Orange au titre de stathouder[20]. Après la Restauration anglaise, l'acte de séclusion, qui n'était pas resté un secret très longtemps fut déclaré nul car le Commonwealth d'Angleterre (avec qui le traité avait été conclu) n'existait plus[21]. En 1660, Marie et Amélie essaya de convaincre les différentes provinces des États de nommer Guillaume en tant que futur stathouder mais ils refusèrent[21].

En 1667, comme Guillaume approchait l'age de 18 ans, le parti orangiste tenta à nouveau de l'amener au pouvoir en lui sécurisant les titres de stathouder et de capitaine-général. Pour éviter la restauration de l'influence de la Maison d'Orange, De Witt autorisa le pensionnaire de Haarlem, Gaspar Fagel, à pousser les États de Hollande à délivrer l'édit perpétuel de 1667[22]. Cet édit déclarait que le capitaine-général ou l'amiral-général des Pays-Bas ne pouvait pas devenir stathouder de n'importe quelle province[22]. Malgré cela, les partisans de Guillaume cherchèrent des moyens d'augmenter son prestige, et le 19 septembre 1688, les États de Zélande le reçurent en tant que Premier Noble[23]. Pour recevoir ce titre, Guillaume tenta d'échapper à l'attention de ses tuteurs en se rendant secrètement à Middelbourg[23]. Un mois plus tard, Amélie autorisa Guillaume à gérer son propre foyer et à déclarer sa propre majorité[24].

La province de Hollande, le centre de l'anti-orangisme, abolit la fonction de stathouder et quatre autres provinces firent de même en mars 1670, établissant ainsi la période de la soi-disant "Harmonie[22]". De Witt demanda un serment pour chaque régent (membre du conseil de ville) pour faire respecter l'édit ; tous sauf un acceptèrent[22]. Guillaume vit cela comme une défaite mais en réalité, l'arrangement était un compromis : De Witt aurait préféré ignorer complètement le prince mais à présent son ascension finale dans les fonctions de commandement de l'armée suprême était implicite[25]. De Witt reconnut ensuite que Guillaume serait admis en tant que membre du Raad van State (conseil d'état) puis à l'organe gérant le budget de la défense[26]. Guillaume entra au conseil le 31 mai 1670 avec tous ses pouvoirs de vote malgré les tentatives de De Witt pour limiter son role à celui de conseiller[27].

Conflit avec les républicains

En novembre 1670, Guillaume obtint la permission de se rendre en Angleterre pour presser Charles de payer au moins une partie des 2 797 859 guilden des dettes de la Maison Stuart envers la Maison d'Orange[28]. Charles ne pouvait pas payer mais Guillaume accepta de réduire la somme à 1 800 000 guilden[28]. Charles découvrit que son neveu était un calviniste convaincu et un Hollandais patriote et il reconsidéra son idée de lui montrer le traité secret de Douvres avec la France, visant à détruire la République hollandaise et l'installation de Guillaume comme "souverain" d'un état croupion néerlandais[28]. En plus des divergences politiques, Guillaume s'inquiétait du mode de vie de Jacques II qui buvait, pariait et cavalait avec ses maitresses[29].

L'année suivante, la sécurité de la République se détériora rapidement car une attaque anglo-française semblait imminente[30]. Face à cette menace, les États de Gueldre voulaient que Guillaume soit nommé capitaine-général de l'armée hollandaise aussi rapidement que possible malgré sa jeunesse et son inexpérience[31]. Le 15 décembre 1671, cette politique fut officiellement adoptée par les États d'Utrecht[32]. Le 19 janvier 1672, les États de Hollande firent une contre-proposition : nommer Guillaume pour une seule campagne[33]. Le prince refusa et le 25 février, un compromis fut obtenu : une nomination par les États généraux du royaume des Pays-Bas pour un été, suivi par une nomination permanente lors de son 22e anniversaire[33]. Dans le même temps, Guillaume écrivit une lettre secrète à Charles en janvier 1672 pour demander à son oncle d'exploiter la situation en faisant pression sur les États-Généraux pour qu'il soit nommé au poste de stathouder[34]. En retour, Guillaume allierait la République avec l'Angleterre et servirait les intérêts de Charles avec "l'honneur et la loyauté dû à cet état[34]". Charles ne répondit pas à la proposition et poursuivit ses plans de guerre avec son allié français.

Stathouder

Rampjaar : 1672

Pour les Provinces-Unies, 1672 se révéla calamiteuse et fut appelée l'"année de tous les désastres" (hollandais : Rampjaar) du fait de la Guerre de Hollande et de la Troisième Guerre anglo-néerlandaise ; Les Pays-Bas furent envahis par la France de Louis XIV, l'Angleterre, Münster et Cologne. Bien que la flotte anglo-française ait été battue lors de la Bataille de Solebay, les troupes françaises entrèrent en juin dans les provinces de Gueldre et d'Utrecht. Guillaume se retira avec les restes de son armée le 14 juin en Hollande où les États avaient ordonné la destruction des écluses pour inonder le pays le 8 juin[35]. Louis XIV, considérant que la guerre était terminée, commença à négocier pour obtenir le plus d'argent possible de la part des Hollandais[36]. La présence d'une large armée française au cœur de la République entraina une panique générale et le peuple se tourna contre De Witt et ses alliés[36].

Le 4 juillet, les États de Hollande nommèrent Guillaume au poste de stahouder et il prêta serment cinq jours plus tard[37]. Le lendemain, un envoyé spécial de Charles, Lord Arlington, rencontra Guillaume à Nieuwerbrug. Il offrit à Guillaume le titre de prince de Hollande en échange de sa capitulation alors qu'un stathouder n'était qu'un simple fonctionnaire[38]. Lorsque Guillaume refusa, Arlington menaça Guillaume de la fin de l'existence de la République[38]. Guillaume fit sa célèbre réponse : "Il n'y a qu'un seul moyen d'éviter cela : mourir en la défendant jusqu'au dernier fossé". Le 7 juillet, les inondations furent terminées et l'avance de l'armée française fut bloquée. Le 16 juillet, la Zélande offrit le poste de stahouder à Guillaume[37].

Johan de Witt fut incapable d'assumer son rôle de grand-pensionnaire après avoir été blessé lors d'une tentative d'assassinat le 21 juin[39]. Le 15 aout, Guillaume publia une lettre de Charles dans laquelle le roi anglais avançait que la principale raison de la guerre était l'agressivité de la faction de De Witt[40]. Le peuple étant maintenant hostile à De Witt, ce dernier et son frère Cornelis furent assassinés par une milice citoyenne à La Haye le 20 aout[40]. Après cela, Guillaume remplaça de nombreux régents hollandais par ses partisans[41].

Bien que la complicité de Guillaume dans le lynchage n'ait jamais été prouvée, il entrava les tentatives de poursuites des chefs de la conspiration et il en récompensa certains avec de l'argent comme Hendrik Verhoeff ou avec des postes élevés comme Johan van Banchem et Johan Kievit[42]. Cela endommagea sa réputation de la même manière que ses actions ultérieures à Glencoe.

Guillaume III continua de combattre les Français et les Anglais en s'alliant à l'Espagne et au Brandebourg. En novembre 1672, il emmena son armée à Maastricht pour menacer les lignes de ravitaillement françaises[43]. En 1673, la situation s'améliora. Bien que Louis XIV ait capturé Maastricht et que les tentatives de Guillaume pour prendre Charleroi ait échoué, l'amiral Michiel de Ruyter battit la flotte anglo-française à trois reprises ; cela força le retrait de l'Angleterre lors du traité de Westminster et après 1673, les Français se retirèrent progressivement des territoires hollandais (à l'exception de Maastricht) tout en progressant ailleurs[44].

Fagel proposa de traiter les provinces libérées d'Utrecht, de Gueldre et d'Overijssel comme des territoires conquis (Pays de la Généralité), en punition de leur reddition rapide face à l'ennemi[45]. Guillaume refusa mais il obtint un mandat spécial de la part des États-Généraux pour nommer tous les nouveaux délégués dans les États de ces provinces[45]. Les partisans de Guillaume au sénat d'Utrecht le nommèrent stathouder héréditaire le 26 avril 1674[46]. Les États de Gueldre lui offrirent les titres de duc de Gueldre et de comte de Zutphen[47]. Les réactions négatives à cette décision de Zélande et de la ville d'Amsterdam, où la bourse s'effondra, poussèrent finalement Guillaume à refuser ces honneurs ; il fut nommé stathouder de Gueldre et d'Overijssel à la place[47].

Mariage avec Marie Stuart

Portrait d'une femme avec les cheveux bruns et une robe bleue et grise
Guillaume épousa sa cousine germaine, la future reine Marie II en 1677.

Durant la guerre avec la France, Guillaume tenta d'améliorer sa position en épousant Marie Stuart, sa cousine germaine et la fille de Jacques, duc d'York de onze années sa cadette. Bien qu'il ait anticipé la résistance des marchands d'Amsterdam concernant un rapprochement avec les Stuart car ils n'appréciaient pas sa mère (une autre Marie Stuart), Guillaume pensait qu'épouser Marie permettrait d'accroitre ses chances d'accession aux royaumes de Charles et éloignerait le monarque anglais de ses politiques pro-françaises[48]. Jacques n'était pas prêt à consentir au mariage mais Charles II fit pression sur son frère[49]. Charles II tenta d'utiliser comme un avantage la possibilité d'un mariage dans les négociations relatives à la guerre mais Guillaume insista pour que les deux questions soient résolues séparément[50]. Charles II céda et l'évêque Henry Compton maria le couple le 4 novembre 1677[51]. Marie tomba rapidement enceinte après le mariage mais elle fit une fausse couche. Après une autre maladie en 1678, elle ne fut plus jamais enceinte[52].

Tout au long du mariage, Guillaume ne reconnut qu'une seule maitresse, Élisabeth Villiers, en contraste avec les nombreuses maitresses que son oncle avait publiquement[53].

Paix avec la France et intrigues avec l'Angleterre

Portrait d'un homme en armure regardant vers la droite
Portrait de Guillaume agé de 27 ans par Peter Lely.

En 1678, Louis XIV cherchait à faire la paix avec les Provinces-Unies[54]. Malgré cela les tensions restaient, Guillaume était très suspicieux vis-à-vis de Louis et il pensait que le roi de France désirait devenir le monarque universel de l'Europe ; Louis décrivit Guillaume comme "mon ennemi mortel" et le voyait comme un exécrable belliciste. Les petites annexions françaises en Allemagne (la politique de Réunions) et la révocation de l'édit de Nantes en 1685 causèrent un afflux massif de réfugiés huguenots dans la République[55]. Cela poussa Guillaume III à rejoindre diverses coalitions dirigées contre la France comme la Ligue d'Augsbourg en 1688[56].

Après son mariage en novembre 1677, Guillaume devint un candidat potentiel pour le trône d'Angleterre si son beau-père (et oncle) Jacques était exclu de la succession du fait de son catholicisme. Durant la crise de l'Exclusion Bill en 1680, Charles II invita Guillaume à venir en Angleterre pour renforcer la position du roi contre les exclusionnistes avant de retirer son invitation[57]. Néanmoins, Guillaume fit secrètement pression sur les États-Généraux pour qu'ils envoient une lettre à Charles le suppliant d'empêcher un catholique de lui succéder, sans nommer explicitement Jacques[58]. Après avoir reçut des réactions indignées de la part de Jacques et Charles, Guillaume nia tout implication[58].

En 1685, lorsque Jacques II monta sur le trône d'Angleterre, Guillaume tenta une approche conciliatrice tout en essayant de ne pas offenser les protestants anglais[59]. Guillaume, toujours en quête de moyens de diminuer la puissance de la France, espéra que Jacques rejoindrait la Ligue d'Augsbourg mais en 1687, il devint clair que Jacques n'entrerait pas dans l'alliance anti-française[59]. Les relations entre les deux hommes s'envenimèrent par la suite[60]. En novembre, l'épouse de Jacques, Marie de Modène, annonça qu'elle était enceinte[61]. Le même mois, pour obtenir le soutien des protestants anglais, Guillaume écrivit une lettre ouverte au peuple anglais dans laquelle il désapprouvait les politiques religieuses de Jacques. De nombreux politiciens anglais le considéraient comme un ami, maintenaient des contacts secrets avec lui et commencèrent à négocier une invasion de l'Angleterre[62].

Glorieuse Révolution

Guillaume III débarquant à Brixham, peinture de Jan Wyck vers 1688.

Invasion de l'Angleterre

Guillaume était initialement opposé à l'invasion mais la plupart des historiens sont d'accord pour dire qu'il commença à assembler une force expéditionnaire en avril 1688 car il devenait de plus en plus clair que la France resterait occupée par ses campagnes en Allemagne et en Italie et ne pourrait donc pas attaquer lorsque les troupes de Guillaume seraient en Angleterre[63][64]. Croyant que les Anglais accepteraient mal un envahisseur étranger, il envoya une lettre au contre-amiral Arthur Herbert dans laquelle il demandait que les protestants les plus influents d'Angleterre l'invitent d'abord à attaquer[65]. En juin, l'épouse de Jacques, Marie de Modène, accoucha d'un fils (Jacques François Stuart) qui évinçait l'épouse de Guillaume de la première place dans l'ordre de succession[66]. La colère publique fut également accrue à cause du procès de sept évêques qui s'étaient publiquement opposés aux politiques religieuses de Jacques et avaient rédigés des pétitions pour qu'il les réforme[67].

Le 30 juin 1688, le jour de l'acquittement des évêques, un groupe de personnalités politiques appelé par la suite les "sept immortels" envoya une invitation formelle à Guillaume[65]. Les intentions de Guillaume sur l'invasion furent rendues publiques en septembre 1688[68]. Avec une armée hollandaise, Guillaume débarqua à Brixham dans le sud-ouest de l'Angleterre le 5 novembre 1688[69]. Il proclama à son arrivée qu'il maintiendrait les libertés de l'Angleterre et de la religion protestante. Guillaume avait débarqué avec environ 11 000 fantassins et 4 000 cavaliers[70]. Le soutien pour Jacques disparut immédiatement après l'arrivée de Guillaume ; les officiers protestants de l'armée anglaise désertèrent (dont John Churchill, l'officier le plus expérimenté de Jacques) et de nombreux nobles de tout le pays déclarèrent leur soutien à l'envahisseur[71].

Jacques tenta initialement de résister à Guillaume mais ses efforts furent inutiles[71]. Il envoya des émissaires pour négocier avec Guillaume mais il tenta secrètement de fuir le 11 décembre[72]. Un groupe de pêcheurs l'arrêta et il fut ramené à Londres[72]. Guillaume autorisa Jacques à quitter le pays car il ne voulait pas en faire un martyr de la cause catholique[73].

Accession au trone

Pièce d'argent montrant Guillaume III et ses armoiries.
Pièce d'argent de Guillaume III datant de 1695. L'inscription latine sur l'avers GVLIELMVS III DEI GRA[TIA] et sur le revers MAG[NAE] BR[ITANNIAE], FRA[NCIAE], ET HIB[ERNIAE] REX 1695 signifie : "Guillaume III, par la grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, 1695". L'avers montre les armoiries, dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du haut, de l'Angleterre, de l'Écosse, de la France et de l'Irlande entourant les armoiries personnelles de la Maison d'Orange-Nassau.

Guillaume convoqua un parlement de convention en Angleterre qui se rassembla le 22 janvier 1689[74][75]. Guillaume sentait que sa position était précaire ; bien que sa femme se trouva élevée dans l'ordre de succession au trône, il souhaitait régner en tant que roi de son plein droit et non en tant que simple roi consort[76]. Le seul précédent d'une monarchie conjointe en Angleterre remontait au XVIe siècle quand la reine Marie Ire épousa le prince espagnol Philippe[77]. Philippe ne resta roi que durant la vie de son épouse et des restrictions étaient placées sur son pouvoir. D'un autre coté, Guillaume souhaitait rester roi même après la mort de sa femme[78]. La majorité des tories à la Chambre des Lords proposa d'acclamer Marie en tant que monarque unique mais elle refusa par loyauté à son mari[79].

La Chambre des Communes avec une majorité whig avait rapidement décidé que le trône était vacant et qu'il était plus sûr que le souverain soit protestant. Les tories de la Chambre des Lords n'étaient pas d'accord mais après que Guillaume ait refusé d'être un régent ou de ne régner que jusqu'à la mort de son épouse, il y eut des négociations entre les deux Chambres et les Lords reconnurent à une courte majorité que le trône était vacant. Le parlement vota la Déclaration des droits le 13 février 1689 dans laquelle il jugeait que Jacques, en ayant tenté de fuir, avait abdiqué et avait donc laissé son trône vacant[80]. La Couronne ne fut pas transférée au fils ainé de Jacques, Jacques François Stuart (qui aurait été l'héritier apparent en des circonstances normales), mais à Guillaume et Marie en tant que co-monarques[76]. Elle l'était, cependant, à condition que "l'exercice plein et entier de la puissance royale soit exercé par le prince d'Orange aux nom des dit prince et princesse pendant leur vie commune[76]".

Guillaume et Marie furent couronnés ensembles le 11 avril 1689 par l'évêque de Londres, Henry Compton[81]. Habituellement, le couronnement est réalisé par l'archevêque de Cantorbéry mais le détenteur du titre William Sancroft refusa de reconnaitre le renversement de Jacques[81].

Guillaume convoqua également un rassemblement du parlement d'Écosse qui se réunit le 14 mars 1689 et envoya une lettre de conciliation tandis que Jacques envoya des ordres hautains et sans compromis, ce qui poussa une majorité à se prononcer en faveur de Guillaume. Le 11 avril, le jour du couronnement anglais, la convention déclara finalement que Jacques n'était plus roi d'Écosse[82]. Guillaume et Marie reçurent la couronne d'Écosse qu'ils acceptèrent le 11 mai[83].

Retour au calme

Statue équestre
Statue idéalisée de Guillaume III réalisée par John Michael Rysbrack se trouvant dans le Queen Square de Bristol depuis 1736.

Guillaume III d'Angleterre encouragea le passage de l'acte de tolérance de 1689 qui garantissait la liberté religieuse de certains "non-conformistes" (individus refusant certaines décisions de l'église d'Angleterre) protestants[75]. Cela ne permit cependant pas d'étendre la tolérance aussi loin que Guillaume l'aurait souhaité car les libertés religieuses des catholiques, des anti-trinitariens et de certains protestants restaient encore limitées[81]. En décembre 1689, l'un des plus importants documents constitutionnels de l'histoire anglaise, la Bill of Rights fut votée par le parlement[84]. Cette loi qui reconfirmait certaines clauses de l'ancienne déclaration des droits, établissait des restrictions sur les prérogatives royales. Elle empêchait, entre autres, le roi de suspendre des lois votées par le parlement, de lever des taxes ou une armée en temps de paix sans l'accord du parlement, d'enfreindre le droit de pétition, de nier le droit de porter des armes aux sujets protestants, d'interférer dans les élections législatives, de punir les membres des deux Chambres du Parlement pour ce qui est dit pendant les débats, d'offrir des acquittements excessifs ou d'infliger des châtiments cruels et inhabituels[75]. Guillaume était opposé à de telles contraintes mais il choisit ne pas entrer en conflit avec le parlement et il accepta de respecter la loi[85].

La déclaration des lois régla la question de la succession à la Couronne. Après la mort de l'un des deux co-monarques, l'autre continuerait à régner. La suivante dans l'ordre de succession devenait la sœur de Marie II, la princesse Anne, et ses descendants[84]. Néanmoins, tous les enfants que Guillaume pourrait avoir d'un mariage à venir seraient intégrés à l'ordre de succession. Les catholiques, de même que ceux qui épousaient des catholiques, étaient exclus[84].

Règne avec Marie II

Révoltes jacobites

Bien qu'une grande partie de la Grande-Bretagne ait reconnue Guillaume et Marie comme ses co-monarques, une importante minorité refusait d'accepter la validité de leur accession au trône, avançant que le droit divin des rois descendait directement de Dieu et n'était pas délégué par le parlement. Au cours des 57 années qui suivirent, les jacobites firent pression pour restaurer Jacques et ses héritiers[86]. Les non-jureurs en Angleterre et en Écosse dont plus de 400 ecclésiastiques et plusieurs évêques de l'église d'Angleterre et de l'église épiscopale écossaise de même que de nombreux laïcs refusèrent de prêter le serment d'allégeance à Guillaume[87].

Peinture d'une scène de bataille.
La bataille de la Boyne entre Jacques II et Guillaume III, 12 juillet 1690, peinture de Jan van Huchtenburg.

L'Irlande était contrôlée par des catholiques loyaux à Jacques et des jacobites franco-irlandais arrivés de France avec les forces françaises en mars 1689 pour participer à la guerre en Irlande et assiéger la ville de Derry[88]. Guillaume envoya sa flotte de guerre pour débloquer la ville en juillet et son armée débarqua en aout. Ces troupes ne parvinrent pas à prendre l'avantage et Guillaume intervint personnellement pour commander son armée et remporter la victoire lors de la bataille de la Boyne le 1er juillet 1690[89] ; Jacques s'enfuit en France après la défaite[90].

Au retour de Guillaume en Angleterre, son ami proche le général hollandais Godert de Ginkell, qui avait accompagné Guillaume en Irlande et avait commandé un corps de cavalerie lors de la bataille de la Boyne fut nommé commandant en chef des forces de Guillaume en Irlande. Au printemps 1691, il reçut le contrôle de l'ensemble des troupes sur place et après plusieurs batailles, il captura Galway et Limerick. Après des négociations difficiles, les dernières troupes jacobites capitulèrent le 3 octobre 1691 lors du traité de Limerick. Cela mit fin à la pacification de l'Irlande par Guillaume et pour ses services, le général hollandais reçut les félicitations formelles de la Chambre des Communes et le titre de comte d'Athlone par le roi.

Une série de soulèvements jacobites eut également lieu en Écosse où le vicomte de Dundee leva des forces et remporta la bataille de Killiecrankie le 27 juillet 1689 mais il mourut au combat un mois après lors de la bataille de Dunkeld[91]. Guillaume offrit l'amnistie aux clans écossais qui s'étaient soulevés s'ils proclamaient leur allégeance avant une date donnée mais son gouvernement en Écosse punit les retardataires lors du massacre de Glencoe en 1692 ; cet événement devint tristement célèbre dans la propagande jacobite car Guillaume avait signé les ordres[92][93]. Se rendant à la colère publique, Guillaume démissionna les responsables du massacre même s'ils restaient en sa faveur ; dans les mots de l'historien John Dalberg-Acton, "un devint colonel, un autre un chevalier, un troisième un pair et un quatrième un comte[92]".

La réputation de Guillaume en Écosse fut encore plus endommagée lorsqu'il refusa le soutien anglais dans le projet Darién, une tentative de créer une colonie qui tourna à la catastrophe[94].

Parlement et factions

Gravure représentant un roi, une reine, un trône et des armoiries.
Gravure de Guillaume III et de Marie II.

Bien que les whigs ait été les principaux soutiens de Guillaume, il privilégia au départ une politique d'équilibre entre les whigs et les tories[95]. Le marquis d'Halifax, un homme connu pour sa capacité à définir une voie politique modérée, gagna la confiance de Guillaume au début de son règne[96]. La majorité whig du parlement qui espérait dominer le gouvernement fut déçue par ces décisions[97]. Cette approche équilibrée de la gouvernance ne dura pas au delà des années 1690 car les factions belligérantes rendaient impossible la poursuite par le gouvernement d'une politique efficace et Guillaume demanda de nouvelles élections au début de l'année[98].

Après les élections de 1690, Guillaume commença à favoriser les tories menés par les Lords Danby et Nottingham[99]. Les tories étaient en faveur de préserver les prérogatives royales mais Guillaume rencontra une opposition parlementaire lorsqu'il demanda au parlement de financer sa guerre prolongée contre la France[100]. En conséquence, Guillaume commença à préférer la faction whig appelée Junto[101]. Le gouvernement whig fut responsable de la création de la banque d'Angleterre. La décision de Guillaume d'accorder une charte royale à la banque en 1694, une institution privée appartenant à des banquiers, est son héritage économique le plus significatif[102]. Elle posa les fondations de la domination anglaise sur le commerce global du XVIIIe siècle en remplacement des Provinces-Unies et de la banque d'Amsterdam.

Guillaume dissout le parlement en 1695 et le nouveau parlement qui se réunit cette année était contrôlé par les whigs. Il y eut également une forte hausse du soutien à Guillaume à la suite de la révélation d'un complot jacobite pour l'assassinat en 1696[103]. Le parlement vota une bill d'attainder (condamnation sans procès) contre le chef de la conspiration, John Fenwick, qui fut décapité en 1697[104].

Guerre en Europe

Guillaume s'absenta du royaume pour de longues périodes durant sa guerre contre la France ; il quittait l'Angleterre au printemps pour rentrer à l'automne[105]. L'Angleterre rejoignit la Ligue d'Augsbourg[106]. Pendant que Guillaume combattait à l'étranger, son épouse, Marie II gouvernait le royaume en suivant ses conseils. Chaque fois qu'il rentrait en Angleterre, Marie abandonnait son pouvoir sans réserve, un arrangement qui continua jusqu'à la fin de sa vie[107].

Après la victoire de la flotte anglo-néerlandaise sur la flotte française à la bataille de la Hougue en 1692, la Ligue d'Augsbourg contrôla les mers durant une courte période et l'Irlande fut pacifiée par le traité de Limerick[108]. Dans le même temps, la Ligue perdit du terrain en Europe car Guillaume perdit Namur dans les Pays-Bas espagnols en 1692 et fut battu à la bataille de Neerwinden en 1693[109].

Dernières années

Marie II mourut de la variole en 1694 laissant Guillaume III gouverner seul[110]. Il fut dévasté par son décès[111]. Malgré sa conversion à l'anglicanisme, la popularité de Guillaume diminua fortement lors de son règne en solitaire[112].

Rumeurs d'homosexualité

Durant les années 1690, les rumeurs sur une possible homosexualité de Guillaume grandirent et menèrent à la publication de nombreux pamphlets satiriques de la part de ses opposants jacobites[113]. Il eut en effet des assistants masculins proches dont deux courtisans hollandais auxquels il donna des titres anglais : Hans Willem Bentinck devint comte de Portland et Arnold Joost van Keppel fut nommé comte d'Albemarle. Ces relations avec des amis masculins et son apparent manque de maitresses amenèrent les ennemis de Guillaume à suggérer qu'il préférait les relations homosexuelles. Cependant, les biographes modernes de Guillaume débattent encore de la véracité de ces rumeurs et beaucoup avancent qu'elles ne sont que des produits de l'imagination de ses adversaires[114], d'autres pensent néanmoins qu'il y a un fond de vérité[115].

La proximité de Bentinck avec Guillaume attisa les jalousies dans la cour royale mais la plupart des historiens modernes doutent qu'il y ait eut un élément homosexuel dans leurs relations[116]. Le jeune protégé de Guillaume, Keppel, excita les suspicions et les commérages car il était 20 ans plus jeune que Guillaume, remarquablement beau et avait été élevé au titre de comte avec une certaine aisance[117]. Portland écrivit à Guillaume en 1697 que la "la bienveillance dont votre Majesté a pour un jeune homme et la manière dont vous semblez d'autoriser ses libertés ... poussent le monde à dire des choses que j'ai honte d'entendre[118]". Il ajouta que cela "ternissait une réputation qui n'avait auparavant jamais été sujette à de telles accusations". Guillaume rejeta cependant laconiquement de telles suggestions en déclarant, "il me semble très extraordinaire qu'il soit impossible d'avoir de l'estime et de la considération pour un jeune homme sans que cela soit criminel[118]".

Relations avec la France

Gravure de 1695 représentant les Lord Justices qui administraient le royaume quand Guillaume étaient en campagne. La reine Marie II occupait cette fonction avant sa mort en 1694.

En 1696, le territoire hollandais de Drenthe fit de Guillaume son stathouder. La même année, les jacobites complotèrent pour assassiner Guillaume III et ramener Jacques sur le trône d'Angleterre mais ils échouèrent. D'après les termes du traité de Ryswick (20 septembre 1697) qui mettait fin à la Guerre de la Ligue d'Augsbourg, Louis XIV reconnaissait Guillaume III comme le souverain légitime d'Angleterre et ne fournit plus aucun soutien à Jacques II[119]. Privé du soutien de la dynastie française après 1697, les jacobites ne furent plus une menace lors du règne de Guillaume.

La fin du XVIIe siècle vit la succession au trône d'Espagne devenir la question dominante dans les affaires européennes. L'Espagne possédait, en plus de la péninsule ibérique, de vastes territoires en Italie, dans les Pays-Bas et dans le Nouveau Monde. Le roi Charles II d'Espagne était stérile et ne pouvait donc pas avoir d'héritiers ; parmi ses parents les plus proches étaient Louis XIV de France et l'empereur Léopold Ier du Saint-Empire. Guillaume chercha à éviter que la couronne d'Espagne ne passe entre les mains de l'un de ces souverains car cela déséquilibrerait les rapports de forces en Europe. Guillaume et Louis XIV s'accordèrent sur le premier traité de partage qui définissait le partage de l'Empire espagnol : le duc Joseph-Ferdinand de Bavière obtiendrait l'Espagne tandis que la France et le Saint-Empire se partageraient les territoires restants[120]. Charles II accepta la nomination de Joseph-Ferdinand comme son héritier et la guerre semblait s'éloigner[121].

Portrait d'un homme debout portant manteau d'hermine décoré de fleurs de lys.
Louis XIV de France était le grand adversaire de Guillaume III. Une paix boiteuse signée en 1697 fut rapidement brisée.

Cependant la mort de Joseph-Ferdinand des suites de la variole entraina un retour du problème. En 1700, les deux souverains acceptèrent le traité de Londres selon lequel les territoires italiens seraient transmis à un fils du roi de France et les autres le seraient à un fils de l'empereur du Saint-Empire[122]. Cet accord irrita les Espagnols qui souhaitaient éviter la désintégration de leur empire et l'empereur du Saint-Empire pour qui les territoires italiens étaient plus intéressants que les autres[122]. Cependant la mort de Charles II en 1700 rebattit completement les cartes car il céda par testament tous les territoires espagnols à Philippe, un petit-fils de Louis XIV[123]. Les Français en profitèrent pour ignorer le traité de Londres et revendiquer le trône d'Espagne[123]. De plus, Louis XIV s'aliéna Guillaume III en reconnaissant Jacques François Stuart, le fils de l'ancien roi Jacques II mort en 1701, comme roi d'Angleterre[124]. Le nouveau conflit qui fut appelé la Guerre de Succession d'Espagne continua jusqu'en 1713.

Succession anglaise

La succession d'Espagne n'était pas la seule question qui préoccupait Guillaume. Son mariage avec Marie II n'avait apporté aucun enfant et il semblait peu probable qu'il se remarie. La sœur de Marie, la princesse Anne, avait eut de nombreux enfants mais tous étaient morts durant leur enfance. La mort du prince Guillaume, duc de Gloucester en 1700 laissa la princesse Anne comme le seul individu restant dans l'ordre de succession établi par la déclaration des droits de 1689[125]. Comme l'extinction complète de la ligne de succession aurait encouragé le retour de la lignée de Jacques II, le parlement vota l'acte d'établissement de 1701 dans lequel il spécifiait que la Couronne hériterait à un parent éloigné, Sophie de Hanovre, et à ses héritiers protestants si la princesse Anne mourait sans descendance et si Guillaume III n'avait pas d'héritiers[126]. De nombreux catholiques qui étaient des plus proches parents d'Anne furent exclus de la succession. L'acte s'appliqua en Angleterre et en Irlande mais pas en Écosse dont le parlement n'avait pas été consulté avant le choix de Sophie[126].

Mort

En 1702, Guillaume mourut d'une pneumonie, une complication liées à une clavicule cassée à la suite d'une chute de cheval[127]. Comme son cheval avait trébuché sur une taupinière, de nombreux jacobites célébrèrent le "petit gentleman dans sa veste de velours noir[128]". Des années plus tard, Winston Churchill, dans son ouvrage A History of the English-Speaking Peoples l'écrivit plus poétiquement lorsqu'il dit que la chute "ouvrit la porte à une troupe d'ennemis invisibles[129]". Guillaume fut inhumé dans l'abbaye de Westminster aux cotés de son épouse[130]. Sa belle-sœur Anne devint reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.

La mort de Guillaume mit un terme à la Maison d'Orange hollandaise dont les membres avaient été stathouder de Hollande et de la majorité des autres provinces des Provinces-Unies depuis l'époque de Guillaume le Taciturne (Guillaume Ier). Les cinq provinces dans lesquelles Guillaume III fut stathouder (Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre et Overijssel) suspendirent toutes le poste de stathouder après sa mort. Ainsi, il fut le dernier descendant patrilinéaire de Guillaume Ier à être nommé stathouder de la majorité des provinces. Dans le testament de Guillaume III, Jean Guillaume Friso d'Orange hérita de la principauté d'Orange et de divers seigneuries des Pays-Bas[131]. Il était un parent patrilinéaire des princes d'Orange de même qu'un descendant de Guillaume le Taciturne à travers une lignée féminine. Cependant, le roi Frédéric Ier de Prusse réclama également la principauté pour son fils ainé car le stathouder Frédéric-Henri d'Orange-Nassau avait été son grand-père maternel et Guillaume III était son cousin germain[132]. Selon les termes du traité d'Utrecht de 1713, Frédéric-Guillaume Ier de Prusse cédait la principauté d'Orange au roi de France, Louis XIV mais il conservait le titre dans son nom complet. Le fils de Friso, Guillaume IV partagea le titre de "prince d'Orange", qui avait accumulé un grand prestige dans les Pays-Bas et dans tout le monde protestant, avec Frédéric-Guillaume d'après le traité de partition de 1732[133][134].

Héritage

Une bannière moderne de l'Ordre d'Orange.

La principale réussite de Guillaume fut de contenir la France lorsqu'elle était en position d'imposer sa volonté à la plus grande partie de l'Europe. Durant sa vie, il s'opposa à Louis XIV de France et cet effort continua après sa mort durant la Guerre de Succession d'Espagne. Une autre conséquence importante de son règne fut de mettre un terme au conflit larvé entre la Couronne et le parlement qui existait depuis l'accession au pouvoir du premier monarque de la Maison Stuart, Jacques Ier en 1603. La lutte sur la répartition des pouvoirs avait entrainé une guerre civile durant les années 1640 et la Glorieuse Révolution de 1688[135]. Sous le règne de Guillaume, le conflit fut résolu en faveur du parlement par la Déclaration des droits (Bill of Rights) en 1689, le Triennal Act (qui limitait le mandat du parlement à trois ans) en 1694 et l'acte d'établissement de 1701[135].

Guillaume délivra une charte royale pour le College of William and Mary (dans l'actuelle ville de Williamsburg en Virginie) en 1693[136]. Nassau, la capitale des Bahamas est appelée d'après Fort Nassau qui fut renommé en son honneur en 1695[137]. De même, le comté de Nassau à Long Island est également nommé d'après Guillaume d'Orange[138]. Long Island elle-même était appelée Nassau au moment de la colonisation hollandaise[138].

L'Ordre d'Orange moderne est nommé d'après Guillaume III et célèbre chaque année sa victoire de la bataille de la Boyne le 12 juillet. La ville de New York fut brièvement renommée New Orange en 1673 après la reprise de la ville par les Hollandais. Son nom fut donné au fort et au centre administratif de la ville en deux occasions séparées reflétant son appartenance : Fort Willem Hendricks en 1673 puis Fort William en 1691 lorsque les Anglais chassèrent les colons qui s'étaient emparés de la ville et du fort[139].

Titres et armoiries

  • 4 novembre 1650 - 9 juillet 1672: Son Altesse[140] le prince d'Orange et comte de Nassau[141]
  • 9 juillet - 16 juillet 1672: Son Altesse le prince d'Orange, stathouder de Hollande
  • 16 juillet 1672 - 26 avril 1674: Son Altesse le prince d'Orange, stathouder de Hollande et de Zélande
  • 26 avril 1674 - 8 mars 1702: Son Altesse le prince d'Orange, stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gueldre et d'Overijssel
  • 13 février 1689 - 8 mars 1702: Sa Majesté le roi

En 1674, Guillaume reçut le titre complet de "Willem III, par la Grâce de Dieu prince d'Orange, comte de Nassau etc., stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht etc., capitaine-général et amiral-général des Provinces-Unies[142]". Après son accession au trône en Grande-Bretagne en 1689, Guillaume et Marie utilisèrent les titres de "roi et reine d'Angleterre, d'Écosse, de France et d'Irlande, défenseurs de la foi, etc.[143]". Les revendications sur le trône de France n'étaient que symboliques et avaient été invoquées par tous les rois d'Angleterre depuis Édouard III, peu importe la quantité de territoires français contrôlés.

Les armoiries utilisées par le roi et la reine étaient : Écartelé, 1 et 4, trois fleurs de lys or sur fond azur (qui est France) et trois lions en pal or (qui est Angleterre), au 2, d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est Écosse), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande) ; sur le tout d'azur semé de billettes d'or, un lion du second brochant, armé et lampassé de gueules (qui est Nassau)[144]. Sur ses dernières armoiries, Guillaume utilisait la devise Je Maintiendrai représentant la Maison d'Orange-Nassau.

Ascendance

Dans la culture populaire

Guillaume III a été joué à l'écran par :

Il apparait également dans la trilogie littéraire The Baroque Cycle de Neal Stephenson.

Notes et références

  1. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées OSNS
  2. « Act of Union 1707, the Revolution in Scotland » [archive du ], UK Parliament (consulté le )
  3. Claydon, 9
  4. Claydon, 14
  5. Troost, 26; van der Zee, 6-7
  6. Troost, 26
  7. Troost, 26-27. Le prince prussien fut choisi car il pouvait servir d'arbitre neutre dans les discussions entre les deux femmes mais aussi car en tant qu'héritier possible il était intéressé par la protection de la fortune de la famille Orange, ce qu'Amélie avait peur que Marie ne la dilapide.
  8. Van der Kiste, 5-6; Troost, 27
  9. Troost, 34-37
  10. Troost, 27. L'auteur aurait également pu être Johan van den Kerckhoven. Ibid.
  11. Troost, 36-37
  12. Troost, 37-40
  13. Meinel
  14. a et b Troost, 43
  15. Troost, 43-44
  16. Troost, 44
  17. a b c et d Troost, 49
  18. Van der Kiste, 12-17
  19. a et b Van der Kiste, 14-15
  20. Troost, 29-30
  21. a et b Troost, 41
  22. a b c et d Troost, 52-53
  23. a et b Van der Kiste, 16-17
  24. Troost, 57
  25. Troost, 53-54
  26. Troost, 59
  27. Troost, 60
  28. a b et c Troost, 62-64
  29. Van der Kiste, 18-20
  30. Troost, 64
  31. Troost, 65
  32. Troost, 66
  33. a et b Troost, 67
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  35. Troost, 74
  36. a et b Troost, 78-83
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  38. a et b Troost, 80-81
  39. Troost, 75
  40. a et b Troost, 85-86
  41. Troost, 89-90
  42. (en) {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant (1986) John de Witt: Statesman of the "true Freedom", Cambridge University Press, ISBN 0-521-52708-2, p. 222; (en) {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant (1893) Staatkundige Geschiedenis van Nederland. Tweede Deel, pp. 92-93, and fn.4 p. 92; Robert Fruin, "De schuld van Willem III en zijn vrienden aan den moord der gebroeders de Witt", in De Gids (1867), pp. 201-218 [1]
  43. Troost, 122
  44. Troost, 128-129
  45. a et b Troost, 106-110
  46. Troost, 109
  47. a et b Troost, 109-112
  48. Van der Kiste, 38-39
  49. Van der Kiste, 42-43
  50. Van der Kiste, 44-46
  51. Van der Kiste, 47
  52. Chapman, 86-93
  53. Van der Zee, 202-206
  54. Troost, 141-145
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  56. Troost, 156-163
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  58. a et b Troost, 152-153
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Bibliographie

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