Énergie solaire en France

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Parc de centrales photovoltaïques de la Colle des Mées, Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence).

L'énergie solaire en France est constituée de trois filières énergétiques en développement rapide, bien qu'irrégulier, surtout depuis 2010.

La filière solaire thermique est au 6e rang européen, mais en surface de capteurs par habitant la France n'arrive qu'au 18e rang européen ; la filière a produit 0,4 % de la production d'énergie renouvelable française en 2013.

La filière photovoltaïque, au départ limitée à des niches de faible taille telles que l'alimentation électrique de sites isolés (refuges de haute montagne, etc), a pris progressivement son envol au cours des années 2000 grâce à la mise en place de subventions sous la forme de tarifs d'achat très supérieurs aux prix de marché. Elle fournissait 0,8 % de la production nationale d'électricité en 2013.

La France est au 4e rang des producteurs européens d'électricité photovoltaïque en 2013, derrière l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. En termes de puissance installée, elle se situe également au 4e rang européen. mais en termes de puissance installée par habitant, elle se trouve reléguée au 13e rang, à 46 % seulement de la moyenne européenne.

La filière solaire thermodynamique à concentration est, malgré quelques réalisations de taille modeste dans le sud de la France, surtout tournée vers l'exportation : quelques grandes entreprises telles qu'Areva Solar, Alstom et Total ont signé des contrats importants aux États-Unis, en Inde, à Abu Dhabi et en Australie.

Potentiel solaire de la France

Carte de la radiation solaire en France

L'irradiation solaire annuelle globale horizontale (IGH) en France est en moyenne de 1 274 kWh/m² ; cette moyenne annuelle varie de 1 645 kWh/m² en Provence-Alpes-Côte d'Azur à 1 089 kWh/m² en Nord-Pas-de-Calais ; l'irradiation mensuelle moyenne est importante sur la période avril-septembre, maximale en juin-juillet et minimale de novembre à février ; l'irradiation de juillet (183,9 kWh/m²) est 6,26 fois supérieure à celle de décembre (29,4 kWh/m²) ; la volatilité inter-annuelle de cette irradiation, mesurée par son écart-type sur 2004-2012, est de 2,2 % en moyenne, avec un maximum en Alsace et Franche-Comté (3,6 %) et un minimum en Ile-de-France à 1,8 % ; les régions méditerranéennes ont également de faibles volatilités[1].

Place du solaire dans le bilan énergétique français

Les trois modes d'utilisation de l'énergie solaire contribuent au bilan énergétique français :

Solaire thermique

Le solaire thermique comprend les chauffe-eau solaires individuels (CESI), les chauffe-eau solaires combinés (CESC) et les systèmes solaires dans le collectif et le tertiaire (SSC).

En 2013, le marché des capteurs solaires thermiques a été en France de 228 485 m2 (dont 41 687 m2 dans les DOM) ; cette surface équivaut à une puissance de 160 MWth ; la France s'est placée au 5e rang européen, loin derrière l'Allemagne (1 040 000 m2. Le parc cumulé atteint 2 575 000 m2 fin 2013 (1802,5 MWth), au 6e rang européen (Allemagne : 17,2 millions de mètres carrés) ; avec 0,038 m2 de capteur par habitant, la France se situe au 18e rang européen[2].

Le Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie donne une évaluation 2013 plus basse : 1,9 million de mètres carrés}, en progression de 8,8 % après +10,5 % en 2012 ; mais les ventes de systèmes combinés chauffage + eau chaude (SSC) sont en baisse de 18 % et celles de chauffe-eau individuels (Cesi) de 17 % ; la production est estimée à 87 ktep en 2013[b 2], soit 0,4 % de la production primaire d’énergies renouvelables[b 1].

Le marché de 2013 est en baisse de 19 % par rapport aux 282 386 m2 de 2012 ; dans le collectif, la baisse atteint même 21,7 % (98 676 m2 contre 126 036 m2 en 2012). Une part de la baisse observée depuis plusieurs années est due à l'efficacité améliorée des capteurs : la surface moyenne d'un chauffe-eau solaire individuel (CESI) est passée de 4,6 m2 en 2007 à 4 m2 en 2013, soit -13 % ; le recul du marché est également lié à la crise économique et au ralentissement de la construction ; mais les acteurs de la filière thermique estiment aussi que l'image de la filière a souffert des polémiques sur le coût des subventions au photovoltaïque ; de plus, les réglementations évoluent dans un sens défavorable : ainsi, la réglementation thermique RT 2012 défavorise le solaire dans le collectif, et le crédit d'impôt développement durable a été abaissé pour 2014 à 15 % (25 % dans le cadre d'un bouquet) contre 32 % en 2013[2].

Les associations européennes des filières du solaire thermique (Estif), de la géothermie (Egec) et de la biomasse (Aebiom) ont attiré le 19 mars 2014 l'attention du Conseil européen sur la nécessité d'investir dans les énergies renouvelables thermiques pour réduire la dépendance de l'Europe aux importations de gaz russe[2].

L'association professionnelle Enerplan (syndicat des professionnels de l'énergie solaire) a proposé un plan d'action au ministère de l'Économie et du Redressement productif pour relancer le solaire thermique en France ; depuis 2009, le marché du résidentiel a été divisé par trois, tandis que le marché du collectif affichait pour la première fois un recul en 2013 ; Enerplan estime que la chaleur solaire sera compétitive, sans aide, à partir de 2016-2017 pour les installations les plus performantes et pour quasiment toutes les applications d'ici à 2020 ; elle espère atteindre un prix du kilowattheure de chaleur solaire de 7 c€ avant 2020 (contre 10 à 18 c€/kWh en 2014), soit moins que le prix du gaz en collectif[3].

Photovoltaïque

L'énergie solaire est particulièrement adaptée aux lieux isolés ensoleillé, par exemple ici dans le village de Grand Bassin (Île de la Réunion)

Production d'électricité

La production photovoltaïque, bien qu’encore limitée, s’est envolée en 2011 et 2012, puis sa progression s'est fortement ralentie en 2013, où elle a atteint 4,6 TWh, soit 0,8 % de la production nette d'électricité[R 1]. Environ trois fois moins importante que celle de l’éolien, sa production a presque quadruplé en 2011, et encore progressé de 67 % en 2012, puis de 16 % en 2013 ; elle a couvert 0,7 % de la production nationale en 2012 et 0,8 % en 2013.

Avec les DOM, la production brute photovoltaïque française a atteint 4,9 TWh en 2013, restant au 4e rang européen derrière l'Allemagne (30 TWh), de l'Italie (22,1 TWh) et de l'Espagne (8,3 TWh)[4].

Le Ministère de l'Écologie donne des chiffres de production nette : 4,7 TWh en 2013, soit 0,8 % de la production d'électricité[b 3] et 2 % de la production totale d'énergies renouvelables[b 1].

Selon RTE, le photovoltaïque couvre 1,0 % de la consommation d'électricité[n 1] en 2013 contre 0,8 % en 2012[R 2].

En 2013, quatre régions méridionales (Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Aquitaine) ont assuré 50 % de la production photovoltaïque française ; le taux de couverture de la consommation par la production photovoltaïque a atteint 1 % et varie fortement selon la région :

Production photovoltaïque par région et taux de couverture de la consommation par cette production en 2013
Région Production PV
2013 (GWh)
[p 1]
Taux de couverture
en 2013
[p 2]
Corse 113 5,1 %
Provence-Alpes-Côte d'Azur 811 2,9 %
Languedoc-Roussillon 460 2,6 %
Midi-Pyrénées 521 2,6 %
Aquitaine 533 2,1 %
Auvergne 178 1,8 %
Poitou-Charentes 217 1,6 %
Limousin 79 1,5 %
Bourgogne 119 1,0 %
Lorraine 202 0,9 %
Alsace 113 0,8 %
Centre 166 0,8 %
Pays de la Loire 311 0,7 %
Bretagne 153 0,7 %
Champagne-Ardenne 82 0,7 %
Rhône-Alpes 294 0,5 %
Basse-Normandie 45 0,4 %
Franche-Comté 31 0,3 %
Picardie 30 0,2 %
Haute-Normandie 47 0,2 %
Nord-Pas-de-Calais 76 0,2 %
Île-de-France 58 0,1 %

Variabilité de la production et facteur de charge

La production photovoltaïque se distingue de l'éolien par son profil régulier : nulle la nuit, elle culmine entre 12 h et 14 h ; par exemple, sur une semaine de novembre 2012 relativement ensoleillée, la production photovoltaïque a participé, en moyenne, à hauteur de 0,7 % à la consommation nationale alors qu’elle a assuré entre 1,3 % et 3,5 % de la consommation, tous les midis de la semaine[5].

Le profil de la production quotidienne du solaire est caractérisé par une forme « en cloche » centrée sur le midi solaire, qui résulte du lissage des irrégularités des installations individuelles par l'effet de foisonnement : les variations dues à des passages nuageux ne se produisent pas aux mêmes moments pour toutes les installations solaires, elles se compensent les unes les autres pour former une courbe régulière ; cet effet est bien illustré par un graphique comparant un profil individuel avec celui d'une région et celui de la France entière[p 3]. Ce graphique permet également de comprendre la nécessité des réseaux pour rendre possible ce foisonnement, la production décentralisée étant excessivement irrégulière.

Le facteur de charge moyen de la production photovoltaïque a été de 13,1 % en 2013 contre 13,9 % en 2012[R 2]. Il varie fortement (mais moins que pour l'éolien) selon la région :

Facteur de charge en 2013
Région Facteur de charge
en 2013
[p 4]
Facteur de charge
au 1er semestre 2013
[6]
Provence-Alpes-Côte d'Azur 16 % 15 %
Corse 15 % 21 %
Languedoc-Roussillon 14 % 14 %
Aquitaine 14 % 12 %
Midi-Pyrénées 13 % 12 %
Auvergne 13 % 11 %
Centre 13 % 12 %
Poitou-Charentes 13 % 12 %
Limousin 12 % 10 %
Rhône-Alpes 12 % 10 %
Pays de la Loire 12 % 10 %
Bretagne 12 % 10 %
Bourgogne 12 % 11 %
Champagne-Ardenne 12 % 11 %
Lorraine 12 % 11 %
Picardie 12 % 9 %
Haute-Normandie 12 % 10 %
Basse-Normandie 11 % 10 %
Alsace 11 % 10 %
Franche-Comté 11 % 8 %
Nord-Pas-de-Calais 11 % 9 %
Île-de-France 10 % 8 %

Le facteur de charge est en général nettement moins bon au 1er semestre, l'ensoleillement étant largement inférieur en hiver.

Puissance installée

Carte de la puissance PV installée par habitant dans les régions de France.
source données : EPIA[7]
  • 0 - 1 W/habitant
  • 1 - 10 W/hab
  • 10 - 50 W/hab
  • 50 - 100 W/hab
  • 100 - 200 W/hab
  • 200 - 350 W/hab
  • Ancien silo militaire à missiles transformé en centrale photovoltaïque, sur le Plateau d'Albion.

    Avec un accroissement de 990 MW raccordés au cours de l’année 2012 (après 1 688 MW en 2011), puis 743 MW en 2013, le parc photovoltaïque atteint 4 298 MW à la fin 2013, hors installations non raccordées au réseau (1 % du total en 2011) ; toutes les régions ont au moins 30 MW installés ; le parc dépasse 400 MW dans les quatre régions les plus méridionales : Aquitaine, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon, et 200 MW dans les régions Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire[R 2] ; la carte des installations photovoltaïques par commune[8] montre leur concentration dans le quart sud de la France, avec cependant une assez forte présence en Alsace.

    Avec les DOM, le parc photovoltaïque français a atteint 4 698 MW fin 2013, dont 25 MW hors réseau ; il se situe au 4e rang européen, derrière ceux de l'Allemagne (36 013 MW), de l'Italie (17 614 MW) et de l'Espagne (4 705 MW)[4].

    La puissance photovoltaïque par habitant est en France de 71,6 Wc, soit 46 % seulement de la moyenne européenne (155,8 Wc) ; l'Allemagne a la plus forte puissance par tête : 447,2 Wc et l'Italie est 2e avec 295,1 Wc[4].

    L’année 2011 avait été marquée par la progression record des installations de moyenne et grande puissance : les installations de puissance supérieure à 100 kW ont représenté 73 % des puissances raccordées en 2011 contre seulement 40 % en 2010[9]. Par exemple, EDF Énergies Nouvelles a lancé trois grands chantiers pour mise en service mi-2012 : Toul (135 MWc, 1,4 millions de panneaux), Crucey (60 MWc, 700 000 panneaux) et Massangis (56 MWc, 700 000 panneaux) ; les 2 premiers sont construits sur d'anciennes bases militaires, qui sont dépolluées (amiante) au préalable[10].

    L'évolution de la puissance installée raccordée au réseau a été la suivante[11],[4] :

    La puissance des installations photovoltaïques hors réseau était de 10,7 MW en 2000, 20 MW en 2005, 24,6 MW en 2012 et en 2013[11],[4].

    Six projets photovoltaïques, représentant 422 MW de puissance à raccorder au réseau de transport, sont en file d’attente. Trois autres projets à l'étude sont en cours de préparation (92 MW)[R 3].

    Principales centrales photovoltaïques

    Centrale photovoltaïque de la Colle des Mées.
    Principales centrales photovoltaïques en fonctionnement
    Nom Département MWc* Date m.s.* Propriétaire
    Toul-Rosières[n 2] Meurthe-et-Moselle 115 2012 EDF Énergies Nouvelles
    La Colle des Mées Alpes-de-Haute-Provence 100 2011-12 Delta Solar/Enfinity/etc
    Centrale solaire Constantin à Cestas[12] Gironde 97[n 3] 2011-14[13] First Solar
    Losse Landes 67,5[n 4] 2010-11 EDF Énergies Nouvelles
    Crucey[n 5] Eure-et-Loir 60 sept. 2012 EDF Énergies Nouvelles
    Massangis[14] Yonne 56 oct. 2012 EDF Énergies Nouvelles
    * MWc : Capacité installée (MWc) ; Date m.s. : date de mise en service.

    La construction de la centrale photovoltaïque Tiper solaire 3, située à Thouars (Deux-Sèvres), a débuté en mai 2014 sur 16 hectares et devrait s'achever fin 2014 ; elle totalisera, avec 34 200 modules installés, une puissance de 8,7 MWc ; une extension à 50 hectares est prévue avec la tranche Tiper solaire 1, d'une puissance de 11,7 MWc, portant la puissance totale à 20,4 MWc pour une production annuelle de 24 GWh. Le projet Tiper (Technologies innovantes de production d'énergies renouvelables), initié par la région Poitou-Charentes, regroupera sur un même site une unité de méthanisation (16 GWh/an, inaugurée en avril 2013), deux parcs éoliens (14 MW) et le parc photovoltaïque, avec une production totale de 68,9 GWh d'électricité par an et 9,7 GWh de chaleur ; le projet est porté par une société d'économie mixte d'investissement formée par Solairedirect (constructeur du parc solaire), Séolis et Sorégies, deux entreprises publiques locales d'énergie ; l'électricité sera vendue pendant 20 ans au tarif de 105 €/MWh pour Tiper 3 et de 84 €/MWh pour Tiper 1, puis au prix du marché de gros[15].

    Marché photovoltaïque

    Panneaux solaires près d'Avignonet-Lauragais.

    La filière se développe massivement dans plusieurs pays (Allemagne, Espagne, Italie, États-Unis, Chine, Inde), ce qui contribue à en diminuer les coûts. Selon GTM Research, les coûts de production des modules premium des marques chinoises renommées ont diminué de plus de 50 % entre 2009 et 2012, passant de 1 €/W à 0,46 €/W ; cette baisse devrait se ralentir, mais continuer jusqu'à 0,33 €/W en 2015, grâce à de nouvelles innovations techniques[16].

    Mais une guerre commerciale s'est développée entre les États-Unis et l'Europe d'une part, la Chine de l'autre, sur des accusations de soutiens étatiques aux fabricants de panneaux solaires photovoltaïques ; les aides et subventions étant massives dans tous les pays, il est difficile de dire si l'un ou l'autre exagère… Les États-Unis ont institué en octobre 2012 des droits de douanes dissuasifs sur les panneaux chinois, et l'Europe a lancé une enquête antidumping, ce qui a eu pour effet un ralentissement marqué du développement du photovoltaïque[17],[18].

    Cependant, la Chine importe de grandes quantités de silicium d'Europe et des États-Unis ; la Chine a annoncé en octobre l'ouverture d'une enquête antidumping sur les importations de silicium polycristallin en provenance de l'Union européenne, après avoir fait de même en juillet pour celles des États-Unis ; le gouvernement allemand, dont l'industrie exporte et investit massivement en Chine, presse pour une solution amiable[16] ; le 4 juin 2013, Bruxelles avait conclu au dumping de la part de l'industrie chinoise, qui affiche avec l'Europe un excédent commercial de 21 milliards de dollars dans les équipements solaires, et annoncé le relèvement de ses droits de douane de 11,8 % dans un premier temps avant de les augmenter de 47,6 % à partir du 6 août. Un accord a été négocié et conclu en juillet 2013 sur un prix minimum de vente de 0,56 €/W solaire fourni et sur un volume maximum d'exportation vers l'Europe de 7 GW, soit 60 % du marché européen, alors que les Chinois ont pris en 2012 80 % du marché, mettant en faillite une trentaine d'entreprise européennes[19].

    Le 12 mars 2014, le Conseil supérieur de l'énergie a adopté le projet d'arrêté mettant fin à la majoration tarifaire pour les installations dont les panneaux sont fabriqués en Europe, la Commission européenne jugeant que ces bonus constituent une entrave à la libre concurrence[4].

    Intégration au réseau électrique

    Fin 2013, sur 4 330 MW installés, 312 MW (7 %) était raccordés au réseau de transport (RTE - Réseau de transport d'électricité) et le reste aux réseaux de distribution : ERDF (3 731 MW, soit 93 %), ELD (194 MW) et EDF-SEI (93 MW en Corse)[p 5].

    L'intégration au réseau des installations photovoltaïques implique non seulement leur raccordement au réseau, mais aussi, en amont, des renforcements du réseau de distribution et parfois, encore plus en amont, des renforcements du réseau de transport ; RTE élabore donc des Schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR) en partant des objectifs fixés par les Schémas régionaux Climat-Air-Environnement (SRCAE), en concertation avec les régions, les gestionnaires des réseaux de distribution et les associations de producteurs ; au 31 mars 2014, neuf S3REnR ont été approuvés et publiés, et trois sont déposés et en cours d'approbation ; le total des objectifs 2020 des SRCAE pour le photovoltaïque atteint 15 400 MW (dont : 2 380 MW pour Rhône-Alpes, 2 300 MW pour Provence-Alpes-Côte d'Azur et 2 000 MW pour Languedoc-Roussillon), largement supérieur à l'objectif national de 5 400 MW ; pour les 12 régions ayant déposé leur S3REnR, le cumul des objectifs 2020 atteint 23 100 MW (éolien + photovoltaïque), dont 11 000 MW déjà installés ou en file d'attente ; RTE a donc réservé 12 100 MW pour les EnR, dont 5 100 MW de réseau existant (marges de capacité suffisantes), 2 200 MW de renforcement non exclusivement dédiés au raccordement des EnR et 4 800 MW dédiés aux EnR ; le financement de ces travaux d'ici 2020 est estimé à 1 200 M€, dont 150 M€ seront à la charge des producteurs[20].

    Politique énergétique

    Le système de soutien aux énergies renouvelables sous la forme de l'obligation d'achat de ces énergies par les fournisseurs d'électricité à un tarif réglementé a été institué par la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 ; le surcoût de ce tarif réglementé par rapport au prix de marché est remboursé au fournisseur d'électricité grâce à une taxe dénommée contribution au service public de l'électricité, dont le montant pour 2015 est de 19,5 /MWh, soit en moyenne 15 % de la facture moyenne des ménages, dont 39,6 % pour la compensation du surcoût du photovoltaïque[21].

    Le 23 août 2010 une baisse de 12 % des tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque par les fournisseurs d'électricité, ainsi que de futures révisions de ces tarifs ont été annoncées pour réorganiser la filière[22]. Quatre mois plus tard, le Premier Ministre annonçait une remise à plat du soutien public à la filière photovoltaïque, annonçant un moratoire sur les nouveaux projets (hors installations « domestiques ») avant publication d'un nouveau cadre en mars 2011[23].

    Le 3 septembre 2010, un rapport de l'Inspection générale des finances avance que le photovoltaïque, du fait de la faible production industrielle nationale, contribue pour 2 % au déficit commercial de la France (800 millions d'euros en 2009)[24], étant source d'un « risque financier majeur » pour les consommateurs[25]. En décembre 2010, Nathalie Kosciusko-Morizet s'élevait contre l’importation en grande quantité de panneaux photovoltaïques chinois à bas coût en France[26]. Selon la ministre de l'Écologie, ces panneaux solaires importés de Chine équivaudraient à « une gamme de base dont la réalisation représente 1,8 fois la production de CO2 d'un panneau français »[27].

    Le 7 janvier 2013, la Ministre de l'Écologie et de l'Énergie a annoncé le doublement des objectifs fixés pour 2013 en termes de MW photovoltaïques installés. Ces objectifs passent ainsi de 500 à 1 000 MW, notamment à la faveur d'un nouvel appel d'offres de 400 MW pour les grosses installations de plus de 2 500 mètres carrés et 100 kWc (pour 200 MW) et les centrales au sol (pour 200 MW). Sont privilégiées notamment les technologies innovantes telles que le photovoltaïque à concentration ou les trackers, ainsi que des technologies plus matures, telles que les ombrières de parking ; une des principales mesures annoncées consiste à favoriser la production française, en octroyant des tarifs de rachats préférentiels aux projets utilisant des produits en partie fabriqués en Europe ; la bonification pourra atteindre 10 % au maximum[28].

    En réaction au coût croissant des subventions sous forme de tarifs d'achat, qui constituent des aides publiques admises à titre dérogatoire pendant la période initiale de lancement des énergies renouvelables, la Commission européenne a publié en avril 2014 des propositions de réforme pour améliorer l'efficacité des systèmes de soutien en accroissant leur sélectivité et en cherchant à insérer progressivement les EnR dans les mécanismes de marché : pour la période 2014-2020, elle propose d'interdire le système de prix garantis pour toutes les installations solaires de plus de 500 kWh ou éoliennes de plus de 3 MW, pour privilégier un système d'appel d'offres, afin de réintégrer l'électricité verte dans les mécanismes de marché ; la France a plaidé pour une période d'adaptation jusqu'à 2018[29].

    La réforme du système français d'aides sera intégrée dans la loi sur la transition énergétique qui devrait être voté d'ici la fin 2014. Le projet de loi présenté le 30 juillet 2014[30] comporte plusieurs dispositions à cet effet dans son titre V « Favoriser les énergies renouvelables pour diversifier nos énergies et valoriser les ressources de nos territoires »[31] :

    • maintien de l'obligation d'achat (article 23-I) ;
    • remplacement du tarif d'achat réglementé par un complément de rémunération (article 23-II), dont les modalités de calcul, à préciser par décret, tiendront compte des investissements et des charges, mais aussi de l'autoconsommation ; la rémunération des capitaux immobilisés résultant de ce complément ne devra pas dépasser un niveau raisonnable, et les conditions du complément seront révisées périodiquement ;
    • les contrats résultant des appels d'offres pourront comporter soit un tarif d'achat, soit un complément de rémunération (article 24) ;
    • la CSPE est maintenue aussi bien pour les contrat à tarif d'achat que pour ceux à complément de rémunération (article 24) ;
    • la possibilité d'investissement participatif des habitants ou des collectivités locales aux projets de production d'énergie renouvelable (sur le modèle allemand) est prévue par l'article 27.

    Tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque

    Évolution des tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque en France
    source données : Commission de régulation de l'énergie

    Le tarif d'achat de l'électricité photovoltaïque, qui était en France en 2010 de 60 centimes le kWh pour les particuliers, est depuis début 2011 fixé par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) et révisé trimestriellement en fonction de la progression du parc installé au trimestre précédent. Il est, au 4e trimestre 2013, de 29,1 centimes par kWh pour une installation intégrée au bâti[32],[33].

    Le graphique ci-joint présente l'évolution de ces tarifs depuis le 2e trimestre 2011 : en 2 ans et demi, le tarif particuliers (<9 kWh, intégration au bâti) a baissé de 37,3 % et celui qui s'applique aux installations à intégration simplifiée au bâti, hors résidentiel (<36 kW) de 52,1 %.

    Les tarifs d'achat en vigueur en 2013 sont les suivants :

    Tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque en 2013/2014 (c€/kWh)[32]
    type d'installation puissance 1er trim.2013 2e trim. 3e trim. 4e trim. 1er trim.2014[34]
    Install. intégrée au bâti 0-9 kW 31,59 30,77 29,69 29,10 28,51
    Install. intégrée simplifiée au bâti 0-36 kW 18,17 16,81 15,21 14,54 14,54
    Install. intégrée simplifiée au bâti 36-100 kW 17,27 15,97 14,45 13,81 13,81
    Tout type d'installation 0-12 MW 8,18 7,96 7,76 7,55 7,36

    En comparaison de ces tarifs, voici les prix pratiqués au 2e semestre 2013 :

    • ménages (2500 à 5000 kWh) : 15,89 c€/kWh TTC (source : Eurostat[35]) ;
    • professionnels (< 20 MWh) : 16,36 c€/kWh TTC (source : Eurostat[35]) ;
    • petits industriels ( 20 à 500 MWh) : 13,21 c€/kWh TTC (source : Eurostat[35]) ;
    • prix de gros sur le marché : 4 à 5 c€/kWh (fourchette années 2010-2013).

    La parité réseau est encore lointaine, sauf semble-t-il sur le segment "professionnels". Mais dans les sites les plus favorables du sud de la France, pour des installations très optimisées, elle est proche.

    Promotion de l'autoconsommation

    Plusieurs régions françaises s’engagent à soutenir les projets solaire photovoltaïque en autoconsommation : l'ADEME et la région Languedoc-Roussillon ont lancé un appel à projets pour 10 projets photovoltaïques en autoconsommation, ciblant les bâtiments industriels, tertiaires ou publics (10 à 250 kWc, avec une part d’autoconsommation minimum de 20 %) ; la région Aquitaine a lancé un appel à projets pour les installations photovoltaïques en autoconsommation d’une puissance comprise entre 10 et 500 kWc, avec un objectif d’autoconsommation moyenne annuelle de 75 % ; les régions Alsace et Poitou-Charentes proposent également des aides à l'autoconsommation[36].

    Énergie solaire thermodynamique

    Centrale solaire Thémis à Targassonne (Pyrénées-Orientales).

    La centrale à tour Thémis à Targassonne, inaugurée en 1983, mais abandonnée par EDF en 1986, a été dédiée à la recherche en astrophysique jusqu'en 2004, puis a été réhabilitée et reconvertie en plateforme de recherche et développement à l'initiative du Conseil général des Pyrénées-Orientales, qui a lancé en 2006 avec le CNRS le projet Pégase (Production d'Électricité par turbine à GAz et énergie SolairE) visant à réaliser un prototype de centrale solaire à haut rendement basé sur un cycle hybride à gaz haute température constitué d'un récepteur solaire à air pressurisé et d'une turbine à gaz de 2 MWe[37].

    L'ADEME cherche à promouvoir la constitution d'une filière industrielle française du solaire thermodynamique, essentiellement tournée vers l'exportation, en particulier vers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ; un appel à manifestations d’intérêt organisé en 2011 a permis de retenir quatre projets de R&D, tous fondés sur la technologie des réflecteurs linéaires de Fresnel ; un volet spécialement dédié au solaire thermodynamique a été introduit dans l’appel d’offres solaires de la CRE de 2012 ; il a retenu deux projets : Alba Nova 1 en Corse (12 MW, avec stockage d'énergie à base de sels fondus), porté par Solar Euromed, et la centrale solaire de Llo (9 MW), portée par CNIM en Languedoc-Roussillon, également centrés sur la technique Fresnel ; Areva Solar, filiale d'Areva dédiée au solaire thermodynamique et spécialisée dans les miroirs de Fresnel, a déjà remporté un contrat en Australie pour une unité solaire thermique à concentration de 44 MW, couplée à la centrale à charbon de Kogan Creek, puis un autre en Inde pour une centrale de 250 MW ; Alstom s'est associé avec l'américain BrightSource Energy pour construire des centrales à tours solaires aux États-Unis, en Inde et en Australie ; Total s'est associé avec l'espagnol Abengoa Solar pour construire une centrale solaire à concentration de 100 MW à Abu Dhabi, inaugurée en mars 2013[11].

    Le chantier de la centrale solaire Alba Nova 1 à Ghisonaccia en Corse (12 MW - technologie : Fresnel linéaire) a démarré en novembre 2013 pour une mise en service prévue en 2015[38].

    Le projet de centrale solaire thermodynamique eLlo (9 MW - technologie : Fresnel linéaire)[39], à Llo dans les Pyrénées-Orientales, est prévu pour mise en service en 2015[40] ; le projet est en phase d'attente des autorisations administratives, qui devraient arriver fin 2014 pour construction en 2015[41].

    Ces deux projets bénéficient d'un tarif d'achat garanti de 34,9 c€/kWh ; l'avenir de la filière sur le territoire français dépendra du troisième appel d'offres solaire de la CRE, qui pourrait inclure un volet thermodynamique pour améliorer la vitrine technologique de la filière française[41].

    Notes et références

    Notes

    1. la part dans la consommation est plus élevée que la part dans la production, du fait des exportations
    2. construite sur le terrain de l'ancienne Base aérienne 136 Toul-Rosières.
    3. sur 317 hectares
    4. dont 2 MWc de panneaux orientables (fixés sur trackers).
    5. sur le terrain de l'ancienne Base aérienne de Dreux-Louvilliers.

    Références

    1. a b c et d p. 48
    2. p. 46
    3. p. 49
    1. a et b p. 15
    2. a b et c p. 20
    3. p. 16
    1. p. 41
    2. p. 46
    3. p. 39
    4. p. 43
    5. p. 30
    • Autres références :
    1. Gisement solaire en France : Caractéristiques de la ressource énergétique, profil de répartition et volatilité, site ACOFI, septembre 2013.
    2. a b et c EurObserv'ER : Baro solaire thermique et thermodynamique, mai 2014.
    3. Solaire thermique - La filière organise son plan de relance, Observ'ER, 15 juillet 2014
    4. a b c d e et f Baromètre photovoltaïque 2014, EurObserv'ER, avril 2014.
    5. [PDF] RTE (Réseau de Transport d'Électricité), RTE - Bilan électrique 2012, janvier 2013 (voir pages 17-18).
    6. Panorama des énergies renouvelables au 1er semestre 2013, RTE
    7. (en) "Global Market Outlook for Photovoltaics 2014-2018", page 24
    8. [PDF] Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, Repères - Chiffres clés des énergies renouvelables édition 2013, juin 2013 (voir p. 19).
    9. [PDF]Références - Bilan énergétique de la France pour 2011, juillet 2012, sur le site du Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie (cf p. 25-26).
    10. Rapport d'activité 2011 d'EDF, p. 47
    11. a b et c [PDF] EurObserv'ER Le Baromètre 2013 des énergies renouvelables électriques en France (page 17).
    12. Cestas : feu vert pour une ferme solaire géante, Sud Ouest, 7 octobre 2010
    13. [http://energie2007.fr/actualites/fiche/5054 Journal Officiel du 24 juin 2014 : autorisation d'exploitation tranches 7 et 8
    14. Mise en service de la méga-centrale solaire de Massangis (Yonne), site Enerzine consulté le 26 juin 2014.
    15. Projet Tiper en Poitou-Charentes - Un mégawattheure solaire compétitif, Observ'Er, 15 juillet 2014
    16. a et b Baromètre photovoltaïque 2013, sur le site EurObserv'ER.
    17. Les États-Unis approuvent des droits d'entrée sur les produits solaires chinois, sur le site business-internet-chine.com
    18. Solaire : le conflit entre Bruxelles et Pékin se durcit, sur le site des Echos
    19. Panneaux solaires : accord entre Bruxelles et Pékin, sur le site de La tribune consulté le 30 juillet 2013.
    20. Accueil des énergies renouvelables sur le réseau RTE : état des lieux au 31 mars 2014, RTE, avril 2014
    21. Délibération de la CRE du 15 octobre 2014 portant proposition relative aux charges de service public de l’électricité et à la contribution unitaire pour 2015, site CRE consulté le 4 janvier 2015.
    22. Photovoltaïque : la France baissera de 12 % ses tarifs d'achat le 1er septembre Actu environnement - Actu-Environnement.com, 24 août 2010
    23. Photovoltaïque, un moratoire qui fait débat, Lettre de Batiactu, 2010/12/06
    24. Le photovoltaïque qualifié de « risque financier majeur » Victor Roux-Goeken, actu-environnement.com, 6 septembre 2010
    25. Photovoltaïque: "risque financier majeur" d'un développement trop rapide Sciences et Avenir, 6 septembre 2010
    26. Coup de froid sur la filière photovoltaïque Audrey Garric, LeMonde.fr, 10 mars 2011
    27. Le gouvernement suspend les aides au photovoltaïque Frédéric De Monicault, Le Figaro, 2 décembre 2010
    28. Le gouvernement double les objectifs du solaire pour 2013, sur le site de La Tribune.
    29. Énergies vertes : Bruxelles choisit de ménager l'industrie, site du journal Les Échos consulté le 9 avril 2014.
    30. Ségolène Royal présente le projet, Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, 30 juillet 2014
    31. Projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, 30 juillet 2014
    32. a et b Consulter les tarifs d'obligation d'achat photovoltaique, site de la CRE consulté le 01/12/2013.
    33. Tarifs réglementés : Tarif d’achat de la production photovoltaïque QuelleEnergie.fr, juin 2013
    34. Consulter les tarifs d'obligation d'achat photovoltaïque, site de la CRE consulté le 24 mars 2014.
    35. a b et c Base de données - Energie, site Eurostat consulté le 24 juin 2014.
    36. Appels à projets photovoltaïques : les régions françaises se mobilisent, 1er juillet 2014
    37. PEGASE, site du projet PEGASE.
    38. Démarrage du chantier de construction de la 1ère Centrale Solaire Thermodynamique à Concentration Française de grande puissance, site Solar Euromed, 3 décembre 2013.
    39. Projet de Centrale Solaire Thermodynamique de Llo, site 3s-en-lr (Stratégie de Spécialisation Intelligente en Languedoc-Roussillon).
    40. Energie solaire thermodynamique : passage à l’acte à la centrale de Llo, site RSE Magazine, 9 avril 2013.
    41. a et b (en)Baromètre solaire thermique et thermodynamique, site EurObserv'ER, mai 2014.

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