Trainspotting (film)

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Trainspotting

Titre québécois Ferrovipathes
Titre original Trainspotting
Réalisation Danny Boyle
Scénario John Hodge
d'après Irvine Welsh
Acteurs principaux
Sociétés de production Channel Four Films
Pays de production Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Drame
Durée 94 minutes
Sortie 1996

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Trainspotting, ou Ferrovipathes au Québec, est un film britannique réalisé par Danny Boyle en 1996, adapté d'un roman du même nom publié par Irvine Welsh en 1993. Il décrit les péripéties d'un groupe de jeunes héroïnomanes écossais et a lancé la carrière de l'acteur Ewan McGregor, qui tient le rôle principal. Au-delà de l'addiction à la drogue, le film explore les conditions de vie sordides de la jeune génération dans une Écosse en pleine dépression économique. Il a connu un grand succès aussi bien auprès du public que des critiques.

Résumé

Trainspotting décrit la vie tragi-comique d'un groupe de jeunes marginaux, accros à l'héroïne, dans la ville d'Édimbourg. Au chômage, comme la plupart des jeunes Écossais de sa génération, Mark Renton, qui pose un regard lucide sur sa condition de drogué, traîne dans la banlieue d’Édimbourg avec ses copains Sick Boy (un fanatique de James Bond tombeur de filles), Spud (un gentil crétin), Begbie (un dangereux désaxé cherchant toujours la bagarre) et Tommy (un adepte de la musculation). Pour pouvoir se payer l’héroïne qu'ils prennent, sauf Begbie (qui s’en tient à l’alcool) et Tommy (qui ne touche à rien et mène une vie saine), dans l’antre du dealer Swanney (surnommé la « Mère supérieure »), ils commettent de petits délits.

Renton tente de décrocher et prend des suppositoires à l'opium fournis par Mikey Forrester (un autre trafiquant) pour commencer son sevrage en douceur. Lors d'une soirée en boîte de nuit, il constate que le fait d'arrêter l'héroïne marque également le retour du désir sexuel. Il courtise Diane, une jeune fille délurée, et s'aperçoit après avoir passé la nuit avec elle qu'elle n'a que quinze ans. Horrifié, il veut mettre un terme à leur relation mais Diane menace de le dénoncer s'il refuse de la voir.

Renton, Spud et Sick Boy décident de se remettre à l'héroïne après une virée au grand air proposée par Tommy. Peu après, Lizzy, la petite amie de Tommy, le quitte en partie à cause de Renton car celui-ci s'est emparé d'une cassette vidéo personnelle de leurs ébats en la remplaçant par une vidéo sur le football. Tommy, très déprimé, décide d'essayer à son tour l'héroïne. Même la mort du bébé d'Allison, une de leurs amies droguées, pour cause de négligence alors qu'ils étaient tous dans un état de stupeur provoqué par la drogue, ne les convainc pas d'arrêter. Renton et Spud sont ensuite arrêtés à la suite d'un petit larcin. Spud est condamné à six mois de prison mais Renton y échappe en entamant une cure de désintoxication. Il rechute néanmoins assez vite et est près de mourir d'une overdose. Les parents de Renton décident alors d'employer la manière forte en l'enfermant dans sa chambre jusqu'à ce qu'il ne soit plus accro. Renton passe par des moments très difficiles mais finit par se guérir de son addiction.

Renton est désormais clean mais s'ennuie et ne trouve plus de sens à sa vie. Il rend visite à Tommy, qui est quant à lui devenu héroïnomane à plein temps et est séropositif. Sur le conseil de Diane, Renton part pour Londres et commence à travailler dans une agence immobilière. Il apprécie sa nouvelle vie et met de l'argent de côté alors que Diane lui écrit pour lui donner des nouvelles de ses amis. Mais Begbie, recherché pour un vol à main armée, se sert de l'appartement de Renton pour se cacher. Sick Boy, venu à Londres pour des affaires louches, prend lui aussi ses quartiers chez Renton, qui est vite exaspéré d'être ainsi envahi. Tous les trois rentrent à Édimbourg pour assister aux funérailles de Tommy, mort d'une toxoplasmose.

Sick Boy, informé d'une énorme opportunité, propose à Renton, Spud et Begbie de l'aider à acheter 2 kg d'héroïne pour 4 000 £ afin de réaliser un gros bénéfice en la revendant. Renton est réticent mais se laisse convaincre. Tous les quatre vont à Londres et vendent l'héroïne à un trafiquant pour 16 000 £. Alors qu'ils fêtent l’événement, Renton propose à Spud de s'enfuir avec l'argent mais Spud est trop effrayé par Begbie. Pendant la nuit, Renton prend le sac qui contient l'argent et s'en va. Spud le voit partir mais ne prévient pas les autres. Renton laisse 2 000 £ dans un coffre pour Spud et décide de prendre un nouveau départ.

Fiche technique

Distribution

Sources et légende : version française (VF) sur Voxofilm[1]

Production

Le producteur Andrew Macdonald lit le roman Trainspotting d'Irvine Welsh dans un avion en et sent son potentiel pour en faire un film[2]. Il met sur le projet le réalisateur Danny Boyle et le scénariste John Hodge, tous deux très enthousiastes, en [3]. Boyle persuade Welsh de lui céder une option sur les droits d'adaptation du livre en lui envoyant une lettre où il écrit notamment que « Macdonald et Hodge sont les deux Écossais les plus importants depuis Kenny Dalglish et Alex Ferguson »[2]. Welsh approuve également le fait que les trois hommes ne veuillent pas faire du film un drame social et comptent le rendre accessible à un public assez large. En , Hodge, Boyle et Macdonald passent beaucoup de temps à discuter quels chapitres du livre seront transposés à l'écran, et Hodge termine le premier script en décembre[2]. Macdonald trouve un financement en concluant un accord avec Channel 4, chaîne de télévision britannique connue pour financer des films indépendants[3].

La phase de préproduction débute en , et Ewan McGregor, qui a déjà travaillé avec Boyle, Hodge et Macdonald sur Petits meurtres entre amis, leur film précédent, est tout de suite engagé pour tenir le rôle principal[2]. Pour préparer son rôle, MacGregor lit des ouvrages sur l'addiction au crack et à l'héroïne et rencontre des anciens drogués, apprenant comment préparer une dose d'héroïne avec une cuillère[4]. Il se rase également le crâne et perd treize kilos. Boyle dit qu'il voulait pour le personnage de Renton un acteur qui fasse penser à « Michael Caine dans Alfie le dragueur et Malcolm McDowell dans Orange mécanique », quelqu'un de très ambigu, repoussant et charmeur à la fois[3]. Ewen Bremner, qui a joué le rôle de Renton dans l'adaptation du livre au théâtre, accepte d'interpréter le personnage de Spud, alors que Jonny Lee Miller est choisi par Boyle pour le rôle de Sick Boy en prenant l'accent de Sean Connery lors du casting. Pour le personnage de Begbie, Boyle pense tout d'abord à Christopher Eccleston avant de changer d'avis et d'engager Robert Carlyle, et le réalisateur cherche une actrice sans aucune expérience pour interpréter Diane et passe des annonces dans des boîtes de nuit et des magasins avant de réussir à trouver Kelly Macdonald (qui n'a aucun lien de parenté avec le producteur)[2]. Irvine Welsh joue un petit rôle dans le film, il s'agit du dealer Mikey Forrester qui donne à Renton des suppositoires à l'opium au début du film quand ce dernier essaye de « décrocher ».

Le tournage du film a lieu pendant l'été 1995 et dure sept semaines. Bien que l'action du film se situe à Édimbourg, il est tourné en grande partie à Glasgow, dans une ancienne fabrique de cigarettes pour la plupart des intérieurs, ainsi qu'à Édimbourg pour la première scène et à Londres pour les dernières[5]. En raison du budget limité et des contraintes au niveau de la durée du tournage, la plupart des scènes sont faites avec une seule prise. Lors de la scène des toilettes, où Renton perd ses suppositoires d'opium, les excréments sont en fait de la sauce au chocolat. Pour la scène où il s'enfonce dans le sol après une overdose, l'équipe de décoration construit une plate-forme au-dessus d'une trappe pour l'y faire descendre[3]. Pour l'esthétique du film, Boyle est influencé par les couleurs des peintures de Francis Bacon, qui représentent « une sorte de territoire intermédiaire entre la réalité et le fantasme »[2].

Bande originale

La bande originale du film eut un grand succès et est classée à la 17e place des meilleures bandes son du cinéma établi en 2011 par le magazine Entertainment Weekly[6]. Elle utilise des chansons d'artistes reconnus (Lou Reed, Iggy Pop, New Order), ainsi que des morceaux de la vague britpop (Pulp, Blur, Elastica, etc). Trainspotting compte à son actif deux bandes originales, éditées chez EMI, contenant soit des musiques tirées du film (première bande originale, orange), soit un mélange entre des musiques du film et des musiques ayant inspiré le réalisateur (deuxième bande originale, verte).

Accueil

Accueil critique

Il a reçu un accueil critique très positif, recueillant 89 % de critiques favorables, avec un score moyen de 8,210 et sur la base de 56 critiques collectées, sur le site Rotten Tomatoes[7]. Sur le site Metacritic, il obtient un score de 83100, sur la base de 27 critiques collectées[8]. Derek Malcolm, du Guardian, évoque « une extraordinaire réussite et une découverte sensationnelle[9] ». Pour Neil Jeffries, du magazine Empire, c'est un film « dont le Royaume-Uni peut être fier », porté par « une distribution fantastique et une bande originale étourdissante[10] ». Desson Howe, Washington Post, met en avant « la verve irrévérencieuse du film, accentuée par un montage dynamique et le langage très coloré des protagonistes » et estime qu'il « s'empare des sujets les plus scabreux et les rend drôles[11] ». L'Express évoque un film sulfureux, contenant « une bonne dose d'humour à froid », salue la remarquable interprétation des acteurs principaux et le compare à un « Orange mécanique des années 90[12] ». Michel Pascal, du Point, délivre une critique négative, estimant que « le roman-culte d'Irvine Welsh méritait mieux que ce traitement mode et faussement provocateur dans sa délirante surenchère d'images-chocs » malgré une « grandiose bande originale[13] ».

Time Magazine l'a classé troisième meilleur film de 1996[14]. En 1999, le British Film Institute le classe 10e meilleur film britannique de tous les temps[15]. En 2004, il a été élu lors d'un sondage public meilleur film écossais de tous les temps[16]. En 2008, le magazine Empire le classe à la 316e place dans sa liste des 500 meilleurs films de tous les temps[17]. Il figure dans le Top 250 du classement des films de l'Internet Movie Database, basé sur les votes du public, avec une note moyenne de 8,210[18].

Box-office

Le film a été présenté, hors compétition officielle, au festival de Cannes 1996[19]. Il a connu un très important succès commercial, rapportant 71 991 080 $ au box-office mondial, dont 16 491 080 $ aux États-Unis[20] et 12 000 000 £ au Royaume-Uni[21], pays dans lequel le film a été le plus grand succès commercial de l'année[22]. Il a réalisé 1 040 390 entrées en France, 205 000 en Belgique, et 132 048 en Suisse[23].

Distinctions

Sauf mention contraire, cette liste provient d'informations de l'Internet Movie Database[24].

Récompenses

Nominations

Autour du film

  • Le terme anglais « trainspotting » désigne à l'origine la ferrovipathie, c'est-à-dire l'activité d'amateurs de chemin de fer, dont le but est d'observer et répertorier toutes les locomotives d'une société ferroviaire. Une allusion y est d'ailleurs faite dans le film avec le papier peint de la chambre de Renton. Par extension, ce mot désigne une personne obsédée par quelque chose d'insignifiant, et notamment par la drogue ou les détails sur tous les James Bond comme le fait Sick Boy dans le film.
  • Le grand-père de Jonny Lee Miller, qui joue Sick Boy, n'est autre que Bernard Lee qui a interprété le fameux « M » dans de nombreux James Bond.
  • Le film contient un hommage visuel à Orange mécanique : dans la boîte de nuit où discutent Spud et Tommy, les murs sont ornés d'inscriptions « Joloko Umphetico », dont la graphie évoque les inscriptions du Korova Milk Bar (Moloko Drencrom, Moloko Synthemesc, Moloko Vellocet) où Alex et ses trois droogies ont l'habitude de se rendre avant et après leurs virées d'ultra-violence.
  • Le film contient un second hommage visuel, mais cette fois-ci aux Beatles. Lorsque les 4 personnages principaux traversent une rue londonienne les uns à la suite des autres, rappelant la pochette du disque Abbey Road des Beatles. De même, lorsque les 4 personnages descendent du train pour aller dans la nature, la position de dos de Renton rappelle Paul McCartney dans l'intérieur de la pochette de l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.
  • Un autre hommage est rendu aux Beatles. Le nom donné au dealer du squat : « la mère supérieure » vient d'une chanson du groupe mythique, Happiness is a Warm Gun : « I need a fix cause I'm going down (...) Mother superior jump the gun ».
  • La bande-annonce ne montre rien du film, si ce n'est le personnage principal, Mark Renton, attaché à une voie ferrée par ses camarades et, tandis qu'un train arrive, disant aux spectateurs : « Ne buvez pas au volant, faites beaucoup de sport, dites non à la drogue et ne laissez jamais vos potes vous attacher à la voie ferrée ».
  • Kevin McKidd (Tommy) n'apparaît pas sur l'affiche du film car il était en vacances au moment de la photo.
  • Renton fait allusion à un célèbre but inscrit par Archie Gemmill avec l'équipe d'Écosse.

Notes et références

  1. « Fiche de doublage de Trainspotting », VoxoFilm (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) Gareth Grundy, « Hey! Hey! We're the Junkies! », Neon,‎ , p. 102-103
  3. a b c et d (en) Jeff Gordinier, « Stupor Heroes », Entertainment Weekly (consulté le )
  4. (en) Mark Jolly, « Trainspottings Engine That Could », Interview,‎ , p. 107
  5. (en) « Trainspotting Film Locations », sur movie-locations.com (consulté le )
  6. (en) « 100 Best Movie Soundtracks », Entertainment Weekly, (consulté le )
  7. (en) « Trainspotting », sur Rotten Tomatoes (consulté le )
  8. (en) « Trainspotting », sur Metacritic (consulté le )
  9. (en) Derek Malcolm, « Trainspotting », The Guardian (consulté le )
  10. (en) Neil Jeffries, « Trainspotting », Empire (consulté le )
  11. (en) Desson Howe, « 'Trainspotting': A Wild Ride », The Washington Post (consulté le )
  12. « My God, quel scandale! », L'Express (consulté le )
  13. Michel Pascal, « Trainspotting », Le Point (consulté le )
  14. (en) « The Best Cinema of 1996 », Time Magazine (consulté le )
  15. (en) « Nul Britannia », British Film Institute (consulté le )
  16. (en) « Trainspotting wins best film poll », BBC (consulté le )
  17. (en) « The 500 Greatest Movies of All Time », Empire (consulté le )
  18. « Trainspotting », Internet Movie Database (consulté le )
  19. (en) Jeffrey Ressner, « Cinema: All you need is hype », Time Magazine (consulté le )
  20. « Trainspotting », JP's Box Office (consulté le )
  21. (en) Duncan J. Petrie, Contemporary Scottish Fictions--Film, Television, and the Novel: Film, Television and the Novel, Edinburgh University Press, , p. 101-102
  22. (en) Scott Lash et Celia Lury, Global Culture Industry: The Mediation of Things, Polity, (ISBN 9780745624822), p. 167
  23. « Trainspotting », Base de données Lumière (consulté le )
  24. (en) « Awards for Trainspotting », Internet Movie Database

Liens externes

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