Mathilde de Flandre

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Mathilde de Flandre
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait imaginaire par un artiste romantique anglais de l'ère victorienne.

Titres

Reine consort d'Angleterre


(16 ans, 10 mois et 8 jours)

Prédécesseur Édith de Mercie
Successeur Mathilde d'Écosse

Duchesse de Normandie

Prédécesseur Adèle de France
Successeur Sibylle de Conversano
Biographie
Dynastie Maison de Flandre
Naissance Vers 1031
Décès
Caen (duché de Normandie)
Sépulture Abbaye aux Dames à Caen (duché de Normandie)
Père Baudouin V de Flandre
Mère Adèle de France
Conjoint Guillaume le Conquérant
Enfants Robert II de Normandie
Adélise (ou Adelida)
Cécile
Richard
Guillaume II d'Angleterre
Constance
Adèle de Blois
Henri Ier Beauclerc
Religion Catholicisme

Mathilde de Flandre (vers 1031 – , Caen), fut l'épouse de Guillaume le Conquérant et donc duchesse de Normandie et reine consort d'Angleterre.

Biographie

Dessin d'un artiste inconnu mais non contemporain.

Elle est la fille de Baudouin V (v. 1012-1067), dit Baudouin de Lille, comte de Flandre, et d'Adèle de France (1009-1079), comtesse de Corbie. Elle est donc, par sa mère, petite-fille du roi de France Robert II. Elle est la sœur des comtes de Flandre Baudouin VI (v. 1030-1070), dit Baudouin de Mons, et Robert Ier (v. 1031-1093), dit Robert le Frison.

Les ossements de Mathilde, conservés à l’abbaye aux Dames de Caen[1], ont été étudiés en 1961[2]. Sa taille, calculée à partir de son fémur et de son tibia, est estimée être de 152 cm[2], ce qui était probablement au-dessus de la moyenne de son temps[2]. L'examen de son squelette montre aussi qu'elle était fort mince[1]. Inexplicablement, des sources académiques ont rapporté de manière erronée que sa taille était d'environ 127 cm[2],[3].

En 1050 voire 1051[4], elle épouse le duc de Normandie Guillaume le Bâtard (plus tard le Conquérant), fils illégitime de Robert Ier (v. 1010-1035), dit Robert le Magnifique, duc de Normandie, et d'Arlette de Falaise. Le mariage a lieu à Rouen, la capitale du duché de Normandie[4]. Les négociations pour leur mariage débutent probablement dès 1048, mais en octobre 1049, au concile de Reims[5], le pape Léon IX l'interdit sur des bases inconnues[4]. On ne dispose pas de document contemporain expliquant les motivations papales, mais pour Orderic Vital, moine chroniqueur du XIIe siècle, elle s'explique par la consanguinité[4]. L'Église cherchait alors à imposer ses vues en matière d'interdits de parenté pour mieux asseoir son pouvoir sur les laïcs, et les futurs conjoints étaient cousins au cinquième degré canonique[5]. Toutefois, les futurs époux outrepassent l'interdiction[5],[4]. En 1059, le pape Nicolas II valide rétrospectivement ce mariage à condition que les deux époux fondent chacun une abbaye[4]. Mathilde fonde alors l'abbaye aux Dames de Caen, dédiée à la Sainte-Trinité[4], et son époux fonde l'Abbaye aux Hommes dédiée à Saint Étienne. Son église abbatiale est dédicacée le 18 juin 1066. La fondation de l'église Notre-Dame du Pré de Quevilly lui est aussi attribuée[4].

Mathilde de Flandre a apparemment des relations cordiales avec tous ses enfants, et elle est notamment très proche de son aîné Robert[4]. Elle est particulièrement peinée quand celui-ci se dispute avec son père et qu'il s'exile en France. Elle a l'habitude de lui envoyer de l'argent et de l'or aux dépens de son mari, mais quand celui-ci découvre le pot aux roses, il menace de sévices le messager breton qu'elle utilise[4]. Elle est aussi en très bons termes, et il semble qu'ils soient heureux en mariage[4]. On ne connaît d'ailleurs aucune maîtresse ni aucune enfant illégitimes à Guillaume le Conquérant.

Sur le plan politique, Mathilde est régente du duché pendant la conquête normande de l'Angleterre, probablement avec son fils Robert[4]. Roger II de Montgommery et Roger de Beaumont sont parfois ses conseillers[4]. Elle contribue à la flotte d'invasion en donnant un bateau nommé Mora, que l'on peut d'ailleurs voir sur la Tapisserie de Bayeux[4]. À la Pentecôte 1068, elle est en Angleterre où elle se fait couronner reine à Westminster. Elle continue à s'occuper de la régence de la Normandie durant les années 1070 et 1080[4]. Elle joue le rôle typique d'une reine active du Moyen Âge. Dans son entourage on trouve l'évêque Guy d'Amiens, et elle entretient une correspondance avec le pape réformateur Grégoire VII, qui l'encourage à user de son influence sur son mari[4].

La conquête de l'Angleterre lui apporte de nombreuses terres et fait d'elle une riche propriétaire terrienne avec des propriétés dans 8 comtés[6],[4]. Elle ne possédait auparavant qu'un maigre douaire dans le Pays de Caux (Bures-en-Bray, Maintru, et Osmoy-Saint-Valery)[4]. Elle utilise ses nouvelles ressources financières pour faire divers dons à des maisons religieuses, notamment aux abbayes de Saint-Évroult, Corneille, Cluny et bien sûr de la Sainte-Trinité de Caen[4].

Elle tombe malade à la fin de l'été 1083 et meurt le 2 novembre[4]. Selon sa volonté, elle est inhumée dans l'église abbatiale de la Sainte-Trinité (Abbaye aux Dames) de Caen[4]. Sa tombe subsiste encore de nos jours[4], mais elle a été pillée par les Protestants en 1562. Elle laisse toutes ses terres anglaises et son argent à son benjamin Henri. Sa couronne et son sceptre vont aux nonnes de la Sainte-Trinité[4].

On a autrefois attribué à Mathilde la réalisation de la très célèbre Tapisserie de Bayeux, ou Tapisserie de la Reine Mathilde, qui relate la Conquête normande de l'Angleterre en 1066. Mais cette thèse est aujourd'hui totalement écartée.

Ascendance

Famille et descendance

Statue de Mathilde dans la série des Reines de France et Femmes illustres du Jardin du Luxembourg.

En 1050 ou 1051, elle épouse Guillaume le Conquérant à Rouen. Ils ont huit ou neuf enfants, quatre garçons et quatre ou cinq filles[4] :

  1. Robert Courteheuse (1051/52-1134), duc de Normandie (1087-1106), épouse Sibylle de Conversano. Emprisonné à vie à partir de 1106 ;
  2. Adélise (ou Adelida) († avant 1113), probablement la fille aînée, elle devient nonne à Saint-Léger de Préaux, probablement après plusieurs tentatives ratées de mariage[7]  ;
  3. Cécile († 1126), entre à l’abbaye aux Dames de Caen comme oblate le 18 juin 1066. Elle prononce ses vœux en 1075, et devient abbesse en 1113 ;
  4. Richard (v. 1058-69/1074), entre dans les Ordres à Caen en 1066. Tué dans un accident de chasse ;
  5. Guillaume le Roux (v. 1060-1100), roi d’Angleterre de 1087 à 1100 ;
  6. Constance († 13 août 1090), épouse Alain IV Fergent de Cornouailles, duc de Bretagne et comte de Rennes, en 1086 ;
  7. Adèle (v. 1067-1137), épouse Étienne-Henri, comte de Blois-Chartres vers 1080/1085 ;
  8. Henri Beauclerc (vers 1068/69-1135), roi d’Angleterre (1100-1135) puis duc de Normandie (1106-1135). Il eut plusieurs épouses ou concubines ;

Et peut-être[4] :

Improbables[4] :

  • Agathe, seulement mentionnée par Orderic Vital[4], aurait été fiancée à Harold II d'Angleterre, puis à Alphonse VI de Castille, n'a peut-être jamais existé ou est en fait une des filles déjà mentionnées plus haut.
  • Gundrade (vers 1063-1085) a été faussement identifiée comme une fille du Conquérant. Lors de son décès au château d'Acre (Norfolk), elle est dite épouse de Guillaume Ier de Warenne, futur 1er comte de Surrey, et dans un acte relevé au Vieux Sarum, Mathilde de Flandre parle de Gundrade sous le terme « ma fille ». Ordéric Vital, lors de son mariage, spécifie qu'elle est la sœur de Gerbod le Flamand, officieux comte de Chester[8].

Pour certains auteurs, Agathe et Mathilde seraient la même personne.

Postérité

Il existerait une légende selon laquelle la reine Mathilde fut attachée à la queue d'un cheval et trainée sur ordre de son mari dans la rue Froide de Caen. Cet évènement serait à l'origine du nom de la rue[9].

À Rouen, le pont Mathilde ne porte pas son nom, mais celui de Mathilde l'Emperesse, fille d'Henri Ier Beauclerc[réf. nécessaire].

Notes et références

  1. a et b Michel de Boüard, Guillaume le Conquérant, Fayard 1984, p. 173. (ISBN 978-2213013190).
  2. a b c et d John Dewhurst, A historical obstetric enigma: how tall was Matilda?, Journal of Obstetrics & Gynecology, Vol. 1, No. 4 (1981), pp. 271–272
  3. Marc Morris, « 1066: The limits of our Knowledge », The Historian, no 117 (printemps 2013), p. 12-15. lire en ligne.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Elisabeth van Houts, « Matilda (d. 1083) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, sept 2004; édition en ligne mai 2008.
  5. a b et c Didier Lett, Famille et parenté dans l'Occident médiéval, Ve-XVe siècle, Hachette, 2000, p. 97.
  6. Surrey, Hampshire, Wiltshire, Dorset, Devon, Cornouailles, Buckinghamshire et Gloucestershire.
  7. Elisabeth van Houts, « Adelida (d. before 1113) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  8. a et b Voir Medieval Lands.
  9. M. J. Lair, La Reine Mathilde dans la légende.

Source

  • Elisabeth van Houts, « Matilda (d. 1083) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, septembre 2004; édition en ligne mai 2008.

Voir aussi

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Bibliographie

Sur la reine Mathilde de Flandre, peu de choses sont connues. Les sources principales la concernant sont les historiens de la Normandie ducale, c'est-à-dire :

Pour des ouvrages récents la concernant, on peut trouver :

  • Fettu Annie, La Reine Mathilde, Cully, OREP éditions, 2005 ;
  • Michel de Boüard, « La Reine Mathilde », conférence donnée le 14 mai 1985 à Bernay, les amis de Bernay, juillet 1989 ;
  • Lucien Musset, « La reine Mathilde et la fondation de la Trinité de Caen (Abbaye aux Dames) », Mémoire de l'Académie Nationale des Sciences, Arts et Belles Lettres de Caen, volume 21 (1984), p. 191-210;
  • Les actes de Guillaume le Conquérant et de la reine Mathilde pour les abbayes caennaises, éditeur Lucien Musset (Caen, 1967).
  • Suzanne Turgis, La très véridique histoire de la Bonne Mathilde de Flandres ;
  • G. Beech, « Queen Matilda of England (1066–83) and the abbey of La Chaise-Dieu in the Auvergne », Frühmittelalterliche Studien, vol. 27 (1993), p. 350-374.
  • Stéphane William Gondoin, « Mathilde de Flandre, double féminin de Guillaume le Conquérant », Patrimoine Normand n°83 (2012).