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Lester Young

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Lester Young
Description de cette image, également commentée ci-après
Lester Young, New York, circa septembre 1946[1]
Informations générales
Nom de naissance Lester Willis Young
Naissance
Woodville (États-Unis)
Décès (à 49 ans)
New York (États-Unis)
Genre musical Jazz, Cool jazz
Années actives 1933 – 1959
Labels Verve Records

Lester Willis Young, surnommé le Prez (le président), né le 27 août 1909 à Woodville dans le Mississippi et mort le 15 mars 1959 à New York, est un saxophoniste, clarinettiste et compositeur afro-américain de jazz.

Style et légende

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Lester Young, surnommé "Prez", fut l'un des plus influents musiciens de jazz[2], par son jeu révolutionnaire et sa personnalité. Dès ses premiers engagements avec Count Basie, à une époque où le jeu agressif et puissant de Coleman Hawkins définissait le son des saxophonistes de jazz, Young lui opposa des solos aériens, semblant flotter sur le tempo de l'orchestre, tels des volutes de fumée. Sa connaissance profonde de l'harmonie lui permettait d'improviser dans toutes les situations, et il était connu pour ne jamais se répéter d'un solo sur l'autre.

Se mettant au service des standards (Irving Berlin, Cole Porter, George Gershwin, etc.) - il affirmait qu'on devait pouvoir « entendre » les paroles dans la mélodie instrumentale -, Young influença les musiciens adeptes d'un jazz plus doux et élégant, s'opposant entre autres au bebop. Ce fut notamment le cas du mouvement "Cool jazz" des années 1950, institué par Miles Davis, John Lewis, Gil Evans, Gerry Mulligan, etc.

Si Lester Young était un musicien original, sa vie elle-même n'est pas en reste. Personnage excentrique, il aimait parler de manière codée pour n'être compris que de son cercle d'amis et impressionner les autres, et s'habiller de manière excentrique – il ne quittait presque jamais son fameux chapeau "Pork Pie Hat". Cette influence s'étend sur le monde du jazz tout entier, à commencer par Charlie Parker et Dizzy Gillespie, qui furent tous deux des fans du "Président".

À sa mort, il a eu droit à de nombreux hommages, dont une composition de Charles Mingus, Goodbye Pork Pie Hat, devenu un standard de jazz.

Une jeunesse sous le signe de la musique

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Lester Young est né à Woodville, dans l'État du Mississippi en 1909[3]. Lester est l’aîné des trois enfants de Willis Handy Young et de Lizetta Young[4]. Il est plongé dès son enfance dans la musique, à travers son père, Willis Handy Young[5], qui dirige un orchestre de musique scénique, et son frère Lee Young, batteur[6]. Avec plusieurs autres parents, tous musiciens professionnels, ils forment un groupe familial de Minstrel show[7] qui tourne dans le circuit du Vaudeville. Alors que Lester est encore enfant, sa famille déménage à La Nouvelle-Orléans en Louisiane, puis à Minneapolis. Son père lui enseigne la trompette, le violon, et la batterie, en plus du saxophone alto[8], afin de lui permettre de se produire avec le groupe familial. Il le quittera en 1927, après une dispute avec son père[9]. Il le quitte en pleine tournée dans les États du Sud[10] pour joindre les Art Bronson’s Bostonians[11].

Prez à Kansas City : l'envol

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En 1928, Young se consacre définitivement au saxophone ténor, instrument sur lequel il développe un style personnel doux et aérien, à l'opposé de celui de Coleman Hawkins, que tous cherchent à l'époque à imiter. Il s'installe en 1933 à Kansas City, capitale du jazz en même temps que du jeu, de la prostitution, de la drogue et du trafic d'alcool : à cette époque, la Prohibition fait la fortune des gangsters de tout poil à travers les États-Unis. Après avoir fait partie de plusieurs groupes, il est engagé en 1936 dans l'orchestre de Count Basie[12]. Il fait la connaissance de plusieurs personnes qui vont marquer sa vie, notamment la chanteuse Billie Holiday[13], avec qui il vivra une forte amitié et une complicité musicale, et Teddy Wilson, qui dirigera les petites formations où Billie et Lester vont pouvoir exprimer leurs talents. C'est à Billie qu'il doit son surnom de Prez, le Président du saxophone ténor !

En effet, entre-temps, Young a gagné ses galons en se mesurant à Coleman Hawkins lui-même dans les jam sessions de Kansas City, qui sont autant d'affrontements où les réputations se font et se défont. Lester y gagne le respect et l'admiration de ses pairs en tenant une nuit entière face au géant Hawkins, qui d'après la légende s'enfuit au petit matin, épuisé et stupéfait de ne pouvoir éliminer cet étrange concurrent au jeu si léger…

Young quitte finalement le groupe de Basie fin 1940, la légende disant qu'étant fort superstitieux, il refusa de jouer un vendredi 13. Il crée ensuite plusieurs petites formations, souvent aux côtés de son frère Lee, qui lui fournissent le cadre idéal pour son jeu révolutionnaire. Il enregistre plusieurs disques au cours de cette période, notamment avec Billie Holiday et, en , Nat King Cole. En , Young réintègre l'orchestre de Count Basie pour un engagement de 10 mois, interrompu par son service militaire, événement qui devait marquer son existence et son art.

Service militaire et renaissance précaire

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Étant constamment en mouvement entre les lieux de leurs différents engagements, les musiciens de jazz de cette époque parviennent souvent à échapper à leurs obligations militaires. En , Young, en compagnie du batteur Jo Jones, est pourtant rattrapé par l'armée américaine alors qu'il est à Los Angeles avec Count Basie. Contrairement à la plupart des musiciens blancs de l'époque, intégrés à des fanfares militaires, il est incorporé dans une unité combattante. Tête de turc de ses supérieurs depuis qu'ils ont découvert qu'il est marié avec une femme blanche, il tente de tenir en faisant un usage massif de marijuana et autres drogues, ce qui lui vaut d'être emprisonné pour insubordination et usage de narcotiques[14]. Cette expérience des prisons militaires, qui donne naissance au morceau DB Blues (Detention Barracks Blues) le marque, certains historiens affirmant même qu'elle détruit une grande partie de son potentiel créatif. Il plonge progressivement dans la dépression. Pourtant les années suivantes sont loin de constituer un déclin : à sa démobilisation, le producteur Norman Granz le prend sous son aile au sein du Jazz at the Philharmonic. De 1945 à 1947, il enregistre des faces historiques pour le label Alladin à la tête de petites formations comprenant notamment le tromboniste Vic Dickenson et le jeune pianiste Dodo Marmarosa. Elles comprennent notamment DB Blues et la version révolutionnaire de These Foolish Things où Lester commence son improvisation sans exposition préalable du thème, ce qui constitue une première à l'époque. Les tournées du Jazz at the Philharmonic se multiplient et lui donnent l'occasion de jouer aux côtés de Charlie Parker en 1946 et 1949. Au sein du JATP, Lester offre un parfait contraste avec les ténors expressionnistes comme Illinois Jacquet et Flip Phillips qui participent à ces concerts-jam-sessions.

Les dernières années du Président

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Au début des années 1950 le jeu de "Prez" commence à se dégrader. Ses solos deviennent moins imaginatifs, et il lui arrive même de se répéter en copiant ses propres enregistrements précédents, ce qui n'a jamais été le cas auparavant. Si on compare ses enregistrements de 1954 avec ceux de 1952 par exemple, on constate une dégradation de la maîtrise de son instrument, et même du tempo. Supportant très mal ces problèmes musicaux, Young commence à boire encore plus qu'il ne le faisait déjà. Il sut toutefois tirer parti de la dégradation de ses moyens physiques pour transformer son art et le rendre plus intime. Il met ainsi en musique ses pulsions dépressives et laisse entendre aux auditeurs l'impossibilité de jouer une musique idéale. Toutes les failles, les béances présentes dans ses derniers enregistrements comme dans "They Can't Take That Away From Me"(1958) ne sont pas uniquement dues à sa dégradation physique, elles expriment sa mélancolie.

En , il s'effondre et est interné en hôpital psychiatrique. Il en sort quelques mois plus tard pour connaître une embellie qui ne sera que provisoire. Mangeant de moins en moins et buvant de plus en plus, Young, à partir de 1957, est constamment aux limites de l'effondrement physique et parfois trop épuisé pour pouvoir simplement soulever son instrument. Il parvient pourtant toujours à réaliser des performances comme celle de aux côtés de Billie Holiday, sa Lady Day[15], qu'il n'avait pas revue depuis des années, et au cours duquel il livra un solo tout en économie de moyens et en émotion.

Lester Young enregistra ses dernières faces un peu plus d'un an plus tard, en à Paris, au cours d'une tournée européenne qui dut être abrégée car il ne mangeait quasiment plus et buvait à longueur de journée. Il mourut dans la matinée du , quelques heures seulement après son retour à New York. Il n'avait que 49 ans. Le critique de jazz Leonard Feather raconta plus tard que, se rendant à l'enterrement de Young avec Billie Holiday, il l'entendit murmurer « je serai la suivante ». Billie suivit son ami de toujours dans la tombe quelques mois plus tard, à l'âge de 44 ans.

Lester Young repose au cimetière The Evergreens de Brooklyn[16]

  • Il aurait abandonné la batterie en s'apercevant qu'après les concerts il mettait plus de temps à emballer son instrument que les autres musiciens. Du coup, les filles partaient avec les autres musiciens, le laissant célibataire pour le reste de la soirée.
  • Lester était très superstitieux. Un jour qu'il devait enregistrer en studio avec l'orchestre de Basie tout le monde l'attendait. Le patron l'appelle alors à son hôtel : "Qu'est-ce que tu fais ? Tout le monde t'attend". Lester dit alors : "On est vendredi 13. Je ne peux pas sortir, il va m'arriver quelque chose". "C'est fait, lui répond Basie, tu es viré !"

« Je me souviens de Lester Young au Club Saint-Germain ; il portait un complet de soie bleue avec une doublure de soie rouge. »

— Georges Perec, Je me souviens, 4

Les derniers jours de Lester Young ont fortement inspiré ceux de Dale Turner, le personnage principal d'Autour de minuit, le film de Bertrand Tavernier.
Charles Mingus a enregistré deux mois après sa mort, Goodbye Pork Pie Hat, en référence au chapeau que portait souvent le saxophoniste. Joni Mitchell a écrit des paroles sur ce morceau.
Dans sa chanson de 1974, J'ai rêvé New York, l'écrivain et chanteur Yves Simon mentionne Lester Young.

Discographie sélective

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Morceaux choisis

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Notes et références

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  1. Sur cette photo la gauche et la droite sont inversées - Remarquez les positions de la main gauche et de la main droite.
  2. (en-US) « Lester Willis Young | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  3. (en) « Lester Young | American musician », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. (en-US) « Lester Young | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  5. (en-US) « Mississippi Jazz Musician Lester (Prez) Young », sur www.mswritersandmusicians.com (consulté le )
  6. (en-US) « Lester Young - Biography and Facts », sur FAMOUS AFRICAN AMERICANS (consulté le )
  7. (en) « The "Prez," Lester Young », sur African American Registry (consulté le )
  8. Encyclopædia Universalis, « LESTER YOUNG », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  9. (en-US) « Lester Willis Young », sur The Pendergast Years, (consulté le )
  10. (en-US) « Lester Young | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  11. « Lesteryoung.dk - His Personal Life », sur www.lesteryoung.dk (consulté le )
  12. (en-US) « Willis Lester Young ("Pres") (1909-1959) • BlackPast », sur BlackPast, (consulté le )
  13. (en-US) Jamie Katz, « Lester Young Turns 100 », sur Smithsonian (consulté le )
  14. « Lester Young », sur www.planete-jazz.com (consulté le )
  15. (en-GB) James Maycock, « Billie Holiday and Lester Young: Lady Day and Prez », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  16. (en-US) « Lester "Prez" Young », sur Find a grave
  17. « Classic Columbia, OKeh, and Vocalion Lester Young with Count Basie 1936-1940 (Mosaic Records) »
  18. « Classic 1936-1947 Count Basie And Lester Young Studio Sessions (Mosaic Records) »

Vidéographie

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Bibliographie

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Liens externes

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