L'Idéal Cinéma-Jacques Tati

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L'Idéal Cinéma – JacquesTati
Description de cette image, également commentée ci-après
Façade de l'hôtel du syndicat verrier et de l'Idéal Cinéma
Lieu Aniche, France
Coordonnées 50° 19′ 50″ nord, 3° 15′ 07″ est
Inauguration
Nb. de salles une salle de projection et une salle multimédia Louis-Pol
Capacité 187
Anciens noms L'Idéal Cinéma
Statut juridique Salle communale
Gestionnaire Gestion publique
Site web Facebook [3]

Carte

Résidence

9, rue Wambrouck à Aniche

La salle L'Idéal Cinéma – Jacques Tati est inaugurée à Aniche le . Sa première séance publique a lieu le 23 novembre 1905 par la Société du cinématographe automobile[1], ce qui fait de cette salle fixe de cinéma en activité le plus ancien cinéma au monde pour une séance publique payante; le seul cinéma ouvrier au monde, sous gestion publique.

Le complexe Claude Berri est composé de L’Idéal Cinéma - Jacques Tati ainsi que de la salle Louis Pol, sous gestion publique de la ville d'Aniche.

Depuis 1902, il est situé rue de de la Pyramide, renommée rue Wambrouck, et il a été rénové à plusieurs reprises.

L'Idéal Cinéma – Jacques Tati débute son histoire comme Maison du Peuple puis comme L'hôtel du syndicat des verriers.

Historique du syndicat du verre

L'histoire du verre est ancienne et les verriers avaient des privilèges, surtout les Maîtres-Verriers. Ainsi il existait un privilège des verriers, celui de ne point déroger à noblesse. On déroge à noblesse en exerçant un métier ou un art mécanique[2].

Le 30 décembre 1880 un conférence payante organisée par M. Fourriére afin de nommer un chambre syndicale. cette conférence attire peu de monde, mais le 3 août 1882 la chambre syndicale des ouvriers verriers d'Aniche et environs est créée avec 268 membres.

La crise de 1886

Une crise verrière se déclenche en 1886. Les maîtres-verrier imposent du 1er mai au 1er novembre une baisse de salaire, tout d'abord à la verrerie d'en haut appelée La citadelle par M. Desmaison. La chambre syndicale n'accepte pas ce qui entraîne quatre mois de chômage. La direction en profite pour mettre en place des nouveaux fours à bassin Siémens à l'aide de journaliers belges. Les autres verreries vont suivre Saint-Martin, Sainte-Catherine, Saint-Laurent, Saint-Albert, l'Union et Catton. La crise continuant Saint-Catherine et Saint-Albert ferme ainsi que le verrerie de Victor Fogt.

Quinze patrons s'entendent alors dans le but de faire baisser les salaires. Ils fondent Les comptoirs verriers du Nord administrés par Paul Hayez qui à 27 ans deviendra député puis sénateur.

En 1891, la Fédération nationale du verre, après le congrès de Lyon, lance un ordre général de grève qui sera suivi par 3 200 verriers dans la région du Nord mais à Aniche le syndicat qui est tenu par les souffleurs se contente d'envoyer des secours. La grève échoue. Cela va entraîner l'Union des verriers avec Fresnes-sur-Escaut, Escautpont, Bruay-sur-l'Escaut, Marchiennes, Hénin-Liétard et Aniche mais la crise persistant l'union s'épuise.

La condition des ouvriers verriers est très dure. Les joues cassées conséquence du soufflage du verre mais aussi la Syphilis professionnelle des verriers (transmise par les cannes de soufflage qui passent de bouche en bouche) est déclarée accident du travail par trois jugements successifs et confirmés en appel en 1898[3], [4]

En 1899 Paul Quévy, Albert Gallet, Jean-Baptiste Bourlon reffonde le syndicat et achète un terrain pour 16000 Frs et en faire une maison du Peuple qui deviendra L'hôtel du syndicat' et l'Idéal cinéma - Jacques Tati[5].

La grande gréve de 1900

verrerie 1908 enfournement des matières premières
verrerie de l'union souffleurs (Joues cassés), gamins, cueilleurs, maniqueurs
Aniche verrerie porteuses de trois canons aussi appelés Guillotines

Les maîtres-verriers par le biais de l'association des patrons verriers déposent aux Prud'hommes le 18 juin un nouveau règlement sans mettre au courant le syndicat. Son application est active le 1er juillet. Le 4 juillet dans une réunion mixte le syndicat demande l'annulation du nouveau règlement et la suppression du travail du dimanche. « La séance est terminée. Vous pouvez vous retirer, Nos ne donnerons pas suite à votre demande » telle fut la réponse.

Le nouveau règlement dans son article 5 prévoyait que toute absence non autorisée était au frais de l'absent en cas de remplacement par un ouvrier a salaire plus élevé et était susceptible de dommages et intérêts pour le maître-verrier.

Les anciens contrats n'étant pas reconduits, le 12 août une grève générale est déclenchée, deux mille ouvriers sont touchés.

Pendant la grève le chantier de la Maison du peuple va bon train avec la démolition des chaumières en ruine et la construction qui durera dix-huit mois.

Le 2 octobre une réunion n'obtient pas de hausse de salaire. Au retour des 8 délégués devant 1 500 ouvriers, la continuation de la grève est votée. 300 verriers défilent dans la rue en chantant L'Internationale et La Carmagnole.

Alfred Léon Gérault-Richard député socialiste de Guadeloupe (avec fraudes électorales), Auguste-Robert Selle, maire de Denain, député du Parti socialiste unifié et Léon Escoffier,avocat franc-maçon installé dans le Nord s'engage de manière précoce auprès du Mouvement ouvrier viennent soutenir la grève.

Le préfet du Nord, le sous-préfet de Douai tente une conciliation mais les manifestations continuent et 104 gendarmes à pied et à cheval sont déployés.

Le 15 novembre Alexandre Millerand alors ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes refuse de cautionné le mouvement. Beaucoup d'ouvriers partent pour la Russie, la Belgique, pour d'autres métiers mais certains continuent les manifestations plus de 800 manifestant sur la place de la Mairie, renfort de 50 gendarmes.

Le mouvement prend de l'ampleur politique avec Émile Basly, député, qui inspira à Émile Zola le personnage d'Étienne Lantier dans Germinal. Émile Basly prône la création d'une verrerie coopérative prenant exemple sur la Verrerie ouvrière d'Albi.

Les maîtres-verriers font un ultimatum pour une reprise du travail le 15 décembre menaçant la fermeture des concessions verrières. La reprise du travail est votée après 164 jours de grève, 1 129 grévistes, 864 chômeurs et 30 000 Frs de secours versés par les verriers américains[5].

La verrerie coopérative ouvrière

Alfred Léon Gérault-Richard l'avait déjà évoqué en 1900 pour être réalisé à l'arsenal de Douai mais le 15 avril 1901 La verrerie coopérative ouvrière est constituée. Raoul Hancart est président du conseil d'administration, la verrerie est parfaitement situé à Aniche avec un raccordement directe à la gare. Les travaux vont donc bon train avec la construction des fours à bassins, briqueterie, château d'eau, gazogène, étenderie pour un début de production en 1902. Les Maîtres-verriers ont préparé la riposte inondant le marché et baissant les prix au moment du lancement de la production. Cinq mois plus tard les fours sont éteints. Un an plus tard l'assemblée dissous La verrerie coopérative ouvrière.

Durant cette période le syndicat se réorganise en octobre 1901 avec des modérés Alber Gallet et Paul Quévy. Ils laisseront place à une autre équipe tendance guesdiste puis socialiste réformistes[5].

La Maison du Peuple

travail d'enfant en verrerie
travail d'enfant
Charles Delzant

Le dimanche 26 janvier 1902 La Maison du Peuple est inaugurée par le nouveau président Joseph Humez et Raoul Hancart comme secrétaire-trésorier du syndicat. . Le coût de construction est de 77 271Frs. Un grand bal s'ensuit.

Le syndicat verrier s'inscrit à la Confédération générale du travail dans une tendance anarcho-syndicaliste. Il regroupe Aniche, Marchiennes, Hénin-Liétard perd de la puissance après la grève vis-à-vis des maîtres-verriers mais c'est sans compter la Fédération des verriers qui regroupe 20 syndicats avec à sa tête Charles Delzant.

Une caisse de secours est institué pour aider aux malades, aux infirmes, aux frais d’obsèques.

Et il faut aussi organiser les activités.

Une douzaine de bals par an avec celui des conscrits. Une première séance de théâtre le 18 janvier 1903. Concerts, concours de boxe, combats de coqs et conférences politiques et syndicales, mais aussi soirée de magnétisme par le douaisien François Jollivet-Castelot; trésorier général de l'Union communiste spiritualiste[6].

Le 23 novembre 1905, le Cinéma automobile fera une première projection de cinéma.

Un café est créé dont le gérant est payé par le syndicat, l'aile gauche est louée à Louis Brasseur pour une coopérative L'avenir des travailleurs qui durera de 1903à 1911.

Une partie est loué à la Fédération française des travailleurs du verre dont le président est Charles Delzant. Il y installera également la rédaction de la La Voix des verriers qui tirera à 6 000 exemplaires. La Voix des verriers cherche à instruire, défendre les salaires, connaître les raisons de la crise et dénoncer les abus[5]. Il dénonce la Franc-Maçonnerie influençant de façon néfaste tous les mouvements syndicalistes du Nord, les briseurs de grève et les syndicats jaune (par opposition au rouge)[7].

À l'enterrement de Louise Michel en janvier 1905, Benoît Broutchoux qui s'attend à être incarcéré, demande à Pierre Monatte de venir le remplacer à Lens pour animer L'Action syndicale le journal des mineurs[8].

Charles Delzant rédacteur du journal de verriers deviendra ainsi un proche de Pierre Monatte.

La voix des verriers

À la demande du congrès de verriers à Lyon en 1902, La Voix des verriers est lancée. La Voix des verriers est journal mensuel dont la première parution date de mars 1903.

La Voix des verriers dénonce la mortalité des enfants de 30 % à 25 ans. Les porteuses de canons portent trois canons de verre un sous chaque bras et un sur l'épaule, après plusieurs accidents mortels, l'inspecteur du travail interdit le port de 3 canons. La mise à pied de 30 verriers pour avoir quitter le four à cause des fortes chaleurs, etc.

Grégoire Nicolas, le 12 mai 1904, tombe égorgé à 13 ans par un canon de verre qui se brise. La même année c'est Bourriez dans une autre verrerie. Les canons de verre sont aussi dénommé La guillotine. Le 15 juin 1905, La voix de verriers relate des enfants travaillant de nuit, s'endormant debout contre les murs et victimes de sévices de leurs aînés[9].

Charles Delzant dénonce aussi des enfants, apprentis verriers, mis en cellules pour des espièglerie ou peccadille . Enfants regroupés dans des Bâtarderies encadrés par des padroni. « Les cellules sont faites de telles sortes que le prisonnier doit se tenir debout sans faculté de s'asseoir, fermée par des grilles qui l'hiver laissent passer le froid. Les enfants punis restent toute la nuit en cellule, nourris de pain et d'eau. Ils doivent le lendemain fournir leur quantité de travail »[9].

L'anarchiste Benoît Broutchoux, opposant à Émile Basly, qu'il considérait comme un traître passé du côté des patrons, organise le 10 septembre 1910 au cinéma une conférence sur la vie chère[10]. À la suite du meeting, Broutchoux, pour les paroles prononcées, François Prade pour avoir jeté des pierres aux gendarmes qui emmenaient Broutchoux, ont été arrêtés[11],[12].

L'Abbé Lemire, député d'Hazebrouck, reprend les témoignages de Delzant et publie son rapport sur le Le Travail de nuit des enfants, dans les usines à feu continu évoquant le travail en verrerie notamment à Arques où des enfants placés par l'abbé Santol sont pires que des prisonniers[13].

En 1911 Raoul Hancart démissionne du syndicat et de la fédération. La Voix des verriers s’arrête. Il est remplacé par Roger Schneider; comme président et Joseph Humez comme secrétaire-trésorier. Roger Schneider milite aussi pour l'amour libre, c'est un libertaire connu[5].

Charles Delzant décrit la condition verrière le 15 juin 1912 dans la Voix de verriers « c'est ce qui nous fait dire qu'au lieu d'enfants ignorants, comme on les prend chez les parents qui ne peuvent les envoyer à l'école, comme on les va chercher en Bretagne, dans les Savoies, en Italie et en Espagne, il faut à l'industrie du verre des jeunes gens ayant un maximum d'instruction primaire et leur faire une éducation particulière sur les dangers du métier, et les nécessités de s'en défendre. Quant aux habitations dans lesquelles certains patrons obligent leurs ouvriers à se loger, les niches de leurs chiens de Chasse sont certainement plus luxueuses et plus propres. Les conseils d'hygiène, s'ils existent et veulent fonctionner feront bien d'y aller commander les désinfecteurs et les blanchisseurs, à moins, ce qui serait mieux pour, la santé publique, qu'il s'y fassent mettre la torche. » et « C'est généralement assis à terre, sur la composition ou sur une brique, au milieu des poussières microbiennes soulevées par le balayeur, que les hommes et les enfants prennent leurs repas. Les cabinets d'aisance, les urinoirs, l'eau potable pour boire, cela ne fait pas partie essentielle des verreries ; pas plus que les vestiaires ou les garde-manger[14]. »

La Voix des verriers dans le no 194 du 15 mars 1913 dénonce le travail des fillettes prés des fours « J'ai vu des fillettes de 11 à 18 ans travailler aux fours et si ce travail est pénible pour les garçons il est meurtrier pour les filles »[15]

Première guerre mondiale

Charles Delzant et Pierre Monatte sont opposés à l'Union sacrée, mouvement de rapprochement politique à l'annonce de la guerre, comme Alphonse Merrheim né à La Madeleine, secrétaire de la Fédération des métaux de la CGT, il est, à partir de 1915, un des premiers syndicalistes français à animer le mouvement de refus de la guerre. Trotski, à sa demande et par l’intermédiaire de Julius Martov approche Pierre Monatte afin de créer une union avec le monde des syndicats[16] Au début proche du mouvement libertaire,Il participe avec Albert Bourderon[17] (Syndicaliste CGT Fédération du Tonneau, et délégué à la Fédération des Bourses) à la conférence de Zimmerwald en 1915 où il apparaît comme l'un des principaux leaders de la majorité contre le courant représenté par Lénine.

Comment se produisit la rencontre entre L'international Russe et l'international Française par opposition à L'Union sacrée, très limité à un secteur de syndicaliste. Trotsky dans ses mémoires « Bientôt après mon arrivée à Paris,Julius Martov et moi-même allons à la recherche de Pierre Monatte un des rédacteurs de la Vie ouvrière ». Une fois par semaine Quai de Jemmappe une réunion a lieu avec Trotsky, Roger Bourderon, Alfred Rossmer, Henri Guilbeaux et Julius Martov[18].

1921 la scission

En juin 1921 Roger Schneider et Olivier Humez se prononce pour la motion minoritaire au congrès départemental de la CGT en l'affiliant à la Confédération générale du travail unitaire qui nait d'obédience communiste et Russe pour s'affilier à l'Internationale syndicale rouge. Charles Delzant restant CGT Lafayettiste puisque le siège est boulevard Lafayette à Paris. La scission entre syndicalistes verriers est entérinée.

Le deuxième congrès national de la Confédération générale du travail unitaire du verre a lieu dans l'Hôtel du syndicat en 1924[5],[19]

Les personnages importants

Roger Schneider et Lénine

Roger Schneider né à Hautmont le 8 novembre 1866; décède à Aniche le 28 août 1932. Verrier; syndicaliste et membre du conseil municipal, il est l' initiateur de l'ouverture de l'Idéal cinéma. Ses rencontres avec Lénine en Suisse étaient régulières.Le cinéma devient un outil de propagande.

Lénine se rendait en Suisse début 1895 pour y rencontrer les fondateurs de la première cellule marxiste russe, Gueorgui Plekhanov et Pavel Axelrod[22] puis de 1909 à 1917 à Montreux. Le pouvoir soviétique, à la suite de Lénine (« Le cinéma est pour nous, de tous les arts, le plus important »[23]) développe un cinéma d’État, à la fois bien financé et en butte à la censure[24]. Paradoxalement, ce cinéma d’État donnera naissance aux innovations de l’avant-garde soviétique, et des cinéastes Sergueï Eisenstein, Vsevolod Poudovkine et Alexandre Dovjenko. Les relations entre ces grands créateurs et le pouvoir soviétique garderont cependant toujours un caractère d’ambiguïté[25].

Historique du cinéma

Plan de salle et scène de l'Idéal Cinéma

Le premier film tourné par Louis Lumière est Sortie d'usine, plus connu aujourd'hui sous le nom de La Sortie des usines Lumière. Il a été tourné à Lyon, rue Saint-Victor (aujourd'hui rue du Premier-Film, où se trouve l'Institut Lumière), le 19 mars 1895[26].

À La Ciotat, L'Eden Théâtre est une salle de spectacles, inaugurée le 16 juin 1889, qui accueillait des spectacles de variété (théâtre, concerts), mais aussi des galas sportifs (boxe, lutte gréco-romaine, etc.). En 1895, s'y déroula la première projection cinématographique privée organisée par les frères Lumière puis les suivantes eurent lieu en 1905 et 1907. La première projection publique des Lumière a lieu le 28 décembre 1895 au Salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris. La séance est présentée par Antoine Lumière devant trente-trois spectateurs. Charles Moisson, le constructeur de l’appareil, sera le chef mécanicien et supervisera la projection. Le prix de la séance sera fixé à 1 franc.

Le programme complet de la première séance publique payante, à Paris, comprenait 10 films tous produits en 1895[27] :

  1. La Sortie de l'usine Lumière à Lyon'
Façade 2011 de L'Idéal Cinéma (Atelier d'architecture Dupire Lannoy)
L'Idéal Cinéma-Jacques Tati Façade 2012
La salle en 2012
Livre Journal du Syndicat des verriers d'Aniche et environs paraphé du maire M. Bertinchamps le 1-10-1902

Aniche fait son cinéma (historique)

Aniche, en ce début de XXe siècle siècle, est alors ville industrielle du charbon et du verre avec prés de 8000 habitants.

Aniche se singularise par une forte représentation syndicale dont témoigne le puissant syndicat des verriers fort de 1 800 membres. Cette chambre syndicale décide en 1900, sous la présidence d'Albert Gallet et avec Paul Quévy, d'acquérir un terrain et de construire un bâtiment destiné à accueillir leur nouveau siège avec une grande salle polyvalente pour les réunions syndicales et autres manifestations plus festives.
Le Syndicats des verriers quitte donc l'hôtel Moreau situé au no 15 rue Patoux.

L'inauguration de l' Hôtel des syndicats des verriers a lieu le 26 janvier 1902 sous le mandat de Charles Adolphe Scelles, maire de la ville.
La bâtiment est aussi appelé La maison du peuple sur d'anciennes cartes postales.

Par sa prospérité, Aniche, intéresse les cinématographes et c'est donc en début d'année 1905 que les premières séances de projection en cinéma muet se déroulent chez Joseph Leloup, un aubergiste au no 12 rue Thiers à Aniche.

Puis, avec la ducasse de septembre 1905, un chapiteau accueille les projections de la Select-Sorisus et, le 23 novembre 1905, la première projection par le cinéma automobile avec 600 places assises dans la salle de l'Hôtel des Syndicats verriers, qui deviendra « L'Idéal Cinéma ».

Les films sont à cette époque de courte durée. Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès de 1902 ne dure que 14 minutes.

L’hôtel du Syndicat accueille régulièrement Pathé ou Gaumont mais, pour des raisons financières, le comité s'engage avec la compagnie Splendid Cinéma. Les séances se déroulent en trois parties de chacune trois films . À l'époque, la gérance est confiée à M. Éloi Joseph Lanoy, cafetier et maire élu de la ville en 1910.

En 1911, Aniche compte quatre salles de cinéma : le Splendid Cinéma à L'Hôtel du syndicat depuis décembre 1909 ; Le Royal cinéma (rue Patoux février 1910) ; l'Eldorado, rue Thiers (1910) et le Casino des familles (rue Lemaire 1911) avec comme gérant M. E. Lannoy.

À l’Hôtel du Syndicat, la compagnie du Splendid Cinéma se retire en 1911. Le gérant appelle donc les sociétés Excelsior-Rehaux et The Rex Cinéma pour assure les projections.
Le 21 décembre 1912, un décret oblige les exploitants à isoler leur salle de projection et à fixer au sol les chaises et les bancs.
M. Louis Pol reprend la gérance et le cinéma se renomme L’Idéal cinéma.
Durant la première guerre mondiale, sous couvert de la Croix-Rouge, le comité Hispano-américain ravitaille les civils. L’Hôtel du syndicat avec son cinéma deviennent un centre de ravitaillement jusqu’au 31 mars 1919.

Dès 1922, un appareil de projection est acheté pour 22 915 francs et la salle est nommée L'Idéal cinéma.

La crise verrière de 1927 et les fours morts réduisent la puissance du syndicat (400 en 1925) et affecte la fréquentation de son cinéma. Mais en 1936, de nombreux sociétaires sont à nouveau adhérents et le syndicat est renforcé.
Le cinéma est donc réorganisé pour en faire une coquette salle de province face au cinéma des Maîtres verriers et bourgeois, le Royal Cinéma. Sa capacité passe à 850 places comprenant balcon et pigeonnier.
Le 10 mai 1940, l’exode de la population entraine la fermeture des cinémas pendant plusieurs mois. Une censure sévère est appliquée. Les salles restent éclairées pour repérer les perturbateurs, chahuteurs et manifestants lors des projections de propagande de la Deutscthe Waghenshau.

L’arrivée de la télévision annonce le déclin des salles de cinéma, situation qui pèse sur L’Idéal Cinéma et son gérant M. Louis Pol, qui se retire en 1955 à l’âge de 67 ans. Il décède le 24 juin 1958. Le bureau du Syndicat des verriers désigne alors M. Charles Moreau pour le remplacer. En 1960, il fera rénover la partie inférieure de la façade.

Le Royal Cinéma ferme ses portes le 30 juin 1967 avec le départ en retraite de son gérant M. Paul Thibault (décédé le 26/10/2000).
L’Idéal Cinéma tente de maintenir son activité. Il est le seul cinéma de la ville, mais la conformité de la salle n’est plus assurée et un décret municipal entraine sa fermeture le 4 février 1977[28].

Une importante restructuration a donc lieu sous l’impulsion de messieurs Michel Meurdesoif, maire, Alain Moret, qui a succédé en 1976 à Charles Moreau et Georges Hugot (1922-2000), artiste et sculpteur, professeur à l'école des beaux-arts de Douai, auteur de nombreuses sculptures installées à Aniche, dont le Monument du Verre et du Charbon. Adjoint au maire d'Aniche de 1983 à 1995, il a lancé et développé la politique culturelle dans la commune. On lui doit la reconstruction du cinéma « Idéal », nommé « L'Idéal Cinéma-Jacques Tati » en 1995. La salle qui pouvait alors contenir 850 personnes est alors divisée en deux.

L’Idéal Cinéma – Jacques Tati est donc inauguré, au même emplacement que l'Hôtel du Syndicat le 3 mai 1995. Le 31 octobre 2012, une nouvelle inauguration a lieu pour le passage au numérique 3D. Nouveautés : changement des sièges et des décors pour accueillir 187 places assises, emplacements pour accueil de personnes à mobilité réduites.

Aniche et ses cinémas

Au début du XXe siècle pour donner un contrepoids à l'action du syndicat des verriers; des maîtres-verriers et bourgeois lancent leur propre cinéma dans l'ancien siège du Syndicat des verriers l'hôtel Moreau au no 15 de la rue Patoux. Le 5 février 1910 s'ouvre le Royal Cinéma proposant 4 séances et projetant ainsi 16 films. En janvier 1911 s'ouvre également le Casino des Familles rue Lemaire à Aniche.

Trois salles de cinéma fixes à Aniche ; les entreprises de cinéma itinérantes ne viennent plus dans la ville. L'effet de curiosité passé créé par le cinématographe s'estompe et les salles n'ouvrent plus qu'en hiver.

Certains dans les années 1950 comme M. Oscar Célisse; projectionniste; organisaient des séances poulailler, parmi les poules de nuit un drap tiré sur le grillage du poulailler; deux bancs la projection démarrée[29].

Aniche, cité du verre, dans l'histoire de la photographie et du cinéma

préparation de plaques photographiques en verre chez Verrerie d'en Haut(Saint-Gobain depuis 1960) à Aniche
Cinématographe des frères Lumière en 1895

L' industrie verrière d' Aniche était l'une des plus importantes d'Europe et les fréres Lumiére était des actionnaires des Verreries Belotte. La Société anonyme des plaques et papiers photographiques Antoine Lumière et ses fils (Lyon) a pour fournisseurs les Verreries de la Gare, plus connues sous le nom de « Verreries Belotte. » Le verre leur a été utile pour les plaques de verre; miroir et lentilles des appareils photographiques et cinématographiques.

Dans les débuts de la photographie, la plaque de verre fut d'abord humide : le photographe devait la préparer sur place, c'est-à-dire étaler convenablement l'émulsion photographique sur le verre au moment de l'emploi. Puis les Frères Lumière (Auguste et Louis) inventèrent la plaque sèche, disponible dans le commerce des années 1890 jusque vers 1950.

Georges Demenÿ, né à Douai le selon les sources 1891 ou 1892, alors qu'il est l'assistant de Jules-Étienne Marey, il invente le phonoscope, puis, en 1894, le chronophotographe à came excentrique, ce qui fait de lui un des précurseurs du cinéma. Il vendit ses droits sur le chronophotographe à Léon Gaumont[30].

L'idéal-cinéma Jacques-Tati - pose plaque commémorative de plus vieux cinéma ouvrier du monde le 17 novembre 2013 par Michel Meurdesoif (maire au centre), Roger Facon (adjoint à la culture à droite), Serge Ottaviani (historien, inventeur)

Les plus anciennes salles de cinéma en activité

L'Eden Théâtre, à La Ciotat, inauguré en 1889 est le plus ancien cinéma du monde en activité pour une séance privée, mais l'Idéal cinéma Jacques-Tati est le plus ancien cinéma au monde pour une séance publique; le seul cinéma ouvrier au monde et avec une durée d'ouverture est supérieure à celle de l'Eden Théâtre.

Pour le Livre Guinness des records, au Danemark à Korsør, le Korsør Biograf Teater, qui a ouvert en 1908, se dit la plus vieille salle de cinéma du monde toujours en activité[31]. et il a été accepté comme tel par dans le Livre Guinness des records des Dossiers mondiaux comme le plus vieux le cinéma toujours opérant[32], précédemment le Pionier cinéma Kino à Szczecin en Pologne était préalablement inscrit au Livre Guinness des records[33].

Filmographie

Documentaire de Bernard Pavelek-L'Idéal Cinéma ou Les lieux de rêve

Cinémania

Cinémania est une manifestation culturelle crée en 2010 se déroulant en novembre avec des invités autour d'un thème cinématographique.

Jean-Pierre Mocky, Noël Simsolo, Roger Facon lors de Cinémania II à L'Idéal Cinéma-Jacques Tati d'Aniche en novembre 2012

Projecteur

le projecteur - face avant
le projecteur face arrière

Virgine Demange; journaliste; n'a pu réalisé le direct du cinéma suite à l'intervention de la CGT verrier pour essayer de médiatiser le prochain comité central d'entreprise devant statuer sur la remise en marche du four de l'usine Saint-Gobain d'Aniche en arrêt depuis avril 2012[35]. Une séance a laquelle participé une centaine d'enfants n'a pas été interrompu.

  • Karen Luong; des Beaux-arts de Paris recrée une maquette du cinéma avec son ancienne façade sur la base des plans de l'époque. (Présentation fin 2014)

Notes et références

  1. Roger Consil ; conférencier de la société d'histoire locale ; LA FOLLE HISTOIRE DU CINÉMATOGRAPHE ; conférence du 22 mai 2008. La date du 23 novembre 1905 apparaît dans le livre journal de caisse de 500 folios ouvert à partir du 1/04/1902 au besoin du Syndicats des verriers d'Aniche et Environs et paraphé au premier et dernier folios le 1/10/1902 par le maire de la ville d'Aniche M. Pierre Joseph Richard Bertinchamps (mandat:1902-1910) . [1]
  2. Antoine Furetière, Henri Basnage de Beauval, Dictionnaire Universel: Contenant généralement tous les Mots François tant vieux que modernes & les Termes des Sciences Et Des Arts ... : Le tout extrait des plus excellens Auteurs anciens et moderne, vol. 2, Leers, , 500 p. (lire en ligne), On déroge à la noblesfe en exerçant un métier ou un art mechanique. Par un Edit de 1669 le Roi a déclaré que l on ne déroge point par le trafic pourvu qu on ne vend point en détail.
  3. « LES « TRAVAILLEURS DU VERRE» Dans les verreries. Labeur et salaire. Comment Ils vivent et comment ils meurent. Odieux abus du truck system. L'exploitation de l'enfance. », L'Humanité,‎ , Ce n'est pas tout. À souffler le verre sans relâche, les joues de l'ouvrier se rompent, les tissus se distendent, les nerfs se brisent tous les souffleurs ont « les joues cassées. » Ce n'est rien, mais leur appareil respiratoire « se casse » aussi. L'effort du soufflage toujours très dur, meurtrier quand il faut imprimer sur le verre qui se refroidit et devient rebelle à l'empreinte, les creux profonds ou les saillies d'un moule ornementé épuise rapidement l'ouvrier, exposé de plus à de brusques changements de température au sortir du hall de soufflage le souffleur devient bronchitique. (lire en ligne)
  4. Léon Bonneff, Maurice Bonneff, La vie tragique des travailleurs, Éditions de l'Atelier,, , 273 p. (lire en ligne).
  5. a b c d e et f L'Histoire Locale d'Aniche - dossier 170 - Syndicat des verriers
  6. François Jollivet-Castelot, F. Jollivet Castelot, occultiste et alchimiste, membre du parti communiste SFIC, trésorier général de l'Union communiste spiritualiste U.C.S. Principes d'économie sociale non matérialiste, (lire en ligne).
  7. Émile Janvion, La Franc-Maçonnerie et la classe ouvrière - conférence donnée le 3 avril 1910, à l'Hôtel des Sociétés Savantes, IMPRIMERIE SPÉCIALE DE TERRE LIBRE, (lire en ligne), Le camarade Delzant, secrétaire de la Fédération des verriers (Aniche), écrivait à la même date : la franc-maçonnerie influence de façon néfaste tous les mouvements syndicalistes du Nord, où elle pèse sur le parti socialiste et sur les syndicats. Delesalle en est un membre très influent et Desmons est vénérable. C'est dire que le Réveil du Nord est aux FF,\. Dans tout le Nord de la France et le Pas-de-Calais, les militants ouvriers correspondants du Réveil, quelque peu influents, ont été franc-maçonnisés..
  8. Colette Chambelland, Pierre Monatte: une autre voix syndicaliste, Éd. de l'Atelier, (ISBN 9782708234604, lire en ligne).
  9. a et b Léon Bonneff, Maurice Bonneff, La vie tragique des travailleurs, Editions de l'Atelier,, , 273 p. (ISBN 9782851390738, lire en ligne).
  10. « Benoît Broutchoux », sur http://www.fondation-besnard.org (consulté le ).
  11. Jean Grave, « Arrestation de Benoit Broutchoux », Les Temps nouveaux,‎ .
  12. Ina La Vie politique et syndicale après la catastrophe de Courrières : voir en ligne[2]
  13. Abbé Lemire, Le travail de nuit des enfants, dans les usines à feu continu : compte rendu des discussions, vœu adopté / rapport de M. l'abbé Lemire, F. Alcan (Paris), 1911lire en ligne=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5543482g.r=abb%c3%a9+lemire+enfants+travail.langfr
  14. Syndicat national de médecine sociale, La Médecine sociale. Bulletin du Syndicat national de médecine sociale, 1909-1914 (lire en ligne).
  15. Ki-Chan Byeon, Les ouvrières de Paris : travail et famille, 1872-1914, volume 1, Presses universitaires du Septentrion, 802 p. (lire en ligne).
  16. Annie Kriegel, « Le dossier de Trotski à la Préfecture de Police de Paris - page 275 », sur http://www.persee.f (consulté le ).
  17. Notice Cedias.
  18. Annie Kriegel, « Le dossier de Trotski à la Préfecture de Police de Paris », sur http://www.persee.fr, (consulté le ).
  19. Confédération générale du travail unitaire (France), La Vie syndicale : bulletin mensuel de la Confédération générale du travail unitaire, (ISBN 22607390[à vérifier : ISBN invalide], lire en ligne), son effort et sa collaboration au recrutement et à la propagande. Le 2e congrès de la Fédération du Verre. Le vendredi 25 juillet s'est ouvert à Aniche, dans le spacieux hôtel du Syndicat des Verriers, situé au centre de cette cité ouvrière, le deuxième Congrès de la Fédération unitaire du Verre qui, depuis ses assises constitutives à Saint-Étienne, en juin 1922, a connu une notable progression dé ses effectifs presque doublés.
  20. Cf. notice Charles Delzant, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, tome 12, 1974, pages 17-18.
  21. « CGT Xe congrès XVI congrès national corporatif », sur http://www.ihs.cgt.fr, (consulté le ).
  22. Hélène Carrère d’Encausse, Lénine, Fayard, 1998, p. 32.
  23. (fr) Aurore Cresson, « La propagande de l’école soviétique : les images-idées », consulté le 23 avril 2008
  24. (fr) Gabriel Chomentowski, « Aperçu du cinéma russe contemporain », consulté le 27 avril 2008
  25. Werth Nicolas (2001, rééd.). Histoire de l’Union soviétique : de l’Empire russe à l’Union soviétique, 1900-1990. Paris : PUF, collection : Thémis
  26. C'était le 19 mars 1895, à midi…, lexpress.fr, 16/03/1995
  27. La première séance publique payante, sur le Site institut-lumiere.org
  28. Jean Jacques Meusy, Cinémas de France, 1894-1918 : une histoire en images, chez Arcadia, 2009
  29. séance plénière du Tribunal des délires des frères Bultez le 15/11/2012 salle Adelmant
  30. Olivier Poupion, Histoire du cinéma à Rouen 1892-1919, vol. 1, Rouen, (OCLC 470304143), « Léon Gaumont au Photo Club rouennais (1897/1899) », p. 38
  31. dr.dk - en danois
  32. World's oldest cinema is Danish, jp.dk, 6 août 2008
  33. Kino Pionner 1909 à Szczecin en Pologne - pl:Kino Pionier 1909
  34. réalisateur Bernard Pavelek musique de Redeuilh, « Prochainement nulle part », sur https://www.youtube.com, (consulté le ).
  35. Didier Margerin, « Manifestation ce vendredi matin devant Saint-Gobain Aniche », sur http://www.lavoixdunord.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • La Voix des verriers sur le site de Journaux collection. Voir en Ligne :[4]