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Dialectes du breton

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Le breton, comme beaucoup de langues, connaît des variétés dialectales. Il y a une faible variation de vocabulaire, infime différence de morphologie. Les différences les plus importantes sont phonétiques (place de l'accent et traitement de certains phonèmes).

KLTG

La répartition des différents dialectes.

On a coutume de distinguer quatre principaux dialectes du breton correspondant aux anciens évêchés bretonnants, bien que du point de vue linguistique ces limites se révèlent souvent arbitraires :

On distingue parfois également le dialecte du Goëlo, parlé dans la région de Paimpol, généralement considéré comme inclus dans le trégorrois, mais qui fait historiquement partie du dialecte oriental (Erwan Vallerie)[1]. Les différences les plus notables concernent la prononciation /v/ ou /f/ des terminaisons -v là ou les autres dialectes prononcent /o/, /w/, ..., et l'affaiblissement de l'uvulaire c'h (ainsi, c'hwerv /χwɛʁw/, amer en français, se prononce localement /wɛʁf/).

Il est bon également de distinguer le breton de Batz-sur-Mer, près de Guérande, (ou breton du Pays nantais) qui a perduré jusqu'au milieu du XXe siècle, et qui est suffisamment différent du breton vannetais pour être traité à part [1]. En Loire-Atlantique, le voyageur et écrivain Arnold von Harff a aussi relevé quelques phrases du breton de Nantes tel qu'il était parlé à la fin du XVe siècle.

Le sigle KLTG provient des initiales des noms bretons des diocèses correspondants (Kernev/Bro Gernev, Leon/Bro Leon, Treger/Bro Dreger, Gwened/Bro Gwened)

Ces dialectes comprenennents eux-mêmes des sous-variantes (le goëlloard étant l'un des plus marqués).

Le vannetais étant relativement plus distinct des autres, il est usuel d'opposer ces derniers (KLT) au vannetais. D'ailleurs, les deux koinès écrites étaient basées l'une sur le léonard et l'autre sur le vannetais (cf l'orthographe du breton).

Erwan Vallerie[1] distingue historiquement un dialecte oriental regroupant le vannetais, le breton du Goëllo et l'extrême est de la Cornouaille, à un dialecte occidental qui rassemble le reste.

En effet, le vannetais diffère notamment des autres variétés par :

  • un accent de longueur généralement sur la dernière syllabe et non un accent tonique généralement sur la pénultième comme en KLT.
  • une palatalisation des /k/ et /g/ plus systématique.

Standard central et pôles archaïques

Bien entendu, les langues ignorent les frontières. De même, les différences dialectales apparaissent progressivement (cf continuum linguistique). Aussi ce découpage doit cependant être relativisé.

Aussi les linguistes modernes[2] distinguent plutôt une vaste zone centrale recouvrant un peu plus que la Cornouaille et des pôles « archaïsants » (ou conservateurs), principalement le léonard et le vannetais.

Les centres de prestige archaïsant (Saint-Pol-de-Léon et Vannes) ont donné naissance aux deux standards écrits historiques (cf. l’orthographe du breton).

La vaste zone centrale a quand-elle donné naissance à un breton « moyen » (parfois appelé « breton de Carhaix »). Il est fortement probable que ce sont les carrefours de route et les échanges économiques qui ont conduit à cette évolution. Ce breton moyen s'est progressivement étendu, isolant le breton du Goëlo (qui par certains traits est proche des archaïsmes léonais), mordant dans le domaine du vannetais en s'infiltrant par les routes.

La très grande majorité des innovations linguistiques s'est opérée dans cette zone centrale.

Innovations linguistiques

La zone centrale a été à l'origine de nombreuses innovations linguistiques qui se sont ensuite progressivement diffusées vers les autres régions.

Les poles archaïsants ou conservateurs se caractérisent par la persistance de tournures ou de mots tombées en désuétude dans la zone centrale (et de ce fait plus proche du vieux breton et parfois du gallois et du cornique).

Par exemple, il existe deux tournures pour rendre le pronom objet, l'une conservatrice, l'autre « moderne ». Les deux tournures sont comprises partout mais la forme ancienne est majoritairement utilisée en Léon et en Vannetais. Dans la zone centrale, la forme moderne est la plus usuelle; cependant la forme ancienne reste utilisée dans des tournures figées, notamment religieuses (ie : « Ni ho salud Itron Varia », dont le pendant en français est « Je vous salue Marie »).

Tournure archaïsante Tournure innovée Cornique Traduction
Me he c’har Me a gar anezhi My a's kar Je l’aime (elle)
N’az klevan ket Ne glevan ket ac’hanout Ny'th klewav Je ne t’entends pas
Ma gwelet a rez Gwelet a rez ac’hanon Ow gweles a wredh Tu me vois
Deuit d’am sikour Deuit da sikour ac’hanon Dewgh dhe'm gweres Venez m’aider

Il existe d’autres innovations comme :

  • la régularisation de la conjugaison du verbe avoir dans l’est (’meump, ’neunt, …) (a contrario l’infinitif régulier bezañ est apparu au nord-ouest tandis que bout reste employé ailleurs),
  • régularisation de la conjugaison de gouzout sur une base verbale quelconque,
  • régularisation des formes fléchies de la préposition a à l'oral,
  • etc.

Un autre exemple concerne le tutoiement. Dans une vaste zone au sud, le tutoiement, même s'il est compris, est tombé hors d'usage ou n'est qu'utilisé qu'entre femmes ou envers les enfants.

La prononciation

Les dialectes « conservateurs » tendent à prononcer presque tout, alors que dans la zone centrale, il est très courant que l'accent tonique soit tellement fort que ce qui n'est pas accentué (particules verbales, phonèmes post toniques, ...) tende à s'élider. Selon le niveau de langue (chant, discussion entre familiers, adresse à un officiel, ...), les phrases sont plus moins contractées.

Exemples :

  • le mot kenavo (« salut/au-revoir ») peut se prononcer kenavezo, kenavo, kenvo, keno, ...
  • « plijout a ra din » (« ça me plait ») peut se prononcer de /plijoudaradin/ à /plij'radin/
  • le mot peogwir (« parce que », littéralement « parce qu'il est vrai que ») peut se prononcer /pazeogwir/, /pegwir/, ...

Les isoglosses distinguant le traitement du z (anciens th et d : /z/, rien ou /h/) et du v (/v/, /w/ ou rien) intervocaliques recouvrent à peu près les limites de ces zones.

Le chuintement, la palatalisation, la modification de certains points de flexion, les pseudo mutations telles que ch/j, la disparition ou l'apparition de diphtongues, ... sont d'autres phénomènes qui varient à l'oral.

Notes et références

  1. a et b Erwan Vallerie, Traité de toponymie historique de la Bretagne, An Here, 1995.
  2. * François Falc'hun, L'Influence des routes sur la situation des langues et des dialectes en Bretagne. Extrait Des Mémoires De La Société D'Histoire Et D'Archéologie, 1950
    • François Falc'hun, Histoire de la langue bretonne d'après la géographie linguistique, 1963

Liens internes

Liens externes