Anarchisme en Allemagne

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Anarchisme en Allemagne
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Événements Lois antisocialistes
Révolution allemande de 1918-1919
Résistance allemande au nazisme
Mouvements sociaux de 1968 en Allemagne et Europe de l'Est
Personnalités Max Stirner
Gustav Landauer
Erich Mühsam
Rudolf Rocker
Augustin Souchy
Arthur Lehning
Ernst Toller
B. Traven
Helmut Rüdiger
Ernst Friedrich
Structures Association libre des syndicats allemands
Union libre des travailleurs d'Allemagne
Association internationale des travailleurs (anarcho-syndicaliste)
Presse Die Internationale
Der Syndikalist
Die Einigkeit
Anarchisme par zone géographique

L'anarchisme en Allemagne a une longue tradition, irradiant aussi bien le mouvement ouvrier que le monde intellectuel et culturel.

Introduction[modifier | modifier le code]

De la fin du XIXe siècle à 1933, l’anarchisme allemand se décline en plusieurs sensibilités qui, sauf en de rares circonstances, n’ont jamais pu se fédérer.

Max Stirner, portrait par Friedrich Engels.

De 1933 à 1945, l’anarchisme est mis hors la loi : les militants sont arrêtés, assassinés ou déportés dans les camps de concentration, la presse anarchiste interdite, les livres et les brochures sont brûlés.

Max Stirner et l'anarchisme individualiste[modifier | modifier le code]

Association internationale des travailleurs et propagande par le fait[modifier | modifier le code]

Socialistes et communistes libertaires[modifier | modifier le code]

Gustav Landauer.

En 1891, Gustav Landauer fonde le journal Der Sozialist (de) (Le Socialiste).

En 1904, les communistes libertaires se rassemblent autour du journal Der Freie Arbeiter avant de fonder, en 1919, la Föderation Kommunistischer Anarchisten Deutschlands (de).

En 1908, Gustav Landauer, Erich Mühsam, Martin Buber et Margarethe Faas-Hardegger forment la Sozialistischer Bund (de) (Ligue socialiste), une fédération très décentralisée de groupes anarchistes, qui envisage de contrecarrer le déclenchement inévitable de la Première Guerre mondiale par une grève générale.

La révolution allemande de 1918-1919[modifier | modifier le code]

De 1917 à 1921, B. Traven publie le journal anti-guerre Der Ziegelbrenner (de).

Anarcho-syndicalisme[modifier | modifier le code]

La FAUD[modifier | modifier le code]

Congrès de 1922.

L'Union libre des travailleurs d'Allemagne (FAUD) des années 1920 est le seul mouvement libertaire de masse de l'histoire allemande.

Ce n'est pas seulement un syndicat, mais aussi un mouvement culturel, une organisation de jeunesse, la Jeunes Anarchistes-Syndicalistes d'Allemagne (influencée fortement par Ernst Friedrich), un service de rééditions et de distribution de livres, la Gilde freiheitlicher Bücherfreunde (de) (Guilde libre des amis du livre), ainsi qu'une organisation féminine, l'Union féminine syndicaliste (de) (Fédération des femmes syndicalistes) fondée en 1921 par Milly Witkop.

L'AIT[modifier | modifier le code]

Rudolf Rocker.

En à Berlin, la FAUD organise le congrès fondateur de l'Association internationale des travailleurs (anarcho-syndicaliste), sont présents les délégués de 16 organisations représentant 11 pays et deux millions de membres.

La résistance contre les nazis[modifier | modifier le code]

Les anarcho-syndicalistes combattent les nazis de manière violente avec les Schwarze Scharen (Foules noires), une milice d'environ 500 membres.

Les anarcho-syndicalistes en exil fondent en 1933-1934 le groupe « Deutsche Anarcho-syndikalisten » (DAS, Anarcho-syndicalistes allemands) avec un bureau à Amsterdam.

En 1936, beaucoup de militants partent en Espagne pour participer à la révolution sociale. Le bureau de Barcelone de la DAS comprend une vingtaine d'entre eux comme Helmut Rüdiger, Augustin Souchy, mais aussi des intellectuels allemands comme le critique littéraire Carl Einstein

Julius Nolden, ouvrier métallurgiste et militant anarcho-syndicaliste de la FAUD, est une figure de premier plan de la résistance anti-nazie en Rhénanie[1]. Le , il est condamné par le Tribunal du peuple de Berlin à une peine de dix ans de réclusion pour « préparation d'une entreprise de haute trahison avec circonstances aggravantes »[2]. Il purge sa peine dans le pénitencier de Lüttringhausen jusqu'à sa libération par les Alliés le [3].

Après la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En Allemagne de l'Est[modifier | modifier le code]

En République démocratique allemande, des libertaires s'opposent ouvertement au nouveau régime communiste, tels Wilhelm Jelinek (de) qui meurt en 1952 au Justizvollzugsanstalt Bautzen (de) ou Zenzl Mühsam (de) internée au goulag soviétique.

En Allemagne de l'Ouest[modifier | modifier le code]

En 1947, est fondée la Fédération des socialistes libertaires (de) qui publie Die freie Gesellschaft (de) (La société libre) de 1949 à 1953.

De 1947 à 1978, Willy Huppertz (de) publie le journal Befreiung (de) (Libération).

Des années 1960 aux années 2000[modifier | modifier le code]

La manchette du premier numéro de Wir wollen alles en 1973.

Le mouvement étudiant des années 1968-1969 met en œuvre des pratiques anti-autoritaires, Rudi Dutschke en est le militant le plus notoire.

En 1968-1969, Bernd et Karin Kramer fondent à Berlin une maison d'édition libertaire, Karin Kramer Verlag (de) qui réédite des textes classiques de l'anarchisme et organise, en 1971, un colloque consacré à la révolte de Kronstadt de 1921.

Daniel Cohn-Bendit, après son expulsion de France, rencontre Joschka Fischer dans un groupe spontanéiste, Revolutionärer Kampf (Combat révolutionnaire). Joschka Fischer le décrit comme un « mouvement anarcho-mao-spontex »[4]. À Francfort, est publié le journal Pflasterstrand (« Plage pavée », à mettre en relation avec le « Sous les pavés, la plage », de mai 68, en France). Daniel Cohn-Bendit, qui en a été rédacteur, parle du « magazine de référence du milieu anarchiste à Francfort ("Sponti-Szene") »[5].

D'autres journaux sont publiés comme Linkeck (de) ou Agit 883 (de) par Peter-Paul Zahl (de)à Berlin.

Dans les années qui suivent, de nouvelles éditions libertaires apparaissent : Libertad Verlag (de), Trotzdem Verlag (de), Edition Nautilus (de) (Hambourg), Verlag Weber & Zucht (de) (Kassel), Graswurzelrevolution (de), Verlag Klemm & Oelschläger (de) (Ulm) ou Unrast Verlag (de).

Lutte armée (1969-1980)[modifier | modifier le code]

En 1969, des groupes proches du situationnisme fondent la Zentralrat der umherschweifenden Haschrebellen (de) (Les Rebelles fumeurs de hachisch dérivants).

Le Mouvement du 2-Juin est fondé en . Son nom fait explicitement référence à la date du , jour où, lors d'une manifestation contre la visite officielle de Mohammad Reza Pahlavi (Shah d'Iran), l'étudiant Benno Ohnesorg est tué par Karl-Heinz Kurras, un agent de police de Berlin-Ouest travaillant secrètement pour le ministère de la Sécurité d'État est-allemande.

L'opération la plus importante du mouvement est l'enlèvement de Peter Lorenz le . Lorentz était le candidat de la CDU pour la mairie de Berlin. Le mouvement obtint la libération de quatre de ses membres, qui s'envolent le pour Aden, en Yémen du Sud. Lorentz est libéré le lendemain.

Époque contemporaine[modifier | modifier le code]

Parmi les mouvements sociaux des années 1970, 80 et 90 comme le mouvement feministe, écologiste, le mouvement pour la paix, trois courants libertaires ont survécu jusqu'à nos jours.

Antimilitarisme et pacifisme[modifier | modifier le code]

Logo de la Föderation Gewaltfreier Aktionsgruppen (FöGA).

Le journal anarchiste non-violent Graswurzelrevolution (de) (Révolution des racines d'herbe) est fondé en 1972.

Très présents dans le mouvement antinucléaire, ces partisans de l'action directe non-violente, participent à la création de la République libre de Wendland, une ville libertaire alternative de 1000 militants en sur le site nucléaire de Gorleben.

En 1980 est fondée la Föderation Gewaltfreier Aktionsgruppen (de) qui se réclame de le l'anarchisme non-violent et de la désobéissance civile.

Anarcho-syndicalisme[modifier | modifier le code]

En 1977, une nouvelle organisation anarcho-syndicaliste est créée, la Freie Arbeiter-Union qui publie le journal Direkte Aktion (de).

Le mouvement autonome et antifa[modifier | modifier le code]

Manifestation (Black Bloc) pour le Rote Flora en 2011.

Le mouvement autonome, présent depuis 1975 en Allemagne, tire ses racines du mouvement italien d'autonomie ouvrière, entre le communisme des conseils et l'anarchisme.

Les origines des Black Bloc sont liées aux autonomes allemands de Berlin-Ouest au début des années 1980. Le terme de Black Bloc provient de la Stasi qui surnommait ainsi ces petits groupes d'anarchistes ou d'autonomes, cagoulés et vêtus de noir.

Depuis les années 1980, le mouvement Antifa est composé, pour partie, d'une tendance libertaire.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Jean-Marie Tixier, La résistance allemande au nazisme, Anarchisme et non-violence, , lire en ligne.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Vincent Chambarlhac, Michael Baumann. Passages à l'acte. Violence politique dans le Berlin des années 70, Paris, Nautilus, 2008, revue électronique Dissidences, Bibliothèque de comptes rendus : , , lire en ligne.
  • (de) Patrick von zur Mühlen, Spanien war ihre Hoffnung. Die deutsche Linke im Spanischen Bürgerkrieg 1936 bis 1939, Bonn 1985.
  • (de) Andreas G. Graf (ed.), Anarchisten gegen Hitler. Anarchisten, Anarcho-Syndikalisten, Rätekommunisten in Widerstand und Exil, Berlin, 2001.
  • (de) Rudolf Berner, Die unsichtbare Front. Bericht über die illegale Arbeit in Deutschland (1937), Berlin/Köln 1997.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de)Ulrich Klan, Dieter Nelles, Es lebt noch eine Flamme : rheinische Anarcho-Syndikalisten/-innen in der Weimarer Republik und im Faschismus, Trotzdem-Verlag, 1986, page 170.
  2. L'Éphéméride anarchiste : Julius Nolden.
  3. Jean-Marie Tixier, La résistance allemande au nazisme, Anarchisme et non-violence, 11 novembre 2007, lire en ligne.
  4. Daniel Cohn-Bendit, Nous l'avons tant aimée, la révolution, Editions Bernard Barrault, 1986, page 166.
  5. Daniel Cohn-Bendit, auto-présentation.