Radio en France

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Malgré quelques tentatives dès la fin du XIXe siècle, la radio ne s'est développée en France que pendant l'entre-deux-guerres. Après des années sombres entre 1940 et 1944, la radio devient un monopole d'État. Elle est « libérée » en 1981, sous l'influence de François Mitterrand.

Histoire de la Radio en France

Les premières émissions

Le , Eugène Ducretet fait une démonstration publique de transmission par « télégraphie sans fil » entre la Tour Eiffel et le Panthéon. Suite aux travaux de l'Américain Lee De Forest (1906), on passe de la « télégraphie sans fil » à la « téléphonie sans fil ».

À cette époque, l'usage de la radio se limite aux usages militaires et maritimes, mais la Marine nationale utilise la TSF dès 1905. On installe de nombreux émetteurs, tant en métropole que dans les colonies et, en 1906, l'armée de terre place ses émetteurs sur la tour Eiffel. Les PTT utilisent également la TSF pour des liaisons de télégraphie. Les événements de la Grande Guerre conduisent, à partir du , à encadrer strictement l'usage de la radio.

La radio d'une guerre à l'autre

La paix retrouvée, deux choix s'offrent aux pouvoirs publics : établir un monopole au profit de l'État (cas de la majorité des pays), ou bien laisser se développer des radios privées. On décida de créer des radios d'État tout en laissant se développer les radios privées. C'est le début de l'épopée radiophonique en France. La première émission de radio en France destinée au public eut lieu le par Radio Tour Eiffel. En 1922, la Société française radio-électrique (SFR) obtint une autorisation d'émettre et créa ainsi la première radio privée Radiola.

En 1939, on trouvait comme principales radios d'État à Paris :

  • Radio Tour Eiffel qui émit du à .
  • Radio Paris, créée privée, elle émit à partir du sous le nom de Radiola par la Société française radio-électrique (SFR). Elle fut renommée le puis elle fut nationalisée le . Après , Radio Paris continua à émettre mais sous contrôle des collaborateurs et des nazis, d'où la ritournelle (sur l'air de la Cucaracha) « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ».
  • Radio PTT qui émit du à .
  • Paris Mondial qui émit du au . Appelée à l'origine Poste colonial, elle émettait en une vingtaine de langues et est l'ancêtre de l'actuelle RFI.

À Paris, il existe aussi des radios privées : Poste Parisien, Radio Cité (à l'origine Radio LL), Poste de l’Ile de France (à l'origine Radio Vitus) ou Radio 37. (Voir également l'article détaillé : Radio à Paris)

Les Postes d'émissions se multiplient aussi en province, soit d'initiative soit publique (PTT), soit privée (généralement la SFR) : Radio Lyon (1924) et PTT Lyon-la-Doua (1925) à Lyon, PTT Marseille-Provence (1925) à Marseille, Radio Sud-Ouest (1924) et Radio Bordeaux-Lafayette (1926) à Bordeaux, Radio Toulouse (1925) et PTT Toulouse-Pyrénées (1925) à Toulouse, Rennes-Bretagne (1927) à Rennes, Radio Grenoble (1926) à Grenoble, Radio Alger (1926) à Alger, Lille PTT (1927) à Lille, Radio Juan-les-Pins (1927) à Cannes, Limoges PTT (1927) à Limoges, Radio Agen (1924) à Agen, Radio Montpellier (1925) et Montpellier-Languedoc (1929) à Montpellier, Radio Béziers (1926) à Béziers, Radio Strasbourg (1930) à Strasbourg, Radio Nîmes (1927) à Nîmes, Radio Normandie (1929) à Fécamp, Nice-Côte d'Azur (1931) à Nice, etc.

À l'étranger, Radio Luxembourg émet depuis le Grand Duché du Luxembourg à partir de 1933. Elle développe ainsi le phénomène des radios périphériques comme Radio Andorre qui émet depuis la Principauté d'Andorre à partir de 1939.

L'invasion allemande de met fin à cette période de développement.

La radio pendant la Seconde Guerre mondiale

De nombreuses radios cessèrent d'émettre au fur et à mesure de l'invasion allemande. Les radios qui subsistèrent furent fortement contrôlées. La principale de ces radios collaboratrices fut Radio Paris. Philippe Henriot fut un des piliers de la collaboration culturelle et de la propagande vichyste. Il fut assassiné par les résistants le . La France libre n'était pas en reste avec les émissions de Radio Londres. Les Allemands créèrent RMC en 1943. Durant la Seconde Guerre mondiale le régime de Philippe Pétain donne des subventions aux radios privées[1] :

Subventions mensuelles du régime de Vichy aux radios privées
Station Francs (1941) Euros (2002)
Radio-Toulouse 505 000 139 400
Radio-Lyon 205 000 56 600
Radio-Méditerranée 205 000 56 600
Radio-Nîmes 45 000 12 400
Radio-Agen 45 000 12 400
Radio-Montpellier 45 000 12 400

La nationalisation des radios

L'ordonnance du 23 mars 1945 établit le monopole d'État sur les stations de radio. Cependant, les années de guerre ont anéanti une grande part du réseau de transmission français. C'est sur un poste émetteur laissé par l'armée américaine qu'est créée une radio publique d'un style nouveau : c'est « Paris Inter ». Elle commence à émettre sur la région parisienne le 16 février 1947. Diffusée sur toute la métropole à partir de l'émetteur d'Allouis, elle sera baptisée plus tard France 1 puis RTF Inter.

Mais malgré le monopole, d'autres radios parviennent à émettre en France depuis l'étranger. Outre Radio Andorre dont les programmes continuèrent en espagnol et en catalan durant la guerre, et Radio Luxembourg et RMC, qui reprirent leurs programmes après la guerre, (programmes évidemment différents de ceux pro-allemands de la guerre pour RMC), une nouvelle radio périphérique (c'est comme cela que l'on appelait ces radios qui émettaient depuis des pays situés à la périphérie de la France) fut créée en 1955 : Europe n°1, devenue Europe 1 par la suite. Son ton moderne et tourné vers les jeunes (avec notamment la célèbre émission Salut les Copains) remporta un vif succès, à tel point qu'elle ringardisa bientôt Radio Luxembourg et Paris Inter surnommées alors « radios à papa » par la jeune génération férue de musique anglo-saxonne et notamment de rock'n'roll diffusée sur l'antenne d'Europe 1. Ces radios réagirent dans les années 60 en se modernisant et en changeant de nom (Paris Inter devint France Inter en 1963 et Radio Luxembourg devint RTL en 1966). Une autre radio périphérique importante commence à émettre dans le sud de la France au début des années 1960 : c'est Sud Radio, à partir d'un émetteur situé sur le territoire de la Principauté d'Andorre.

L'année charnière pour la radio est 1963. L'ORTF s'installe à la maison de Radio France, quai Kennedy à Paris. On opère aussi une réorganisation des réseaux. La grande station nationale généraliste « RTF Inter » devient France Inter. À côté, la RTF organise deux stations thématiques : France Culture (issue de la fusion de France III-National avec France II) et France Musique (ex-France IV Haute-Fidélité, créée en 1954). Deux autres suivront : France Inter Paris (1971, devenue FIP) et RFI (1975) (reprise de l'ancienne Paris Mondial). Ces stations existent toujours. Seule RFI a quitté le giron de Radio France.

En 1974 l'ORTF est démantelée et le secteur radio échoit à l'entreprise publique Radio France.

Deux phénomènes se développent en réaction à ce monopole : les radios périphériques et les radios pirates.

Des radios pirates aux radios libres

Les radios périphériques, plaçaient leurs émetteurs hors du sol français, mais le plus proche possible des frontières afin de pouvoir être reçues en France. Les principales étaient dans les années 1960 et 1970, RTL qui émettait depuis le Luxembourg, RMC à Monaco, Europe 1 émettait depuis la Sarre (en Allemagne), et Radio Andorre et Sud Radio qui émettaient depuis l'Andorre.

Mais de nombreuses autres radios se sont développées illégalement sur le sol français. On les appelait les radios pirates. Le phénomène se développa surtout à partir de la fin des années 1970. Il faut citer : Radio Campus à Villeneuve-d'Ascq, Radio cœur d'acier à Longwy et sur tout le bassin sidérurgique lorrain, Radio Ivre à Paris, Radio Verte à Béziers, Radio Active à Lyon, L'Eko des Garrigues et Radio Fil Bleu à Montpellier.

Consciente du phénomène, en 1980 Radio France lance cinq nouvelles stations : Radio 7 et Radio Bleue, ciblant pour l'une les jeunes et pour l'autre la « troisième jeunesse », ainsi que trois stations régionales : Fréquence Nord, Radio France Mayenne et Radio France Melun.

Malgré les efforts de Radio France, le monopole prend fin le . C'était une des promesses de François Mitterrand pour l'élection présidentielle. Les radios pirates deviennent des radios libres.

Jusqu'à nos jours

À partir de 1981, les radios ne sont plus illégales. Cependant, en raison des particularités propres à la communication par ondes radio, notamment l'attribution de fréquence, il apparaît très vite nécessaire de mettre en place une autorité qui puisse répartir les fréquences, de manière indépendante autant que faire se peut. La loi du crée la Haute Autorité de la communication audiovisuelle qui est chargée d'attribuer les fréquences et de garantir l'indépendance des radios qui restent dans le secteur public (celles de Radio France). La Haute autorité sera remplacée en 1986 par la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL), puis par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en 1989.

Afin que les autorisations d'émettre ne soient pas distribuées arbitrairement et pour garantir l'éclectisme de l'offre radio, des conditions ont été posées et chaque demande d'autorisation doit être accompagnée d'un cahier des charges qui décrit le type de programmes qui seront émis.

Le paysage français de la radio privée va se former progressivement. Les anciennes radios périphériques sont conservées, sauf Radio Andorre qui périclite. De nombreuses radios sont créées, souvent par des anciens des radios pirates. Dès 1981 naissent : NRJ (la Nouvelle Radio des Jeunes), Radio Nova, Radio Contact devenue Nostalgie, RFM ou encore Cité Future devenue Skyrock, ainsi que de très nombreuses radios locales.

Dans les années 1980, les radios ont très généralement un statut associatif. Elles peinent assez souvent à trouver des crédits et vivent de subventions publiques ou privées. Ce n'est qu'en 1984 que la publicité sera officiellement autorisée à la radio. De 1981 à 1984, TDF brouillera (sur ordre du pouvoir) des radios de droit privé faisant de la publicité et dont les émetteurs étaient en Italie ; citons Radio Midi, Radio K ou encore Radio Vingt Mille (basée à Vintimille, en Italie).

L'offre radiophonique publique évolue elle aussi : France Info est créée le . Une quarantaine de radios locales sont aussi créées par Radio France, elles seront unifiées en 2000 dans le réseau France Bleu. En 1997, Le Mouv' est créé, elle vise le public jeune.

Au fur et à mesure, les différentes radios vont être réunies au sein de quelques grands groupes comme RTL Group regroupant les radios RTL, RTL2 et Fun radio, NRJ Group regroupant les radios NRJ, Nostalgie, Chérie FM et Rire et Chansons, NextRadioTV regroupant les radios RMC et BFM ou encore Lagardère Active regroupant les radios Europe 1, Virgin Radio (anciennement Europe 2) et RFM. Certains voient dans ces conglomérats une diminution de la liberté des radios. Toutefois, les radios associatives restent très nombreuses, au nombre de 600, et détiennent un tiers des fréquences analogiques allouées au secteur privé sur tout le territoire et les collectivités d'outre-mer. Elles sont regroupées au sein d'une organisation professionnelle qui tire sa légitimité de l'article 29 de la Loi de 1986 sur la Liberté de Communication, le Syndicat national des radios libres (SNRL) présidée par un magistrat.

En 1991, le CSA décida d'attribuer une fréquence unique aux radios d'autoroutes. On leur réserva 107,7 MHZ en isofréquence, à la limite de la bande FM. Aujourd'hui cinq stations se partagent le territoire, chacune affiliée à une société concessionnaire d'autoroute.

Quelques dates de l'histoire de la radio

Radio et actualités

  •  : le premier journal parlé est émis sur Radiola initié par Maurice Vinot.
  •  : le premier reportage en direct a lieu toujours sur Radiola depuis la Salle Wagram, c'est un match de boxe.
  • Avril- : première campagne électorale radiodiffusée.

Radio et sport

  •  : premier reportage en quasi-direct du match de boxe Carpentier-Nilles, sur Radiola.
  •  : première retransmission en direct du Tour de France.
  • Été 1936 : retransmission radiophonique en direct des Jeux Olympiques de Berlin.

Radio et culture

  • 1925 : Radio Mont-de-Marsan parvient à relier une platine disque (alors appelé pick-up) à un micro. Cette innovation, imaginée par le technicien de la station M. Trubert permet la radiodiffusion de disques avec une bonne qualité sonore. Jusque-là, on devait en effet se contenter de placer un micro devant un haut-parleur, occasionnant une perte de qualité du son. On préférait alors faire jouer en direct des orchestres. Dans les deux ans qui suivent, toutes les stations de France s'équipent de pick-up.
  • Avril- : naissance du « crochet radiophonique » sur Radio Cité.
  • 1937 : le Poste Parisien lance l'émission « Les Incollables » qui sera ensuite déclinée sur RTL sous le titre des « Grosses têtes ».

Radio et religion

  •  : premiers sermons religieux radiodiffusés (Radio Paris).

Les catégories de radios en France

En France, on différencie les radios publiques et privées.

  • Il existe en France cinq catégories de radios privées définies par le Conseil supérieur de l'audiovisuel :
    • catégorie A : radios associatives, notamment radios associatives communautaires de proximité ; elles sont éligibles au Fonds de soutien à l'expression radiophonique si les revenus commerciaux provenant de la publicité sont inférieurs à 20 % de leur chiffre d’affaires ;
    • catégorie B : radios commerciales indépendantes ; entrent dans cette catégorie les radios locales ou régionales commerciales qui ne sont pas affiliées à un réseau national ;
    • catégorie C : radios commerciales locales ou régionales diffusant le programme d'un réseau thématique à vocation nationale ; entrent dans cette catégorie les stations locales ou régionales qui sont affiliées ou abonnées à un réseau national (par exemple : NRJ, Fun Radio, RTL 2, RFM, Virgin Radio) ;
    • catégorie D : radios commerciales thématiques à vocation nationale ; entrent dans cette catégorie les radios diffusant le programme d'un réseau thématique national sans décrochage régional (par exemple : BFM Business, NRJ, Radio Classique, RTL 2, Virgin Radio, etc.) ;
    • catégorie E : radios commerciales généralistes à vocation nationale ; entrent dans cette catégorie les trois radios généralistes nationales (Europe 1, RTL et RMC) qui étaient désignées radios périphériques avant 1982 puisqu'elles émettaient en grandes ondes depuis des émetteurs situés à l'étranger (Europe 1 depuis Felsberg en Sarre (Allemagne) ; RTL depuis Junglister au Luxembourg ou encore Sud Radio (France) qui diffusait depuis Andorre ; RMC proche de Roumoules (Alpes-de-Haute-Provence), bien que de droit monégasque, possède son émetteur en territoire français) ;

Les radios peuvent être catégorisées par le type des programmes qu'elles diffusent :

  • Radios généralistes : émissions d’information, de service, de distraction ou encore de musique. Exemples : Europe 1, RTL, France Inter, France Bleu, RMC Info.
  • Radios (multi)thématiques : émissions centrées sur une ou plusieurs thématiques. Exemples: BFM (questions économiques), Radio Classique (musique classique et information financière).
  • Radios de proximité : zone de diffusion limitée et émissions d’informations locales et de musique.
  • Radios communautaires : émissions destinées à une communauté particulière de la société. Exemples : Beur FM, Radio Latina, Fréquence protestante, Radio Notre-Dame, etc.
  • Radios internationales : diffusion de programmes nationaux à l’étranger ou des programmes étrangers dans leur langue d’origine en France. Exemples : RFI, BBC, etc.

Plus de mille opérateurs se partagent les fréquences FM réservées au secteur privé. Les autorisations d'émettre sont délivrées par le CSA pour une durée de cinq ans renouvelable deux fois. Les stations concluent avec le CSA une convention qui fixe leurs obligations, notamment en matière de contenu du programme, de publicité et de proportion de chansons françaises.

Les stations de radio françaises

Notes et références

  1. Dans Fabrice d’Almeida, Christian Delporte, Histoire des médias en France, de la Grande Guerre à nos jours, Paris, Flammarion, Collection Champs-Université, 2003, p. 108.

Voir aussi

Articles connexes

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