Salut les copains (émission de radio)

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Salut les copains (émission de radio)
Création 1959
Disparition mai 1969
Diffusion
Pays Drapeau de la France France
Station Europe n° 1
Langue Français

Salut les copains (abrégé en SLC) est une émission de variétés radiophonique (pop) lancée le 19 octobre 1959 sur Europe 1 par Frank Ténot et Daniel Filipacchi (sur une idée de Jean Frydman[1]).

Le titre de l'émission est emprunté à la chanson de Gilbert Bécaud, sortie en 1958 et dont le texte est signé Pierre Delanoë, à l'époque directeur des programmes d'Europe n°1 avec Lucien Morisse[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Première formule[modifier | modifier le code]

Salut les copains est lancée durant l'été 1959 sous forme hebdomadaire, le jeudi, jour alors sans école, et dure une demi-heure. La présentatrice, Cindy, originaire des États-Unis, s'adresse à son chat pour présenter une sélection de disques (pas encore issus du mouvement Yé-yé). Daniel Filipacchi (dit Onc' Dan) remplace assez rapidement le chat, puis se retrouve l'unique animateur après que Cindy soit retournée aux États-Unis[3].

Seconde formule[modifier | modifier le code]

L'émission passe dès le de la même année 1959 à une fréquence quotidienne, du lundi au vendredi entre 17 h et 19 h. Les lycéens couraient, à la sortie des classes, pour aller écouter leur émission sur leur petite radio transistor. Elle aurait réuni jusqu'à 40 % des 12-15 ans[4].

Ce succès est relayé par le magazine mensuel Salut les copains, lancé en . Il va vite s'avérer un vrai phénomène de presse avec une diffusion de l'ordre d'un million d'exemplaires. Puis, ce sera le pendant féminin Mademoiselle Âge tendre. Pour le duo Daniel Filipacchi - Frank Ténot, ce sera le début d'un empire de presse qui comprendra Elle, Paris Match ou Télé 7 Jours).

L'émission révèle le soir du une puissance de mobilisation que personne n'aurait pu imaginer auparavant. Sans aucune autre promotion que quelques annonces passées les deux ou trois jours précédents au micro de SLC, faisant savoir que se tiendrait un concert gratuit avec Danyel Gérard, Les Gam's, Les Chats Sauvages avec Mike Shannon, Richard Anthony, Sylvie Vartan[5] et surtout Johnny Hallyday en vedette place de la Nation à Paris[6], quelque 150 000 jeunes[7] accourent sur les lieux. Du jamais vu. Les observateurs, journalistes, responsables du maintien de l'ordre, et jusqu'aux organisateurs eux-mêmes, sont stupéfaits. L'événement entre dans l'histoire comme la « folle nuit de la Nation »[8], prémices de mai 68. Le sociologue Edgar Morin invente alors le terme "Yé-yé" pour décrire ce phénomène générationnel dans trois articles publiés par Le Monde.

L'apogée de l'émission se situe entre 1961 et 1967. À partir de 1966, le marché de la variété musicale pour les jeunes commence à se stratifier par âges et goûts, et donc à se segmenter entre styles différents (la rivalité entre Antoine et Johnny Hallyday est à cet égard un épisode significatif). De plus, sont apparues sur les autres radios des émissions dont la concurrence se fait de plus en plus sentir. Surtout sur RTL où Minimax du Président Rosko qui importe le rythme frénétique et le ton des « radios pirates » anglaises, triomphe chez les amateurs de pop britannique, et aurait dès fin 1966 dépassé l'audience de SLC.

Elle est déprogrammée, non dans l'indifférence générale, neuf ans après sa création, fin mars 1968, remplacée par Super SLC animé par Hubert Wayaffe et réalisé par Marie-France Brière pendant une petite année. Une partie de l'équipe de SLC (le réalisateur Michel Brillié, l'assistante Sylvie Jouffa alors Roterman) va rejoindre François Jouffa puis Michel Lancelot pour la nouvelle émission du soir Campus. Peu avant, Johnny Hallyday prononçait cette cruelle oraison funèbre : « Il vaut mieux qu'elle crève. Elle est devenue complètement ringarde. Même les enfants ne sont pas assez débiles pour l'apprécier, désormais »[9].

Retour dans les années 1990[modifier | modifier le code]

S.L.C-Salut les Copains revient à l'antenne au cours des années 1990, notamment lors des saisons estivales de la fin de la décennie. La présentation est assurée par Karen Cheryl. Michel Brillié fera revivre Salut les Copains le dimanche matin dans les années 1980, et l'on peut considérer Vinyl Fraise de François Jouffa, chaque après-midi de l'été 1991 à l'été 1996, comme un hommage nostalgique à l'émission devenue culte.

Présentateurs[modifier | modifier le code]

Outre Daniel Filipacchi et son ami associé Frank Ténot, Michel Poulain, Michel Brillié, Monty, Jean-Bernard Hébey ont présenté cette émission[10]. La programmation et la réalisation étaient de Josette Sainte-Marie et Michel Poulain, la pub en direct était assurée par Annik Beauchamps (qui deviendra Madame Inter sur Radio France), puis par Madeleine Constant..

Les rubriques de Salut les copains[modifier | modifier le code]

Une partie du succès de l'émission, outre le ton décontracté inimitable de Filipacchi, venait du fait qu'on ne se contentait pas d'y passer simplement des disques à la suite comme sur les autres stations. Elle possédait une structure, des rubriques, un concept, devenant même un rituel incontournable apprécié par de nombreux fans :

Le chouchou de la semaine[modifier | modifier le code]

Diffusé en début et en fin d'émission, ainsi qu'à la reprise après la grande pause pub de milieu d'émission, il était assuré de 15 passages aux heures de plus grande écoute la semaine où il était choisi. Le passage en chouchou n'était toutefois pas une garantie de montée du disque au hit-parade. Ainsi, après l'énorme succès de Yeh yeh par Georgie Fame, sa chanson suivante Getaway fut programmée en chouchou, mais sans pour autant devenir un « tube » comparable.

Gros plan[modifier | modifier le code]

Coup de projecteur sur un groupe ou un artiste dont on passait trois chansons successivement. Cette rubrique aida rapidement le public à se familiariser avec le "son" d'artistes moins connus, et ainsi à les apprécier. Il arrivait dans certains cas (par exemple les Nashville Teens) que les artistes en question fussent présents sur le plateau et interviewés par Daniel. Sans oublier en interview live la présence des ... Beatles en 1965.

Coup de chapeau (coin du spécialiste)[modifier | modifier le code]

Une même chanson exécutée dans trois versions, et parfois dans deux langues, différentes. Les reprises de « standards » du rock ainsi que les nombreuses traductions françaises de succès anglo-américains permettaient de fournir régulièrement cette rubrique. Exemple typique : trois versions de Mercy (la version blues originale, et deux contemporaines dont celle des Rolling Stones). La rubrique Le Musée diffusait des vieux classiques datant de deux-trois ans à peine, tant tout allait vite dans ces années-là.

Hit Parade[modifier | modifier le code]

Dès son lancement sur Europe nº 1 en 1959, l'émission radiophonique « Salut les Copains » a déjà sa rubrique « Hit-parade » présenté tous les jours à 17h par Daniel Filipacchi.

Flashes

Les flashes d'information de la rédaction d'Europe n°1 étaient assurés par le journaliste André Arnaud, par ailleurs auteur de la rubrique Copains Flashes dans le mensuel Salut les copains. Diffusés à 17 heures et 18 heures, ces flashes comportaient régulièrement des reportages pop ou rock de François Jouffa et ses interviews exclusives de tous les plus grands chanteurs, Beatles, Rolling Stones, Bob Dylan ou Johnny Hallyday.

9 novembre 1964[modifier | modifier le code]

Voici le Hit Parade du radiodiffusé sur les ondes de Europe n°1[11] :

  1. Le Pénitencier - Johnny Hallyday
  2. Que c'est triste Venise - Charles Aznavour
  3. Amsterdam - Jacques Brel
  4. S'il fallait tout donner - Enrico Macias
  5. Ce monde - Richard Anthony
  6. Donna Donna - Claude François
  7. Vous permettez, Monsieur ? - Salvatore Adamo
  8. Cowboy - Romuald Figuier
  9. Ma vie - Alain Barrière
  10. L'homme en noir - Sylvie Vartan

Générique et jingles[modifier | modifier le code]

Générique[modifier | modifier le code]

L'indicatif musical du premier générique de SLC a été Rat Race de Count Basie. Daniel Filipacchi était déjà le coanimateur avec Frank Ténot d'une autre émission culte d'Europe n°1, Pour ceux qui aiment le jazz, le soir. D'où le choix de ce morceau. Suivit Brother Daniel, composé par l'organiste américain Lou Bennett en hommage à Daniel Filipacchi. Le titre figure sur le premier album de Lou Bennett, Amen.

L'indicatif musical qui a marqué le plus les auditeurs de l'émission a été sans doute Last Night, instrumental des Mar-Keys. Les Mar-Keys étaient le premier groupe à développer le Memphis Sound, le son des studios Stax de Memphis (Tennessee).

Une version plus « française » du riff des Mar-Keys est devenue l'indicatif de SLC en 1962 : SLC Twist d'Eddie Vartan. Les breaks du début étaient conçus pour accueillir les voix de Petula Clark, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan.

Les modes se succédant en France, l'indicatif s'adaptait : après SLC Twist, Les Gamblers (groupe de Claude François) ont créé SLC Surf en 1964. Puis les Lionceaux ont joué SLC Jerk en 1965.

A suivi une période floue pendant laquelle l'indicatif a été joué par Bill Doggett (Hold It), puis par le David Rockingham Trio (Dawn), Lonnie Mack (Memphis), avant 1966, date de l'arrivée à l'antenne des jingles packages historiques de SLC, composés par Michel Colombier. À partir de cette période, l'indicatif reprend le thème SLC Salut les copains développé en version longue.

Jingles[modifier | modifier le code]

  • « Daniel, Boîte Postale 150, Paris 8e » (chanté)
  • « C'est chouchouuuu ! » (parlé)

Annexes[modifier | modifier le code]

Discographie[modifier | modifier le code]

  • Salut les copains, 50e anniversaire, Les cent tubes de Salut les copains, 4 CD, Europe 1/Universal Music/éd. Montparnasse, sorti le .
  • Box collector Salut les copains, 50e anniversaire, répliques en CD de vingt 45 tours mythiques, livret, poster de la photo emblématique réalisée par Jean-Marie Périer, Europe 1/Universal Music/éd. Montparnasse, sorti le .
  • Pop Culture. Interviews et reportages de François Jouffa 1964-1970. CD produit par Europe 1 et Frémeaux & Associés (référence FA5064), sortie en 2003. Diffusées dans les flashes d'information d'André Arnaud pendant Salut les Copains, ces perles sonores sont pratiquement les seuls témoignages qui nous restent du temps des idoles des jeunes.

Vidéographie[modifier | modifier le code]

  • Coffret Salut les copains, 50e anniversaire, 3 DVDs, Europe 1/INA/éd. Montparnasse, 2009.
  • Jingles de l'émission, 120 chansons des idoles des années 1960, interviews et actualités d'époque.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christophe Quillien, Nos années “Salut les copains” : 1959/1976, préface de Jean-Marie Périer, éd. Europe 1/Flammarion, coll. « Pop culture », (ISBN 978-2-0812-2166-6), .
  • L’Âge d’or du yéyé de François Jouffa et Jacques Barsamian, éditions Ramsay, 1983; réédité sous le titre Vinyl Fraise les années 60, éditions Michel Lafon, 1993.
  • Génération Johnny de François Jouffa et Jacques Barsamian, éditions Gründ, 2010.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Frydman, tableaux d'une vie publié in 2008, de Jean Frydman par le journaliste de Marianne2 Élie Barnavi - (ISBN 978-202-090818-4) <
  2. Biographie Pierre Delanoë
  3. "Le grand atelier Jean-Marie Périer", France Inter
  4. Franck Ferrand, « Salut les Copains », émission Au cœur de l'émission sur Europe 1, 14 septembre 2012
  5. http://5812-5812.blogspot.com/2012/02/la-nuit-de-la-nation.html / consulté le 2 septembre 2018.
  6. https://www.francetvinfo.fr/culture/johnny-hallyday/recit-22-juin-1963-johnny-enflamme-la-place-de-la-nation-c-a-ete-notre-woodstock-a-nous_2501721.html / consulté le 2 septembre 2018.
  7. Johnny Story, François Jouffa, 1979, p. 62, citation : « [...] l'événement de la Nation, avec une foule estimée entre 150000 et 200000 jeunes. »
  8. Pierre Robin, « La nuit de la nation d'Europe 1 », Cahiers d'histoire de la radiodiffusion, no 39,‎ décembre 1993-février 1994, p. 44-54 (ISSN 0752-0174)
  9. Cité par Danièle Heymann, L'Express, [1]
  10. Ma vie en vert, du showbiz au chaudron, Monty (chanteur) et Michel Bourdais, 2017, p.88 et 89, Éditions and Co (ISBN 978-2-916493-51-0)
  11. Alain Hidoine, « Hit-parade Europe nº1 », sur chartsinfrance.net,