Palais du Luxembourg
Destination initiale |
Résidence de Marie de Médicis |
---|---|
Destination actuelle |
Siège du Sénat français |
Style | |
Architecte | |
Construction | |
Commanditaire | |
Occupant | |
Propriétaire | |
Patrimonialité |
Classé MH (, ) |
Site web |
Commune |
---|
Coordonnées |
---|
Le palais du Luxembourg, situé dans le 6e arrondissement de Paris dans le nord du jardin du Luxembourg, est le siège du Sénat français, qui fut installé en 1799 dans le palais construit au début du XVIIe siècle, à la suite de la régence de la reine Marie de Medicis. Il appartient au domaine de cette assemblée qui comprend également, à proximité du palais, l'hôtel du Petit Luxembourg, résidence du président du Sénat, le musée du Luxembourg, et l'ensemble du jardin.
Histoire
Le palais du Luxembourg doit son nom à l'hôtel bâti au milieu du XVIe siècle et qui appartenait à François de Piney, duc de Luxembourg.
La régente Marie de Médicis, veuve de Henri IV, achète l'hôtel et le domaine dits « de Luxembourg » en 1612 et commande en 1615 la construction d'un palais à l'architecte Salomon de Brosse. Après avoir fait raser maisons et une partie du Petit Luxembourg, elle pose elle-même la première pierre le 2 avril 1615[1]. Le marché de construction est retiré à Salomon de Brosse en 1624 et rétrocédé au maître maçon Marin de la Vallée le 26 juin 1624. Elle s'y installe en 1625 au premier étage de l'aile ouest, avant la fin des travaux. La partie ouest du palais Médicis était réservée à la reine mère et celle de gauche à son fils, le roi Louis XIII.
Une série de toiles avait été commandée à Rubens pour chacun de ces appartements qui devaient former deux cycles, le cycle de la vie de Marie de Médicis, destinée à son logement, et un cycle de la vie d'Henri IV qui n'a pas été terminé. Elles sont aujourd'hui exposées au Louvre.
Le chantier n'est pas achevé en 1631 lorsque Marie de Médicis doit le quitter, exilée sur ordre de son fils à la suite de la « journée des Dupes ». Marie de Médicis, à sa mort en 1642, lègue le domaine à son enfant préféré, son second fils Gaston duc d'Orléans, frère puîné du roi Louis XIII. Il passe par succession à sa veuve, Marguerite de Lorraine, puis à sa fille aînée la duchesse de Montpensier qui le vend à sa sœur cadette, la duchesse de Guise (1660). Celle-ci en fait don au roi, son cousin en 1694.
En 1715, le Luxembourg revient au régent Philippe d'Orléans, qui l'abandonne à sa fille aînée Marie Louise Élisabeth d'Orléans (duchesse de Berry), puis à sa cadette Louise Élisabeth d'Orléans (1709-1742), reine douairière d'Espagne.
Le 14 octobre 1750, la Galerie royale de peinture du Palais du Luxembourg est ouverte à l'initiative de Charles François Paul Le Normant de Tournehem, directeur des Bâtiments du Roi, à l’emplacement même de la galerie de Marie de Médicis, dans l'aile Est du palais du Luxembourg. Exposant une sélection des Tableaux du Roi à proximité du cycle de Rubens, il s'agit du premier musée d'art ouvert au public en France, qui préfigura la création du musée du Louvre en 1793. L'actuel musée du Luxembourg a hérité de cette tradition muséale.
Par un édit du mois de décembre 1778, le roi Louis XVI accorde le domaine et le château à son frère Louis-Stanislas-Xavier, comte de Provence et futur Louis XVIII, à titre d'augmentation d'apanage. Après sa fuite en 1791, le palais du Luxembourg est déclaré « propriété nationale ».
Le « Luxembourg » devient une prison en juin 1793 pendant la Terreur avant d'être affecté au Directoire par décision du 18 septembre 1795. Les cinq directeurs s'y installent le 3 novembre 1795.
Bonaparte, Premier consul, s'installe au palais du Luxembourg le 15 novembre 1799. Le Sénat conservateur, assemblée créée par la Constitution de l'an VIII, s'y installe le 28 décembre 1799. En 1814 il est attribué à la Chambre des pairs. Par la suite, il garde sa vocation parlementaire, excepté durant quelques courtes périodes. En 1828, des essais d'éclairage urbain à gaz hydrogène carburé sont effectués dans l'enceinte du palais.
L'hôtel initial, désormais appelé Petit Luxembourg, est devenu depuis 1825 la résidence officielle du président du Sénat. Le bâtiment de droite, appelé aussi hôtel de la présidence, abrite son bureau et ceux de ses collaborateurs, ses salons et sa salle à manger privés. Le bâtiment de gauche, appelés salons de Boffrand, abrite des salles de restaurant et des salons pour les grandes réceptions organisées par le Président ou par le Sénat dont l'accueil des personnalités étrangères.
Sous la Monarchie de Juillet, le nombre de sénateurs croît sensiblement. Pour permettre à la salle des séances de les accueillir tous, une campagne de travaux est lancée ; il est décidé d'avancer la façade sur jardin. Décidés en 1836, les travaux sont confiés à l'architecte Alphonse de Gisors et commencés en 1837[2].
Le palais du Luxembourg est affecté par la suite à toutes les chambres hautes successives : Sénat du Second Empire et Sénat de la Troisième République à partir de 1879. Entre 1871 et 1879, le Parlement siège à Versailles, pendant ce temps, c’est le préfet de la Seine qui siège au Palais du Luxembourg. En 1940, le Palais est occupé par l’État-Major de la Luftwaffe-ouest, avant de devenir, en 1944 le siège de l’Assemblée consultative provisoire. Il est affecté au Conseil de la République de 1946 et au Sénat de la Ve République depuis 1958. Le Sénat de la Communauté y a également siégé entre 1958 et 1960[3].
Architecture
Le palais du Luxembourg tient plus de la résidence secondaire que du palais officiel urbain. Son plan est assez caractéristique des châteaux français, comme celui de Verneuil-en-Halatte auquel Salomon de Brosse a participé. Il se compose d'une cour carrée, la cour d'honneur, d'un corps d’entrée surmonté d'un dôme, le dôme Tournon, et de pavillons redoublés dans le corps de logis.
Des nouveautés, comme le corps de logis qui prend une grande ampleur par rapport aux deux ailes, ou encore la partie centrale monumentale, marquent le château. Le palais du Luxembourg est le résultat de la libre inspiration du palais Pitti (Florence, Italie) demandée par Marie de Médicis qui, s'ennuyant au Louvre, souhaitait notamment retrouver l'esprit Florentin et la douceur que ceci lui évoquait notamment à travers l'emploi du bossage de pierre dans l'architecture du bâtiment plutôt que d'un mélange de brique et de pierre, comme on en trouvait par exemple dans le pavillon de chasse de Versailles.
-
Palais du Luxembourg : vue de la cour intérieure de nuit.
-
Vue du jardin
-
Chaise du Jardin du Luxembourg avec le logo du Sénat
Salle des séances, hémicycle
Lorsqu'il fut décidé que le palais accueillerait le Sénat, Chalgrin réaménagea entièrement l'intérieur afin de réaliser la nouvelle salle sénatoriale. Achevée en 1807, celle-ci, devenue chambre des pairs sous la Restauration, fut redessinée en 1836 pour répondre au besoin d'agrandissement. L'architecte choisi, Alphonse de Gisors, un élève de Chalgrin, avança la façade du bâtiment de 31 mètres sur le jardin et aménagea dans l'espace ainsi dégagé un nouvel hémicycle entre 1836 et 1842. La salle fut reconstruite après un incendie en 1859, toujours par Gisors.
Derrière le plateau du président, face aux siégeants, se dressent sept statues monumentales[2], de gauche à droite quand on regarde le président :
- Turgot, contrôleur général des finances de Louis XVI, par Jean-François Legendre-Héral ;
- D'Aguesseau, chancelier de France, par Hippolyte Maindron ;
- Michel de l'Hôpital, surintendant des finances puis chancelier de France, par Achille Valois ;
- Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, par Jean Baptiste Joseph De Bay ;
- Mathieu Molé, ministre de la Justice sous l'Empire et président du conseil sous la Monarchie de Juillet ;
- Malesherbes, soutien de l'Encyclopédie et défenseur de Louis XVI lors de son procès ;
- Jean-Étienne-Marie Portalis, un des rédacteurs du code civil, par Joseph Marius Ramus.
Aux deux extrémités du diamètre de l'hémicycle se trouvent deux autres statues, commandées en 1840 par le ministre de l'Intérieur Charles de Rémusat :
- Saint-Louis, livrée en 1846 par Auguste Dumont ;
- Charlemagne, livrée en 1847 par Antoine Etex.
-
Jean Béraud, Symphonie en rouge et or, L'hémicycle, décor d'orgie.
-
Hémicycle du Sénat
-
Les sept statues monumentales de la salle du Sénat
Salle du Livre d'Or
La salle du Livre d'Or est une salle voûtée du rez-de-chaussée aménagée en 1816 par l'architecte Baraguay, qui servait à recevoir le Livre d'Or de la Pairie, c'est-à-dire le nom des visiteurs illustres de la Chambre des Pairs. Baraguay réutilise des boiseries et décors provenant d'autres salles, et principalement des appartements de Marie de Médicis au palais du Luxembourg et d'Anne d'Autriche au Louvre. Les tableaux et les boiseries seront retaillés, redorés, restaurés et pour certains largement repeints.
L'ensemble, tel qu'il apparaît de nos jours a été entièrement restauré de 1997 à 1999 par le Centre de recherche et de restauration des musées de France.
-
Tableau sur faïence
-
Tapisserie murale
-
Aperçu des peintures et boiseries de la salle du Livre d'Or
-
Montant de cheminée avec statue d'un diablotin
Chapelle
Cachée, puis de nouveau mise en lumière, cette chapelle fut aménagé par l'architecte Alphonse de Gisors lors de la campagne de travaux de 1837, sous le règne de Louis-Philippe. Cloisonnée pour la réalisation de bureaux de la chaîne Public-Sénat en 1982, elle retrouve son volume initial depuis le départ de la chaîne parlementaire et une campagne de restauration est en cours. Cette campagne a pour objectif de pouvoir inclure la visite dans les Journées du Patrimoine selon le vœu des questeurs.
Elle se situe au rez-de-chaussée de l'aile est de la cour d'honneur. De petites dimensions (environ 23 m sur 6 mètres). Sa décoration picturale fut confiée au peintre François Bouchot, mais il décéda avant le lancement du chantier en 1842. Elle est finalement décorée par des peintures murales d'Abel de Pujol, à l'entrée : Dieu et les Veillards de l'Apocalypse, et de son élève Théophile Vauchelet, Prix de Rome 1829 ; à l'abside : Le Concert des Anges ; au plafond : Les Évangélistes, ainsi que quatre toiles de Jean Gigoux, qui furent roulées en 1982
[4].
Bibliothèque
La salle de lecture actuelle de la bibliothèque a été aménagée lors des travaux d'agrandissement du palais de 1837. Alphonse de Gisors, qui conduit les travaux, suit la recommandation d'Adolphe Thiers et confie le décor du plafond au peintre Eugène Delacroix, qui travaille alors sur le plafond de la bibliothèque du Palais Bourbon, siège de l'autre assemblée. Il achève d'orner la coupole en 1846. La composition est inspirée du chant IV de l'Enfer de Dante. Des infiltrations firent tomber les toiles en 1868 ; Pierre Andrieu, élève de Delacroix, les restaura.
La bibliothèque est désormais une salle en longueur (52 m sur 7 m), prolongée par deux cabinets, est et ouest, dont les sept fenêtres (toutes côté sud) donnent sur le jardin du Luxembourg.
Leconte de Lisle et Anatole France ont été employés à la bibliothèque du Sénat[5].
L'émission Bibliothèque Médicis, sur Public Sénat, est enregistrée toutes les semaines dans l'annexe de la bibliothèque[6].
Escalier d'honneur
L'escalier d'honneur ou grand escalier fut réalisé entre 1803 et 1807 par l'architecte Jean-François-Thérèse Chalgrin qui travaillait au palais du Luxembourg depuis 1787 et y avait assuré la restauration des jardins. L'escalier remplaçait la galerie de Rubens.
Salle des conférences
Longue de 57 mètres, large de 10,60 m et d'une hauteur de 11,60 m (15 m sous la coupole), cette salle fut réalisée par Alphonse de Gisors. Elle résulte de la réunion (finalisée en 1864) des trois salles du bâtiment d'origine.
En face de la cheminée est exposé le trône qu'occupait Napoléon Ier quand il assistait aux séances du Sénat conservateur.
A chacune des extrémités, on trouve un plafond en cul-de-four, avec des personnages de l'histoire de France par Henri Lehmann (1854). A l'ouest, des origines à Charlemagne ; à l'est de la Première Croisade à Louis XV.
Au plafond, l'Âge de la Paix et l'Âge de la Victoire par Adolphe Brune . Huit tapisseries des Gobelins illustrant les Métamorphoses d'Ovide complètent la décoration[7].
-
Vue d'ensemble
-
Plafond ouest
-
Plafond est
-
Plafond central
-
Trône de Napoléon (1804)
Notes et références
- Bernard Morice, Le Palais du Luxembourg et le destin des hommes, Éditions France-Empire, , p. 24
- « L'hémicycle : la salle des Séances », sur senat.fr
- « Dossiers d'histoire - Le Palais du Luxembourg », sur senat.fr (consulté le )
- Didier Rykner, La Tribune de l'Art du mardi 28 avril 2015
- « La bibliothèque », sur www.senat.fr
- « Bibliothèque Médicis », sur publicsenat.fr
- [PDF]« Dépliant distribué lors des journées européennes du patrimoine de 2015 », sur www.senat.fr
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel du Sénat français
- Visite virtuelle du palais du Luxembourg - Site officiel du Sénat
- Photos du palais et des jardins - Site officiel du Sénat
- Le Palais du Luxembourg - Le Paris pittoresque
- La Chapelle cachée du Sénat
- La Chapelle retrouvée du Sénat
Bibliographie
- Sara Galetti, Le Palais du Luxembourg de Marie de Médicis (1611-1631), Paris, Picard, 2012 (ISBN 978-2-7084-0935-4), 296 pages, 172 illustrations
- Sara Galletti, Rubens et la galerie de Henri IV au palais du Luxembourg (1628-1630), Société française d'archéologie, Bulletin monumental, 2008, no 166-1, pp. 43-51 [lire en ligne]
- Collectif, Patrimoine du Sénat , éd. Flohic.
- Jean Marot, Recueil des plans, profils et élévations des [sic] plusieurs palais, chasteaux, églises, sépultures, grotes et hostels bâtis dans Paris et aux environs par les meilleurs architectes du royaume desseignez, mesurés et gravez par Jean Marot, vues 11, 12 et 13 (Voir)