Marche de Bretagne
Statut | Monarchie |
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Religion | Christianisme |
753 | Pépin le Bref conquiert Vannes et organise la marche |
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819 | Louis le Pieux nomme Nominoë comte de Vannes |
845 | Bataille de Ballon : indépendance de facto de la Bretagne |
851 | Traité d'Angers : Charles le Chauve abandonne la marche à Erispoë |
??-778 | Roland |
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??-v.815 | Guy de Nantes |
v.815-834 | Lambert Ier de Nantes |
Entités suivantes :
Les marches de Bretagne sont, à l'époque carolingienne, des circonscriptions militaires destinées à contrôler les territoires bretons échappant à l'autorité franque.
Une première marche est créée au VIIIe siècle. Son chef le plus célèbre est le comte Roland, par la suite héros éponyme d'une chanson de geste. Elle prend fin avec la conquête par les Bretons des comtés de Nantes et de Rennes, suivie du traité d'Angers en 851, qui crée le royaume de Bretagne. Une seconde marche centrée sur la Neustrie lui succède.
Aujourd'hui, l'expression « marche de Bretagne » revêt une dimension touristique et patrimoniale, et désigne parfois les territoires de l'est de la Bretagne.
Contexte[modifier | modifier le code]
A la fin du Bas-Empire et au début du haut Moyen-Âge, des populations bretonnes arrivant de l'île de Bretagne s'installent à l'ouest de la péninsule armoricaine tandis que la Gaule tombe sous le contrôle de Clovis (royaume de Soissons et royaume wisigoth de Toulouse) et de ses successeurs mérovingiens (royaume des Burgondes).
Durant la première moitié du VIe siècle, les rapports entre Bretons et Francs semblent pacifiques. Il n'y a d'ailleurs pas de preuves de la mise en place rapide d'une administration franque à Nantes ou à Rennes. Il faut attendre l'année 610 pour que soit mentionné le premier comte franc de Nantes, Theudoald[1].
Mais au cours de la deuxième moitié du VIe siècle, les rapports entre Francs et Bretons se détériorent. Les Bretons prennent pied dans le Vannetais mais échouent d'abord devant la ville de Vannes, qui n'est conquise qu'en 578 par Waroch, fils de Macliau. C'est à cette époque que le Vannetais commence à être appelé Broërec (pays d'Erec/Waroch) par les Bretons.
Waroch bat ensuite l'armée de Chilpéric sur les bords de la Vilaine. Il lance des incursions répétées dans les territoires francs de Rennes et Nantes, ce qui provoque l'envoi d'une armée par le roi Gontran en 590. La rivalité entre les deux chefs de cette expédition, Beppolène et Ebrachaire, provoque leur défaite, malgré une reprise de courte durée de Vannes par ce dernier[2].
En 753, Pépin le Bref reprend le comté de Vannes aux Bretons.
Histoire des marches de Bretagne[modifier | modifier le code]
Origine de la marche[modifier | modifier le code]
Dès la seconde moitié du VIe siècle apparaissent des chefs francs contrôlant de vastes territoires bordant le regnum breton. Beppolène constitue ainsi un duché regroupant la cité de Rennes, Nantes et Angers. La chronique de Frédégaire, rédigée vers 660, désigne la zone frontière entre Francs et Bretons comme un limes, c'est à dire une frontière fortifiée. A la fin du VIIe siècle, un certain Agatheus détient les comtés et les évêchés de Nantes et de Rennes, préfigurant la marche de Bretagne. Vers 710, le duc Chrodgarius reçoit le contrôle du Maine, le futur Ducatus Cennomanicus carolingien dont la principale fonction sera de contenir les avancées bretonnes et normandes[1].
Première marche[modifier | modifier le code]
L'existence de la première marche de Bretagne est attestée entre 778 et 830. Certains historiens estiment qu'elle aurait pu exister jusqu'en 851. Il s'agit d'une circonscription militaire carolingienne composée de plusieurs comtés réunis sous l'autorité d'un préfet. La marche de Bretagne regroupe le comté de Rennes, le comté de Nantes, le comté de Vannes et une partie du comté du Maine. Son plus célèbre préfet (« Britannici limitis praefectus ») est Roland dont la légende a fait le neveu de Charlemagne, mort en 778 à Roncevaux. Le rôle des marches carolingiennes est de contrôler des territoires indépendants du royaume ou de l'empire franc[1].
Les préfets de la Marche[modifier | modifier le code]
Roland semble donc être le premier préfet de la marche, jusqu'à sa mort en 778. Les Annales royales indiquent qu'en 779, le comte Gui est en charge de la marche de Bretagne. Gui appartient à la famille des Widonides qui s’implante durablement dans la région. Gui est comte de Nantes et préfet de la marche[3], et son frère Frodald est comte de Vannes. Leurs fils respectifs, Lambert Ier et Gui II, leurs succèdent dans les années 810 (resp. av. 818 et av. 814)[1].
Démantèlement[modifier | modifier le code]
À la suite des révoltes de 811 et 818, Louis le Pieux nomme le breton Nominoë comte de Vannes en 819, puis ducatus ipsius gentis des Bretons en 831. La même année, Lambert qui a soutenu Lothaire dans la guerre civile, est évincé du comté de Nantes et de la marche de Bretagne. Ricuin lui succède comme comte de Nantes. La révolte menée par le breton Wiomarc'h entre 822 et 825 fut d'une ampleur suffisante pour pousser Louis le Pieux à intervenir en personne, accompagné de ses fils Pépin et Louis.
En 840, Louis le Pieux meurt. En 841, Charles le Chauve confie le comté de Nantes à Renaud d'Herbauges, lequel tente d'attaquer Nominoë en 843, mais est vaincu et tué à la bataille de Messac. À la suite de son décès, Nantes est mise à sac par les Vikings, et Lambert II de Nantes, allié de Nominoë, se rend maître de la ville à leur départ. La Bataille de Ballon, nouvelle victoire de Nominoë sur Charles le Chauve marque, en 845, l'indépendance de la Bretagne, concrétisée par un traité en 846. La même année, Charles le Chauve nomme un certain Amaury comte de Nantes et préfet de la marche. En 849, les hostilités reprennent, avec des raids en profondeur en Francie occidentale et la prise de Rennes et de Nantes. En 851, Nominoë meurt en campagne près de Vendôme. Erispoë, son fils, lui succède et écrase l'armée franque à la bataille de Jengland. Au traité d'Angers, Charles le Chauve concède les insignes de la royauté à Erispoë, avec les comtés de Rennes et de Nantes ainsi que le pays de Retz.
La marche de Bretagne est alors totalement incorporée au royaume de Bretagne.
La seconde marche[modifier | modifier le code]
En 861, pour créer une nouvelle zone tampon à la suite de la perte totale de la marche de Bretagne, Charles le Chauve crée une nouvelle marche contre les Bretons, comprenant les comtés de Touraine, Anjou et Maine. Robert le Fort en reçoit le commandement et prend le titre de marquis de Neustrie.
Les traités successifs de Louviers (856), Entrammes (863) et Compiègne (868) concèdent successivement aux rois de Bretagne Erispoë puis Salomon le territoire d’Entre deux rivières, le Cotentin et l'Avranchin.
Stabilisation des frontières[modifier | modifier le code]
Robert le Fort ayant été tué à la Bataille de Brissarthe (866), une grande partie de la marche ayant été perdue, les invasions normandes se faisant plus pressantes et la Bretagne ayant connu une guerre civile après la mort de Salomon, il semble qu'une marche de Bretagne n'ait plus été ressentie comme nécessaire. Après la victoire d'Alain Barbe-Torte sur les Normands en 937, les limites de la Bretagne ont reculé pour être celles des cinq départements actuels (Côtes-d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan et Loire-Atlantique).
En 942, la Bretagne connut toutefois, une nouvelle expansion territoriale vers le sud avec l'intégration des Pays d'Herbauges, de Tiffauges et des Mauges en vertu d'un accord signé entre Alain Barbe-Torte et Guillaume III d'Aquitaine[4]. Cependant, ces territoires furent repris par le Poitou et l'Anjou au siècle suivant.
Quelques siècles plus tard, les marches Bretagne-Poitou furent un regroupement de paroisses bénéficiant d'un statut à part.
Les marches de Bretagne aujourd'hui[modifier | modifier le code]
Patrimoine[modifier | modifier le code]
D'un point de vue patrimonial, il reste de nombreux vestiges qui témoignent du rôle de frontière de cette région. Les châteaux médiévaux et les forteresses en sont les meilleurs exemples. La présence de greniers à sel dans plusieurs communes angevines (Craon, Pouancé, Candé, Ingrandes) rappelle les différences de traitements fiscaux qui perdurèrent jusqu'à la Révolution.
Projets[modifier | modifier le code]
Le Conseil général de la Loire-Atlantique et la région Bretagne ont mis en place une exposition sur le thème des marches de Bretagne. Le but est de valoriser l'histoire commune de la Loire-Atlantique avec la Bretagne[5]. Ce thème a été inauguré à Châteaubriant, où le château a hébergé l'exposition jusqu'à fin 2010.
À l'initiative de la ville de Vitré, une vingtaine de sites patrimoniaux se sont rencontrés en 2009 afin de réfléchir sur l'éventuelle inscription des marches de Bretagne au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le 18 avril 2011 est née l'association « Les Marches - Terres de rencontres », composée des différents responsables des sites, et chargée de porter la candidature[6]. C'est dans ce cadre qu'est mis en place un projet de réseau touristique des marches de Bretagne, incluant de nombreux sites valorisés par des panneaux signalétiques[7],[8].
Notes et références[modifier | modifier le code]
- André Chédeville et Hubert Guillotel, La Bretagne des saints et des rois, Ve-Xe siècle, Ouest France, coll. « Ouest France université », (ISBN 978-2-85882-613-1), p. 56-58 ; 104-105
- Dominique Paulet, « Notice sur Waroc », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire du pays de Lorient, no 31, 2002-2003, p. 39 (ISSN 1763-1203, lire en ligne)
- Chédeville et Guillotel 1984.
- J-B Joseph Aubert et Joseph Boutin, Le Vieux Tiffauges, SITOL-GUIBERT, , 120 p. (lire en ligne), p.7 et 8
- Les marches de Bretagne, exposition, juin 2009
- « Candidates au patrimoine mondial de l'Unesco Publié le », sur letelegramme.fr, .
- Liste non exhaustive des sites répertoriés : Ancenis, Angers, Avranches, Champtoceaux, Châteaubriant, Châteaugiron, l'abbaye de Clermont, Clisson, Dinan, Fougères, Guérande, l'abbaye Notre-Dame de Melleray, Lassay-les-Châteaux, Laval, Montaigu, Oudon, Pouancé, Saint-Aubin-du-Cormier, Saint-James, Sion-les-Mines, Tiffauges et Vitré.
- Pierre Guillemot, « Les coopérations culturelles entre la Loire-Atlantique et la Bretagne », stage réalisé en 2010 au sein du cabinet du président du conseil général de Loire-Atlantique
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Ouvrages de synthèse[modifier | modifier le code]
- Émile Chénon, « Les marches séparantes d'Anjou, Bretagne, et Poitou », in Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 16e année, 1892, p. 18-62, p. 165-211.
- Léon Levillain, « La Marche de Bretagne, ses marquis et ses comtes », in Annales de Bretagne, vol. 58, no 58-1, 1951, p. 89-117, [lire en ligne].
- René Cintré :
- « Un exemple de contestation péagère au XVe siècle. Le péage de Champtocé sur Loire, d'après le procès de 1412-1414 », in Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 92, no 92-1, 1985, p. 13-25, [lire en ligne].
- « Activités économiques dans les marches de Bretagne aux XIVe et XVe siècles », in Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 101, no 101-4, 1994, p. 7-36, [lire en ligne].
- Les marches de Bretagne au Moyen Âge : économie, guerre et société en pays de frontière, XIVe – XVe siècles, Pornichet, Éditions Jean-Marie Pierre, , 238 p. (ISBN 2-903999-11-2)
- Chroniques des jours ordinaires dans les marches de France et de Bretagne à l'automne du Moyen Âge, Fougères, René Cintré, , 190 p. (ISBN 2-9528373-0-9)
- Jean-Claude Meuret, Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne : des origines au Moyen Âge, Laval, Société d'archéologie et d'histoire de la Mayenne, coll. « La Mayenne, archéologie, histoire », , 656 p. (BNF 35696838)
- Stéphanie Vincent, L'énigme de l'enluminure, Derval ou Châteaugiron, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, , 127 p. (ISBN 978-2-8138-0014-5)
- René Cintré, Hervé Ronné (photographies), Les marches de Bretagne, une frontière du Moyen Âge à découvrir, Rennes, Éditions Ouest-France, coll. « Nature des lieux », 2011, 179 p., (ISBN 978-2-7373-5149-5).
- Frédéric Dean et Virginie Bodin, Les marches de Bretagne : les frontières de l'histoire, Nantes, Conseil général de Loire-Atlantique, , 59 p. (ISBN 978-2-907908-42-9)
- Michel Catala, Dominique Le Page, Jean-Claude Meuret (dir.), Frontières oubliées, frontières retrouvées. Marches et limites anciennes en France et en Europe, préface de Daniel Nordman, Nantes/Rennes, Centre de recherches en histoire internationale et atlantique/Presses universitaires de Rennes (PUR), coll. « Enquêtes et documents », 2011, 428 p., (ISBN 978-2-7535-1739-4), [compte-rendu en ligne].
Études sur l'histoire de la Bretagne[modifier | modifier le code]
- André Chédeville et Hubert Guillotel, La Bretagne des saints et des rois : Ve – Xe siècle, Rennes, éditions Ouest-France, coll. « université », , 423 p. (ISBN 2-85882-613-7)
- Léon Fleuriot, Les origines de la Bretagne : l'émigration, Paris, Payot, , 353 p. (ISBN 2-228-12710-8)
- Henri Poisson et Jean-Pierre Le Mat, Histoire de Bretagne, Coop Breizh, , 654 p. (ISBN 978-2-84346-091-3)
- Joël Cornette, Histoire de la Bretagne et des Bretons : Des âges obscurs au règne de Louis XIV, t. 1, Éd. Seuil, 2005., , 712 p. (ISBN 978-2-02-054890-8)
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]