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Les Nuits fauves

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Les Nuits fauves

Réalisation Cyril Collard
Scénario Cyril Collard
Jacques Fieschi
Acteurs principaux

Cyril Collard
Romane Bohringer

Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Drame
Durée 126 minutes
Sortie 21 octobre 1992

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Nuits fauves est un film autobiographique franco-italien réalisé par Cyril Collard, sorti en 1992.

1986 en France. Jean a 30 ans, il est chef opérateur, reconnu, doué, curieux de tout, mais séropositif à la sexualité débridée et consommant de la cocaïne. Il suit les traitements pour sa maladie, veut vivre et refuse la mort. Parmi ses futurs partenaires, il y a Samy, hétérosexuel, en couple, qui devient son amant, dont il n'accepte pas la dérive vers l'extrême droite fasciste[1]. Par ailleurs, au cours d'un casting pour une publicité, il rencontre Laura, 17 ans, jeune, belle, vivante, mais exclusive. Une passion naît entre eux.

Avec le temps, Jean évolue dans sa sexualité. Tout d'abord dans l'égocentrisme, il n'avoue pas qu'il est séropositif avec ses partenaires, notamment lors d'une tentative de préliminaires avec Samy, qui commence à faire l'amour avec une femme abordée dans la rue, mais celui-ci se montre d'abord désintéressé par les avances de Jean. Jean n'avoue pas non plus sa séropositivité lors de son premier rapport sexuel sans préservatif avec Laura, mais l'avouera à son collègue René, pensant qu'avec son amour pour Laura, il ne pourra rien lui arriver, mais René réfute cette explication et l'incite à lui avouer, ce que Jean fera plus tard. Néanmoins, Laura décide de refuser le préservatif lors d'un autre rapport sexuel, par amour pour Jean, se mettant ainsi en danger de contamination. Plus tard, c'est Samy qui refuse également le préservatif, mais cette fois Jean refuse d'avoir des rapports sexuels sans préservatif.

La bisexualité de Jean et le fait qu'il entretient d'autres liaisons bouleverse Laura, situation qu'elle supporte de moins en moins. Lors d'une dernière altercation, Laura doit être hospitalisée. Jean en profite pour demander au médecin de faire un test VIH à Laura, en lui demandant de ne rien lui dire, car lors de cette dispute, elle a dit qu'elle était séropositive par sa faute. Le test s'avérera être négatif. Après sa sortie de l'hôpital, Laura décide de mettre un terme à la liaison avec Jean et rencontre un autre homme. Lors d'une visite de Jean au bord de la mer où se trouve Laura, bien qu'il lui dit qu'il a changé, Laura refuse de se remettre avec lui, qu'elle était prête à tout pour lui auparavant, mais plus maintenant, car elle entame une autre étape dans sa vie avec cet autre homme plus stable, et que sa maladie est de toute façon un obstacle pour avoir un enfant avec lui. Quand Jean demande à Laura pourquoi elle a menti quand elle a dit qu'elle était séropositive à cause de lui, elle répond qu'elle pensait qu'elle était vraiment contaminée, car elle voulait tout partager avec lui. Jean décide malgré tout d'aller de l'avant et de mieux profiter de la vie.

Fiche technique

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Distribution

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Préproduction

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À l'origine du film il y a l'autobiographie de Cyril Collard, romancier, musicien, cinéaste, bisexuel et atteint du sida, qui puise dans ses dernières forces pour cette adaptation à l'écran[2]. L'auteur s'est expliqué sur le titre Les Nuits fauves : « Il suggère l'opposition entre l'obscur, les ombres de la mort et la lumière solaire, éclatante… C'est aussi une référence au fauvisme en peinture, dont on retrouve dans le film les couleurs primaires vives. »

Le projet du film fait peur, si bien que le rôle de Jean est d'abord refusé par Patrick Bruel, Jean-Hugues Anglade et Hippolyte Girardot, et que Cyril Collard doit lui-même l'endosser[3]. Les producteurs refusent de financer, c'est Claude Davy, prince des attachés de presse parisiens et mentor de Cyril Collard[4], qui l'aide à monter le film[5].

Le long métrage est dédié au réalisateur Lino Brocka et à l'acteur Thierry Ravel[6], morts accidentellement en 1991.

Le tournage s'est déroulé à Paris et à Houlgate (scène de plage vers la fin du film), ainsi qu'au Maroc et au Portugal (Lisbonne et Sesimbra).

Accueil critique

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Témoignages

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Romane Bohringer pendant la période de la sortie du film[7] :

« Quand j'ai lu le scénario de Cyril, j'ai d'abord eu peur. Mais simultanément, j'ai été envoûtée, amoureuse de cette histoire. Les nuits fauves, c'est représentatif de ma génération, les jeunes de 16-20 ans, avec leurs interrogations sur le fascisme renaissant, la guerre, le sida. Peut-être que pour les adultes, c'est différent, mais pour nous, l'avenir est si noir... Une petite nana de mon âge a du mal à trouver sa place : on veut de l'absolu, du beau et on ne nous offre que de l'absurde . »

Nella Banfi, productrice de films, qui a collaboré notamment avec Nanni Moretti[8], a d'abord refusé trois fois de s' intéresser à produire ce film. La première fois, une productrice parisienne lui a demandé de coproduire le film en lui montrant le roman, et Nella Banfi lui a répondu après avoir lu quelques pages, qu'elle le trouvait sinistre. La deuxième fois, alors que le film a obtenu une avance sur recette, Simone Michael, l'agente de Patrick Bruel, qui était prédestiné pour le rôle avant qu'il ne le refuse, lui a dit que c'est un film pour elle, ce qu'elle a contesté en disant que ce n'est pas son milieu, qu'elle n'est pas homophobe, mais qu'elle est italienne, qu'elle aime les hommes en Jaguar habillé en costume Armani, que cela n'a rien à voir avec cela et qu'elle ne comprend rien à ce truc. La troisième fois, Claude Davy, l'attaché de presse du film Le Porteur de serviette, qu'elle a produit, lui demande de rencontrer Cyril Collard, ce qu'elle finit par accepter car elle ne peut rien refuser à Claude, mais aborde cet entretien avec un a priori négatif. Du souvenir de cette première rencontre avec Cyril Collard, Nella Banfi déclare en 2004 :

« Cyril commence à me parler de son film et j'étais assez froide, assez distante, car pour moi c'était un truc comme ça, j'avais un rendez-vous avec lui, mais je savais que je ne ferai pas ce film. Je n'avais aucune envire de faire ce film. Je regardais ce garçon, mais je n'étais pas là. Et comme Cyril est un grand intuitif, il a senti que cela ne prenait pas. Et à un moment donné, il m'a regardé droit dans les yeux, il a soulevé sa manche et il y avait une énorme tâche de Kaposi. Il a mis son doigt, et avec un regard d'une pureté, d'une beauté extraordinaire, il m'a dit : "dépêchez-vous car je n'ai pas beaucoup de temps". Et il est parti. Et moi, je suis resté avec ce regard, et cela a commencé à tourner dans ma tête et je me suis dit, et si tu devais mourir, comment tu serais, car cela voulait dire, j'ai pas beaucoup de temps, je vais mourir dans quelques mois, ce qui était le cas. Et je me suis dit, ce calme, cette sérénité pour dire, je vais mourir, dépêcher vous, j'ai pas beaucoup de temps, c'est là qu'il s'est passé quelque chose. On dit toujours que c'est à travers les yeux, la rencontre des âmes, et je crois que c'est ce qui s'est passé, vraiment, là »

.

Nella Banfi confie également que pendant le tournage Cyril Collard a été hospitalisé trois fois, et qu'elle n'a pas fait fonctionner les assurances car elle ne voulait pas qu'à l'extérieur on puisse penser qu'il n'allait pas bien, que cela devait rester secret[9].

Le film réalise 2 811 124 entrées lors de son exploitation en 1992 et 1993[10].

Lors de sa sortie en salle le 21 octobre 1992 en France[11], ce film remporte un succès populaire, notamment auprès des jeunes[12]. Il montre aux spectateurs la réalité de la maladie et invite à la discussion sur le sida et les difficultés de l'utilisation des moyens de prévention[13]. Le 21 octobre, Cyril Collard et Romane Bohringer participent à l'émission Le Cercle de minuit et le 28 octobre, La Marche du siècle.

En Suisse, le film sort la troisième semaine de novembre 1992, et il est interdit au moins de 18 ans. Le 26 octobre, Les nuits fauves n'avait pas encore trouvé de distributeur. Des opinions sont recueillies auprès du public à la sortie des salles de cinéma par le journal 24 heures, sur cette interdiction aux mineurs, et les opinions sont majoritairement négatives, considérant que ce film s'adresse aussi aux mineurs. L'un ne comprenant pas, en évoquant la bande dessinée Jo de Derib, qui traitait aussi du Sida et qui avait été distribué auprès des écoliers une année auparavant. Le film C'est arrivé près de chez vous, sorti à la même période, subit aussi le même traitement auprès des mineurs[14],[15].

Distinctions

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Cyril Collard est également nommé pour les César du meilleur réalisateur et du meilleur scénario. René-Marc Bini est nommé pour celui de la meilleure musique.

C'est le premier long métrage à cumuler le César du meilleur film et du meilleur premier film. Le cinéaste est décédé des suites du sida trois jours avant la cérémonie mais après la clôture des votes, le 28 février. C'est le seul vainqueur posthume du meilleur film. C'est sa productrice Nella Banfi et son attaché de presse Claude Davy qui viendront chercher ses prix. La cérémonie lui fut dédiée et son décès avait ému l'assistance[16],[17]. Selon le critique Jean-Michel Frodon, la dramatisation propre à cette cérémonie télévisuelle et sa proximité avec le décès « engendre une tempête émotionnelle complaisamment relayée par les médias, pour devenir non plus un événement cinématographique, mais un « fait de société »[18] ».

Contextualisation

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L'action du film se situe en 1986, en France. Le 27 mars 1982, la maladie est évoquée pour la première fois en France à la télévision au téléjournal d'Antenne 2. À l'époque, on ne parle pas encore de sida, mais d'un virus inconnu. La journaliste Christine Ockrent, le nomme sarcome de Kaposi, qui sévit aux États-Unis et indique : « Une particularité, elle n'atteint que les homosexuels mâles, surtout ceux qui utilisent des excitants chimiques. C'est aux États-Unis et surtout à New-York, où la communauté homosexuelle est importante, que le mal se propage ». Dans le reportage, le journaliste qui commente parle notamment de la multiplicité des contacts dans la communauté gay qui favoriserait la transmission de virus[19]. Quelques mois plus tard, la maladie est renommée AIDS (Acquired Immunodeficiency Syndrome), en français SIDA (Syndrome d’immunodéficience acquise)[20], et le virus est isolé par les virologues de l'Institut Pasteur le 20 mai 1983[21]. En 1985, les femmes représentent 12 % environ des cas du Sida notifiés en France, dix ans plus tard, ce pourcentage atteint presque les 20 %[22]. Le 21 juin 1985, la France autorise la commercialisation du premier test de dépistage et en 1986 est mis au point le premier médicament, la zidovudine (AZT), un antirétroviral qui ralentit la progression du virus mais ne l'élimine pas. Le 20 mars 1987, le premier traitement antirétroviral AZT est autorisé aux Etats-Unis. Il est coûteux et ses effets secondaires importants. La même année, le virus est officiellement appelé virus de l'immuno-déficience humaine (VIH)[23],[24]. Le réseau de surveillance du sida mis en place depuis 1982 par la Direction générale de la Santé (DGS) recense 859 cas au 30 juin 86. Pour le 2ème trimestre 86,13 nouveaux cas par semaine ont été rapportés contre 6 à 7 pour la même période en 85. Ce sont les hommes qui sont le plus touchés (89% contre 11%) et la classe d'âge 20-29 ans et 30-39 ans. Toutefois on note 9 cas de nouveau-nés (0-11 mois) et 12 de jeunes enfants (1-9 ans). Les homosexuels (70,5% ) et toxicomanes (3,5%) sont considérés comme groupes à risques[25]. Le 19 novembre 1986, le gouvernement adopte un projet de loi autorisant la publicité sur les préservatifs. Une campagne publicitaire pour la prévention du SIDA est diffusée dans le journal d'Antenne 2 le soir même, mais elle met en scène principalement des femmes qui proposent aux hommes le préservatif, car considéré comme plus efficace pour l'acceptation selon une expérience menée en Suède. Si la publicité était interdite jusqu'alors en France, c'est que le préservatif était assimilé comme une propagande antinataliste[26]. La première campagne nationale date d'avril 1987, et affichait le slogan suivant : « Le sida ne passera pas par moi »[27],[28]. En 1990, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui suit régulièrement la maladie recense la mortalité des malades du sida en France de 1983 à 1988 :

Nombre de décès du Sida en France de 1983 à 1988
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1983-1988
Hommes 30 88 194 528 840 1186 2846
Femmes 2 7 20 79 124 198 430
Total 32 75 214 607 964 1384 3276

Le 5 mars 1993, Cyril Collard meurt du Sida à l'âge de 35 ans. Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) fourni les données suivantes le 15 mai 1994 : environ 3 300 personnes sont mortes du sida en 1993, et environ 16 750 depuis le début de l'épidémie jusqu'à fin 1993 en France. Au 31 mars 1994, environ 30 000 personnes ont été contaminée depuis le début de l'épidémie en France (29 477 adulte et 526 enfants)[29]. En 1996, le journal Libération sort des chiffres sur la période 1992-1994 par rapport au sida, et indique que le sida accroît la mortalité des jeunes. En 1993, 15,5% des décès chez les 25-34 ans étaient dus à la maladie. En 1992, 870 décès liés au sida ont été recensés chez les hommes nés entre 1958 et 1962, 665 pour ceux nés entre 1953 et 1957. En 1993, la maladie a été responsable de 17% des décès enregistrés pour les hommes de 25-34 ans, et 10% des 35-44 ans (contre respectivement 14% et 4% pour les femmes). Les hommes regroupent les 4/5e des décès, et parmi eux, les célibataires sont particulièrement touchés : en 1994, le sida a provoqué 30% des décès d'hommes célibataires entre 25 et 44 ans. Quant aux femmes, jusqu'alors moins touchées, elles connaissent la plus forte progression parmi les décès depuis 1992, en raison de la forte montée des contaminations par voie hétérosexuelle[30]. Le 7 avril 1994, lors de la première journée du Sidaction, Clémentine Célarié, qui joue le rôle de Marianne dans le film, échange spontanément un long baiser fougueux avec Patrice Janiaud, âgé alors de 28 ans, séropositif après avoir été contaminé un an plus tôt au cours d’une intervention chirurgicale. Elle lui avait demandé l'autorisation quelques minutes plus tôt. Un geste qui a marqué les esprits lors de l'émission spéciale en direct au Zénith, retransmise par six chaîne de télévision, en "prime-time", pendant plus de 6 heures, et grâce auquel elle espérait montrer à la France entière que l'on pouvait embrasser une personne séropositive sans aucune crainte[31],[32],[33]. En 1996, l’introduction de la trithérapie a permis aux personnes malades du sida en Europe et aux États-Unis de prolonger leur espérance de vie de dix ans[34]. En 2023, 200 000 personnes vivent avec le VIH en France et entre 4 200 et 5 700 ont découvert leur séropositivité en 2022. Dans la majorité des contaminations au VIH, provient de rapports hétérosexuels (54%), contre 41% pour les rapports homosexuels. Parmi ces nouveaux malades, plus de la moitié est née à l’étranger[35],[36].

Potentielle contamination lors des rapports sexuels non protégés et communication avec les partenaires

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Le film et le livre auparavant, suscitent des interrogations au sujet du comportement de Jean vis-à-vis de ses partenaires, en ne leur communiquant pas dans un premier temps qu'il est séropositif et de ses rapports sexuels non protégés avec un préservatif.

Le 18 octobre 1992, dans l'émission Bouillon de culture, Bernard Pivot aborde avec Cyril Collard, sur le silence de Jean, qui ne dit pas à Laura, la première fois qu'ils ont des rapports sexuels, qu'il est séropositif, et qu'il ne prend aucune précaution par rapport à Laura, et Cyril Collard déclare : « Ce n'est évidement pas l'attitude civique que j'ai, je ne dis pas, faites l'amour sans préservatif. Par contre, j'ai situé ce film en 1986 pour cette raison. La conscience de cette maladie n'était pas vraiment rentré profondément dans les gens, et ce personnage de Jean a une incapacité à reconnaître que cela fait partie de lui. Il y a une espèce de panique, il y a aussi une non reconnaissance de Laura en face de lui »[37]. Le 7 octobre 1989, dans l'émission Lunettes noires pour nuits blanches, Thierry Ardisson discute du livre de Cyril Collard, avant que le film se fasse, sur la sexualité débridée de Jean. Ardisson aborde le sujet au cours de l'entretien et le dialogue s'ensuit : Ardisson : « il y a une fille au milieu de tout cela ». Cyril : « c'est une fille qui a 17 ans et elle est complétement romantique, elle n'est pas dans cet univers, dans l'accélération, de la multiplication. C'est quelque chose qui est important dans le livre, c'est la confusion, que ce soit le narrateur, Sami, Jamel, se sont des gens divisés, un peu coupé en morceau, qui ont une confusion à la fois affective et idéologique ». Ardisson : « tu expliques leurs mentalités, c'est des petits bouts d'idéologie les uns collé aux autres ». Cyril : « elle au contraire, elle est amoureuse de ce mec, et elle ne veut que lui, et elle accepte le risque de la contamination ». Ardisson : « elle n'accepte pas vraiment, car au départ, la première fois, le personnage ne le lui dit pas, c'est une forme d'assassinat en quelque sorte, non, de faire l'amour avec quelqu'un quand on est séropositif sans le lui dire ». Cyril : « il se trouve que dans le livre, je crois que c'est clairement dit, que cela se termine bien, car la fille n'est pas séropositive ». Ardisson : « mais cela aurait pu mal se terminer ». Cyril : « cela aurait pu mal se terminer. Mais pourquoi il ne lui dit pas, mais parce que dans cette accélération, sa vie est complètement morcelée, tout d'un coup, il a l'impression qu'avec cette fille, c'est une histoire d'amour, il y croit, et il n'ose pas le lui dire tout simplement »[38].

Aspect juridique dans différents États au cours des années 90

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En Suisse, le magazine L'Hebdo consacre un dossier le 23 décembre 1992 avec pour titre : Transmettre sciemment le Sida : Un crime ? avec une photo du film représentant Jean et Laura. Dans l'article est mentionné le cadre légal en Suisse par ces termes : « le Code pénal suisse prévoit le délit de contamination volontaire : son article 231 réprime "celui qui, intentionnellement, aura propagé une maladie de l'homme dangereuse et transmissible". Cet article a été invoqué dans un jugement tombé à Lausanne le 6 avril 1989, jugement qui fait jurisprudence puisqu'il a été confirmé - et aggravé - par la cour de cassation du Tribunal cantonal vaudois puis par le Tribunal fédéral. Un homme avait été reconnu coupable de propagation intentionnelle d'une maladie de l'homme, le sida en l'occurrence, et de lésion corporelles graves, et avait été condamné à quatre ans d'emprisonnement ». Un autre cas est présenté, un dénommé Kurt, dans le canton d'Argovie, qui se trouve devant le tribunal pour avoir infecté au moins trois femmes au cours de neuf années d'activité sexuelle délibérément non protégé. En 1984 déjà, sa première amie et la fille qu'ils ont eue ensemble sont mortes du sida qu'il leur avait transmis, et en 1991, une autre de ses amies est également morte du sida. C'est la mère de cette dernière qui a déposé plainte. L'article mentionne d'autres cas dans d'autres pays. En 1992, en Angleterre, à Birmingham, Roy Cornes, 24 ans, hémophile séropositif, qui a contaminé au minimum quatre femmes, mais n'a pas été condamné. Le Secrétaire d'État à l'Intérieur Kenneth Clarke ayant fait savoir aux Communes qu'il renonçait à proposer une nouvelle norme pénale relative à la transmission volontaire du virus HIV. Au États-Unis, en Louisiane, Salvatore Gambarella, 28 ans, a été reconnu coupable de violation d'une loi de l'État de Louisiane, en exposant sa précédente amie et leur enfant au virus du sida. L'American Civil Liberties Union a contesté le jugement, déclarant que c'était anticonstitutionnelle[39].

Situation juridique en France sur la transmission du Sida après l'an 2000

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En France, en 2015, le Conseil national du sida et des hépatites virales a procédé à une analyse juridique approfondie des 23 procédures pénales pour transmission et/ou exposition au risque de transmission du VIH jugées en France, du risque pénal encouru pas les personnes vivant avec le VIH du fait de relations sexuelles non protégée et conclu qu'à la différence de certains pays, il n’existe pas en France de législation visant spécifiquement la transmission du VIH ou des pathologies transmissibles. Selon une jurisprudence extrêmement stable depuis 1999, les poursuites pour transmission et/ou exposition au risque de transmission du VIH se fondent sur le délit d’«administration de substances nuisibles ayant entrainé une atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’autrui» (ASN), défini par l’art. 222-15 du Code pénal. Les peines encourues peuvent aller jusqu'à plusieurs années de prison[40],[41]

Notes et références

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  1. Alain Brassart, L'homosexualité dans le cinéma français, Nouveau monde, , p. 161
  2. Nathalie Giraudeau, Le sida à l'écran , Editions L'Harmattan, 1998
  3. Gérard Camy, Alain Riou, 50 films qui ont fait scandale, Corlet-Télérama, , p. 178
  4. Gilles Médioni, Cyril Collard, Flammarion, , p. 47
  5. Gilles Médioni, « Les enfants des «Nuits fauves» », sur lexpress.fr,
  6. Ravel est un comédien qui faisait partie de la troupe des Amandiers de Patrice Chéreau et qui joua dans quelques films, il meurt d'une overdose (Marisa Bruni-Tedeschi, Mes chères filles, je vais vous raconter…, 2016).
  7. Cyril Collard est mort d'avoir vu la vie en séropositif, 24 heures, (page 33), 6 mars 1993. Archive Bibliothèque cantonale et universitaire (Lausanne)
  8. Nella Banfi, IMDb
  9. Les nuits fauves. À propos des nuits fauves, les interviews, David Dessites, 2004, Youtube
  10. JP, « Les Nuits fauves (Savage Nights) (1992)- JPBox-Office », sur www.jpbox-office.com (consulté le )
  11. « Les Nuits fauves », l’hymne à l’amour de l’écrivain et cinéaste Cyril Collard, Le Monde, 12 août 2023
  12. « Les enfants des «Nuits fauves» », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Marie-Elisabeth Rouchy Télérama n°2244 13 janvier 1993 repris dans Nos années culture 60 ans Tome 2
  14. Prénom Romane, Le Matin, (page 36), 26 octobre 1992. Archive Bibliothèque cantonale et universitaire (Lausanne)
  15. Les nuits fauves, les jeunes aussi, 24 heures, (page 60), 27 novembre 1992, Archive Bibliothèque cantonale et universitaire (Lausanne)
  16. « Nuit des Césars : la vie des morts Disparu trois jours plus tôt, Cyril Collard a été plébiscité pour les Nuits fauves », sur Le Monde,
  17. « Cyril Collard, le triomphe et les larmes », sur Les Echos,
  18. Jean-Michel Frodon, L'âge moderne du cinéma français, Flammarion, , p. 800
  19. 1982 : la télévision française parle pour la première fois du sida, Antenne 2 Journal, 27 mars 1982, INA
  20. 40 ans de découverte de VIH, Institut Pasteur
  21. 40 ans de découverte de VIH, Institut Pasteur
  22. Les femmes et le Sida, ONUSIDA, Octobre 1997
  23. Les grandes dates du Sida<, La Dépêche du Midi, 29.05.2011
  24. [https://www.ladepeche.fr/2021/11/29/lepidemie-de-sida-en-dix-dates-cles-9959498.php L'épidémie de sida en dix dates clés ], La Dépêche du Midi, 29.11.2021
  25. Situation du sida en France au 30 juin 1986, Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 1986, n°. 34, p. 134-5, 1 septembre 1986, Direction générale de la Santé
  26. Pub AIDES pour les préservatifs, Antenne 2 Le Journal de 20H - 20.11.1986, INA
  27. Leçons tirées de 20 ans de campagnes de lutte contre le sida., Agence nationale de santé publique, 1 janvier 2011
  28. Campagne SIDA et spot : "Il ne passera pas par moi", INA
  29. Surveillance du sida en France. Situation au 31 mars 1994, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, no 19/1994, 16 mai 1994
  30. Le sida accroît la mortalité des jeunes. En 1993, 15,5% des décès chez les 25-34 ans étaient dus à la maladie., Libération, 14 février 1996
  31. Lors du premier Sidaction, Clémentine Célarié embrasse un jeune homme séropositif, INA
  32. 30 ans après, Clémentine Célarié revient sur son baiser à Patrice Janiaud, Télé-Loisirs, 18.04.2024
  33. Sidaction : il nous raconte son inoubliable baiser avec Clémentine Célarié, Le Parisien, 4 avril 2019
  34. Grâce à la trithérapie, l'espérance de vie des malades du sida a augmenté de 10 ans, France 24, 11.05.2017
  35. VIH : qui sont les patients séropositifs aujourd’hui en France ?, Le Figaro, 22.04.2024
  36. Bulletin de santé publique VIH-IST. Novembre 2023, Agence nationale de santé publique
  37. Cyril Collard à propos du film "Les Nuits fauves", Bouillon de culture, 18 octobre 1992, INA
  38. Cyril Collard : la folle histoire des "Nuits Fauves", Ina Arditube, Thierry Ardisson, archive 7 octobre 1989. Youtube
  39. Contamination, Transmettre sciemment le Sida : Un crime ?, L'Hebdo, (pages 42,43, 44), 23 décembre 1992
  40. Risque de transmission du VIH jugées en France, du risque pénal encouru pas les personnes vivant avec le VIH du fait de relations sexuelles non protégée, Conseil national du sida et des hépatites virales, 2015
  41. Article 222-15, Code pénal (France), Légifrance

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Isabelle Charpentier, CURAPP-CNRS, La politisation des émotions : Les Nuits Fauves de Cyril Collard in La politique ailleurs, 1998 lire en ligne

Liens externes

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