John Talbot (1er comte de Shrewsbury)

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John Talbot
Image illustrative de l'article John Talbot (1er comte de Shrewsbury)
John Talbot présentant un livre à Marguerite d'Anjou. Détail d'une enluminure du Livre de Talbot-Shrewsbury par le Maître de Talbot, 1445, British Library.

Titre Comte de Shrewsbury
(1442 - 1453)
Autre titre Comte de Waterford
(1446 - 1453)
Baron Talbot
(1421 - 1453)
Baron Strange de Blackmere
(1421 - 1453)
Baron Furnivall
(1407 - 1422)
Conflits Révolte des Gallois
Guerre de Cent Ans
Faits d'armes Bataille de Verneuil
Siège de Laval
Siège d'Orléans
Bataille de Meung-sur-Loire
Bataille de Beaugency
Bataille de Patay
Siège de Pontoise
Siège de Dieppe
Siège de Rouen
Prise de Bordeaux
Bataille de Martignas
Bataille de Castillon
Distinctions Ordre de la Jarretière
Autres fonctions Lord lieutenant d'Irlande
Biographie
Dynastie Talbot
Naissance vers 1387
Blackmere (Shropshire)
Décès
Castillon-la-Bataille
Père Richard Talbot
Mère Ankaret le Strange
Conjoint Maud Neville
(1407 – 1422)
Marguerite de Beauchamp (en)
(1425 – 1453)
Enfants Avec Maud Neville
John Talbot
Thomas Talbot
Katherine Talbot
Christopher Talbot
Joan Talbot
Anne Talbot

Avec Marguerite de Beauchamp
John Talbot (en)
Louis Talbot
Humphrey Talbot
Éléonore Talbot
Elizabeth Talbot (en)

Henry Talbot (illégitime)

Image illustrative de l’article John Talbot (1er comte de Shrewsbury)

John Talbot (vers 1387[1], Blakmere, Shropshire, Castillon-la-Bataille), baron Talbot, 1er comte de Shrewsbury et de Waterford, baron Furnival de jure uxoris, fut l'un des chefs anglais lors de la guerre de Cent Ans.

Origine et famille[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Richard Talbot, 4e baron Talbot de Goodrich Castle et d'Ankaret le Strange, 7e baronne Strange of Blackmere. Il est issu d'une famille Normande originaire du Pays de Caux, vassale des Giffards. Son jeune frère Richard est archevêque de Dublin et Lord Chancelier d'Irlande.

Son père décède alors que John n'a que neuf ans. Sa mère se remarie en 1401 avec Thomas Neville, baron Furnival. Celui-ci aura une grande influence sur John. N'ayant aucun héritier mâle, Neville donne sa fille Maud en mariage à John, qui hérite alors du titre de baron Furnival et entre au Parlement au nom de sa femme en 1409. Ils ont trois fils, Thomas, John et Christopher, et une fille, Joan.

Après la mort de sa femme en 1422, il épouse en secondes noces Lady Margaret Beauchamp, avec laquelle il a cinq enfants : John, Louis, Humphrey, Eleanor et Elizabeth.

Il est aussi père d'un enfant illégitime, Henry qui est capturé par le dauphin de France Louis en 1443 alors qu'il suit son père en campagne[2].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Les débuts[modifier | modifier le code]

Encore très jeune, il combat en Pays de Galles, et se distingue tout particulièrement au siège du château de Harlech en 1409. En 1414, Henri V d'Angleterre le nomme lieutenant en Irlande, mais des différends l'opposent au duc d'Ormonde. En 1419, il débarque en France où il participe à de nombreux combats.

En 1425, il retourne en Irlande en tant que lieutenant pour une courte période.

Les campagnes de France[modifier | modifier le code]

En 1427, il retourne en France. Des lettres de Jean de Lancastre, comte anglais de l'Anjou et du Maine, venaient, le , de concéder les baronnie, terre, seigneurie, justice, cens, rentes et autres possessions de Laval-Guyon (détenues par Anne de Laval) à John Talbot, comte de Shrewsbury et de Waterford.

En , il s'empare de Laval, qui sera repris l'année suivante. Au lendemain du siège d'Orléans il commandait la garnison anglaise de Beaugency, forte de 500 hommes. Il devint commandant en chef des troupes anglaises après l'affaire de Jargeau, où Suffolk s'était laissé prendre (1429). Le , il combattit à Patay où il fut vaincu et capturé, puis échangé au bout de quatre ans contre Jean Poton de Xaintrailles ; il eut bientôt l'occasion d'user de la même courtoisie à l'égard de son libérateur. Il évita les trop gros affrontements lors de la décennie qui suivit. Il tenta de nombreuses petites batailles. Il figure dans la lettre de Jeanne d'Arc aux habitants de Tournai[3], ainsi que dans sa lettre au Duc de Bedford[4].

Aux alentours de Rouen en 1436, il vainquit La Hire et Xantrailles, puis poursuivit plus au Sud et à l'Est en écrasant une force de Bourguignons. En 1439, sa victoire sur Richemont lui ouvrit les portes d'Harfleur qu'il prit un an plus tard. Mais ce ne fut que barouds d'honneur, actions retardatrices et occupations temporaires, car ses forces étaient bien maigres et les armées françaises réoccupaient tous les territoires temporairement perdus.

L'Achille anglais[modifier | modifier le code]

La mort de Talbot à la bataille de Castillon. Miniature ornant le manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de la mort de Charles VII, vers 1484, BNF.
Effigie de John Talbot élevée dans le porche de St Alkmund's Church (Whitchurch, Shropshire). La sculpture, tardive, ne prétend pas refléter fidèlement les traits de l'homme de guerre[5].

En 1445, Henri VI, en tant que roi de France, le nomme connétable de France.

Il est rappelé en Normandie en 1450 au moment où Caen et Rouen sont gagnées grâce à l'artillerie de Jean Bureau et Talbot, très âgé, est fait prisonnier. Charles VII le libère contre sa parole de ne plus porter les armes contre lui[6][source insuffisante] ; il respecte son serment mais continue à diriger des armées anglaises contre les forces françaises. En 1451, Charles VII prend Bordeaux mais les Gascons se révoltent et en appellent au roi d'Angleterre qui envoie un petit corps expéditionnaire sous le commandement de Talbot. Il arrive sous les acclamations de la population qui le surnomme « Roi Talbot ». En quelques semaines, il reprend la Gironde avec le titre de « lieutenant-général de la Guyenne » mais les Français contre-attaquent à Castillon au printemps 1453. John Talbot souhaite attendre avant d'attaquer, mais les Bordelais inquiets pour les vendanges le somment d'attaquer rapidement. Il charge le camp retranché des Français et leurs 300 canons lui répondent. Il reçoit un coup de couleuvrine qui tue son cheval et lui brise la jambe. Il est achevé par des archers bretons qui ne l'ont pas reconnu car il ne porte ni arme, ni armure pour respecter son serment fait au roi de France. Le lendemain, il est porté à la chapelle Notre-Dame-de-Colle qui se situe à côté du champ de bataille. En apprenant sa mort, le roi de France Charles VII aurait dit : « Dieu fasse merci au bon chevalier ».

En 1493, quarante années après la bataille de Castillon, Sir Gilbert Talbot fait enterrer la dépouille de son père dans l'église paroissiale de Whitchurch[7], sise dans le comté de Shropshire.

Talbot reçut successivement les titres de comte de Shrewshury, de Wexford, de Waterford en récompense de ses faits d'armes.

Postérité[modifier | modifier le code]

Critiques[modifier | modifier le code]

Militaire brillant, il est surnommé « l'Achille anglais »[8]. Il est reconnu à son époque comme le meilleur général d'Henri VI.

À l'inverse de son rival John Fastolf, Talbot fut toutefois un tacticien controversé. Selon Thomas Basin, il fut un homme courageux, mais les deux grandes batailles qu'il a livrées, la bataille de Patay et la bataille de Castillon furent des désastres. Beaucoup plus efficaces furent ses raids et les escarmouches qu'il lançait par surprise, provoquant une terrible incertitude chez ses ennemis. Il attaquait sans cesse et vainquait les petites troupes françaises qu'il rencontrait. Le connétable Richemont le craignait pour son énergie mais d'autres le jugeaient trop téméraire et belliqueux, tentant beaucoup d'assauts qui n'eurent aucune influence sur la guerre autre que la perte d'hommes des deux camps et le retardement du dénouement.

Un symbole de l'Aquitaine anglo-gasconne[modifier | modifier le code]

Le monument Talbot.

En Guyenne, province longtemps nostalgique de la monarchie anglo-gasconne, le personnage de John Talbot est entré dans la légende comme « Lo bon rey Talabot » (Le bon roi Talbot). Son souvenir fut longtemps, et est parfois encore, évoqué lors des veillées au coin du feu[9]. Jusqu'au XIXe siècle, tous les , les habitants de Lamothe-Montravel viennent en procession à la chapelle en ruine Notre-Dame-de-Colle en sa mémoire. Dans les années 1870, la Société française d'archéologie décide de construire un monument en sa mémoire à la place du seul mur de la chapelle encore en place. L'Union patriotique de la Gironde contre-attaque en 1888 en faisant construire un monument à la gloire de Jean Bureau, un des vainqueurs français[6][source insuffisante].

Un monument lui rend hommage à Lamothe-Montravel, là où il est mort.

Influence culturelle[modifier | modifier le code]

Rédigée par William Shakespeare durant la dernière décennie du XVIe siècle, la pièce Henry VI constitue « l'apogée de la légende » de John Talbot. Ce « personnage central » y est dépeint comme « un homme qui poursuit presque solitairement la lutte héroïque et vaine en vue d'empêcher la perte de la France », observe l'historien médiéviste Anthony James Pollard[10]. Tous les déboires de Talbot sont mis sur le compte de John Fastolf et sur des cabales à la cour d'Angleterre.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) J. Allan B. Somerset, Shropshire : Editorial apparatus, vol. 2, University of Toronto Press, coll. « Records of early English drama », , 833 p. (ISBN 978-0-8020-0648-6, lire en ligne), « Patrons and Travelling Companies », p. 717
  2. (en) Charles Lethbridge Kingsford, Shrewsbury, John Talbot, 1st Earl of, vol. 24, 1017–1018 p. (lire en ligne)
  3. « Jeanne d'Arc - H.Wallon - Appendice : Lettre de Jeanne aux habitants de Tournai », sur www.stejeannedarc.net (consulté le )
  4. « Lettre de Jeanne d'Arc au duc de Bedford », sur www.stejeannedarc.net (consulté le )
  5. Adrien Harmand, Jeanne d'Arc : ses costumes, son armure : essai de reconstitution, Paris, imprimerie Aulard, librairie Ernest Leroux, , 403 p., p. 20-21.
  6. a et b Jean-Luc Eluard, John Talbot le faux ennemi, Sud Ouest le Mag été, no 173, 25 juillet 2015
  7. Pollard 2005, p. 138.
  8. Michel Hérubel, Charles VII, Frédérique PATAT, , 393 p. (ISBN 978-2-37324-051-1, lire en ligne), La rencontre de Chinon
  9. Connaître la Gironde, par Philippe Prévôt, éditions Sud-Ouest, p. 119
  10. Pollard 2005, p. 3.

Autres sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Anthony James Pollard, The family of Talbot, Lords Talbot and Earls of Shrewsbury in the Fifteenth Century (PhD), University of Bristol, (lire en ligne)
  • (en) Anthony James Pollard, John Talbot and the War in France, 1427-1453, Londres, Royal Historical Society, coll. « Royal Historical Society Studies in History » (no 35), , XIV-166 p. (ISBN 0-521-55003-3, présentation en ligne).
    Réédition : (en) Anthony James Pollard, John Talbot and the War in France, 1427-1453, Barnsley, Pen & Sword Books Limited, coll. « Pen & Sword Military », , 2e éd., XVII-166 p. (ISBN 978-1-84415-247-6).
  • (en) Hugh Collins, « Sir John Fastolf, John Lord Talbot and the dispute over Patay : Ambitions and chivalry in the Fifteenth Century », dans Diana Dunn (dir.), War and Society in Medieval and Early Modern Britain, Liverpool, Liverpool University Press, , IX-213 p. (ISBN 0-85323-875-8), p. 114-140.
  • (en) Charles Lethbridge Kingsford, Shrewsbury, John Talbot, 1st Earl of, vol. 24, 1017–1018 p. (lire en ligne)
  • (en) Hugh Talbot (préf. Veronica Wedgwood (en)), The English Achilles : An Account of the Life and Campaigns of John Talbot, 1st Earl of Shrewsbury (1383–1453), Londres, Chatto & Windus, , 224 p. (ISBN 978-0-7011-2574-5).
  • (en) Matthew Woodcock, « John Talbot, Terror of the French : A Continuing Tradition », Notes & Queries, vol. 51, no 3,‎ , p. 249-251.
  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « John Talbot (1er comte de Shrewsbury) » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]