Baptême du croyant

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Baptême du croyant par immersion à la Northolt Park Baptist Church, dans le Grand Londres, Union baptiste de Grande-Bretagne, 2015.

Le baptême du croyant ou crédobaptisme est un rite chrétien de baptême dans la doctrine de l’Église de professants. Il fait référence à une expérience de renouvellement spirituel, par laquelle un croyant, après une nouvelle naissance et une profession de foi, décide de se faire baptiser. C'est un point central du christianisme évangélique et un de ses principaux signes distinctifs. Ce baptême s'effectue généralement par immersion ou par affusion (en versant de l'eau sur le baptisé). Le baptême du croyant est souvent appelé « baptême des adultes » en raison du fait que la pleine conscience de la foi, qui est dans ce cas une condition préalable au baptême, ne peut exister avant un âge minimum dit « âge de responsabilité », même si cet âge ne correspond pas nécessairement à l'âge de la majorité civile.

Origine[modifier | modifier le code]

Le baptême du croyant se base sur l'enseignement de Jésus-Christ qui a invité à faire des disciples dans toutes les nations et à les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit[1]. Selon les évangéliques, il est naturel de suivre l'ordre ainsi suggéré, soit de baptiser quelqu'un qui est devenu un disciple avant, ce qui n'est pas possible avec un bébé ou un enfant[2],[3]. Dans le Nouveau Testament, les mentions sur les baptisés concernent uniquement des croyants ayant vécu une nouvelle naissance[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Selon certains auteurs, il n'existe aucune preuve sans ambiguïté de la pratique du pédobaptisme avant le IIe siècle[5]. Le plus ancien manuel de la discipline de l'église, le Didachè, envisage le baptême des croyants. Les partisans du baptême du croyant soutiennent que les éléments non-bibliques ne font pas autorité, et qu'aucune preuve n'existe dans la Bible ou dans la littérature chrétienne primitive, montrant que le baptême des enfants a été pratiqué par les apôtres[4].

Réforme[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle, alors que les principaux réformateurs protestants (Luther, Calvin, etc.) supportent toujours le pédobaptisme, le mouvement anabaptiste est considéré comme à l'origine du retour du baptême du croyant, après une profession de foi[6]. Mais les historiens classent certaines personnes et groupes comme leurs prédécesseurs en raison d'une approche similaire à l'interprétation et l'application de la Bible. En 1525, à Zurich en Suisse, Georg Blaurock (né en 1491), 34 ans, a demandé à Conrad Grebel de le baptiser par immersion dans l’eau après une profession de foi[7]. La Confession de Schleitheim publiée en 1527 par les frères Suisses, un groupe d’anabaptistes, dont Michael Sattler à Schleitheim est une publication qui a répandu cette doctrine[8]. Dans cette confession, le baptême du croyant est placé comme un fondement théologique essentiel de l’Église de professants[8],[9],[10]. À partir de 1609, le mouvement baptiste, fondé par les Anglais John Smyth et Thomas Helwys en Hollande en 1609, appliquera cette pratique dans toutes ses églises[11].

XXe et XXIe siècles[modifier | modifier le code]

Le mouvement pentecôtiste en 1906 et le mouvement charismatique en 1960 appliquent également le baptême du croyant[12]. Cette pratique est devenue un des principaux signes de reconnaissance d'une église évangélique[13]. En effet, pour les chrétiens évangéliques, adhérant à la doctrine de l’Église de professants, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance et une profession de foi[14],[15].

Âge de responsabilité[modifier | modifier le code]

Conformément à la lecture du Nouveau Testament faite par les crédobaptistes selon laquelle seuls les croyants peuvent être baptisés, le baptême du croyant n'est administré qu'à ceux qui ont atteint ou dépassé un âge minimum, dit l'âge de responsabilité ou âge de raison, cela étant censé garantir le plein discernement et la pleine compréhension du croyant lorsqu'il fait une profession de foi préalablement à son baptême[16].

En pratique, cet âge correspond généralement au début de l’adolescence, soit vers 12 ans dans les églises anabaptistes et 9 à 12 ans dans les églises baptistes [17],[18]. Cette compréhension de l'âge de responsabilité est analogue à la tradition juive de la bar-mitzvah, car c'est à cet âge que les enfants juifs sont considérés comme responsables de leurs actes et donc capables d'appliquer les commandements de la Torah[19].

Dans les églises pratiquant le baptême du croyant, l'"âge de responsabilité" a pu être fixé plus haut ou plus bas selon leurs pratiques traditionnelles et leur appréhension du développement psychologique des enfants[16]. Parfois, le pasteur ou le dirigeant de l'église s'assure de la compréhension et de la conviction du croyant par des entretiens personnels. Dans le cas d'un mineur, l'accord des parents est en général requis.

Objections historiques[modifier | modifier le code]

Les travaux de Joachim Jeremias réunissent des preuves de la présence du baptême de nourrissons dans les 4 premiers siècles[20].

Objections théologiques[modifier | modifier le code]

Augustin d'Hippone[modifier | modifier le code]

En soutenant que les enfants morts sans être baptisés n'iraient pas au paradis, le théologien Augustin d'Hippone a permis la diffusion du baptême des enfants ou pédobaptisme. Les fidèles catholiques demandent alors que ce sacrement soit effectué le plus tôt possible, l'enfant étant justifié par la « foi des autres »[21]. Cette doctrine a été proclamée lors du concile de Carthage en 418, et déclare que le baptême d'eau peut servir de remède contre le péché originel[22]. Le baptême des enfants se généralise alors dans le catholicisme.

Un argument théologique porté par le pédobaptisme contre le baptême du croyant est que l'efficacité du rite dépend de la compréhension du baptême lequel dépend de ce que sait le baptisé.

La Réforme et Jean Calvin[modifier | modifier le code]

Dans la plupart des dénominations chrétiennes issue de la Réforme protestante, le baptême est considéré comme un acte passif de la foi plutôt qu'une œuvre méritoire. Il « est un aveu que la personne n'a rien à offrir à Dieu[23] ». Jean Calvin estime que « le baptême succède à la circoncision » des temps bibliques en tant que signe d'appartenance au peuple de Dieu et de promesse de salut, issu de l'Alliance entre Dieu et les hommes ; c'est donc un signe qui engage non pas l'enfant baptisé mais Dieu et la communauté chrétienne autour du baptisé, auquel ce dernier pourra répondre - ou non - lors de sa confirmation[24]. Toutefois, les baptistes réformés considèrent le baptême du croyant comme entièrement compatible avec les principales doctrines calvinistes telles que l'élection inconditionnelle et comme la meilleure expression de la théologie de l'Alliance. Ces idées ont aussi été défendues par des théologiens baptistes tel que Benjamin Keach, John Gill ou Charles Spurgeon.

Par ailleurs, beaucoup de théologiens chrétiens (pédobaptistes), comme Calvin[24] et Zwingli, considèrent le baptême comme la continuation de la tradition juive de la circoncision, et non de celle de la Bar Mitzvah.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Évangile de Matthieu 28:19
  2. Mark Dever, Jonathan Leeman, Baptist Foundations: Church Government for an Anti-Institutional Age, B&H Publishing Group, USA, 2015, p. 93
  3. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, USA, 2001, p. 131
  4. a et b Stanley James Grenz, Theology for the Community of God, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2000, p. 528
  5. Mark Dever, Jonathan Leeman, Baptist Foundations: Church Government for an Anti-Institutional Age, B&H Publishing Group, USA, 2015, p. 108
  6. William H. Brackney, Historical Dictionary of the Baptists, Editions Scarecrow Press, Canada, 2009, p. 21
  7. Orlando O. Espín, James B. Nickoloff, An Introductory Dictionary of Theology and Religious Studies, Liturgical Press, USA, 2007, p. 47
  8. a et b J. Philip Wogaman, Douglas M. Strong, Readings in Christian Ethics: A Historical Sourcebook, Westminster John Knox Press, USA, 1996, p. 141
  9. Donald F. Durnbaugh, The Believers' Church: The History and Character of Radical Protestantism, Wipf and Stock Publishers, USA, 2003, p. 65, 73
  10. William H. Brackney, Historical Dictionary of the Baptists, Editions Scarecrow Press, USA, 2009, p. 21.
  11. Robert E. Johnson, A Global Introduction to Baptist Churches, Cambridge University Press, UK, 2010, p. 56.
  12. Keith Warrington, Pentecostal Theology: A Theology of Encounter, T&T Clark, UK, 2008, p. 164.
  13. Michael J. Meiring, Preserving Evangelical Unity: Welcoming Diversity in Non-Essentials, Wipf and Stock Publishers , USA, 2009, p. 128
  14. Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism: Revised and expanded edition, Baylor University Press, USA, 2004, p. 54
  15. Donald W. Dayton, The Variety of American Evangelicalism, Univ. of Tennessee Press, USA, 2001, p. 155, 159
  16. a et b Adam Possamai, Anthony J. Blasi, The SAGE Encyclopedia of the Sociology of Religion, SAGE, USA, 2020, p. 69
  17. Donald B. Kraybill, Concise Encyclopedia of Amish, Brethren, Hutterites, and Mennonites, JHU Press, USA, 2010, p. 43
  18. Arthur Magida, Opening the Doors of Wonder: Reflections on Religious Rites of Passage, University of California Press, USA, 2006, p. 28
  19. John S. Hammett, Biblical Foundations for Baptist Churches: A Contemporary Ecclesiology, Kregel Academic, USA, 2019, p. 133
  20. (en) Joachim Jeremias, Infant Baptism in the First Four Centuries, SCM Press, réédité par Wipf and Stock Publishers (1974), , 111 p. (ISBN 978-1-59244-757-2, lire en ligne)
  21. Jean-Pierre Arrignon, Bernard Merdrignac, Cécile Treffort, Christianisme et Chrétientés en Occident et en Orient, Éditions Ophrys, , p. 87
  22. William J. Collinge, Historical Dictionary of Catholicism, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 324
  23. Hazelip et al. 1998, p. 112.
  24. a et b Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV, chapitre XVI "Que le baptême des petits enfants convient très bien à l'institution de Jésus-Christ et à la nature du signe.", p. 488 et suivantes [1]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Rees Bryant, Baptism, Why Wait? : Faith's Response in Conversion, College Press, , 224 p. (ISBN 978-0-89900-858-5, présentation en ligne)
  • (en) Everett Ferguson, The Church of Christ : A Biblical Ecclesiology for Today, William B Eerdmans, , 443 p. (ISBN 978-0-8028-4189-6, présentation en ligne)
  • (en) Douglas A Foster, « Churches of Christ and Baptism: An Historical and Theological Overview », Restoration Quarterly, Abilene Christian University, vol. 43, no 2,‎
  • (en) Douglas Allen Foster, Anthony L Dunnavant, Blowers et Williams, The Encyclopedia of the Stone-Campbell Movement : Christian Church (Disciples of Christ), Christian Churches/Churches of Christ, Churches of Christ, William B Eerdmans, , 854 p. (ISBN 978-0-8028-3898-8, présentation en ligne)
  • (en) Harold Hazelip, Gary Holloway, Randall J Harris et Mark C Black, Theology Matters : In Honor of Harold Hazelip : Answers for the Church Today, College Press, , 368 p. (ISBN 978-0-89900-813-4, présentation en ligne).
  • (en) Daniel H Ludlow, Encyclopedia of Mormonism, New York, Macmillan Publishing, , 1850 p. (ISBN 0-02-879602-0, OCLC 24502140)
  • (en) Fred Malone, The Baptism of Disciples Alone : A Covenantal Argument for Credobaptism Versus Paedobaptism, Founders Press, , 284 p. (ISBN 0-9713361-3-X).
  • (en) Tom J Nettles, Richard L Jr Pratt, John H Armstrong et Robert Kolb, Understanding Four Views on Baptism, Zondervan, , 222 p. (ISBN 978-0-310-26267-1)