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Aquarelle

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Aquarelle de J. Grandgagnage, 1988.

L'aquarelle est une peinture à l'eau sur papier. Le même mot s'emploie pour la matière et pour l'ouvrage peint.

En français, on distingue l'aquarelle, transparente, de la gouache, opaque. Le liant qui fixe les pigments aux fibres du support est presque toujours à base de gomme arabique.

On parle rarement de tableau pour une œuvre peinte à l'aquarelle[1]. Quand l'aquarelle apporte de la couleur à une image produite selon d'autres techniques, on l'appelle selon le cas dessin, gravure, lithographie aquarellés ou avec rehauts d'aquarelle[2]. L'appréciation d'une œuvre comme dessin aquarellé, aquarelle ou gouache peut varier d'une personne à une autre.

Le faible encombrement du matériel et la possibilité d'une exécution technique rapide la font souvent utiliser pour des pochades, des études, des projets, et en extérieur. Pour les mêmes raisons l'aquarelle sert à l'enseignement et à la pratique amateur des arts plastiques.

Les peintres à l'aquarelle explorent souvent l'effet de granulation, une caractéristique distinctive de certains pigments. La granulation se produit lorsque les pigments se déposent à la surface texturée du papier, créant une apparence granuleuse ou tachetée. Cet effet peut ajouter de la profondeur, de la texture et de l'intérêt visuel aux peintures à l'aquarelle, surtout lorsque les artistes choisissent délibérément des pigments réputés pour leurs propriétés granulantes. Les pigments granulants populaires comprennent certaines teintes terre et des couleurs à base de minéraux. Les artistes utilisent cette qualité unique pour améliorer l'esthétique globale et créer des effets visuels captivants dans leurs œuvres à l'aquarelle.

Couleurs pour aquarelle

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En peinture, on appelle couleurs aussi bien les matières colorées que l'impression qu'elles produisent sur la vue[3].

Formulation

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Palette d'aquarelle.

La formulation des couleurs d'aquarelle ou de gouache comprend des pigments, un liant soluble dans l'eau, des charges, surtout pour la gouache, et d'additifs destinés à faciliter l'application et la conservation.

Pigments
Les pigments sont généralement les mêmes que ceux utilisés pour les autres techniques picturales, bien que l'indice de réfraction de certains pigments comme le smalt les rendent impropres à la dispersion dans l'huile, alors qu'ils peuvent sans inconvénient s'utiliser dans la fresque et les procédés à l'eau[4]. Au contraire, l'acidité du liant exclut certains pigments, qui pourraient virer ou devenir solubles dans l'eau (PRV1). L'aquarelle se distingue de la gouache par sa transparence. Cette propriété est en rapport avec la taille des particules de pigment et leur indice de réfraction (McEvoy). Le blanc est par définition opaque et peut opacifier toute couleur. Mais même les pigments très opaques comme le rouge anglais (Colour Index PR101), le jaune de chrome (PY34), le bleu cæruleum (PB35), le noir de fumée (PBk6) deviennent transparents lorsqu'ils sont très dispersés.
Liant
Les liants sont la plupart du temps des mélanges, comprenant principalement des polysaccharides, autrefois la gomme adragante, depuis longtemps plutôt la gomme arabique (PRV1). On ajoute du sucre candi ou du miel pour améliorer la fluidité de la matière humide, surtout dans l'aquarelle en tubes (VTT), de la glycérine pour donner un aspect mat (Béguin 1990). Le liant reste soluble dans l'eau après séchage, contrairement au liant protidique de l'encre de Chine et similaires utilisés comme l'aquarelle en lavis.
Charges
Les charges, rares en aquarelle, influencent l'opacité et certains effets de surface comme l'aspect métallique ou nacré.
Additifs
Le fiel de bœuf, un agent mouillant, facilite la dispersion des particules de pigment dans le liant et l'adhérence des couleurs sur le support ; l'amidon ou la dextrine rendent la pâte plus maniable ; des agents conservateurs et fongicides évitent les moisissures.

Conservation

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L'aquarelle est par nature fragile. Les pigments, seulement collés sur le support, sont en contact avec l'air. Leur granulométrie fine nuit à leur solidité à la lumière; le liant soluble rend le nettoyage impossible; le papier jaunit et souffre des attaques des insectes et des champignons (PRV1).

Les aquarelles ne peuvent être exposées que dans des conditions adaptées, faible lumière et protection par des vitres.

Conditionnement

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Les couleurs d'aquarelle se présentent sous deux conditionnements : godets de couleur sèche, tubes de couleur pâteuse.

La composition de l'aquarelle en godet et en tube est presque la même. L'aquarelle en tube peut comporter plus de miel afin que le produit reste plastique plus longtemps (VTT). Il est possible de remplir les godets vidés avec des tubes, moins onéreux ; la pâte durcira en séchant. Il est cependant recommandé de procéder en plusieurs couches[réf. souhaitée]. Si la peinture d'un tube a séché, on peut découper l'enveloppe et utiliser le contenu comme de l'aquarelle en godets[5].

Les tubes contiennent de 5 à 40 cm3. Les godets mesurent environ 19 × 30 × 10 mm et contiennent environ 5 g de peinture ; les demi-godets sont moitié moins larges avec 19 × 15 × 10 mm. Cette taille uniforme permet de placer dans les alvéoles des boîtes de voyage les produits de tous les fabricants.

Les couleurs se vendent souvent en plusieurs qualités, « étude », « fines », « extra-fines » ; elles diffèrent principalement par la quantité de pigment par unité de volume (McEvoy).

Encre aquarelle et « aquarellables »

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On ajoute souvent, dans le commerce, le mot aquarelle à des produits destinés au dessin et à la peinture, laissant une trace soluble dans l'eau même si leur composition diffère de celle décrite précédemment. Les artistes qui les utilisent, notamment en bande dessinée ou illustration, parlent naturellement d'aquarelle pour leur technique[6].

Les encres-aquarelles sont des teintures solubles dans l'eau, en général peu solides à la lumière et dont le rendu dépend, plus encore que celui de l'aquarelle, du papier utilisé[7]. Contrairement à l'aquarelle, les encres à l'eau s'étendent sans former d'auréoles[8].

Le crayon aquarellable (ou crayon aquarelle) est un crayon de couleur, il permet de dessiner des détails précisément[9]. Les crayons, craies, pastels et feutres « aquarellables » ont le plus souvent une composition différente de celle des couleurs d'aquarelle.

Mise en couleurs

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Lithographie aquarellée, 1844.

L'« aquarelle » a servi historiquement et sert encore beaucoup pour des travaux de mise en couleurs d'impressions au trait noir sur blanc. Le terme aquarelle signifie ici « peinture à l'eau transparente », sans nécessairement la composition de l'aquarelle des artistes peintres. L'encre de l'impression monochrome, grasse, rejette l'eau, ce qui facilite le respect des contours et assure que les lignes noires resteront visibles. Le travail sèche relativement vite, d'autant qu'on peint avec peu d'eau pour éviter les déformations du papier. Mais les qualités optimales de la peinture ne sont pas les mêmes que pour les artistes peintres. Dans ce travail en série, une teinture dissoute, plutôt qu'un pigment, facilite la régularité des teintes dans les aplats et entre les exemplaires, et évite les auréoles. Une couleur indélébile est préférable pour la conservation de l'ouvrage ; on l'obtient avec un liant protéïque, plutôt que glucidique comme la gomme arabique. La solidité à la lumière a moins d'importance quand la peinture appliquée reste à l'abri dans des livres fermés.

Au XIXe siècle, les éditeurs proposaient des éditions en couleurs des lithographies, fabriquées en passant au pinceau des couleurs sur une impression demi-teinte peu contrastée. Le même procédé a servi en cartographie et pour la mise en couleur de photographies.

Au XXe siècle, les coloristes de la bande dessinée ont utilisé des méthodes similaires[réf. souhaitée]. Le contour était alors préalablement tracé à l'encre indélébile à la plume ou au pinceau. Pour ces applications où l'on veut obtenir des aplats très homogènes, on prépare les dilutions à l'avance, pour les utiliser comme des encres[10].

L'« aquarelle » a servi et sert encore beaucoup pour les notations colorées dans le dessin notamment de mode, de botanique, de zoologie, d'architecture[11] et, comme la gouache, pour les livres de coloriage. Avant que les techniques de reprographie ne fasse privilégier l'encre noire et les hachures, le dessin technique utilisait des couleurs conventionnelles, posées à l'aquarelle (Béguin 1995).

Selon André Béguin, dans ces travaux, l'aquarelle se distingue du lavis en ce qu'elle n'utilise pas que des teintes plates[12].

Michel Charrier, La Maison en Normandie (2010).

En peinture, on considère aujourd’hui généralement que « le terme définit en fait une technique, le lavis, plus qu'un matériau[13] ». Le travail à l'aquarelle se fait sur papier vierge, avec tout au plus une mise en place légèrement tracée au crayon. Cela n'exclut pas que des artistes puissent lever des croquis coloriés sur le motif, avant d'exécuter l'aquarelle proprement dite sur papier vierge.

Une partie des artistes et amateurs considère que ne mérite la qualification d' « aquarelle » qu'un ouvrage réalisé exclusivement avec des couleurs transparentes mates, sans empâtements, sans trace de crayon, sans noir ni blanc ni couleurs opaques, ni d'autres peintures qui ne se diluent plus une fois sèches. Toute transgression de ce principe leur fait classer l'ouvrage comme technique mixte, tandis que l'expression « aquarelle pure » indique son respect[14].

Application

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Lorsque d'un trait de pinceau, on dépose l'aquarelle sur le support, les pigments se retrouvent d'abord en suspension dans le milieu aqueux. Ils se déposent ensuite progressivement au creux des aspérités du papier tout comme des sédiments charriés par une rivière en crue. Tant que le papier reste humide, des pigments flottent encore dans le liquide. Il est toujours possible d'intervenir si l'on ne perturbe pas la couche des pigments déjà déposés[15].

Lorsque le papier est sec, la transparence de l'aquarelle s'impose. Elle résulte des différences d'épaisseur des strates de pigments sur le papier. Peu de pigments sur les crêtes et davantage dans les creux. C'est ce gradient qui crée cette « vibration » si particulière.

Sa simplicité n'est qu'apparente. Les difficultés, réelles, ne doivent cependant pas décourager le novice qui, s'il a bien assimilé ces spécificités techniques, saura en tirer profit pour produire un travail de qualité.

Le maximum d'intensité lumineuse correspond au blanc du papier. Les techniciens les plus habiles savent ménager dans leur tableau ces éclats lumineux naturels aux endroits les plus opportuns. Des artifices permettent aussi de préserver le fond du support : la paraffine (bougie), qui empêche définitivement l'eau colorée de mouiller le papier, ou la gomme à masquer ((en) drawing gum), qui le protège temporairement.

Marie-Claire Lefébure, La Granvillaise.

On décrit habituellement deux techniques qui peuvent s'associer dans un même travail.

  • La technique sèche est la plus ancienne. Son principe est d'étaler délicatement la peinture très diluée sur le support de façon à laisser transparaître la couleur du fond. Une fois les premiers tons posés et après séchage complet on s'intéresse aux éléments de détails de plus en plus précis en utilisant des couleurs moins diluées et en prenant soin d'aller des tons les plus clairs vers les plus foncés. Le travail progresse par couches successives et se termine par quelques rehauts plus foncés qui donnent à l'œuvre de la présence et du caractère. On obtient une couleur profonde en utilisant de l'eau gommée pour donner à la couche pigmentaire une certaine épaisseur.
  • La technique dans le mouillé impose l'humidification préalable du support. Elle permet à l'artiste d'obtenir des surfaces aux couleurs très intenses, de faire fusionner les couleurs et d'effectuer des retraits de peinture sans abîmer le support. Les effets sont nombreux : fondus, dégradés, camaïeux, etc. Son apprentissage est long, car il nécessite une bonne maîtrise du cycle de l'eau sur le papier. C'est en effet le degré d'humidité du papier qui dicte au peintre le moment le plus opportun pour intervenir[16].

Dans tous les cas, la couleur de l'aquarelle ternit assez notablement au séchage[17]. La disparition de l'eau change le trajet des rayons lumineux, et les couleurs perdent de leur éclat. L'artiste en tient compte. Un phénomène du même ordre peut se produire si, le travail fini, on y applique un vernis fixatif ou protecteur (PRV1).

Bien que des toiles pour aquarelle soient vendues depuis quelques années[18], le papier est le support usuel de l'aquarelle. Il doit pouvoir résister à une forte humidité[19]. Il est peu collé, surtout en surface. Il doit être perméable, afin de résister aux lavages et aux enlevages[20]. S'il n'est pas collé, il faut passer les couleurs rapidement, et chaque touche est définitive.

Tout papier peut servir, selon le projet de l'artiste. Les techniques humides requièrent certaines qualités du papier. Selon qu'on désire pouvoir alléger des couleurs, ou qu'au contraire celles-ci se superposent sans se mélanger, on demande des qualités différentes au support.

Le papier à aquarelle est généralement :

  • blanc, crème ou ivoire qui transparaît sous la couleur ;
  • épais (200 g/m2 minimum) pour éviter les gondolements ;
  • granuleux (satiné, fin ou rugueux) : le grain, visible sous la couleur, influence le dépôt des pigments et donc le rendu du motif.

Les papiers diffèrent par leur grain et par leur capacité à retenir les pigments. Plus le papier fixe les pigments, et plus on peut appliquer des couches successives sans perturber celles déjà posées ; mais on peut moins retirer de la couleur en mouillant, puis en pompant avec un pinceau essoré[21].

Le papier humidifié tend à s'allonger. Au contact de l'eau qui porte les pigments de l'aquarelle, le papier peut gondoler, formant des creux dans lesquels la couleur s'accumule. Pour limiter cet inconvénient, les fabricants de matériel de peinture proposent des blocs de papier où les feuilles sont encollées les unes aux autres sur leurs quatre bords, permettant de conserver une certaine planéïté. L'artiste détache la feuille du bloc une fois l'œuvre terminée.

Dans la technique sur papier humide, la tension du papier est indispensable. Elle ne nuit en rien dans la technique sur papier sec, et évite des tracas. On utilisait autrefois un stirator, dispositif destiné à maintenir le papier dans un état d'humidité et de tension[22].

Pour tendre le papier, on l'humidifie des deux côtés à l'aide d'une éponge ou d'un pinceau mouilleur, puis on le fixe sur une planche rigide à l'aide de bandes de kraft gommé. Une fois sec, le papier pourra être (re)mouillé sans risquer de gondoler. La planche doit être très rigide, car le papier exerce une grande force en séchant. On peut aussi tremper le papier dans l'eau ou le mouiller profondément avec une douchette, avant d'agrafer le papier humide sur un châssis. Certains peintres, comme Oga Kazuo[23], décorateur des dessins animés du studio Ghibli, étendent leur feuille abondamment mouillée sur du bois vernis, tandis que d'autres utilisent une plaque de plexiglas. Si l'eau ne s'évapore pas à travers la face inférieure, il conserve une humidité résiduelle pendant plus longtemps, ce qui se répercute sur la dynamique de l'eau et des couleurs[24].

L'aquarelle se pratique habituellement à l'aide d'un pinceau ayant un bon pouvoir de rétention d'eau (trempe).

Le poil de petit-gris (de l'écureuil du même nom), dont la capillarité reste insurpassée, est le plus adapté. La forme du pinceau mouilleur est parfaite pour les lavis et les fonds, car son ventre (ou réservoir) permet de contenir une grande quantité de liquide[25].

Le poil de martre, souple et nerveux, est apprécié pour sa trempe et la finesse de sa pointe. La meilleure qualité est la variété de martre Kolinsky, en réalité vison de Sibérie.

Les pinceaux en fibres synthétiques souples, moins absorbants mais d'une bonne élasticité, sont utiles pour poser les fonds et ouvrir les blancs.

Les brosses plates servent à mouiller ou peindre de grandes surfaces.

Les pinceaux chinois ou japonais, qui peuvent combiner deux sortes de poils, conviennent pour l'aquarelle. Ils se tiennent en position verticale pour la calligraphie, mais la peinture chinoise utilise toutes les possibilités[26].

Les pinceaux à réserve d'eau peuvent s'utiliser seuls pour des croquis colorés rapides, ou en complément des pinceaux classiques et des godets. Contrairement au pinceau traditionnel, qui libère l'eau toujours pigmentée tant qu'il y en a, le flux d'eau venant de la réserve dilue l'aquarelle prise au godet au fur et à mesure qu'on passe le pinceau sur le papier. Seul un pinceau sec peut retirer, en la pompant, un excès de peinture humide, un pinceau à eau ne peut que laver le pigment, le repoussant un peu plus loin.

Autres outils

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D'autres outils sont indispensables, comme les godets à eau et chiffons pour nettoyer les pinceaux ; d'autres peuvent s'avérer utiles à l'aquarelle tels que palettes à godets pour préparer des mélanges, éponges, boules de coton, brosse à dent pour les projections de couleur, lame ou plume pour les grattages, gomme pour protéger des réserves[27].

L'aquarelle se détache des autres techniques de peinture à l'eau au XVIIIe siècle. Le terme, d'origine italienne (Béguin 1990) est attesté au milieu du siècle[28] et Watelet en donne la première définition en français en 1791. C'est un « dessin au lavis (...) une espèce d'enluminure. Les couleurs y doivent avoir de la transparence[29] ». Comme l'indique Diderot dans l'Encyclopédie, c'est alors un procédé de dessin qui utilise des lavis transparents, par opposition aux peintures à gouache[30].

Peinture à l'eau avant l'aquarelle

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Albrecht Dürer, Le Cimetière et l'Église Saint-Jean à Nüremberg, 1494, autrefois à Brême, Kunsthalle[31].

Dès le IIIe siècle, les Chinois peignaient sur de la soie avec l'encre de Chine, basée sur des pigments broyés dans une colle animale soluble dans l’eau. La peinture de lettrés chinoise et la peinture japonaise sumi-e sont faites dans des techniques apparentées au lavis sur fond sec. Par la transparence des couleurs et le rôle des fonds clairs, une bonne partie de la peinture chinoise et extrême-orientale peut s'assimiler à l'aquarelle (Béguin 1990).

Les techniques à l'eau ont dominé la peinture en Europe jusqu'à l'invention de la peinture à l'huile et sa diffusion) à partir du XIVe siècle. Des manuscrits enluminés du Moyen Âge comportent des « dessins coloriés » avec des pigments obtenus par broyage de matières végétales et minérales. Ces lavis ornant les pages de textes médiévaux se présentent comme les ancêtres de l'aquarelle moderne[32].

À la même époque, le papier se répand ; il permet le dessin et le lavis, donnant des ouvrages rapidement transportables. Les artistes ajoutent des couleurs à leurs dessins progressivement à partir du XVe siècle. Les livres chiro-xylographiques[34] diffusent l'estampe coloriée à la peinture à l'eau[32]. On peut déjà parler d'aquarelle à propos de certaines études de Dürer ou de Raphaël (Béguin 1990).

Au XVIIe siècle, la peinture à l'eau, surtout adaptée au petits formats, se désigne sous le nom de miniature : « Elle est plus délicate. Elle veut être regardée de près. On ne peut la faire aisément qu'en petit. On ne travaille que sur du vélin, ou sur des tablettes. Et les couleurs ne sont détrempées qu'avec de l'eau gommée[35] ». Cette peinture tient de la gouache ou de l'aquarelle, selon la façon dont l'artiste préparait ses couleurs (Béguin 1990).

Particulièrement adaptée aux notations précises, Holbein l'utilise au XVIe siècle pour réaliser des portraits en miniatures, et Gaston d'Orléans l'intègre à ses planches naturalistes.

Anton van Dyck, Paysage anglais, dessin à la plume et encre, aquarelle et gouache, vers 1635.

La peinture à l'huile, plus grande et plus durable, garde la préférence des commanditaires de la peinture. Les peintres réservent la peinture à l'eau aux études préparatoires et à certains travaux personnels. Les peintres de fleurs et paysagistes flamands (Hendrick Avercamp, Albert Cuyp, Jan Van Goyen, Adriaen Van Ostade) traduisent quelquefois ainsi leur observation minutieuse de la nature. Rubens et Jordaens en ponctuent parfois leurs dessins. Jean Honoré Fragonard, Hubert Robert ou Louis Durameau l'utilisent pour des études, notamment lors de voyages en Italie. Gabriel de Saint-Aubin, Jean-Baptiste Lallemand, s’en servent dans leurs scènes de genre). Louis-Gabriel Moreau, l’utilise dans ses paysages de plein air, les soulignant d'un trait de plume.

En Angleterre, Anton van Dyck peint au début du XVIIe siècle des paysages en aquarelle pure ; mais il ne fera pas d'émules avant le milieu du siècle suivant[36].

La peinture à l'eau sert principalement au coloriage de planches de botanique et de zoologie comme celles des ouvrages de Buffon.

L'invention anglaise de l'aquarelle

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Carte d'adresse (1786) de W. J. Reeves & Woodyer, Londres, vendeur de boîtes de blocs d'aquarelle.
Scène alpine, aquarelle de J. M. W. Turner (1802).

L'aquarelle, telle qu'on comprend ce terme aujourd'hui, naît à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et se développe au XIXe siècle[37].

Vers 1780, William et Thomas Reeves lancent en Angleterre la première fabrication commerciale d'aquarelle, produite sous la forme de boîte contenant des blocs de pigments solubles dans l'eau, constituant une palette[38]. Tant la production des couleurs à l'eau que leur utilisation artistique se développe en Angleterre. C'est à cette époque que les fabricants commencent à sélectionner des pigments transparents qui caractérisent l'aquarelle, des pigments opaques, qui se distinguent par un indice de réfraction et un taux de diffusion élevés destinés à la gouache (PRV1).

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle un mouvement d'intérêt pour la peinture de paysage se développe en Angleterre. En 1777, Richard Earlom grave à l'aquatinte le Liber Veritatis de Claude le Lorrain. En 1785 Alexander Cozens publie une Nouvelle méthode pour assister l'invention dans le dessin de compositions originales de paysages[39], construite sur l'observation de taches sur le papier, et qui constitue une théorie du lavis, que celui-ci soit d'encre ou d'aquarelle[40]. Les amateurs fortunés qui font le tour de l'Italie utilisent alors la peinture à l'eau sur du dessin à la mine de plomb et à la plume. John Robert Cozens, fils d'Alexander, développe un style d'aquarelle dans lequel le dessin, étape préalable de la composition, ne transparaît pas dans l'œuvre. Thomas Girtin définit le premier l'aquarelle par la transparence de la peinture sur le support, magnifiée par l'usage d'un papier à grain dont le blanc, réservé, donne seul les hautes lumières, et la pose en rivale de la peinture à l'huile, tout en délaissant les sujets classiques tirés de l'antiquité pour s'intéresser aux effets du paysage de son pays[41].

La peinture de paysage se nourrit de la pratique de l'aquarelle, « [...] leur œuvre [de Turner et de Constable] n'aurait pu s'épanouir comme elle l'a fait sans les recherches très diverses des aquarellistes qui les ont influencés, tels que J.R. Cozens, T. Girtin, J.S. Cotman et bien d'autres[42]. »

La Royal Watercolour Society, fondée en 1804 à Londres, rassemble les artistes partisans de cette nouvelle esthétique : refus de tout trait de plume ou de crayon, de tout blanc et de toute opacité, intérêt pour le rendu de la lumière. L'aquarelle, tolérant mal les retouches et les repentirs, est ainsi une démonstration de virtuosité, à une époque où la Royal Academy ne reconnait ni la peinture de paysage, ni les aquarelles comme de véritables œuvres. L'institutionnalisation de l'aquarelle favorise l'esprit de système, et la guerre en Europe interrompt les voyages et les contacts avec le continent pendant une vingtaine d'années.

Samuel Palmer, Bonington, Turner sont les aquarellistes les plus influents. Leur production cependant s'affranchit des principes de l'« aquarelle pure ». Ils ne dédaignent pas un accent de gouache, des grattages, le masquage des réserves à la cire. Cotman rend des paysages banals monumentaux par le choix du point de vue avec une aquarelle sans gouache ni artifices techniques ; Copley Fielding, aquarelliste prolifique, devient président de la Royal Watercolour Society et formera à l'aquarelle le critique John Ruskin dont l'influence transformera le regard rétrospectif sur l'art britannique[43]. Ruskin promeut le préraphaélisme dont l'usage de la couleur est un retour à l'enluminure, il discrédite John Constable, aquarelliste sur le tard, et critique avec virulence l'Américain Whistler, qui pratiquent l'un et l'autre une peinture attentive aux effets de lumière, comme les premiers aquarellistes anglais.

Anders Zorn : Homme et enfant regardant la baie d'Alger, aquarelle et gouache sur papier, 1887

La fin des guerres révolutionnaires et napoléoniennes va provoquer un renouveau des voyages, un intérêt pour les paysages de pays lointains ou voisins, et permettre le contact entre artistes anglais et français. Les Voyages pittoresques se multiplient, ouvrages illustrés par la lithographie, qui est alors une nouvelle technique d'impression. Les originaux sont souvent des lavis ou des aquarelles, inspirés par l'exemple anglais et la théorie du pittoresque, britannique également, de William Gilpin ; Bonington travaille au premier volume des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France de Taylor, comme Géricault et Eugène Isabey qui pratiquent aussi l'aquarelle. De nombreux artistes utilisent l'aquarelle en voyage pour leurs croquis de paysage et pour des projets, comme Eugène Delacroix, ou pour les travaux destinés à la reproduction, qui n'ont pas besoin d'être durables. L'aquarelle à l'anglaise, dessinée au pinceau et réservant les blancs sur le papier, reste rare[44].

En 1830, Roret publie le premier Manuel de l'aquarelle[45], que le glossaire définit comme « lavis perfectionné, mot moderne[46] » : tracé au crayon, toujours léger côté lumières, puis travail de la couleur au pinceau.

Une section d'aquarellistes anglais à l'exposition universelle de 1855 à Paris connaît un succès considérable[47]. L'année suivante, un auteur affirme que l'aquarelle « est parvenue à un tel de gré de perfection (…) telle que la comprennent les artistes anglais et les nôtres » que « maintenant elle est devenue la rivale de la peinture à l'huile[48] ». Un bon nombre de traités d'aquarelle sont publiés. Ils reconnaissent la supériorité anglaise en matière d'aquarelle, et la proposent comme activité d'amateur, de dames notamment[49]. En 1863, Charles Baudelaire publie dans les pages du Figaro son éloge de l'aquarelliste Constantin Guys, qualifié de « Peintre de la vie moderne ».

L'aquarelle de paysage, peinte rapidement sur le motif, ne chasse cependant pas les usages plus anciens. L'aquarelle prouve parfois la virtuosité de l'artiste, dans des travaux d'atelier très élaborés et détaillés, souvent basés sur le dessin linéaire. Elle continue à servir à l'étude et aux projets, à mettre en couleurs gravures, dessins et lithographies, scientifiques ou décoratifs[50]. L'aquarelle est, à cette époque, un art d'agrément, un passe-temps bourgeois. Les Impressionnistes en usent peu, préférant transposer à l'huile l'esthétique de l'aquarelle anglaise, qui a influencé Boudin ou Jongkind, dans la peinture à l'huile[51].

En avril 1879, se tient à la galerie Durand-Ruel (Paris), la première exposition de la Société d'aquarellistes français[52]. Comme en Grande-Bretagne, la définition de l'aquarelle est sujette à discussions. « Suivant les uns, l'aquarelle n'a que des ressources très bornées, et elle ne vit que de subterfuges et de compromis. Suivant d'autres au contraire, elle permet d'exécuter certains travaux impossibles avec d'autres procédés. Suivant d'autres enfin, l'aquarelle est un art autonome, qui a ses règles propres et qui vit sur des ressources à lui particulières », écrit Jules Adeline[53]. Sa pratique s'entoure de controverses, entre ceux qui n'admettent que l'aquarelle pure, couleurs transparentes posées directement « d'un pinceau hardi et sans retouches », et ceux qui composent, à l'aquarelle, des tableaux avec « des fondus patients[54] ». « Les uns n'admettent que l'aquarelle de premier jet, les autres n'admettent que l'aquarelle extrêmement travaillée[55] ».

Art moderne (XXe siècle)

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Mädchen, Egon Schiele (1911).

Tandis qu'au Royaume-Uni, les sociétés d'aquarellistes, agitées par les mêmes divisions, entretiennent l'héritage des grands fondateurs contre les critiques des symbolistes et des modernes, en France Paul Signac applique les principes du divisionnisme à l'aquarelle. En Autriche Rudolf von Alt ouvre la voie au courant expressionniste avec de la peinture à l'eau[56].

Les études de danseuses d'Auguste Rodin et les nus de Georges Rouault montrent la liberté que l'on peut atteindre avec l'aquarelle. En témoignent aussi les œuvres de Emil Nolde, August Macke, Paul Klee. La première œuvre abstraite de Vassily Kandinsky serait, selon une anecdote contestée, une aquarelle[57]. Egon Schiele s'est rendu célèbre par l'expressionnisme de ses dessins aquarellés[58].

Art contemporain

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Dans les années 1960, Raoul Dufy, Jean Bazaine, Maurice Estève, Zao Wou-Ki renouvellent la technique. À la même période Pierre Risch met au point une technique d'aquarelle sur papier de très grand format, entièrement mouillé à l'éponge pour préserver le blanc du papier avec une gomme adhésive destinée à la sérigraphie, le drawing gum, afin d'éviter les rehauts à la gouache blanche.

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • André Béguin, « Aquarelle », dans Dictionnaire technique de la peinture, , p. 54-59.
  • André Béguin, Dictionnaire technique du dessin, 2, 1995.
  • Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin, Vocabulaire typologique et technique, Paris, Éditions du patrimoine, , p. 786-787
  • Armand Cassagne, Traité d'aquarelle, Paris, Ch Fouraut et Fils, (BNF 30202877, lire en ligne)
  • Michael Clarke (trad. de l'anglais par Patrice Bachelard et Pascal Bonafoux), L'aquarelle : la couleur et la transparence [« Waterclor »], Paris, Gallimard, coll. « Passion des Arts », , 63 p. (ISBN 978-2-07-058131-3, BNF 35700718)
  • José de Los Llanos, L'Aquarelle. De Dürer à Kandinsky, Paris, Hazan, Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Jean-Louis Morelle, Aquarelle : l'eau créatrice, Fleurus, (1re éd. 1999).
  • Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, « Aquarelle », dans Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 1, Puteaux, EREC, , p. 248-251
  • Marie-Pierre Salé, L'aquarelle, Paris, Citadelles & Mazenod, , 415 p. (ISBN 2850888311)

Liens externes

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Une catégorie est consacrée à ce sujet : Aquarelliste.

Articles connexes

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Notes et références

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  1. VTT, p. 162 « tableau ».
  2. Béguin 1995, p. 340 « Lavis ».
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