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Vies des prophètes

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Les Vies des prophètes est un écrit apocryphe à propos de la vie des prophètes de l'Ancien Testament, datant du Ier siècle. Il n'est considéré comme canonique par aucune dénomination juive ou chrétienne.

Origine et transmission des manuscrits

Bien que probablement d'origine juive, l'œuvre ne nous est parvenue que dans les manuscrits chrétiens porteurs de nombreuses additions. Il existe en effet deux groupes de manuscrits grecs : le premier groupe comprend de nombreuses versions, bien connues au cours des siècles passés, avec de lourds ajouts chrétiens. Certaines de ces versions ont été attribuées à Épiphane de Salamine[1], et d'autres à Dorothée de Tyr ; le deuxième groupe de manuscrits ne présente pas les interpolations du groupe précédent : le meilleur codex est un manuscrit du VIe siècle, le Codex Marchalianus[2] généralement appelé "Q" ou "recension anonyme".

Il existe également une version latine avec un texte proche de Q utilisé par Isidore de Séville, daté d'avant l'an 636. Il existe également des versions en langue syriaque, langue arménienne, et langue arabe.

Langue originale et date

Les débats entre spécialistes n'ont pas abouti à un consensus quant à la langue originale, l'œuvre n'ayant été transmise que dans des manuscrits chrétiens dérivés de l'œuvre originale. C.C. Torrey estime que l'original était rédigé en hébreu[3], d'autres auteurs ont proposé l'araméen[4]. Pour d'autres encore, l'utilisation préférentielle de citations de la Septante suggère un original grec avec une coloration sémitique[5].

La datation de l'œuvre est elle aussi très problématique en raison de la transmission chrétienne et des additions présumées. La plupart des chercheurs considèrent que ce travail est d'origine juive datant du Ier siècle : C.C. Torrey[3] suggère une date antérieure à l'an 106, Hare[5] le premier quart du Ier siècle après J.-C., Satran[6] propose une origine byzantine précoce, au IVe siècle ou Ve siècle, s'appuyant sur des documents antérieurs. Mais la date doit être antérieure au Ve siècle, comme l'écrit Torrey, puisque les Vies des prophètes sont citées dans plusieurs recensions, dont la plus connue est celle d'Épiphane, évêque chypriote du IVe siècle[3].

L'ouvrage peut avoir été connu par l'auteur de certaines des épîtres pauliniennes, car il existe des similitudes dans les descriptions des destins des prophètes, sans toutefois nommer les personnes concernées.

Contenu

L'œuvre s'ouvre par un sommaire détaillé : les noms des prophètes et leur origine, le lieu et les circonstances de leur mort, et le lieu de leur sépulture.

La Vie des prophètes comprend la vie des 23 prophètes. Certaines notices sont extrêmement courtes, seules les informations les plus élémentaires sont données, tandis que d'autres sont détaillées et pleines d'anecdotes. Les principaux faits indiqués dans les Vies sont les suivants :

Comme l'ouvrage se trouve transcrit dans des manuscrits chrétiens, certains prophètes du Nouveau Testament y sont ajoutés, notamment Zacharie, Siméon, et Jean-Baptiste. Siméon serait mort de vieillesse, tandis que Zacharie aurait été tué par Hérode "entre le temple et l'autel", selon les mots de Jésus dans l'Évangile de Matthieu 23:35 et l'Évangile de Luc 11:51[11].

Thématiques abordées

L'auteur de Vies des prophètes s'est davantage intéressé aux miracles, aux intercessions et aux prédictions des prophètes qu'à leur message théologique ou éthique.

L'un des thèmes majeurs de Vies des Prophètes est l'identification des lieux de sépulture des prophètes. Dans son étude, Joachim Jeremias examine les preuves archéologiques et littéraires, en particulier l'activité architecturale de Hérode le Grand et les attestations de 23,29 et de Lc 11,47, et considère les Vies comme un témoignage de la dévotion populaire au Ier siècle[4]. Le thème des prophètes en tant qu'intercesseurs pour les gens longtemps après la mort du prophète est également présent. Enfin un autre thème majeur est le martyre des prophètes : selon l'ouvrage, six des prophètes auraient été martyrisés[12].

Notes et références

  1. Codex Paris gr 1115 (daté de 1276, dit E1 ou Epiphanius Prior, publié au XVIe siècle) et Codex Coisl. 120 (Xe siècle, dit E2 ou Epiphanius Alter)
  2. Bibliothèque vaticane gr.2125
  3. a b et c C.C. Torrey, The Lives of the Prophets (SBLMS 1), Philadelphie 1946
  4. a et b J. Jeremias Heiligengräber in Jesu Umwelt (Mt 23,29 ; Lc 11,47). Eine Untersuchung zur Volksreligion der Zeit Jesu, Göttingen 1958
  5. a et b D.R.A. Hare The Lives of the Prophets in ed. James Charlesworth The Old Testament Pseudepigrapha 2 pp. 379-400 (ISBN 0-385-18813-7)(1985)
  6. D.Satran Prophètes bibliques en Palestine byzantine. Reassessing the Lives of the Prophets (SVTP 11) Leiden 1995 pag 121-128
  7. a b c d e f et g lieu non identifié
  8. . Les données sur Michée sont très certainement erronées, probablement à cause d'une confusion avec le Michée de 1 Rois 22
  9. habituellement identifié comme Beth-meon de Jermiah 48:23
  10. a b c d et e Il n'y a pas d'accord entre les savants sur l'emplacement de ce lieu
  11. Voir la recension attribuée à Épiphane de Salamine dans J.-P. Migne, éd., Patrologia Graeca, tome 43 (Paris : J.-P. Migne, 1864), p. 414. Certains manuscrits du Nouveau Testament précisent que Jésus se réfère ici à Zacharie, fils de Bérékia, mais cette précision n'est pas présente dans tous les cas.
  12. D. A.Carson, P.T. O'Brien, M.A. Seifrid Justification and Variegated Nomism: A Fresh Appraisal of Paul and Second Temple Judaism, 2001, (ISBN 3-16-146994-1), p. 69-71