Cromwell (Hugo)
Cromwell | |
Auteur | Victor Hugo |
---|---|
Date d'écriture | automne 1827 |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | décembre 1827 |
modifier |
Cromwell est une pièce de théâtre de Victor Hugo, achevée à l'automne 1827 et publiée en décembre de la même année.
Originalité de l'œuvre
C'est à la fois une fresque historique de l'Angleterre du XVIIe siècle et le portrait du lord protecteur d'Angleterre, Cromwell. Cromwell par ses dimensions démesurées (6920 vers) reste une pièce pratiquement injouable et jamais jouée. Elle n'est créée, dans une version abrégée d'Alain Trutat, que le , par Jean Serge[1] dans la Cour Carrée du Louvre. Ses changements de décors fréquents ainsi que le choix de son sujet dans une histoire relativement proche en font, entre autres, un exemple de pièce romantique, rompant radicalement avec les traditions classiques.
Hugo dans Cromwell veut montrer l'histoire, une histoire déployée aux frontières qui ne se réduit plus au grand nombre des chefs, mais englobe à présent les masses[2]. Ce Cromwell raconte l'aventure d'un triple échec, celui des deux conspirations qui ne parviennent pas à tuer le grand homme, celui du grand homme qui n'arrive pas à se faire roi. Théâtre neuf et révolutionnaire par l'intervention du grotesque, un grotesque qui est dans les évènements autant que dans le discours, dans la juxtaposition du comique et du sérieux, mais surtout dans l'intrication et la réversibilité du rire et de la mort[2].
Malgré l'application exemplaire des principes romantiques dans Cromwell, c'est la préface de la pièce qui est restée comme un des textes fondateurs du romantisme français, en défendant en particulier le drame en tant que forme théâtrale[3]. La préface de Cromwell est un manifeste de la liberté au théâtre. Celle-ci est fondée sur trois points : l'utilisation de l'histoire qui peut éclairer sur le passé et le présent, la grandeur poétique (qui se manifeste dans l'usage d'un style raffiné et du vers), et le grotesque. La pièce respecte ces trois critères ; par exemple, chansons des fous, facéties burlesques de Rochester, dérision de la puissance, sont des éléments grotesques de Cromwell[4].
La pièce a plusieurs enjeux : le renouvellement de la tragédie d'une part, et un enjeu politique d'autre part. L’œuvre pose la question de l'action politique et de la possibilité, pour un personnage historique, d'agir sur un monde complexe après une révolution[4].
Personnages
Par une sorte de paradoxe, quand le but du poète est de mettre en lumière les grands mouvements de l'histoire, ce qu'il fait est d'accumuler les détails ; de là, la peinture minutieuse de tous les protagonistes, avec leurs petitesses, leurs contradictions, leurs particularités individuelles, qui toutes concourent à l'échec des deux conspirations opposées, mais liées contre Cromwell : le fanatisme de Carr, la cupidité de Barebone, la légèreté de Rochester, la stupidité de Murray ou de Syndercomb[2].
Notes et références
- Florence Naugrette, Publier Cromwell et sa Préface : une provocation fondatrice , p. 2, note 2
- Anne Ubersfeld, Notice de Cromwell dans une édition Théâtre de Victor Hugo, Paris, Robert Laffont, , 997 p. (ISBN 2-221-04695-1), p. 1375
- Victor Hugo, Préface de Cromwell, t. [Volume 23] - Théâtre, tome I., Paris, Librairie Ollendorff, (lire sur Wikisource), p. 7-51
- Pierre ALBOUY; Pierre GEORGEL; Jacques SEEBACHER; Anne UBERSFELD; Philippe VERDIER, « Victor Hugo, le dramaturge », sur www.universalis.fr (consulté le )
Ressources bibliographiques
- Florence Naugrette, Publier Cromwell et sa Préface : une provocation fondatrice sur le site du Groupe Hugo
- Arnaud Laster, Pleins Feux sur Victor Hugo, Comédie Française, 1981, Chap. XXIV et XXV
- Pascal Meskla, Victor Hugo: un combat pour les opprimés, La Compagnie littéraire, 2008