Cosette

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Cosette
Personnage de fiction apparaissant dans
Les Misérables.

Servante chez les Thénardier - Illustration d'Émile Bayard (1862).
Servante chez les Thénardier - Illustration d'Émile Bayard (1862).

Nom original Euphrasie
Naissance 1815
Origine France
Sexe Féminin
Cheveux Châtains
Yeux Bleus
Activité Domestique des Thénardier
Femme au foyer
Adresse Paris
Famille Fille biologique de
Tholomyès (père)
Fantine (mère)
Épouse de Marius Pontmercy
Entourage Jean Valjean (père adoptif)
Marius Pontmercy
Ennemie de Les Thénardier

Créée par Victor Hugo
Romans Les Misérables

Cosette, surnom d'Euphrasie, est l'un des personnages du roman de Victor Hugo, Les Misérables (1862).

Son nom est devenu synonyme d'enfant maltraitée, exploitée par des adultes, notamment pour les tâches domestiques.

Biographie du personnage[modifier | modifier le code]

De son vrai nom Euphrasie[1], Cosette est la fille naturelle que Fantine eut après sa romance en 1815 avec Félix Tholomyès, « l'antique étudiant vieux ; il était riche. […] Un viveur de trente ans, mal conservé »[2], issu d'une famille provinciale. Fantine est abandonnée par Tholomyès à Paris en alors que « c’était [...] son premier amour ; elle s’était donnée à ce Tholomyès comme à un mari, et la pauvre fille avait un enfant. ». Pour subvenir aux besoins de son enfant, elle doit travailler et, pour cela, décide de regagner sa ville natale, Montreuil-sur-Mer, en . Mais, pour trouver du travail, elle doit se séparer de Cosette, car, à l'époque, une mère célibataire était rejetée par la société. Sur son chemin en direction de Montreuil, et dans l'urgence, elle confie naïvement Cosette à un couple d'aubergistes du village de Montfermeil, les Thénardier, qui s’avèrent être des individus de la pire espèce. Ils vont être odieux avec l'enfant, qu'ils traitent comme leur domestique, tout en exigeant toujours plus d'argent de Fantine qui a été embauchée comme ouvrière dans la fabrique de verroterie créée par Monsieur Madeleine (alias Jean Valjean) à Montreuil en 1816.

Devant le lit où Fantine expire en , Jean Valjean, devenu maire de Montreuil, fait la promesse à la morte de s'occuper de Cosette : « Que pouvait dire cet homme qui était réprouvé, à cette femme qui était morte ? »[3]. Mais, après avoir été emprisonné le même mois pour s'être dénoncé afin de disculper un innocent en lequel le policier Javert croit reconnaître Jean Valjean, il s'évade en et n'arrive chez les Thénardier à Montfermeil que dans la soirée du . Il ne peut soustraire Cosette à leurs griffes qu'en la leur achetant. La vie de la fillette se trouve transformée et elle passe paisiblement le reste de son enfance dans un couvent de Paris où Jean Valjean devient jardinier au début de l'année 1824.

Cosette et Jean Valjean quittent le couvent en et emménagent dans l'une des trois maisons que Jean Valjean a louées dans Paris[4], celle située rue de l'Ouest, près du Jardin du Luxembourg. Cosette, âgée de quinze ans en 1831, est devenue très jolie : « C'étaient d'admirables cheveux châtains nuancés de veines dorées, un front qui semblait fait de marbre, des joues qui semblaient faites d'une feuille de rose, un incarnat pâle, une blancheur émue, une bouche exquise d'où le sourire sortait comme une clarté et la parole comme une musique, une tête que Raphaël eût donnée à Marie posée sur un cou que Jean Goujon eût donné à Vénus. Et, afin que rien ne manquât à cette ravissante figure, le nez n'était pas beau, il était joli ; ni droit ni courbe, ni italien ni grec ; c'était le nez parisien ; c'est-à-dire quelque chose de spirituel, de fin, d'irrégulier et de pur, qui désespère les peintres et qui charme les poètes. […] Ses yeux étaient d'un bleu céleste et profond, mais dans cet azur voilé il n'y avait encore que le regard d'un enfant »[5].

Lors de ses promenades quotidiennes avec Jean Valjean au Jardin du Luxembourg, Cosette remarque un beau jeune homme d'une vingtaine d'années, Marius, et ils tombent amoureux un beau jour de sans s'être dit un mot et sans rien connaître l'un de l'autre. Alors Marius s'enhardit jusqu'à les suivre à leur domicile pour découvrir l'identité de sa belle inconnue qu'il présume se nommer « Ursule » après avoir récupéré, un jour, sur le banc du jardin qu'elle venait de quitter, un mouchoir oublié « qui lui parut exhaler des senteurs ineffables »[6], comportant les initiales « U. F. »[7]. Ce qui n'échappe pas à Jean Valjean qui déménage pour aller s'installer dans sa maison de la rue Plumet dans le quartier des Invalides, ce qui fait que Marius perd la trace de Cosette.

C'est grâce à Éponine, la fille aînée des Thénardier, à laquelle il demande en de chercher l'adresse de Cosette que Marius retrouve enfin celle-ci à la mi-avril 1832 dans le jardin de la maison de la rue Plumet.

Ce n'est qu'après de nombreuses péripéties (notamment celles, très mouvementées, de ), que Cosette et Marius se marient en au prix du sacrifice de Valjean. Cosette ne découvre la véritable identité de Jean Valjean ainsi que le nom de sa mère que dans les ultimes pages du roman, juste avant que Jean Valjean expire en .

Origine du personnage[modifier | modifier le code]

Selon Gauthier Langlois le personnage de Cosette pourrait avoir été inspiré par la figure de la proscrite républicaine Louise Julien, décédée à Jersey et dont Victor Hugo prononça l'éloge funèbre en 1853. Les deux femmes, de la même génération, sont le fruit d’une relation adultère entre une pauvre ouvrière et un homme riche plus âgé. Orphelines ou abandonnées, elles ont toutes les deux connu la misère, devant travailler durement pour survivre[8].

Au cinéma et à la télévision[modifier | modifier le code]

Cosette a notamment été incarnée au cinéma et à la télévision par :

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les Misérables, tome I, livre IV, chapitre I.
  2. Tome I. Fantine – Livre III. En l'année 1817 – Chapitre 2. Double quatuor.
  3. Tome I. Fantine – Livre VIII. Contre-coup – Chapitre 4. L'autorité reprend ses droits.
  4. Pour pouvoir déménager rapidement, se sachant toujours recherché par Javert.
  5. Tome III. Marius – Livre VI. La Conjonction de deux étoiles – Chapitre 2. Lux facta est (« La lumière fut », Genèse, 1, 13).
  6. Tome III. Marius – Livre VI. La Conjonction de deux étoiles – Chapitre 7. Aventures de la lettre U livrée aux conjectures.
  7. C'est en fait un mouchoir appartenant à Jean Valjean avec les initiales de son patronyme d'emprunt « Ultime Fauchelevent » déclaré au couvent où il avait été embauché comme jardinier en 1824, pseudo frère du jardinier en place, le « vieux Fauchelevent ».
  8. Gauthier Langlois, « JULIEN Louise », dans D’ATAÏDE Louise Anselme épouse ASTRUC, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  9. « Planète Jeunesse - Les Misérables (1992) », sur www.planete-jeunesse.com (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guillaume Drouet, « Cosette retournepeau », Littérature, Paris, Larousse, no 143 « Figurations »,‎ , p. 94-113 (ISSN 0047-4800, lire en ligne).
  • Guillaume Drouet, Marier les destins : une ethnocritique des Misérables, Nancy, Presses universitaires de Nancy, coll. « EthnocritiqueS », , 305 p. (ISBN 978-2-8143-0053-8, présentation en ligne).
  • Laura Kreyder, La passion des petites filles : histoire de l'enfance féminine de la Terreur à Lolita, Arras, Artois presses université, coll. « Études littéraires », , 324 p. (ISBN 2-848320-02-8, lire en ligne), « Cosette », p. 134-152.
  • (en) Briana Lewis, « Douceur d'un autre monde : Sexuality, Disembodiment, and the Young Woman's Voice in Les Misérables », Women in French Studies, vol. 23,‎ , p. 10-22 (DOI 10.1353/wfs.2015.0006).
  • Michel Manson, « La poupée de Cosette, de la littérature au mythe », dans Évelyne Poirel (dir.), « Lorsque l'enfant paraît... » : Victor Hugo et l'enfance, Paris / Villequier, Somogy / Musée Victor Hugo, , 167 p. (ISBN 2-85056-531-8, lire en ligne), p. 64-87.
  • Nicole Savy, « Cosette : un personnage qui n'existe pas », dans Lire Les Misérables, Paris, José Corti, , 272 p. (ISBN 2-7143-0086-3, présentation en ligne, lire en ligne), p. 173-190.
  • Nicole Savy, « Cosette, Sophie, Alice : trois petites filles sans éducation », dans Michèle Hecquet (dir.), L'éducation des filles au temps de George Sand, Arras, Artois presses université, coll. « Études littéraires et linguistiques », , 269 p. (ISBN 2-910663-26-4, lire en ligne), p. 229-237.