Exposition internationale de Bruxelles de 1897
Exposition internationale de Bruxelles | |
Affiche pour l'exposition par l'artiste Art nouveau Henri Privat-Livemont. | |
Général | |
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Type-BIE | {{{type BIE}}} |
Participants | |
Localisation | |
Pays | Belgique |
Ville | Bruxelles |
Site | Parc du cinquantenaire |
Coordonnées | 50° 50′ 30″ nord, 4° 23′ 19,4″ est |
Éditions Universelles | |
Précédente | Exposition universelle de 1893 , Chicago |
Suivante | Exposition universelle de 1900 , Paris |
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L'Exposition internationale de Bruxelles de 1897 est une exposition universelle qui s'est tenue à Bruxelles, en Belgique, du au .
Origine du phénomène d'exposition
Il serait difficile de définir le concept d’exposition par son évolution à travers les différentes époques. On peut, cependant, la définir comme une célébration de masse organisée par une petite bourgeoisie pour monter les innovations.[1]
Cette notion émergea d’abord sous forme de foire dans l’Antiquité où ici le but était uniquement que de provoquer un acte commercial[1]. Ensuite avec l’essor du commerce et la volonté de vendre des produits locaux, au Moyen Âge, on assiste à une sorte de grand marché[1]. Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle qu’on peut parler de réelle « exposition ». En effet, avec les innovations au niveau de l’industrie et une incessante recherche de progrès, l’époque moderne recherche à exposer son savoir national[1]. En 1699, une première exposition mixte apparait, qui ne concerne pas uniquement l’industrie ou le commerce mais également le secteur artistique[1]. Avec une société de plus en plus capitaliste, les expositions dites industrielles deviennent universelle ou internationale. Une différence est à faire entre ces deux adjectifs. L’exposition universelle est considérée comme une exposition des produits touchant à toutes les activités humaines tandis que l’exposition internationale en plus de l’exposition des produits nationaux implique la participation d’autres États[1]. La première exposition universelle s’est déroulée en 1851 à Londres à Hyde Park dans la structure de Crystal Palace[2].
But des expositions
Ces lieux de rencontre entre sciences et art ont plusieurs buts dont le premier est de promouvoir les innovations du pays concerné pour instruire la population[1].
Également, il y a un souci d’informer mais surtout de persuader, notamment dans le cadre d’expositions ayant un secteur colonial qui veulent prouver le fait qu’il est une bonne chose pour les peuples « indigènes » de rencontrer le peuple occidental[1].
Le but mis en avant est commercial. En effet, l’exposition permet de vendre par la suite les produits nationaux, ce qui engendre leur promotion auprès de la population[2].
Par après, les expositions qui deviennent de plus en plus populaires sont devenues des lieux de loisir, ce qui ne convient pas à ceux qui liaient les expositions au progrès[1].
Pour stimuler les expositions et la recherche de l’innovation, on adopte le principe d’attribuer des prix aux meilleurs exposants[1]. Les exposants artistes remportèrent de nombreux prix des beaux arts qui sont tous repris par le « Catalogue illustré de l’exposition internationale de Bruxelles »[3].
Le but est consacré à l’Article 1.1 de la Convention de 1928 concernant les expositions internationales : « un but principal d'enseignement pour le public, faisant l'inventaire des moyens dont dispose l'homme pour satisfaire les besoins d'une civilisation et faisant ressortir dans une ou plusieurs branches de l'activité humaine les progrès réalisés ou les perspectives d’avenir »[4].
Organisation des expositions
Les expositions sont organisées par les États. Cependant, il y a une exception à ce principe en Angleterre où les expositions sont organisées par des entreprises privées[1]. Elles nécessitent un certain investissement. En ce sens, des structures sont créées uniquement à leurs fins. Dans de nouveaux bâtiments construits à cet effet, des expositions sont organisées spécifiquement pour différents sujets bien déterminés[1]. Ces bâtiments sont conservés de sorte que l’exposition lègue un héritage[2].
Au niveau législatif, ces expositions n’ont pas été légiférées immédiatement par un texte juridique mais par des règlements ad hoc. Cependant, après l’échec de la Convention internationale de Berlin en 1912 due à la première guerre mondiale, l’adoption de la Convention de Paris de 1928 réglera les expositions à venir[1].
L'Exposition internationale de 1897
Dans les années 1890, la Belgique connut deux expositions universelles, une en 1894 à Anvers et l’autre en 1897 à Bruxelles[5].
But
Le but ici était avant tout de promouvoir les produits nationaux sans autant exclure les autres nations, et de favoriser l’opinion du peuple à propos de la colonisation[1].
Il y eut une volonté de l’échevin de Bruxelles de l’époque d’organiser une première exposition en Belgique à Bruxelles mais sa proposition se verra refusée par le gouvernement en 1892. Les Anversois eux, favorables à une exposition dans leur ville en organiseront une en 1894. Les Bruxellois décideront à partir de ce moment d'en préparer une également car une forte concurrence règnait à cette époque entre les deux villes[5].
Organisation
L'exposition a organisé deux reconstitutions urbaines : Bruxelles-Kermesse et Quartier Nigérien[5].
Le financement ne sera pas réglé par l’État mais par une entreprise privée, la société « Bruxelles-Exposition » qui passera quelques accords avec l’État et invitera 27 pays à y participer, du fait que cette exposition était universelle[5].
Les sites
L'exposition s'est déroulée sur deux sites différents comprenant 14 sections la plus célèbre est celle de la colonisation du Congo et plus précisément sur l’art africain, promue par le Roi Léopold II[5]. Le premier était situé au Parc du Cinquantenaire à Bruxelles et le deuxième, à Tervueren, consistait en une section coloniale consacrée à l'État indépendant du Congo, propriété personnelle de roi Léopold II. Les deux sites étaient reliés par une nouvelle ligne de tramway et par l'avenue de Tervueren, également tracée à cet effet.
Participation
Vingt-deux pays ont participé à l'exposition qui a été visitée par 7,8 millions de personnes.
Liste des participants
- Europe
Allemagne, Autriche, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Danemark, Espagne, France[6] (dont l'Algérie et la Tunisie), Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Suède, Suisse.
- Afrique
État indépendant du Congo, Libéria
- Amérique latine et du Nord
Chili, Paraguay, République dominicaine, États-Unis.
- Asie
Section coloniale
Dans ce musée colonial on présentait une collection d’échantillons et de spécimens dont la fonction initiale était commerciale et économique. L’exposition de produits coloniaux avait pour but de les faire connaître aux industriels et aux artisans[7]. Le dépaysement suggéré par la mise en scène des produits n’était que second dans l’objectif que poursuivait ce genre de musée[7].
Dans cette exposition coloniale, on a voulu montrer une « Afrique culturalisée » où une perfectibilité des indigènes était suggérée avec une appropriation par la modernité occidentale des formes puisées chez les « primitifs » et des forces « naturelles » inscrites dans leur production. Cette appropriation s’apparentait à l’art nouveau dont la mission principale était de montrer la victoire de la culture sur la nature et la victoire de la civilisation sur la barbarie[7].
Cette exposition internationale fut également un moyen de favoriser l’embauche de Belges pour le développement économique et administratif de l’État indépendant du Congo qu’était une possession du roi des Belges et de cet État avec la probation du Parlement belge, Leopold II[pas clair]. En effet, il vit en cette exposition de 1897 l’occasion de démontrer le bienfait de l’union commerciale belgo-congolaise et ses richesses[8].
Le roi des Belges décida donc d’utiliser une des propriétés de l’État qui lui avait été concédé, le domaine de Tervueren composé de jardins et de pavillons. Il entreprit des travaux en rasant le pavillon du prince d’Orange pour y mettre au même emplacement le Palais des colonies, entrepris par les plans de l’architecte Ernest Acker et conçu par l'architecte Albert Philippe Adolphe. Dans le hall principal, Georges Hobé avait conçu une structure en bois de style Art nouveau évoquant la forêt. Hobé a utilisé le bilinga, un arbre africain. L'exposition présentait des objets ethnographiques, des animaux empaillés et dans le « Hall des grandes cultures », des produits provenant du Congo, comme le café, le cacao et le tabac. Dans le parc se trouvait une reconstitution de villages congolais fut construit[pas clair], où soixante Africains ont vécu pendant la période de la foire dans un zoo humain[8].
Leopold II atteint son objectif en améliorant l’opinion publique sur l’État indépendant du Congo. Il décida donc d’ouvrir à la fin de l’exposition, une exposition permanente qui donna lieu au Musée royal de l’Afrique centrale toujours placé dans le domaine de Tervueren[8].
Art Nouveau
De nombreux artistes et architectes du courant architectural Art nouveau ont activement participé à l'exposition, comme Henry van de Velde, Paul Hankar, Gédéon Bordiau et Gustave Serrurier-Bovy, Henri Van Dievoet, Gabriel Van Dievoet.
Le bois et l’ivoire font partie des matériaux du Congo les plus utilisés et valorisés. Les artistes belges en ont tiré parti de manière originale, revitalisant la sculpture chryséléphantine et pliant les bois congolais selon les lignes organiques de l’Art nouveau. De même, tout un mobilier fut demandé à une série d’artistes qui mélangèrent des motifs congolais aux arabesques de l’Art nouveau. Parmi ces artistes belges qui ont travaillé le bois, on peut citer quatre architectes décorateurs, Paul Hankar (1859-1901), Gustave Serrurier-Bovy (1858-1910), Henry Van de Velde (1863-1957) et Georges Hobé (1854-1936)[7].
Certaines réalisations faites par ceux-ci ont marqué l’attention dans les salles de la section coloniale de l’exposition notamment les meubles importés par Serrurier-Bovy, les boiseries dans la salle d’ethnographie faites par Hankar ou encore une charpente réalisée par Hobé en bois « n’gulu maza » en acajou jaune, que les indigènes utilisent pour les pirogues, provenant du Mayombé, région du Congo[7].
Henri Privat-Livemont a dessiné l'affiche de l'exposition.
À la suite de conflits, le petit pavillon néo-classique appelé Temple des Passions humaines que Victor Horta a conçu pour abriter le haut-relief Les Passions humaines de Jef Lambeaux a vu son inauguration retardée en 1899.
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Structure en bois de Georges Hobé.
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Les Porteurs par Julien Dillens.
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Vuakusu Batetela défendant une femme contre un Arabe par Charles Samuel.
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Timbre et cachet de la poste.
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Carte postale.
Sport
Le championnat du monde de lutte et d'athlétique est organisé pendant cette exposition. Le Français Noël Rouveyrolis, dit Noël le Gaulois, est sacré champion du monde[9].
Voir aussi
Liens externes
Notes et références
- Florence Pinot de Villechenon, Les expositions universelles, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je » (no 265), , p. 30
- Linda Aimone et Carlo Olmo, Les expositions universelles : 1851-1900, Paris, Belin, , p. 88
- Catalogue illustré de l'exposition internationale de Bruxelles : Beaux-Arts, Paris, E. Bernard & Cie, , 288 p. (disponible sur Internet Archive).
- Proposition de décision du Conseil XX autorisant les États membres à adhérer à la convention concernant les expositions internationales signée à Paris le 22 novembre 1928, modifiée et complétée par les protocoles des 10 mai 1948, 16 novembre 1966 et 30 novembre 1972, ainsi que par l'amendement du 24 juin 1982 et par l'amendement du 31 mai 1988 EN, article 1.1.
- Brigitte Schroeder-Gudehus et Anne Rasmussen, Les fastes du progrès : Le guide des expositions universelles : 1851-1992, Paris, Flammarion, , p. 128-131
- Exposition Internationale de Bruxelles : 1897, Anzin, Imprimerie Ricouart-Dugour, , 12 p. (lire en ligne)
- Dominque Jarrassée, Gradhiva : Art nouveau ou art congolais à Tervuren ? Musée colonial comme synthèse des arts, Paris, Musée du quai Branly, , p. 130-131
- Dirk F.E. Thys van den Audenaerde, Musée royal de l'Afrique centrale, Bruxelles, Crédit communal, coll. « Musea Nostra » (no 32), , p. 8-9
- Le Petit Parisien, n°7602, , lire en ligne sur Gallica