Aller au contenu

Histoire du droit

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Historien du droit)
Histoire du droit
Partie de
Histoire (en), théorie du droit (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pratiqué par
Historien ou historienne du droit (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

L'histoire du droit est la science qui porte sur le droit du passé et l'évolution des divers ordres juridiques. Outre l'histoire des évolutions de la culture par les changements de société (sous tous ses aspects) et de l'évolution des idées conduisant au droit , elle a pour objet les sources du droit, l'organisation de ses institutions, les doctrines et dogmes, et les sciences juridiques elles-mêmes avec ses théories unifiant une série de droits juxtaposés et parfois éphémères[1].

Histoire de l'histoire du droit

[modifier | modifier le code]

La discipline de l'histoire du droit s'est notamment constituée à partir de l'école historique du droit et de l'école pandectiste[2].

Méthodes de travail

[modifier | modifier le code]

L'historien du droit travaille avant toute chose sur des sources juridiques plus ou moins anciennes (manuscrites ou imprimées), notamment les coutumes, les jugements, les arrêts, les actes notariés, les chartes, et pour l'histoire des institutions sur les ordonnances, les déclarations, les lettres patentes, les arrêts du Conseil du roi. Il dispose également de textes sur la notion même de droit ou de justice.

Les sources de l'historien du droit et des institutions sont aussi les ouvrages de commentaires et de doctrine. Il peut alors étudier les écoles juridiques (e.g. droit naturel, réformateurs du droit pénal au XVIIIe siècle) concurrentes et leurs sources philosophiques mais aussi et surtout leur évolution.

Il faut noter que l'histoire du droit et des institutions s'est développée parallèlement à l'histoire des idées, la philosophie du droit et à la sociologie du droit.

Les procédures et les pratiques

[modifier | modifier le code]

Au moins depuis l'Antiquité, pour l'Europe, les institutions chargées de promulguer et/ou d'appliquer le droit ont gardé des traces écrites de leur activité. La fonction de ces documents écrits était d'assurer la pérennité et l'authenticité — dans certains cas la publicité — des décisions prises. Les archives législatives ou judiciaires sont, comme toutes archives pour un historien, une source très importante pour les historiens du droit.

La première approche mise en œuvre consiste à comparer les textes juridiques avec leur application effective dans les juridictions. La pratique des juridictions et les textes qu'elles ont laissés permettent aussi de connaître les conceptions du droit et de la justice chez les praticiens du droit : outre la référence au texte de loi ou à la coutume appliquée (parfois en concurrence avec une autre), les attendus sont parfois suivis de l'explication de la décision eu égard au cas particulier que chaque jugement représente. Il est encore possible de traiter ces sources selon une approche quantitative. On examinera par exemple la fréquence des contentieux, la nature des litiges ou la durée des procédures.

Les archives des juridictions permettent enfin de connaître les procédures utilisées et le fonctionnement des tribunaux. Outre de multiples thèses sur les juridictions, la recherche universitaire se penche sur l'étude des cours souveraines, notamment des parlements. Ainsi les chercheurs de l'Institut d'Histoire du Droit s’attellent à dépouiller les archives du parlement de Paris, ceux du Centre d'Histoire Judiciaire du parlement de Flandres[3]. On peut ainsi étudier les modalités de financement des institutions judiciaires ou la part respective de l'écrit et de l'oral dans les procédures. Le statut, la nature et les moyens de la preuve sont un thème central dans l'histoire tant du droit civil que du droit pénal. Les documents relatant les procès (minutes des procès conservés au greffe, mémoires, etc.) constituent une source centrale pour leur étude.

Les acteurs, les justiciables, les auxiliaires de la justice

[modifier | modifier le code]

Les archives des juridictions permettent d'approcher l'histoire du droit avec les outils de l'histoire sociale. Les études peuvent porter sur la formation ou l'origine sociale des juges et des auxiliaires de justice (avocats, notaires, huissiers de justice, arbitres, etc.) comme sur celles des justiciables. De nombreux historiens (Arlette Farge, Frédéric Chauvaud, Benoît Garnot), notamment en France, ont choisi les sources judiciaires pour mieux connaître des groupes sociaux dont elles sont les seules traces écrites. L'histoire de l'Inquisition fait aussi beaucoup appel à ces sources (Carlo Ginzburg, etc.).

Au sens strict, l'histoire du droit pourrait ne recouvrir que les deux premières approches mentionnées (Carbasse). Aujourd'hui encore, les décisions judiciaires du système common law anglo-saxon nourrissent le droit par le biais de la jurisprudence.

Les historiens (Carlo Ginzburg, Simona Cerutti) cherchent à se distancer d'une approche téléologique du droit qui restituerait une progression continue vers sa conception actuelle. Ils insistent alors sur le caractère réversible des évolutions constatées sur la longue durée, et sur l'aspect construit des choix entre des modes concurrents d'exercice de la justice. Dans cette perspective, la prise en compte de l'application effective du droit est un élément essentiel de l'histoire de celui-ci.

Naissance des concepts

[modifier | modifier le code]

Naissance de la notion du droit

[modifier | modifier le code]

Le plus ancien texte de droit que l'on connaisse[4] est le code d'Ur-Nammu rédigé vers 2 100 av. J.-C.[5] mais il ne nous est parvenu que de manière parcellaire. Le Code de Hammurabi (1750 av. J.-C.) qui est considéré (à tort) comme le plus ancien texte de loi qui nous soit parvenu, est en réalité le premier texte juridique quasiment complet qui nous soit parvenu.

Le Code de Hammurabi est un système répondant aux préoccupations de la vie courante (mariage, vol, contrat, statut des esclaves...) avec une prédominance à la loi du talion en matière pénale. Il est d'inspiration divine mais pas religieux.

D'autres civilisations ont pu connaître un droit. Et pour cause: toute société secrète a ses propres règles de droit. L'Égypte antique connaissait une forme de règlement des conflits. La justice y était vue comme un moyen de retourner vers le calme, le chaos étant une anomalie qu'il faut supprimer.

En Chine[6], la situation est équivalente. Des règles existent mais le droit est considéré comme une anomalie. Les conflits devant être réglés par le calme et la collaboration plutôt que par la dispute.

Création de la notion de justice par le droit

[modifier | modifier le code]

La civilisation romaine est la première à avoir constitué un système juridique (littéralement fondé sur le ius, les iura) qui nous soit parvenu. Le droit romain, peut donc être considéré comme le premier système juridique reconnu[7],[8].

Le droit romain définit clairement des termes et catégories juridiques (voir par exemple : ius civile, appliqué aux citoyens Romains, ius gentium, appliqué au genre humain, et ius naturale appliqué à tout ce qui est animé dans la nature). Là est le droit humain (ius), qui évolue aux côtés du droit divin (fas). La vie politique (publique, des citoyens poupulus est universi cives) est organisée par le droit (civil, littéralement des citoyens). Cependant, « Rome ne s'est pas construite en un jour » et il est difficile de dater précisément le début de la pensée juridique romaine.

Le ius Romain sera une source inépuisable grâce à laquelle les médiévistes créeront le droit.

Droits non occidentaux

[modifier | modifier le code]

Les systèmes juridiques ou pré-juridiques non-occidentaux font débat, d'abord sur leur nature juridique ou non : à quel moment peut-on parler de textes juridiques ? Surtout, l'histoire des droits non occidentaux intéresse l'anthropologie juridique et pas l'histoire du droit français, académique. Faut-il que les règles de droit soient isolées des règles morales, éthiques ou religieuses ? Ou peut-on parler de droit divin, ou de droit religieux (à l'instar, peut-être, du droit canonique) ? Les textes de droit doivent-ils être appliqués pour qu'on puisse parler de système juridique ? De quelle façon ? Ces pays présentent-ils une organisation juridictionnelle ? Au-delà de ces diverses questions, les systèmes déontiques non-occidentaux se caractérisent par une large place faite d'une part à la religion (droit talmudique, droit hindou, droit musulman, etc.), d'autre part à la morale, à la coutume - qui n'est pas nécessairement comprise sous la forme d'un droit coutumier - et aux procédures de conciliation extra-judiciaires (Chine, Japon, Afrique sub-saharienne).

La Chine[9], elle-même puis le Japon influencé par la Chine ont développé un embryon de système juridique[9]. En Chine, l'influence des « légalistes » est toutefois peu importante, comparée au confucianisme qui met plutôt l'accent sur l'acceptation de règles morales.

L'Inde connaît des textes qui formeront au XIXe siècle ce qu'on désignera sous le nom de « droit hindou », bien que l'exacte portée de ces textes est débattue. On s'interroge ainsi sur l'influence des « lois de Manu » (traduites en anglais, en 1795, par le juriste William Jones), qui pour certains chercheurs ressemblent davantage à un manuel juridique qu'à un texte législatif, et qui concerne davantage le dharma et donc les brahmanes que l'ensemble de la population. Ce texte a suscité un certain nombre de commentaires juridico-théologiques (le Yājñavalkya Smṛti (en), etc.). Le Bhâgavata Purâna présente aussi un certain nombre de règles d'allure juridique, mélangées aux règles religieuses et morales.

La naissance des sources du droit

[modifier | modifier le code]

L'approche la plus objective de l'histoire du droit consiste à étudier les formes explicites de celui-ci. Il s'agit principalement d'établir et d'étudier les textes exprimant les normes juridiques : codes (tel le Code de Justinien), coutumes, recueils de lois (registres). Ces textes peuvent recouvrir des réalités matérielles très diverses selon la période considérée : les lois n'ont pas toujours eu l'organisation abstraite et la formulation générale qu'elles ont aujourd'hui. Les textes juridiques sont parfois des recueils de traditions orales (coutume de Beauvais). En outre, les lois peuvent être intégrées à des textes d'autres natures, religieuse par exemple ; ainsi les livres de l'Ancien Testament consacrés aux prescriptions juridiques (Nombres, Deutéronome) sont-ils mêlés à des récits mythiques sur les origines de l'homme et à des livres prophétiques.

À partir des textes, l'historien du droit peut chercher à décrire et analyser, lorsqu'elles existent, les institutions chargées d'appliquer les normes exprimées. Ces institutions sont alors envisagées selon leur fonctionnement théorique et non pas selon leur pratique effective.

Cette approche présente un intérêt évident pour la connaissance des sociétés anciennes. Il faut pourtant se garder de considérer les textes juridiques comme des normes strictement observées et connues de tous.

Périodes du droit

[modifier | modifier le code]

Droit durant la Préhistoire

[modifier | modifier le code]

Par définition, faute de sources écrites, le droit de la Préhistoire est inaccessible aux historiens du droit. Il relève de l'anthropologie juridique.

Droit durant l'Antiquité

[modifier | modifier le code]

Droit durant le Moyen Âge

[modifier | modifier le code]

La redécouverte du droit romain, à partir du XIIe siècle, fonde la formation rapide du jus commune, un fonds juridique commun à l'ensemble de l'Europe occidentale. Le courant doctrinal majeur du XVIe siècle en France est l'humanisme juridique.

La langue employée pour le droit est un élément très important. Le latin est resté pendant très longtemps la langue du droit. L'apparition de formes nationales de droit en Europe est liée à l'unification politique et culturelle de ces pays. Le français, par exemple, était encore très peu parlé avant la Renaissance, et même relativement peu encore à la veille de la Révolution. L'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) consacra cette langue comme langue du droit et de l'administration en France (voir langue officielle).

Les efforts de codification des lois s'accompagnent souvent de commentaires explicatifs ou pédagogiques. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui la doctrine. Dans certaines circonstances, le commentaire des textes prend une importance considérable, au point de se substituer aux codes eux-mêmes pour la pratique du droit. Ainsi, l'ordonnance de 1673 sur le commerce de terre (France, Louis XIV), qui fonde le code du commerce, est-elle accompagnée d'un ouvrage qui l'explique, l'interprète, voire la complète (Jacques Savary, Le parfait négociant).

Vers la même époque, le développement des échanges maritimes et l'expansion économique des États du nord de l'Europe poussèrent à l'élaboration des premières formes de droit international, avec Hugo Grotius.

Droit durant le Siècle des Lumières

[modifier | modifier le code]

Le siècle des Lumières vit une réflexion importante s'opérer sur le droit naturel et la notion de citoyenneté. Les premiers tâtonnements en Europe sur les questions de constitution apparurent avec Sieyès. Ce dernier avait en effet pour ambition, avec la constitution de l'an III (1795) de mettre en place une jurie constitutionnaire, ce qui fut le premier projet d'un contrôle étendu de la constitutionnalité des actes des organes de l'État.

Toujours en France, l'unification du droit français, déjà amorcée par Louis XIV avec l'édit de Saint-Germain-en-Laye (1679) se poursuivit avec le droit civil et le droit pénal (Code pénal de 1791 et Code des délits et des peines de 1795, inspirés des principes de Cesare Beccaria). Le fameux code Napoléon, en réalité entièrement préparé par Cambacérès, est l'illustration de l'effort de codification déjà entamé par Louis XIV. La spécificité du Code civil français a été sa procédure de validation.

Les pères de l'indépendance américaine fondèrent les États-Unis sur des questions de taxation, et développèrent un droit très sophistiqué sur les brevets et la propriété intellectuelle (Thomas Jefferson), qui reste une composante très forte de la culture économique aux États-Unis. C'est aux États-Unis que l'on trouve les réflexions les plus poussées sur le droit de la propriété intellectuelle et le droit des affaires, notamment en matière de secret des affaires. Une grande part des négociations actuelles à l'OMC repose sur ces enjeux.

C'est à cette époque que s'opère la séparation entre les deux principaux systèmes juridiques dans le monde :

L'Islam conserve un droit religieux, tandis que le droit coutumier n'existe plus que dans deux États.

Droit à l'époque moderne

[modifier | modifier le code]

Dans un article de 1994, Lawrence Friedman considère qu'on peut identifier quelques caractères typiques des évolutions modernes du droit[10]. Cependant, Peter Fitzpatrick critique dans un ouvrage le présupposé qu'il y aurait un « droit moderne », c'est-à-dire une forme d'organisation sociale substantiellement différente des systèmes plus anciens ou non-occidentaux. Pour Fitzpatrick, cette idée a des racines ethnocentriques et ne peut se comprendre que comme un récit mythique de fondation[11]. Veronica Corcodel partage cette analyse et l'affine dans une monographie de 2019, où elle observe la place de l'altérité dans les discours des comparatistes sur le « droit moderne »[12].

Ce n'est que tardivement[réf. nécessaire] que s'opère une distinction claire entre doctrine et jurisprudence, de sorte que les ouvrages de commentaires sont des recueils de décisions jugées spécialement intéressantes et commentées à cet titre. Ces documents constituent une première manière d'approcher la pratique effective du droit.

L'apparition du droit positif au XXe siècle sous l'influence du positivisme de Comte, avec la théorie du normativisme de Hans Kelsen introduisant la notion de hiérarchie des normes, est aussi une étape dans l'évolution du droit qui jette un discrédit supplémentaire sur la jurisprudence.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la multiplication des lois, l'intrication en Europe entre le droit communautaire et les droits nationaux engendrent des problèmes de sécurité juridique (notion de sûreté en droit naturel), qui ont fait l'objet de deux rapports du Conseil d'État.

Le droit moderne, qui dans sa méthode favorise la systémisation, le formalisme et la déductibilité, semble bien aboutir à l'informatique[13].

Droit actuel

[modifier | modifier le code]

Fondé sur les capacités d'information ultrarapides et largement répandues depuis la révolution numérique depuis la fin du XXe siècle et de cette obligation diplomatique d'informer[14] , le droit local actuel[15] tient compte des autres droits locaux.

Par région

[modifier | modifier le code]
Un commentaire de la Coutume de Normandie par Étienne Le Royer de la Tournerie datant de 1778.

L'histoire du droit en France est l’étude de l'évolution de règles écrites et orales de la société française, et la connaissance de l'établissement de ses lois et de ses institutions. L'histoire du droit en France, en tant que corpus de connaissances de cette évolution mais également de sources juridiques, s'est constituée de manière progressive depuis l'Ancien Régime que des juristes se sont penchés sur l'origine du droit établi en France, notamment pour justifier la suprématie de la justice royale sur les justices particulières, d'origine féodale notamment. L'histoire du droit en France, en tant que discipline, étudie le mouvement progressif de transformation des règles juridiques française, de la jurisprudence qui l'accompagne et des institutions qui la génère et la font respecter.

La rupture issue de la Révolution de 1789 et l'institution du Code Napoléon de 1804 ont marqué un tournant décisif dans l'histoire du droit en France, avec la suppression progressive de nombreuses institutions d'origine médiévale et modernes. Sous l'Ancien Régime, le « droit français » ne s'appliquait pas de façon uniforme sur tout le territoire puisqu'il différait d'une province à l'autre. Le système juridique de l'Ancien Régime, désigné sous le nom d'« ancien droit », était notamment marqué par la coexistence de pays de droit coutumier (parfois partiellement codifié : Coutume de Paris, de Normandie ou encore d'Auvergne) et les pays de droit écrit. La distinction d'ordre fiscal entre les pays d'élection et pays d'états s'ajoutait à ce premier découpage. Seul le droit canonique paraissait s'appliquer partout en matière religieuse.
L'histoire du droit en Inde est l'enesemble des institutions et pratiques juridiques au long de l'Histoire de l'Inde. Les éléments les plus anciens sont connus de manière parcellaire à travers des documents anciens. Les manières de faire à l'époque moghole sont davantage connues, et la colonisation britannique a laissé une trace très bien documentées sur les manières de rendre la justice et de faire des lois. Les codifications menées au XIXe siècle ont eu un impact majeur sur les développements ultérieurs jusqu'au droit indien étatique d'aujourd'hui.
Foggara à Tamantit: le système juridique et technique de division des eaux dans ces oasis a été inscrit au Patrimoine mondial.

L'histoire du droit dans le Touat nous est connue à partir du XVIIIe siècle grâce aux recueils de jurisprudences fatwas appelés nawazil, dont beaucoup sont conservés dans des bibliothèques privées[16],[17].

La jurisprudence islamique y était pratiquée par des juges cadis, et les autres institutions de la société dont notamment les assemblées s'efforçaient de se mouvoir dans le cadre des prescriptions de l'islam telles que comprises par l'école malikiste[18]. Plutôt que de prononcer des jugements, les juges cadis tentent souvent de négocier des accords sulhs, à l'amiable[19].

Le droit coutumier, compris comme 'urf dans la jurisprudence islamique, joue un rôle très important dans cette région où le pouvoir a toujours été exercé par une multitude d'acteurs, plutôt que de manière centralisée comme dans la plupart des autres terres d'islam[20].

Sur des questions locales comme celles de la gestion des foggaras, peu traitées dans le fiqh, les cadis ont du faire preuve de perspicacité[21]. Ainsi il y avait divers types de contrats agricole : Le contrat de plantation (muġārasa), le contrat d’irrigation (musāqāt), le contrat d’ensemencement (muzāraʻa) et l’emploi au quint[22].

Les femmes font souvent recours à la justice dans l'histoire du Touat, mais cette institution ne fait pas exception concernant la domination patriarcale prégnante dans la société locale[23],[24].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Droit de cuissage ou plutôt droit de Formariage
  2. Collectif 2021.
  3. Centre d'Histoire Judiciaire UMR 8025 CNRS/Université Lille 2, et Archives départementales du Nord, « Accueil de la base de données sur le parlement de Flandre », sous série 8 B 1,
  4. Il est fait référence dans certains textes antiques au « code d'Urukagina » qui serait le plus ancien texte juridique écrit (vers -2350) mais il ne nous en est parvenu aucun fragment. (cité dans l'article « Code de Hammurabi » de l'Encyclopædia Universalis et dans Les grandes dates de l'histoire du droit sur le site de l'aidh.)
  5. « Une tablette contenant un fragment d'un code sumérien datant d'Ur-Nammu, le fondateur de la IIIe dynastie d'Ur (vers 2 100), fournit le plus ancien texte législatif actuellement connu. » (Jean Gaudemet 1998, p. 29)
  6. (René David et Camille Jauffret-Spinosi 2002, n°437ss : Chapitre 1 : Le droit chinois)
  7. D'après Aldo Schiavone, « Si nous devons aux Grecs la naissance du « politique », nous devons aux Romains celle du « juridique ». » (Aldo Schiavone 2008, p. 9)
  8. Un système juridique ou système de droits consiste en « l'emploi d'un certain vocabulaire, correspondant à certains concepts ; il groupe les règles dans certaines catégories ; il comporte l'emploi de certaines techniques pour formuler les règles et de certaines méthodes pour les interpréter ; il est lié à une certaine conception de l'ordre social, qui détermine le mode d'application et la fonction même du droit. » (René David et Camille Jauffret-Spinosi 2002, n°15)
  9. a et b (René David et Camille Jauffret-Spinosi 2002, n°441 : Le système judiciaire de la Chine ancienne)
  10. (en) Lawrence M. Friedman, « Is There a Modern Legal Culture? », Ratio Juris, vol. 7, no 2,‎ , p. 117–131 (ISSN 0952-1917 et 1467-9337, DOI 10.1111/j.1467-9337.1994.tb00172.x, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Peter Fitzpatrick, The Mythology of Modern Law, Routledge, (ISBN 978-1-134-89051-4, DOI 10.4324/9780203162125, lire en ligne); pour une collection d'essais inspirés par cet ouvrage, voir Reading Modern Law: Critical Methodologies and Sovereign Formations, Routledge-Cavendish, (ISBN 978-0-203-11945-7, DOI 10.4324/9780203119457, lire en ligne).
  12. Veronica Corcodel, Modern Law and Otherness: The Dynamics of Inclusion and Exclusion in Comparative Legal Thought, Edward Elgar Publishing, (ISBN 978-1-78643-188-2 et 978-1-78643-187-5, DOI 10.4337/9781786431882, lire en ligne)
  13. Arnaud Billion, Sous le règne des machines à gouverner: le droit entre intelligence artificielle et raison naturelle, Bruylant, coll. « Macro droit - micro droit », (ISBN 978-2-8027-7167-8)
  14. « Quand une personne privée physique ou morale a été lésée par les agissements d’un État dont elle n’a pas la nationalité, elle ne peut engager une action internationale en responsabilité à l’encontre de l’État responsable, faute d’avoir la personnalité juridique dans l’ordre juridique international, Hélène Simonian-Gineste, « Les indispensables des institutions internationales (2017), pages 27 à 34 » »
  15. (— occidental —)
  16. Elise Voguet, « Travailler sur les manuscrits du Touat : Expérience de recherche dans les bibliothèques privées (khizānāt) du Sahara algérien », dans La peinture et l'écrit au Moyen-Orient, supports et tracés, (lire en ligne)
  17. (en) Ismail Warscheid, « Entre mémoire lettrée et vécu institutionnel : La compilation de nawāzil dans le grand Touat (Algérie) aux XVIIIe et XIXe siècles », Studia Islamica, vol. 108, no 2,‎ , p. 214–254 (ISSN 1958-5705 et 0585-5292, DOI 10.1163/19585705-12341287, lire en ligne, consulté le )
  18. Judith Scheele, « Councils without Customs, Qadis without States: Property and Community in the Algerian Touat », Islamic Law and Society, vol. 17, nos 3-4,‎ , p. 350–374 (ISSN 0928-9380, lire en ligne, consulté le )
  19. Ismail Warscheid, « La pratique du ṣulḥ dans les oasis du Grand Touat : justice consensuelle et juridiction islamique dans une société saharienne du xviiie siècle », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 140,‎ , vol 140, 143–164 (ISSN 0997-1327, DOI 10.4000/remmm.9664, lire en ligne, consulté le )
  20. Benslimane Abdennour, « The importance of customary law in the oasis space in Algeria (Case of the Touat region) », IJRSP Journal, vol. 2, no 18,‎ , p. 413–433 (lire en ligne, consulté le )
  21. Ismail Warscheid, Droit musulman et societe au Sahara premoderne: la justice islamique dans les oasis du Grand Touat (Algerie) aux XVIIe-XIXe siecles, Brill, coll. « Studies in the history and society of the maghrib », (ISBN 978-90-04-34016-9)
  22. Elise Voguet, Le monde rural du Maghreb central, XIVe-XVe siècles : réalités sociales et constructions juridiques d'après les Nawazil Mazuna, Publications de la Sorbonne. Paris, coll. « Bibliothèque historique des pays d'Islam », (ISBN 978-2-85944-778-6, lire en ligne)
  23. Ismail Warscheid, « Un lieu de recours ambigu : usages féminins de la justice islamique dans les oasis du Grand Touat (Sud algérien) aux XVIIIe et XIXe siècles », Hawwa, vol. 17, nos 2-3,‎ , p. 281–317 (ISSN 1569-2078 et 1569-2086, DOI 10.1163/15692086-12341360, lire en ligne, consulté le )
  24. (ar) جعفري مبارك, « جوانب من الحياة الأسرية ومكانة المرأة في منطقة توات بالجنوب الجزائري من خلال النوازل الفقهية (ق 12 هـ/18م) Aspects of family life and the status of woman in the region of Tuat in the south of Algeria through the Jurisprudence of Nawazil (12th C HA / 18th C CE) Aspects de la vie familiale et du statut de la femme dans la région de Touat au sud algérien à travers les jurisprudentiels Nawazil (Fatwas) (12 SH / 18 S) », Revue des Sciences Humaines & Sociales, vol. 5, no 2,‎ , p. 245–258 (ISSN 2588-2104, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Joshua C. Tate, José Reinaldo de Lima Lopes et Andrés Botero-Bernal, Global Legal History: A Comparative Law Perspective, Routledge, (ISBN 978-1-351-06846-8, lire en ligne)

Dans le monde occidental

[modifier | modifier le code]
  • Jean Gaudemet, Les institutions de l'Antiquité, Paris, Montchrestien, coll. « Domat Droit public », 5e éd., 1998, 511 p. (ISBN 978-2-7076-1063-8 et 2-7076-1063-1)
  • Soazick Kerneis (dir.), Une histoire juridique de l'Occident : le droit et la coutume (IIIe – IXe siècle), Paris, PUF, 2018.
  • Aldo Schiavone (trad. de l'italien par Geneviève et Jean Bouffartigue, préf. Aldo Schiavone), Ius : L'invention du droit en Occident [« Ius. L'invenzione del diritto in Occidente »], Paris, Belin, coll. « L'Antiquité au présent », , 539 p. (ISBN 978-2-7011-4419-1)
  • Collectif, Histoire de l’histoire du droit, Presses de l’Université Toulouse Capitole, (ISBN 978-2-37928-093-1, lire en ligne)

Sur les autres projets Wikimedia :

Une catégorie est consacrée à ce sujet : Histoire du droit.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]