Scarlat Ghica
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Zoe Manaina (d) |
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Zoe Ghika (d) Alexandre Ier Ghica |
Scarlat Ghica ou Skarlat Ghyka (Σκαρλάτος Γγύκα), né en 1715 et mort le à Bucarest est un prince Phanariote qui, après avoir servi le gouvernement Ottoman, est devenu Hospodar de Moldavie de 1757 à 1758 et de Valachie de 1758 à 1761 de 1765 à 1766. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, comme en Pologne voisine. Le souverain (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards, puis agréé par les Ottomans : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, russe et surtout turque, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales et tributaires de la « Sublime Porte »[1].
Origine
Scarlat Ghica, issu d'une famille Phanariote d'origine Arvanite, est le fils aîné du prince Grigore II Ghica et de son épouse Zoé Manos, elle aussi Phanariote.
Règnes
Scarlat Ghica obtient le trône de Moldavie le après la destitution de Constantin Racoviță. Il est transféré en Valachie le en remplacement de son parent Constantin Mavrocordato.
En 1756, après plusieurs années de sécheresse, le gouvernement Ottoman, pour parer aux pénuries alimentaires de Constantinople, avait fixé le niveau du tribut en approvisionnements à fournir par les principautés roumaines à un niveau jamais atteint soit, pour la Valachie de 300 000 « boisseaux d’Ibrahil » de blé et de 200 000 boisseaux d’orge, et pour la Moldavie de 200 000 boisseaux de Blé et de 100 000 boisseaux d’Orge. La collecte de ces vivres était effectuée par des marchands, sujets ottomans souvent grecs, arméniens, avdétis, romaniotes ou sépharades, ayant remporté des appels d'offres pour cette charge et gardés par des seimens (arquebusiers albanais). Ces marchands pressuraient les populations roumaines en prétextant la mauvaise qualité des grains et de produits, ce qui suscitait de la xénophobie dans la paysannerie et aussi, ponctuellement, des violences, certains villageois étant massacrés par les seimens. En outre, les prélèvements n'étaient pas équitables, car marchands et seimens évitaient les zones montagneuses et boisées (Carpates, Codru), propices aux embuscades, et s'en prenaient surtout aux villages de plaine, notamment aux environs des villes où ils pouvaient se réfugier. Dans ce contexte, Scarlat Ghica réussit en 1759 à obtenir de l’administration du sultan Mustafa III un Firman réglementant l’exercice de ce commerce ottoman et le réservant à des négociants munis d’une attestation de bonne conduite présentée au prince régnant[2]
Détrôné en le , il est de nouveau remis en place après la destitution de son ancien beau-frère Ștefan Racoviță le , qui marque l’exclusion définitive du pouvoir de la famille Racoviță.
Scarlat Ghica meurt en exercice à Bucarest le et il est inhumé dans le monastère de Saint Spiridon dans cette ville.
Unions et postérité
Le prince Scarlat Ghica contracta trois unions :
1) Anastasia Racoviță (1713- morte avant 1758), fille du prince Mihai Racoviță dont il eut :
2) Eufrosina dont il eut :
- Elena, épouse du prince Alexandre Kallimachis.
3) Ruxandra Moruzi dont il eut :
- trois garçons et trois filles.
Bibliographie
- Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896).
- Alexandre A.C. Sturdza L'Europe Orientale et le rôle historique des Maurocordato (1660-1830) Librairie Plon Paris (1913).
- Nicolas Iorga Histoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
- (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
- Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASIN B0000EA1ET).
- Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN 2-86496-054-0)
- Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort (1996) (ISBN 9004105050).
- Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN 2747521621).
- Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN 2-9520012-1-9).
- Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).
Notes et références
- Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987. - Alexandrescu - Dersca Bulgaru L’approvisionnement d’Istanbul par les principautés roumaines au XVIIIe siècle, commerce ou réquisitions ? Revue du monde musulman et de la Méditerranée, 1992 Volume 66 p. 75