Initiative européenne d'intervention

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Initiative européenne d'intervention
Image illustrative de l’article Initiative européenne d'intervention
  • États membres ayant signé l'IEI
Description Coopération approfondie en matière de gestion des crises
Création
Membres 13 États membres

L'« Initiative européenne d'intervention » (IEI[note 1]) consiste à créer au sein d'un groupe d'États européens les conditions préalables à la conduite d’engagements opérationnels conjoints dans divers scénarios d’intervention militaire prédéfinis. L'IEI complète sur le plan opérationnel la Coopération structurée permanente (CSP ou PeSCo) tournée vers le domaine capacitaire.

Elle est lancée avec la signature le d'une lettre d'intention par neuf États membres de l'Union européenne. L'IEI ne s'inscrit pas dans le cadre institutionnel de la PSDC, mais la France a donné des assurances quant à une coordination la plus étroite possible entre l'IEI et la Coopération structurée permanente[1],[2].

Elle constitue une première concrétisation des propositions formulées en par Emmanuel Macron dans le cadre de son « initiative pour l'Europe » en matière de défense pour que l’Europe se dote d’une force commune d'intervention, d'un budget de défense commun et d'une doctrine commune pour agir[3],[4].

Genèse[modifier | modifier le code]

Le point de départ de l'IEI est le discours sur l'Europe[3] prononcé le à la Sorbonne par le Président Macron au cours duquel dans le domaine de la défense, il « propose dès à présent d’essayer de construire cette culture en commun, en proposant une initiative européenne d’intervention visant à développer cette culture stratégique partagée. […] Au début de la prochaine décennie, l’Europe devra ainsi être dotée d’une force commune d’intervention, d’un budget de défense commun et d’une doctrine commune pour agir »[5].

Objectifs et contenu[modifier | modifier le code]

L'ambition à long terme portée par la France est de créer une « culture stratégique commune ». La ministre des Armées française, Florence Parly, précise qu'il s'agit de « développer entre des pays à la fois militairement capables et politiquement volontaires » des habitudes « de travailler ensemble, de pouvoir se préparer, pour le cas échéant être capable d'intervenir, là où ils le décideront, au moment où ils le décideront, sur des scénarios extrêmement variés »[6]. La ministre fédérale allemande de la Défense, Ursula von der Leyen ajoute que « le but est de créer un forum, avec des États qui ont la même vision, qui analyseront les situations, qui auront des discussions tôt, quand les crises se manifesteront dans une région, et qui, aussi, ensemble, pourront faire évoluer une volonté politique »[6].

La volonté française était de constituer un « noyau dur » prêt à agir très rapidement en cas de besoin comme ce fut le cas au Mali où la France monta l'opération Serval. en quelques jours. Tous les États membres de l'IEI ne participeront pas nécessairement à chaque opération.

Il ne s'agit pas de créer une nouvelle force d'intervention rapide prépositionnée comme il en existe déjà dans le cadre de l'OTAN (avec la NRF) ou de la PSDC (avec les Battlegroups), ou de façon bilatérale par exemple entre la France et le Royaume-Uni (avec la CJEF (en)[7]). Les moyens fournis seront composés pour répondre spécifiquement aux besoins d'une crise[6].

Selon le texte de la lettre d'intention, l'initiative mettra l'accent sur une interaction renforcée dans quatre domaines principaux : la prospective stratégique et le partage de renseignements, l'élaboration et la planification de scénarios, le soutien aux opérations et quatrièmement les retours d'expérience et la doctrine[6]. Pour ce faire, les forces armées des pays signataires procèderont notamment à des échanges d'officiers, des exercices conjoints d'anticipation et de planification, au partage de doctrines et la rédaction de scénarios conjoints d'intervention[8].

États participants[modifier | modifier le code]

Participants initiaux[modifier | modifier le code]

Les neuf États signataires le de la lettre d'intention sont l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la France, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. L'Allemagne est initialement réticente de peur que cette nouvelle initiative n'affaiblisse celles prises depuis 2016 dans le cadre de la PSDC (notamment le Plan d'action européen de la défense et la Coopération structurée permanente)[9]. La réunion du conseil des ministres franco-allemand le au château de Meseberg, près de Berlin, permet d'obtenir une réponse positive de sa part[10].

La participation du Royaume-Uni, en procédure de retrait de l'Union européenne, illustre la volonté des Britanniques de rester des partenaires de premier plan de la sécurité européenne[11]. Leur participation, comme celle des Danois qui ne sont pas partie prenante de la PSDC, est rendue possible par le fait que l'IEI est hors du cadre institutionnel de l'Union européenne[12].

Élargissement[modifier | modifier le code]

Entre et la fin 2019, quatre pays rejoignent l'IEI : la Finlande, la Suède, la Norvège et l’Italie.

La Finlande confirme, lors de la visite du président français Emmanuel Macron à Helsinki le , sa décision prise quelques jours auparavant de rejoindre l’initiative européenne d’intervention[13],[14]. Son adhésion est validée le par les neuf ministres de la défense des pays membres de l'IEI[15].

Le , la ministre des Armées, Florence Parly, annonce que la Suède et la Norvège demandent à rejoindre l'IEI[16].

Mise en œuvre[modifier | modifier le code]

L'État-major des Armées français est chargé d'organiser le lancement effectif de l'IEI par la tenue des premiers « Military European Strategic Talks » (MEST) et l'élaboration d’un « Memorandum of Understanding » (MoU) d’ici la fin de l’année 2018[17].

Réunions ministérielles[modifier | modifier le code]

L'initiative est pilotée par des réunions ministérielles périodiques. Une première réunion a lieu à Paris en [15] , une seconde aux Pays-Bas en [18].

Initiative européenne de sécurité maritime dans le golfe arabo-persique[modifier | modifier le code]

Huit États participants à l'IEI montent fin 2019 une opération de sécurité maritime dans le golfe arabe-persique (en anglais : European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz ou EMASoH). L'initiative est opérationnelle en avec la présence sur site d'un navire français et d'un néerlandais. Le Danemark a aussi prévu d'envoyer une frégate. Cette opération n'est pas montée dans le cadre de la PSDC[19],[20],[21].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'acronyme EI2, qui correspond aux initiales de European Intervention Initiative est aussi utilisé.

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Justine Boquet, « Lancement de l'initiative européenne d'intervention », Air&Cosmos,‎ (lire en ligne).
  2. « Florence Parly : L'Europe de la défense nécessite une culture stratégique commune », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  3. a et b « Initiative pour l'Europe - Discours d'Emmanuel Macron pour une Europe souveraine, unie, démocratique », sur Élysée.fr,
  4. « Les principales propositions d’Emmanuel Macron pour relancer le projet européen », .
  5. Nicolas Gros-Verheyde, « « L’initiative européenne d’intervention » d’Emmanuel Macron ? Explications », Bruxelles2,‎ (lire en ligne)
  6. a b c et d Nicolas Gros-Verheyde, « Huit pays adhèrent à l’initiative européenne d’intervention d’E. Macron. La lettre d’intention signée », Bruxelles2,‎ (lire en ligne)
  7. Nathalie Guibert, « Une étape majeure pour la force expéditionnaire franco-britannique », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. « L'Initiative européenne d'intervention est lancée », La Voix du Nord - Défense globale blog,‎ (lire en ligne)
  9. (en) Christian Mölling, Claudia Major, « Why Joining France’s European Intervention Initiative is the right decision for Germany », Egmont Royal Institute for International Relations,‎ (lire en ligne)
  10. « Europe - Déclaration commune de la France et de l’Allemagne (19.06.2018) », sur France Diplomatie, (consulté le )
  11. Anne Bauer, « L'Italie réfléchit à la possibilité de rejoindre cette initiative, mais n'a pas pris de décision définitive. », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  12. Frédéric Mauro, « L’initiative européenne d’intervention : pourquoi il faut écouter la Chancelière Merkel », IRIS,‎ (lire en ligne)
  13. « Visite d'Etat du Président de la République en Finlande », sur Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne, (consulté le )
  14. « La Finlande rejoint l’initiative européenne d’intervention (IEI) », Bruxelles2Pro,‎ (lire en ligne)
  15. a et b « Avec la Finlande, 10 pays rejoignent l'initiative européenne d'intervention militaire », sur Euractiv (consulté le ).
  16. « Suède et Norvège candidates à l'Initiative européenne d'intervention », Reuters,‎ (lire en ligne)
  17. « L'Initiative européenne d'intervention », sur Ministère des Armées, (consulté le )
  18. « Réunion ministerielle IEI - Déplacement de Florence Parly aux Pays-Bas (20 septembre 2019, Hilversum) », sur Ambassade de France à La Haye,
  19. (en) « Strait of Hormuz – European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz (EMASOH) - Political statement by the governments of Belgium, Denmark, France, Germany, Greece, Italy, the Netherlands and Portugal », sur Französische Botschaft in Berlin, (consulté le )
  20. « Communiqué _ Golfe arabo-persique : la mission européenne est opérationnelle », sur Ministère des Armées, (consulté le )
  21. « Emasoh déclarée opérationnelle. Le Courbet sur zone. Le Zs Ms De Rutyer arrive », sur Bruxelles2, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Compléments[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes [modifier | modifier le code]