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Atharisme

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L'atharisme, théologie traditionaliste, théologie des salaf ou théologie hanbalite[1] est un mouvement érudit islamique, né à la fin du VIIIe siècle de notre ère, qui rejette la théologie islamique rationaliste (kalam) au profit d'un textualisme strict dans l'interprétation du Coran et des hadith[2],[3]. Le nom vient de « tradition » dans son sens technique comme traduction du mot arabe hadith.

Contexte

Les adeptes de la théologie traditionaliste croient que le sens zahir (littéral, apparent) du Coran et du hadith sont les seules autorités en matière de croyance et de droit et que la raison ne doit pas être utilisée pour infirmer des textes ou les interpréter métaphoriquement[4]. Ils font une lecture littérale du Coran, par opposition à une interprétation ta'wil (métaphore). Ils ne cherchent pas à conceptualiser rationnellement les significations du Coran et croient que leurs réalités, la modalité devraient être confiées à Dieu seul (tafwid de la modalité)[5]. Essentiellement, le texte du Coran et de la Sunna est accepté sans chercher le « comment » ou « Bi-la kaifa ».

La théologie traditionaliste a émergé parmi les érudits du hadith qui se sont finalement regroupés en un mouvement appelé ahl al-hadith sous la direction d'Ahmad ibn Hanbal (né 780-m. 855). En matière de foi, ils ont été opposés aux Mu'tazilites et autres courants théologiques, condamnant plusieurs aspects de leur doctrine ainsi que les méthodes rationalistes utilisées dans leur défense. Il en va de même pour les rationalistes ach'arites ou Ahl al-kalam usant de rationalisme sous l'influence de la théorie philosophique de Platon considérant que les mots et les idées ont une existence propre et autonome, supérieur même à la réalité matérielle. Attribuer à Dieu un qualificatif (ex :'Alim "douée de savoir") qui s'applique par ailleurs à un mortel, constitue selon eux, une forme d'associationnisme et de comparaison abusive entre les deux êtres. La doctrine Atharite réfute l'existence réelle des idées et des concepts qu'elle définit comme de simples constructions de l'esprit sans réalité propre. Le fait d'attribuer un même mot à deux êtres n'implique donc aucun lien effectif et aucune similarité. De ce fait affirmer qu'Allah est doté de savoir et qu'un humain est doté de savoir n'implique nullement de comparaison et d'équivalence entre les deux. La révélation coranique utilise de nombreux noms et attributs qui s'appliquent à la fois au divin et à l'humain, sans que cela n'implique la moindre ressemblance ou comparaison entre eux.

Alors que l'atharisme est souvent appelé « orthodoxie » sunnite, l'asharisme a prospéré à ces côtés, rivalisant avec lui dans la définition de la vraie orthodoxie sunnite. Dans l'ère moderne, l'atharisme a eu un impact important sur la théologie islamique, ayant été popularisé par le wahabisme puis par les autres courants traditionalistes salafi et s'est étendu bien au delà des limites de l'école juridique hanbalite.

Les principes du dogme atharite

L'école théologique atharite est une école traditionaliste et de ce fait n'accepte pas l'interprétation des textes relevant de la croyance. Leur argument est le verset coranique : " C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à diverses interprétations. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent: «Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur!» Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent. " (Sourate 3, verset 7). L'imam Ibn Qudamah Al Maqdissi (m.620H/1223G), grand savant Hanbalite atharite et fervent opposant du courant Ash'arite a dit dans sa profession de foi nommée Lum'atu al i'tiqad concernant ce verset cité plus haut : " Si problématique il y a (concernant les attributs de Dieu), le terme doit être accepté sans réfléchir sur le sens (la modalité du sens). Ceci en suivant la voie de ceux qui sont ancrés dans la science, ceux dont Allah a fait l’éloge dans Son livre clair lorsqu’Il dit : « Et ceux qui sont enracinés dans la science disent : Nous y croyons, tout provient de notre Seigneur » ". Il continue en disant : "Il a dit en réprimandant ceux qui interprètent les versets ambigus : « Les gens, donc, qui ont au cœurs une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah ». Il considère la recherche de l’interprétation comme un signe d’égarement et l’a comparé à la recherche de la discorde. Puis Il a mis un obstacle devant leur espérance et a mis un terme à leur but par Sa parole : « Nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah » " (fin de citation).

Concernant le fait de comprendre les textes relatifs à la croyance, l'école atharite affirme qu'ils faut les comprendre selon leurs sens littéral et apparent et remettre à Dieu le sens de la modalité. Dans ce sens Ibn Qudamah dit : " Et dans la sunna, la parole du Prophète : « Notre Seigneur descend chaque nuit au ciel le plus bas », « Ton Seigneur s’étonne d’un jeune qui n’est pas attiré par les passions », « Allah rit de deux hommes dont l’un a tué l’autre puis ils entrent tous deux au paradis ». Ceci et [les hadiths] similaires ont une chaîne de transmission authentique et les rapporteurs sont justes. Nous y croyons sans les rejeter ni les nier, sans les interpréter dans ce qui contredit leur sens apparent et sans les faire ressembler aux attributs des créatures. Nous savons qu’Allah n’a pas de semblable et de ressemblant : « Rien ne lui ressemble et c’est Lui qui entend tout et vois tout » (42/ 11) Tout ce qui est imaginé par les raisons et apparaît dans l’esprit, Allah en est différent. ". L'imam Ahmed Ibn Hanbal a dit : " Concernant la parole du Prophète : « Allah descend au ciel le plus bas ». » et « Allah sera vu le jour du jugement », et autres hadiths semblables; nous y croyons, nous les considérons comme vrai sans demander le comment et sans donner de sens (le sens de la modalité). Nous ne rejetons rien de ces hadiths, nous savons que ce qui provient du Prophète est vérité, nous ne répliquons pas sur le Prophète . Nous disons comme Il a dit, nous lui attribuons ce qu’Il s’est lui-même attribué sans ajout. « Il n'y a rien qui Lui ressemble; et c'est Lui l'Audient, le Clairvoyant. » Les descriptions ne l’atteignent pas. Nous croyons à la totalité du Coran, ce qui est clair et ambigu. Nous n’enlevons pas à Allah un attribut Lui appartenant sous la pression d’énormités qui nous sont attribuées. Nous ne dépassons pas ce qui est rapporté dans le Coran et le hadith. Nous ne connaissons pas le comment des attributs et nous considérons vrais les propos du Prophète et le contenu du Coran. » "

L'aspect central de l'école théologique atharite est sa définition littéraliste du Tawhid.

Selon l'école théologique atharite, le Tawhid s'exprime à travers trois dimensions inséparables[6],[7],[8],[9]:

  • Tawhid Ar-Rububiyya — Unifier Allah par la Création (Al-Khalq), la Souveraineté (Al-Mulk) et la Gérance (At-Tadbîr) ;
  • Tawhid Al-Uluhiyya — Unifier Allah par l'adoration, de sorte que l'on n'adore et ne se rapproche d'aucune chose en dehors d'Allah, comme on adore Allah et se rapproche de Lui ;
  • Tawhid al-Asmaʼ wa as-Sifat — Unifier Allah avec ce par quoi Il s'est nommé Lui-même, et ce par quoi Il s'est décrit Lui-même ou par la langue de Son messager, et cela en affirmant ce qu'Allah a affirmé sur lui-même sans déformation (Tahrîf), sans négation (Taʼtîl), sans interprétation allégorique (Ta'wil), sans s'interroger sur le comment (Takyîf) [de ces noms et attributs] et sans anthropomorphisme (Tamthîl).

Notes et références

  1. « Comprendre le salafisme, Rencontre avec l'historien Daoud Riffi », sur www.lescahiersdelislam.fr (consulté le ).
  2. Modèle:Harvtxt[Quoi ?]
  3. Jeffry R. Halverson, Theology and Creed in Sunni Islam : The Muslim Brotherhood, Ash'arism, and Political Sunnism, Palgrave Macmillan, , 200 p. (ISBN 978-1-137-47357-8, lire en ligne), p. 36

    « The Atharis can thus be described as a school or movement led by a contingent of scholars (ulama), typically Hanbalite or even Shafi'ite, which retained influence, or at the very least a shared sentiment and conception of piety, well beyond the limited range of Hanbalite communities. This body of scholars continued to reject theology in favor of strict textualism well after Ash'arism had infiltrated the Sunni schools of law. It is for these reasons that we must delineate the existence of a distinctly traditionalist, anti-theological movement, which defies strict identtification with any particular madhhab, and therefore cannot be described as Hanbalite. »

  4. Jeffry R. Halverson, Theology and Creed in Sunni Islam : The Muslim Brotherhood, Ash'arism, and Political Sunnism, Palgrave Macmillan, , 200 p. (ISBN 978-1-137-47357-8), p. 36
  5. Jeffry R. Halverson, Theology and Creed in Sunni Islam : The Muslim Brotherhood, Ash'arism, and Political Sunnism, Palgrave Macmillan, , 36–37 p. (ISBN 978-1-137-47357-8)
  6. (en) Muhammad ibn Abi Bakr Ibn Qayyim al-Jawziyah Ibn Qayyim al-Jawziyah, Tariq al-hijratayn wa-bab al-sa'adatayn, Dar al-Hadith (1991), , p. 30
  7. (en) Imam Ibn Abil-'Izz al-Hanafi, Sharh At Tahawiyya, p. 76
  8. (en) Muhamad bin Ahmad al-Safarayni, Lawami' al-anwar al-Bahiyah, Dar al-Kutub al-Ilmiyah, p. 1/128
  9. (en) Ibn, Sulayman Abd al-Wahhab, ibn Abd Allah, Taysir al-'Aziz al-Hamid fi sharh kitab al-Tawhid, 'Alam al-Kutub, , 17–19 p.

Sources

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  • Jonathan Porter Berkey, The Formation of Islam : Religion and Society in the Near East, 600-1800, Cambridge University Press (Kindle edition),
  • Jonathan Porter Berkey, « The New Cambridge History of Islam », dans {{Article encyclopédique}} : paramètre encyclopédie manquant, vol. Volume 4: Islamic Cultures and Societies to the End of the Eighteenth Century, Robert Irwin, [détail de l’édition]
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  • Khalid Blankinship, The early creed, vol. The Cambridge Companion to Classical Islamic Theology, Cambridge University Press (Kindle edition),
  • Jonathan A.C. Brown, Hadith : Muhammad's Legacy in the Medieval and Modern World, Oneworld Publications (Kindle edition),
  • Jonathan A.C. Brown, « Salafism », dans Oxford Bibliographies, Oxford, 2009b [détail de l’édition] (lire en ligne Accès payant)
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  • Jeffry R. Halverson, Theology and Creed in Sunni Islam : The Muslim Brotherhood, Ash'arism, and Political Sunnism, Springer (Google Play edition),
  • Marshall G. S. Hodgson, The Venture of Islam, Volume 1 : The Classical Age of Islam, University of Chicago Press (Kindle edition),
  • Jon Hoover, « Ḥanbalī Theology », dans The Oxford Handbook of Islamic Theology, Oxford, Sabine Schmidtke, [détail de l’édition] (lire en ligne Accès payant)
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  • Ahmed El Shamsy, The social construction of orthodoxy, vol. The Cambridge Companion to Classical Islamic Theology, Cambridge University Press (Kindle edition),
  • Aaron Spevack, The Archetypal Sunni Scholar : Law, Theology, and Mysticism in the Synthesis of Al-Bajuri, State University of New York Press,

Articles connexes