Charlotte de Prusse

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Charlotte de Prusse
Illustration.
Portrait de l'impératrice Alexandra Fedorovna, par Christina Robertson, Musée de l'Ermitage
Titre
Impératrice de Russie
Reine de Pologne

(29 ans, 3 mois et 1 jour)
Prédécesseur Élisabeth Alexeïevna
Biographie
Dynastie Hohenzollern
Nom de naissance Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine de Hohenzollern
Date de naissance
Lieu de naissance Berlin (Allemagne)
Date de décès (à 62 ans)
Lieu de décès Pouchkine (Russie)
Père Frédéric-Guillaume III de Prusse
Mère Louise de Mecklembourg-Strelitz
Conjoint Nicolas Ier de Russie
Enfants Voir section

Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine de Hohenzollern (Frederica Louise Charlotte Wilhelmina von Hohenzollern ), en allemand : Friederike Luise Charlotte Wilhelmine von Preußen, née le 13 juillet 1798 au Château de Charlottenburg et décédée le 1er novembre 1860 à Pouchkine) était un membre de la Maison royale de Prusse (Charlotte de Prusse), devenue impératrice de Russie sous le nom orthodoxe d'Alexandra Féodorovna (ou Fiodorovna, en russe Александра Фёдоровна).

Famille

Fille aînée et quatrième enfant du roi Frédéric-Guillaume III de Prusse et de l'héroïque et populaire reine Louise, née princesse Louise de Mecklembourg-Strelitz, elle est notamment la sœur du roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse et de Guillaume Ier, empereur allemand dont elle fut la confidente.

Mariage et descendance

L'impératrice Alexandra Fiodorovna avec ses enfants 1820

Le 13 juillet 1817, au Palais d'Hiver à Saint-Pétersbourg, Charlotte de Prusse épouse le grand-duc Nicolas Pavlovitch, futur Nicolas Ier.

Charlotte et Nicolas eurent dix enfants :

Ascendance

Biographie

Orpheline de mère à l'âge de 12 ans, l'enfance de Charlotte de Prusse fut marquée par les Guerres napoléoniennes. Après la défaite des armées prussiennes, placée sous la protection d'Alexandre Ier de Russie, la famille de Charlotte de Prusse s'installa en Prusse orientale.

À l'automne 1814, la princesse Charlotte rencontra les grand-ducs Nicolas Pavlovitch et Michel Pavlovitch de Russie, fils cadets du feu tsar Paul Ier. Dans le cadre de la Sainte Alliance voulue par le tsar Alexandre, frère aîné des deux grand-ducs, une union fut arrangée entre les deux familles et heureusement ce choix des familles correspond aux vœux des jeunes gens[1]. Les fiançailles doivent durer deux ans.

En juin 1817, accompagnée de son frère Guillaume de Prusse, la princesse Charlotte se rendit en Russie. Elle se convertit à l'orthodoxie et prit le nom de Alexandra Fiodorovna à la chapelle du palais d'Hiver. Le 13 juillet 1817, jour de son anniversaire, elle épousa le grand-duc Nicolas Pavlovitch, frère cadet du tsar. À cette époque, le tsar n'ayant pas d'enfant, c'est son frère, le grand-duc Constantin qui était l'héritier du trône. mais le tsar et son frère avaient vingt ans de plus que leur cadet et n'avaient pas d'enfants. Si Nicolas, qui arrivait au second rang de la succession, avait des chances de monter sur le trône dans un avenir assez lointain, Charlotte pouvait néanmoins espérer être à terme la mère d'un futur tsar.

Grande-duchesse de Russie

Après sa conversion, la jeune grande-duchesse connut des problèmes d'adaptation à la Cour impériale. Elle se lia d'amitié avec sa belle-mère Marie Fiodorovna soeur du roi de Wurtemberg, mais n'avait pas de bons rapports avec sa belle-sœur, l'impératrice Elisabeth, princesse de Bade de vingt ans son aînée et épouse du tsar Alexandre.

Après une première grossesse difficile, une dépression s'ensuivit.

En 1820, Alexandra et son époux se rendirent à Berlin où ils firent de fréquents séjours par la suite. En 1825, Alexandre Ier exigea leur présence, mettant fin ainsi aux voyages en Allemagne.

Alexandra passa ses premières années en Russie à apprendre la langue et les coutumes russes sous l'œil vigilant du poète et écrivain russe Vassili Andreïevitch Joukovski. La princesse ne maîtrisa jamais complètement le russe. La famille impériale parlait allemand et français, et lui écrivait des lettres en français. La princesse et son époux vécurent huit années de grande tranquillité et dans l'isolement. En 1825, le tsar offrit Peterhof au grand-duc Nicolas.

En 1825 l'empereur mourut. Aucun des enfants qu'il avait eus de son épouse Elisabeth n'ayant survécu, tous - y compris l'intéressé - s'attendaient à ce que le frère cadet du tsar, premier dans l'ordre de succession, le grand duc Constantin, montât sur le trône sous le nom de Constantin Ier.

En fait, et avec l'accord du tsar défunt, celui-ci avait secrètement renoncé à ses droits pour pouvoir divorcer et épouser la femme de son choix. Second dans l'ordre de succession, l'époux de Charlotte - non sans scrupules - devint le tsar Nicolas Ier de Russie et Charlotte, la tsarine Alexandra Feodorovna.

Impératrice de Russie

La tsarine Alexandra Fiodorovna (1836)

Charlotte de Prusse devint impératrice en 1825. Le couronnement de l'empereur eut lieu au Kremlin de Moscou, le 22 août 1826. Les années passant, Nicolas Ier ne cessa d'aimer son épouse. Au cours de l'incendie du Palais d'Hiver en 1837, le tsar aurait déclaré à un aide de camp : « Tout le reste est brûlé, ne reste uniquement que les lettres de ma femme qui m'écrivait pendant nos fiançailles »[2]. Elle est grande, majestueuse[3], mais un tic nerveux, contracté après les terribles événements du 14 décembre 1825[4] provoque un tremblement de la tête[5]. Après plusieurs alertes cardiaques, les médecins conseillèrent à Alexandra d'éviter le surmenage et les relations sexuelles avec son époux. Après vingt-cinq de mariage, Nicolas prit une maîtresse, dame de compagnie de l'impératrice, Varvara Nelidova. Tracassé par les soucis d'État, le tsar trouvait tout de même refuge auprès de son épouse : « Le bonheur la joie et le repos - c'est que je cherche et que je trouve auprès de ma vieille Muffy » écrivit-il un jour[6] En 1845, lorsque les médecins conseillèrent à l'impératrice de séjourner à Palerme pour sa santé, Nicolas pleura. S'adressant aux médecins, il leur dit : « Laissez-moi ma femme »[6] Ce séjour étant impératif pour la santé de l'impératrice, le tsar commença à échafauder des plans pour la rejoindre, même pour un bref séjour. Varvara Nelidova accompagnant le tsar, la tsarine éprouva quelque sentiment de jalousie au début, mais elle ne tarda pas à accepter la relation extra-conjugale de son époux. Après le décès du tsar, elle resta d'ailleurs en bons termes avec sa maîtresse.

Palais Alexandre à Tsarskoïe Selo

Alexandra Féodorovna fut toujours fragile et en mauvaise santé. À quarante ans, elle paraissait beaucoup plus vieille que son âge, maigrissant de plus en plus.

En 1837, elle choisit la Crimée comme nouvelle résidence, où Nicolas Ier lui fit construire le palais Oreanda. L'impératrice ne visita ce palais qu'une seule fois, car la Guerre de Crimée débuta en 1852. Vers la fin de l'année 1854, la tsarine tomba gravement malade et fut même proche de la mort[7], mais réussit à guérir. En 1855, Nicolas Ier contracta une grippe et décéda le 18 février 1855.

Veuve, elle se retira dans le Palais Alexandre à Tsarskoïe Selo. Elle resta en bon termes avec la maîtresse de son époux, Varvara Nelidova, cette dernière devenant sa lectrice[8].

Alexandra Feodorovna impératrice de Russie par Franz Winterhalter, 1856, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.

Avec les années, la santé d'Alexandra Féodorovna se détériora. Elle fut dans l'impossibilité de supporter les durs hivers russes et fut contrainte de séjourner longtemps à l'étranger, en particulier sur la côte d'Azur. En 1860, les médecins lui conseillèrent de séjourner dans le midi sinon elle ne passerait pas l'hiver, mais elle préféra malgré tout rester à Saint-Pétersbourg: « Si la mort devait venir, que cela arrive sur le sol russe ». La nuit précédant sa mort, on l'entendit murmurer : « Niki, je viens à vous »[9]

L'impératrice Alexandra Feodorovna fut l'une des nombreuses têtes couronnées qui séjournèrent à Nice. Veuve, elle ne craignait pas d'y rendre visite à Joséphine Koberwein, fille naturelle de son défunt mari. Elle se lia avec Alexandre Pouchkine qui parla avec chaleur de l'impératrice dans son journal.

Vie quotidienne

L'impératrice reste tout au long de sa vie une princesse prussienne, préférant s'exprimer en allemand, plutôt qu'en français ou en russe à la cour, ayant eu un mauvais souvenir des guerres napoléoniennes. Elle lit rarement des auteurs français[10] et souvent une lectrice lit à haute voix à la famille impériale une tragédie de Schiller ou de Goethe. Les repas intimes sont servis dans une salle à manger aux fresques pompéiennes, où ne sont invités que de rares intimes, le plus souvent Benckendorf, le prince Orlov, le général-prince Volkonski, ministre de la cour, ou le baron von Meyendorff. Personne ne fume après le dîner, l'empereur détestant l'odeur du tabac. Pendant le grand carême, les repas sont frugaux et l'on ne sert que du poisson et des légumes.

Pendant la Saison qui a lieu en hiver, l'empereur et sa femme se rendent parfois à des bals de l'aristocratie pétersbourgoise, ou à des réceptions d'ambassades. Ils vont aussi à l'opéra italien ou au théâtre français. La Saison du printemps est réservée à des bals, et la cour reçoit tous les lundis au palais Anitchkov dans le salon blanc[11]. Plus tard, l'impératrice se rend de plus en plus en voyage pour soigner sa santé.

Décès et inhumation

Au premier plan, à gauche se trouve le tombeau de Nicolas Ier de Russie et à droite le tombeau son épouse Charlotte de Prusse (Alexandra Fiodorovna) (le tombeau sur lequel fut déposée une couronne de fleurs blanches)

Alexandra Féodorovna, maigre et tuberculeuse, décéda pendant son sommeil le 1er novembre 1860 au Palais Alexandre à Tsarskoïe Selo à l'âge de 62 ans. Elle fut inhumée près de son époux en la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.

Notes et références

Alexandra et sa fille Marie (1829) par Piotr Sokolov
  1. in Henri Troyat, op. cité, p.22
  2. in Bruce Lincoln, Les Romanov, autocrates de toutes les Russies, page 417
  3. Elle est plus impératrice que femme, elle m'a paru extrêmement fatiguée, sa maigreur est effrayante, in Marquis de Custine, La Russie de 1839
  4. La révolte des décabristes
  5. in Henri Troyat, op. cité, p. 125
  6. a et b in Bruce Lincoln, Les Romanov, autocrates de toutes les Russies, page 418
  7. in Bruce Lincoln, Les Romanov, autocrates de toutes les Russies, page 425
  8. in Constantin Grunwald, Le tsar Nicolas Ier, page 289
  9. in Constantin Grunwald, Le tsar Nicolas Ier, la vie d'un monarque absolu, page 289, selon une lettre de Meyerdorff à son fils
  10. in Henri Troyat, op. cité, p.127
  11. in Troyat, op. cité, p. 128

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) David Warnes : La chronique des tsars russes, Londres, Thames and Hudson, juin 1999, ISBN 978-0-500-28828-3
  • Constantin de Grünwald, La Vie de Nicolas Ier, Paris, 1946
  • Henri Troyat, Nicolas Ier, Paris, Librairie académique Perrin, 2000
  • Charlotte Zeerpat: La Fenêtre sur un monde perdu, album de la famille Romanov