Aller au contenu

Néo-féminisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Dessin de Camilla Voutilainen Nordbø, (2014) sur le néoféminisme.

La notion de néo-féminisme renvoie à la critique d'un mouvement considéré radicalisé par les détracteurs du féminisme intersectionnel[1],[2]. Cette expression de néo féminisme est également critiquée.

Définition

[modifier | modifier le code]

Le terme de « néo féminisme » en France est souvent utilisé dans une perspective critique et péjorative du féminisme intersectionnel et des analyses en termes de genre tout comme le terme « woke » mais il est difficile d'en trouver une définition exacte[2].

L'expression fut d'abord utilisée au Royaume-Uni dans les années 1920 pour différencier le Néo-féminisme du mouvement suffragiste plus général[3]. Ces femmes, aussi appelées féministes de la protection sociale (« welfare feminists »), étaient particulièrement concernées par la maternité[4], à l'image de leurs homologues allemandes de l'Union pour la protection des mères et la réforme sexuelle (Deutscher Bund für Mutterschutz und Sexualreform), fondée par Helene Stöcker en 1905[5]. Les néo-féministes font alors campagne en faveur d'un système d'allocations familiales versées directement aux mères. Elles militent également pour une législation protégeant spécifiquement les femmes au travail. Eleanor Rathbone, présidente de la National Union of Societies for Equal Citizenship, fut une figure de proue de ce mouvement.

Les opposantes au néo-féminisme, généralement de jeunes femmes dont Winifred Holtby[6],[7], Vera Brittain[7] et Dorothy Evans, voient ce mouvement comme un retour à l'idéologie du XIXe siècle des sphères distinctes. Elles sont particulièrement en désaccord avec des lois particulières pour les femmes au travail, voyant dans celles-ci une législation restrictive empêchant les femmes, pour des raisons de santé et de bien-être, d'avoir accès à des emplois mieux payés.

Catholicisme

[modifier | modifier le code]

L'expression a été reprise[Quand ?] par des féministes catholiques en réponse à l'appel du Vatican de de promouvoir un nouveau féminisme dans une lettre encyclique intitulée Evangelium Vitae[8].

Jean-Paul II soutient une théologie de la complémentarité entre les sexes lors de ses audiences générales du mercredi de 1979 à 1984 et qui seront regroupées pour former la Théologie du corps. Il exprime dans ses enseignements sa croyance en ce que les hommes et les femmes sont des créations complémentaires, et que leur finalité, leurs forces et leurs faiblesses se retrouvent dans les caractéristiques physiques de chacun des sexes. En 1988, Jean-Paul II rédige la lettre apostolique Mulieris Dignitatem[9].

Jean-Paul II réitère son message dans une lettre apostolique en marge de la Conférence mondiale des femmes de Beijing en 1995[10].

Cette nouvelle approche du Vatican est également critiquée comme constitutive d'une critique péjorative, ou « croisade anti-genre» de ce qui e st appelé « théorie du genre » telle qu'elle a pu se manifester durant la Manif pour tous[11].

Littérature

[modifier | modifier le code]

Au début du XXIe siècle, une nouvelle littérature qui affirme un « néo-féminisme revendicatif » apparaît en montrant une sexualité agressive et la désacralisation du corps féminin (romans La Vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet, Baise-moi de Virginie Despentes)[12].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Colette Chiland, « Parler clair et raison garder sur la question du genre », Enfances & Psy, no 69,‎ , p. 13 (DOI 10.3917/ep.069.0013).
  2. a et b « «Néo-féministe», le néologisme qui divise », sur Slate.fr, (consulté le )
  3. (en) Marc Calvini-Lefebvre, « The Old and the New Feminism (1925) by Eleanor Rathbone », dans Tiffany K. Wayne, Feminist writings from Ancient Times to the Modern World: a global sourcebook and history, Santa Barbara, Greenwood, , p. 484-488
  4. (en) Maria DiCenzo et Alexis Motuz, « Politicizing the Home: Welfare Feminism and the Feminist Press in Interwar Britain », Women: A Cultural Review, vol. 27, no 4,‎ , p. 378–396 (ISSN 0957-4042 et 1470-1367, DOI 10.1080/09574042.2017.1301122, lire en ligne, consulté le )
  5. Christl Wickert, Brigitte Hamburger et Marie Lienau, « Helene Stöcker and the Bund fuer Mutterschutz (The Society for the Protection of Motherhood) », Women's Studies International Forum, vol. 5, no 6,‎ , p. 611–618 (ISSN 0277-5395, DOI 10.1016/0277-5395(82)90102-9, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Winifred Holtby,, « Feminism Divided », Yorkshire Post,‎
  7. a et b Susan Kingsley Kent, « The Politics of Sexual Difference: World War I and the Demise of British Feminism », Journal of British Studies, vol. 27, no 3,‎ , p. 232–253 (ISSN 0021-9371, lire en ligne, consulté le )
  8. [Jean-Paul II, Evangelium Vitae: L'Évangile de la vie. http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25031995_evangelium-vitae_fr.html]
  9. [Jean-Paul II, Mulieris Dignitatem : La dignité de la femme et sa vocation. http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_letters/documents/hf_jp-ii_apl_15081988_mulieris-dignitatem_fr.html]
  10. Jean-Paul II, Lettre du pape Jean-Paul II aux femmes.
  11. Sara Garbagnoli et Massimo Prearo, La croisade "anti-genre": du Vatican aux manifs pour tous, Textuel, coll. « Petite encyclopédie critique », (ISBN 978-2-84597-589-7)
  12. Christian Authier, Le Nouvel Ordre sexuel, Bartillat, , p. 9

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Françoise Picq, « Martine Storti, Pour un féminisme universel », Travail, genre et sociétés, vol. 48, no 2,‎ , p. 205–207 (ISSN 1294-6303, DOI 10.3917/tgs.048.0205, lire en ligne, consulté le ).
  • Martine Storti, Pour un féminisme universel, la République des idées Seuil, coll. « La République des idées », (ISBN 978-2-02-145233-4).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]